France - Le Monde

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France - Le Monde
www.lemonde.fr
Vendredi 13 juin 2008
64e Année - N˚19713 - 1,30 ¤ - France métropolitaine ---
La gauche
européenne dit
non à la semaine
de 65 heures
Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Eric Fottorino
Astronomie Un œil sur l’Univers violent
La France
redoute une
hausse des
taux de la BCE
omment éviter d’entrer dans une
période de stagflation durable qui
verrait l’économie marquée par la
coexistence d’un couple maudit : inflation
et faible croissance ? La question est posée
par les conjoncturistes après la publication, mercredi 11 juin, d’un mauvais chiffre d’inflation : 3,3 % de hausse des prix à
la consommation – en rythme annuel –,
au moment où la France s’attend à un
ralentissement de sa croissance en 2008
et, plus encore, en 2009. Certitude : une
décision de la Banque centrale européenne de relever ses taux porterait un coup
supplémentaire à l’activité. Peut-on compter sur les effets de la loi de modernisation
de l’économie, et notamment la libéralisation de la distribution, pour peser sur les
prix ? Le Monde a posé la question à l’économiste Philippe Askenazy. a
C
Directive Les socialistes de l’Union craignent
l’autorisation d’allongement du temps de travail
u grand dam du ministre français
Xavier Bertrand, une nouvelle polémique sur le temps de travail risque
d’enflammer les débats au sein du Parlement européen, venant compliquer la présidence française de l’Union européenne
au second semestre de cette année. Objet
de la contestation : le compromis adopté
par conseil des ministres de l’emploi de
l’UE, dans la nuit du lundi au mardi
10 juin, à Luxembourg. Il s’agissait de clore le vieux conflit qui empêchait jusqu’ici
la révision de la directive sur le temps de
travail dans l’Union – la norme de la
semaine de 48 heures, à laquelle nombre
d’employeurs souhaitent pouvoir déroger
plus facilement.
Le compromis autorise un allongement négocié du temps de travail hebdomadaire. Il a suscité une fronde de la
Confédération européenne des syndicats,
relayée au Parlement par une bonne partie du groupe des socialistes européens,
dont les élus du PS français, et les formations de gauche.
« Les changements qui interviendront
au niveau européen ne diminueront pas les
garanties pour les Français », a déclaré au
Monde le ministre du travail, M. Bertrand.
La principale critique au compromis
adopté par les gouvernements européens
– malgré les fortes réticences de plusieurs d’entre eux – est le maintien de la
possibilité, exigé par la Grande-Breta-
A
gne, de garder une dérogation aux
48 heures. « Avec cet accord, nous encadrons bien mieux l’“opt out” [la possibilité
de dérogation] qu’auparavant, et nous
l’avons plafonné à 60 ou 65 heures, au lieu
de 78 heures actuellement », se défend le
ministre français, qui a eu un rôle décisif
dans l’adoption du compromis en rompant le front qui unissait jusque-là la
France aux cinq autres pays, dont l’Espagne et la Belgique, qui s’y opposaient.
M. Bertrand a assuré les syndicats
français que la possibilité, inscrite dans
le nouveau projet de directive, de considérer les temps de garde (ceux des hospitaliers, par exemple) comme des temps de
repos ne sera pas transposée en France.
Cette disposition fait partie des concessions que la Confédération européenne
des syndicats jugent inacceptable.
La concession aux Britanniques sur le
temps de travail est le prix cédé pour obtenir des améliorations à la directive existante sur le statut des travailleurs intérimaires. Ils sont quelque 8 millions dans
l’Union qui devraient ainsi pouvoir disposer de droits équivalant à ceux des salariés permanents.
Devant la délégation pour l’Union
européenne de l’Assemblée nationale,
M. Bertrand avait assuré, le 4 juin, qu’il
s’agissait non pas de diminuer les acquis
en France, mais de rapprocher des plus
progressistes les pays européens ayant
des législations sociales moins exigeantes.
