Un regard du point de vue régional

Transcription

Un regard du point de vue régional
MOUVEMENTS SOCIAUX
ET DÉMOCRATIE
AU MEXIQUE
1982-1998
Un regard du point de vue régional
armáttan
Martin Aguilar Sánchez
MOUVEMENTS SOCIAUX
ET DÉMOCRATIE AU MEXIQUE
1982-1998
Un regard du point de vue regional
cite : www.librairicharmattan.com
c.mail : harmattan I wanadoo.fr
5 . 7, rue de l'Écolc-Polytechnique . 75005 Pim
FRANCE
L'Harmattan, 2005
ISBN : 2-7475-8810-6
FAN : 9782747588102
1,11.nestsan
E0eyntbdIt
Kossuth1. u II . IP
10531161apest
Espute L'ilorntailaa Kieukape
Fu des Se Sosules, Pol et
Adn't , DP241. KIN XI
Kati!~ - RDC
thweesee
L'él•rnmian Italia
V.* Deph Ans0, I5
10124 Taro
ITALIE
1:1140.0010. Urbes. bu.
1200 losernems viles 96
1282260
Ouagadougoss
Logiques publiques
Collection dirigée par Yves Surel
Créée en 1991 par Pierre Mulles. , la collcetion I.ogiques
politiques » a pour vocation principale de publier des ouvrages de
science politique. aros: que des livres traitant de thématiques
politiques avec un :catre angle disciplinairc (anthropologic, économie,
philosophie. sociologie). Elle rassemble des recherchcs originales.
tirées notamment de travaux de doctorat. ainsi que des ouvrages
colleetifs sur des problématiques contemporaines. Des séries
thématiques sont également cn cours de développement, l'une d'entre
elles visant á publier des ouvrages de synthese sur les systémes
politiques des Étais-membres de l'Union européenne.
A mes fréres Joaquín et Enrique
Derniéres parutions
Gregor STANGFIERLIN, Les acteurs des ONG, 2005.
Philippe IIAMMAN, Les transformations de la notabilité entre
France et Allenzagne, 2005.
Damien IIELLY et Franek PETITEVILLE (sous la dir.),
L'Unjan européenne, anear internationaL 2005.
V. REY, 1,. COLIDROY de LILLE et E. 13OULINEAU (dirigé
par), L'élargissement de l'Union européenne : réformes
territoriales en Europe centrale et orietztale, 2004.
Guillatune DEVIN (dir.), Les Solidarités Transnacionales,
2004.
Jean-l3aptisle LEGAVRE (dir.), La presse écrite : objets
délaissés, 2004.
Philippe ESTERE, L'usase des guartiers. Action politique et
géographie dans la politique de la ville (1982-1999), 2004.
Johanna SIMEANT et Pascal DAUVIN, ONG et humaniraire,
2004.
Patrick QUANTIN (dir.), Voter en Afrique, 2004.
A. LAURENT, P. DELFOSSE, A-P. FROGNIER (dir.), Les
systémes électomux : permanentes et innovations, 2004.
Sophie JACQUOT et Coracha WOLL (dir.), Les usases de
("Europe. Acteurs et transformations européentzes, 2004.
Béatrice BLANCRET, La tose et la tributze : engagentents
publics des classicismes franÇais et britannigue.s du
2004.
siécle,
A mes enfants Camilo et Lucía
A María José
TABLE DES MATIERES
15
Introduction
PREMIERE PA RTIE
La theorie sur les mouvements sociaus
et Paction colleetive au Mesique
Remerciements
Chapitre 1. La théorie des mouvements sociaux
Int ruductioo
Ce travail de recherche est le fruit d'un long processus
dans lequel occupent une place preponderante les acteurs des
mouvements sociaux analysés, ainsi que des universitaires et
des amis qui ont eu la gentillesse de me donner leur opinion. Je
leur exprime á bous ma gratitude. Je voudrais rernercier
spécialement le Professcur Pierre Bréchon, Directeur de
l'histutit d'Etudes Politiques, pour ses observations judicicuses.
Bien que la responsabilité du travail sois cntiérement mienne, je
désire souligner l'attention qu'il a portée á ma recherchc.
Celle recherche a pu se (aire gráce aux bourses accordées
par le program-tic ECOS, siégeant au Mexique et en France,
ainsi que par l'Université de Veracruz je remercie les Docteurs
David Skerrit, Alain Faure et Cécile Guy Gilbcrt, coordinatcurs
du programme ECOS, pour leur appui et leurs preuves d'asintió
et de carnaraderie.
Je suis aussi redevable á mes compagnons de l'lnstitut de
Recherches I listorico-Sociales de l'Université de Veracruz, pour
les échanges constants d'idees et d'information.
