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Institut International de Recherche en Ethique Biomédicale Les enjeux éthiques éthiques potentiels de la procréation médicalement assistée dans les pays musulmans, cas du Maroc Par Zerradi Mouna Etudiante en Master Physiologie, Biologie Cellulaire et Moléculaire Faculté des sciences Ain Chock Université Hassan II de Casablanca Stage financé par l’IIREB Réalisé au GREME de l’Université Laval Période : du 07 Octobre au 07 Décembre 2008 Co-encadré par Mme Marie Hélène Parizeau de l’Université Laval, Mme Rachida Roky de l’Université Hassan II Casablanca 1 SOMMAIRE Remerciements…………………………………………………….....4 Structure d’accueil…………………………………………………...5 Objectifs du travail…………………………………………………..7 Avant propos………………………………………………………...8 Liste de figures ……………………………………………………...9 Liste des abréviations………………………………………………..9 Introduction…………………………………………………………10 I. Recherche bibliographique……………………………………….11 1. Définition des différentes techniques de procréation médicalement assistée...............................................................11 2. Les techniques de PMA utilisées au Maroc et dans d’autres pays musulmans…………………………………………………….14 3. Les contraintes éthiques de la PMA au Maroc………………15 4. Le point de vue de différentes religions sur les techniques de PMA...........................................................................................16 a. Le Catholicisme…………………………………………16 b. Le Judaïsme……………………………………………..17 c. Le Bouddhisme………………………………………….18 5. Le point de vue de la religion musulmane sur les différentes techniques de PMA……………………………………………18 II. Résultats de l’enquête……………………………………………22 III. Discussion………………………………………………………26 2 IV. Conclusion ……………………………………………………..27 Références bibliographiques………………………………………..28 Annexe : Questionnaire………………………………………..........30 3 REMERCIEMENTS Je tiens à remercier tout d’abord l’IIREB qui sans son aide ce stage n’aurait pas eu lieu, et qui m’a donné l’occasion d’acquérir des connaissances dans le domaine de la bioéthique qui n’est pas aussi développé dans mon pays le Maroc. Je tiens à remercier fortement Mme Marie-Angèle Grimaud coordinatrice de l’IIREB pour son aimable gentillesse, et pour l’accueil qu’elle m’a réservé. Mes vifs remerciements s'adressent à Mme Marie Hélène Parizeau, professeur à la faculté de philosophie de l’université Laval d’avoir acceptée de m’encadrer le long de mon stage, Je vous remercie pour tous vos efforts et vos conseils. Vous trouverez ici l'expression de mon admiration et de ma reconnaissance. Je tiens à remercier Monsieur Louis-Étienne Pigeon, professionnel de recherche, de la Chaire de recherche en bioéthique et éthique de l'environnement, pour son aide et son support tout au long de mon stage. Je tiens à remercier Mme Rachida Roky, professeur à l’université Hassan II de Casablanca, responsable de l’enseignement de bioéthique au département de biologie de la faculté des sciences de Casa, de m’avoir initiée à la bioéthique, et de m'avoir appuyée et encadrée tout au long de ce stage. J’aimerai remercier également Mme Nouzha Guessous Idrissi ex-présidente du CIB à l’UNESCO qui a eu la gentillesse de m’informer de l’existence du concours de bourse et qui a appuyé mon dossier de candidature. Je remercie du fond du cœur toute l’équipe du GREME qui m’a accueilli chaleureusement et qui m’a intégré facilement au sein d’elle. Un grand merci pour tous ceux qui ont contribué de prés ou de loin à la réalisation de ce projet. 4 STRUCTURE D’ACCUEIL GREME Groupe de Recherche en Ethique Médicale et Environnementale La Chaire de recherche du Canada en bioéthique et en éthique de l’environnement Ce groupe de recherche multidisciplinaire à l’Université Laval s’est constitué au début des années 1980, principalement autour de : Marcel Melançon (philosophie), Édith Deleury (faculté de droit), Harry Grantham (faculté de médecine), Bernard Keating (faculté de théologie), Bruno Leclerc (philosophie). La stérilisation des personnes handicapées mentales, puis les techniques de procréation médicalement assistée et la génétique ont occupé les travaux du groupe de recherche. Marie-Hélène Parizeau, professeur à la Faculté de philosophie, coordonne le GREME en 1987 à son arrivée à la faculté de philosophie de l’Université Laval, elle est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en bioéthique et en éthique de l'environnement. Ses formations, en biologie au début de sa carrière, puis en philosophie, lui ont fourni une assise solide pour appréhender de façon critique et originale les problèmes philosophiques, que ce soit: - en bioéthique - en éthique de l'environnement - en philosophie morale La composition des membres a varié à travers le temps. Cependant, la présence croissante d’étudiants gradués fait la force et la vitalité du GREME au fil des recherches subventionnées. En parallèle, le GREME est très actif sur le front de la recherche en génétique, interrogeant en particulier le phénomène des banques d’ADN populationnelles et les risques collectifs liés à la dénomination des communautés ethno-raciales dans les recherches en génomique (collectif avec S. Kash, Néoracisme et dérives génétiques, PUL, à paraître en décembre 2006). 5 La Chaire de recherche du Canada en bioéthique et en éthique de l’environnement est associée dès 2003 aux travaux du GREME, ainsi qu'à ceux de l'IDÉA (Institut d'éthique appliquée). En liant la bioéthique à l’éthique de l’environnement, la Chaire de recherche vise à favoriser au sein de ses recherches, un décloisonnement de l’approche sectorielle en éthique appliquée tant au niveau théorique qu’au niveau pratique. Les thèmes de recherches ont donc un angle d’analyse principal soit en bioéthique, soit en éthique de l’environnement. Cependant, en insérant les dimensions politiques et économiques, les enjeux de la globalisation, voire les rapports nord-sud, les problèmes éthiques acquièrent ainsi une autre dimension philosophique qui induit alors une diversité des réponses pratiques. Voici quelques thèmes étudiés : le réductionnisme scientifique, c’est-à-dire le critère de vérité en science par opposition au critère éthique du bien et le critère de validité scientifique par rapport aux savoirs traditionnels; le réductionnisme génétique et, plus précisément la gestion des banques d’ADN, le projet Cartagène et HapMap; la discrimination génétique, sociale et environnementale et la construction de l’Autre dans la modernité; le transgénisme et le statut éthique de l’être humain et des autres vivants, le principe de précaution dans la décision politique en comparant l’Europe à l’Amérique; l’expérimentation humaine et le consentement chez les populations vulnérables (enfants, personnes âgées). 