Lire page 10
Russie : le boom
de l’industrie
automobile
a Russie est devenue un eldorado
pour les constructeurs automobiles.
La manne des matières premières,
notamment énergétiques, a permis au
pays d’afficher une croissance de 7,8 %
en 2007. Une classe moyenne, avide de
consommer, émerge. Le potentiel est
énorme. Le taux d’équipement n’est encore que de 210 véhicules pour 1 000 habitants, contre 600 pour l’Europe occidentale. D’ici à 2012, la Russie deviendra le
premier marché automobile européen,
devant l’Allemagne. De telles perspectives attisent les convoitises. La plupart des
constructeurs occidentaux, japonais et
coréens multiplient les investissements.
Dernier en date, le français PSA Peugeot
Citroën, qui a posé, mardi 10 juin à Kalouga, la première pierre de son usine en partenariat avec Mitsubishi. a
L
JIM GROSSMANN/NASA
Scruter le cosmos sous son aspect le plus violent, telle sera la tâche du satellite international Glast, ici en cours d’intégration sous la coiffe de la fusée Delta-II,
qui l’a envoyé en orbite mercredi 11 juin. Financé par les Etats-Unis, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Suède et le Japon, Glast observera l’Univers dans la tranche
des rayons gamma. Ceux-ci permettent d’analyser des phénomènes extrêmement énergétiques et souvent mal compris par les astronomes : trous noirs
géants au centre de galaxies lointaines et capables d’accélérer la matière environnante à une vitesse proche de celle de la lumière, explosions d’étoiles supermassives, fusion de trous noirs ou d’étoiles à neutrons… Glast pourrait aussi apporter
des indices dans le mystérieux dossier de la matière noire. Lire page 7
Lire page 11
UK price £ 1,40
Lire page 8
PAGE TROIS
Avec les Nord-Coréennes qui
osent franchir la frontière chinoise Le snus ou l’Europe !
La révolte anti-européenne gagne l’archipel finlandais
des îles Aland, dans la mer Baltique. Son parlement
s’apprête à dire « non » au traité de Lisbonne. Les
26 000 Alandais craignent que l’UE n’interdise la
spécialité locale, le snus, un tabac à sucer qui serait
dangereux pour la santé.
A nos lecteurs
« Le Monde des livres »
Le supplément hebdomadaire du Monde consacré aux
livres sera exceptionnellement publié avec notre édition
datée samedi 14 juin. Il sera notamment consacré à la
sociologie de la vie quotidienne et à la littérature
libertine du XVIIIe siècle.
Portrait
Tzipi Livni
La frontière entre la Chine et la Corée du Nord. AFP
uelques poignées d’audacieux osent passer clandestinement la frontière entre la
Corée du Nord et la Chine. Surtout
des femmes, à la recherche d’une
vie meilleure. Les gardes-frontières soudoyés, le fleuve Tumen traversé à gué, elles marchent longtemps pour rejoindre les villages
de la communauté sino-coréenne
Q
en territoire chinois. C’est là que
nos reporters les ont rencontrées.
Certaines se marient avec des
hommes plus âgés en quête
d’épouse. D’autres se retrouvent
sur le marché de la nuit. L’argent
qu’elles y gagnent est envoyé à
leur famille restée en Corée du
Nord. a
Lire Reportage page 16
Si le chef du gouvernement israélien, Ehoud Olmert, est
contraint de démissionner, sa ministre des affaires
étrangères, Tzipi Livni, est convaincue qu’elle lui
succédera. Page 15
Patrimoine
Jardins : la mue d’un festival
Le Festival international des jardins de Chaumont-surLoire (Loir-et-Cher) s’ouvre aux autres arts. Page 19
Henry Bauchau
Le boulevard
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roman
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2008
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Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 1,90 ¤, Sénégal 1 400 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 25 KRS, Suisse 2,90 FS, Tunisie 1,9 DT, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 400 F CFA,
2
0123
Editorial
L’Amérique du Sud sur les traces de l’UE
Mortel Sénat
L
e Sénat obéit au mêmes lois mystérieuses que la Grande Pyramide. La légende veut que tout archéologue trop
curieux de percer les secrets du tombeau du pharaon Khéops ait été victime d’un mal étrange et fatal. La réalité témoigne
que tout réformateur – même prudent – de la
seconde Chambre du Parlement français s’expose
à de douloureuses avanies. Le général de Gaulle
en fit la cruelle expérience en 1969. Et Lionel Jospin, qui le qualifia en 1998 d’« anomalie » pour
la démocratie, ne s’en porta guère mieux.
