le pays de lapalisse
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le pays de lapalisse
mve MAI 2008 N° 152 Bimestriel 2,44 EUROS CCI certifiée par MAGAZINE DE LA CHAMBRE DE COMMERCE ET D’INDUSTRIE DE MOULINS-VICHY LE PAYS DE LAPALISSE : LA VIE APRÈS LA 7 Partenaire de l’action Transports Cafière Lapalisse 03120 LAPALISSE Tél. 04.70.99.08.24 – Fax 04.70.99.35.08 mail : [email protected] Service journalier AUVERGNE - ALSACE Vous réalisez une réception, un cocktail, un déjeuner d'affaires, des journées professionnelles, un mariage, vous fêtez toute autre occasion : Nous vous proposons une solution de plein-air, en tout confort ! 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Vous avez un projet d’investissement, la mission économique du Pays de Lapalisse peut vous accompagner gratuitement et en toute confidentialité dans sa réalisation. N’hésitez surtout pas à prendre contact avec les responsables : ● Alain LORIOLLE – 04 70 99 76 29 – [email protected] ● Magalie CARTON – 04 70 99 76 18 – [email protected] Com Com Pays de Lapalisse - Bd de l’Hôtel-de-Ville – BP 63 – 03120 LAPALISSE - Sur internet : www.cc-paysdelapalisse.fr SOMMAIRE DOSSIER pp. 4 à 15 LAPALISSE ET SON PAYS L’HEURE DE VÉRITÉ(S) La vie est labels Graines d’espoir commercial Le poids de l’air Un centre routier pour 2009 Les entreprises se décarcassent… PARCOURS D’ENTREPRISE Fin de dépression pour les Huileries p.16 ACTUALITÉ Flash-back p.19 COUP DE CŒUR, COUP DE FOURCHETTE L’Auberge du Parc au Breuil p.19 COMMERCE Tabac : feue la fumée Quand la reprise s’accroche aux PFIL pp. 20 à 23 ✐ Pour toute information relative aux activités de la CCI : contact CCI Moulins : 04.70.35.40.00 – Vichy : 04.70.30.41.00 ÉDITORIAL LA VÉRITÉ DES TERRITOIRES l est rare que le magazine MVE délaisse les dossiers thématiques et braque sa loupe sur un territoire – une petite galaxie de thèmes. C’est pourtant l’occasion d’observer la vie autrement, regarder par-delà les montagnes de chiffres et de statistiques pour prendre le pouls d’une communauté. Se plonger dans son histoire, ses heures de gloire et ses périodes de déclin, essayer de comprendre, provoquer le croisement des regards, des paroles. Bref, chercher une vérité à l’échelle d’une parcelle de territoire. Pour mener ce travail, le pays de Lapalisse se posait en “cobaye” presque évident. Parce que c’est le pays des Vérités – même si le mythe repose sur une erreur de transcription d’une chanson dédiée au maréchal de La Palice – mais surtout parce qu’il a vécu un véritable bouleversement avec l’ouverture du contournement de la RN7, en octobre 2006. Cette I route qui avait longtemps favorisé l’essor du commerce local était devenue un enfer pour les Lapalissois et les habitants des communes environnantes, souvent découragés à l’idée d’affronter ce « mur de Berlin », comme on l’appelle encore en bord de Besbre. Le mur est tombé, et Lapalisse redécouvre, comme au sortir d’un long coma, son corps, ses membres, son centre-ville. Comment retrouver l’usage de tout cela, réveiller les vitrines éteintes, redevenir beau, ramener la vie et l’envie dans un territoire ? Telles sont quelques-unes des questions qu’aborde ce numéro de MVE. L’occasion de rappeler que la CCI est un partenaire actif des collectivités locales, des associations commerciales et des groupements professionnels qui cherchent à réaménager sans cesse “leurs” territoires. Henri Legrand, président de la CCI de Moulins-Vichy MVE.– Directeur de publication : Gilles Forissier – Éditeur : CCI de Moulins-Vichy, BP 1729 Moulins Cedex, tél. 04.70.35.40.00, Mail : [email protected] – Rédaction, composition et mise en page : Bleu autour, 03500 Saint-Pourçain-sur-Sioule, tél. 04.70.45.72.45 – Imprimerie : Quillier, 03150 Varennes-sur-Allier – Périodicité : bimestrielle – Dépôt légal : Mai 2008 – Tirage : 6.500 exemplaires. Toute reproduction des articles, informations et clichés photographiques publiés dans cette revue est subordonnée à l'autorisation du directeur de la publication. Moulins-Vichy Économique – Magazine de la CCI-MV – Mai 2008 – N° 152 3 DOSSIER LAPALISSE ET SON PAYS L’heure de vérité(s) Un an et demi après la « mort » de la RN7, Lapalisse est toujours en vie… Octobre 2006, la ville voyait entrer en service un contournement qui, du jour au lendemain, la privait du flux quotidien de milliers de voitures et, surtout, de poids lourds. Promise à une inexorable asphyxie, Lapalisse semble pourtant mieux respirer, retrouver un début de couleurs. État des lieux d’un “Village étape” à l’activité industrielle et commerciale encore dense. 4 Moulins-Vichy Économique – Magazine de la CCI-MV – Mai 2008 – N°152 DOSSIER es Cassandre avaient préparé le scaphandre, prédisaient l’asphyxie : « On nous disait : “Lapalisse va être mort. Le commerce est fini.” J’en étais devenu pessimiste. Il y a eu une période de doute, puis il a fallu réagir, trouver des solutions pour l’après-déviation. » Président de l’Union générale du commerce et de l’artisanat lapalissois (UGCAL), Patrick Bodin n’a rien d’un mort-vivant dans son magasin de photographe. Dix-huit mois après l’ouverture du contournement de la RN7, la ville porte encore sur ses façades les stigmates de décennies de circulation à jets continus et de bouchons aussi légendaires que les “vérités” du maréchal de La Palice. Mais, délestée de milliers de camions quotidiens (voir encadré), elle respire mieux : « En 2002, nous avions avec l’aide de la CCI-MV rempli un car de commerçants, d’artisans et d’élus pour aller à Massiac, une ville qui avait été déviée. Là-bas, le maire, les commerçants nous ont dit et certifié que la déviation avait été un bonheur, qu’il y avait eu une stagnation au début, puis un développement économique. Alors on s’est dit : ou on laisse couler, ou on joue notre va-tout touristique pour attirer la clientèle. C’est comme ça qu’on a monté le dossier de “Village étape”, avec la mairie. » L Le « mur de Berlin » Après avoir longtemps fait les beaux jours du commerce lapalissois, avec ses cohortes de Parisiens en goguette pour les congés payés, la Nationale 7 était devenue « un frein », reconnaît sans peine Patrick Bodin : « C’était très difficile de s’arrêter, alors personne ne venait s’installer. Les gens venaient se rendre compte, et ils repartaient. On avait 4.000 poids lourds par jour, Lapalisse était plus réputé pour ses bouchons que pour son château. Du coup, les commerces qui fermaient n’étaient pas repris. Là, on sent une dynamique nouvelle. » Artère frappée de phlébite, la RN7 dans sa traversée lapalissoise était devenue, pour les autochtones, le « mur de Berlin » : « Dans le mois qui a suivi l’ouverture du contournement, on a vu revenir des gens qui n’osaient plus traverser la RN7, des gens du Mayet, d’Isserpent, du Breuil. » En avril 2007, un nouveau sens de circulation est mis en place par la municipalité, avec la création de 75 Patrick Bodin. places de stationnement en zone bleue, pour revivifier les rues Roosevelt (l’ex-RN7) et Churchill : « Ce changement dans les habitudes des gens a été perçu comme une attaque. Pourtant, ça nous a permis de retrouver une clientèle de passage », affirme Patrick Bodin, « Il a fallu éduquer les gens, les commerçants aussi. Au bout de quelque temps, et de quelques PV, ça bouge. Maintenant, les gens s’y sont faits. » Mais pas d’euphorie dans le discours du président de l’UGCAL, qui sait que Lapalisse repart de loin : ☛ Le trafic AVANT ET APRÈS L es comptages des services de l’Équipement attestent le bouleversement des flux routiers sur Lapalisse depuis l’ouverture du contournement. Sur les jours ouvrés d’avril, mois considéré comme représentatif, la moyenne quotidienne à l’entrée nord de la RN7 était de 5.233 véhicules (dont 33,11% de poids lourds) dans le sens nord-sud et de 4.249 véhicules (dont 25,41% de poids lourds) dans le sens sud-nord. En 2007, six mois après l’ouverture du contournement, le trafic s’est effondré dans Lapalisse, avec 2.682 véhicules (12,11% de poids lourds) dans le sens nord-sud et 2.910 (8,86%) dans le sens sud-nord. Sur le même mois, le contournement voyait passer 3.274 véhicules, dont 37,66% de poids lourds, pour le seul sens nord-sud. Moulins-Vichy Économique – Magazine de la CCI-MV – Mai 2008 – N°152 5 DOSSIER ☛ « On pèche en restauration et en hôtellerie, on manque de magasins en habillement et chaussures. Il y a un projet de zone commerciale au bout de la place Leclerc, par un privé. Il devait y avoir un Lidl, on préfèrerait y voir un marchand de chaussures ou de vêtements. » Avec Intermarché, Champion et Aldi, Lapalisse a sa “dose” de grandes enseignes alimentaires : « Elles permettent de maintenir les gens sur place. Avant, les gens allaient faire leurs courses à Varennes ou à Vichy. » Reste à étoffer l’offre locale, et à effacer les traces spectaculaires d’un déclin provoqué tant par le trafic de la RN7 que par la disparition d’entreprises phares comme Barthelot, Vinycuir et Foucaud & Gendre, dépositaires d’un savoirfaire en maroquinerie exilé à SaintPourçain-sur-Sioule, dans les ateliers Vuitton : « Onze magasins La place Leclerc. 6 avaient fermé la même année, rue du Commerce », se souvient Patrick Bodin. Taxer les locaux vacants La rue qui mène au château et à la mairie est un cimetière de vitrines que la communauté de communes du Pays de Lapalisse – chargée du développement économique – aimerait ressusciter : « Le problème, c’est que les propriétaires ne veulent ni vendre, ni louer », regrettent en chœur le nouveau président, Georges Dajoux, et le directeur général des services, Alain Loriolle, qui comptabilisent une vingtaine de locaux commerciaux vacants dans le centre de Lapalisse. « Pour le dixième anniversaire de l’Art en Marche (musée d’art brut installé dans les anciens locaux de Barthelot, NDLR), on a eu l’idée de faire investir ces locaux par des artistes. On prend en charge l’électricité, on tend des draps blancs sur les murs, mais même pour ça, on a des difficultés à convaincre les gens. » Pour faire sauter ces kystes, la communauté de communes envisage de taper au porte-monnaie, en partenariat avec la commune de Lapalisse, avec « une taxe sur les locaux commerciaux vacants depuis plus de cinq ans »… Propriétaire du château qui surplombe la ville, descendant du maréchal de La Palice et maire depuis mars dernier, Jacques de Chabannes a vu Lapalisse prendre du retard sur des villes bourbonnaises au profil identique, SaintPourçain et Varennes : « Le gros souci du développement économique de Lapalisse, c’est que des entreprises veulent s’implanter, mais que cette foutue RN7 n’est toujours pas en 2x2 voies. Le jour où la RN7 et la RCEA seront en 2x2 voies, il y aura des flux. L’avenir de Lapalisse est là. » En attendant, le propriétaire du vaisseau amiral du tourisme local pose Moulins-Vichy Économique – Magazine de la CCI-MV – Mai 2008 – N°152 Jacques de Chabannes. un regard d’expert et sévère sur les carences du commerce local : « Il faut rendre Lapalisse attractive, ravaler les façades, être accueillants. Il y a tout un état d’esprit à créer pour que les gens aient envie de s’arrêter. L’aménagement de la RN7 ne suffit pas. Je veux que les Lapalissois se réapproprient