6 OBJECTIFS DU STAGE Définir les techniques de la procréation médicalement assistée (PMA) utilisées au Maroc et dans d’autres pays musulmans Mettre le point sur les enjeux éthiques de la PMA au Maroc Donner le point de vue des différentes religions sur les aspects de la PMA Ce stage m’a appris beaucoup de choses aussi bien du côté humain que du côté scientifique. D’une part, j’ai pu acquérir de nombreuses connaissances en éthique biomédicale étant donné que le Canada connaît actuellement un essor en matière de bioéthique. D’autre part, j’ai pu découvrir de nouvelles cultures, un nouveau mode de vie et surtout créer de nouveaux liens avec différentes personnes venant des quatre coins du monde. Ce Stage va être d’une grande inspiration pour ma carrière professionnelle. Comme une première action au niveau de ma faculté au Maroc, nous avons crée le Club universitaire de bioéthique. Ce Club a pour objectifs l’animation de débat en bioéthique ainsi que la sensibilisation de l’opinion publique à ce sujet. 7 AVANT PROPOS La maternité est un désir profondément naturel, et devenir parent est une valeur fondamentale et existentielle, à la fois pour l’individu et pour la société dans son ensemble, mais est ce que ce désire doit être réalisable quels que soient les moyens techniques nécessaires ? Est-ce que toute femme a le droit d’être mère en dépit des contraintes éthiques et religieuses que peut poser une technique de procréation médicalement assistée? 8 LISTE DES FIGURES Figure 1 : Transfert de cytoplasme Source : www.telegraph.co.uk Figure 2 : Transfert de noyau Source: Stem ceIl research report LES ABREVIATIONS ADN : Acide désoxyribonucléique ADNmt : Acide désoxyribonucléique mitochondriale ADNn : Acide désoxyribonucléique nucléaire FIV : Fécondation in vitro F.M.R.H : Fédération Marocaine de Reproduction Humaine IA : Insémination artificielle IAC : Insémination artificielle avec sperme du conjoint IAD : Insémination artificielle avec sperme du donneur ICSI : Injection intra-cytoplasmique de sperme NTR : Nouvelle technique de reproduction PMA : Procréation médicalement assistée 9 INTRODUCTION La médecine s’est intéressée de façon croissante au champ de la reproduction humaine et, plus particulièrement, depuis une trentaine d’années. Ce phénomène constitue la médicalisation de la reproduction humaine, de la maternité et de la grossesse. La médecine s’est intéressée également au problème de stérilité, qui se définit généralement comme l’incapacité de procréer ; cette incapacité fonctionnelle se mesure au bout deux ans de rapports sexuels réguliers sans contraception, non suivis de grossesse. Les principales causes de stérilité chez la femme sont la stérilité tubaire suite, par exemple, à une infection (Chlamydia) et la stérilisation volontaire. Chez l’homme, la stérilité est due, souvent, à une azoospermie (absence de spermatozoïdes). Pour lutter contre la stérilité, la médecine a mis au point différentes méthodes et techniques de procréation médicalement assistée qui se sont développées depuis 20 ans de façon exponentielle, mais il reste à savoir les contraintes éthiques et religieuses de ces techniques. Le but de ce projet est de connaître les différentes techniques de procréation médicalement assistée (PMA) utilisées dans les pays musulmans, et de mettre le point sur les enjeux éthiques et religieux entrainés par ces dernières. 10 ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE 1. Définition des différentes techniques de procréation médicalement assistée Les découvertes en biologie cellulaire ont permis de mieux comprendre les phénomènes associés au processus de fécondation et de développement embryonnaire. Celles-ci ont favorisé considérablement l'explosion des outils et techniques permettant le traitement de l'infertilité et l'amélioration des conditions de fertilité naturelle chez l'humain. Des méthodes et des techniques de procréation médicalement assistée se sont développées depuis une vingtaine d’année de façon exponentielle, citant ainsi : L’Insémination artificielle ou IA Cette technique est la plus ancienne et constitue le premier recours de l’AMP. Elle peut être répétée d’un cycle à l’autre. Dès le XIXe siècle, la littérature recense plusieurs cas de femmes inséminées avec succès à l’aide d’une seringue. Le principe de l’IA consiste à déposer des spermatozoïdes à l’intérieur des voies génitales féminines (col de l’utérus ou cavité utérine). Elle est proposée dans le cas, chez l’homme, de troubles de l’éjaculation ou d’obligation de recourir à des traitements stérilisants (dans ce cas, le sperme peut être congelé), ou encore dans le cas, chez la femme, de stérilité cervicale (glaire cervicale non fonctionnelle). Elle peut être réalisée avec sperme du conjoint (IAC) ou avec sperme de donneur (IAD) [1]. La Fécondation in vitro ou FIV La FIV consiste à réaliser l’union des gamètes (spermatozoïde et ovule) en les mettant en présence dans un milieu de culture. L’embryon obtenu est transféré immédiatement in utero ou congelé. Pour donner le plus de chances à une FIV d'aboutir à une grossesse, plusieurs embryons sont créés. Des techniciens de laboratoire sont chargés de choisir les embryons qui seront réimplantés. Les embryons sont classés selon l'allure et l'avancée de leur division cellulaire. Ainsi, les 4A, quatre cellules, allure ronde, sont sélectionnés en priorité. Plus ils avancent dans l'alphabet, moins ils auront la chance d'être réimplantés. Quand la mère a moins de 38 ans, deux embryons sont réimplantés. Quand elle a dépassé cet âge, trois embryons seront transférés dans l'utérus maternel. Ceux qui ne seront pas immédiatement réimplantés 11 seront congelés dans l'attente d'une nouvelle