Le rôle et la place du médecin généraliste en France
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Le rôle et la place du médecin généraliste en France
Le rôle et la place du médecin généraliste en France Cette étude est réalisée pour l’Académie de Médecine et le Sénat Contact BVA : Gaël SLIMAN, Directeur délégué 01 71 16 88 34 Emilie PERIGIOS, études quantitatives Yann AUDIC, études qualitatives Le rôle et la place du médecin généraliste en France Contexte et objectifs A la demande de l’Académie Nationale de Médecine, BVA a réalisé une étude portant sur la perception du médecin généraliste et de son rôle en France. Cette étude a été menée en deux temps : Une phase quantitative auprès d’un échantillon représentatif de 1 000 Français d’une part et d’un échantillon représentatif de 500 médecins généralistes d’autre part Une phase qualitative constituée de 4 réunions de groupe de 2h (2 groupes de médecins, un groupe d’internes se préparant à l’installation, un groupe de jeunes étudiants ayant été tentés de faire médecine mais y ayant renoncé). La phase quantitative a permis de disposer de statistiques fiables sur les perceptions et les situations vécues alors que les réunions de groupe ont permis de mieux comprendre les freins et les leviers repérés lors de la phase quantitative. Le rôle et la place du médecin généraliste en France 2 Le protocole d’enquête de la phase quantitative • Sondages réalisés par téléphone auprès d’un échantillon national représentatif de 1004 personnes âgées de 15 ans et plus, du 01 au 02 février 2008. (Echantillon Grand public) auprès d’un échantillon national représentatif de 503 médecins du 04 au 08 février 2008. (Echantillon Médecins Généralistes) • La représentativité de l’échantillon Grand public est assurée par la méthode des quotas appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, profession du chef de famille après stratification par région et catégorie d’agglomération. • La représentativité de l’échantillon Médecins Généralistes est assurée par la méthode des quotas appliqués aux variables suivantes : sexe, région, mode d’exercice. Le rôle et la place du médecin généraliste en France 3 Caractéristiques sociodémographiques Grand Grand Public Public Bases 1004 MédeMédecins cins 503 Sexe Homme Femme 15 – 24 ans 25 – 34 ans 35 – 49 ans 50 – 64 ans 65 ans et plus MédeMédecins cins 1004 503 Situation maritale 48% 52% 73% 27% Age Bases Grand Grand Public Public Marié En couple Célibataire Veuf – divorcé Refus 72% 9% 9% 8% 2% Nombre enfants de moins de 15 ans 16% 18% 27% 20% 19% 11% 34% 52% 3% 0 1 2 3 ou plus Le rôle et la place du médecin généraliste en France 58% 21% 15% 6% 59% 17% 16% 8% 4 Caractéristiques sociodémographiques du Grand Public Grand Grand Public Public 1004 Dernier diplôme obtenu Sans diplôme BEPC CAP / BEP ST Inférieur au Bac Bac Bac +2 et plus ST Bac et plus Refus Niveau de revenus du foyer 15% 11% 22% 48% 19% 32% 51% 1% Moins de 1500 euros De 1500 à 2499 euros De 2500 à 3499 euros 3500 euros et plus Refus / Nsp 21% 26% 20% 14% 19% Habitat Profession de l’interviewé Agriculteur Cadre sup. Profession intermédiaire ST CSP+ Employé Ouvrier ST CSP inactif 2% 10% 15% 27% 17% 12% 29% 44% Commune rurale Moins de 20 000 hab De 20 000 à 99 999 hab De 100 000 à 199 999 hab 200 000 hab et plus Le rôle et la place du médecin généraliste en France 25% 17% 13% 29% 16% 5 Caractéristiques sociodémographiques des Médecins Médecins Médecins 503 Situation professionnelle actuelle Lieu d’exercice Cabinet individuel Cabinet de groupe Hôpital général Hôpital universitaire, CHU Etablissement de santé, clinique ou dispensaire Sous une autre forme salariée (médecin conseil, laborantin, journaliste S/T En cabinet… 46% 39% 7% 2% 10% 90% 7% 3% 3% Zone d’exercice 83% Pratique Fait régulièrement des visites à domicile Assure régulièrement des gardes de nuit Installé En remplacement (nsp/nvpd) 61% 49% Centre ville Banlieue pavillonnaire Banlieue, cité populaire Petite ville de province Zone rurale (nsp/nvpd) Le rôle et la place du médecin généraliste en France 26% 10% 7% 24% 32% 1% 6 Le protocole d’enquête de la phase qualitative Cible 1 = Les médecins généralistes 2 groupes de 2h00 de 8 MG ont été organisés à Paris et à Dijon les 27 et 28 février 2008. GROUPE 1 MG – PARIS GROUPE 2 MG – Dijon Médecins généralistes installés à Paris intra-muros (seul ou en groupe). Médecins généralistes installés en zones rurales (seul ou en groupe). Agés de 30 à 40 ans. Agés de plus de 45 ans. 50% d’hommes et 50 % de femmes. Mix entre hommes et femmes. Cible 2 : Les Internes en Médecine Générale 1 groupe de 2h00 de 8 internes a été organisé à Paris le 19 février 2008. Cible 3 : Les jeunes 1 groupe de 10 jeunes ayant renoncé aux études de médecine ou abandonné leurs études de médecine durant la 1ère année a été organisé le 20 février 2008. Le rôle et la place du médecin généraliste en France 7 I Opinion sur le système de santé et son évolution Le rôle et la place du médecin généraliste en France 8 La santé : un domaine prioritaire pour l’avenir Question. Lesquels des grands domaines suivants vous semblent les plus prioritaires pour la France dans les années à venir (Q1) ? Grand Grand Public Public Base : Ensemble Grand Public (1004) L’emploi 51% 50% La santé et la sécurité sociale 37% L’éducation - Femme : 57% L’environnement 35% 29% Le logement 21% La sécurité 14% La justice 9% La fiscalité L’immigration 8% La culture 5% Les transports 5% Autres - 50 à 64 ans : 56% 1% Total supérieur à 100 car plusieurs réponses possibles Le rôle et la place du médecin généraliste en France 9 Perception d’une détérioration du système de soins Question : Pensez-vous que le système de soins et de santé en France va aller plutôt en s’améliorant ou plutôt en se détériorant dans les années à venir ? (Q3 / QM18) Base : Ensemble Grand Public (1004) / Ensemble des médecins (503) En s’améliorant Grand Grand Public Public Médecins Médecins (Restera stable) En se détériorant 26% 11% 69% 82% NSP 3% 2% 4% 3% Réactions des internes : « Effectivement, le système se détériore, il y a un vrai problème, la santé coûte de plus en plus cher et le système ne s’est pas adapté » « Les médicaments sont de plus en plus chers aussi et les gens vivent de plus en plus vieux, donc tout coûte cher et c’est une adaptation qui ne s’est pas faite. » Réactions des médecins généralistes : « … la prise en charge est bien moins bonne pour les patients. Pour nous, c’est la détérioration de la paperasserie. » « C’est les patients qui subissent le plus cette détérioration car ils sont moins bien remboursés mais pour nous aussi c’est moins bien ; on nous demande de faire plus de choses pour le même prix » Le rôle et la place du médecin généraliste en France 10 Une réflexion sur le système de soins jugée utile Question : Vous personnellement, jugez-vous nécessaire, utile, pas vraiment utile ou pas utile du tout l’initiative des Etats généraux de la santé visant à conduire une réflexion sur le système de soins et de santé en France ? (Q4 / QM19) Base : En a déjà entendu parler (Grand Public : 987, 98% / Médecins, 500, 99%) Grand Grand Public Public 27% Médecins Médecins 56% 39% 43% ST Utile ST Inutile 9% 6%2% 83% 15% 9% 82% 16% 7% 2% - Femme : 90% - Exerçant en hôpital général : 97% - 25-34 ans : 91% Nécessaire Utile Pas vraiment utile Pas utile du tout Le rôle et la place du médecin généraliste en France (nsp) - 35-49 ans : 89% 11 Le parcours de soin : une bonne opinion du grand public Question : Estimez-vous que la mise en place du parcours de soin qui prévoit de passer par un médecin référent avant de consulter éventuellement un spécialiste, est plutôt une bonne chose ou plutôt une mauvaise chose ? (Q9 / QM20) % Bonne chose Base : Ensemble Grand Public (1004) / Ensemble médecins (503) 71% pour le chiffre d'affaires des… médecins généralistes 40% - Exerçant en hôpital : 61% 63% pour l'image des médecins… généralistes 51% 42% - 65 ans et + : 71% - Exerçant en hôpital : 77% 56% pour les médecins spécialistes… - 35 à 49 ans : 78% - CSP+ : 75% - Homme : 61% - Exerçant en établissement de santé : 54% - Agglo parisienne : 58% 51% 48% - Exerçant en hôpital : 61% pour la limitation des dépenses… médicales en France 50% pour les patients… - Homme : 55% - 65 ans et + : 58% 53% Grand Public Médecins Et Le rôle et la place du médecin généraliste en France 12 Le parcours de soin : des généralistes mitigés sur la question Une réforme nécessaire Pour tous, une rationalisation des dépenses de santé qui constitue une nécessité impérative pour la survie de notre système de santé même si cette évolution induit des obligations réglementaires contraignantes et une dépréciation des remboursements pour les assurés et de leur égalité devant les soins. « L’ égalité des soins se dégrade, c’est évident, mais on ne pouvait pas continuer