leur ville, que les commerçants ne soient pas intéressés que par leur chiffre d’affaires. On a la chance d’avoir un nom connu, Lapalisse : peu de villes ont ça. On a besoin d’inculquer une connaissance de Lapalisse aux commerçants et artisans, qu’ils aient le réflexe de proposer aux gens de passage d’aller au jardin public, au château, au musée d’art brut, au domaine de la Chaize. Ils peuvent être un vecteur touristique bien plus efficace que les plaquettes en quadrichromie. Il y a un travail à faire avec l’association de commerçants, organiser des “éduc’tours” pour que les commerçants aillent voir les prestataires. Le commerce et le tourisme vont ensemble. » Une lapalissade que Patrick Bodin ne peut que partager : « Le point fort de Lapalisse, c’est son château. Il n’y a pas que ça qui va nous faire vivre, mais il faut se promouvoir, vendre son bifteck à l’extérieur. L’union commerciale et la municipalité doivent être solidaires, aller dans le même sens. On est prêts à apporter nos idées, nos conseils. » ■ DOSSIER LA VIE EST LABELS de complexes, alors qu’il y a des tas n 2003, après la visite collecde choses dont ils n’ont pas tive à Massiac, l’UGCAL et conscience. » la mairie déposaient un dosLe développement du tourisme se sier auprès du ministère des heurte néanmoins à la capacité d’acTransports pour obtenir le cueil : « Il nous manque un hôtel de label “Village étape”, qui 50 chambres, regrette Alain Loriolle, donne aux automobilistes des garandirecteur général des services du ties en matière d’hébergement, de Pays de Lapalisse. On ne peut pas restauration, d’approvisionnement attaquer le marché des autocaristes, en carburant, et un réseau “raisonni commercialiser des week-ends à nable” de commerces et de services. thème, car on n’a pas assez d’héberDès l’ouverture du contournement, gement. On est trop petits Lapalisse bénéficiait de ce pour les chaînes hôtelières. label, qui s’accompagne Véronique Message et Sylvain Huel. Un gros Il faudrait un projet de d’une première signalétique hôtel sement lapalissois en deux-étoiles franchise, avec un investis20 km avant la ville, sur la à trouver seur privé. » Alors la com- (huit chambres). Arrivés le 1er RN7, et de panneaux de rapoctobre 2007 pour succéder aux munauté de communes pel aux entrées de ville et sur époux Duparc à la tête d’un hôtelmise sur l’opération Nattitude lanle contournement. Attribué à 21 restaurant aussi ancien (1884) que cée par le Conseil régional pour communes seulement, ce titre a été prestigieux (un Bib gourmand au favoriser cinq projets hôteliers en obtenu dans la douleur, à cause de la guide Michelin), Sylvain Huel et Auvergne : « Il trouverait des invesfaible offre hôtelière locale – la Véronique Message se montrent tisseurs, les accueillerait et les dirigecharte exige d’un “Village étape” 40 prudents : « Après la saison, on en rait sur notre site. » lits, dont la moitié en deux-étoiles saura plus. Pour l’instant, on ne traPour l’heure, et même si le site des ou plus, et 200 couverts. vaille pas moins que M. et Mme “Villages étapes” parle déjà de La création, avant fin 2008, d’un Duparc. On a même été surpris, en « l’hôtel-restaurant du Moulinhôtel trois-étoiles de 16 chambres au octobre, parce qu’il y avait beaucoup Marin », Galland est le seul établisMoulin-Marin a évité à Lapalisse le de passage sans réservation. camouflet du rejet : « Notre proNotre établissement fonctionne jet conditionnait l’obtention du beaucoup avec l’hôtel, entre les label », reconnaît Maria Lesme, soirées étape en semaine et la qui avec son époux Patrick tient clientèle de touristes le week-end. depuis 1976 ce restaurant à Le label “Village étape” peut l’écart du bourg, brillamment apporter une clientèle qui vienpassé du repas ouvrier au terroir dra plus pour se reposer, se de qualité à cause de la fermeture détendre. » des usines lapalissoises. « On n’a Plus confidentiel – pas de signapas assez de recul pour évaluer les létique pour l’instant –, le label retombées du label », affirme la des “Plus beaux détours de nouvelle maire adjointe au touFrance” a été également décerné risme et vice-présidente de la à Lapalisse ; créé en 1998, il communauté de communes du concerne 93 communes de 2.000 Pays de Lapalisse en charge du à 20.000 habitants à l’écart des tourisme et de la communication, axes routiers – dont six en qui compte « renforcer » ce Auvergne. ■ domaine : « On a une superbe région, mais on ne sait pas la ✐ En savoir plus : www.village-etape.com/ vendre. Les gens ici ont beaucoup et www.plusbeauxdetours.com/ Maria Lesme et sa fille, Virginie Aloin. E Moulins-Vichy Économique – Magazine de la CCI-MV – Mai 2008 – N°152 7 DOSSIER GRAINES D’ESPOIR COMMERCIAL Une traversée de Lapalisse permet d’apprécier le lent cauchemar dont commence à sortir le commerce local. Longtemps tétanisé par les cohortes de la RN7, le centre-ville voit revenir des créateurs ou repreneurs. Le sillon informatique utation complète en mai 2007 du 34, rue du Président-Roosevelt qui passe de la motoculture à … l’informatique : Alain et Valérie Arizzoli viennent d’ouvrir une boutique, France Micro Services, doublée d’un cybercafé. « Je suis originaire de Lapalisse, explique Alain Arrizoli, et après une trentaine d’années dans les grandes sociétés d’informatique, nous pouvions apporter des idées ici… Il y avait un manque dans le domaine informatique, et la région – en comprenant Le Donjon et Jaligny – est assez loin M Alain et Valérie Arizzoli. 8 de tout. Une partie est d’ailleurs tournée vers la Loire, et Lapalisse était l’endroit stratégique pour s’installer. Pour compenser l’éloignement, il fallait aussi être autonome, fournir tous les services. » France Micro Services assure le conseil, la vente de matériel sur mesure (assemblé sur place), son installation, le service après-vente à domicile, la réparation (au magasin ou à domicile), les formations, et même le tuning du matériel . « Notre clientèle est d’abord celle des particuliers qui apprécient par exemple de déposer leur ordinateur pour un dépannage au magasin et de le récupérer le lendemain. La clientèle des entreprises vient peu à peu et nous allons maintenant travailler plus de ce côté. L’activité répond à nos prévisions, mais la surprise vient du cybercafé : au départ, mon idée était de faire quelque chose pour les jeunes car j’avais le souvenir de m’être ennuyé ici ; et puis on a vu arriver ici en saison beaucoup de touristes de passage ou en résidence secondaire. » Et Alain et Valérie Arizzoli n’ont pas fini d’élargir leur base de service autour de l’informatique : après l’ouverture de nouveaux “rayons”, la domotique et la location de matériel de sonorisation, ils préparent une offre large en matière de téléphonie mobile. Moulins-Vichy Économique – Magazine de la CCI-MV – Mai 2008 – N°152 Coup de cœur ch’ti ropriétaire depuis un an de la Maison de la presse, Luc Néar ne regrette pas son coup de cœur pour le magasin de la rue du Président-Roosevelt : « Le magasin est moderne, bien situé. Il nous a plu tout de suite, mais nous n’aurions pas acheté si la déviation n’était pas entrée en service quinze jours plus tard. Nous avons pu ressortir les présentoirs de cartes postales, voir les clients circuler sur les trottoirs et se garer devant les magasins grâce à la zone bleue. Nous avons aussi été surpris par le nombre de touristes qui passent ici et comme j’aime bien parler avec les gens, cela me plaît plutôt… Et pour nous qui venions du nord de la région parisienne où nous étions propriétaires d’une supérette, on a découvert ici une qualité de vie, des gens accueillants comme on n’en avait pas connu avant. D’ailleurs nous allons faire construire notre P Luc Néar. DOSSIER maison ici. » La baisse des ventes en matière de presse ne démoralise pas le couple originaire du Nord : elle est bien compensée par l’activité papeterie, le relais pour une grande enseigne de vente par correspondance, qui amène une clientèle extérieure à la ville, ou encore la reprise d’un rayon petits jouets du commerçant voisin qui a pris sa retraite. Luc Néar a aussi constaté un regain d’activités depuis que le marché a repris sur la proche place du GénéralLeclerc. Et son chiffre d’affaires dépasse maintenant celui de son prédécesseur. Charme, passion et… nostalgie « e jeudi matin, jour de marché, c’était le seul moment de la semaine où je ne recevais pas les représentants, il y avait trop à faire avec le magasin. Aujourd’hui, c’est un jour aussi calme que les autres. » Brigitte Tarreau ressent pleinement le fléchissement du commerce traditionnel huit ans après avoir repris la mercerie-bonneterie de la rue Winston-Churchill, entièrement réaménagée et agrandie sous l’enseigne Charme et Passion. Face à la concurrence de la grande distribution, elle mise sur la qualité et le conseil aux clients. Le commerce traditionnel est aussi devenu particulièrement sensible à des changements de son cadre de vie. Ainsi, le déplacement du marché pendant de longs mois a suffi à dérouter du magasin des clientes. Par contre, l’installation de l’Office de tourisme un peu plus loin sur le même trottoir a renouvelé sensiblement la clientèle de Brigitte Tarreau : « En passant pour aller chercher un renseignement touristique, des étrangers s’arrêtent pour regarder et entrent pour acheter de la mercerie car, même en vacances, les Anglaises ou les Hollandaises cousent L Brigitte Tarreau. encore, ou font de la tapisserie, ou décorent leurs résidences secondaires. » Ce n’est qu’un coup de pouce et il en faudra quelques autres pour que le petit commerce reprenne son souffle. ment par son époux. « Pour fidéliser ma clientèle, je m’efforce d’avoir toujours des petites nouveautés à leur proposer – les gens sont demandeurs. » Depuis le retour du marché du jeudi, qui se tient juste en face de son magasin, Anne MartinCombaret a aussi retrouvé des clients qui apprécient de pouvoir stationner non loin. « Je ne fermerai pas en juillet et août car j’ai alors une bonne clientèle de vacanciers, résidents secondaires ou camping-caristes, qui viennent s’équiper ici. » En bout de rue, Anne Martin-Combaret voit favorablement s’installer près de son magasin une banque, ce qui renforcera sa visibilité et lui fait envisager le réaménagement de son magasin. ■ La quincailleriedroguerie qui dépote nne Martin-Combaret a repris en 2005, avec notamment le soutien de Vichy Initiative, la quincaillerie-droguerie qu’elle connaissait depuis son enfance, bien décidée à faire vivre le magasin pour un nouveau et long bail. Elle conserve l’enseigne Euréka Ma Maison, liée aux établissements Desamais (voir MVE 151), et s’appuie sur elle pour élargir son offre et contrer ainsi la concurrence des grandes surfaces : « On s’efforce d’évoluer et le catalogue “cocooning” que vient de lancer Euréka Ma Maison se révèle un excellent support pour le magasin, il est déjà apprécié des clients et nous permet de leur proposer des gammes de produits en plus de celles, plus restreintes, que nous avons en magasin. » Anne MartinCombaret mise aussi beaucoup sur le petit électroménager avec deux atouts : des marques de qualité absentes des grandes surfaces et un service dépannage assuré