implantation. Ce sont des embryons dits "surnuméraires" [1]. L’injection intra-cytoplasmique de sperme ou ICSI Cette technique est en fait une fécondation in vitro assistée. Les étapes de recueil des gamètes sont identiques à celles de la FIV. C'est la technique de "fabrication" de l'embryon qui diffère. Pour l’ICSI, une micro-pipette chargée d’un seul spermatozoïde est introduite dans l’ovule grâce à une pipette de contention. Cette fusion est répétée plusieurs fois avec d’autres gamètes, créant ainsi un certain nombre d’embryons [1]. Transfert d’ooplasme En mars 2001, une équipe de chercheurs américains publiait dans la revue britannique Human Reproduction les résultats d’une expérimentation qui a soulevé beaucoup de questions [2]. Cet article mettait indirectement au jour l’existence d’une trentaine d’enfants issus d’un nouveau procédé reproductif appelé le transfert d’ooplasme. L’article visait en fait à informer la communauté scientifique de résultats concernant l’expression du matériel génétique des deux ovules utilisés pour permettre la naissance de ces enfants. La nouvelle a tôt fait de se retrouver dans les grands réseaux d’information, sous des titres tous plus accrocheurs les uns que les autres [3]. Le transfert d’ooplasme, constitue la dernière trouvaille des techniques de reproduction humaine. Son but est de permettre à une femme atteinte d’une infertilité associée à un désordre cytoplasmique ou d’une maladie mitochondriale d’avoir un enfant qui lui est génétiquement relié. Il comprend sous son vocable deux procédés distincts de manipulation in vitro dans les ovules : le transfert de cytoplasme (figure 1, [4]) et le transfert de noyau (figure 2, [5]). Il est pourtant indéniable que le matériel génétique des enfants issus du transfert d'ooplasme provient de trois sources différentes : le cytoplasme de la donneuse, l'ovule maternel et le spermatozoïde du père. Le transfert d’ooplasme réfère principalement au transfert du cytoplasme de l’ovule d’une femme saine dans un ovule de femme malade, mais il peut également inclure le transfert du noyau d’une femme malade dans un ovocyte anucléé de femme saine. Dans les deux cas, le transfert s’effectue d’une cellule sexuelle féminine à une autre. Il y a donc transfert de matériel génétique en provenance soit des mitochondries, soit du noyau cellulaire. 12 Il est également vrai que le transfert d'ooplasme a permis la première modification du génome humain transmissible entre les générations [6]. Figure 1 : Transfert de cytoplasme Figure 2 : Transfert de noyau 13 Plusieurs enjeux peuvent être dégagés de cette nouvelle technique. Ils peuvent se diviser en trois catégories : ceux liés spécifiquement à l'ADNmt, ceux reliés au transfert de noyau et ceux impliquant la modification génétique des cellules germinales. 2. Les techniques de PMA utilisées au Maroc et dans d’autres pays musulmans Au Maroc Selon les études menées par la Fédération Marocaine de Reproduction Humaine (F.M.R.H.), l’infertilité, touche un couple sur quinze, et elle est toujours à l’origine de nombreux drames familiaux. la P.M.A. se pratique au Maroc grâce à l’implantation de 15 centres spécialisés : 5 à Casablanca, 4 à Rabat, 2 à Agadir, 2 à Marrakech, 1 à Fès et 1 à Meknès. Ces derniers sont le plus souvent rattachés à des cliniques privées. En milieu hospitalier, la P.M.A. ne se pratique toujours pas. Parmi, les 15 centres de P.M.A. en activité au Maroc seuls trois sont outillés pour la congélation de sperme et d’embryons. Ces centres de fertilité sont pluridisciplinaires ; généralement l’équipe qui y travaille est formée d’un gynécologue, un urologue, un andrologue, un biologiste et quelque fois un psychologue. Les centres ne pratiquent que trois techniques de P.M.A., à savoir, l’insémination artificielle avec le sperme du conjoint (IAC), la fécondation in vitro (FIV) et transfert d’embryons et enfin l’injection cytoplasmique de sperme (ICSI). La première naissance par F.I.V. a eu lieu en 1991, et la première par I.C.S.I. en 1999 [9]. De nos jours, ces 15 centres réalisent en moyenne quelque 2 000 inséminations artificielles par an, et environ 1 000 entre F.I.V. et I.C.S.I., soit un peu prêt 300 naissances par an grâce à la P.M.A., vu que le taux de réussite d’une FIV ou de l’ICSI est de 22% [7]. Dans la pratique marocaine ce sont en moyenne 3 embryons qui sont implantés, et parmi toutes les grossesses, 6 % de grossesses multiples sont observées. Dans différents pays arabes, les techniques de PMA utilisées restent les mêmes : En Algérie : Selon le professeur Bouzekrini (chef de service de gynécologie et obstétrique de l’hôpital Parnet et président de la Société algérienne), l’infertilité touche environ 8% des couples 14 algériens. Il estime que les problèmes de fertilité peuvent concerner aussi bien l’homme que la femme. Selon la nature du problème, différentes techniques médicales peuvent être ainsi utilisées pour aider à la procréation médicalement assistée telles que l’insémination artificielle à partir du sperme du conjoint (IAC), la fécondation in vitro (FIV), et la micro-injection appelée aussi ICSI. [8]. Dès le début de la procréation médicalement assistée en Algérie, les praticiens ont trouvé des réponses adéquates en se référant à la déontologie, pour s’interdire tout acte en contradiction avec les lois de la nature. C’est ainsi qu’ils ont banni les choix relatifs au sexe et à la couleur de l’enfant [9]. En Egypte L’Egypte est un pays qui compte 40 centres de PMA tout en utilisant différentes techniques notamment l’insémination artificielle à partir du sperme du conjoint (IAC), la fécondation in vitro (FIV) et la micro-injection ICSI [10]. En résumé, les pays musulmans tels que le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, l’Egypte, l’Arabie Saoudite…, se limitent uniquement aux trois techniques de PMA déjà citées, ceci dit l’IAC, la FIV et l’ICSI. 3. Les contraintes éthiques de la PMA au Maroc D’une manière générale la PMA soulève de très nombreux problèmes éthiques dans des sociétés laïques bien informées. Alors qu’en est-t-il au Maroc où non seulement il y a une absence d’information, mais où le poids des traditions et de la religion est déterminant ? Aujourd’hui, seule la