ambassade de france au japon
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4-11-44 Minami-Azabu, Minato-ku Tokyo 106-8514, JAPON TEL : (03) 5420-8879 FAX : (03) 5420-8920 AMBASSADE DE FRANCE AU JAPON —————— SERVICE POUR LA SCIENCE ET LA TECHNOLOGIE Stéphane Roy Attaché pour la Science et la Technologie [email protected] LA FORESTERIE AU JAPON NOVEMBRE 2004 La stratégie du Ministère de l’Agriculture - et des organismes de recherche qu’il supervise - dans le domaine forestier est de conserver la biodiversité forestière, de préserver l’environnement forestier, d’assurer un management durable de la forêt, de renforcer l’industrie forestière et de développer de nouveaux matériaux. Le Japon utilise aussi la forêt pour prendre en compte la multi-fonctionnalité de la ruralité et revitaliser les communautés montagnardes. Une mission exploratoire organisée en partenariat avec l’INRA a permis de mieux connaître la situation japonaise et de déterminer ses tendances en recherche et développement dans le domaine de la foresterie. Elle avait pour but d’évaluer à la fois des recherches de base menées dans ce domaine et les éventuelles applications industrielles. Cette mission a mis l’accent sur les différents acteurs de la filière bois au Japon : des centres de recherches du Gouvernement japonais (Forest Tree Breeding Center (FTBC), Forestry and Forest Product Research Institute (FFPRI)) et leurs antennes régionales (antennes de Nagano et de Hokkaido du FTBC), les centres de recherche mis en place par les préfectures productrices de bois (Nagano, Ibaraki, Hokkaido), des laboratoires universitaires, des entreprises et des forêts expérimentales et domaniales. Il ressort de cette mission les points suivants. 1 - La filière bois. Avec plus de 24.1 millions d’hectares (3.5 milliards de mètres cubes de bois sur pied), la forêt japonaise représente plus de 64% de la surface du pays. Des efforts de reboisement très intenses ont eu lieu après la seconde guerre mondiale avec un pic vers 1954 (plantation annuelle de 430 000 ha). La surface forestière a ainsi augmenté de 85% durant les 30 dernières années et est maintenant stabilisée. Les forêts du Japon sont très marquées par deux résineux majeurs : le cèdre japonais et le cyprès japonais. Le mélèze occupe actuellement environ 20 % des reboisements. La production annuelle de la forêt japonaise couvre plus de 2 fois les besoins en bois du pays, mais le Japon recourt largement à l’importation en provenance de pays développés (Australie, Nouvelle-Zélande) et émergents (Chili, Indonésie). Les principales raisons de cet apparent paradoxe repose sur la topographie des forêts japonaises (pentes très fortes) et sur le coût de la main-d’œuvre. La forêt japonaise s’oriente vers une forêt de conservation des ressources génétiques autochtones ; les fonctions de production semblent réalisées presque exclusivement à l’étranger sous contrôle japonais (plus de 300 000 ha de plantations actuellement) et avec l’espoir affiché de pouvoir mettre en œuvre dans ces régions moins contraignantes ce qui est interdit chez eux (arbres transgéniques). 2 - La recherche en foresterie. La recherche forestière au Japon est partagée entre plusieurs organismes avec un certain éparpillement et une apparente redondance. La qualité des laboratoires semble très variable : les thématiques couvertes par les laboratoires de génétique (analyse du génome et génétique des populations) du gouvernement japonais (FFPRI) sont excellentes tant par les résultats présentés que par leur niveau d’équipement. Par contraste, les laboratoires et facilités (pépinières, serres, forêts expérimentales, etc) des organismes des Préfectures présentent des activités de recherche plus classiques et moins innovantes. Le ministère de tutelle force apparemment les chercheurs à centrer leurs efforts de recherche sur le cèdre japonais. Il n’en demeure pas moins que l’intérêt des chercheurs se porte aussi sur le mélèze en tant qu’espèce résineuse modèle, pour la qualité de son bois et comme espèce qui par sa croissance rapide et sa très grande extension dans l’hémisphère nord, occupe une place de choix dans l’argumentation de stockage efficace du carbone par la production d’une biomasse ligneuse parmi la plus importante du Japon. 3 – Le rôle de l’industrie Malgré des initiatives apparemment rares de valorisation de la ressource locale, les deux principales compagnies forestières japonaises (Oji Paper Co et Nippon Paper Industries Co) se sont résolument orientées vers l’étranger (Chili, Afrique du Sud, Australie, pays émergents d’Asie et plus récemment Chine) pour installer leurs plantations industrielles essentiellement à base d’Eucalyptus, d’hybrides de peupliers, et ce grâce à des efforts de recherches très actifs en biotechnologie (techniques de micropropagation, transformation génétique, séquençage du génome d’eucalyptus). Ces compagnies privées présentent les recherches les plus innovantes et très orientées vers les biotechnologies et leurs applications. La sélection et les manipulations génétiques portent sur des espèces exotiques (Eucalyptus, peupliers) et sont destinées à leurs plantations industrielles hors Japon.