Le premier ministre socialiste avait pourtant
cent fois raison. Le Palais du Luxembourg est, en
effet, chargé par la Constitution d’assurer « la
représentation des collectivités locales ». Or que
constate-t-on ? Même quand la gauche dirige,
comme aujourd’hui, la quasi-totalité des régions
et une nette majorité des départements et des villes, le Sénat penche invariablement à droite : cette dernière détient actuellement plus de 200 des
331 sièges sénatoriaux ! Immuable, la chambre
forte des conservateurs est protégée par son
mode de scrutin, qui surreprésente de façon stupéfiante les milliers de villages et de petits bourgs
au détriment de la France urbaine. Et qui interdit, ou quasiment, toute alternance.
Le « comité Balladur », chargé de réfléchir à la
modernisation des institutions, avait entrouvert
la porte en recommandant de mieux tenir compte
de la démographie locale. La droite sénatoriale a
écarté cette menace sans ménagement le 12 juin.
Elle propose tout bonnement de verrouiller le
principe même de son mode de scrutin en l’inscrivant dans la Constitution. Comment qualifier cette initiative autrement que comme un abus de
position dominante ?
Ce ne serait pas trop grave si le Sénat n’était
qu’une paisible maison de retraite pour politiciens en fin de carrière. Ou s’il se contentait de
pondérer par sa supposée « sagesse » les emballements éventuels de l’Assemblée nationale. Cela
devient franchement malsain dès lors que la
deuxième Chambre est en position d’entraver jusqu’à l’obstruction l’action de tout gouvernement
de gauche – ce dont il ne s’est jamais privé. Et de
bloquer, de fait, toute révision constitutionnelle
qui n’aurait pas son aval. Cette situation est, à
l’évidence, choquante pour la démocratie. a
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0123
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L
’Union européenne (UE) reste la référence, si ce n’est le miroir, des initiatives latino-américaines en matière d’intégration régionale. La dernière en
date, l’Union des nations sud-américaines (Unasur), née à Brasilia le 23 mai, n’échappe
pas à la règle. Le traité signé par les douze pays
d’Amérique du Sud ne laisse aucun doute à ce
sujet. Le préambule du texte attribue à la nouvelle organisation, dotée de la personnalité juridique internationale, le but de « construire une identité et une citoyenneté sud-américaines » et de
« développer un espace régional intégré sur les
plans politique, économique, social, culturel, environnemental, énergétique et des infrastructures ».
Il s’agit de contribuer ainsi à l’émergence d’un
« monde multipolaire », « libre d’armes nucléaires et de destruction massive », et de « régler les
problèmes qui affectent la région, tels que la pauvreté, l’exclusion et les inégalités sociales ». L’Unasur
entend assimiler les acquis du Mercosur –
l’union douanière sud-américaine fondée par
l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay –
et de la Communauté andine des nations (CAN),
qui regroupe la Bolivie, la Colombie, l’Equateur
et le Pérou. La nouvelle organisation a l’ambition « d’aller au-delà de la convergence du Mercosur et de la CAN » et, à terme, de les absorber.
Le Mercosur avait déjà dépassé son ambition
initiale : la promotion des échanges, un objectif
atteint en dépit des dérogations et entorses au
libre-échange encore persistantes. Comme l’UE,
ses pays membres ont harmonisé leurs passeports, qui portent désormais le nom du Mercosur au-dessus de celui de la nation émettrice.