comme ça, il fallait rationaliser » Et Au-delà de l’intérêt financier de cette réforme, des généralistes qui en tirent un bilan personnel en demi-teinte : Un recentrage du système de santé autour du MG dont ils se félicitent et qui participe à la revalorisation de la profession. Mais Pour les MG, des institutions qui font porter implicitement la responsabilité des pertes sur les MG. D’ailleurs, 42% des français pensent que les médecins sont les acteurs les plus déterminants pour que le système de santé fonctionne bien. « Pour eux on est des dispendieux et on a l’impression que c’est à cause de nous le trou de la sécu » « Peut-être pensent-ils [les autorités de santé] que les médecins sont des glandeurs ! » Et plus globalement Le rôle et la place du médecin généraliste en France 13 Des relations difficiles avec les autorités de santé Des médecins généralistes qui ont l’impression de passer leur temps à remplir des formulaires demandés par les autorités de santé. « On a tout le temps des papiers à remplir que la sécu nous envoie, ça prend un temps fou en plus des consultations. » Des relations qui semblent difficiles avec les autorités de santé = des autorités dont le langage est uniquement comptable et financier et donc parfaitement opposé à celui des MG : Une source d’incompréhension et de mauvaises communications ; « Avec les caisses, on n’a pas le même langage … on se comprend pas, eux ils parlent qu’avec des chiffres nous on travaille avec des humains … les caisses ne s’intéressent pas à comment on travaille mais plutôt aux chiffres qu’on fait. » Accentué par une relation impersonnelle, formelle et déshumanisée en résumé administrative qui s’avère extrêmement distanciante. « On est hyper pisté par la Sécurité sociale … les caisses nous voient comme un chiffre, un prescripteur donc un coût d’ailleurs. On est chiffré et on reçoit tous les ans nos relevés. » « Ils nous demandent de porter beaucoup de choses, on est un peu leur larbin. » « C’est nous qui sommes sur le front des réformes, c’est à nous de tout gérer d’emblée. » Le rôle et la place du médecin généraliste en France 14 Le système de santé … en bref Que ce soit pour les Français ou les médecins généralistes, un système de santé auquel ils sont tous attachés et qu’il est impératif de réformer pour en assurer la pérennité. Tous reconnaissent la nécessité du parcours de soins même si leurs opinions sur cette réforme sont mitigées. Cette réforme permet de placer les médecins généralistes au cœur du système. Toutefois, les autorités de santé doivent améliorer leur communication afin que les médecins généralistes ne se sentent pas perçus comme responsables des dérives des dépenses de santé. Le rôle et la place du médecin généraliste en France 15 II Images et perceptions sur les médecins généralistes Le rôle et la place du médecin généraliste en France 16 Médecin : la profession jugée la plus prestigieuse Question. Parmi les professions suivantes, dites-moi quelles sont les 3 que vous jugez les plus prestigieuses (Q5) : Grand Grand Public Public Base : Ensemble Grand Public (1004) Médecin 58% 36% Enseignant 31% Infirmière et infirmier Chef d’entreprise 23% Ingénieur 18% Avocat 18% Policier - A envisagé de faire médecine : 69% 17% Homme politique 12% Artiste 10% Cadre (nsp) - 65 ans et + : 64% 22% Ouvrier (Autres) - Femme : 61% 9% 1% 3% Total supérieur à 100 car plusieurs réponses possibles Le rôle et la place du médecin généraliste en France 17 Une très bonne opinion des Français à l’égard des médecins Grand Grand Public Public Question : Plus précisément, quelle opinion avez-vous ? (Q6) S/T Bonne S/T Mauvaise Opinion Opinion Base : Ensemble Grand Public (1004) des médecins en général, quel que soit leur spécialité et leur lieu d'excercice 26% 68% 5%1% 1% 94% 6% 8% 1% 91% 9% 8% 1% 1% 90% 9% 88% 9% 65 ans et + : 38% / Agglo parisienne : 34% des médecins généralistes 31% 60% 65 ans et + : 43% des médecins spécialistes 27% 63% Homme : 30% / 65 ans et + : 34% / Agglo parisienne : 32% des médecins hospitaliers 29% 59% 8%1%3% Homme : 32% / 50 à 64 ans : 35% / 65 ans et + : 40% / Agglo parisienne : 40% Une très bonne opinion Une assez bonne opinion Une assez mauvaise opinion Une très mauvaise opinion (nsp) Image des médecins généralistes par les jeunes : « J’ai une image très valorisée des médecins, ils sont gentils, disponibles, à l’écoute. » « C’est quelqu’un qui est à l’écoute. » « Je sais que mon médecin pourra faire quelque chose de bon pour moi. » « Enfin tous ces compliments, c’est surtout pour mon médecin traitant qui me suit depuis que je suis petit, c’est à lui que je pense. » Le rôle et la place du médecin généraliste en France 18 Des médecins conscients de leur bonne image Question Grand Public. Plus précisément, quelle opinion avez-vous ? (Q6) Question Médecins. Quelle opinion pensez-vous que les Français ont …? (QM17) Base : Ensemble Grand Public (1004) / Ensemble des médecins (503) % Bonne opinion 94% des médecins en général, quel que soit leur spécialité et leur lieu d'excercice 87% Exerçant en banlieue pavillonnaire : 94% 91% des médecins généralistes 89% Exerçant en cabinet : 91% / Effectuant des visites à domicile : 91% / Exerçant en banlieue pavillonnaire : 96% 90% des médecins spécialistes 87% 25-34 ans : 95% 88% des médecins hospitaliers 81% Grand Public Médecins Le rôle et la place du médecin généraliste en France 19 Une bonne image expliquée par les médecins Un faisceau d’éléments positifs Une familiarité et une proximité du médecin généraliste : un soigneur immédiat et en qui on peut avoir confiance Une familiarité spécifique ; « C’est comme un boulanger, un coiffeur, on va le voir en toute simplicité, on lui parle, il connaît nos vies. » Un rôle dans le temps : le suivi du patient : une fonction qui peut se décliner sur plusieurs générations. « C’est l’idée du médecin de famille qui voit tout le monde, les oriente, fait des liens. » « C’est sur le long terme. » Un rôle démocratique : rendre la santé accessible à tous : un maillon social fondamental au service des malades « Le médecin doit soigner tout le monde et démocratiser la santé. » « Que tout le monde en bénéficie. » Et surtout Un altruisme premier : aider, soigner les autres Un dévouement perçu sans bornes qui est d’abord intrinsèque aux individus ; « On doit être utile, on doit pouvoir aider les gens, mais ça c’est plus une qualité de soi. » « On aide quelqu’un, c’est un service rendu à la société. » Un rôle préventif dans une perspective plus générale de santé publique. « On fait de la prévention, on apprend aux gens comment se préserver des maladies. » « Les médecins sont là pour préserver la population des maladies, il fait en sorte que les Français soient en bonne santé. » Et Le rôle et la place du médecin généraliste en France 20 Une bonne image expliquée par les médecins La médecine, une qualité de l’être : un métier constitutif de la personne qui l’exerce « Pour les autres, on est médecin avant d’être soi » (interne) « Un médecin c’est un détenteur du savoir perpétuel au service des autres, ça fait partie de lui, c’est pas comme comptable » (interne) Au final Une bonne image liée à une double reconnaissance Fondamentale : un service de premier recours qui sauve des vies induisant un sentiment d’utilité très fort ; « On lui fait confiance, c’est la première personne que l’on va voir en cas de problème. » « On est là pour sauver les gens, on ne se pose pas de questions en allant au travail le matin. » Sociale : une place tout à fait précise réservée au médecin dans la société, tant par son savoir, son dévouement que son statut. « On a quand même un statut, on a une vraie place dans la société. » Le rôle et la place du médecin généraliste en France 21 Perception d’une détérioration de l’image des MG Question : Avez-vous le sentiment que la bonne image des médecins généralistes, voire même leur prestige s’est plutôt amélioré ou plutôt détérioré depuis ces dix dernières années ? (Q8) Base : Ensemble Grand Public (1004) Grand Grand Public Public 37% 50% 15 à 24 ans : 52% CSP - : 45% Plutôt amélioré 11% 2% 50 à 64 ans : 57% CSP + : 60% Plutôt déterioré (ni amélioré ni déterioré) Le rôle et la place du médecin généraliste en France (nsp) 22 Les raisons de cette détérioration vues par les MG Tous reconnaissent que leurs aînés avaient une position sociale plus élevée et vivaient dans des conditions matérielles plus luxueuses. « J’ai une amie dont le père était médecin. Eh bien chez elle il y avait une cuisinière, une nounou, un jardinier et une secrétaire, maintenant on partage une secrétaire à 4 médecins … vous voyez la différence de niveau de vie. » Face à l’évolution de la société et à l’augmentation du nombre de cadres, le métier de médecin généraliste se banalise (comme le métier de professeur par exemple). « Comme tous les métiers