directe- A Anne Martin-Combaret. NI EMBELLIE, NI EMBOLIE L e contournement n’a pas encore eu d’impact sensible sur l’activité commerciale des quatorze communes composant le Pays de Lapalisse. Au 31 décembre 2007, le nombre d’établissements (53) était exactement le même que deux ans plus tôt, tandis que la surface totale de vente se développait à peine (10.056 m2 contre 9.640 m2 fin 2005), au bénéfice des grandes surfaces alimentaires (4.500 m2 contre 3.800). Le nombre d’emplois, lui, n’a pas varié (222 contre 225). Au 31 décembre 2002, le Pays de Lapalisse comptait 54 établissements commerciaux pour 8.464 m2 de surface totale de vente et 214 emplois. L’augmentation de surface entre 2002 et 2005 est essentiellement due au triplement d’une grande surface de bricolage. Source : Observatoire régional du commerce, CRCI Auvergne Moulins-Vichy Économique – Magazine de la CCI-MV – Mai 2008 – N°152 9 DOSSIER LE POIDS DE L’AIR Aire de jeu pour parachutistes depuis les années 1970, l’aérodrome de Lapalisse-Périgny est devenu, depuis une dizaine d’années, un centre européen de chute libre et, surtout, un camp d’entraînement très fermé pour parachutistes militaires. Une société de maintenance d’avions envisage de s’y implanter. es Néerlandais en treillis atterrissent en pluie sous l’œil de policiers français en combinaison noire. Pas de photo, pas d’interview : le seul centre d’entraînement privé en Europe pour D les parachutistes militaires cultive son jardin secret – et un site Internet, www.para-trainingcamp.eu/ Gérant des SARL Cavok et Vérité (sic), sises à l’aérodrome de Lapalisse-Périgny, Joël Cruciani livre les informa- ● NOTRE MOTIVATION : Vous faire réaliser des économies sur vos factures de téléphonie : mobile et fixe ● NOS ÉQUIPES : S’engagent à vous accompagner au cours des phases de développement pour l’ensemble de vos solutions telecoms et informatiques au sein de votre entreprise RADIOTEL AUVERGNE 34, rue Ampère – 03300 CUSSET Tél. 04.70.97.07.07 – Fax. 04.70.97.56.07 – Mail : [email protected] 65, boulevard Gustave-Flaubert – 63000 CLERMONT-FERRAND Tél. 04.73.91.10.10 – Fax . 04.73.14.05.63 10 Moulins-Vichy Économique – Magazine de la CCI-MV – Mai 2008 – N°152 tions au compte-gouttes : « Le centre-école parachutiste s’adresse au grand public, aux sportifs, aux militaires et à la police. Nous faisons 800 à 900 baptêmes par an, et nous avons environ 30 élèves dans notre école. Mais 80% de notre activité sont liés aux militaires des forces spéciales ; notre maisonmère travaille pour l’OTAN. » En quête de « tranquilité » Basée au Luxembourg, CAE Aviation assure en effet des missions de surveillance aérienne des zones de conflit – à côté d’activités plus paisibles comme l’assistance sur le Paris-Dakar ou le sulfatage de criquets africains. Les parachutistes sautent dans le ciel lapalissois depuis deux de ses avions. Implanté là depuis 1997, prolongeant une culture parachutiste née dans les années 1970, le centre européen de chute libre a racheté à la communauté de communes, en 2007, les ateliers-relais qu’elle louait jusqu’alors. La « tranquillité » revendiquée par Joël Cruciani semble plaire à CAE, qui a acheté à la communauté de communes un terrain de 8.700 m2 pour transférer des activités luxembourgeoises : entretien et maintenance d’avions, formation de pilotes. Le taiseux Joël Cruciani ne dira mot sur le sujet : « Rien n’est fait pour l’instant. » Un permis de construire a néanmoins été déposé pour 2.000 m2 couverts, et CAE Aviation a demandé à la communauté de communes de faire passer la piste de 900 à 1.200 mètres dans les trois prochaines années. ■ ✐ En savoir plus : www.lapalisse-aero.com/ DOSSIER UN CENTRE ROUTIER POUR 2009 arole d’expert : « Entre Clermont-Ferrand et Molinet, les chauffeurs n’ont aucun endroit pour manger. » Vétéran de la route, le transporteur lapalissois Serge Cafière est persuadé qu’un centre routier serait « une très bonne chose » pour Lapalisse : « Avec la réglementation, on est obligés de s’arrêter régulièrement. Les chauffeurs ne peuvent plus entrer dans les villages, les aires d’autoroutes sont saturées. Maintenant, les étrangers font eux aussi des coupures. C’est pour cela qu’il faut multiplier les aires de repos. » L’idée a germé depuis quelques années dans les têtes de la communauté de communes : « L’étude de faisabilité a été rendue en septembre 2005 », explique Alain Loriolle, directeur général des services. À la sortie nord du contournement, la zone d’activités de 25 hectares est un terrain idéal, car presque vierge, pour accueillir un centre routier capable de détourner quelques centaines des 2.800 à 3.000 poids lourds en transit quotidien. « Nous sommes partis sur un centre de 110 places, avec une option pour 40 places supplémentaires », précise Alain Loriolle. Si la voirie et les parkings sont financés par la communauté de communes, le centre routier repose sur l’initiative d’un investisseur privé local. Une station-service, un restaurant et une boutique de produits régionaux sont prévus, ainsi qu’un local dans lequel les chauffeurs pourront se rafraîchir, prendre une douche, se raser, etc. Pour Serge Cafière, un tel centre est salutaire pour la santé et la sécurité P Si les poids lourds n’ont plus droit de cité – ou presque – à Lapalisse, la communauté de communes espère les capter en périphérie, en créant un centre routier sur sa zone d’activités. Ouverture espérée : printemps 2009. des chauffeurs : « Quand les véhicules se garent un peu partout, dans de mauvaises conditions, il y a des problèmes de vol, qui se sont accentués depuis que le gasoil vaut de l’or. Il faut penser au bien-être des chauffeurs. En plus, si les chauffeurs restent le week-end, à 500 mètres du centre-ville, ça peut apporter un peu de consommation à Lapalisse. » La communauté de communes, elle, espère remplumer sa zone d’activités autour de ce noyau, avec des services dédiés aux poids lourds (station de lavage, centre technique) et, pourquoi pas, une plate-forme logistique : « C’est trop tôt pour faire la promotion, explique Alain Loriolle. On va attaquer la logistique à l’automne, mais en matière de plate-formes, la compétition est ouverte. » ■ Tous chauffages Régulation – Climatisation Sanitaire – Zinguerie Pompes Installations piscines Dépannages ÉNERGIES RENOUVELABLES Chauffage Dompierrois SARL 149, rue des Écoles – 03290 DOMPIERRE-SUR-BESBRE – [email protected] Tél./Fax : 04.70.34.50.51 Moulins-Vichy Économique – Magazine de la CCI-MV – Mai 2008 – N°152 11 DOSSIER LES ENTREPRISES SE DÉCARCASSENT… Un abattoir ressuscité est le nouveau pilier, paradoxal, des entreprises lapalissoises, où prospèrent de belles PME : Centravet (distribution de produits vétérinaires), Charondière (constructions métalliques) ou TVE 42 (transports). Portraits choisis de fleurons éclectiques d’une industrie dynamique. Forez Porc ix mois de vie intensive pour passer de zéro à 90 kg, quelques heures de plein air dans un semi-remorque, un grouik effaré vite anesthésié par électro-narcose, un coup à la gorge, et c’est fini. Ils sont 11.000 porcs, chaque semaine, à passer de vie à tripaille, jambons ou longes, dans le ventre feutré de l’abattoir de Forez Porc. Aucun bruit ne filtre hors de ces murs d’une usine ordinaire, qui emploie 250 personnes, dont 70 à l’abattage et 130 à la découpe des 54.000 tonnes de viande annuelle. L’abattoir a réussi une spectaculaire renaissance, après sa mise en liquida- S 12 Moulins-Vichy Économique – Magazine de la CCI-MV – Mai 2008 – N°152 tion en 2002 ; monté par l’entreprise irlandaise Arrows, exportant à 100% vers l’Asie, il avait mal digéré le krach asiatique et la fermeture des frontières. Pour la SICAREV, groupement d’éleveurs basé à Roanne, l’occasion est belle, alors, de reloger sa filiale Forez Porc, à l’étroit dans l’abattoir municipal de SaintÉtienne. Elle reprend l’abattoir lapalissois, en s’associant avec MC Porcs, groupement de 300 éleveurs basé à Montluçon et produisant 650.000 bêtes par an. Fin 2002 : les 80 salariés restants traitent 2.500 porcs par semaine. Un an plus tard, la production est passée à 7.000 porcs hebdomadaires. Le voilà qui tourne désor- David Gourlier. mais à plein régime, en diversifiant les marchés : « On fait 20% en frais pour les grandes et moyennes surfaces, 20% à l’export, et on travaille beaucoup pour les salaisonniers, dans toute la France », explique Jérôme Caron, responsable de l’approvisionnement et de la vente à l’export. L’abattoir de Forez Porc se situe autour du 12e rang français : « On peut progresser de 10 à 20%, mais on n’ira pas plus loin. On n’a pas les porcs nécessaires pour doubler les postes. » Dans un marché du porc « en crise permanente », laminé par la concurrence d’Espagne ou du nord de l’Europe, Forez Porc s’est lancé dans le porc label ou IGP, où la valorisation des pièces est meilleure : « Cela fait trois ans qu’on a commencé. On en est à 1.000 porcs par semaine. » La résistance à l’effondrement du marché passe aussi par un rapprochement avec le groupe SICAVYL, basé dans l’Yonne : « Il a la même structure que SICAREV, avec une filiale, Orléans Viandes, qui abat 7.000 porcs par semaine. La fusion est en cours, elle nous fera passer au 7e ou 8e rang des abatteurs. La filière se restructure pour peser davantage vis-à-vis des clients. » Ce qui ne changera rien pour Forez Porc : « Chaque abattoir va continuer sa vie. » Minoterie Gourlier l sera le dernier minotier de la famille. Il le sait, il le sent, à 39 ans seulement. David Gourlier est entré dans le métier en 1987, quand son grand-père Jean-Marie en sortait, lui qui, en 1958, avait repris cette minoterie sur la Besbre, en aval de Lapalisse et du Moulin-Marin. « Il était ouvrier. Son patron partait en retraite. » Le 30 juin dernier, son père, Jean-François, a pris sa retraite, I à son tour : « J’étais en SARL avec lui. » Son poste n’a pas été remplacé : « L’activité est en baisse. Avec la concurrence des gros, on est de moins en moins nombreux. » Il ressort les annuaires de la profession, aux chiffres aussi inexorables qu’une meule : « En 1972, il y avait cinquante moulins dans l’Allier. En 92, dix-huit. En 2002, douze. Aujourd’hui, huit, dont deux gros. Je suis à peu près sûr d’être la dernière génération. Je ne souhaite qu’aucun de mes trois fils me demande de prendre la suite. Ça ne serait pas un cadeau. Je ne peux même pas dire, à 39 ans, que j’irai au bout. » Il ne le montre pas, mais ça lui tord le ventre de dire tout cela à voix haute. La flambée des prix des céréales, en 2007, n’a pas arrangé la situation : « Le blé est à 260 euros la tonne. Il y a un an, il était à 160, 170 euros. On a répercuté une partie des hausses, mais la concurrence ne joue pas le jeu. On y va de notre poche : on a voulu maintenir un prix de revient convenable , et on s’est fait démolir par des collègues. On a des concurrents pénibles, en Bourgogne, qui sautent sur tout. Il n’y a pas d’entente, c’est chacun pour soi. Heureusement, la fidélité est assez importante chez nos boulangers, c’est ce qui nous aide. » Avec ses deux salariés, David Gourlier travaille encore de façon artisanale, broie 80 à 100 tonnes de blé et 2,5 tonnes de seigle par mois, qui