Vendredi 13 juin 2008
A l’image des fonds structurels de l’UE, le Mercosur s’est doté d’un fonds pour compenser les
« asymétries » entre les économies, c’est-à-dire
les immenses inégalités entre le Brésil et ses partenaires, notamment l’Uruguay et le Paraguay.
Ce souci est repris par l’Unasur. Selon le traité,
l’Union vise un développement équitable, « surmontant les asymétries par la complémentarité des
économies des pays d’Amérique du Sud ».
Analyse
Paulo A. Paranagua
Service International
Moins proches que le Mercosur, les pays
andins ont mis sur pied une institution de crédit
performante, la Corporation andine de développement (CAF), qui regroupe d’autres pays de la
région. Le Mercosur et la CAN sont en pourparlers avec l’UE en vue d’un accord d’association.
Alors que l’intégration européenne a commencé par le charbon et l’acier, l’Unasur cherche à
s’appuyer sur l’intégration énergétique. L’Initiative pour l’intégration de l’infrastructure régionale sud-américaine (Iirsa) a identifié plus de
500 projets dans le domaine des transports, de
l’énergie et des communications, d’une valeur de
68 milliards de dollars, susceptibles de rapprocher les pays. La Banque du Sud, lancée fin 2007,
vient compléter le dispositif financier existant
dans la région. Loin de limiter ses compétences,
l’Unasur devrait aborder les migrations, la
Bracelets par Pessin
recherche et la diversité culturelle, la répression
des trafics de drogue, d’armes ou d’êtres
humains, le terrorisme et le crime organisé.
Les décisions seront prises par consensus, par
le conseil des chefs d’Etat, réuni au minimum
une fois par an, ou le conseil des ministres des
relations extérieures, réuni au moins tous les six
mois. Outre une présidence tournante d’un an,
l’Unasur a décidé de se doter d’un secrétariat
général, basé à Quito (Equateur), et à terme d’un
Parlement, qui siégera à Cochabamba (Bolivie).
Le mérite, mais aussi les limites d’Unasur,
revient à la diplomatie brésilienne, la seule en
Amérique latine, avec la diplomatie mexicaine, à
témoigner de continuité, de professionnalisme
et de vigueur. L’instabilité de l’Argentine d’aprèsguerre a lourdement handicapé sa diplomatie.
La désinvolture du président Nestor Kirchner,
puis de son épouse Cristina Kirchner, a rendu
inaudible l’Argentine sur la scène internationale. Le Venezuela a longtemps assuré la permanence de la démocratie dans la région, alors que
sévissaient les dictatures en Amérique du Sud et
les conflits armés en Amérique centrale, mais le
président Hugo Chavez a cassé l’outil diplomatique avec ses provocations dominicales à la télévision et l’allégeance imposée à ses fonctionnaires.
Minée par des conflits
La démarche de Brasilia serait plus méritoire
si son ministère des relations extérieures n’avait
pas plaqué son propre organigramme sur l’intégration régionale, en séparant l’Amérique du
Sud de l’Amérique centrale, du Mexique et des
Caraïbes. D’abord parce que le Brésil et le Mexique, acteurs globaux, gagnent à être ensemble et
non en concurrence. Ensuite parce que l’Amérique centrale est en avance sur le Mercosur et la
CAN en termes d’intégration des infrastructures
et de convergence. Enfin parce que la Mission
des Nations unies pour la stabilisation en Haïti
(Minustah) reste le meilleur exemple ce que peuvent faire ensemble les pays latino-américains.
La négociation du traité d’Unasur a été laborieuse. Aurait-elle été plus compliquée si elle
avait inclus le Mexique et l’Amérique centrale ?
On peut en douter, car les négociations de l’UE
avec les Mexicains et avec les Centre-Américains
n’ont pas connu les problèmes qui bloquent les
discussions avec le Mercosur ou la CAN. Les difficultés d’Unasur ont pour origine les tendances
centrifuges en Amérique du Sud. La signature
du traité était prévue à Carthagène (Colombie),
fin mars, mais les tensions entre Bogota, Caracas
et Quito ont imposé l’ajournement et le changement de cadre. Le secrétaire général désigné,
l’ancien président équatorien Rodrigo Borja, a
renoncé avant même d’avoir pris ses fonctions.
