MUSÉE MENDJISKY ÉCOLES DE PARIS HOMMAGE À MALLET
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MUSÉE MENDJISKY ÉCOLES DE PARIS HOMMAGE À MALLET
Journées Européennes du Patrimoine 2015 – Hommage à Mallet-Stevens L’Art Total: L'idée commence à apparaître au XIXème siècle sous la plume d'artistes romantiques tels que Friedrich Schlegel ou Stendhal (1783-1842) qui ressentent des émotions intenses à la vue d'un spectacle qui convoque tous les arts : la musique, le décor et le théâtre. C'est au XIXème siècle, avec Richard Wagner et sa notion de Gesamtkunstwerk (littéralement, « œuvre d'art total ») que l'on voit apparaître les premières théories. Elles ont en commun de réunir les disciplines artistiques (peinture, sculpture, architecture, théâtre) ou techniques (science, découvertes technologiques) en convoquant les cinq sens. La pratique de faire collaborer tous les arts deviendra courante avec l'Art Nouveau et l'émancipation progressive des arts décoratifs, qui empruntent leurs formes aux innovations techniques. Ce concert d'idées verra émerger divers courants artistiques et architecturaux qui revendiqueront une pratique unitaire des trois arts (peinture, architecture, sculpture), dont la collaboration Mallet-Stevens (architecture), Jean et Joël Martel (sculpture) et Louis Barillet (vitrail) en illustre les préceptes. Le renouveau du vitrail en France au lendemain de la Première Guerre Mondiale : Au lendemain de la Première Guerre Mondiale, le vitrail, tout comme les autres arts appliqués, observe une remise en question sur son utilité. Le nom de Louis Barillet est synonyme de ce nouvel entrain. Il dispose de son atelier par lequel il popularise le vitrail blanc (incolore) et inaugure l’ère du vitrail imprimé. Ce procédé permet une productivité à grande échelle sans omettre les recherches plastiques et décoratives qui connaîtront un grand succès. Cette technique inaugure un nouveau champ plastique comme dans la salle des fêtes de la mairie du XIVe arrondissement et à la piscine Molitor. La médiatisation de Mallet-Stevens à partir de 1923, donne un élan inouï aux recherches menées par Barillet. Elles trouvent leur expression dans les villas conçues par son ami architecte dans un souci de cohésion totale. Influencés par les figures de Jacques Le Chevalier et de Théodore Hanssen, il trouve deux champs d'expression artistique différents. Le domaine religieux d'une part où la couleur construit son dessin et les formes, avec des visages très caractérisés et le domaine civil, d'autre part, dans lequel il exploite les courbes décoratives et stylisées sur un arrière-plan très schématique. Ses œuvres réalisées sont visibles à : Dans le domaine religieux : La Chapelle de l’école normale catholique, rue Blomet XVème arrondissement. L’église paroissiale du Saint-Esprit conçue par l’architecte Paul Tournan, XIIème arrondissement. Dans le domaine civil : Les villas rue Mallet-Stevens, métro Jasmin, à l’angle de la rue du Dr. Blanche La Piscine Molitor, Porte d’Auteuil L’immeuble 7 rue Méchain, VIIème arrondissement Salle des fêtes de la mairie du XIVème arrondissement. MUSÉE MENDJISKY ÉCOLES DE PARIS HOMMAGE À MALLET-STEVENS Avec la restauration, puis la promotion de la Villa Cavrois, l'œuvre de Robert Mallet-Stevens se révèle de nouveau au grand public. L’Hôtel Barillet, aujourd'hui Musée Mendjisky-Écoles de Paris, situé dans le XVe arrondissement est - depuis avril 2014, date d’ouverture du musée - le seul bâtiment parisien de l’architecte ouvert au public. Le musée prend place dans l'ancien atelier du maître-verrier Barillet dont les recherches techniques et iconographiques marquèrent le renouveau du vitrail en France. Sa silhouette, qui n'est pas sans rappeler une sculpture abstraite, s'impose au beau milieu de l’îlot de verdure du Square de Vergennes. C'est par un ingénieux jeu de rencontres entre des espaces géométriques monumentaux et un délicat écrin de lumière que la symbiose des formes opère. Une telle harmonie ne serait rien sans les personnalités de Mallet-Stevens et de Barillet auxquelles le Musée Mendjisky rend hommage. Né en 1886 à Paris, il effectue sa formation à l'Ecole spéciale d'architecture de Paris. Profondément marqué par le palais Stoclet et l'architecture de Josef Hoffmann, les années 1920 marquent une étape dans sa carrière. Les commandes de la villégiature pour le vicomte de Noailles (1922-1924) et la villa Poiret à Mézy (1921) se révèlent des terrains d'expérimentation où il développe son style. Parallèlement il s'intéresse de près au décor de cinéma dont les recherches le mèneront à travailler une approche théâtrale des volumes, visible sur les villas de la rue Mallet-Stevens et la terrasse de l'atelier Barillet. L'exposition internationale se présente comme un manifeste de son oeuvre et de ses idées. Robert Mallet-Stevens dans les années 1930 : Les années 1920-1925 sont marquées par la polémique autour de la notion d' « arts décoratifs », dans un contexte architectural en plein débats. Les récentes innovations en matière technique ont participé d'une reconfiguration de l'architecture dans sa production et son esthétique. Ces débats interrogent la place des arts appliqués (la peinture, la sculpture, l'architecture dans son acceptation la plus large) au regard de la production industrielle qui semble mettre en péril l'éthique de l'artisanat. L'exposition des arts décoratifs de 1925 vient cristalliser ces tensions. Dans