intellectuels, si c’est un cadre supérieur jeune qui travaille beaucoup ça [le métier de médecin] va représenter beaucoup moins pour lui » Même si Un statut social qui subsiste néanmoins dans certaines catégories de la population : Pour les jeunes médecins en milieu urbain (G1) = dans les milieux défavorisés Pour les médecins en zones rurales (G2) = avec les personnes âgées « Dans la population où je travaille avec des personnes encore illettrées, on a quand même encore une aura. » « Si c’est un cadre supérieur jeune qui travaille beaucoup, ça va représenter beaucoup moins pour lui » Néanmoins Le rôle et la place du médecin généraliste en France 23 Une détérioration qui n’affecte pas les MG En déclaratif, aucun ne semble réellement attaché à cet ancien régime de valeurs et ils se satisfont globalement du statut qu’on leur associe actuellement. Car Les MG possèdent toujours un rôle clairement identifié => un élément important de satisfaction source de motivation. « Dans le quartier, c’est assez rigolo, souvent quand je vais au café on me reconnaît. » « Plein de gens nous reconnaissent en dehors du cabinet, c’est très agréable. » « On participe à la vie du village. » En revanche Tous imaginent bénéficier d’une moins grande aura auprès des français que certains spécialistes (alors que d’après eux, il n’y aucune raison légitime par rapport à un spécialiste en cabinet). « C’est vrai que les spécialistes sont beaucoup plus considérés alors que bon, on a tous notre importance dans le système » Certes une position sociale en déclin mais qui touche peu les MG puisque n’efface pas par ailleurs leur identité. Mais pour eux une image qui est surtout à revaloriser par rapport aux spécialistes => un levier par ailleurs pour motiver les étudiants à choisir la médecine générale. Le rôle et la place du médecin généraliste en France 24 L’image des médecins généralistes … en bref Les médecins généralistes jouissent d’une très bonne image et le savent, même si chacun s’accorde à penser que le statut et l’image du médecin généraliste se sont dégradés au fil des années. Les médecins conservent une identité forte et sont souvent très bien intégrés à la société même si leur statut social n’est plus ce qu’il était. Du prestige, une bonne image et pourtant… Le rôle et la place du médecin généraliste en France 25 Une minorité de Français a envisagé d’être médecin Question. Parmi les métiers suivants, quels sont ceux que vous avez vous-même déjà envisagé d’exercer, en dehors du métier qui est le votre aujourd’hui (Q10) : Grand Grand Public Public Base : Ensemble Grand Public (1004) Enseignant 29% 21% Chef d’entreprise 18% Infirmière et infirmier Artiste 15% 14% Médecin Cadre 12% Avocat 12% Ingénieur 11% Policier 11% Ouvrier Homme politique 9% 5% (Autres) (nsp) 11% 7% Total supérieur à 100% car plusieurs réponses possibles Et Le rôle et la place du médecin généraliste en France 26 Médecine : des études peu conseillées par les parents … Question : Conseillerez-vous, ou auriez-vous pu conseiller à l’un de vos enfants de suivre des études de médecine ? (Q13) Grand Grand Public Public Base : Grand Public : Aux parents d’enfants de moins de 15 ans dans le foyer (356, 35%) ST Oui 69% Bac et + : 74% Agglo parisienne : 80% Médecin est une profession prestigieuse : 74% A envisagé de suivre des études de médecine : 80% 26% Oui, certainement 43% Oui, probablement Non, probablement pas ST Non 29% 16% 13% Non, certainement pas Le rôle et la place du médecin généraliste en France 2% (nsp) 27 … et par les généralistes Question : Conseillerez-vous, ou auriez-vous pu conseiller à l’un de vos enfants de devenir médecin généraliste … : (QM12) Base : Ensemble médecins ayant des enfants (488, 97%) Non, certainement pas 30% Médecins Médecins Oui, certainement 27% ST Non ST Oui 47% 53% Non, probablement pas 17% Oui, probablement 26% Assurant régulièrement des gardes de nuit : 58% Réactions des médecins généralistes : « On se projette en se disant que nous on n’est pas emmerdé mais nos enfants vont se retrouver beaucoup plus coincés que nous. » « Je ne le pousserai pas à faire ça, je ne veux pas le pousser à faire un métier aussi lourd et prenant. » Réactions des internes : « Ce sont les médecins actuels qui ont subi le plus les réformes. Ils gagnent moins, leur retraite sera problématique, ils ont subi la perte de prestige, on peut comprendre qu’ils disent ça » « Je ne suis pas sûr que nous on dira ça. » « Ils ont une image pessimiste. » Le rôle et la place du médecin généraliste en France 28 III Devenir médecin généraliste A - Motivations et vocation B – Les études C – La fin des études de médecine Le rôle et la place du médecin généraliste en France 29 A - Motivations et vocation … Vocation humaniste et passion scientifique l’emportent sur le confort matériel Le rôle et la place du médecin généraliste en France 30 Devenir médecin généraliste par vocation Question Grand Public : Selon vous pour quelle raison un médecin généraliste choisit-il d’exercer ce métier. Est-ce avant tout …? (Q23) Question Médecins : Vous personnellement, et en toute franchise, dites-moi laquelle des deux raisons suivantes vous a le plus poussé à exercer votre métier. Est-ce avant tout … (QM13) Base : Ensemble Grand Public (1004) / Ensemble des médecins (503) Par vocation, parce qu’il veut aider et soigner les gens peu importe ce que cela lui rapporte à lui Grand Grand Public Public Par intérêt personnel, parce qu’il veut faire un métier qui lui rapportera beaucoup d’argent et une forte reconnaissance sociale 76% (Les deux) 14% (nsp) 9% 1% Femme : 81% CSP - : 82% Médecins Médecins 76% 8% 13% 3% Femme : 86% Le rôle et la place du médecin généraliste en France 31 Eléments intervenant dans le choix des études de médecine Question Grand Public : Plus globalement, pour chacun des éléments suivants, dites-moi s’il compte selon-vous dans le choix que fait un médecin généraliste de s’orienter vers des études de médecine ? (Q24) Question Médecins : Plus globalement, pour chacun des éléments suivants, dites-moi s’il a compté dans votre choix de faire médecine ? (QM14) % Oui Base : Ensemble Grand public (1004) / Ensemble des médecins (503) 96% 96% L’envie de soigner les gens 89% 92% Le goût du contact humain 79% La vocation sans savoir pourquoi - Femme : 92% - Femme : 82% 73% - 25 à 34 ans : 80% - Bac et + : 77% 74% La reconnaissance sociale 42% 70% L’espoir de gagner de l’argent - Homme : 75% - 25 à 34 ans : 77% 39% 50% Le challenge de suivre des études difficiles et sélectives La pression familiale - Femme : 97% 33% 42% - 65 ans et + : 58% -Inf. au Bac : 57% - 65 ans et + : 50% 11% Le rôle et la place du médecin généraliste en France Grand Public Médecins 32 Une vocation et surtout une passion Des médecins dont les motivations se situent sur un continuum allant de la vocation humaniste et sanitaire à l’ingénierie médicale : Les humanistes Les partagés Les ingénieurs médicaux « Je voulais être le Docteur Schweitzer … je voulais sauver le monde. » « Moi, y’avait un peu les deux, le côté humain et le côté scientifique, y’avait les deux. » « Je voulais savoir comment l’homme marchait, au début je voulais faire de la recherche seulement, l’intérêt pour les gens est venu après » Avec Pour beaucoup d’entre eux, des motivations accentuées par une certaine proximité avec le monde médical que ce soit par atavisme familial ou par proximité avec la maladie = une vocation qui remonte pour beaucoup à l’enfance. « J’ai été opéré à 14 ans d’une grave chirurgie cardiaque. Quand je suis sorti de l’ hôpital, je voulais être médecin. » « Je baignais dans ce milieu, mon père était médecin, après le bac ça me paraissait évident de faire médecine. » De plus Le rôle et la place du médecin généraliste en France 33 Des avantages matériels non négligeables En creux mais bien présents, figurent aussi d’autres avantages Un métier concret / palpable « Ce qui m’a fait choisir c’est qu’en médecine, il y avait un vrai métier derrière. » Et de façon plus prosaïque Un métier qui donne un niveau de vie satisfaisant « Faut pas se leurrer ! J’ai aussi fait médecine parce que je savais que ça me permettrait de vivre bien. » Par rapport à ces motivations initiales Des généralistes en zones rurales qui paraissent plus « comblés » via notamment la proximité avec leur patientèle, une dimension sociale qui semble plus forte et une diversité importante des actes médicaux. Le rôle et la place du médecin généraliste en France 34 Les motivations à être médecin … en bref Une réelle vocation et/ou un attrait pour les sciences médicales => de fortes motivations sont nécessaires pour devenir médecin. Un métier qui n’est donc pas accessible à tous => un frein à l’engagement en médecine. Le rôle et la place du médecin généraliste en France 35 B - Les études de médecine Un enseignement vécu comme une