L’Unasur est minée par des conflits, comme
celui qui divise les pays andins, ou celui qui oppose l’Argentine à l’Uruguay, à cause de la construction d’une usine de cellulose sur le fleuve frontalier. A Brasilia, avant le sommet, le président
Luiz Inacio Lula da Silva a dû réunir ses homologues du Venezuela, de l’Equateur et de la Bolivie,
pour les prier de mettre une sourdine à leurs critiques. L’intégration régionale n’est pas une affaire d’idéologie mais d’avancées en termes d’infrastructures, de croissance, de coopération et de
bien-être pour le plus grand nombre. L’UE s’est
construite sur la base d’un accord entre gauche
et droite européennes. Le consensus suppose
des concessions. L’intégration latino-américaine ne se fera pas si les négociateurs continuent à
camper sur un souverainisme sourcilleux. a
Courriel : [email protected]
Pour vaincre l’euroscepticisme
T
reize laboratoires d’idées européens
se sont réunis, sous l’égide de deux
d’entre eux, Notre Europe et la Fondation pour l’innovation politique, afin
de proposer aux Vingt-Sept un projet
de « refondation » de l’Union européenne (UE).
Vaste ambition, qui prend acte des difficultés de
l’Europe face aux transformations du monde,
sous le regard de citoyens dubitatifs ou hostiles.
L’euroscepticisme, en effet, gagne du terrain,
interpellant les dirigeants de l’Union.
Le rejet de l’Europe revêt aujourd’hui des formes diverses, qui ne se limitent pas aux protestations souverainistes contre le dessaisissement
des Etats membres, mais témoignent, en dépit
des efforts de communication de l’Union, d’une
méfiance croissante à l’égard des politiques
européennes. Le fossé se creuse, comme le souligne une chercheuse danoise, Catharina Sorensen, « entre les idéaux des citoyens et leur perception de l’UE ».
Le sociologue Emmanuel Todd, qui était l’invité, samedi 7 juin à Paris, des Rendez-vous
citoyens du Sénat, consacrés à l’Europe, d’Hérodote à Erasmus, a estimé que celle-ci se caractérise désormais par « une sorte de négativité généralisée ». En mettant l’accent sur le contrôle de l’immigration, en encourageant le développement de
l’islamophobie ou en insistant sur ses racines
chrétiennes alors même que les églises se vident,
l’Europe, a-t-il dit, ne donne plus d’elle-même
qu’une « définition négative ».
Il est donc temps d’offrir aux peuples des perspectives nouvelles. Il appartient en particulier
aux futures présidences de l’Union, comme l’écrivent Gaëtane Ricard-Nihoul et Elvire Fabry, en
préfaçant le travail collectif des treize « think
tanks », de « convaincre les citoyens européens, parfois désorientés, de la pertinence, de l’urgence et de la
cohérence d’un projet européen d’ensemble qui puisse être porté à l’échelle internationale ».
Chronique
Europe Thomas Ferenczi
Pour Emmanuel Todd, volontiers provocateur,
ce projet ne peut être que le rétablissement du protectionnisme aux frontières de l’Europe. Les laboratoires d’idées européens, attachés au libreéchange, se contentent d’inviter les Etats membres à « faire valoir un intérêt commun qu’ils puissent présenter au reste du monde » et à affirmer la
solidarité européenne d’une façon qui permette à
l’Europe de « rester ouverte à la mondialisation »
tout en contribuant à sa « régulation ». Comme le
note Emmanuel Todd, le débat progresse.