1.1. les théories des mouvements sociaux el Paction callective
1.1.1 La théune de l'iu:lion d'Alain Toutaine
Systinne politique, démocratie et mouvenients sociaux
1.1.2. La théoric d'Albato Melucc,
Mouvcmcnts sol:unix et sysléme publique
1.1.3. La théorie de la mobilLsation des ressoures. 1.1.4. La theme systtiuque
1.2. Le dénat sur les mouvements sachan au Mesique et en
Amérique Latine
1.3. Perspective d'analsse
31
Chapitre 2. La déntocratisation du systéme publique et les
mouvements sociaux
Int nal u ction
2.1. La consolidaban du systéme autoritatire mexicain
2.1.1. 1.'époque des pactes social"( .1940-1970 2.1.2. Ihncslanon mivnére cl ilioUvancial &khan(
32
32
34
38
40
42
47
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56
59
60
62
63
2.2. Les lomees d'incertitude : 1970-1982
2.2.1. /A montee du mouvement paran
2,2.2. Le MOUVenult ouvi la d le .s-ynchcalisme indepoidant 69
73
75
2.3. la fin des pactes sachan et la tninsforrnation de l'etat social
auturitaire
earucturation
indwUnelle dr/Ubicuas/len/ da MOIlvtinalt 2.3.1 Ron
vner
77
2.3.2. Le mouvement pOptdaire unvain
2.3.3. Crise de nomen et MOtivellititt clviquc electaull de 1988 2.4. Du Trak': de Libre Commerce
á la rébellion indigéne
2.4.1. La radian du Chiapas
2.4.2. Le mouvemait feuunible
2.4.3. la assocbtions non gouvanetuanala et 1‘..% mouvemans
civiqua
83
85
81
87
91
96
97
»Euxre.mk: PARTIE
Stratégies de protestation et des identités publiques
Chapitre 3. La formation de tniis mouvements sociaux
régionaui
Introduction
105
3.1. Le Barcas dans Pina
106
106
109
112
114
115
117
du Zacatecas (1993-1998)
3.1 1. L'état du /4eatec.e; : le contexte socios:coima/atoe
3.1.2. les causes Ctonoiniques á l'origine de la taxtion da nacerán
3.1.3 I a niusszuwe de l'Unjan El Harten
3.1.4. R&aux d'actual; sociaux
3.1.4.1 I z..% dirigearns exogénes
3.1.4.2. les dirigeants endogénes
3.1.5. 14 amenice de I'llnion FI I larzon
119
3.2. Le mouvement papan au Tabasco (1978-1998)
3.2.1. L'état du Tatinaw : le conteste socio-éconontique
l: industrie pélzoliae au Tabas=
3.2.2. Rescaux d'un:ars sociaux
3.2.2.1. Les rt"%eaux dt Pacte Rivemin
3.2.2.2. 14 fonnation do Fruti de la Revolution
1)anocratique
3.2.2.3. les Communautes E:celes-tales de liase
122
122
124
126
127
128
3.3. Les réscatn du mouvement indigene et des travailkun du
Pét role dans la region Coatzacualcm-Mlnatitlan (1982-1998)
3.3 1 L'élat do Vtrraeniz le conteste socin-économique
3.3.1.1 la reglen/ Cuatracoalcas.lvlinatitlan
3.3.1.2. las caciques regional»:
3.3.2. Itéseaux et ucleurs sociaux
3.3.2.1. Le mouvanent indigac
3.3.2.2. La Coonlination pour la I Wfatse de Poucx
135
132
135
137
139
142
142
147
Chapitre 4. La struetun: des opportunités publiques et le
répertuire des actions collectives dans les
mouvements sociaux rép9onaux
4.1.4. Les protatanons do Ilarzon : Voccupation de la ; filie de
Zacatecas
4.1 5. le Iltuzón el la protestations nationált%
171
4.2. Le mouvement papan au Tabasco
cons&tueuz% sur la snuclun:
4.2.1. L'autoriticriAne du PRI el
des opportimitás pohtiqucs
I.epouvoir potingue : 1982-1994
4.2.2. Ilisiorique. des hato sociales le Pacte lIntram
Strutegies d'action collective
4.2.3. Le parti-mouvement el les lunes sociales 1988-1996
La allanen du PRI) cl la Marche Tamiz la I ktnocratie
1988-1992
4.2.4. Rbistance civile t.1 olluSve polaique pour la
dánonstie :1994-1996
189
189
192
202
203
211
211
4.3. les mouvements sociaus et radien collective dans la région
230
Coatzacoalcos-Minatitlán
4.3.1 la région intligate et It..%mouvunents sociaux
4.3.2. Le mouvernan papilla el petrochimique
4.3.3 La Coordina oil pwur la 1k:tense de l'entes
184
218
235
249
253
260
4.4. Conclusions
Chapitre 5. Dépendance ou autonomic politique
relation complete entre les mouvements
sociaux et ks partis notifiques
Int ruduction
5.1. le fla non et les partis politiques
5.2. le mouvement politique du Tabasco
5.3. La partís politiques et le mouvement social de la région
C'oatzacoakos-Minatitlan
269
271
279
291
Condumio!' généralc
301
Bihliographie
313
Journaux
343
Introduction
155
bniretiens
345
4.1. 1:Union El Barton
4.1.1.1es conllas au sin du PRI do Zacatecas et kmrs elkis sur la
stnictine d'optxxtunite politique
4.1 2 Précédents dans les bata sociales : le Fruta Populaire du
Zacatecas
4.1.3. Le gouvantaitent Lléral et Ies progamma de
reechelonnomait ces dates
157
157
Annems
351
8
164
Curtes
Graphiques
353
359
Chronologie
363
167
9
ABREVIATIONS
ACIEZ : Alianza Campesitia Independiente Emiliano Zapata.
Alliance Paysanne Indépmdante Emiliano Zapata.
I3ANRURAL : Banco Rural Banque Rumie.
CEDECOS : Centro de Desarrollo Comunitario del .S'ureste.
Centre de Développernent Communautaire du Sud-Est
CDPZ : Comité de Defensa Popular de Zaragoza. Comité de
Défense Populaire de Zaragoza.
CDP : Coordinadora por la Defensa de Pemex. Coordination
pour la Défense de Pemex.
CEB's : Comunidades Eclesiales de Base. Ccumnimatités
F.cclésiales de Base .
CEPAL : Coordinación beonómica para América Latina
Coordination Economique pour l'Amérique latino.
CIOAC : Central Independiente de Obreras Agricolas y
Campesinos. Centnile Indépendzune des Ouvners Agricoles et
dos Paysans.
