Nuits-Saint-Georges au cœur

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Nuits-Saint-Georges au cœur
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ACTUALITE / TEMPS FORT
LA DÉGUSTATION
Nuits-Saint-Georges au cœur
Les Hospices de Nuits-Saint-Georges sont propriétaires exclusifs d’un
des plus beaux terroirs de la commune : le premier cru Les Didiers.
Dégustation sur quinze millésimes de la cuvée “Jacques Duret”.
Jean-Marc Moron :
régisseur
Jean-Marc Moron est un enfant du cru. Des Hospices de Nuits, aussi : son père était représentant
de la municipalité auprès de l’institution. Un BTS
viticulture-œnologie en poche, et après sept
années passées dans les caves de la Maison Boisset (à Nuits-Saint-Georges aussi…), il prend la tête
du domaine des Hospices de Nuits en 1990. Sous
son impulsion, sont rapidement instaurés un
contrôle strict des rendements, le tri des raisins,
etc. Mais le grand saut qualitatif des Hospices de
Nuits date de 2002. Une nouvelle cuverie, dotée
d’une réception des raisins plus respectueuse des
fruits, est inaugurée. Elle fera gagner beaucoup
d’élégance et de finesse aux vins du domaine,
surtout les millésimes de maturité difficile. Cette
dégustation verticale l’atteste.
2009 (en fûts) - 18/20
Le nez est d’une superbe complexité sur les
fruits noirs, la réglisse et les épices. À l’aération, il prend des notes de pivoine. Une
chaire soyeuse, dense, gourmande se
déploie en bouche. Une pointe de fermeté
en finale rappelle que nous sommes sur un
beau vin de garde.
2008 - 16/20
Le premier nez évoque des arômes intenses
de vanille, puis d’épices et enfin de fleurs
rouges. Un beau volume s’affirme à l’attaque en bouche avant de révéler une certaine rigueur, propre au millésime. Un vin
de repas, à garder patiemment pendant
sept ou huit ans.
2007 - 15,5/20
Le processus d’évolution a commencé :
la robe présente des reflets un peu mats.
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Le nez évoque des arômes de fruits confits.
Une bouche souple, bâtie sur des tanins
tendres, donne un caractère moelleux,
presque pâtissier.
2006 - 17/20
De complexes arômes épicés montent au
nez (clou de girofle, cannelle). La bouche
surprend par sa consistance, sa tenue. Voilà
un vin profond, qui a de la mâche. Il a indéniablement la charpente pour être gardé au
moins cinq années de plus.
2005 - 16,5/20
Le nez est d’une grande jeunesse, sur les
fruits noirs, la réglisse. Il se fait toutefois un
peu timide aujourd’hui. Dans la même idée,
la bouche est d’une grande harmonie mais
un peu serrée. Une école de patience.
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La construction d’une nouvelle cuverie en 2002 a contribué à
faire évoluer le style des vins vers davantage de finesse.
2004 - 13,5/20
Des arômes de fruits confits, de sous-bois,
de fourrure se déploient au nez. La bouche
est équilibrée, ronde. Si généralement 2004
est la marche périlleuse de toute dégustation
verticale, ce vin s’en sort honorablement,
en tout cas sans déviation aromatique.
2003 - 15/20
Jean-Marc Moron avait pris soin de raccourcir ses cuvaisons en 2003. Résultat : un
vin charnu, riche mais sans lourdeur ou
sécheresse en bouche. Le nez offre des
arômes de fourrure puis de fruits confits
avec également une pointe chocolatée.
2002 - 17/20
Un vin d’une grande élégance, harmonieux. Les tanins sont délicats. Autant de
qualités qui ne l’empêchent pas d’imposer
une belle présence et une grande longueur.
Le nez évoque des arômes de mousseron et
de sous-bois.
2000 (en magnum) - 14/20
Un nez, bien ouvert, évoque des arômes de
cerise à maturité. La bouche est d’une
ampleur moyenne et se conclut par une
pointe de fermeté tannique. Ce petit
manque d’harmonie entre la bouche et le
nez lui porte préjudice.
1999 - 17/20
La robe, rubis profond, est d’une grande jeunesse. Le nez évoque la fourrure, la torréfaction, les épices. La bouche est superbement
structurée, les tanins sont présents, fermes
mais sans aspérité. Une magistrale profondeur.
1996 - 16,5/20
Un vin droit, précis, d’une belle définition
aromatique (des notes de fruits encore
présentes !) comme dans sa structure.
La cuvée Duret est représentative de l’âge moyen
des vignes du domaine dans les Didiers..
Les tanins sont serrés, mais aussi fins et
soyeux. Les raisins ont visiblement été coupés au bon moment dans ce millésime qui
demandait de la patience.
1995 - 14,5/20
La robe présente des notes tuilées, signe
d’une évolution assez marquée. Le nez
évoque des touches torréfiées. L’attaque en
bouche est ample puis les tanins se durcissent pour finir sur une certaine sévérité.
Un vin masculin.
1993 - 13,5/20
Le nez évoque le romarin et plus généralement les épices. La bouche est marquée par
des tanins anguleux, après une entrée en
bouche plutôt prometteuse. Un peu dur.
1991 - 16,5/20
Un vin de plaisir, qui séduit par son milieu
de bouche riche, croquant et puissant.
Le tout se structure autour de tanins raffinés. Le nez évoque des arômes de cannelle
et de sous-bois. Une gourmandise.
1990 - 19/20
C’est le bouquet final de cette dégustation.
La robe rubis brillante témoigne d’une évolution très lente. Le nez a lui aussi gardé du
fruit de sa jeunesse (cerise fraîche) avec en
prime des arômes poivrés et de sous-bois.
La bouche est un modèle d’équilibre,
de suavité et de plénitude. Une longue
finale replissée donne la touche de conclusion à cette superbe bouteille.
Note : Les vins dégustés sont issus de la
réserve des Hospices de Nuits. Rappelons
que la quasi-totalité des vins sont mis en
bouteilles par les négociants après achat
aux enchères.1992 (14), 1979 (14).
Un nuits typé
Voisin du premier cru Les Saint-Georges, seigneur
de Nuits, Les Didiers est un monopole de 2,4 hectares. Situé sur la commune de Premeaux-Prissey,
le secteur est réputé pour donner des vins structurés et typés. Idéalement exposé, le coteau homogène tourne légèrement vers le sud. Le sol est
caillouteux, assez maigre. Sur une pente de 5 ou
6%, il ressuie rapidement après les pluies. Les raisins mûrissent sans difficulté et atteignent, tous les
ans, de hautes maturités, sans risque d’attaque de
pourriture. Deux époques de plantation sont présentes : 1950 et 1981. Une sélection, en fonction
de l’âge des plants, donne trois cuvées : “Paul
Cabet” (les plus jeunes vignes), “Jacques Duret”
(assemblage représentatif de l’âge moyen du
vignoble) et enfin la cuvée “Fagon” issue des
vieilles vignes.
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