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RACINES. Vivre entre Sèvre et Loire
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VIE LOCALE
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métier
peu banal”
“Je fais un
Détective privé, médium, gendarme chargé d’identification
criminelle… Ils nous dévoilent leur métier hors du commun.
Dossier réalisé par Yvelise Richard
V
oilà près de quarante ans, Jacques Noël a choisi
de devenir détective privé. Si, à 66 ans, il est
aujourd’hui à la retraite, il n’a pas fermé son
agence niortaise, ouverte en 1984. Il garde un
pied dans le métier par son activité bénévole
de président de la commission de contrôle des détectives européens (représentant le président fondateur). Pour lui, “le détective
est le policier du code civil ; le policier et le gendarme sont les enquêteurs du code pénal.” Il ne dévoile d’ailleurs pas aisément sa profession : “pour mon entourage amical ou associatif, je suis gérant
de société.” C’est lui qui se rend, à leur demande, chez ses clients.
“Ils ne veulent pas être vus entrant dans nos agences. Moi, je fixais
souvent mes rendez-vous dans les buffets des gares, où l’on transite
sans s’occuper des autres voyageurs.” Sans chapeau, ni trench-coat,
Jacques Noël se noie dans la foule…
Qui sont les clients des détectives privés ? “Du simple particulier à l’industriel. On nous sollicite dans les divorces (prestations
compensatoires, pensions alimentaires…). Si vous faites la preuve
qu’une femme mariée a un amant, la prestation compensatoire
versée par le mari peut sauter. Des parents s’adressent à nous pour
surveiller leurs enfants (“mon fils a de mauvaises fréquentations”
ou “je le soupçonne de se droguer”). Des propriétaires nous sollicitent
pour la recherche de locataires disparus (“à la cloche de bois !”).”
Pour des employeurs, il lui est arrivé de suivre des salariés
Jumelles et appareil photo accompagnent le détective dans ses filatures.
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suspectés de maladies simulées (“on prend
un arrêt maladie et on travaille au noir !”).
Le rapport circonstancié et détaillé du
détective, accompagné de photos, remis au
client, lui permettra de poursuivre son
employé ou de lui demander sa démission.
Des industriels l’interpellent en cas de
concurrence déloyale, de coulage ou de vol.
Bien entendu, “cela finit parfois par l’intervention de la police et le démantèlement d’un
réseau.” Le détective ne doit pas devenir
complice par négligence, il sait où s’arrête
son rôle et passe le relais à la police.
Les forfaits journaliers du professionnel
varient (entre 600 € et près de 3 000 €, par
vacation de huit heures, selon qu’il soit en
province ou à Paris). “Attention, il faut être
très précis sur le mandat de mission : quand
on demande de vérifier si une personne existe,
cela ne veut pas dire rechercher cette même
personne!” Il peut aussi vérifier si les faits
sont bien en concordance avec les dires
d’un individu suspecté : “en cas de recherche
d’implantation par un client qui souhaite, par
exemple, acheter un commerce sans avoir de
mauvaise surprise !”
Pour effectuer ses filatures, le détective
doit s’équiper : dans sa voiture, à côté des
jumelles et de l’appareil photo, il garde couverture, thermos, bouteille d’eau, gâteaux
secs, et tenue de rechange… Travaillant
quand les autres se reposent “le soir, le weekend et pendant les vacances”, le détective a
une vie sociale réduite. Peu de femmes restent dans le métier, “elles finissent toujours
par se marier”. “En général, le détective travaille seul. Ou bien, il fait appel à des confrères
proches, pour lui donner un coup de main, s’il
y a un immeuble avec deux sorties à surveiller
en même temps, ou une double surveillance,
ou encore l’un qui fait une filature en moto
et l ’autre en voiture.” Aujourd’hui, on
compte environ 2 500 détectives en France.
La profession exige désormais un diplôme
d’État – après deux ans d’école reconnue
(à Montpellier et à Melun) et des stages.
“Mais c’’est un métier qui se perd. Les jeunes
veulent rentrer chez eux le soir, et ne pas travailler ni trop tard ni le week-end.”