CNC: Confederación Nacional (..ampesina. Confédération
Nationale Paysanne.
CNPI : Gfrordouulora Nacional de Pueblos Indígenas.
Coordination Nationale des Peuples Indigenes
CODEH UTAB : Connsion de Derechos Humanos de Tabasco.
Commission des Droits de l'Hortune de Tabasco.
CONAMUP : Coordinadora Nacional del Movimiento Urbano
Popular. Coordination Nationale du Mouvement Populaire
Urbain.
CNOP : Confederación de Organizaciones Populares.
Confédéralion des Organisations Populaires.
CNDEP : Comité Nacional en Defensa de la Economía
Popular. Comité National de Défense de l'Economie Populaire.
CM] : Consejo Nacional de Huelga. Conseil National de la
Gréve.
CROC : Conféderación Regional Obrera y Campesina.
Confédération Régionale Ouvriére et Paysanne.
CROM : Confederación Regional Obrera de México.
Confédération Regional° Ouvriére du Mcxique.
CTM : Confederación de Trabajadores de México.
Confédération des Travailleurs du Mexique.
CNPA Conlederación Nacional Plan de Ayala. Confédération
Nationale Plan d'Ayala.
EZLN Pféreito Zapatista de Liberación Nacional. Ami&
Zapatiste de Libération Nationale.
FC1P : Frente Cívico de Pajapan. Front Civique Indigéne de
Pajapan
FREPOCEV : Frente Campesino Popular del Sur de Veracruz..
Front Paysan Populaire du Sud de Veracruz .
FDN Frente Democrático Nacional Front Démo-cratique
National
FNDSCAC Frente Nacional contra la Austeridad y la Defensa
del Salario. Front National contrc l'Austérite et Defense du
Salaire.
FNAP : Frente Nacional de Acción Popular. Front National
d'Action Populaire.
IPN :
Instituto Politécnico Nacional. Institut Nations]
Polytcchnique.
OCF.Z : Organización Campesina Emiliano Zapata.
Organisation Paysanne Emiliano zapata.
PAN : Partido de Acción Nacional Parti d'Action Nationale.
PEMEX : Petróleos Mexicanos. Párole Mexicains.
PNR : Partido Nacional Revolucionario. Parti National
Révolutionnaire.
12
PPS : Partido Popular Socialista. Parti Populaire Sociabste.
PARM : Partido Auténtico de la Revolución Mexicana. Parti
Authentique de la Revolution Mcxicainc.
Partido Revolucionario Institucional.
PRI
:
Révolutionnaire Institutionnel.
Partido Demócrata Mexicano. Parti Démocratc
PDM
Mexicain.
PRD: Partido de la Revolución Democrática Parti de la
Revolution Democratique.
PST : Partido Socialista de los Trabajadores. Parti Socialiste
des Travailleurs.
PS1JM : Partido Socialista Unificada de México. Parti
Socialiste Unifié du Mexique.
PRT : Partido Revolucionario de los »abajadores. Parti
Révolutionnaire des Travailleurs.
PMS : Partido Mexicano Socialista. Parti Socialiste Mexicain.
STPRM : Sindicato de Trabajadores Petroleros de la República
Mexicana. Syndicat des Travailleurs du l'étrole de la
République Mexicaine.
SRA : Secretaría de la Relama Agraria. Secrétariat de la
Reforme Agraire.
SUTERM : Sindicato Unica de Trabajadores Electricistas.
Syndicat Unique des Travailleurs Electriciens.
UGS : Union Ganadera del Sur. Union d'Elevcurs du Sud.
UGOCP : Union General Obrera Campesina y Popular Union
General Ouvriére, Paysanne et Populaire.
U130 : Union de Barrios de Oteapan. Union de Quartiers de
Otinpan
UNORCA : Unión Nacional de Organizaciones Regionales
Campesinas Autónomas. Union Nationale des Organisations
Regionales Paysannes Autonomes.
13
Introduction
Notre étudc traite des mouvements sociaux' et de leurs
relations avec le processus de démocratisation du systeme
politique mexicain. Nous allons tout particulierement analyser
trois types de mouvements sociaux régionaux sifués dans trois
états du pays, dans le but de comprendre á la fois les
caractéristiquts dcs ces mouvements régionaux et leurs
relations avec les actcurs politiques des états. Ccci nous
permeltra d'avoir une vue d'ensemble des differents rythmes et
étapes de ce processus de démocratisation.
Quelle est la raison de cct inter& pour l'implication des
mouvements sociaux dans les transfonnations du systeme
politique ? Plusieurs elements pcnuettent de repondre á cette
qucstion. Parlons d'abord des acteurs qui favonsent le processus
de démocratisation potingue: dans la theorie classique sur les
transitions politiques dans les pays autoritaires, en particulier
dans les pays d'Amerique Latirle et d'Europe du Sud, nous
observons que priorité est donnóe á l'elude des entes politiqucs
et úconomiques considérées comme les uniqucs acteurs de ces
processus de transition. La société et les mouvements sociaux
sont alors consideres comme des acteurs secondaires, presque
marginaux (O' Don ne11.1984 ; Valenzuela, 1994; Schmitter,
2000; Arato,1999; Bunce, 2000).