frustration Le rôle et la place du médecin généraliste en France 36 Médecine : des études peu attrayantes Question : Dans le passé avez-vous déjà envisagé vous-même de suivre des études de médecine ? (Q11) Base : Grand Public : Ayant 18 ans et plus (952, 95%) Grand Grand Public Public Bac et + : 28% ST Oui 23% Médecin est une profession prestigieuse : 27% 17% 6% Oui, très sérieusement ST Non 77% 8% 69% Oui, parmi d'autres possibilités Non, pas vraiment Non, pas du tout (nsp) Question : Vous personnellement, souhaiteriez-vous suivre des études de médecine à l’avenir ? (Q12) Base : Grand Public : Aux jeunes (15-17 ans) (52, 5%) ST Oui 20% 13% ST Non 80% 7% 17% Oui, certainement 63% Oui, probablement Non, probablement pas Le rôle et la place du médecin généraliste en France Non, certainement 37 Les freins aux études de médecine Question. Et jusqu’où êtes-vous allé dans votre intention de faire médecine ? (Q14) Base : Grand Public : Ayant envisagé de faire médecine (Q10=médecin ou Q11=1ou2) et a plus de 17 ans (217, 23%) Grand Grand Public Public Vous n’avez finalement pas essayé de suivre des études de médecine 74% Vous avez commencé des études de médecine et avez abandonné 9% Vous avez commencé des études de médecine mais vous n’avez pas réussi à passer la première année Vous avez suivi des études de médecine jusqu’à leur terme et vous êtes devenu médecin (Vous êtes en train de suivre des études de médecine) 7% 2% - Bac et + : 68% - Bac + 2 et + : 71% - CSP+ : 70% Réactions des jeunes ayant abandonné leurs études de médecine au cours de la 1ère année : « Il y a un discours ambiant qui décourage. » « Il y a un discours ambiant assez décourageant sur les études de médecine. Les journaux, la télé, les anciens disent que c’est très dur, que c’est coûteux. » Réactions des internes : « C’est un métier que tout le monde ne peut pas faire : trop de sacrifices donc c’est normal. » 2% S/T Etudes commencées : 21% Vous avez suivi des études de médecine jusqu’à leur terme mais vous avez finalement exercé un autre métier 1% S/T Etudes suivies jusqu’à leur terme : 3% S/T Etudes abandonnées en cours : 16% (Autre) 5% S/T Etudes en cours : 2% Le rôle et la place du médecin généraliste en France 38 Les freins aux études de médecine Question. Pourquoi n’avez-vous finalement pas essayé de suivre des études de médecine ? (Q15) Base : Grand Public : A envisagé de faire médecine mais n’a pas essayé (Q14=5) (159, 16%) Grand Grand Public Public D’autres études ou un autre métier vous séduisaient plus 34% Votre formation précédente ne vous semblait pas permettre de suivre ces études 23% 20% Les études de médecine vous paraissaient trop longues La première année de médecine vous paraissait trop difficile et trop sélective 15% Le métier de médecin vous paraissait finalement trop pénible ou difficile Le métier de médecin ne vous semblait pas assez rémunérateur (Autres raisons) - CSP + : 50% - Image des MG s’est plutôt détériorée : 41% 14% 1% 21% Le rôle et la place du médecin généraliste en France 39 Deux motifs majeurs de renoncement aux études de médecine Des études effrayantes Des motifs de non-engagement qui se regroupent autour de 2 pôles : En premier lieu la difficulté imaginée des études et leur longueur ; Associée à une certaine angoisse par rapport au métier de médecin. Pour les jeunes qui ont renoncé à s’inscrire : Des angoisses quant à leurs capacités à réussir le concours, à résister à la pression bien connue et des doutes par rapport à leurs capacités intellectuelles ; « J’ai pensé à m’inscrire mais au dernier moment je me suis dit que j’allais jamais réussir ce concours et perdre 2 ans pour rien. » Des études trop longues : une vie professionnelle et indépendante qui commence trop tard ; « J’avais pas envie et surtout je ne pouvais pas commencer ma vie à 35 ans. » « On commence à être autonome trop tard. » Mais aussi Des études prennent du temps d’où l’impossibilité de travailler pour payer : un sentiment d’études discriminantes socialement. « C’est des études pour les fils de bourges, quand il y a des parents derrière ok, sinon, c’est même pas la peine » Le rôle et la place du médecin généraliste en France 40 Deux motifs majeurs de renoncement aux études de médecine Un sentiment confirmé par les jeunes ayant abandonné leurs études de médecine Un souvenir souvent très négatif des études, de l’esprit de compétition, du stress du concours, de la violence des doublants et des week-ends d’intégration. « J’avais l’impression d’être sur une autre planète, c’était horrible. Chacun pour soi, on redoutait les doublants qui volaient les cours. C’est hyper angoissant et dévalorisant. » Et Des jeunes dont les freins et les motifs d’arrêt sont nombreux : Des études qui empêchent de vivre comme des jeunes, qui fatiguent et qui empêchent de s’affirmer par rapport aux parents ; « Je ne voyais plus personne alors que tous mes amis s’amusaient. En plus on ne peut pas travailler, on reste dépendant des parents, on peut pas s’affirmer. J’étais épuisée, fatiguée, je travaillais tout le temps. » Une pression parfois insoutenable qui stresse et angoisse et des notations qui font perdre confiance en soi ; « Je n’ai pas tenu, c’est trop stressant, ça m’a gâché une année entière. » « Je me sentais nulle par rapport aux autres, j’ai douté pendant longtemps de moi après. » Accentué par Un implicite pesant sur le savoir à acquérir en première année avec le sentiment d’apprendre des matières inutiles et éloignées des centres d’intérêt de ces étudiants => des études sources d’une importante frustration intellectuelle « Pourquoi faire de la mécanique ? de la chimie ? Si ce n’est pour nous sélectionner. » « On comprend pas pourquoi on fait telle ou telle matière, c’était ridicule. » Le rôle et la place du médecin généraliste en France 41 Deux motifs majeurs de renoncement aux études de médecine … mais aussi des angoisses par rapport aux conditions d’exercice de la médecine Mais aussi des freins ultérieurs liés à la profession elle-même, des angoisses plus profondes qui mettent en évidence les cristallisations et les fantasmes autour du métier de médecin généraliste d’où la nécessité de communiquer pour l’inscrire dans le réel. Un surplus de responsabilités, un « droit » de vie et de mort sur des humains qui fait très peur « De toute façon les responsabilités sont trop fortes et trop lourdes à porter. » « J’ai réalisé que j’avais peur de la mort. » « Poser un diagnostic, expliquer au patient ce qu’il a, me semblait au-dessus de mes forces. » La peur de l’impuissance et de ne pas savoir prendre sur soi la souffrance de l’autre « J’aurais peur de ne pas savoir faire abstraction de la souffrance des autres. » « Supporter le mal-être des gens, c’est trop difficile. » Mais aussi Des angoisses par rapport à l’activité libérale « Etre à son compte est très difficile, je ne sais pas si je m’en serais sortie. » Et surtout, Le sentiment que la vie professionnelle prend le pas sur la vie familiale « Pas de vie de famille, pas de vie sociale, non merci ! » « On a pas le temps d’être en couple, d’avoir des enfants. » Et Le rôle et la place du médecin généraliste en France 42 Deux critiques majeures pour les MG Une première année difficile et peu motivante Un sentiment de contrainte extrêmement fort lié aux études : des études perçues chronophages qui demandent beaucoup trop de sacrifices et détériorent les relations sociales de l’étudiant ainsi que son mûrissement personnel. « Ce sont des études très difficiles, très longues, ce sont des sacrifices perpétuels. » « Il y a énormément de concessions à faire, c’est très chronophage, on se voit pas grandir, on ne se développe pas normalement. » Une critique acerbe sur le manque d’informations généralisé sur l’organisation des études … … sur le cursus et sur la difficulté des études ; « On ne sait pas dès le début dans quoi on s’embarque, on ne sait rien. » « On ne sait pas comment ça va se dérouler, on est vraiment tout seul. » … sur le pourquoi du par cœur, du concours, de la présence de certaines matières au détriment de la médecine en tant que telle et perçue comme abordée trop tard dans le cursus. « On ne sait pas pourquoi on doit apprendre tous ces trucs par cœur qui ne nous serviront à rien. » « On ne fait pas assez de médecine, il y a un implicite sur le savoir. » Et surtout Le rôle et la place du médecin généraliste en France 43 Deux critiques majeures pour les MG Une absence d’enseignement de la médecine générale Un regret par rapport au manque de spécialisation « médecine générale » : Le sentiment de se former seul sur le terrain qui conduit à un décalage important entre le métier imaginé et sa réalité … « Il y a pas vraiment de terrain, notamment chez les praticiens : on se débrouille tout seul pour apprendre ce qui se passe sur le terrain. » « Ce ne sont pas des études de