VOIR AILLEURS SI J`Y SUIS

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VOIR AILLEURS SI J`Y SUIS
VOIR
AILLEURS
SI J’Y SUIS
APPRENDRE A COMMUNIQUER… COMMUNIQUER
POUR APPRENDRE
Le projet de l’année dernière avait déjà pour terrain le domaine de la communication
puisqu’il s’agissait de faire réaliser un journal scolaire par les élèves. Autour de ce projet, ils
ont également eu l’occasion de se tester à la radio et à la télévision. Nous étions alors dans le
monde des médias.
Un tel projet m’a permis de pratiquer différemment ces différents niveaux de
communication puisque je n’en avais que l’expérience d’une salle de rédaction. C’était aussi
l’occasion pour moi de réunir mes deux "affinités" professionnelles et de constater que
décidément la pédagogie mène à tout… et réciproquement.
Cette année, mon action s’est donc naturellement inscrite dans le prolongement de la
précédente avec pour principal objectif : apprendre à communiquer en encourageant la
collaboration entre nos élèves et ceux d’autres pays.
Le journal semble alors être le support idéal de cette ouverture.
Pour cela, j’ai choisi de travailler en collaboration avec l’association AFICom, animée
par Pierre-Paul Battesti , qui intervient depuis quelques années en milieu scolaire et dont voici
les objectifs :
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l’enseignement de l’outil informatique et la communication.
créer des clubs informatiques dans le secteur rural.
sensibiliser auprès des secteurs de l’éducation et de son environnement, aux Technologies
de l’Information et de la Communication (TIC).
promouvoir et former à l’utilisation de l’Internet.
proposer ses services auprès de l’Education Nationale et des collectivités
territoriales, en recherchant un partenariat, pour atteindre ses objectifs.
offrir, grâce aux compétences de ses membres, conseils, voire audits, auprès des
collectivités, locales ou institutionnelles, ayant pour objet l’outil informatique et la
communication. Conception et réalisation de plaquettes d’information, de journaux, ou de
petites éditions.
Première étape :
Réalisation d’un site Internet comme nouveau support au journal Montaseca
Il s’agissait de donner une autre dimension au journal et en même temps de stimuler
autrement des compétences souvent réclamées chez nos élèves. Par exemple :
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élaborer et coopérer (travail de groupe)
trouver des informations précises dans une masse de documentation (Internet)
saisir l’information
reformuler l’essentiel d’un texte
faire preuve d’autonomie et de responsabilité par rapport au travail à réaliser
développer ses aptitudes créatives
développer ses capacités d’évaluation d’un travail d’autrui
développer des compétences techniques relatives à l’utilisation d’Internet et de
l’ordinateur (logiciels adaptés)
Ainsi, mettre le journal en ligne met les élèves en position d’acteurs, au centre de leur
établissement scolaire. Il permet de diffuser facilement toute sorte d’informations : résultats
scolaires, sportifs, rencontres, bulletins divers, etc. Il va de soi que le journal sur Internet reste
une émanation du lycée, mais qu’il n’en est pas la vitrine principale.
Le projet proposé, fait suite aux desiderata des jeunes journalistes qui ont participé à
l’expérience de Montaseca : leur volonté est de continuer l’expérience de l’écrit pour toucher
un public plus large.
De plus, les élèves maîtrisent désormais les outils de mise en page pour réaliser un
journal écrit. L’idée est de prolonger leur expérience grâce au support numérique, en
apprenant d’autres méthodes de réalisation écrite. Il est rappelé que les numéros du journal
Montaseca on tous été entièrement réalisés sur support informatique grâce à une élève de
terminale STT AAC.
Il s’agit maintenant de rédiger ce journal à l’aide d’un éditeur de pages Web (création
de sites Web, comment naviguer sur Internet, etc.), de :
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mettre en ligne des articles écrits par les lycéennes et lycéens pour élargir le lectorat, à
l’heure où les élèves utilisent de plus en plus Internet face aux médias classiques en
support papier.
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donner une image institutionnelle plus conviviale grâce au lien qui pourrait être placé sur
la site du lycée. ;
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utiliser le site du lycée de Corté comme média actif avec les parents et les élèves.
Au début de l’année, l’équipe se recompose spontanément. Les élèves, principalement
de seconde et terminale, se disent impatients de s’y remettre. Et pourtant, la démobilisation
contamine rapidement le groupe : à la fin du premier trimestre, seules deux élèves de
terminale restent motivées et mettent au point un site Internet dédié au journal
(http:/www.montaseca.c.la)
Bilan intermédiaire :
Le projet a très bien fonctionné l’année dernière avec des élèves que je voyais aussi en
cours d’histoire-géographie. Je ne les ai pas retrouvés en cours cette année. Motiver un groupe
demande beaucoup d’énergie, cela va de soi. Je n’étais pas prête à repartir à zéro avec mes
nouveaux élèves cette année.
Il est décidément impossible de mener un projet à bien sans le soutien d’au moins un
membre de l’équipe pédagogique des élèves concernés.
DEUXIèMe étape :
Le journal et Internet pour trouver des contacts parmi des élèves à l’étranger
Heureusement, notre site inachevé trouve son complément dans celui du Journal
Scolaire de la Corse (www.corse.org) qui est également une réalisation de l’association
AFICom.
Nous découvrons alors l’existence d’un concours organisé par l’association FranceQuébec. Ce concours, qui s'inscrit dans le cadre de la coopération franco-québécoise en
éducation, s'adresse aux élèves de 3ème des collèges et de Seconde des lycées, publics et privés
sous contrat en France, et aux élèves de 4ème et 5ème secondaires, inscrits en formation
générale des jeunes, dans les écoles publiques et privées au Québec.