D'aves nous, les mouvements sociaux sont des
plientimenes qui ont de l'influence
sur le processus de
transformation du system° politique autoritaire. Cate influence
s'exerce par le biais de nombreuses actions et revendications
qui ont des répercussions sur les changements du systeme en
question. Si Ion considere le processus de démoc:atisation de
Nous entcndons par rnouvement social un réseau d'organisations ou ,.taus
d'orgartisailons qui luttent pour obtcnir satisfaction i lava revendiestions et qui meten*
en question le systinic social et politique. txur action cst nácessairentent conflictuclIc el
genere une action solidaire dans le processus de ItilIc Colrire leurs adversaircs.
maniere restreinte, il se cree une déception sur les soi-disant
"transítions politiques" vcrs la démocratie
Un autre aspect concerne la politisation des mouvements
sociaux. Comme le svstéme autoritaire mexicain s'est structuré
á partir d'un pa p i hégémonique, le PRI, qui comprenait des
organisations de rnasse inserees dans un systéme de type
présidentialiste, dans les periades de fermeture maximale du
systéme, entre 1940 et 1982, les mouvements sociaux
ernergents avaient des revendications precises. La solution á
leurs revendications était conditionnéc par l'adhésion des
groupes contestataircs au PRI ou á l'une de ses organisations.
C'est pour cela que les rcvendications des mouvements sociaux
se sont politisécs, c'est-á-dire que, pour obtenir une reponse, il
leur fallait faire appel á des agents politiques, des fonctionnaires
du gouvemement de l'état ou du pouvoir exécutif, et placer la
condition démoeratique comme condition sine qua non.
De 1982 á 1997, le processus de libéralisation politique
s'est accéléré. Le PRI et ses organisations ont beaucoup de mal
á s'y adapter tandis que les mouvements sociaux sont plus
effieaces dans la luttc pour leurs rcvendications, en profitant des
espaces crees par les transformations démocratiques.
NOUS notons que, presque toujours, les acteurs des
mouvements sociaux ont une conception de la démocratie qui
nc se limite pas aux proc(dures electorales et á l'altemance
politique. lIs considérent la democratic comete étant plus large,
les droits des eitoyens étant l'axe central tant de la société que
de la vie économique (Marc Ferry, 1994; Harvey', 2000;
Zermeño, 1998).
Un autre aspect intéressant est celui de la subordination
ou de l'autonomic des mouvements sociaux par rapport aux
partis politiques. En Amérique Latine le paradigme predomine
selon leguel le hut des mouvements sociaux était de devenir des
partis politiques ; nous notons le fait que les mouvements
sociaux ont tendance á se subordonner aux partis, encare plus
lors des transitions politiques.
16
Ce processus s'accentue dans la transaban politique, du
fait que les partís d'opposition ont besoin de mil:tants ayant une
expérience d'organisation. lis regroupent alors des mentes
actifs et des dirigeants des mouvements sociaux. De mente, les
dirigeants des mouvements sociaux soutiennent l'adhesion á un
partí politique en creant le risque de devenir bureaucratiques ct
d'entrainer des fractures dans les mouvements.
la relation entre les mouvements sociaux et le systéme
politique est done complexc á décrire. II nc s'agit pas sculement
d'en mesurer l'impact, d'analyscr comment les mouvements
sociaux entrcnt et sorient du systéme politique, mais aussi de
comprendre comment nait ce processus et qucls types de
transforntations ont licu.
A partir des annécs 90, on percoit dans le modele
mexicain d'action collective un phénoméne de fragmentaban
des mouvements sociaux. Ce phénoméne est en grande partie le
produit de la consolidation du modele neo-liberal on observe
une pene de centralité de quelques mouvements comme le
mouvement ouvrier ou le mouvement paysan, et on voit se
produire des mouvements á caractére prinemalement sectoricl et
regional.
On peor obscrver tres clairement de quelle maniere la
société mexicaine se diversifie, et de ce fait la presence d'autres
acteurs comme les organisations de femmes, les homosexueis et
les lesbiennes, les petits propriétaires, etc, devicnt visible. La
crise du vieux schéma devient evidente, les mouvements
centraux ouvrent le pas á des revendications et á des
mouvements interclasses et des mouvements fragmentes qui, en
apparence, ont peu d'incidence sur les changements du svstéme
politique. Devant ce processus, notre pra pccupation était de
comprendre quelles répercussions ces mouvements ont cu sur la
democratisation du systéme politique et quelle est la reponse de
cclui-ci aux demandes ct aux propositions de ces mouvements.
La fragmentaban et la pene de centralité des mouvements
tendaicnt á forgcr une opinion pessimiste concluant que, faute
de mouvements centraux, les changements au sein d'un systéme
politique autoritaire ne seraient pas tres frappants. Nous
17
pensons cepciidant que cene perspectivo tendait á simplifier ces
processus. Devant les changements qu'était en train de vivre la
secreté mexicaine, comme la croissance urbaine et celle de la
population, la libéralisation des moycns de communication et
une demande constante de la pan des citoycns du respect des
droits civiques, les exigentes pour un processus de
démocratisation se faisaicnt á partir de ditTérents milieux et
secteurs et s'exprimaicnt dans des transformations locales et
regionales.
Pour enrichir notre réflexion, nous ajoutons une autre
question : quelles sont l'influence et la participation des
mouvements sociaux dans le processus de transfomiation du
systéme potingue '? Qucls sont les effets de la structure
d'opportunités politiques' dans le développement des
mouvements sociaux ? Pour quelles raisons les mouvements
regionaux sont-ils prépondérants dcpuis plusieurs décennies ?
Est-cc que le processus de démocratisation consolide ou
fragilise les mouvements sociaux ? Ce sont ces questions qui
guident nos recherches, et auxquelles nous essaicrons de
répondre dans di fférents chapines.
Le systéme autoritaire et le processus de transition politique
Comme nous l'avons dit au debut de l'introduction, le
systéme autoritaire mexicain était basé sur le PRI, parti
hégémonique. ('e parti et les organisations de masse qui y
adhéraient obéissaient á la figure présidentielle qui exergait un
pouvoir sans limite (Krauze, 1997).