« Il est également fondamental, rappellent les
deux signataires, de ne pas aggraver la distance persistante entre un projet porté par des élites et des
populations qui ont parfois du mal à suivre le rythme. » Un colloque du Centre d’études de la vie
politique (Cevopol), dont les actes ont été publiés,
en 2007, par les Editions de l’Université de Bruxelles, a mis en évidence ces « résistances à l’Europe », qui conduisent, selon Ramona Coman et Justine Lacroix, éditrices de l’ouvrage, à une « érosion » du « consensus permissif » dont a longtemps bénéficié la construction européenne.
Ce qui rend ces résistances difficiles à surmonter, c’est qu’elles sont contradictoires d’un pays à
l’autre. Ancrées dans la défense de modèles nationaux, elles expriment une opposition multiple
au « modèle européen » qui se met en place
depuis un demi-siècle. La contestation vise tantôt la philosophie économique de l’Union européenne, jugée trop libérale par les uns et trop
interventionniste par les autres, tantôt son mode
de gouvernance politique, tantôt ses initiatives
sur les questions de société comme la lutte
contre les discriminations ou la gestion de l’immigration. La recherche du compromis semble
de plus en plus aléatoire. a
Courriel : [email protected]
Page trois Europe
0123
Vendredi 13 juin 2008
3
Les îles finlandaises autonomes d’Aland commercialisent un tabac à sucer interdit par l’UE mais
autorisé en Suède. Pour convaincre Bruxelles, elles menacent de rejeter le traité de Lisbonne
Les Alandais défendent leur « snus »
MARIEHAMN
ENVOYÉ SPÉCIAL
L
es petites îles Aland, au milieu
de la mer Baltique, vont-elles
bloquer le traité de Lisbonne ?
La rumeur court le nord de l’Europe. L’archipel finlandais, doté
d’une large autonomie, serait prêt, diton, à ne pas ratifier le traité. Et pourquoi
donc ? Pour faire entendre sa voix à
Bruxelles et conserver son snus, un tabac
à sucer interdit dans l’Union européenne. Le snus reste autorisé dans la Suède
voisine et se vend en quantité sur les ferries battant pavillon « alandais ».
« Le traité de Lisbonne est un peu l’otage dans cette affaire, mais c’est la dernière
chance pour nous de peser sur la Finlande
afin de faire respecter nos intérêts », lance
Harry Jansson, ancien rédacteur en chef
d’un quotidien local devenu député d’un
parti indépendantiste qui a lancé une
pétition pour faire changer Bruxelles sur
la question du snus. A Helsinki, on
balaye d’autorité cette éventualité.
« Légalement, Aland ne peut pas stopper le
traité de Lisbonne, affirme Peggy Heikkinen, conseillère du ministre finlandais
des affaires européennes. Le comité constitutionnel du Parlement a clairement déclaré que la Finlande peut ratifier le traité de
Lisbonne, quelle que soit la position
d’Aland. Mais bien sûr, le jour où celui-ci
entrera en vigueur, Aland, qui a sa propre
législation dans certains secteurs, sera
dans une situation légale incertaine si elle
ne l’a pas ratifié. »
Aland, 6 500 îles, 26 000 habitants, un
parlement régional, un gouvernement
doté d’une large autonomie qui a la main
sur l’éducation, la police, la santé et
autres. Les insulaires sont dotés d’une
identité à toute épreuve qui veut que le
finnois n’y soit même pas langue officielle. Sur les îles Aland, on parle suédois.
Son bien-être est ancré dans une tradition tout aussi forte, celle des paysansmarins qui pour survivre sur ces îles revêches maniaient la rame et la bêche.
Certains ont commencé à construire
des bateaux de plus en plus gros au point
de devenir d’authentiques armateurs. Ce
sont eux qui ont donné naissance à des
compagnies comme Viking Line ou Eckerö Linjen qui représentent aujourd’hui
un tiers de l’économie de ces îles, et dont
les imposants ferries transportent depuis
des décennies des centaines de milliers
de passagers. Ces traversées bien arrosées et bon marché sont très populaires
car les navires alandais bénéficient, à
l’instar des îles Aland, d’une dérogation
qui les laisse à l’écart de la zone fiscale de
l’UE et leur permet de pratiquer les ventes hors taxes.