passent dix fois entre des meules cylindriques. L’approvisionnement est local, « une vingtaine d’agricul- teurs dans un rayon de 20 km, que je connais depuis dix ou quinze ans », tout comme son réseau de boulangers, « une quarantaine sur l’Allier et la Loire, que des artisans ». Il montre le matériel « ancien et solide », son pont-bascule de 50 tonnes – « il y en a assez peu dans le coin » –, raconte son métier « agréable » qui lui permet d’aller « de la culture au consommateur ». Et confie encore : « Cela m’aurait peiné d’arrêter après le départ en retraite de mon père. » Moulin Gribory a voix est douce et ronde, comme un galet poli par le Barbenan voisin. Le débit apaisé des dynasties immuables, sereines. Michel Lallias est minotier comme avant lui les générations de Lallias depuis 1700, toujours au moulin Gribory, à Châtelus. Sa mère était meunière, son père paysan : « J’ai appris avec mon père. Le moulin s’est mécanisé, mais le principe reste le même : écraser puis bluter (tamiser). » À 55 ans, Michel Lallias est un vétéran du bio : « J’ai commencé en 1973, en rentrant de l’armée. Je voulais faire quelque chose de différent. J’ai rencontré un meunier du Puy-de-Dôme qui travaillait pour la seule boîte de produits diététiques en France, Lemaire, près d’Angers. Quand il a pris sa retraite, j’ai pris la L ☛ Moulins-Vichy Économique – Magazine de la CCI-MV – Mai 2008 – N°152 13 DOSSIER Michel Lallias. ☛ suite. Le courant est passé tout de suite avec les agriculteurs et les boulangers. Le relationnel n’a rien à voir, on n’est pas confronté à de grosses minoteries. » Jusqu’en 1983, il travaille en traditionnel et en bio, puis ne se consacre qu’au bio. Quatre ans plus tard, Lemaire dépose le bilan : « Du jour au lendemain, je n’avais plus rien. J’ai récupéré les clients, et j’ai lancé ma marque. Il fallait qu’on retrouve des blés, on avait perdu l’approvisionnement. On a mis des paysans en route, des gens qui se sont convertis au bio. Cela a pris plusieurs années pour instaurer un climat de confiance. » La récompense se récolte : « La demande augmente, elle est plus insistante depuis 3-4 ans, surtout au niveau des magasins. » Pas de grandes surfaces, mais des gros magasins bio, comme Crocbio ou Agence L’Esperluette. La récession ne touche pas l’alimentation bio, malgré un prix du blé passé de 270 à 550 euros la tonne en un an. Avec ses quatre salariés – dont son épouse Danièle –, Michel Lallias avoue avoir atteint le point de saturation : « On fait sept sortes de farine : blé, seigle, sarrasin, grand épeautre, petit épeautre, kamut et multi-céréales. Et chacune de trois façons : blanche, bis ou complète. Ce n’est que du microtravail, des petites productions. En tout, c’est 60 tonnes par mois. » Auxquelles s’ajoute la production d’huile de noix, pour les particuliers. La réputation du Moulin Gribory a excédé depuis longtemps les frontières bourbonnaises : « Je vais aussi dans le nord de la région RhôneAlpes, la Saône-et-Loire, la Creuse. Et toute l’Auvergne. » Et sans chercher à se développer via Internet : « Je suis à l’informatique ce qu’un maréchal-ferrant est à l’horlogerie. Pourtant, il y aurait à faire. » La prochaine génération, peut-être : « J’aimerais bien que ça puisse continuer. » Imprimerie Guériaud ’est sans appréhension que l’imprimeur Gérard Guériaud s’apprête en cette année 2008 à passer le relais de son entreprise à son fils Frédéric et à sa fille Sophie. C DUPERROUX Transactions Gestion immobilière 4, rue du Président-Roosevelt – 03120 LAPALISSE Tél. 04.70.99.22.80 – Fax. 04.70.99.13.37 – Mail : [email protected] 14 Moulins-Vichy Économique – Magazine de la CCI-MV – Mai 2008 – N°152 Gérard Guériaud. Le premier y est depuis 12 ans le spécialiste PAO, la seconde la comptable et assistante de direction depuis 15 ans. La perspective d’une reprise par deux de ses enfants n’a pas diminué les efforts que Gérard Guériaud déploie depuis ses débuts en 1966, après reprise de l’imprimerie de quartier de Marcel Impe. L’imprimeur n’a cessé d’investir pour rester compétitif : achat d’une première presse offset en 1977, PAO en 1986, installation dans un atelier moderne sur la ZI de Rosières au bord de la N7 en 1989… Aujourd’hui, l’atelier est presque trop étroit pour contenir les deux offset 2 couleurs, l’équipement PAO et les scanners, la chaîne de façonnage, et la dernière venue, une flasheuse 4 poses format affiche en attendant une deuxième chaîne de façonnage. « Maintenant, on pense à s’équiper en CTP (Computer to plate), le procédé informatique qui permet de passer directement de l’ordinateur à la plaque d’impression. C’est un gros investissement, mais c’est dans la logique et on y viendra. » Ces investissements techniques ont aussi constitué pour Gérard DOSSIER Guériaud le meilleur investissement commercial : « Depuis 36 ans, je n’ai fait aucune démarche commerciale… Je n’en ai pas le temps. On continue d’avoir une bonne clientèle locale, cela va de l’artisan qui veut une carte personnalisée aux associations et aux collectivités qui ont développé leurs activités culturelles. Mais on ne pourrait pas vivre seulement sur Lapalisse. Ce qui nous sauve, c’est le mail qui nous permet de recevoir des demandes de devis de beaucoup plus loin, de tout l’Allier et au-delà, et de prendre notre place sur le marché. » Et si Lapalisse figure en bonne place sur les carnets d’adresse en matière de travaux d’imprimerie, c’est aussi parce que Gérard Guériaud a su s’entourer d’une équipe – l’ancien président du Rugby-Club de Lapalisse est là en filigrane sous le chef d’entreprise – de six personnes parfaitement intégrées à l’entreprise puisque la plupart ont fait leur apprentissage ici. Fonderie L’Huillier ù se trouve la dernière fonderie artisanale d’Auvergne ? Du côté de Montluçon ? Ou de Thiers ? Non, c’est à Lapalisse, sur la ZI de Lubillet, que trois générations de L’Huillier s’activent au four et aux moules depuis 1966. Trois générations qui se sont adaptées à l’évolution du marché et des O techniques. Eugène L’Huillier, le fondateur, avait déjà développé, à côté des cuivreux (bronze, laiton), les ferreux (fonte) qui nécessitent des installations plus lourdes mais dont les marchés, industriels, étaient plus prometteurs et moins exposés à la concurrence d’autres fonderies. À sa suite, après son décès prématuré en 1975, Marc L’Huillier conforte l’entreprise auprès notamment des grands équipementiers automobiles de la région Auvergne, et au-delà, pour la fourniture de pièces de maintenance, de prototypes ou encore de petites séries : « Nous faisons les pièces que les grosses fonderies ne veulent ou ne savent plus faire. Nous sommes peu nombreux dans notre cas, le bouche à oreille nous a fait connaître dans toute la France. » Cette capacité d’adaptation est aussi le résultat d’investissements continus : un premier four à induction en 1991, des malaxeurs pour la préparation des sables de fonderie, une installation de récupération mécanique de ces derniers, un petit laboratoire pour contrôler que le produit résultant de la fusion de fonte, d’une quantité et d’un type d’acier définis, correspond aux caractéristiques demandées par le client. Marc L’Huillier a aussi investi pour diminuer la pénibilité d’une activité qui reste physique dans les ponts roulants, les engins de manutention, sans oublier les imposantes hottes aspirantes pour assainir l’air de l’atelier. La demande s’oriente aussi vers des pièces de plus en plus lourdes et la fonderie de Lapalisse s’adapte en augmentant le tonnage de ses moules tandis qu’elle agrandit de 300 m2 ses bâtiments. La capacité d’adaptation ne s’affaiblira pas avec la 3e génération représentée par Sébastien L’Huillier, jeune ingénieur en fonderie qui se prépare avec l’École des managers à prendre la succession de son père dans quelques années : « Il faut avancer pour rester en mesure de Marc et Sébastien L’Huillier. répondre aux besoins des clients, et c’est aussi une bonne motivation pour nous. » Passé par la fonderie industrielle – chez PSA à Sept-Fonts –, Sébastien L’Huillier fait la différence avec la fonderie artisanale et il a choisi cette dernière parce qu’elle peut encore aller de l’avant en alliant de nouvelles connaissances en matière de fonderie et le savoir-faire L’Huiller. ■ Moulins-Vichy Économique – Magazine de la CCI-MV – Mai 2008 – N°152 15 PARCOURS D’ENTREPRISE l FIN DE DÉPRESSION POUR LES HUILERIES Centenaires en 1998, les Huileries de Lapalisse ont vécu une restructuration lourde, en 2003, en s’amputant de la moitié de leur personnel et de deux tiers de leur chiffre d’affaires. Cinq ans plus tard, l’entreprise familiale est sortie de la crise grâce aux huiles artisanales. Impressions à chaud et à froid. ’huile revient aux goûts du jour. Enrichie aux oméga 3, aux vitamines, mélangées aux herbes, aux arômes… Presque sexy, la voilà objet de marketing, défilant dans d’élégantes bouteilles aux couleurs éclatantes, au design raffiné, dans L’Échoppe des Saveurs, le magasin de vente directe des Huileries de Lapalisse, où les huiles jouent la transparence sous des spots mettant en valeur les nuances or ou acajou de leur robe. Avec Pierre-Yves Lorgeoux, chef du N3 à Vichy, l’entreprise plus que centenaire se lance dans les Fusions, des mélanges d’huiles qui seront associés à des recettes imaginées par le nouveau chantre de la gastronomie diététique. Après les Originales, mettant par exemple en lumière l’huile de pépins de courge, les frères Philippe et Pierre Chervier poursuivent leur politique d’huiles artisanales et singulières, de produits de niche, petits ruisseaux faisant de jolies rivières dans le chiffre d’affaires. Le virage à 180° a été pris en 2003, lors d’une restructuration dont le traumatisme se lit encore dans le regard de Philippe Chervier : « Nous avons arrêté la production d’huile de tournesol et de colza, qui représentait 40 millions d’euros sur un chiffre d’affaires de 65 millions. Nous avons dû procéder à 31 licenciements secs, ce qui, dans une entreprise familiale comme la nôtre, a été très dur. Je salue d’ailleurs l’ANPE de Cusset, car chaque personne licenciée a été très bien encadrée et a pu retrouver un emploi rapidement. Nous en avons rembauché cinq, depuis. » À l’époque, l’amputation était une affaire de survie : « Les problèmes ont commencé six mois avant cette décision. Nous étions un petit faiseur par rapport aux multinationales : quand nous faisions 200 tonnes de graine en 24 heures, nos concurrents en faisaient 2.000. Pour la pression, l’extraction, le raffinage, les coûts étaient trop importants. Les marges de trituration étaient très petites, notre outil vieillissait, on était oppressés, de plus en plus stressés. On a été obligés de prendre cette décision. » Lancées par leur père Abel dans les années 70 pour compenser le déclin des huiles de noix, les huiles de colza et de tournesol disparaissent du paysage lapalissois : « Cela a été un tournant 16 énorme dans l’entreprise. Notre nouvelle stratégie a été de se consacrer aux produits spéciaux, artisanaux, les huiles de noix, noisettes, amandes. L’huile d’olive a redonné une place aux huiles à goût. Le phénomène a été boosté par les chefs, il s’est étendu