Roger LACERTE (1935-)

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Roger LACERTE (1935-)
Roger LACERTE (1935-)
Travailleur inlassable pour la promotion de la langue française et de la
culture franco-américaine, Roger Lacerte passe sa longue carrière dans les
domaines de l’enseignement, la vente de livres, le journalisme, la radio et
les sociétés ainsi que le militantisme pour tout ce qui est francophonie nordaméricaine en général.
L’aîné des trois fils d’Arthur Lacerte, tisserand, et de Cécile Marcotte, ouvrière dans une
filature de soie jusqu’à son mariage, Roger Victor Lacerte voit le jour à Lowell, Massachusetts,
le 12 novembre 1935. Quoique ses grands-parents paternels soient nés au Québec, à Yamachiche
et au comté de Portneuf respectivement, ses deux grands-mères sont originaires du Michigan,
tout comme un certain nombre de familles canadiennes-françaises transplantées dans le MidOuest américain.
Diplômé en 1949 de l’école paroissiale Sainte-Jeanne-d’Arc, sous la direction des Sœurs
Grises de la Croix, dites Sœurs de la Charité d’Ottawa, Roger Lacerte passe une année scolaire à
Keith Academy chez les Frères Xaviériens, puis trois ans à l’école Saint-Joseph chez les Frères
Maristes, terminant ainsi ses études secondaires en 1953.
L’automne suivant, il entre au Merrimack College à Andover, Massachusetts, où il se
spécialise en histoire avec mini-spécialités en anglais, philosophie et pédagogie. Ayant terminé
son bachelier ès arts en 1957, il retourne tout de suite aux études pour suivre un cours en
pédagogie au Collège Rivier à Nashua, New Hampshire.
Simultanément, pendant sa dernière année d’école secondaire et ses quatre années
universitaires, il travaille à mi-temps pendant l’année scolaire et à plein temps en été à une série
d’emplois divers dans plusieurs filatures de Lowell, surtout la compagnie Wannalancit Mills.
De 1957 à 1967, Roger Lacerte enseigne surtout le français, mais parfois aussi l’anglais et
l’histoire, dans des écoles secondaires au Massachusetts, soit Westford, Templeton, Dracut et
Lowell. Il obtient par la suite un poste en français à Groton, Massachusetts qui dure de 1967 à
1981. Dans l’intervalle, en 1962, il fonde la Librairie Populaire, située dans sa résidence à
Lowell, d’où il vend des livres en langue française par correspondance. L’année suivante, il
décroche une maîtrise ès arts en français de l’Université Laval à Québec pour sa thèse au sujet du
journaliste et écrivain lowellois Antoine Clément, intitulée « Antoine Clément, sa vie, son
œuvre ». De plus, il participe à des instituts d’été à Colgate University en 1964 et à Arcachon,
France (lié à l’Université du Massachusetts-Amherst) en 1965. C’est aussi pendant les années
1960 qu’il fait ses débuts à la radio comme animateur d’une émission de langue française, « PotPourri musical », au poste WJUL de Lowell.
Pendant l’été de 1967, Roger Lacerte se lance dans le journalisme comme rédacteuréditorialiste à L’Action, hebdomadaire de Manchester, New Hampshire. S’inspirant du « Vive le
Québec libre ! » de Charles de Gaulle à Montréal en juin, il écrit une série d’éditoriaux favorisant
l’indépendance du Québec. Il s’attaque aussi au Diocèse de Manchester, qui n’offre aucune
messe en français pour accommoder les touristes québécois qui fréquentent la côte Atlantique du
New Hampshire, tandis que les autorités municipales de la plage Hampton s’assurent que leurs
parcomètres soient affichés en français aussi bien qu’en anglais. Dans les deux cas, il provoque
des froncements de sourcils, surtout chez les membres du conseil d’administration de L’Action.
Le rédacteur quitta son poste à la fin de l’été.
Par ailleurs, il collabore à nombre de publications franco-américaines au cours de sa carrière,
dont Le Canado-Américain de Manchester, New Hampshire, Le Travailleur de Worcester,
Massachusetts, Le Bulletin de la Fédération féminine franco-américaine, Le FAROG Forum de
l’Université du Maine à Orono, Le Journal de Lowell et L’Unité de Lewiston, Maine. Peu
découragé par son expérience controversée à L’Action, il revient en juin 1969 pour répondre à
Elphège Roy, auteur d’une thèse de maîtrise intitulée Les Causes du déclin de la presse francoaméricaine, livrée au public quatre ans auparavant. Dans les pages du Travailleur et par la suite
sous forme de plaquette, il critique « Une thèse artificielle : celle de M. Elphège Roy ». En outre,
il défend sa position dans un face-à-face avec Elphège Roy à l’émission du professeur et écrivain
Paul Chassé, « L’heure fauve », à la télévision publique du New Hampshire. De temps à autre, il
écrit aussi des poèmes, par exemple, « Le pays de Ti-Jean », un hommage à l’écrivain francoaméricain lowellois Jean-Louis « Jack » Kerouac, qui paraît d’abord dans les actes du colloque
du National Materials Development Center à Bedford, New Hampshire en 1976, ainsi que dans
une revue de langue anglaise, Moody Street Irregulars : A Jack Kerouac Newsletter du Clarence
Center, New York, en 1982.