terrain … on se fait une image qui n’a rien à voir avec la réalité. » Le sentiment de ne pas aborder la médecine réelle, pratique, quotidienne mais d’aborder les pathologies dans leurs exceptions et non pas dans leur généralité. « On ne fait jamais rien de transversal, on fait toutes les spécialités et après on nous dit qu’on est généraliste, ce sont des études inadaptées à la médecine générale, on apprend toutes les exceptions sans jamais aborder une vision globale des choses. » Avec enfin Une critique globale sur le manque de pédagogie des professeurs : Le sentiment que les professeurs ne sont pas des pédagogues mais qu’ils sont là par stratégie et calculs carriéristes. « Les cours sont mauvais : les profs ne sont pas des pédagogues, les vrais profs, ce sont ceux qui nous encadrent pendant les stages. » « Les profs sont là par stratégie, c’est politique d’être prof à la fac, surtout pour les spécialistes. » Le rôle et la place du médecin généraliste en France 44 Les études de médecine … en bref POUR LES JEUNES QUI ONT RENONCE ou ABANDONNE Des études anxiogènes jugées inaccessibles tant sur le plan personnel, intellectuel que social (coût des études) et entraînent un phénomène important d’auto-censure, de renoncement et d’abandon. De plus Des angoisses par rapport à l’exercice de la profession sont aussi une des causes majeures de ce phénomène => une nécessité impérieuse de communiquer sur le métier de généraliste en 2008. POUR LES INTERNES ET LES GENERALISTES Des études certes perçues valorisantes mais très mal jugées de l’intérieur tant sur les sacrifices qu’elles demandent que sur leur qualité perçue : un manque de contact avec le terrain et une spécialité de médecine générale réduite à portion congrue. ⇒Autant d’éléments qui expliquent le manque d’attractivité des études / du métier du médecin Le rôle et la place du médecin généraliste en France 45 C – La fin des études de médecine Deux choix cruciaux : le choix de la spécialité et l’installation Le rôle et la place du médecin généraliste en France 46 Le choix de la spécialité : les inconvénients de la médecine générale Question : Pourquoi selon vous certains de vos amis étudiants en médecine qui en auraient eu la compétence ont-ils finalement choisi de ne pas devenir médecin généraliste ? (QM22) Médecins Médecins Base : Ensemble Médecins (503) 71% Pour une meilleure qualité de vie Parce que le prestige du métier de généraliste n’est plus celui qu’il fut 45% 40% Parce qu’ils étaient plus attirés par une spécialité Parce que la pression administrative est plus forte pour les généralistes que les spécialistes 38% 36% Parce qu’ils voulaient gagner plus d’argent Parce qu’il y a une trop grande diversité de connaissances médicales à avoir (nsp) - 25 à 34 ans : 57% - 25 à 34 ans : 53% - Exerçant en cabinet : 40% - Exerçant en cabinet : 38% 18% Parce que la relation avec les patients ne leur paraissait pas intéressante (Autres) - Homme : 73% - Exerçant en cabinet : 74% 11% 2% 1% Total supérieur à 100 car plusieurs réponses possibles Le rôle et la place du médecin généraliste en France 47 L’installation : une étape qui fait peur Des internes très angoissés à l’idée de s’installer Une étape assez abstraite que l’on ne franchit pas facilement = une étape relativement dramatisée. L’attente personnelle de se sentir confiant en soi ; « Avant de me lancer, j’attendrai de me sentir confiant sur ma pratique et de savoir ce que je veux » « Il faut sentir qu’on atteint sa maturité de médecin et que l’on a plus les angoisses du diagnostic. » L’importance d’avoir accompli ce qu’on « avait à faire » avant « l’aliénation » pour plusieurs décennies aux patients ; « Il faut aussi que l’on soit prêt à s’aliéner à un lieu, à des patients. » « Il faut avoir réalisé les voyages et tout ce qu’on avait envie de faire avant, parce qu’après il faudra attendre la retraite. » Avec Des peurs sous-jacentes assez présentes mais peu dites => la relation et la confrontation avec le patient Et Une gestion libérale qui semble très difficile Une dimension perçue très contraignante et très angoissante qui se rajoute aux responsabilités intrinsèques du métier « C’est la gestion d’une petite entreprise, c’est vraiment pas facile à gérer en plus des patients et des problèmes. » « On se demande si on va y arriver, j’imagine que c’est hyper dur et très prenant. » Le rôle et la place du médecin généraliste en France 48 La fin des études de médecine … en bref Un choix de se tourner vers une spécialité autre que la médecine générale lié à une moindre qualité de vie perçue en tant que généraliste. L’installation, une étape qui est très anxiogène et « engageante ». Là encore, des internes peu informés de la réalité de cette étape. ⇒ Des freins liés avant tout à une méconnaissance et une vision dramatisée du métier de médecin généraliste. Et Des perspectives d’évolution de carrière en tant que MG peu valorisées lors des études et qui restent insoupçonnées pour les internes. Pourtant de réelles possibilités s’offrent aux généralistes. Le rôle et la place du médecin généraliste en France 49 Les raisons de choisir médecine générale De multiples possibilités d’évolution … En spontané cet aspect constitue un des avantages majeurs des généralistes par rapport aux spécialistes, qui, d’après eux restent cantonnés à un seul domaine de compétence. De nombreuses possibilités offertes : Diversifier leur activité : homéopathie, psychothérapie, nutrition ; Réorientation professionnelle : conseil, salariat dans une grande entreprise, engagement humanitaire. « On a la possibilité de changer, d’évoluer, on a beaucoup de possibilités en fait. » … méconnues des internes Un métier pour lequel on ne perçoit pas d’évolutions de carrière sans que ce soit un problème. « Il n’y a pas de réelle évolution, à part pour les spécialistes. » Des éléments qui constituent autant d’arguments à communiquer pour le choix de la médecine générale, d’autant plus que les internes ne perçoivent pas complètement toutes les possibilités offertes par le métier de médecin généraliste. Le rôle et la place du médecin généraliste en France 50 IV Les conditions d’exercice Le rôle et la place du médecin généraliste en France 51 Des médecins satisfaits de leur exercice professionnel Question : Par rapport à votre exercice professionnel, diriez-vous que vous êtes … : (QM11) Médecins Médecins Base : Ensemble médecins (503) ST Insatisfait 18% Plutôt mécontent 16% Très mécontent 2% Sur leur métier, les MG, jeunes et plus âgés, ont une image positive de leur propre profession et aucun, malgré les difficultés rencontrées, ne regrette d’avoir choisi celle-ci. Très satisfait 18% « C’est un beau métier … c’est toujours un beau métier même aujourd’hui » ST Satisfait 82% Plutôt satisfait 64% Femme : 91% 25 à 34 ans : 93% 35 à 49 ans : 87% Avec … Le rôle et la place du médecin généraliste en France 52 Les éléments les plus importants dans l’activité d’un médecin Question Grand Public. Selon vous qu’est-ce que les médecins généralistes trouvent le plus important dans l’exercice de leur métier ? (Q20) Question. Et lequel de ces aspects est pour vous le plus important dans l’exercice de votre métier? (QM16) Base : Ensemble Grand public (1004) / Base : Ensemble des médecins (503) 54% La relation avec les patients L'épanouissement personnel du médecin et de sa famille 23% 24% 16% Le statut social conféré par ce métier (Autres) (NSP) - Femme : 44% - 25 à 34 ans : 51% -Exerçant en banlieue pavillonnaire : 50% - Effectuant régulièrement des visites à domicile : 19% - Exerçant dans une petite ville de province : 24% 43% L’utilité sociale du métier Le revenu retiré de l'activité - 15 à 24 ans : 34% 35% La possibilité d’exercer le mieux possible cette discipline L’environnement géographique du médecin - Femme : 60% 35% 8% 17% - 15 à 24 ans : 53% - Bac et + : 48% - Agglo parisienne : 49% - Commune rurale : 24% 2% 25% - Homme : 30% 1% 24% - Bac et + : 26% 1% 1% Grand Public Médecins 3% 2% Total supérieur à 100% car plusieurs réponses possibles Le rôle et la place du médecin généraliste en France 53 Les 3 pôles de la satisfaction 3 grands pôles dans la construction de la satisfaction d’un médecin généraliste 1 - La relation avec les patients 2 - L’épanouissement personnel du médecin et de sa famille 3 - La possibilité d’exercer le mieux possible la médecine Dans le détail … Le rôle et la place du médecin généraliste en France 54 1 - La relation avec les patients vécue par les MG Des relations en pleine évolution Des MG installés qui déclarent avoir de bonnes relations avec leurs patients et les médecins les plus âgés de préciser qu’une patientèle se façonne, se construit en plusieurs années et au final elle correspond au caractère de chaque médecin et est à l’image de sa façon de travailler. « On a la patientèle qu’on mérite. » « Forcément