aux moutardes, aux vinaigres. » Les Huileries ne tournent pas pour autant le dos à un de leurs grands savoir-faire, le conditionnement, amélioré par la création d’un nouveau bâtiment en 2002 : « On achète des huiles de tournesol et de colza que l’on conditionne. On a gardé notre réseau de clients. » Quatrième génération dans une entreprise qui enveloppe la route de la gare dans un parfum de noisettes grillées, les frères Chervier se répartissent les rôles : au cadet Philippe (40 ans), la direction générale et la responsabilité du site, tandis que Pierre (50 ans) veille sur l’entreprise avec son frère ; à temps partiel aux Huileries depuis 2003, il est par ailleurs directeur général d’Auvergne Trituration, à Lezoux. L’entreprise a mis du temps pour guérir du séisme de 2003. Elle est « redevenue rentable », assure leur directeur général : « Notre chiffre d’affaires est de 22 millions d’euros, nous avons 29 salariés. Il y en avait eu jusqu’à 68, avec l’intérim et les CDD. » Les huiles artisanales représentent 4,5 millions d’euros par an : « Je veux les développer. On en exporte aux Etats-Unis, on peut être partout. La mondialisation ne va pas que dans un sens », soutient Philippe Chervier, qui s’appuie sur trois agents (dont l’un est présent à un salon à Tokyo et un autre en Russie) et veille à la présence de la PME sur les grands salons alimentaires de Paris et Cologne. Les Huileries travaillent aussi pour des grands du secteur : « On fait du sur mesure avec toutes les huiles pour des grandes sociétés. C’est une petite production, alors que leur métier, c’est faire du volume. » Le travail à la carte, sur des produits sophistiqués en petites quantités, est ainsi devenu un argument pour la PME lapalissoise : « 200 ou 300 tonnes, ça n’intéresse pas les gros. Nous, on peut se faufiler partout parce qu’on est petits, souples et réactifs. On ne veut plus retourner dans une industrie énorme. » L’entreprise a failli s’y ébouillanter. Moulins-Vichy Économique – Magazine de la CCI-MV – Mai 2008 – N°152 ENTREPRISES L’ORÉAL DONNE DU VOLUME À SA PLATE-FORME L a santé de la cosmétique est aussi rayonnante que le visage surnaturellement impeccable de ses mannequins. Leader mondial de cette industrie, le groupe L’Oréal a fait construire dans la ZAC des Ancises, à Creuzier-le-Neuf, une plate-forme logistique qui diffuse à travers le monde les produits de sa division Cosmétique Active International (CAI) – dont 70% sont fabriqués à quelques kilomètres de là, à Vichy-Rhue 1. Les 15.000 m2 construits par la société Immolog Auvergne, filiale de la société Argan, ont fini par devenir trop étroits pour l’expansion de la dermo-cosmétique mondiale. À l’heure de l’extension de sa centrale, L’Oréal n’a pas mégoté sur les mètres carrés : 11.500 supplémentaires sortiront de terre avant fin 2008, « et nous avons encore une possibilité d’extension de 6.000 m2 », précise le directeur Philippe Reynard : « L’augmentation au cours des dernières années de l’activité s’est traduite par une saturation des capacités de stockage, un besoin de stockage complémentaire chez un prestataire local (Société Combronde) et une complexification des flux avec nos fournisseurs. » Les locaux actuels ne pouvaient plus suivre le rythme : « Le projet d’extension de la centrale a pour premier objectif de pouvoir stocker sur le site même de Creuzier-leNeuf la majorité des produits expédiés vers ses clients. Cela va permettre de simplifier les flux, d’optimiser et de diminuer les temps de préparation. » Le permis de construire et le dossier d’installation classée ont été déposés en septembre 2007, l’enquête publique s’est déroulée en mars, sans accroc, et les travaux devaient commencer en mai : « L’extension doit être opérationnelle pour la première quinzaine de décembre. Dans la seconde quinzaine, nous réorganiserons les stocks pour affronter 2009, chaque début d’année étant traditionnellement une forte période d’expédition. » Les seize quais de chargement – dont un automatique – seront rejoints par douze autres. Pour Immolog, l’achat de terrains et la construction des bâtiments représentent un investissement de 9 M€. Locataire, Cosmétique Active International déboursera 1,4 M€ pour le matériel. Le nouveau bâtiment sera « soigné » dans son esthétique et sa conception dans l’esprit des normes Haute qualité environnementale (HQE) : « Il n’existe pas de référentiel HQE pour les sites logistiques. Nous sommes site pilote pour l’organisme qui crée ce référentiel. » Les lampes à sodium seront ainsi remplacées par des ballasts à basse énergie, et l’isolation de la toiture sera améliorée pour réduire les coûts de chauffage. L’énergie solaire sera mise à profit pour chauffer l’eau. Les nouveaux locaux, quant à eux, bénéficieront d’un maximum de lumière naturelle grâce à de grandes surfaces vitrées. 1. Aux marques historiques Vichy et La Roche-Posay sont venues s’ajouter Skin Ceuticals (marque américaine), Sanoflore (cosmétique bio) et Innéov (compléments alimentaires), le dernier venu possédé à 50-50 par L’Oréal et Nestlé. ZELLER PLASTIK FRANCE FAIT SAUTER LES BOUCHONS L e 15 mai, Zeller Plastik France a inauguré l’extension de 650 m2 de son atelier de production. Les travaux, commencés en septembre 2006, ont permis, dès février 2007, de mettre en place les premières nouvelles machines ; l’extension a tourné à plein régime à partir de juin 2007. Créée à Vichy-Rhue en 1980, l’entreprise spécialisée dans la production de capsules en plastique à charnière 1 attendait ce surplus de surface avec impatience : « Notre chiffre d’affaires augmente de 5 à 7% par an, explique le directeur, Guy Deschamps. Il était de 20 M€ en 2007. » Zeller Plastik France, qui compte 76 salariés, produit sans interruption, sept jours sur sept, « 51 semaines par an », 800 millions de bouchons (en 2007), dont la grande majorité orne les flacons des géants de la santé/beauté et de l’industrie : L’Oréal, Procter & Gamble Colgate, Unilever, Yves Rocher. Pour réaliser son extension (qui a coûté entre 4,5 et 5 M€, pour les locaux et l’arrivée de huit nouvelles machines), l’entreprise a pu compter sur la CCI Moulins-Vichy, notamment dans le montage de ses dossiers de financement. Elle prévoit d’atteindre le double cap de 25 M€ de chiffre d’affaires et un milliard de bouchons par an en 2010, avec 85 salariés. Cette extension permet à l’entreprise, jusqu’alors de taille critique, de mieux se positionner par rapport à la concurrence et aux besoins du marché. Une seconde extension de 1.000 m2 est à l’étude avant 2010, afin d’optimiser toute la partie logistique. 1. En 2006, Zeller Plastik France a été rachetée, avec 25 autres usines dans le monde, par la société française de “private equity” PAI Partners. Elle appartenait précédemment au groupe Crown Cork & Seal, leader mondial de l’emballage. Moulins-Vichy Économique – Magazine de la CCI-MV – Mai 2008 – N°152 17 ENTREPRISES LE TRI POSTAL EN PLATE-FORME… OLYMPIQUE M almenée par Internet, bientôt confrontée à l’ouverture à la concurrence, La Poste réagit en se modernisant sur le front du courrier. Le programme Cap Qualité Courrier prévoit ainsi de passer à 90% de la distribution à J+1 d’ici 2010 et de faire de La Poste le leader européen. En Auvergne, 30,5 M€ seront investis pour moderniser la distribution du courrier. Le 16 avril, les responsables régionaux sont venus dans les locaux vichyssois de la CCI annoncer la construction d’une plateforme de préparation et de distribution du courrier à Cusset, rue de Romainville. Lancés en mai, les travaux feront sortir de terre pour mars 2009, et 3,6 M€, 3.300 m2 de bâtiments dans lesquels seront traités 225.000 objets par jour. La plateforme réunira 130 postiers : les facteurs de Vichy et Cusset, et les agents travaillant sur l’actuelle plate-forme de transbordement de Cusset. 40 des 3.300 m2 seront réservés à un guichet dédié aux clients entreprises. La plate-forme assurera la distribution et la collecte du courrier et des colis sur les communes desservies par les centres courrier de Cusset et Vichy : Bost, La Chapelle, Creuzier-le-Neuf, Creuzier-le-Vieux, Cusset, Molles, Saint-Étienne-de-Vicq, Abrest, Le Vernet, Vichy, Bellerive-surAllier, Brugheas, Serbannes. Elle assurera la livraison et la collecte du courrier au siège des entreprises situées sur cette zone – une prestation payante. Esquisse de la plate-forme de tri postal. LES YEUX DANS ESSIEUX DE BOURGOGNE I nstallé à Molinet, Essieux de Bourgogne, le fabricant d’essieux et de suspension pour engins agricoles, continue sa progression sans secousses (+ 15% de chiffre d’affaires en 2007) et peut lancer son projet de restructuration et d’agrandissement de son site de la route de Digoin. La première tranche de travaux, concernant notamment les bureaux et les locaux sociaux, est en cours et s’achèvera en juin. Suivra une seconde tranche consacrée à la partie usine, qui devrait être terminée à la fin de l’année. L’usine, remodelée, passera ainsi de 10.000 m2 à 11.000 m2, avec des hauteurs sous plafond portées à neuf mètres pour accroître la capacité de stockage. Sylvain Parnière, le nouveau dirigeant de l’entreprise, a déjà en projet pour 2009 un bâtiment neuf dans la perspective d’un développement de ses exportations en Europe et d’une relocalisation d’usinages dont la réalisation en Europe de l’Est devient moins rentable. 18 Moulins-Vichy Économique – Magazine de la CCI-MV – Mai 2008 – N°152 JOUANINMARCHAND REMORQUE MAITRE-FRA C réée en 1962 à Rongères, l’entreprise Maitre est un colosse dans la construction de remorques agricoles. Une bête de concours, passée en 2004 dans le giron d’une holding bretonne, Armor Atlantique Participations. On pouvait la croire aussi incassable que ses épandeurs, plateaux ou bennes, jusqu’à sa mise en redressement judiciaire le 13 novembre 2007. L’incrédulité germait à peine que déjà la liquidation tombait, le 18 décembre. Cinq repreneurs étaient en lice devant le tribunal du commerce. Le 30 janvier, c’est finalement le local de l’étape, la société Jouanin-Marchand et son P-DG Claude Chauvet (voir MVE 150), qui a racheté Maitre-FRA (pour Fabrication de remorques agricoles). « Ce sont deux entités différentes », précise Claude Chauvet, qui a créé pour l’occasion la SARL Maitre-FRA, dont il est actionnaire à 70% ; les 30% restants viennent de la Holding des Batignolles, dirigée par Louis Massot, récent repreneur de CAPM à Yzeure. « Mais il y a une synergie entre les deux entreprises », précise le nouveau P-DG qui a repris 55 salariés et amorcé une mise en commun des moyens, notamment le bureau d’étude, pour relancer la gamme de produits : « L’activité a déjà bien repris. Le personnel est même passé en 2 x 8 pour satisfaire les commandes. » Après les turbulences, Claude Chauvet souhaite « redorer l’image de Maitre » le plus tôt possible. Et réussir un retour au premier plan lors du Salon de l’agriculture de Clermont-Ferrand, en septembre prochain. ACTUALITÉ Coup de cœur, coup de fourchette FLASH-BACK ● TRÈS HAUT DÉBIT À VICHY-RHUE.