II a egalement créé une politique clicnteliste dans laquelle
la corruption était un élément naturel de l'exercice du pouvoir.
Bien que le PRI foncttonnát comme le parti par legue( l'exorcice
politique du president était légitimc, il était aussi un moycn de
s'élever socialernent et politiquement. Ce parti etait légataire de
l'idéologie de la révolution mexicaine el gestionnaire des
ressourccs économiques de scs militants.
Lorsque l'intervention soit du parti, soit de sis groupes,
soit méme du président, nc donnait aucun résultat contre leurs
adversaires, la répression était employéc pour freiner les
ennemis du systérne.
Ces mécanismes commencent á changer dans les alinees
80. En effet, le PRI est entré alors dans une phase de
desinstitutionnalisation 3 marquée par son incapacité á s'adapter
á un nouveau conteste concurrentiel et pluriel. 11 se montra
alors comme un parti incapable de rénovation démocratique
(Cansino, 2000; Marquez, 2000). Le processus de
désinstitutionnalisation s'est manifesté comme une sorte de
paralysic : la structure bureaucratique corporativo n'obéit plus á
la captation et á la manipulation des votes des adhérents
En effet le PRI, á partir des élections presidentielles de
2000 qu'il a perdues, entre dans une phase d'incertitude. Son axe
de fonctionnement nc pela plus étre dépendant du Président de
la République.
Les changements auxquels doit faire face le PRI ont une
envergure intcrnationalc, notamment á cause de la pene de
légitimité des dictatures du cáne sud de l'Amenguo Latine, de la
chute des systémes autoritaires de l'Europe de l'Est, ainsi que
des transformations économiques intervenues lors du passage
d'une économie étatisée á une économie franchement
néolibérale.
Dans ce sens, la privatisation d'un Brand nombre
d'entreprises, qui étaient propriete de [Etat et dirigées par une
importante bureaucratie politique de filiation prirste, a affectc
aussi ce par-ti du fait de la pene du contróle qu'il exercait sur
obscrvons que le degré d'ininitutionnalisation du PRI dimintac. puisqu'II case
d'are un parti atable ct a des difficultés á se inaintcnir dans un systéme conspetitif.
Casi un parti qui a perdu la cohésion interne qu'il avail hasée s " un réscau
complcxc d'appuis ct de loyautés verbal el établi hierzuchiquement." (Cansino;
2000: 318).
Nous
lc concept de siructurc d'op/xtrtunites publiques cm ulilisé pour falte reference á la
capacité ou i la láiblesse présentées par le systéme politique dans $3 réponse aux
actions des groupcs contestataires( Eillieule, 1993)
19
celles-ci et qui 1M procuran des rissources économiques et une
influence politique.
C'est dans ce conteste general que k processus de
démocratisation politique a licu. Pour certains auteurs il débute
en 1977, avec la reforme electorale permettant d'inclure de
nouvcaux partis politiques. Pour d'autres, il commencc en 1988
lorsqu'une crise de legitimité survicnt á cause des irrégularités
commises par le PRI lors des élections présidentielles.
Cependant, á la fin des annécs 80, les caraetéristiques de
la transition vers la démocratie ont commencé á etre débattucs
sous le nom de "transitologie" ; ce débat s'est accentué en 1994
lorsque les politologues mexicains ont repris le modele
classique des transitions élaborées par O'Donnell ct Schmitter,
entre autres. la transition espagnole est devenue un des
modeles de reference (Diaz, 1993; Mesa, 2001). Cet
enthousiasme se comprend car les autres groupes du PRI
commeneaient á se &d'aire.
Cc qui n'était pas logique, en revanche, &tad de laisscr de
elite les resultats obtenus lors des transitions politiques du cóne
sud ainsi que les débats en cours dans les pays d'Europe de
l'Est.
Au Mexique, les débats classiques sur les transitions
politiques ont repris. Priorité était donnee á l'analyse des partis
politiques et des élites économiques. En resume, le processus
démocratique était consideré de maniere limitee.
Dans le cóne sud, e l est-á-dire en Argentine, au Pérou, au
Brésil, on parlait déjá de la desaniculation entre le systéme
politique et les sphéres sociale et économique. 11 est intéressant
de noter que les spécialistes de la transitologic font des efforts
pour adapter lcurs concepts.
Par exemple, la déception engendrée par les processus
démocratiques dans les sociétés du cóne sud montre bien que
d'autres actcurs doivent entrer en scene. Le btsoin d'articuler les
proccssus démocratiques á d'autres domaines importaras pour
les citoyens cst ressenti (Smitter, 2000). II faut aussi accorder
20
de l'importance au processus de consolidation de la démocratie
á ce sujet, O'Donncl parle de deux transitions : une vers la
démocratie, une cutre de consolidation de la démocratie
(0‘Donnel, 2000).
Les interpretations des faits qui se sont déroulés en
Europe de l'Est ont remis en cause le point de vue classique des
transitions. En Polognc et en Hongrie, la société civile et les
mouvements sociaux ont été les actcurs pnncipaux des
changements politiques ; les partis politiques ne sont pas les
seuls acteurs et l'histoire de chaque pays a son importance dans
les changements. (Braun, 1999; Arato, 1999).
II s'est passé la mente chose en Russie et dans les pays qui
en dépendaient. L'étude des transitions s'est done imposée : on
nc pouvait plus parler d'un seul modele et de ses étapcs
naturelles, mais les considérer dans toute leur complexité. Cela
comprend le róle des différents actcurs, la position de
l'économie du pays, l'histoire politique et le concept m'eme de
démocratie.