« Le snus est une source de revenus
importante pour les armateurs, raconte
Boris Ekman, vice-PDG de Viking Line.
Viking Line a un chiffre d’affaires de
440 millions d’euros dont le snus représente 6 ou 7 millions, la moitié étant du bénéfice net. Quand notre bénéfice total est de
30 millions d’euros, le snus en constitue
une part de 10 %, ce qui est beaucoup. »
Des voyageurs à bord d’un ferry ont attendu d’être dans les eaux suédoises pour acheter du « snus », tabac à sucer typique. MARKUS MARCETIC/MOMENT/VU POUR « LE MONDE »
De nombreux retraités font le voyage voyage en direction de la Suède.
dans la journée uniquement pour profi- Réflexion d’un Alandais : « Est-ce que les
ter de ces prix. « Je viens faire le plein fonctionnaires de Bruxelles n’ont vraiment
avant le week-end », raconte Lennart Hol- rien de plus important à s’occuper que de
mgren, un Stockholmois, à bord du ferry venir mettre le nez dans nos traditions ? »
Un Suédois, qui tente de convaincre
d’Eckerö Linjen. Il fait le trajet une fois
par mois. Un bus l’a emmené de Stock- son interlocuteur du crime que représenholm à 8 heures jusqu’au port de Grissle- terait une interdiction totale du snus, lanhamn d’où le ferry a mis deux heures ce : « C’est comme si on interdisait le vin en
pour rejoindre Eckerö, sur les îles Aland. France. Ce serait la révolution, non ? Et
Après un cours débarquement à terre, le bien pareil en Suède. » L’explication est
ferry a fait demi-tour vers Grisslehamn bancale car les Suédois, par tempérament, ne vont pas brûler des
où un autre bus l’a ramené à
pneus devant les préfectures et
Stockholm.
«
Interdire
le snus ne fait pas vivre autant
« Avec ma carte de retraité, le
le snus en Suède, de gens que le vin. Mais les Suévoyage aller-retour bus et ferry
c’est comme si on dois aiment cette patte brunâm’a coûté 60 couronnes
interdisait le vin
tre dont ils se tapissent les gen(6,5 euros) », précise Lennart
en France »
cives. Ils sont aussi nombreux
Holmgren. Tout à fait rentaà « snuser » qu’à fumer. Beauble, quand on a le temps, car
coup de « snuseurs » ne sont
l’alcool fort et le snus sont moi- Un consommateur
pas dupes des explications
tié moins chers qu’en Suède.
Mais dans la boutique hors taxe du angéliques du fabricant suédois Swedish
ferry, plusieurs Suédois jurent en décou- Match qui tente depuis des années de
vrant les vitrines réfrigérées de snus : convaincre la Commission européenne
« Armoire de snus fermée. La vente de snus des bienfaits du snus par rapport à la cigan’est autorisée que dans les eaux territoria- rette. Le cœur est soumis à un effort perles suédoises. » Une autre affichette préci- manent, les plus assidus ont un trou dans
se que la vente ne se fait que durant le la gencive.
Or la Commission européenne a fini
par réagir car la Finlande ne respectait
pas la directive tabac qui interdit le snus.
Le ton est passé à la menace et en janvier,
les autorités de l’archipel ont fini par
plier.
« Nous avons dû accepter que la vente
de snus soit interdite sur nos bateaux »,
concède Viveka Eriksson, premier ministre du gouvernement autonome
d’Aland. Certains armateurs, comme
Viking Line, avaient déjà des bateaux
battant pavillon suédois et peuvent donc
continuer à vendre leur snus. D’autres
ont aussitôt réagi. « Auparavant, il était
écrit que la vente de snus était autorisée
sur nos bateaux dans les eaux suédoises.
Désormais, cela n’existe plus dans les textes, raconte Björn Blomqvist, PDG d’Eckerö Linjen dont les ferries battent
pavillon alando-finlandais. Maintenant,
nous devons deviner. On continue à vendre, mais seulement en direction de la Suède, afin de ne pas contribuer à répandre ce
dangereux tabac dans l’UE. Mais on ne
considère pas cette situation comme sûre.