conscience de l’équipe d’un centre de fertilité marocain joue le rôle de censeur face à toutes les demandes possibles en PMA telles que la demande d’une femme ménopausée, ou la demande d’une veuve qui voudrait qu’on lui restitue le sperme cryoconservé de son défunt mari, ou leurs embryons congelés. La conscience individuelle face à des questions aussi graves peut faillir. Avant d’analyser tous ces problèmes au regard des référentiels de la société marocaine, il convient de faire une observation qui est relative à la politique antinataliste des pouvoirs publics, à savoir, le développement de la contraception et la limitation des naissances, tout en faisant fi de l’existence des problèmes d’infertilité et de stérilité. S’il est vrai que les problèmes de stérilité ne sont pas pour le Maroc d’aujourd’hui des questions prioritaires ou de santé publique, il n’en reste pas moins que les solutions qui leur 15 sont apportées soulèvent des problèmes de fond, comme le statut de l’embryon, la filiation, etc., face auxquels il ne faut pas tarder à prendre des positions claires en harmonie avec les principes universellement reconnus tel le respect de la dignité humaine, tout en tenant compte des avancées médico-scientifiques d’une part et des spécificités de la société marocaine d’autre part. Il existe beaucoup de problèmes liés à la PMA pour lesquels les réponses ne sont pas évidentes. Ainsi, que dire à une femme ménopausée qui voudrait avoir des enfants. D’ailleurs dans la pratique marocaine quelque 20 % des demandes actuelles de PMA proviennent de femmes d’un âge moyen de quarante ans [7]. En guise de réponse à une telle demande, il serait souhaitable de fixer un âge au-delà duquel il faut refuser toute demande de PMA. Cet âge pourrait être déterminé à partir de données médicales qui garantissent un maximum de sécurité pour la santé de la mère, mais surtout de l’enfant à naître, qui a besoin d’une mère en bonne santé qui puisse l’accompagner le plus longtemps possible. J’ai évoqué précédemment que seuls trois centres de fertilité possèdent actuellement le matériel nécessaire à la cryoconservation de sperme et d’embryons. Ceci est une anomalie grave qui pose des problèmes. En effet, après l’implantation de 2 ou 3 embryons, comme c’est la règle aujourd’hui, que va-t-on faire des embryons surnuméraires ? (Grâce à la stimulation ovarienne 8 ovocytes peuvent être obtenus et donc après fécondation 8 embryons). D’une part cela pose le problème du devenir des embryons non implantés, qui ne peut être que la destruction puisque ce n’est pas possible de les congeler et par-delà se pose le problème du statut de l’embryon. Et dans le cas où un grand nombre d’embryons est implanté, un problème épineux se pose, au cours de la grossesse, notamment celui de la réduction embryonnaire auquel des problèmes relatifs à l’avortement peuvent être assimilés. D’autre part si la première tentative échoue, la femme doit payer les frais, matériels et biologiques, d’une autre stimulation ovarienne [7]. L’expérience des centres de fertilité marocains est relativement courte, et s’y ajoute le manque de publications et de données statistiques ; je ne peux lister tous les problèmes éthiques que ces centres ont rencontrés. Cependant, un jour ou l’autre ces centres seront confrontés à des demandes pour lesquelles la réponse par la négative n’est pas automatique, telles que l’insémination post-mortem, la maternité de substitution ou encore la recherche sur l’embryon, situations auxquelles il faudra dans le cadre d’une loi de bioéthique relative à la PMA, donner des réponses satisfaisantes. 16 4. Le point de vue de différentes religions sur les techniques de PMA a. Le Catholicisme et la PMA L’église catholique a comme principes fondamentaux le respect de la vie et de la dignité de l’être humain dès le moment de la fécondation et le respect de la dignité de la procréation humaine qui exige qu’elle soit toujours le fruit et le terme de l’amour conjugal. Quant au respect de la vie naissante, l’affirmation selon laquelle l’embryon humain d’un point de vue éthique doit être respecté et traité comme une personne humaine est centrale. En ce qui concerne l’application des technologies aux procédés de la PMA, toutes les techniques qui sont une aide à l’acte conjugal, accompli naturellement et en soi fécond, sont déclarées licites. Par contre, toutes les techniques qui se substituent à l’acte conjugal, qu’elles soient intracorporelles (insémination) ou extracorporelles (FIV) soit dans le cadre du couple marié, soit avec recours à un donneur, sont déclarées illicites [11]. La religion catholique est considérée comme étant la plus radicale. b. Le Judaïsme et la PMA Pour le judaïsme, le respect de la vie humaine est absolu, sacré et inviolable. La vie humaine a une valeur infinie parce qu’elle est un don de dieu et parce que l’homme est fait à l’image de dieu. La religion juive autorise l’IAC et la FIV avec le conjoint, avec une possibilité de don d’embryons ou d’ovules seulement entre juifs, mais elle interdit l’IAD [12]. Cas d’Israël La religion des israéliens est le judaisme c’est pour cette raison que je les ai choisi comme peuple pour mieux comprendre l’application des techniques de PMA par la nation juive. Bon nombre d’israéliens ont recueilli avec enthousiasme les nouvelles technologies de reproduction (NTR) la considérant ainsi comme une solution intéressante au problème de l’infertilité. Pour beaucoup de femmes non mariées, les rapports sexuels ne sont désormais plus la seule voie de maternité. Le potentiel de ces innovations a été reconnu par la communauté médicale israélienne qui s’est positionnée à la tête de la recherche et du développement dans ce domaine. Les législateurs israéliens ont à leur tour établi des réglementations visant à ouvrir l’accès à ces technologies aussi largement que possible [13]. Ceci a des racines à la fois politiques et historiques. Pour certains, il faut avoir des enfants pour contrer la menace démographique représentée par les taux de natalité arabe et palestinien. Pour d’autres, il faut faire naitre de futurs soldats qui défendront leur jeune Etat. D’autre encore ressentent le besoin d’avoir des enfants afin de remplacer les