- Les 120 entreprises de la zone d’activités de Vichy-Rhue bénéficient depuis février dernier d’une connexion Internet à très haut débit grâce à l’installation d’un réseau par fibres optiques sur l’agglomération. Deux zones d’activités montluçonnaises et celle de Cap Sud à Yzeure disposent déjà de cet équipement qui sera aussi installé à partir de mai sur la Z.A. des Ancises à Creuzier-le-Neuf. La Semaine de l’Allier. La Montagne et le site www.vichyeconomie.com/ ● LA FERMETURE EN OR MULTIPLIE LES FENÊTRES.Installée à Buxières-les-Mines, l’entreprise de fabrication de fenêtres PVC sur mesure vient d’investir dans une nouvelle machine qui lui permet de produire 1.000 fenêtres chaque mois au lieu de 250. L’entreprise créée par Christian Vallet va se réinstaller d’ici la fin de l’année dans un atelier-relais en cours de construction sur la ZA de la Croix-du-Chêne, sur la D22 Cosne/Le Montet. La Montagne. ● HALBERG PRECISION SE RENFORCE À CUSSET.- Après avoir repris fin 2006 le groupe Eurodec et sa filiale cussétoise Applifil, Halberg Precision confirme son implantation sur l’ancien site Manurhin-Giat Industries aux Graves. La filiale du groupe allemand Halberg Guss, dont le cœur de métier est le bloc moteur, vient en effet de racheter un bâtiment voisin de 14.000 m2 pour déployer son activité de production de fil pour l’industrie automobile. La Montagne. L’AUBERGE DU PARC AU BREUIL I « ci, on a toujours accueilli les gens… » Aujourd’hui, avec gentillesse et simplicité, c’est Sylvain Bonis qui accueille depuis qu’il a rouvert en 2005 sous l’enseigne de l’Auberge du Parc la maison du bourg du Breuil qui fut, avec son beau parc, tour à tour hôtel-restaurant, résidence pour personnes âgées et chambres d’hôtes : « M. Planche avait créé là dans les années 1950 l’Hôtel du Parc, un établissement cité dans le guide Michelin, et lieu de villégiature renommé dans la région. » Ce n’est pas le Pays basque, ni les Pyrénées en toile de fond mais le Bayonnais Sylvain Bonis s’est senti bien dans ce vert piémont bourbonnais. Après l’école hôtelière de Biarritz, son parcours professionnel l’avait emmené dans le Sud-Ouest puis dans le circuit international, avec un intermède dans le cinéma. Sylvain Bonis souhaitait se poser et Le Breuil, à mi-chemin entre son pays et la Franche-Comté de son épouse Martine, était une destination idéale. « J’aime cuisiner et je voulais rouvrir le restaurant d’abord avec une cuisine traditionnelle, puis, après avoir fait venir du Pays basque des produits que je connaissais bien, j’ai proposé quelques plats de là-bas. Les gens ont aimé. J’ai enrichi ma carte d’autres plats typiques et j’ai même fini par décorer la salle aux couleurs basques. » En trois ans, l’Auberge du Parc est ainsi devenue l’ambassade gastronomique basque de la région et les amateurs viennent de Vichy, Moulins, Clermont et même Lyon pour déguster des menus renouvelés régulièrement, notamment les plats de poissons qu’affectionne Sylvain Bonis. Selon la saison, on trouvera en entrée les piquillos (piments) farcis à la morue, des moules d’Espagne farcies, une tarte feuilletée aux pommes et boudin basque, etc. ; en plats principaux, la piperade, le pavé de thon à la biscayenne, ou le merlu koskera. Enfin, les fromages de là-bas et les desserts inattendus tels que fromage blanc à la gelée de piment d’Espelette avec jalousie au chocolat. Pour l’apéritif, les vins et le digestif, le Pays basque se laisse découvrir en douceur du palxaran (prunelle et pomme) au manzana (liqueur de pomme verte) après l’irouléguy ou le txopinondo (vin de pomme). Depuis l’entrée, l’automne dernier, de son établissement et de ses quatre chambres dans les Logis de France, Sylvain Bonis laisse une place honorable aux plats auvergnats, mais il mijote déjà l’idée de proposer des menus du jour, autour d’une piperade par exemple, en conjuguant plat unique et cuisine basque. ✐ Tél. : 04.70.99.24.91. Moulins-Vichy Économique – Magazine de la CCI-MV – Mai 2008 – N°152 19 COMMERCES TABAC : FEUE LA FUMÉE n ne fume plus ! Mais il faudra encore attendre que la fumée se dissipe pour mesurer les conséquences de ces mesures de santé sur la… santé économique des établissements de l’hôtellerie : certains exploitants font le gros dos, d’autres s’accommodent assez bien, le personnel est plutôt satisfait de ne plus “bouffer” de la fumée. Côté clients, certains râlent, mais s’exécutent, tandis que d’autres trouvent que « c’est quand même mieux comme ça ». La première saison sans tabac permettra de voir comment les habitudes vont changer et comment fumeurs et nonfumeurs vont cohabiter sur les terrasses. Seule certitude, les emplacements réservés aux fumeurs et équipés en fonction n’intéressent personne. Nouveau tour de vis, l’interdiction totale de fumer n’intervient pas fortuitement. Depuis les lois Veil et O L’interdiction de fumer dans les lieux accueillant du public et les lieux de travail est totale depuis son extension, le 1er janvier 2008, aux lieux de convivialité tels que cafés, hôtels, restaurants, discothèques, etc. État des… lieux. Évin, la connaissance des risques entraînés par le tabac a apporté de nouvelles données, notamment la dangerosité de l’exposition à la fumée de tabac, le tabagisme passif classé “cancérogène”, facteur de maladies cardio-vasculaires ou amplificateur de pathologies comme l’asthme. En conséquence, le décret du 15 novembre 2006 est venu renforcer l’interdiction de fumer. Celle-ci s’applique depuis le 1er février 2007 aux lieux accueillant du public ou qui constituent des lieux de travail, aux établissements de santé, aux établissements scolaires, aux transports en commun, et Europe : interdictions et aménagements epuis la création en 1988 d’un Bureau européen de prévention du tabagisme, l’Europe a agi de manière à accélérer et rapprocher les dispositions législatives, réglementaires et administratives contre le tabagisme. Une Europe sans tabac, appelée par le comité du même nom créé en 1999, reste cependant en projet puisqu’à ce jour l’interdiction n’est totale que dans quelques pays comme la Suède, la Slovaquie, le Royaume Uni. Ailleurs, l’interdiction s’accompagne de modalités telles que des locaux fermés pour les fumeurs en France et des espaces fumeurs dans les hôtels et restaurants en Italie. L’interdiction reste partielle en Allemagne (mais avec une obligation de protéger les salariés du tabagisme passif), en Autriche, en Belgique (interdiction limitée aux restaurants), au Danemark, en Espagne, aux Pays-Bas, etc. D 20 Moulins-Vichy Économique – Magazine de la CCI-MV – Mai 2008 – N°152 depuis le 1er janvier 2008 aux lieux de convivialité qui ont eu onze mois pour s’adapter économiquement aux nouvelles règles. Signalisation apparente Aujourd’hui, il est donc interdit de fumer dans l’ensemble de ces lieux, ce que doit rappeler une signalisation apparente, conforme à la nouvelle signalétique (arrêté du 22 janvier 2007). Il est aussi prévu des modalités d’application dont le site officiel tabac.gouv.fr/ donne l’essentiel et que nous reproduisons telles quelles : « […] Dans les lieux fermés et couverts, le responsable d’établissement peut décider la création d’emplacements réservés aux fumeurs. Dans les lieux de travail, publics ou privés, leur mise en place est soumise à l’avis du comité d’hygiène et de sécurité. » Pour protéger les non-fumeurs du tabagisme passif, ces emplacements doivent être clos, équipés de dispositifs de ventilation puissante, et aucune prestation ne peut y être délivrée de telle sorte qu’aucun salarié, qu’il appartienne ou non à l’établissement, n’ait à y pénétrer avant une heure après la fin de l’utilisation du local. La superficie de ces emplacements ne doit pas être supérieure à 20% de la surface de l’établissement et un emplacement ne peut COMMERCES Témoignages ● Jean-Michel Chavarochette président du Groupement des métiers de l’hôtellerie (GMH) de l’Allier dépasser 35 mètres carrés. Un message sanitaire de prévention doit être apposé à l’entrée. Les mineurs de 16 ans ne peuvent y accéder. […] Le fait de fumer hors des emplacements réservés à cet effet est sanctionné par une contravention de 3e classe forfaitisée de 68 euros. Le fait d’avoir sciemment favorisé la violation de l’interdiction de fumer, ou de n’avoir pas mis en place les normes applicables aux emplacements réservés aux fumeurs ou la signalétique y afférente, est sanctionné par une contravention de 4e classe, contravention forfaitisée dans les deux derniers cas à 135 euros. Précisons, d’après les questions/ réponses diffusées par le site déjà cité, que les personnes peuvent fumer sur les terrasses de brasseries et de café à condition qu’elles ne soient pas couvertes ou qu’elles soient ouvertes côté façade ; les clients des hôtels peuvent fumer dans leur chambre si le responsable des lieux n’en décide pas autrement. Enfin, le contrôle et les sanctions relatives à l’interdiction de fumer est assuré par les officiers et agents de police judiciaire, les inspecteurs et contrôleurs du travail ou encore certains agents du ministère de la Santé. ■ « Pour les bars de quartier et de campagne où consommer, discuter et fumer vont ensemble, l’interdiction de fumer est, après la répression de l’alcoolémie, une catastrophe. La perte de chiffre d’affaires des établissements iraient de 30 à 50%, leur exploitation risque de ne plus être rentable quand les propriétaires doivent faire face en même temps à une augmentation des charges et des prix du côté de leurs fournisseurs. La loi prévoit des espaces réservés ou tolérés pour fumer, mais on voit mal les clients aller fumer dans des “aquariums” ; pour les clients qui sortent fumer sur le trottoir, on voit des riverains qui portent plainte pour le bruit qui en résulterait. On peut en principe fumer sur une terrasse ouverte, mais est-ce que le client voisin qui ne fume pas ne va pas pouvoir porter plainte ? Dans les hôtels, il y avait des chambres fumeurs et non-fumeurs, mais est-ce qu’un hôtelier peut encore se permettre cela sachant que le personnel peut maintenant refuser de faire le service dans une chambre où le client n’a pas éteint sa cigarette depuis au moins une heure ? » ● Nicole Maquart Le Café de France à Ygrande « Quand j’ai repris l’établissement avec mon mari en octobre 2007, nous n’avons pas pensé à l’interdiction de fumer. Quand c’est arrivé, bien que nous soyons nousmêmes fumeurs, nous avons été stricts. Au début, il y avait des gens qui sortaient leur cigarette, par habitude, on les arrêtait en leur disant de sortir s’ils voulaient fumer. Ça s’est plutôt bien passé, mais chez les jeunes, notre clientèle du week-end, quelques-uns ne sont plus revenus et les autres ont pris l’habitude d’aller fumer dehors. Quant aux “pépés”, une bonne partie de notre clientèle en semaine, ils ne fumaient plus guère. Mais cette année, dès que le temps est favorable, on sort la terrasse… » ● Sylviane Lescuyer cyber-café Le Jacquemart à Moulins « Il était déjà interdit de fumer dans la salle des ordinateurs, par contre dans la partie brasserie nous avions peur qu’il y ait des récalcitrants à l’interdiction totale. Certains ont râlé un peu et ils sont allés dehors ; maintenant il faut d’ailleurs penser à balayer les mégots sur le trottoir devant l’établissement… Quant à savoir si cela nous a fait perdre des clients, du moins pour la partie brasserie, c’est