VIE LOCALE
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“Je perçois des flashs…”
À 38 ans, Sébastien exerce en
tant que médium et voyant en
Vendée.
Comment avez-vous découvert
que vous pouviez devenir médium ?
On parle souvent de don, je pense
plutôt qu’il s’agit d’une faculté. Chacun
d’entre nous a en soi cette faculté, qui,
avec la pratique, s’affine. Enfant, je faisais des rêves prémonitoires. Des choses
que je voyais ou que je pressentais
étaient souvent justes, se réalisaient.
Plus tard, j’ai eu une expérience étrange
dans un cimetière, qui a déclenché mon
intérêt pour le sujet. J’ai lu et j’ai rencontré des médiums, des voyants et cela
m’a aidé à changer de voie professionnelle et à devenir médium.
N’est-ce pas difficile d’assumer un
tel métier ?
Comme dans tous métiers, je suis bien
conscient que parmi les médiums ou les
voyants, il y a des gens malhonnêtes. Oui,
des charlatans, il y en a ! Et leurs méfaits
portent atteinte à toute la profession,
malheureusement. Les voyants que je
connais m’ont donné des conseils et des
réponses efficaces à mes questions : ils
font du travail de grande qualité.
À la télévision, notamment sur la
TNT, il y a quelque temps, on a vu beaucoup d’émissions sur la voyance ou la
médiumnité : elles n’en renvoyaient pas
une image toujours favorable. Les séries
de fiction peuvent aussi faire peur aux
gens alors que les manifestations très
violentes d’esprits malveillants sont
rares. En fait, l’image que les autres
peuvent avoir de notre métier dépend
surtout de la foi qu’ils ont eux-mêmes.
Qui vous consulte ?
Je reçois toutes sortes de personnes,
dans toutes les couches de la société.
Les questions portent sur la recherche
de l’amour, sur des difficultés de couple,
sur des aspects professionnels (recherche d’emploi ou mutations)… Le
plus souvent, ils sont à la croisée des
chemins et ont besoin d’un conseil pour
prendre une décision. Je reçois aussi des
gens qui veulent communiquer avec des
défunts. Pour avoir des réponses à des
Runes et cartes sont des supports pour conforter les flashs et les ressentis de Sébastien.
questions restées en suspens au décès
du proche, pour les aider dans leur vie
s’il y a eu fâcherie ou simplement leur
parler et savoir comment “ils vivent làhaut”, s’ils retrouvent des gens qu’ils ont
connus sur terre. J’ai des questions sur
les vies antérieures. Grâce à des flashs
que je perçois, qui sont comme des petits
films, je donne tous les détails auxquels
je peux avoir accès. Je communique avec
les anges gardiens, des êtres qui veillent
sur nous comme des guides, qui vont
éclairer la personne qui m’interroge.
C’est mon rôle : être l’intermédiaire entre
la vie physique et l’après-vie. Les défunts
parlent par ma bouche, et je répète, mot
pour mot ce qui m’est dit. Je donne des
pistes…Voyance et médiumnité s’imbriquent dans une même séance.
Des objets vous aident-ils pour
répondre aux questions ?
Je travaille au ressenti, par empathie,
comme si j’entrais en résonance avec la
personne en face de moi. Chacun d’entre nous dégage quelque chose, en
fonction de son vécu et ça, je le perçois,
même si c’est sur une photo. Mais pour
appuyer mes ressentis et mes flashs, je
propose à mes clients de tirer des cartes
de tarot ou de jeter les runes que j’interprète : souvent, ils confirment ou
complètent mes premiers propos.
Contact au 06 25 54 41 98 ou sur le blog :
http://sebastienvoyancevendee.blogspot.com
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VIE LOCALE
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Gendarme, Tic et Co-Crim
À 50 ans, Christophe Aguillon est l’un des cinq gendarmes
techniciens de la Cellule d’identification criminelle vendéenne.
“N
ous intervenons sur tout type d’affaire criminelle :
homicides, vols avec violence ou à l’explosif, viols,
agressions sexuelles, noyades, incendies, accidents de
la route… Mais toujours en "deuxième rideau". L’équipe de gendarmerie, première sur place, gèle la scène, au besoin avec des scellés.”