six millions de 17 juifs morts dans l’Holocauste. Mais beaucoup d’entre eux ont tout simplement un sens traditionnel de la famille, très centré sur les enfants [13]. Bref, l’intégration des techniques de PMA en Israël s’effectue dans un contexte économique et politique marqué à la fois par une croissance rapide (les conflits entre les Israéliens et les palestiniens), et un grand nombre de d’autres drames politiques et culturels. Donc les différentes techniques de PMA sont à la disposition de tous les israéliens juifs, pratiquants et laïques, mariés et non mariés, fertiles et infertiles. La volonté des israéliennes d’avoir des enfants a été renforcée par les multiples politiques mises en place par l’Etat, vu que le développement de la population juive en Israël repose principalement sur les femmes et dans ce pays, avoir des enfants est capital et par conséquent les femmes qu’elles soient mariées ou célibataires, subissent une pression extraordinaire. Pour faire face à cette pression les femmes non mariée, hétérosexuelles ou homosexuelles, croyantes ou laïques, ont recours à l’insémination artificielle avec don de sperme (le donneur reste anonyme et c’est souvent des étudiants en médecine ou en droit) pour avoir des enfants. Ces femmes israéliennes non mariées font le choix de l’IA dans une société où rien n’est caché et où l’Etat les prend en charge tout en les aidant économiquement et en leur assurant un traitement gratuit [13]. Vu que l’identité juive est transmise par la mère, les rabbins tiennent les enfants nés de femmes juives non mariées pour des juifs à part entière. Mais qu’on est il pour ces nouveaux nés ? Une fois que la femme prend la décision d’avoir un enfant par IA, elle doit prendre en charge la reproduction et l’accomplir de façon autonome, mais est ce que ces femmes pensent à l’avenir de leurs futurs enfants ? Comment un enfant peut grandir sans père et sans famille ? Les rabbins orthodoxes modernisant se sont appliqués à déterminer l’usage correct de ces technologies en conformité avec la conception rabbinique traditionnelle des liens de parenté [13]. c. Le Bouddhisme et la PMA Selon le bouddhisme, le processus de naissance s’effectue selon diverses modalités. Un embryon in vitro est un germe de vie protégé comme une personne humaine. Les personnes nées par PMA et les enfants de naissance naturelle doivent jouir d’un statut d’égalité à tous les niveaux [14]. 18 5. Le point de vue de la religion musulmane sur les différentes techniques de PMA L’Islam et la PMA En matière de Bioéthique, l’Islam procède d’une attitude ouverte sur le plan scientifique et humaniste, ainsi que d’une théologie normative (Chari’a) réglant précisément les limites manipulatoires du corps humain par une représentation référée au statut qui lui est attribué. Le point de vue de l’Islam sur les différentes techniques de PMA autorisées dans les pays musulmans o L’insémination artificielle D’après les lois musulmanes, cette technique est licite dans le seul cas où le donneur du sperme est le conjoint légalement uni par le mariage [15]. o La FIV et le transfert d’embryons En Islam, cette technique est licite seulement quand l’œuf fécondé provient de l’union de l’ovule d’une femme et du sperme de son époux [15]. o Les mères de substitution : Il y a deux cas de figures : - Si une femme ne peut pas porter d’enfant mais a toujours ses ovaires, un ou plusieurs ovules sont prélevés, ceci seront fécondés in vitro avec le sperme de son mari. L’embryon obtenu au bout de quarante huit heures est déposé dans l’utérus d’une autre femme qui le restituera 9 mois après. L’islam reconnaissant la polygamie, sous certaines conditions et pratiquée dans la plupart des pays musulmans sauf la Tunisie, l’épouse porteuse ou de substitution pourra être la 2ème épouse du mari qui aura donné son sperme pour la fécondation de l’ovule provenant de la 1ère femme. - Si la femme de substitution est étrangère au couple et que l’ovule ne provient pas de la femme mariée, l’islam interdit ce mode de procréation [15]. Donc, concernant le comportement du musulman vis-à-vis de la PMA envisagée sous tous ses aspects, les préalables à ne pas transgresser sont les suivants : 19 - La nécessité de réserver les techniques de PMA aux seuls couples légalement mariés et ce de leur vivant. - La nécessité de connaître le donneur de gamètes de façon à exclure l’inceste et à assurer à l’enfant la filiation légitime prescrite par le droit musulman, c'est-à-dire que les gamètes males et femelles ne peuvent provenir que des parents [15]. Cette nécessité d’assurer, avec la pérennité génétique, l’élimination du risque d’inceste et la sauvegarde du patrimoine familial en Islam, est soulignée par plusieurs recommandations du hadith ainsi que des citations du coran. Les principes moraux de la charia ou droit canonique de l’Islam La charia comprend plusieurs principes y compris les 3 suivants : 1- Le respect de l’intégrité physique de l’homme : ‘Nous avons crée l’homme dans la forme la plus parfaite’ (Coran S : XCV, verset 4) ‘ Nous avons modelé l’homme selon une forme harmonieuse’ (Coran S : L XIV, verset 3 et 5, et XL verset 64’). 2- Le principe du respect de l’intégrité psychique de l’homme : ‘ Ne modifier pas la création de Dieu tant l’entité physique que l’entité psychique de l’individu’ (Coran S : XXX, verset 30) ‘ L’être humain est une créature noble au regard de dieu’ (Coran S : XV, verset 70) ‘ Votre être tant physique que psychique a un droit sur vous’ (Hadith) 3- Le principe du respect et de la sauvegarde de la pérennité généalogique et de la filiation ‘ Ayez de vos généalogies une connaissance qui vous permettra d’être attentifs aux liens de parenté par le sang’ (Hadith) ‘ Dieu n’a pas fait de vos enfants adoptifs vos propres fils’ (Coran S : XXXIII, verset 4) Ces trois principes serviront donc de base pour apporter une solution aux problèmes actuels de la bioéthique conformément à la morale musulmane [15]. Comme je l’ai déjà mentionné précédemment, vu qu’il n’y que trois centres de PMA au Maroc qui possèdent le matériel nécessaire à la cryoconservation des embryons donc cela 20 nous mène à poser une question primordiale : quel est le devenir des embryons surnuméraires non