encore difficile à estimer. » ● Christian Belin Le Grand Café à Moulins « L’interdiction de fumer touche surtout les bars de quartier et de campagne ; dans notre brasserie de ville, la clientèle s’est très bien adaptée, elle sort en terrasse, même en hiver, pour prendre l’apéritif et fumer, elle rentre ensuite à l’intérieur pour manger. La nouvelle réglementation n’entraîne pas de manque à gagner. » Moulins-Vichy Économique – Magazine de la CCI-MV – Mai 2008 – N°152 21 COMMERCES QUAND LA REPRISE S’ACCROCHE AUX PFIL Le départ en retraite d’un chef d’entreprise est une étape cruciale et complexe – humainement et administrativement. Comment transmettre ? Quand ? Et, surtout, à qui ? Que ce soit un fils ou un jeune salarié, le repreneur trouve dans les plates-formes d’initiative locale (PFIL) un précieux ballon d’oxygène, avec des prêts à taux zéro de 5.000 à 15.000 euros. Stéphane Sabot, La Colombière, Abrest aste établissement perché audessus du val d’Allier, avec les puys en toile de fond, La Colombière exhale le charme cossu des bonnes “maisons”. Créé en 1952 par les époux Sellier, repris en 1978 par Michel et Évelyne Sabot, l’hôtelrestaurant est devenu une des solides références culinaires de l’agglomération vichyssoise. Nouvelle transition, le 1er avril 2008 : La Colombière est désormais dirigée par Stéphane Sabot et son épouse V ont écieux s r p s lu p ts les lité Nos atou ponctua la , é n ig o il s un trava s délais, dans no iance t la conf e té li é dant la fid ises pen u q c a le clientè de notre érience. es d’exp é n n a 0 3 Caroline, 36 ans tous les deux. Avant de retourner au nid familial, le fils de Michel Sabot s’est formé au lycée Jean-Monnet d’Yzeure, puis a travaillé dans une autre institution, Le Radio à Chamalières : « Je voulais voir ailleurs, mais dans l’optique de revenir ici. ». La vocation était ancrée depuis longtemps : « Ma grand-mère avait un hôtel de cure, j’étais toujours fourré en cuisine. Et quand j’avais 12 ou 13 ans, j’aidais en salle, à La Colombière. Des gens viennent depuis 30 ans, ils se souviennent de moi, quand j’apportais le pain et la Études et projets AGENCEMENTS DE MAGASINS tous commerces Fabricant A. Demard & Fils 22 carafe. » Revenu sur les hauteurs d’Abrest il y a dix ans, Stéphane Sabot a peaufiné le métier avec son père, en cuisine : « Je l’accompagnais déjà au marché, quand j’avais 10 ans, debout à 6 heures. J’ai toujours aimé ça, parler avec les fournisseurs. » La reprise de l’affaire familiale a toujours semblé une évidence : « C’est un bel établissement, une belle clientèle ; ç’aurait été dommage de laisser passer ça. Cela fait deux ans qu’on a lancé l’idée, un an qu’on s’y prépare vraiment. Il faut le temps : au niveau administratif, c’est infernal, je suis allé cinq fois aux Douanes, c’est des choses un peu lourdes, alors qu’il n’y a que le prénom et le numéro de SIRET à changer… Une reprise, c’est déjà énorme, alors avec tout ça par-dessus… » L’aide de Vichy Initiative a mis un peu d’huile dans les rouages : « Cela m’a aidé pour l’achat de matériel, quelques changements dans la décoration. C’est bien pour la mise en route. » De toutes façons, Stéphane Sabot n’est pas abandonné en rase campagne : « Mon père continue Moulins-Vichy Économique – Magazine de la CCI-MV – Mai 2008 – N°152 A. DEMARD & FILS ZI “Le Coquet” – 03260 Saint-Germain-des-Fossés Tél. 04.70.58.04.92 – Fax : 04.70.58.04.99 www.promebat.fr – [email protected] COMMERCES Stéphane et Caroline Sabot. avec nous. Il a 56 ans, il va rester jusqu’à ses 60 ans. Il aime ça, il ne s’arrêtera jamais. Quand on a travaillé 30 ans à fond, on ne peut pas s’arrêter comme ça. Mais il peut davantage se consacrer à son travail de président des Logis de France de l’Allier. » La transition s’est faite en douceur : « On n’était pas dans l’inconnu. L’équipe nous connaît par cœur, elle est fidélisée, on peut compter sur elle. D’ailleurs elle appelle toujours mon père “chef ”. » Mais la présence paternelle ne fait pas d’ombre au fils, qui a déjà imprimé sa patte en cuisine et entend bien faire évoluer l’établissement pour attirer une clientèle plus jeune sans dérouter les habitués : « S’il était parti du jour au lendemain, ça nous aurait fait un bon coup de flip. On sait qu’il est derrière, si besoin est. » 1950, à Saint-Gérand-le-Puy, et déménagée en 1962 à Lapalisse. Il y a quatre ans, il embauche le fils d’un de ses salariés, Ludovic Faure, jeune homme tout juste sorti du lycée de Pont-du-Château avec un bac pro d’exploitation de transport. Ambitieux et énergique, l’ancien triathlète stoppé net par une blessure à l’adolescence avait déjà tracé son plan de route : « Être chauffeur, et devenir chef d’entreprise. » Il en a eu la « révélation » tôt, à 10 ou 11 ans : « Je suis monté dans le poids lourd de mon père. » Depuis le 1er janvier, le voilà aux commandes d’une entreprise de onze salariés, dont neuf chauffeurs : « Je continue à rouler. Pour être dans le bureau, il faut connaître ce qui se passe sur la route. On sait de quoi on parle, en particulier avec les clients. » Serge Cafière reste pour l’instant dans l’entreprise, « pour donner la main » : « Je n’ai eu aucune aide, sauf celle de la PFIL. J’ai eu la chance que Serge Cafière m’aide. Les transports et mon âge, ça faisait peur aux banques ; j’ai eu un doute quand elles me disaient que j’étais jeune. Tout seul, j’aurais laissé tomber. » Les quatre ans passés dans l’entreprise sont aussi une chance, selon l’ancien patron : « Il n’achète pas un âne dans un sac. Il sait le bon et le mauvais, à lui de faire ce qu’il faut. » Car on ne s’improvise pas chef d’une entreprise de transports : « C’est un métier qui s’apprend, avec la réglementation, les questions sociales. Le métier est plus dur qu’avant, c’est devenu draconien. On ne peut plus déroger : au moindre pépin, c’est la catastrophe. Mais les petits transporteurs comme nous s’en sortent mieux, car leur prestation est plus pointue. Un gros va chercher du volume, alors que nous, une palette, on va la prendre. » S’il concède « un peu plus de stress qu’avant », Ludovic Faure se sent bien dans son nouveau rôle, sans renier son frais passé de chauffeur : « Je roule, je fais de la mécanique, je ne reste pas assis derrière un bureau. C’est ce qui me plaît. » ■ Serge Cafière et Ludovic Faure. Ludovic Faure, transports Cafière, Lapalisse erge Cafière aurait pu vendre son entreprise de transports à un groupe : « Avec notre activité sur l’est de la France, on intéressait des gros de l’Allier et du Puy-de-Dôme. Mais ce n’est pas facile de céder son affaire et voir les salariés partir à droite, à gauche. » Pas question de voir engloutie une entreprise créée par son père, Alfred Cafière, en S Moulins-Vichy Économique – Magazine de la CCI-MV – Mai 2008 – N°152 23 HÔTELLERIE UN DÉCLIC CONTRE LE DÉCLIN DE L’HÔTELLERIE A vec un nombre d’établissements en chute libre, l’Allier traverse une crise de l’hôtellerie plus forte que dans les autres départements auvergnats. L’hôtellerie classée a ainsi baissé de 40% en dix ans (169 établissements et 4.831 chambres au 31 décembre 1997, 114 et 3.075 au 31 décembre 2007), contre un peu moins de 20% sur l’Auvergne. Le secteur de la CCI Moulins-Vichy n’échappe pas à la récession, avec en passant de 109 hôtels classés et 3.505 chambres à 68 et 2.100 sur la même période (source : service Observation économique et études de la CRCI Auvergne). L’apparition de nouvelles normes de sécurité et d’accès aux handicapés en 2005 et 2006 a incité les deux CCI de l’Allier, le Groupement des métiers de l’hôtellerie (GMH) et le Conseil général à mettre en place un plan de prévention et développement de l’hôtellerie-restauration départementale. Lancé en février 2008, il espère faire participer une première tranche de 50 établissements à cette opération unique en France. Des audits et des formations sont au menu d’un plan qui, par-delà la mise aux normes des établissements, entend encourager les professionnels à élever la qualité des prestations, l’accueil, la commercialisation. « Si le déclin continue à ce rythme-là, dans dix ans l’hôtellerie sera condamnée », prophétise JeanMichel Chavarochette, président du GMH, qui appelle ses collègues à engager une « révolution culturelle ». Seule éclaircie, la tourmente de l’hôtellerie épargne la restauration qui, selon l’étude du service Observation économique de la CRCI Auvergne, a même connu une légère embellie en dix ans (de 494 à 523 restaurants sur l’Allier, de 289 à 304 sur le territoire de la CCI MoulinsVichy). JEAN-LUC PETITRENAUD MAJUSCULE AU TRAIT D’UNION L a caravane Jean-Luc Petitrenaud a fait étape au Trait d’Union, jeune restaurant moulinois déjà repéré par les guides, mais dans lequel le chroniqueur gastronomique de France 5 et Europe 1 n’avait jamais mangé : « Normalement, je ne fais jamais cela, mais j’ai reçu une dizaine de lettres enthousiastes qui me parlaient d’un grand de demain. Je me suis dit que je ne pouvais pas laisser tomber cette maison sans la connaître. J’adore le risque, je le raconte comme une aventure. » Issu d’une famille de rapatriés d’Indochine de Noyant-d’Allier, Vincent Hoareau synthétise les cuisines asiatique et française, et les transcende à sa façon : « Cette culture eurasienne, c’est une rencontre qui m’enchante. Une vraie culbute des cultures. Mais je ne cherche pas l’exotisme, je m’accroche à la vérité des gens », explique Jean-Luc Petitrenaud pendant une pause dans le tournage d’une Escapade gourmande diffusée le 27 avril sur France 5. L’exubérance dopée au saint-pourçain après un déjeuner au 9/7 d’Olivier Mazuelle – dont il a également salué le travail dans le livre d’or et sur Europe 1–, le chantre d’une cuisine plus proche du terroir que des étoiles glisse à Vincent Hoareau, avec une pincée de paternalisme : « J’espère que tu restes les pieds sur terre, que tu ne vas pas me faire une cuisine hystérique. » LE CFH AUX PETITS OIGNONS L es stages inter-entreprises, financés par le FAFIH (Fonds de formation de l’industrie hôtelière) et mis en place par le CFH (Centre de formation hôtelière) de Vichy n’en sont qu’à leur début. ● Préparation aux entretiens individuels professionnels (26 mai) ; ● Guide des bonnes pratiques d’hygiène et la qualité alimentaire en restauration (4 et 5 juin) ; ● Sécurité : les risques professionnels (11juin) ; ● Perfectionnement barman-limonadier (23 et 24 juin). Ces stages s’adressent aux professionnels salariés des entreprises de moins de dix salariés. Ils sont aussi ouverts aux chefs d’entreprise non-salariés et aux salariés des entreprises de plus de dix salariés ; pour connaître les modalités de prise en charge, le programme détaillé et les conditions d’inscription, contacter le CFH. La formation d’adaptation à l’emploi en hôtellerie-restauration est dispensée au CFH pour les métiers de cuisinier, serveur en restaurant et bar-brasserie. Il s’agit d’un parcours de formation individualisé financé par le Conseil régional, sur quatre mois environ, en atelier permanent (avec alternance CFH/entreprise). Ce parcours a deux objectifs : acquérir des bases de connaissance dans le métier sur une ou plusieurs activités spécifiques afin d’intégrer un emploi, se perfectionner en pratique et en théorie sur une ou plusieurs activités spécifiques pour faciliter l’adaptation à un emploi à l’issue de la formation. ✐ 04.70.30.41.44. 