je m’entends bien avec mes patients, ceux avec qui je ne m’entendais pas, ils ne sont pas revenus ! » Avec effectivement Des relations qui ont fortement évolué dernièrement, l‘apparition d’Internet constituant un des déclencheurs : des MG qui font fassent à un double phénomène : D’une part les patients sont de plus en plus experts et possèdent eux-aussi une certaine connaissance médicale = 31% des français ont déjà fait des recherches sur Internet ou dans de la documentation médicale avant ou après avoir eu le diagnostic d’un médecin pour s’assurer de celui-ci. D’autre part, la figure du médecin a évolué, il est désormais accessible et peut subir la contradiction. = 24% des français ont déjà contesté le diagnostic ou le traitement que lui avait fourni son médecin. « L’avis d’un médecin, ce n’est pas l’avis de Dieu non plus, et j’espère que les médecins savent s’adapter à ça » Toutefois Le rôle et la place du médecin généraliste en France 55 1 - La relation avec les patients vécue par les MG Une désacralisation de la parole médicale qui est jugée salvatrice et enrichissante pour toutes les parties, les patients comme les médecins. « On est juste une voix, un avis parmi tant d’autres, on ne considère pas que notre avis peut être vraiment respectable, ça me parait pas anormal d’aller vérifier sur Internet. » « Aujourd’hui les gens cherchent, ils savent, et quand tu te plantes ils le savent, avant ils ne savaient … » Et Pour tous les médecins interrogés, il est désormais indispensable d’user de pédagogie, de transparence et de sincérité avec les patients. « Moi je me pose aussi comme un patient potentiel, il faut expliquer les choses, se justifier, donner tous les éléments possibles. » Pour autant, en dehors de ce phénomène, des MG qui ont l’impression de se diriger vers une relation de prestation de service où le médecin répond à un besoin circonscrit et ponctuel alors même qu’ils aspirent à une médecine holistique et préventive = un phénomène principalement urbain (groupe 1) mais les médecins de zones rurales en connaissent les premiers symptômes. « Y’a plus de jeunes qu’avant dans la commune, ils appellent, ils veulent un rendez-vous tout de suite, après je ne vais plus jamais les revoir, ils viennent, ils prennent, ils repartent » Malgré les dernières évolutions, des relations avec les patients largement positivées par les généralistes. Le rôle et la place du médecin généraliste en France 56 1 - La relation avec les patients imaginée par les internes Les internes malgré leurs motivations à soigner et à aider sont méfiants vis-à-vis des patients. Leur méfiance est double : d’un côté ils ont peur que les patients soient difficilement gérables, exigeants et réclamant des soins particuliers mais ils sont en même temps méfiants vis-à-vis des informations que détiennent les patients sur les pathologies, informations susceptibles de remettre en cause les connaissances du jeune médecin. Et De façon globale, les patients sont perçus comme « à éduquer » tant sur la prévention que sur le rapport aux médecins : « Notre travail avec les patients, c’est aussi de leur dire, de les éduquer et leur apprendre à suivre les recommandations, la prévention. » Une relation ambiguë caractérisée par un attrait-rejet du patient et qui témoigne de la peur des internes devant leurs responsabilités de soignant. Le rôle et la place du médecin généraliste en France 57 2 - L’épanouissement personnel des médecins généralistes Des valeurs qui ont changé Une relation au travail qui s’est profondément transformée = Des MG qui refusent de se laisser phagocyter par leur vie professionnelle et qui clivent vie privée et vie professionnelle. « Mon père était médecin, mais il l’était 24h/24h, à la maison tout tournait autour de ça d’ailleurs le numéro de téléphone de la maison et celui du cabinet, c’était le même … bon moi il est hors de question que j’exerce comme ça. » De jeunes médecins (jeunes) qui arrivent avec cette nouvelle culture (tant les femmes que les hommes) Et Des médecins plus âgés (groupe 2) qui se sont fait l’écho de l’évolution du temps de travail et du développement des loisirs. « Les 35 heures ont aussi changé beaucoup de choses … je bossais pas mal et je voyais mes patients qui travaillaient, étaient frais et dispos et qui gagnaient autant … ça a été un déclic, à quoi ça sert de travailler autant … depuis je ferme un jour par semaine et depuis peu j’ai pris un associé pour avoir un peu plus de temps » « Maintenant même si je n’ai pas de remplaçant, je ferme ! Moi aussi j’ai le droit de prendre des vacances. Associé à Le rôle et la place du médecin généraliste en France 58 2 - L’épanouissement personnel des médecins généralistes Des changements réglementaires majeurs (et appréciés) Les vacances et le temps libre : la possibilité de fermer le cabinet sans l’obligation de trouver un remplaçant constitue une des mesures qui a le plus amélioré la vie des médecins. « Je prenais très peu de vacances car c’était très dur de trouver un remplaçant … ça m’a changé la vie que ce ne soit plus obligatoire. » « Y’ a des années où j’ai dû annuler mes vacances car mon remplaçant me plantait deux jours avant mon départ et j’étais obligé de laisser mon cabinet ouvert. » Les gardes et les astreintes : leur suppression en 2003 est aussi une mesures très populaire auprès des participants interrogés. Enfin Les visites à domicile : une diminution importante très appréciée induite par l’évolution des quotations. « Moi je ne fais quasiment plus de visites, c’est quand même beaucoup plus confortable de rester au cabinet, on perd beaucoup moins de temps » Le rôle et la place du médecin généraliste en France 59 2 - L’épanouissement personnel des médecins généralistes Une évolution des attitudes qui a un impact sur les comportements Nombre de ces médecins cherchent à s’associer (les médecins les plus âgés qui possèdent déjà un cabinet) ou bien à monter un cabinet de groupes (jeunes médecins) : En déclaratif, la raison principale est de permettre de dégager du temps libre, de faciliter l’organisation des vacances. « Moi je me suis installé en groupe, c’était le seul moyen de ne pas être à plein temps » Mais Pour les jeunes médecins, il y a un motif latent assez fort : rompre la solitude de l’exercice, l’installation en groupe leur donne l’illusion de pouvoir la dépasser. « On est très seul c’est quand même un exercice très solitaire et en cabinet de groupe, c’est mieux … » « Je me sens extrêmement seul à la fin de la journée, on voit plein de gens dans la journée, mais on est obligé de garder une barrière en fait. » Des généralistes qui subissent un rythme de travail très stressant mais qui refusent d’être asservis à leur activité et qui pour la plupart parviennent à avoir une vie privée épanouie. Le rôle et la place du médecin généraliste en France 60 2 - L’épanouissement personnel imaginé par les internes Pour les internes : des conditions d’exercice imaginées difficiles et contraignantes Un métier chronophage en soi : Tant du fait des patients (visites à domicile, obligation de suivi, heures sup, urgence) que des contraintes administratives. « On passe un temps fou ; il ne faut pas partir en vacances, pas être malade et puis quand il n’y a plus les patients, il y a la paperasse. » « Les horaires, c’est très compliqué : les visites à domicile, ce n’est pas rentable. C’est les heures sup, les urgences, les gardes, la surcharge de travail … » Une coalition vie privée / vie professionnelle perçue difficile voire impossible du fait d’une obligation de suivi imputable à une conscience professionnelle très forte : Ne pas prendre des vacances, ne pas être absent : une obligation éthique intrinsèque au métier « C’est très difficile de partir en vacances ou d’être absent. En gros, on peut pas être malade. C’est par obligation de soin qu’on le fait. » « Si on a des suivis à faire, des patients très malades, on peut pas les laisser comme ça, c’est pas humain, c’est notre rôle. » Une vision décalée et négative par rapport à la réalité qui met une fois de plus en évidence leur manque de connaissances du milieu professionnel => une autre clé d’explication du manque d’attractivité Le rôle et la place du médecin généraliste en France 61 3 - Exercer le mieux possible la médecine D’importantes améliorations de la qualité de la médecine pratiquée En 20 ans un métier qui a beaucoup changé et des MG dont les connaissances et les compétences techniques se sont beaucoup améliorées. Des MG qui s’estiment eux-mêmes beaucoup plus qualifiés qu’auparavant = une opinion partagée tant par les jeunes médecins que les médecins plus âgés. « Y’a 20 ans quand tu diagnostiquais une hypertension, tu ne faisais pas les bilans qu’on fait aujourd’hui. » Une amélioration de la qualité des actes qui est accentuée par les nouvelles exigences des patients = un aspect positif pour tous les médecins. « Il ne se creusait pas, c’était au ras des pâquerettes, les exigences augmentent beaucoup plus rapidement, le patient va voir aux infos que tel médicament ne sert à rien… » Et De jeunes médecins qui aspirent à faire une médecine différente moins quantitative et plus qualitative. « Les jeunes médecins … ils veulent faire de la belle médecine, ils n’acceptent pas de travailler en 10 minutes pour un patient, ils veulent prendre le temps » Le rôle et la place du médecin généraliste en France 62 3 - Exercer le mieux possible la médecine Appréciation du rapport Médecin – Patient Question. A partir de votre propre expérience des médecins généralistes, que pensez-vous du rapport qu’ils ont avec leurs patients ? (Q22) Base : Ensemble Grand Public (1004) Grand Grand Public Public Diriez-vous qu’ils … Oui Non … sont à l’écoute des problèmes des patients (nsp) 83% 16% 1% 15 à 24 ans : 91% … sont globalement très attentifs à leurs patients 79% … expliquent de façon claire, détaillée et compréhensible les pathologies aux patients 20% 67% 1% 32% 1% 50 à 49 ans : 72% / Inf. au Bac : 71% … consacrent suffisamment de temps à chaque patient 61% 37% 2% 65 ans et + : 67% … reconnaissent sans trop de difficulté à leurs patients leurs éventuelles erreurs de diagnostics ou de prescriptions ainsi que celles de leurs collègues 35% 55% 10% 15 à 24 ans : 51% Le rôle et la place du médecin généraliste en France 63 3 - Exercer le mieux possible la médecine Améliorations attendues par les patients Question. A partir de votre propre expérience, quels seraient parmi les aspects ci-dessous, ceux sur lesquels les médecins généralistes devraient le plus s’améliorer ? (Q21) Grand Grand Public Public Base : Ensemble Grand Public (1004) Le temps d’attente dans le cabinet ou l’hôpital (le respect de )l’horaire de rendez-vous 48% 30% Le temps accordé à chaque patient lors de la consultation L’accueil des patients et leur écoute 19% 18% L’humanité du médecin, son dévouement et sa disponibilité 14% L’efficacité des soins qu’ils vous ont prodigués - 15 à 24 ans : 41% - Commune rurale : 23% - 65 ans et + : 29% - 50 ans et + : 19% 12% La compétence technique (NSP) - Femme : 33% - Bac et + : 36% 23% Le prix de la consultation (Autres) - Femme : 36% - 25 à 34 ans : 44% - Agglo parisienne : 42% 33% Le délai d’attente demandé entre l’appel et la fixation du rendez-vous - 15 à 24 ans : 61% - Agglo parisienne : 55% 1% 3% Total supérieur à 100% car plusieurs réponses possibles Le rôle et la place du médecin généraliste en France 64 3 - Exercer le mieux possible la médecine Un rythme de travail très soutenu Des médecins qui ont conscience que les conditions de réception des patients ne sont pas optimales et que le temps qu’ils peuvent leur consacrer est limité. Mais Le rythme de la journée, la succession des patients, la salle d’attente qui se remplit ne leur permettent pas de répondre aux attentes des patients dans les délais. « … la contrainte de temps, le temps n’est pas extensible, la consultation des fois pourrait être très courte et des fois très longue, il y a le tic tac et il faut avoir la notion du temps tout le temps autrement ça dérape et on se retrouve souvent débordé ! » A Paris = un phénomène qui paraît encore plus fort Au final Si le manque de médecins est une des causes de cette surcharge, pour eux c’est avant tout le mode de rémunération (à l’acte) qui induit aussi largement de limiter le temps passé avec chaque patient. « Si on veut gagner notre vie on ne peut pas passer 20 minutes avec chaque patient … c’est vrai qu’ils doivent avoir l’impression des fois qu’on les expédie. » Si la rémunération n’est pas vue comme primordiale dans la motivation à exercer médecin généraliste ou la pratique au quotidien, elle reste importante pour 63% des médecins généralistes. Aussi Le rôle et la place du médecin généraliste en France 65 3 - Exercer le mieux possible la médecine C’est une préoccupation quotidienne importante dans la mesure où les MG perçoivent une diminution de leur niveau de vie et du temps consacré à chaque patient. Un système de rémunération à l’acte qui induit une approche quelque peu quantitative des visites, en l’occurrence cela leur apparaît assez frustrant d’un point de vue personnel et peu compatible avec leurs obligations règlementaires (dépistage, prévention). « Les médecins d’aujourd’hui n’ont pas les mêmes besoins ni demandes, c’est sûr que le mode de paiement va être remis en cause. » Au final Des médecins qui n’ont pas l’impression d’être rémunérés à la hauteur de leur travail en particulier sur le travail de dépistage pour lequel les MG n’ont pas de contrepartie financière et qui est souvent agrégé à une autre consultation. « Quand on fait du dépistage, y’ a aussi plein de courriers à envoyer, de papiers à remplir, ça prend beaucoup de temps et on ne reçoit rien pour ça. » D’après ces MG, une réforme de la rémunération paraît urgente avec la nécessité de forfaitiser certains actes notamment le dépistage. Cela permettrait de revaloriser la profession par rapport aux spécialistes. Le rôle et la place du médecin généraliste en France 66 Les conditions d’exercice … en bref Des médecins qui aiment leur travail et qui en sont globalement satisfaits. Ils pensent tous entretenir de bonnes relations avec leurs patients et cela constitue un motif de satisfaction majeur. L’épanouissement personnel est considéré comme très important par les médecins généralistes et à ce titre de nombreuses évolutions tant réglementaires (visites, gardes et astreintes) que personnelles leur ont permis de réduire avantageusement leur temps de travail afin de ne plus sacrifier leur vie privée. Mais Les généralistes estiment que les conditions de réception des patients ne sont pas optimales (attente des patients, durée limitée des consultations) et leur salle d’attente sont souvent pleines. Cette surcharge est extrêmement stressante par le rythme de travail qu’elle impose mais surtout s’avère très frustrante d’un point de vue personnel. Enfin la rémunération qui a une relative importance constitue aussi un motif d’insatisfaction. Le système actuel leur semble injuste car il ne rémunère que partiellement leur activité, ainsi le dépistage n’est pas rémunéré car souvent intégré à une autre consultation. Le rôle et la place du médecin généraliste en France 67 V Conclusions Le rôle et la place du médecin généraliste en France 68 Les principaux enseignements La santé est un des domaines prioritaires pour les Français. Les médecins sont, selon les Français, les acteurs les plus déterminants d’un système de santé qui fonctionne bien. Les médecins incarnent aujourd’hui la profession la plus prestigieuse, nettement devant les enseignants, les infirmières et les chefs d’entreprise. Et ce, même si 1 Français sur 2 estime que le prestige des médecins généralistes s’est détérioré depuis ces dix dernières années. De plus, les médecins généralistes bénéficient d’une très bonne image auprès des Français. Ces derniers en ont conscience et sont par ailleurs très satisfaits d’exercer leur métier. Pour autant Les Français sont peu nombreux à souhaiter que leurs enfants suivent des études de médecine. Ils n’envisagent guère d’exercer le métier de médecin et parmi ceux qui l’avaient imaginé, la plupart a très vite abandonné l’idée. D’ailleurs, la moitié des médecins eux-mêmes ne conseillerait pas à leurs enfants de les imiter. Trois raisons expliquent ce paradoxe. Le rôle et la place du médecin généraliste en France 69 Les principaux enseignements 1. Les études sont un frein majeur à l’engagement en médecine tant celles-ci sont sélectives, angoissantes et longues (freins pour les jeunes issus de milieu défavorisé). De plus, l’enseignement des premières années se révèle extrêmement frustrant, car jugé trop déconnecté des matières médicales, et pousse à l’abandon. 2. Les Français dramatisent le métier de médecin généraliste en exagérant les capacités personnelles (responsable, empathique, sûr de soi, …) requises pour exercer ce métier et les conditions d’exercice de celui-ci qui laisseraient une place très limitée à la vie personnelle. 