implantés au Maroc? Les embryons ne peuvent être que détruit puisque ce n’est pas possible de les congeler et pardelà se pose le problème du statut de l’embryon. Sinon un grand nombre d’embryons sera implanté et de la se pose le problème de la réduction embryonnaire, au cours de la grossesse, auquel des problèmes relatifs à l’avortement peuvent être assimilés [7]. Le point de vue de l’islam sur l’avortement Dans cette matière, les juridictions modernes se soumettent très généralement au diktat de la Chariâ, produit d’un consensus hybride, c’est notamment le cas de l’école chafiîte qui, par la voix d’un de ses éminents juristes, Ibn Hajâr, considère que l’avortement est plutôt déconseillé, sans être totalement interdit, pour peu qu’il survienne avant la période d’animation du fœtus fixée à 120 jours (Hadith al arbainat) après la date supposée de sa conception. Mais de nombreux jurisconsultes estiment que la vie est donnée avec l’acte intentionnel et non après coup : la « Niya » prime sur le résultat. L’école malékite dans son ensemble s’oppose à toute pratique abortive, indépendamment du stade embryonnaire auquel est arrivé le fœtus. Les moins rigoristes, les Hanâfites mettent l’accent sur les conditions objectives externes : environnement familial, état de santé de la mère, conditions matérielles d’existence, multiplicité de la progéniture, admettent que certains avortements réalisés sont salutaires à condition qu’ils soient pratiqués dans les 120 jours [7]. Le statut de l’embryon En Islam, la vie humaine est sacrée et protégée, et l’embryon est considéré comme étant une personne après le 40ème jour vu que l’animation est retardée jusqu’au 40ème jour, où l’âme est insufflée. Contrairement au catholicisme qui considère que l’embryon est comme une personne dès la conception. Quant au judaïsme, l’animation est progressive jusqu’au 40ème jour mais avant cela l’embryon est comme de l’eau. Après le 40ème jour, l’embryon suit sa mère et il n’a pas de personnalité propre jusqu’à la naissance [12]. Certes que la révolution biologique pose de graves problèmes à la conscience de l’homme notamment l’homme musulman, mais en se fiant à la morale musulmane, il peut facilement faire face à ces problèmes. 21 RESULTATS Dans le but de mettre le point sur les différentes techniques de PMA utilisées au Maroc une étude reposant sur un questionnaire (voir annexe) a été entreprise. Dans le cadre de cette étude, les 16 centres de PMA ont été contactés, mais seuls 6 d’entre eux ont accepté de répondre au questionnaire. Les réponses ont été recueillies par interview, concernant les centres de Casablanca, et par courriel concernant les centres hors Casablanca, et ceci après avoir présenté le sujet de recherche, de préciser l’anonymat de l’étude et de recevoir le consentement des responsables des centres de PMA. Vu la similitude des réponses présentées par les différents centres de PMA du Maroc, J’ai choisi de présenter mes résultats sous forme d’interview. Interview avec un gynécologue Un gynécologue, d’un centre de fertilité à Casablanca, a eu la gentillesse de m’accueillir dans son bureau et de répondre à mon questionnaire ainsi qu’à toutes mes questions. 1. Quel est le nombre de personnes, par an, qui ont recourt aux techniques de procréation médicalement assistée (PMA) au Maroc? Au Maroc, environ 1700 à 1800 patients par an ont recourt aux techniques de PMA. 2. Quelles sont les techniques de PMA utilisées dans votre laboratoire ? Le choix de la technique à utiliser dépendra, en premier lieu de la qualité du sperme du conjoint. C’est donc après une évaluation du spermogramme que le biologiste pourra, en accord avec le gynécologue, proposer la technique la mieux adaptée. Les 3 techniques principales qui sont utilisées aujourd'hui en routine au laboratoire : L'IAC (insémination artificielle avec sperme du conjoint) Cette technique est employée lorsque, pour une raison quelconque, plus généralement d'origine féminine, les spermatozoïdes ne parviennent pas à atteindre l'ovocyte à féconder. Après la préparation du sperme au laboratoire, le gynécologue le déposera dans l'utérus. Cette 22 intervention se fait par les voies naturelles et est parfaitement indolore. Les chances de grossesse sont de l'ordre de 10% par insémination. LA FIV (Fécondation In Vitro) C'est la technique la plus connue et la plus utilisée. Elle consiste, le jour j0, à mettre en présence les spermatozoïdes et les ovocytes pour obtenir une fécondation à j1 puis un embryon à j2. Ces étapes biologiques font l'objet d'un suivi au laboratoire. Les embryons obtenus seront transférés dans l'utérus. Les chances de grossesse sont de l'ordre de 25% par ponction. L'ICSI (Intra Cytoplasmic Sperm Injection) Cette technique est particulièrement adaptée dans les infertilités d'origine masculine ou après un échec in F.I.V, si la qualité ovocytaire le permet. Elle consiste à injecter un seul spermatozoïde directement dans l'ovocyte. Les chances de grossesse sont de l'ordre de 25% par ponction. 3. Quelles sont les causes qui poussent vos patients à songer à la procréation médicalement assistée ? L’infertilité est la cause principale qui pousse un couple à songer à la PMA. Les femmes présentent un pourcentage de 40% de stérilité, tandis que 30% des hommes souffrent de cette maladie présentait généralement sous forme d’oligospermie, mais dans 30% des cas les causes de l’infertilité sont inconnues. 4. Quel est l’âge de vos patientes ? Les patientes sont généralement âgées de 25 à 40 ans 5. Comment procédez-vous pour recueillir le sperme du patient ? Et est ce que vous congelez les spermatozoïdes ? Le sperme est généralement recueilli par masturbation. Quand il y a altération des paramètres spermatiques, ou pour des raisons médicales, On peut être amené à proposer une congélation des spermatozoïdes. 23 6. Combien de fois un couple peut refaire une IAC ou une FIV ? Pour la FIV, elle est refaite généralement 3 fois, quand à l’IAC, 4 tentatives sont recommandées. 