Nutre ("mide se situe dans cene vaste periode appelée
transition politique. Les mouvements sociaux qui se
développent durant cette période, 1982-1998 4 , se débattent avec
des confrontations idéologiques propres aux actcurs qui nc
voient pas d'avenir et de legitimité á ce proccssus. Si nous
partons du príncipe qu'un nombre imporuun des mouvements
qui sont nes dans les années quatre-vingt étaient intluencés par
le marxisme et que dans leurs manifestations les plus radicales
ils niaient toute possibilité d'ouverture politique et de
démocrausation du systéme, la tendance que nous cnregistrons
entre les années quatre-vingt et deux mille, avant l'altemance
présidentielle, cst que l'unique possibilité pour les mouvements
sociaux de proposer des politiques publiques et d'obtcnir une
reponse á lcurs demandes est d'influencer ct transformer le
systéme politique. Ce positionnement derive dans le seas on la
4 New avons dame la priorité á reste pirriode hien que quelques analystes considérent
que la transition politique au Mcxique conunence en 1977 avec les prcmiercs
rétnernes éloztorales.
21
mediation notifique est un espacc que les mouvements utilisent
constamment. Ces ispaces sont la participation aux différentes
élections, principalcment les municipales, l'influencc sur les
décisions de la Chambre des Députés et du Sénat, et la lurte
permanente pulir démocratiscr le systéme de justice.
changements politiques sont en revanche tris lents dans d'autres
états. En fonction des traits historiques des régions et des etats,
des caractéristiquts des elites politiques, de la presence ou non
de mouvements sociaux, la transition notifique a été plus ou
moins rapidc.
C'est amsi que nous observan, durant cate période, le
phi:nomen° suivant : les mouvements sociaux parient sur la
démocratisation du systéme et de ses institutions, et les
mouvements qui consideren, que le proccssus de
démocratisation nc pcut résoudre les problémes essentiels de la
société, ou qui simplement nc voient aucune possibilité de
démocratisation, demeurent de plus en plus isolés. Nous
pouvons dire que n'eme si l'elite qui gouvernait le pays a créé
certaines conditions á l'ouverture du systéme politique, ce sont
les mouvements sociaux et la société civile qui donnércnt
l'impulsion au processus de démocratisation dans les différents
milieux territoriaux et politiquea.
Ce qui nous interesse, cest l'action des mouvements
sociaux dans le proccssus de démocratisation et la facon dont ils
ont atteint leurs objectifs.
Les mouvements sociaux et la démocratic
I
mouvements sociaux que nous allons analyser
s'inscrivent dans ce conteste notifique, entre 1982 et 1998. Cene
période se caractérise par de grandes transformations politiques
et économiques et par des changements dans le modele des
actions col lecti ves.
Nous avons choisi des mouvements qui se déroulaient
dans un cadre regional. A partir des années 80, nous voyons
apparaitre des mouvements sociaux qui naisscnt dans tout le
pays. surtout ces dix cloratos annécs: le mouvement indigéne
du Chiapas, les lunes pour l'enseignement dans l'état d'Oaxaca,
les protestabais des travailleurs du pétrolc, le mouvement El
Barzon, etc...
En dehors de Paspect regional, il y a ce que nous appelons
l'asymétric de la transition politique. Tandis qu'a Mexico et au
gouvernement federal les reformes !lees á la démocratisation
surrnonti,nt les obstacles de la culture clientéliste, les
22
Nous voulons savoir comment les actcurs des
mouvements sociaux ont affronté le contexte de Icor région,
quels sant les problémes qui les ont poussé á se soulever ct á
remettre en cause les autorités locales.
Nous voulons comprendre leurs strategies de protestation,
leurs pratiques politiques, afin de déterminer leurs
ressemblances et leurs différences. En cc qui concerne leurs
pratiques notifiques., nous donncrons la priorité au licn entre eux
et les partís politiques, en particulier avec le PRD puisque
l'ascension de ce parti est liée á ses relations avec différentes
organisations sociales.
Lors de notre choix, nous avons tcnu compte des liens
avec les partís notifiques, notamment le PRD et le PRI dont le
son est lié aux relations avec les mouvements sociaux Par
exemple, il existe une concurrence entre le PR1 et le PRD dans
l'état du Tabasco. Du fait de la fermeture de la structure
d'opportunités politiques, Ics conflits sont tres tendus.
Dans l'état du Veracruz, il y a concurrence entre les
ménies partís mais, comme la structure d'opportunités notifiques
est plus ouverte, plusieurs groupes sociaux pcuvent participa
aux élections. Au Zacatecas, les dissensions au sera du PRI ont
permis au PRO de gagner les élections de 1998 dans cet état.
Les mouvements sociaux que nous avons choisis se
situent dans les états du Zacatecas, de Veracruz et du Tabasco.
Au Zacatecas, nous avons analyse le mouvement El Barzon, né
dans cet etat avant de s'étendre á tout le pays. Scs actcurs
principaux sant des petits et moyens agriculteurs insultes dans
23
la zcme la plus productive de cet état. Sa revendication centrale
était de protestes contre la hausse excessive des taux d'intérét
des b:mquec privées ct nacionales. Son moven d'action a até le
plus radical dans le répertoire des actions collectives du
mouvement paysan de cct état Certains autcurs ont qualifié ce
mouvement de pluriel en termes de classes sociales, car il a
rcgroupé á son apogée plusieurs gratines sociaux_ Son
développernent va de 1993 á 1998, periode pendant laquelle le
PRI connal des conflits en son scin, tandis que le PRD est en
pitase d'ascension.