ce contexte, nous trouvons Robert Mallet-Stevens. Journées Européennes du Patrimoine 2015 – Hommage à Mallet-Stevens L'Union des Artistes Modernes, 1929 Mouvement crée par Mallet-Stevens au lendemain du Salon de l'association des artistes décorateurs en 1929, ce dernier regroupe une grande partie des artistes présents à l'exposition internationale de 1925 dont Le Corbusier, Chareau, Prouvé, les frères Martel qui, par cette Union, revendiquent une émancipation à l'égard des artistes décorateurs à travers un art fonctionnel et moderne qui emploie les nouveaux matériaux. Cette remise en question de l'art vise à rehausser les arts décoratifs à un champ artistique beaucoup plus vaste et plus utilitaire. Il s'agit de réaffirmer le décor autrement que par sa forme, à des fins fonctionnalistes. Ce que fera Mallet-Stevens accompagné de ses collaborateurs. Les villas, la collaboration avec Barillet : Louis Barillet est un ami et collaborateur de Mallet-Stevens. Leur première collaboration date de 1922 pour le pavillon de l’Aeroclub de France au salon d’Automne. Les commandes qui suivront vont amorcer leur collaboration et leur style. Barillet participe aux chantiers des villas de la rue Mallet-Stevens (1923-1929), la villa Poiret à Mézy (1921-1924) et celle de Noailles à Hyères (1922-1924), accompagnés des frères Martel. Cette triple collaboration répond à la quête d’un art total. Chacun représente un domaine artistique : l’architecture avec Mallet-Stevens, la sculpture avec les frères Martel et le vitrail avec Louis Barillet. Par leurs approches, ils manifestent la volonté de réunir toutes les formes d’art en un seul lieu. Aussi, l’œuvre d’art totale se vit et se ressent. Son aboutissement se trouve dans l’interaction des sens qu’elle génère. C’est précisément ce que font Barillet et Mallet-Stevens à travers une approche rationaliste du décor pour l’atelier Barillet. L'atelier Barillet, une exception: Depuis 1925 et l'édification du garage Alfa Roméo, Mallet-Stevens n'avait pas eu d'autres commandes de ce type. C'est en 1932, après avoir réalisé des villas et des hôtels particuliers, dans un contexte économique difficile, qu'il conçoit cet atelier dans une logique très rationaliste. Pour autant, l'imposante verticalité des formes coupées dans leur ascension par la terrasse, qui surplombe l'ensemble, témoigne du souci accordé à la promotion du propriétaire des lieux. Ce subtil équilibre des parties se distingue dès la façade, dont l'agencement et les décors offrent une grande lisibilité du bâtiment. 1) Les fonctions : Au RDC : arrivage, stockage et découpe du verre. 1er étage : bureaux d'études dont celui de Louis Barillet, situé derrière les vitres. 2ème et 3éme étage (mezzanine): lieu d'assemblage du verre et espace pour des bureaux. 4ème étage : espace privé. Le sous-sol a été ouvert à posteriori, pour compenser la perte d'espace entre les deuxième et troisième étages au moment de la réhabilitation de l'immeuble par Yvon Poullain au début des années 2000. Il servait d’entrepôt du verre. 2) L'emploi des volumes: Mallet-Stevens utilise le cube comme figure centrale autour de laquelle s'articulent l’escalier et les volumes. La grande verrière en façade, maintenant en applique (légèrement décalée du mur) ne fait pas exception. À ce volume principal vient s'imbriquer un arrondi en saillie qui correspond à des bureaux d'études attenants, dont les ouvertures donnent sur les ateliers. Enfin, au dernier étage, située en retrait, la terrasse de l’appartement privé : elle domine l'ensemble de l'impasse à l'instar d'une scène de théâtre tout en promouvant la carrière du propriétaire. Cet effet fait écho aux recherches qu'avait menées Mallet-Stevens pour le décor de cinéma. 3) Une architecture de lumière : Cet atelier vient sceller deux conceptions d'artistes autour d'une même idée ; l'œuvre d'art totale. Le verre occupe logiquement une place prépondérante ; vitrail, verrière et fenêtres. Même si l'approche architecturale reste principalement rationaliste, le décor n'en est pas pour autant négligé. En témoignent les vitraux de Barillet en façade qui font la jonction entre le cube austère du centre et la courbe en saillie de droite, qui, par cette position souligne la descente de l'escalier. Cette harmonie est due en grande partie aux formes dont use Barillet dans ce programme décoratif qui glorifie les activités de l'atelier en empruntant un vocabulaire allégorique. Chacun est personnalisé par des villes emblématiques et leurs figures tutélaires. Chartres pour le verre, symbolisé par un souffleur de verre. Ravenne pour la mosaïque avec la figure impériale de Théodora et Athènes représentée par Athéna, déesse de la Sagesse et du Savoir, symbole de l'Art Occidental. L'histoire de Psyché, traîtée sur un vitrail au 3ème étage, se compose de deux registres, l’un qui narre la découpe et le traitement du verre blanc, l’autre en grisaille, qui représente l’histoire de Psyché. Enfin, à chaque pallier, une mosaïque incrustée autour du thème de la chasse et de la Nature. Rien dans cet atelier n’est laissé au hasard. La dextérité de Barillet dans le travail de la lumière témoigne des recherches qui sont faites autour du vitrail. La position de Louis Barillet suit celle de Mallet-Stevens qui refusait l’emploi de vitraux colorés et préconisait avant-tout la forme aux détails décoratifs. Elle ne doit en aucun cas dénaturé l’édifice mais ne faire qu’un avec lui.