7. Quels sont les risques de la fécondation in vitro (FIV et ICSI) Les traitement médicamenteux nécessitent naturellement des contrôles. Des allergies peuvent survenir, et les gestes médicaux (anesthésie, ponction chirurgicale) nécessitent des précautions particulières. Les hyper-stimulations ovariennes (qui provoquent fréquemment des douleurs abdominales) peuvent nécessiter parfois une hospitalisation. Les risques majeurs sont : o Les fausses couches (20% environ) o Les grossesses extra-utérines (GEU) o Les grossesses multiples surtout si l'on transfert plus de 2 embryons. 8. Le médecin explique-t-il clairement tout le procédé de PMA au couple souhaitant la faire ? Le médecin doit expliquer clairement tout le procédé de PMA au couple souhaitant la faire tout en leur précisant les risques liés au médicament, en détaillant le rôle de la technique, en donnant le pourcentage de succès et les possibilités d’échecs de la technique de PMA et en abordant le sujet des alternatives de la PMA, notamment celle de l’adoption 9. Quel est le devenir des embryons surnuméraires ? Les techniques actuelles permettent de congeler les embryons et de les conserver au laboratoire. Cette congélation et cette conservation ne peuvent s'effectuer qu'avec l'accord écrit des deux conjoints. Ces embryons pourront être éventuellement utilisés ultérieurement, en cas d'échec de la tentative en cours, ou dans le cadre d'une nouvelle grossesse. Ils seront "décongelés et observés au laboratoire afin de s'assurer de leur reprise de vitalité et pourront alors être transférés dans l'utérus. Au Maroc les embryons surnuméraires ne sont pas utilisés pour des fins expérimentales telles que l’obtention de cellules souches par exemple. 10. Est-ce qu’une veuve a le droit de demander qu’on lui restitue le sperme cryoconservé de son défunt mari, ou leurs embryons congelés ? On a eu aucun cas au Maroc, jusqu’à présent de demande d’une veuve qui voudrait qu’on lui restitue le sperme cryoconservé de son défunt mari, ou leurs embryons congelés 24 11. Quelles sont les contraintes éthiques qui se posent, dans vos pratiques de PMA ? Dans nos pratiques de PMA, des contraintes éthiques se posent. Aujourd’hui, seule la conscience de l’équipe d’un centre de fertilité joue le rôle de censeur face à toutes les demandes possibles en PMA. telles que la demande d’une femme ménopausée, ou la demande d’une veuve qui voudrait qu’on lui restitue le sperme cryoconservé de son défunt mari, ou leurs embryons congelés. La conscience individuelle face à des questions aussi graves peut faillir. le statut de l’embryon, la filiation, etc., sont aussi des problèmes éthiques face auxquels il ne faut pas tarder à prendre des positions claires en harmonie avec les principes universellement reconnus tel le respect de la dignité humaine, tout en tenant compte des avancées médicoscientifiques d’une part et des spécificités de la société marocaine d’autre part. 25 DISCUSSION Les résultats de l’enquête montrent que les techniques de PMA sont de plus en plus pratiquées au Maroc, ce qui confirme les progrès remarquable de la PMA au cours de la dernière décennie et ceci grâce au nombre croissant des centres qui ont ouvert leurs portes dans plusieurs villes marocaines. Au Maroc, on n’a pas encore une loi éthique réglementant la PMA. De ce fait, une circulaire ministérielle conjointe avec le conseil national de l’ordre de médecins s’impose. Elle pourrait mettre fin à l’improvisation et aux dérives, qui font fi de toute éthique médicale. Chaque centre d’AMP devrait alors être soumis obligatoirement à un agrément et à une accréditation d’exercice et il devrait avoir son propre biologiste maîtrisant les techniques de reproduction. Cette mesure faciliterait l’instauration d’un registre national de PMA, et exigerait l’obligation de résultats pour chaque centre. L’obligation de résultats serait contrôlée par des inspections périodiques et plus particulièrement celle du registre d’activité. Les résultats consignés de chaque centre d’AMP autorisé constitueraient des bases de données pour un registre national [16]. A ce jour, au Maroc, il n’y a aucune statistique sur l’activité de la PMA, que ce soit le nombre de médecins qui la pratiquent, celui des centres, ou encore les dépenses qu’elle engendre. Des praticiens ont appelé à ce que les autorités de santé au Maroc s’inspirent de l’Agence de biomédecine en France. Au Maroc, aucun système de couverture médicale ne prend en charge les frais de PMA [7]. Contrairement à la France, où le couple candidat à la PMA est pris en charge pour quatre tentatives. Donc il est impératif que le système de protection médicale du Maroc envisage au moins partiellement la prise en charge d’un certain nombre de tentatives de PMA, de manière à réduire l’inégal accès aux soins de la population. 26 CONCLUSION De nos jours, les techniques de PMA sont perçues comme des voies légitimes de la grossesse qui sont désormais acceptées comme étant des solutions au problème de l’infertilité et soulageant la souffrance qu’elle cause. L’infertilité doit être considérée comme une pathologie quelconque qui nécessite et mérite d’être soignée. Il faudrait, d’ailleurs, envisager la réalisation de la PMA dans les hôpitaux publics, afin de ne pas ajouter à la misère de ceux qui n’ont pas les moyens matériels, la misère de n’avoir pas d’enfant. Dans le but d’informer la population marocaine qui se trouve souvent dans l’ignorance concernant les différentes techniques de PMA, il faut ouvrir un débat public afin qu’elle puisse se forger une opinion et ainsi, ériger des frontières entre le licite et l’illicite. La religion musulmane, comme la plupart des religions, guide la conduite morale personnelle et sociale, d’où le fait qu’elle norme les techniques de PMA. L’islam se place au milieu des différentes religions telles que le catholicisme (considéré comme la religion la plus radicale vu qu’elle interdit toute technique de PMA séparant la procréation de l’acte conjugal), et le judaisme (qui est la religion la moins restrictive dans son rapport avec l’Etat, autorisant ainsi l’IA avec don de sperme, ce qui a comme conséquence la perte de la filiation légitime). L’Islam est donc une religion indulgente et ouverte, acceptant ainsi toute technique dont le but est d’aider la nature afin de permettre à des couples, ayant des problèmes de fertilité, de devenir parent, mais ceci dans le cadre du respect de la vie et de la dignité humaine, et de la préservation du patrimoine familial. Trop de temps s’est écoulé depuis que les techniques de PMA sont pratiquées au Maroc, sans que les pouvoirs publics s’y intéressent, en tous les cas officiellement, pour leur fixer un cadre légal. D’où l’urgence d’une réglementation de cette activité médicale. 