Le mouvement social et politique du Tabasco rassemble
des indigénes et des paysans membres du PRD. Leurs
revendications principales sont liées aux dommagcs causes á
leurs terres par la pollution duo á l'exploitation pétroliére. Elles
se sont ensuite étenducs á une demande de démocratisation du
systéme politique de l'état.
Le mouvement se poursuit de 1989 á 1998 ; les formes de
résistance reprennent les répertoires de l'action collective
paysanne mais de maniere plus organiséc, avec plus d'impact
sur l'opinion publique.
Enfin, parmi les mouvements de l'état de Veracruz nous
observons le mouvement indigéne de la région CoatzacoalcosMinatitlan. Celui-ci commence á se manifester dans les années
70 et atteint son apogée dans lis années 90. Ses revendications
sont liées á la démocratisation des structures politiques
regionales et á la (une contre les caciques locaux. Les
protcstations se sont concentrets lors des élections pour gagner
les municipales gráce á une alliance avec le PRD.
Dans la mame regían, nous avons analyse le
mouvement des travailleurs de l'industrie pétrochirnique qui a
cree la Coordination pour la Défense de Pemex. Sa principale
rcvendication elan de protestes contre la privatisation de
l'industrie pétrochimique. Ce mouvement a en un impact
médiatique considerable tant au niveau regional que national.
Ses strategits eonsistaient á influenecr l'opinion publique.
24
Ces deux mouvements ont noué des allianccs pour
empaches la privatisation de l'industrie ct democratiser le
systéme politique local.
Nous trouvons un point politique et idéologique comunal
á ces mouvements. Le mouvement indigéne de Coatz.acoalcosMinatitlan et une branche des membres du PRD de Tabasco
provicnnent d'une fonnation chrétienne liée á la théologie de la
Liberation. Les dirigeants du Barran sont membres du PRD et
viennent d'une gaucho de nene ascendance marxiste.
La Coordination pour la Défense de Pernex ct le groupe
des dirigeants du PRD de Tabasco partagent un point de vuc
nationaliste en ce qui concome le pays et ses ressources, ce ri
faisait partie du projet idéologique de la révolution mexicaine
Le point commun entre ces mouvements est la hitte
contre l'autoritarisme et pour la démocratisation du systéme
politique.
Plan du liv re
Le livre que nous présentons est compasé de deux partes
La premiére partie a pour theme "La theorie sur les
mouvements sociaux et l'action collective au Mexique",
deuxiéme partie trine des "Stratégies de protestation et des
ident ités politiques".
12 concept de nationalisme. a ',se l'objet de numbreuses poléntiques Pour ocums
autcurs, la nailon et le nationalismc sont les produits d'une penod< de 111152ot:e ati le
processus d'industrialisation domine dans une societé di/ten:me de la soco&
paysanne (Genner, 1998). Pour Satines, l'Etat-Nation d'oil prov .:mi la conception
nationaline est fissuré et &pass* par la mondialisation qui transforme le secteur
éconornique mala aussi la stmeture méme de la sociéte (llovisInui, 1992). Cependitnt.
le nationalisme en tant que plienoméne de resistitnce culturclIc est repiis par p/usicurs
autcurs , il est aloya une strategic pour protégcr les traditions commUnatitaires rade á
la mondialisation (Wieviorks, 1993). Fn ce qui concome le Me gique. le nationalisme
s*identitic au projet ideologique de la révolution mc gicame consolidé par les
reformes econonuques el sociales errtreprises par le Président latazo Cardenas del
Rio dans les années 30 Panni celles-o, il y a tu la nai,onalisalton de l'industrie
pétroliere.
25
La premien: partie comprend deux chapitres. Dans le
premier, nous exposcrons les débats que nous jugeons
pertinents pour l'analyse de l'action collective au Mcxique ;
s'agit d'un chapitre théorique. Nous y analyserons la théoric des
nouveaux mouvements sociaux, la mobilisation des ressources
et la théoric antisystemique. II nous parait intéressant de
presenter un point de vue constructiviste, en particulier la
théoric des nouveaux mouvements sociaux et la mobilisation
des ressources. Nous essaierons d'utiliser les concepts de ces
courants qui nous paraisscnt pertinents pour nos recherches.
Nous presenterons également notre point de vue sur lis
probletnes déhattus dans le conteste latino-américain, á propos
des mouvements sociaux et de leurs relations avix la politique,
des changements politiques et du róle joué par les mouvemcnts
sociaux ainsi que par la société civile dans ces transformations.
Dans le chapitre deux, nous analyserons l'action
colleetive au Mcxique. Nous voulons comprendre la relation
entre les mouvements sociaux et le systéme autoritaire, ainsi
que les changcments survenus dans le modele de l'action
collective.
Ce chapitre correspond á la periode allant de 1958 á 1994.
Cene analyse nous permct de mettre en contextc la deuxietne
partie dans laquelle nous entrons de plain-pied dans notre sujo
d'elude.
Dans le chapare trois, nous étudicrons les acteurs et les
rést.mux qui constituent les mouvements sociaux de notre útude.
Nous analyserons également Forganisabon ct l'idéologic de ces
mouvements.
Nous pensons, suivant ainsi Alberto Melucci (Melucci,
1999), qu'il est important de savoir comment les relations
formelles et informelles se structurent. Ce point perrnet une
meilleure compréhension des mouvements. Lanalyse de la
structure des mouvements nous permet de savoir comment
certains d'entre cux ont une structurc lourdc dépassée par
l'agilité avec laquelle les réseaux et les actcurs agissent, tandis
que d'autrcs ont une structurc souple ct agite. Nous essaierons
26
également de comprendre la presence des dirigeants dans la
dynanuque d'organisation de ces mouvements.