3. Des difficultés quotidiennes réelles en termes d’investissement dans son métier comparé à sa rémunération. En effet, le mode de rémunération à l’acte incite le médecin à limiter le temps passé avec un patient lors d’une consultation. Ainsi, les médecins généralistes peuvent être amenés à faire un choix entre leur revenu et la qualité de leur travail, notamment dans le cas de prévention ou de dépistage. Le rôle et la place du médecin généraliste en France 70 VI Recommandations Le rôle et la place du médecin généraliste en France 71 1 – Les études Des études jugées trop longues et trop chères. Des études jugées trop sélectives, trop angoissantes, trop dures qui génèrent de l’auto exclusion. Des études jugées frustrantes du point de vue de l’enseignement médical. Rappeler que l’entrée dans le monde du travail se fait dès l’internat. Augmenter les allocations de bourses pour les étudiants des milieux les plus défavorisés afin de faciliter leur indépendance. Rassurer sur les capacités intellectuelles et culturelles nécessaires pour faire médecine. Ouvrir le numerus clausus ? Aborder plus frontalement les disciplines médicales dès la première année. Concentrer les évaluations sur les disciplines médicales. Le rôle et la place du médecin généraliste en France 72 2 – La dramatisation de l’exercice médical Surévaluation du sacrifice demandé par le métier => Des médecins imaginés prêts à se sacrifier (don de soi) pour les autres et qui déploient d’importantes capacités d’empathie. Des médecins qui supportent d’importantes responsabilités. Surévaluation des conditions d’exercice et du temps passé en cabinet. Une image fausse par rapport au quotidien des MG qui pensent largement à eux et à leur vie personnelle => Communiquer sur la qualité de vie des MG. Œuvrer au niveau législatif pour limiter leurs responsabilités, éviter que la santé ne devienne malade de la justice. Favoriser la coopération médicale et partager les diagnostics. Communiquer sur les dernières dispositions règlementaires : garde, astreinte, visite, fermeture du cabinet. Améliorer la qualité de vie des médecins généralistes en favorisant les cabinets de groupe. … Le rôle et la place du médecin généraliste en France 73 3 – Les conditions d’exercice Faciliter l’implantation quotidien du métier et l’exercice Limiter et simplifier les démarches administratives. Favoriser les cabinets de groupe et les maisons de professionnels de santé en zones démédicalisées. Un rapport patient-médecin qui évolue vers des logiques consuméristes et de rentabilité Repenser le mode de rémunération Rémunérer la prévention et le dépistage. Le rôle et la place du médecin généraliste en France 74 Annexe Incitation à l’installation en zones démédicalisées Le rôle et la place du médecin généraliste en France 75 Opinion sur la dispersion géographique des généralistes Question : . Voici un certain nombre d’opinions que l’on peut entendre à propos des médecins généralistes. Pour chacune d’entre elles dites-moi si elle correspond ou non à l’idée que vous vous faites des médecins généralistes : (Q19) Grand Grand Public Public % Oui Base : Ensemble Grand Public (1004) Les médecins généralistes… … sont trop nombreux en centre-ville et pas assez en banlieues et en zones rurales 87% …suivent des études si longues qu’ils ne peuvent commencer à travailler avant la trentaine 82% … exercent avant tout leur métier par vocation plutôt que par intérêt égoïste 79% …ont des niveaux de revenus très différents selon leur spécialité 78% 69% … gagnent très bien leur vie …doivent se durcir afin de ne pas être trop sensibles aux problèmes et douleurs de leurs patients 50% Le rôle et la place du médecin généraliste en France 76 Changement éventuel de zone d’exercice Médecins Médecins Question : Et accepteriez-vous d’exercer à l’avenir … (QM10) Base : Ensemble Médecins (503) S/T Oui dans une petite ville de province 35% 35% 6% S/T Non 70% 24% 30% 25 à 34 ans : 79% / Actuellement dans une petite vielle de province : 92% / Exerçant en cabinet individuel : 65% 36% en zone rurale 22% 14% 58% 28% 42% Actuellement en zone rurale : 93% 33% en centre ville 17% 13% 36% 1% 50% 49% Femme : 59% / Exerçant en hôpital : 66% / Vivant en couple : 63% / Actuellement en centre ville : 93% en banlieue pavillonnaire 17% 33% 14% 35% 1% 50% 49% 25 à 34 ans : 74% / 35 à 49 ans : 56% / Actuellement en banlieue pavillonnaire : 96% / Actuellement dans une cité populaire : 72% en banlieue, dans une cité populaire 11% 24% 16% 48% 1% 35% 64% 25 à 34 ans : 54% / Actuellement dans une cité populaire : 88% / Actuellement en banlieue pavillonnaire : 47% Oui, certainement Oui, probablement Non, probablement pas Non, certainement pas Le rôle et la place du médecin généraliste en France (nsp) 77 Opinion sur les mesures évoquées Question : Voici quelques-unes des mesures évoquées pour que les jeunes médecins exercent dans les zones démédicalisées. Pour chacune d’elles, dites-moi si elle vous semble assez convaincante ou peu convaincante? (QM24) Médecins Médecins Base : Ensemble des médecins (503) Favoriser la mise en place en place, dans les zones démédicalisées, des « maisons de professionnels de santé » * 89% 11% Femme : 93% / 25 à 34 ans : 97% / Exerçant en hôpital : 98% Développer la collaboration libérale et le travail en réseau 79% 20% 1% Femme : 91% / 25 à 34 ans : 91% 75% Favoriser l’exercice du temps partiel 24% 1% Femme : 84% / 25 à 34 ans : 84% / 35 à 49 ans : 80% Mettre à disposition un local professionnel par la municipalité 74% 26% Exerçant en hôpital : 88% / Exerçant en centre vile : 80% Accorder une prime à l’installation pour les médecins s’installant en zones démédicalisées 64% 36% Femme : 69% / 25 à 34 ans : 78% / Exerçant en hôpital général : 82% Favoriser l’exercice en lieux multiples (dans plusieurs lieux ou sites différents) * … regroupant en un même lieu médecins, 62% Assez convaincante 36% 2% Peu convaincante infirmiers, kinés, etc. Le rôle et la place du médecin généraliste en France 78 Opinion sur les mesures évoquées Question : Voici quelques-unes des mesures évoquées pour que les jeunes médecins exercent dans les zones démédicalisées. Pour chacune d’elles, dites-moi si elle vous semble assez convaincante ou peu convaincante? (QM24) Médecins Médecins Base : Ensemble des médecins (503) Faciliter la délégation de tâche (délégation d’actes médicaux aux professionnels paramédicaux) 60% 38% 2% 25 à 34 ans : 73% Accorder des bourses d’études aux étudiants, en échange d’un engagement à rester exercer dans le secteur pendant quelques années 52% 48% 50 à 64 ans : 56% / Exerçant en hôpital général : 70% Ne pas prendre en charge une partie des cotisations sociales des médecins s’installant dans une zone surmédicalisée 43% 55% 2% 56% 2% 35 à 49 ans : 48% / Exerçant en hôpital général : 61% Majorer de 20% les actes médicaux et consultations pour les médecins installés en groupe 42% 25 à 34 ans : 61% / Exerçant en cabinet de groupe : 56% Déconventionner les médecins qui s’installeraient dans des secteurs déjà surmédicalisés 24% 75% 1% 50 à 64 ans : 27% Imposer aux jeunes médecins une affectation autoritaire pendant leurs dix premières années d’exercice 10% 90% 50 à 64 ans : 14% / Exerçant en cabinet : 11% Assez convaincante Peu convaincante Le rôle et la place du médecin généraliste en France 79 Opinion sur les mesures évoquées - Récapitulatif - Question : Voici quelques-unes des mesures évoquées pour que les jeunes médecins exercent dans les zones démédicalisées. Pour chacune d’elles, dites-moi si elle vous semble assez convaincante ou peu convaincante? (QM24) % Assez convaincante Base : Ensemble des médecins (503) Médecins Médecins Favoriser la mise en place en place, dans les zones démédicalisées, des « maisons de professionnels de santé » regroupant en un même lieu médecins, infirmiers, kinés, etc. 89% 79% Développer la collaboration libérale et le travail en réseau 75% Favoriser l’exercice du temps partiel 74% Mettre à disposition un local professionnel par la municipalité 64% Accorder une prime à l’installation pour les médecins s’installant en zones démédicalisées 62% Favoriser l’exercice en lieux multiples (dans plusieurs lieux ou sites différents) Faciliter la délégation de tâche (délégation d’actes médicaux aux professionnels paramédicaux) 60% Accorder des bourses d’études aux étudiants, en échange d’un engagement à rester exercer dans le secteur pendant quelques années 52% Ne pas prendre en charge une partie des cotisations sociales des médecins s’installant dans une zone surmédicalisée 43% 42% Majorer de 20% les actes médicaux et consultations pour les médecins installés en groupe 24% Déconventionner les médecins qui s’installeraient dans des secteurs déjà surmédicalisés Imposer aux jeunes médecins une affectation autoritaire pendant leurs dix premières années d’exercice 10% Le rôle et la place du médecin généraliste en France 80 Eventualité d’un déménagement en zone démédicalisée Question : Si les mesures que vous jugez les plus convaincantes étaient effectivement mises en place, pensez-vous que vous pourriez vous-même envisager d’exercer en zone démédicalisée ? (QM25) Base : Ensemble des médecins (503) Médecins Médecins ST Oui 47% 19% ST Non 37% Vivant en couple : 61% 28% 17% Exerçant en centre ville : 51% 20% 15% 1% Certainement Probablement Probablement pas Certainement pas (envisage de toute façon de s'installer dans cette zone / Est déjà installé dans cette zone) (nsp) Le rôle et la place du médecin généraliste en France 81