24 Moulins-Vichy Économique – Magazine de la CCI-MV – Mai 2008 – N°152 ACTUALITÉ DE L’ANIMATION À L’AÉRODROME L a fédération des associations aéronautiques moulinoises (FAAM) organise une série d’animations à l’aérodrome de Moulins-Montbeugny, avec le soutien de la CCI Moulins-Vichy. Voici les prochaines : 25 mai : Modèle Club, journée inter-clubs (brevet de démonstration) ; 7 et 8 juin : Modèle Club, rassemblement d’hélicoptères ; 21 et 22 juin : grand prix de Magny-Cours ; 28 juin : journée inter-associations (journée d’échange au sein de la FAAM) ; 6 et 7 septembre : Modèle Club, voltige planeur. ✐ Tél. 04.70.20.03.79. AQP QUANTITÉ ET QUALITÉ P our la 5e édition du concours régional des bonnes pratiques Qualité, Sécurité, Environnement et du Développement durable, 24 entreprises ont présenté 37 dossiers – deux fois plus qu’en 2007 – à l’association AQP, organisatrice du concours avec plusieurs partenaires*. Le jury a remis ses cinq trophées, le 24 avril, à cinq entreprises : Les Brigandines (Clermont-Ferrand), pour son atelier de création de vêtements originaux à partir de matériels recyclés ; Galva Éclair (Saint-Pourçain-sur-Sioule), pour son permis à points “cariste” ; ERDF Moulins (Moulins) pour le ré-embellissement des postes électriques de distribution publique par des jeunes en réinsertion ; CERF (Bransat), pour son action “Pour vivre heureux, développons et communiquons durablement”, et Actémium (groupe Vinci Energie, Chamalières) pour l’organisation d’événements intérieurs sur la sécurité et l’environnement. CERF (Concassage, extraction, recyclage, fournitures), entreprise créée en 1825 à Bransat – où elle a toujours son siège –, est dirigée par Yves Lacot. Elle a réaménagé ses douze sites d’exploitation pour agir dans le développement durable. La démarche distinguée présente le double objectif de préserver l’environnement, notamment le cadre de vie des riverains, et de développer dialogue et concertation avec les interlocuteurs de l’entreprise. CERF a ainsi mis en place une stratégie de réduction des bruits et des vibrations (barrières anti-bruits, capotages de machine, bandes transporteuses, programmation des explosifs) ; réduction des poussières (arrosage des pistes, lavage et bâchage des véhicules) ; gestion des eaux (recyclage, aires de lavage étanches, traitement des eaux rejetées) ; gestion des déchets (collecte sélective, registre de sortie) ; mise en place d’une commission de concertation avec la population locale, rencontre au moins annuelle avec les élus et tenue d’un registre des plaintes. Les Brigandines sont une Scop (Société coopérative de production) créée en mars 2007 à Clermont-Ferrand par Patricia Vernadat, couturière et médiatrice socio-économique, et Pomme Biache, plasticienne et chargée de mission de développement culturel en milieu pénitentiaire. Leur travail s’inscrit dans une démarche affirmée de développement durable : créer des vêtements, accessoires, décorations et objets signalétiques en valorisant le rebus (textiles usagés, matériaux glanés ou donnés). La principale activité des Brigandines est la réalisation de pièces originales sur mesure destinées à la vente dans leur local commercial, 38, avenue des États-Unis. Cette production s’adresse aux particuliers mais également aux compagnies de spectacles vivants, aux entreprises, etc. Les Brigandines ont également à cœur de faire partager les savoirs qu’elles développent en concevant un lieu d’échanges et de rencontres. Une fois par semaine, leur atelier accueille toute personne (homme, femme, “junior” ou senior, bénéficiaire ou non des minima sociaux) souhaitant être accompagnée dans ses réalisations textiles, quelles que soient ses connaissances en couture, selon le principe du recyclage de l’existant. * DRIRE, CRCI, Conseil régional, Chambre de métiers d’Auvergne, MACIF, PSA, les CCI d’Auvergne. TGV EN AUVERGNE : LA FIN DU TUNNEL ? A vec la saturation annoncée de la ligne ParisLyon, le passage du TGV en Auvergne n’apparaît plus comme une lubie. Le 15 décembre, à Vierzon, une association de lobbying était constituée autour du ministre auvergnat Brice Hortefeux et du sénateur du Cher Rémy Pointereau, en présence de nombreux élus et représentants des chambres consulaires – dont la CCI Moulins-Vichy, membre du conseil d’administration. Désormais, la création d’un TGV Grand Centre Auvergne a également les faveurs de la SNCF, en mal de développement sur sa “voie royale” Paris-LyonMarseille. A l’invitation de la CCI, la SNCF a chargé Michel Lebœuf, directeur du développement à Voyageurs France Europe (VFE), de présenter le projet dans les locaux vichyssois de la CCI, début mars. « Dans cinq à dix ans, la ligne à grande vitesse ParisLyon sera saturée, explique le responsable de cette filiale de la SNCF. Comme il faut 15 à 20 ans pour créer une nouvelle ligne, il est temps de s’y mettre. » Colonne vertébrale du rail français depuis la nuit des trains, l’axe Paris-Lyon-Marseille commence à se tasser, à mesure que les projets à grand vitesse apparaissent vers Turin, Barcelone, la région PACA ou le LanguedocRoussillon. « La meilleure façon de doubler la ligne, c’est de passer par l’ouest », assure Michel Lebœuf. Le long crochet par le Centre et l’Auvergne n’a rien du plus court chemin entre un point A et un point B, mais l’évolution des rames de TGV s’affranchit de la logique géométrique. En dessinant leur itinéraire à travers les steppes ferroviaires du Centre, de l’Auvergne et du Limousin, les responsables de la SNCF ont eu l’idée de joindre l’utile au rentable en proposant un raccordement à la ligne Paris-Clermont, au sud de Nevers. « Cela permettrait de faire Paris-Clermont en deux heures », souligne Michel Lebœuf. Le TGV du futur roulerait à 360 km/h sur son nouveau tracé, puis reviendrait à une vitesse plus sage sur la “vieille” ligne. Une façon de « mettre en synergie le moteur financier avec les besoins en aménagement » : « L’État veut développer 2.000 km de lignes nouvelles. Le contexte est très favorable, mais il faut un consensus politique très fort sur les régions concernées. » Le TGV Grand Centre Auvergne nécessiterait 430 à 450 km de voies nouvelles, soit un investissement de 10 milliards d’euros. Il quitterait Paris par la gare d’Austerlitz – la gare de Lyon étant elle aussi saturée. Une quinzaine de liaisons quotidiennes entre Paris et Clermont seraient mises en place : « Il y aurait des bolides, et des trains qui s’arrêteraient à Moulins, SaintGermain-des-Fossés et Vichy. » Moulins-Vichy Économique – Magazine de la CCI-MV – Mai 2008 – N°152 25 ACTUALITÉ BUDGET DE LA CCI : LA TATP POURSUIT SA BAISSE L BIENVENUE AU CLUB DES 1.000 e vote du budget 2008 de la CCI Moulins-Vichy a vu la taxe additionnelle à la taxe professionnelle (TATP) poursuivre une baisse amorcée en 2003. Le taux de pression fiscale est ainsi passé à 2,05% ; il était de 2,09% en 2007, 2,30% en 2003, et 2,47% en 1989. Le produit de cette taxe – calculée sur les investissements des entreprises – augmente néanmoins. La TATP est une part essentielle du budget de la CCI : 4.657.000€ sur 7.372.000€ – un budget de fonctionnement auquel s’ajoute un budget d’investissement de 1,5 M€. I maginé en 2005 par Hamid Berkani, vice-président de la CCI de Clermont-Ferrand/Issoire, d’abord pour accompagner la création de l’École de la deuxième chance (E2C) en Auvergne, le Club des 1.000 entreprises citoyennes d’Auvergne a rapidement fédéré les chefs d’entreprises soucieux d’agir face aux problèmes de société et d’impliquer leur entreprise dans une démarche citoyenne. C’est cette dernière que Mathieu Pigny, animateur du Club, éclairera, au cours d’un module de trois heures, jeudi 22 mai dans les locaux consulaires de Vichy. Après une définition de l’entreprise éthique selon le Club des 1.000, des démarches citoyennes très concrètes seront explicitées en matière de : ● lutte contre les discriminations (ses divers aspects, l’effet de la loi du 16 novembre 2001 sur les entreprises, les procédures de gestion des ressources humaines, diversité culturelle et discriminations) ; ● égalité homme/femme (le rapport de situation comparée, support de la négociation sur l’égalité, les aides de l’État aux entreprises) ; ● travailleurs handicapés (la loi du 11 février 2005, les aides de l’État aux entreprises). Le Club des 1.000 propose beaucoup d’autres rendez-vous pour des actions régionales et des formations avec un temps fort, jeudi 12 juin, pour la remise de ses trophées des bonnes pratiques citoyennes. En 2007, le Club avait distingué les cuisines Gilbert (Bourbonl’Archambault) pour l’intégration d’un jeune en difficulté. UN AMPHITHÉÂTRE EN MÉMOIRE DE JEAN-YVES CLUZEL L e 18 mars 2007, la disparition de Jean-Yves Cluzel avait bouleversé les élus et les équipes de la CCI Moulins-Vichy, dont il était vice-président. Un an plus tard, son charisme ne s’est bien évidemment pas effacé des mémoires. La CCI, où il siégeait depuis 1991, a souhaité lui rendre hommage en lui dédiant l’amphithéâtre de ses locaux vichyssois, lors de l’assemblée générale du 9 mars. ✐ Contact : 04.73.43.43.43. Indicateurs économiques P arce que les indicateurs économiques de base sont devenus d’un usage quotidien pour la gestion de l’entreprise, MVE publie les plus significatifs recueillis auprès des centres de documentation de la CCI-MV. • Prix à la consommation (base 100 en 1998) : 118,70 (mars 2008), variation de +3,2% sur 12 mois, taux d’inflation sur 2006 à 2007 = 1,5%. • Indice des loyers (qui se substitue à l’indice du coût de la construction comme référence pour la révision des loyers en cours de bail dans le parc locatif privé) : 114,30 (1e trimestre 2008). • Plafond mensuel de la sécurité sociale 2008 : 2.773€. • SMIC horaire brut à compter du 01.07.07 : 8,44€. • Taux de chômage dans l’Allier en février 2008 : 7,3% (Auvergne : 6,7% ; France : 7,5%). 26 UN DOSSIER REJETÉ EN CNEC S uite à un recours en annulation déposé par le préfet de l’Allier, la Commission nationale d’équipement commercial (CNEC) s’est réunie le 2 avril pour examiner la demande de création d’un magasin Weldom (matériaux du bâti) à Dompierre-sur-Besbre (voir MVE 150). Le dossier déposé par les Ets Georges Schiever & Fils a été rejeté par la CNEC ; la CDEC l’avait accepté tacitement, le quorum n’ayant pas été atteint, le 20 novembre 2007. Moulins-Vichy Économique – Magazine de la CCI-MV – Mai 2008 – N°152 LOGIL : encore un nouveau service ! Pour la recherche de vos financements immobiliers, CREDICIl vous propose : • un interlocuteur unique pour l’ensemble de votre recherche • l’assurance d’un financement optimisé et sécurisé • le montage du dossier de financement auprès de la banque • la suppression des frais de dossiers par les banques partenaires • des conseils pratiques, neutres et objectifs • … et c’est un service gratuit ! … et toujours : prêts 1% Logement, logements locatifs, services CIL Pass Mobilité et CIL Pass Assistance Rendre le 1% Logement plus intéressant ! 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