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Gérald LEBLANC par Hélios Sabaté Barian Gérard Leblanc est un poète acadien, né le 25 septembre 1945 à Bouctouche au NouveauBrunswick, mort le 30 mai 2005 à Moncton où il habitait depuis ses études en 1971. Je ne l’ai bien connu que sur la fin de sa vie, notre amitié fut intense, exacerbée par nos connivences esthétiques et la création poétique fondatrice d’intensité «Précis d’intensité ». Aussi nous n’aurons de correspondances que nos mails radicalement neufs, rapides et déserteurs, nouvelle ère épistolaire d’un échange évanescent et subtil (2000-2005). Tous ces signaux extaordinaires lui convenaient parfaitement, prenaient aussitôt une multiplicité de sens, une sorte de « Transmutation ». Que ce Gérald LEBLANC me semblait moderne, en avancé sur d’autres territoires que ceux dont je m’habituais sans défense dans ma capitale bien arimée ! Il nous arrivait, tout plein d’images de latitudes insolites où la mixité des « Lieux transitoires » et des formes, avaient déjà marqué durablement le personnage mi-dandy, mi-arpenteur de corps déliés. Comme lui, j’aimais les pierres semi-précieuses et les rituels magiques, là où la poèsie pure peut se dévoiler dans de vifs instants de révélation, tout autant, la photographie spectrale et les musiques électroniques « Techgnose ». Son apport fut vaste et diversifié, tant il avait traversé ces territoires où il se doit d’être initié. Initié il le fut certes, à l’évidence, tous ces mots nouveaux, ces formes enrichies de paysages abrupts qui m’étaient inconnus, il me les offrait continûment. Dois-je dire, il nous les offrait ? car il avait une réalité très exacerbée de la notion de public et du contact humain, ou autrement pour lui de connivence active, tout devenait passation « Géomancie ». Gérald nous revenait presque tous les ans à ce Marché de la Poésie de la place Saint-Sulpice, comme s’il fut revenu d’un lointain rivage à « L’extrême frontière », alors qu’il prenait tant plaisir à me conter son New-York «Poèmes new-yorkais », Mexico-city, l’Europe matricielle, la NouvelleOrléans littéraire, berceau du bleues et du jazz, … enfin, une déclaration d’amour continue : la tentation de décrire où se situait l’Acadie ? « Géographie de la nuit rouge ». Pour l’heure, je le retrouvais au Liberté café parnassien à Edgar Quinet, il me décrivait un monde différent du mien, élaboré d’espoirs et de découvertes sans fin. Ainsi allait sa poésie, de visions et de mots, d’une expérience à franchir « Complaintes du continent ». De cette énergie robuste à l’œuvre dans ses lectures publiques & happenings, projetant son texte en avant comme un périple qui s’inscrit sur la terre durcie ou sur la crête des vagues glacées, mais toujours le retour à la mère froide pour se perdre dans le sublime des distances. Assurément il aimait les grandes villes colossales où il savait se perdre et déambuler, donc un sens prodigieux de l’orientation, comme s’il en fut d’une forêt primitivement vierge dont il avait savoir de ses méandres secrets «Moncton Mantra». Les yeux perdus dans les brumes des vastes cités post-modernes, se roulant une cigarette à l’angle d’une rue, il se reconnaissait « Comme un otage du quotidien » et son rire retentissait en écho emporté par les vents propagateurs. Hélios Sabaté Beriain, 2016 Les éditions Perce-Neige dont il participe activement à la fondation et à leur maintenance éditoriale, son engagement est le témoignage de sa générosité profonde. Il n’y a pas de poèmes sans une lance bien affilée jetée dans l’Océan tumultueux de nos destinées. Nombreux poètes aujourd’hui constituent cette constellation proche et lointaine de ce paysage mythique d’Acadie « Je n’en connais pas la fin » Poèmes new-yorkais, Moncton, Éditions Perce-neige, 2006 Techgnose, poésie, Moncton, Éditions Perce-Neige, 2004 Géomancie, Ottawa, Éditions l’Interligne, 2003 Le plus clair du temps, poésie, Moncton, Éditions Perce-Neige, 2001 Je n’en connais pas la fin, poésie, Moncton, Éditions Perce-Neige, 1999 Moncton Mantra, roman, Moncton, Éditions Perce-Neige, 1997 Méditations sur le désir, h.c., 1996 Éloge du chiac, poésie, Moncton, Éditions Perce-Neige, 1995 Complaintes du continent, poésie, Moncton/Trois-Rivières,1993 De la rue, la mémoire, la musique, poésie, Montréal, Lèvres urbaines no. 24, 1993 Les matins habitables, poésie, Moncton, Éditions Perce-Neige, 1991 L’extrême frontière, poésie, Moncton, Éditions d’Acadie, 1988 Lieux transitoires, poésie, Moncton, Michel Henry Éditeur, 1986 Précis d’intensité, poésie, Montréal, Lèvres urbaines no. 12, 1985 Géographie de la nuit rouge, poésie, Moncton, Éditions d’Acadie, 1984 Comme un otage du quotidien, poésie, Moncton, Éditions Perce-Neige, 1981