À part son intérêt pour les Franco-Américains de la Nouvelle-Angleterre, Roger Lacerte se
dévoue à l’avancement des Acadiens. Ses écrits paraissent dans Les Cahiers de la Société
historique acadienne à Moncton, Nouveau-Brunswick, La Revue de l’Université de Moncton,
L’Évangeline de Moncton, Le Voilier de Caraquet, Nouveau-Brunswick, et Le Courrier de la
Nouvelle-Écosse de Yarmouth. Comme professeur à l’Université Sainte-Anne à Pointe-del’Église, Nouvelle-Écosse, où il passe trois étés consécutifs dans le programme d’immersion
totale durant les années 1970, il y introduit des cours en littérature acadienne pour la première
fois dans la province. Enfin, sa thèse de doctorat, qu’il termine au Boston College en 1984, porte
sur « Le Théâtre acadien, de 1957 à 1977 ».
En décembre 1977, La Librairie Populaire ouvre ses portes à Manchester dans un véritable
magasin non seulement de livres mais aussi de disques et de carte de souhaits, tout en conservant
une partie de son commerce par correspondance. Toutefois, son propriétaire maintient sa
résidence à Lowell d’où il fait la navette quotidienne.
Un énorme changement professionnel se produit chez Roger Lacerte en 1981. En
conséquence d’une nouvelle loi dans le Massachusetts, « Proposition 2-1/2 », qui cherche à
réduire les dépenses au niveau du secteur public en éliminant les postes des employés avec le
plus grand nombre d’années de service et donc les mieux rémunérés, il perd son emploi à l’école
secondaire de Groton. Dorénavant, et même bien au-delà du début du XXIe siècle, il enseigne là
où il peut, aux niveaux primaire, secondaire ou universitaire, surtout le français mais aussi
l’histoire et la sociologie, parfois comme suppléant, à mi-temps ou à plein temps, dans le
Massachusetts, le Connecticut ou le New Hampshire. Son affiliation la plus permanente sera
avec l’Université du Massachusetts à Lowell où, entre 1984 et 2001, on l’engage pour y
enseigner le français et, de temps en temps, des cours se rapportant à un aspect quelconque de la
culture franco-américaine.
Quoiqu’il soit souvent obligé à se déplacer ici et là, soit pour se rendre d’un emploi à l’autre,
soit pour voir au bon fonctionnement de La Librairie Populaire ou pour s’occuper de sa demeure
à Lowell, cela ne l’empêche aucunement d’entreprendre d’autres tâches. De 1982 à 1984, il est
propriétaire et éditeur de L’Unité, journal mensuel de Lewiston, Maine. Depuis mars 1998,
jusqu’à nos jours, il anime tous les dimanches matin une émission très populaire de trois heures
de musique et de commentaires, intitulée « Chez nous », au poste de radio commercial WFEA, à
Manchester.
Membre de plusieurs sociétés, il est élu gouverneur régional pour la Nouvelle-Angleterre du
Club Richelieu international en 2007 et président de la Société historique franco-américaine en
2009. Parmi ses honneurs, il est champion dans la onzième Dictée des Amériques annuelle à
Québec en 2004, Franco-Américain de l’année à Lowell en 2007 et à Manchester en 2010. En
2009, la Manchester Historical Association lui décerne son « Historic Preservation Award » pour
ses contributions culturelles à la ville.
Depuis 2006 et jusqu’à ce jour, Roger Lacerte travaille comme traducteur et interprète dans
les hôpitaux et devant les tribunaux pour la compagnie Words, Translation & Interpreting
Services, Inc. de Manchester, tout en continuant son œuvre comme libraire, animateur à la radio,
membre ou officier de sociétés culturelles et tout projet capable d’avancer le fait français en
Amérique du Nord.
Robert-B. PERREAULT
ŒUVRE
- Son œuvre journalistique franco-américain, publié dans L’Action, Le Canado-Américain, Le
Travailleur, Le Bulletin de la Fédération féminine franco-américaine, Le FAROG Forum, Le
Journal de Lowell, L’Unité et Moody Street Irregulars : A Jack Kerouac Newsletter.
- Son œuvre journalistique acadien, publié dans Les Cahiers de la Société historique acadienne,
La Revue de l’Université de Moncton, L’Évangeline, Le Voilier et Le Courrier de la NouvelleÉcosse.
- « Antoine Clément, sa vie, son œuvre ». Thèse de maîtrise, université Laval, Québec, 1963.
- Une thèse artificielle : celle de M. Elphège Roy. Tiré à part d’un article publié en deux parties
dans Le Travailleur, Worcester, Massachusetts, les 14 et 21 juin 1969, 31 p.
- « Le Théâtre acadien, de 1957 à 1977 ». Thèse de doctorat, Boston College, 1984.

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