Dans le chapitre quatre, il est question des stratégies et
des actions de protestation collective. Nous avons étudié les
groupes, les directions de ces mouvements et les répercussions
des protestations. 1:analyse de la structure d'opportunités
politiquea devient essentielle pour comprendre la progression de
ces mouvements.
Nous souhaitons également comprcndre pourquoi le
besoin de valoriser les droits des citoyens s'est fait ressentir cn
marge des revendiczions propres á chaque mouvement. D'aprés
certains auteurs, les mouvements sociaux contemporains en
Amérique latino se caracterisent par la détense et la conquéte
des droits des citoyens (Harvey, 2000; Tamayo, 2000;
Fowcreker, 1994).
Bien que la formation de la eitoyennete ne soit pas le
sujet de nos recherches, c'est un theme qui est présent dans
fanalyse des mouvements.6
Nous voulons également comprendre comment les
mouvements sociaux non seulement ont un impact graducl sur
le systéme politique mais paniennent aussi á remettre en cause
les fondements du s y stéme de domination (Melucci, 2000;
Touraine, 1998; Martucceli, 2001)
Mcxique et dans
déla) sur lo cone€48 de collyennetf eta devenu nuncio
phismun pays d'A:Tiento< latme, le hesoin des individua d'ene reconnus dans leurs
droits eivils el politiques est app,m, dans les debata. Par exemple, les revendications
des Indigenes du Chiapas 41 dtquateur mihtent polo la reconnaessance des drous
notifiques cl eulturels. Certains animas pensent que le modele elassique de
république est en lrain de devenir un modele plunel, identitaire et n'imanan:e, dans
lequcl le respect des ddlerenees et des droits adturels des individus se rail ;out
((hinches, 1998:122 )
II est egalement quesaum des sus-tetes multieulturellts et du respeet des dro ga des
~ornes (Kymlieka, 1998:16 Schnapper, 2000 236), aussi que des droits ',Mitigues
en tala que eitoyennete active es non pes oomme un privemos forme) ou passif, "
dans le fait et le droit de participa: activement á relaboration des deeisions el des
normes qui visan spécifiqucment á organiser l'ensemble de la vie collective" (Mac
Ferry, 1994:13)
27
Dans le chapitre cinq, nous nous centrerons sur la
dependance ou l'autonomie des mouvements sociaux par
rapport aux partis politiques. Nous porterons le débat sur la
subordination ou l'adhésion des mouvements sociaux aux partis
politiquera. L'adhésion des organisations de masse aux partis
imbuyes est un modele né dans les années 40 en Amérique
Latirte Ce modele est actuellement en crise ; on sent une nette
tendance á l'autonomie des mouvements sociaux.
La constitution de cette livrc s'appuie sur un travail de
terrain réalise dans les états de Zacatecas, du Tabasco ct de
Veracruz. Nous avons fait trois séjours : un de juillet á
noviembre 1998, un autre de juillet 1999 á février 2001 et un
demier de février 2002 á avril 2002. Le travail sur le terrain
consiste en entretiens et en recherche de sources
hibliographiqucs, dfx:umentaires et joumalistiques.
Dans les trois états, nous avons réalisé un ambitieux
program= d'entrevues, un pcu plus de quatre-vingt. Ces
entrevues s'adressaient aussi bien á des dirigeants des
mouvements sociaux qu'á des dirigeants des partis politiques,
pruicipalement du PRO. Nous avons eu aussi des cntretiens
avec des inembrts actifs n'ayant aucun poste forme! dans les
mouvements, et interviewé des fonctiozmaires de mairics et de
gouvernements de ces états. Nous n'avons eu aucun probléme
dans les états du Zacatecas et de Veracruz.
gotivemement de Roberto Madrazo vis-á-vis de nos activités.
Dans certains cas, cenains de mes interlocuteurs ont subí des
intimiciations. Une fois ce probleme dépasse, nous avons pu
parcourir tout l'état : Cunduacan, Comalcalco, Nacajtica,
Ciudad Pemex, El Plan Chontalpa, Cardenas, Tenosique et la
vine de Villahemwsa.
Le travail de recherche dans les journaux a occupe un
temps important, notarnment pour Fidentificatton des sources
locales. Nous avons relu des joumaux de duque état pour
realiser trois chronologies afin de suivre les evénements.
Nous avons assisté á des réunions de travail du I3arzon
dans les villes de Zacatecas et de Jerez, ainsi qu'á Mexico. Nous
avons assisté á des réunions de conseils municipaux á Veracruz
et á des activités de la Coordination pour la Dórense de Pemex.
A Tabasco, nous avons assisté aux activités de plusieurs
associations.
D'une facon genérale, nous pouvons dire que le travail sur
le terrain a été tres important. mime si la diversité des sujets
d'elude pouvait laisser penser qu'U était unpossible de recucillir
tomes les informations nócessaires
Au Zacatecas, nous nous sommes rendus dans plusieurs
villes et communes : Fresnillo, Jerez, Guadalupe, Nieves, la
ville de Zacatecas, notamment Nous avons rencontré des
dirigeants du l3arzon á Mexico.
Au Veracruz. nous avons parcouru la zone indigéne :
Zaragoza, Cosoleacaquc, Oteapan, Mccayapan, Sotcapan,
Pajapan et Jaltipan Pour pouvoir interroger des travailleurs
pétroliers et pétrochimiques, nous nous sommes rendus dans les
villes de Coatzacoalcos et de Minatitlan.
Au Tabasco, nous avons été confrontes á des problemes
dus au climat de tension entre le PRD et le PRI. Nous nous
sommes rendus compte de la méfiance des mcmbres du
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