Actif dans la Cellule d’identification criminelle (Cic) du groupement de gendarmerie de la Vendée dès sa création en 2004,
l’adjudant-chef Christophe Aguillon, officier de police judiciaire,
a suivi une formation spécifique : au sein du centre de formation
de la gendarmerie à Fontainebleau et de l’Institut de recherche
criminelle de la gendarmerie à Rosny-sous-Bois. Devenu technicien d’identification criminelle (Tic), il a ensuite obtenu un
diplôme universitaire de la faculté de médecine de Paris.
Aujourd’hui, il aborde avec recul et rigueur son travail, qui
loin d’être routinier, ne ressemble pas à celui des experts scientifiques des séries télévisées. Le groupe de cinq Tic auquel il
appartient comprend deux portraitistes, un spécialiste “aux interventions nucléaires et bactério-chimiques” et un coordinateur
criminalistique (Co-crim), en l’occurrence notre adjudant-chef !
Ils sont tous qualifiés de “révélateurs chimiques” pour effectuer
des analyses en laboratoire. “Nous sommes présents en cas de découverte
de cadavre (70 à 80 % de nos interventions). On s’efforce de déterminer
si le décès est naturel, accidentel, si c’est un suicide ou un homicide. Dès
que s’imposent des constatations un peu poussées (prélèvements et techniques élaborées), c’est notre partie; l’enquête judiciaire étant menée
en parallèle. Plus tard, on présente parfois au tribunal, devant le jury
d’Assises, nos résultats ou des photos prises lors de l’enquête. Mais jamais
de photo choquante !”
La fragilité de la trace
“Sur le terrain, on envisage toutes les possibilités, traquant l’erreur
faite par l’auteur du crime, les preuves de son passage. En revanche,
je cherche à voir le cadavre différemment : je veux juste savoir pourquoi il est là et comment cela s’est passé. Les causes et les circonstances
du décès.” Son expérience le guide dans la recherche des “preuves”.
“On a une bibliothèque dans la tête, avec des protocoles normalisés
pour éviter d’altérer les traces.”
Cette recherche est primordiale sur la scène du crime. Sang,
empreinte digitale, fibre, signe d’effraction ou marque de chaussure : chaque “trace” répertoriée et photographiée devient alors
“indice” potentiel qui, étudié et identifié, peut se transformer
en preuve. À charge ou à décharge ! L’équipe des Tic consulte
Le véhicule technique de la cellule d’identification criminelle
permet à Christophe Aguillon et à ses collègues de procéder
aux relevés sur les scènes de crime.
de nombreux experts : médecin légiste (en étroite collaboration),
toxicologue, anatomo-pathologiste, entomologiste… La procédure lui impose le rapport écrit des constatations de terrain
et des résultats d’analyse obtenus en plateau technique. La
technologie à la disposition de la cellule est toujours plus performante : là où il y a une décennie, on attendait des résultats
plusieurs semaines, la Cic les obtient beaucoup plus rapidement.
La “veille scientifique” à laquelle s’astreint le technicien l’informe
des progrès les plus récents : en génétique, chimie, physique et
matériels d’analyse, mais aussi dans les protocoles de collecte.
Des moments douloureux, Christophe Aguillon en a vécu :
“Le plus dur, c‘est "le vivant", la victime, surtout s’il s’agit d’un
enfant. Le mort, il ne parle pas. Même s’il y a quelques années, dans
une enquête, au moment où j’assistais à la troisième autopsie de
suite réalisée sur un enfant, je me suis demandé : "Mais qu’est-ce
que tu fais là ?" Pourtant j’ai continué… car il n’y avait personne
d’autre pour faire mon boulot.” Des satisfactions viennent pourtant
égayer ses missions : “quand une victime, croisée au tribunal, me
fait un grand sourire ou quand les proches d’une autre victime me
saluent ou nous remercient avec des chocolats. On se dit alors qu’on
a rempli notre mission.”
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