(Voir en France : http://www.educnet.education.fr
et au Québec : http://www.mcc.gouv.qc.ca/prointel/prointel.htm).
Ce concours vise à favoriser les échanges éducatifs et à familiariser les élèves à
l'utilisation des technologies d'information et de communication, via le réseau Internet. Les
objectifs du concours sont :
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approfondir la connaissance d'un événement, de la vie d'un personnage ou d'une
conjoncture historique ;
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témoigner, par une création littéraire (un récit, un documentaire, un essai, une nouvelle…)
de la maîtrise de l'expression écrite ;
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démontrer sa capacité à réaliser des pages d'information sur un site Web (Internet), à
travailler collectivement et en réseau à la production d'une œuvre.
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la production à réaliser par l'équipe franco-québécoise porte sur une histoire croisée, c'està-dire des histoires de vies franco-québécoises concernant des personnages réels ou
imaginaires. Il s'agit d'une création littéraire à caractère historique (un récit, un
documentaire, un essai, une nouvelle…), sous la forme de pages Web accessibles sur le
réseau Internet.
TROISIèMe étape :
Prise de contact… début d’histoire ?
1. Un enseignant d’un lycée de Montréal, Bruno L. nous demande si nous voulons participer
à un concours "histoires croisées" entre France et Québec. Il nous explique quelles en sont
les règles…
2. pendant ce temps-là, en Corse... même chose... Le projet m’enthousiasme et plaît aux
élèves, qui se voient déjà grands gagnants du concours !
3. Bruno L. et ses élèves québécois pensent à une histoire autour du vin, de la viticulture…
4. De notre côté, nous avons eu l’inspiration en visitant "en virtuel" le musée des immigrants
à Ottawa : dans une des vitrines, nous découvrons une de ces malles qui servaient de
valises aux grands voyageurs. Dans les commentaires, nous apprenons qu’elle est faite en
pin…laricio !!!
5. L’histoire prend forme à partir de là : nous voilà partis dans des romans
d’aventures entre les deux continents. Chacun dit la sienne. Nous envisageons d’y
rejoindre l’imaginaire de nos amis québécois : pourquoi la malle ne renfermerait-elle pas
un secret de fabrication d’un grand cru… ?
Oui, mais voilà… au moment où nous nous apprêtions à mettre en forme l’histoire
"croisée", l’équipe québécoise avec laquelle nous étions jumelés nous abandonne…
La question est alors de ne pas laisser notre élan improductif, tout en restant le plus
proche possible de nos motivations de départ : l’envie de formaliser une sorte de passerelle
entre la Corse et un "ailleurs" qui émerge de cette aventure et qui nous aide à en relativiser
l’échec.
QUATRIèMe étape :
Balle au centre … Nouveau départ
C’est à ce moment là qu’une rencontre va donner un second souffle à notre projet :
Michel Skapa vit dans la région de Corté depuis quelques années, il est notre trait d’union
idéal avec le continent nord américain, puisqu’il en vient. Ayant passé sa vie professionnelle à
enseigner sur tous les continents, il a décidé de continuer à faire vivre sa vocation en créant
une association pour favoriser les échanges entre jeunes européens : l’AJEM (Association
Jeunesse Européenne et Méditerranéenne).
Le voilà donc devant les élèves pour une rencontre-découverte-témoignage qui devient
rapidement très émouvante. Ce témoignage est aussi une illustration parfaite du programme
de l’année en histoire et en éducation civique :
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en histoire parce qu'une grande partie de la destinée de Michel Skapa fut conditionnée par
la nécessité de fuir le nazisme : d’abord en Tchécoslovaquie, où il est né puis en France, où
sa famille avait cru trouver refuge.
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en éducation civique, puisqu’il est un exemple fort de l’engagement citoyen sans frontière,
avec sa participation dans des programmes d’aide au développement et à l’éducation dans
de nombreux pays.
La conséquence immédiate de cette rencontre fut d’abord une réflexion de fond menée par les
élèves sur la notion de "frontière" et plus particulièrement sur leur rapport à l’insularité : le
face à face mettait en présence, d’un côté, un septuagénaire dont la vie a été une succession de
rebondissements et de rebonds "géographiques" ; de l’autre côté, des adolescents, dont la
plupart n’ont pas quitté la Corse et n’envisagent pas de la quitter.
La réflexion et les discussions ont été constructives cependant puisqu’au final, une partie de la
classe a choisi de participer à un voyage organisé par l’association de M. Skapa. Ils partiront
pendant dix jours en Belgique, pendant le mois de juillet, pour participer à une rencontre de
jeunes Européens. Ce sera l’occasion pour eux d’expérimenter l’élasticité de leurs propres
frontières…
BILAN :
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En réinvestissant l’univers de l’innovation pédagogique, l’objectif était d’utiliser le
journal comme le support indispensable à des aventures extracortenaises.
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La participation au concours "histoires croisées" tombait alors à pic... ainsi, l’abandon de
l’équipe québécoise aurait pu signifier l’échec de notre projet.
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C’est pourquoi le grand enseignement de ce parcours cette année, pour moi, est d’avoir dû
le modifier à deux reprises ou plutôt de l’avoir laissé se remodeler, au gré des
fluctuations…
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Pour cela, mon rôle était de maintenir l’objectif de départ : donner aux élèves l’envie
d’ailleurs.
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Forte de l’expérience de l’année passée, je m’attendais déjà au décalage entre le projet
initial et sa concrétisation. Pourtant, ce décalage finit de me convaincre que l’innovation,
comme la pédagogie sont essentiellement instinctives.