27 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1. La santé face aux droits de l’homme, à l’éthique et aux morales publié par le Conseil de l’Europe ; Réseau européen de coopération scientifique "Médecine et droits de l'homme", European Scientific Co-operation Network "Medicine and Human Rights", FER, Fédération européenne des réseaux scientifiques, 1996. 2. Barrit J.A., Brenner C.A., Malter H.E., Cohen J., « Mitochondria in human offspring derived from ooplasmic transplantation, (2001), Human Reproduction. 16 (3) ; 513516. 3. David Whitehouse, « Can one baby have two genetic mothers ? Babies born in experiments have genes from 3 parents », BBC News Online, 4 mai 2001, http://news.bbc.co.ukI; Gina KOLATA, « Babies born in experiments have genes from 3 people », New York Times on the Web, 5 mai 2001, www.nvtïmes.com. 4. Highfield R., "Babies born with two mothers and one father ", 5 mai 200 1, Telegraph. co.uk ; http://wwv,'.telcgraph. co.uk. 5. Source: ‘ Stem ceIl research report’ 6. Sabrina Fortin. Liberté de la recherche et techniques de reproduction ‘le cas des ooplasme’. 2004. 7. www.repere-medical.com 8. www.latribune-online.com 9. www.algeria.com 28 10. Inhorn MC. Global infertility and the globalization of new reproductive technologies: illustrations from Egypt. Soc Sci Med. 2003 May;56(9):1837-51. 11. Elio Sgreccia dans ‘La santé face aux droits de l’homme, à l’éthique et aux morales publié par le Conseil de l’Europe ; Réseau européen de coopération scientifique "Médecine et droits de l'homme", 1996. 12. Marie Hélène Parizeau, Note de cours ‘Ethique médicale et bioéthique’, 2006. 13. Susan Martha Kahn. ‘Les enfants d’Israël, une approche culturelle de l’assistance médicale à la procréation’, 2006. 14. Jacques Martin dans ‘La santé face aux droits de l’homme, à l’éthique et aux morales publié par le Conseil de l’Europe ; Réseau européen de coopération scientifique "Médecine et droits de l'homme", 1996. 15. Fekhereddine Ben Hamida dans ‘La santé face aux droits de l’homme, à l’éthique et aux morales publié par le Conseil de l’Europe ; Réseau européen de coopération scientifique "Médecine et droits de l'homme", 1996. 16. Dr Mohammed Yacoubi, XXVIe Congrès national et XIXe Congrès maghrébin de la fertilité et de la contraception. Casablanca, 19, 20 et 21 décembre 2009. http://www.lavieeco.com . 29 ANNEXE QUESTIONNAIRE 30 Questionnaire sur les techniques de procréation médicalement assistée utilisées au Maroc Votre participation à cette étude est volontaire. Les données recueillies demeureront anonymes et confidentielles Date et heure de complétion du questionnaire Date :……………….. Heure:………………. Ville :………………. Informations sur le centre de reproduction Statut de la personne qui remplit le questionnaire Médecin Biologiste Infirmière 1- Quel est le nombre de personnes, par an, qui ont recourt aux techniques de procréation médicalement assistée (PMA) au Maroc ?.................................................. ………………………………………………………………………………………………… 2- Quelles sont les techniques de Procréation Médicalement Assistée utilisées dans votre centre ? Insémination artificielle conjoint IAC (avec don de sperme du conjoint) Insémination artificielle donneur IAD (avec don de sperme d’un donneur) Fécondation in vitro FIV entre mariés Fécondation in vitro FIV avec don de sperme Fécondation in vitro FIV avec don d’ovocyte Fécondation in vitro FIV avec don d’embryon Injection intracytoplasmique du sperme ICSI Transfert d’ooplasme Maturation d’ovocytes in vitro Implantation d’embryons chez une mère porteuse 31 Informations sur les patients 3- Quelles sont les causent qui poussent vos patients à songer à la procréation médicalement assistée ? a- Infertilité féminine Oui Non Si oui donnez le pourcentage :………….. b- Infertilité masculine - Azoospermie Oui Non - Oligospermie Oui Non Si oui donnez le pourcentage :…………. 4- Quel est l’âge de vos patientes ? Entre 18 ans et 25 ans Entre 25 ans et 35 ans Entre 35 ans et 40 ans Supérieur à 40 ans 5- Comment procédez-vous pour recueillir le sperme du patient? Et est ce que vous congelez les spermatozoïdes ?...................................……………………………… ………………………………………………………………………………………. 6- Est-ce qu’un couple peut refaire une IAC ou une FIV ? Si oui, il l’a refont combien de fois ? Une fois 3 fois 4 fois 5 fois ou plus Cela dépend du nombre des embryons surnuméraires 7- Quels sont les risques de la FIV (FIV ou ICSI) ? • Des allergies • • Des douleurs Oui Oui Non Non Les fausses couches Oui Non 32 • Les grossesses extra utérines (GEU) Oui Non • Les grossesses multiples Oui Non Relation médecin-patient 8- Le médecin explique-t-il clairement tout le procédé de PMA au couple souhaitant la faire ? - Les risques liés aux médicaments - Détailler le rôle de la technique Oui Oui Non Non - Prévenir des chances de succès Oui Non Oui Non et des possibilités d’échecs - Aborder le sujet des alternatives de la PMA, notamment celle de l’adoption PMA et Ethique 9- Quel est le devenir des embryons surnuméraires o Vous les congeler jusqu’à nouvelle tentative, si jamais la 1ère échoue o Vous les détruisez une fois la 1ère tentative Oui Non Oui Non Oui Non de PMA est réalisée, sans même savoir le résultat o Vous les gardez pendant une durée précise et vous les détruisez par la suite Si oui, vous les gardez pour combien de temps :…………….. o Vous les utilisez pour des fins expérimentales Oui Non Oui Non telles que l’obtention de cellules souches Si oui, est ce que vous demandez le consentement du couple traité 10- Est-ce qu’une veuve a le droit de demander qu’on lui restitue le sperme cryoconservé de son défunt mari, ou leurs embryons congelés ? Oui Non 33 11- Quelles sont les contraintes éthiques qui se posent, dans vos pratiques de PMA? ………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………… MERCI 34 "Nothing in biology makes sense, except in the light of evolution." — Theodosius Dobzhansky 35