Donc nous sommes en train de passer sous
pavillon suédois. »
Conséquence pour la fragile écono-
Ces îles qui échappent à l’UE
LONDRES, STOCKHOLM
CORRESPONDANTS
« Not quite European » (pas vraiment européennes) : ce slogan a
longtemps permis à Jersey, Guernesey et à l’île de Man d’attirer les
avoirs des contribuables aisés, surtout britanniques et irlandais, amateurs d’avantages fiscaux.
Saint-Hélier, St Peter Port et
Douglas, respectivement capitales
de Jersey, Guernesey et Man, ont
pu longtemps ignorer Bruxelles.
Possessions de la Couronne britannique, ces îles de la Manche dotées
d’une large autonomie ne font pas
partie de l’Union européenne
(UE) : a priori, les directives ne
leur sont pas applicables.
Assurée pendant les dix-huit
années de gouvernement conservateur Thatcher-Major, la tranquillité de ces paradis fiscaux a été bouleversée à partir de 1997 par l’arrivée au pouvoir d’un Labour déterminé à combattre l’évasion organisée de l’impôt. L’exécutif bruxellois s’en est pris à son tour au statut fiscal des îles, dénonçant la pré-
sence de sociétés non résidentes
exonérées d’impôt alors que les
entreprises résidentes étaient
taxées à 20 %. Résultat, en 2008,
les trois juridictions doivent promulguer le plan « zéro taxe » pour
toutes les firmes. Les banques
sont taxées à 10 %. Les îles ont aussi dû accepter la directive sur
l’épargne entrée en vigueur le
1er juillet 2005 : les Européens
détenteurs de comptes doivent
déclarer les intérêts reçus au fisc
de leur pays ou d’accepter une retenue à la source de 20 %.
« Jersey veut être un bon voisin
en termes de coopération », assure
Geoff Cook, directeur général de
Jersey Finance, porte-parole du
secteur financier. L’UE est le premier partenaire commercial de ces
confettis, dont la population totale
s’élève à 165 000 âmes. Les autochtones ont pris conscience qu’un
rapprochement avec Bruxelles permet de mieux résister aux volontés
hégémoniques du principal
concurrent, la City de Londres.
Les deux territoires autonomes
du Danemark, les îles Féroé et le
Groenland, échappent eux aussi
aux règles de l’UE. Les Féroé n’en
ont jamais fait partie, tandis que le
Groenland a quitté la CEE en 1985
à l’issue d’un référendum. Peu
enclins à partager leurs ressources
alors qu’ils dépendent presque
entièrement des ressources de la
mer, ils contestent le système européen des quotas. L’archipel des
Féroé a adopté à la place un système de quotas de jours de pêche.
Certains Féroïens se verraient
bien adhérer à l’UE, s’ils étaient
sûrs d’avoir une dérogation pour
la pêche, « comme les îles Aland ont
une dérogation pour rester à l’écart
de l’espace fiscal européen », dit
Edmund Joensen, député des Parlements féroïen et danois.
Le Groenland a, lui, un statut
différent puisqu’il appartient au
groupe des pays et territoires
d’outre-mer, comme Saint-Pierreet-Miquelon ou la Polynésie française, qui ont une relation particulière avec l’UE. a
Marc Roche et Olivier Truc
Votre bonne vieille voiture
peut encore vous réserver
d’excellentes
surprises...
mie alandaise : plusieurs communes
vont perdre des revenus fiscaux non
négligeables puisque des centaines de
marins peuvent être désormais amenés
à payer leurs impôts en Suède. Un dilemme pour ces petites îles.
« Ce que nous voulons, explique Viveka Eriksson, c’est que la Finlande nous
laisse une place de député européen, que
nous puissions nous défendre nousmêmes auprès de la Cour européenne de
justice et que nous puissions aussi nous
faire entendre auprès du Conseil européen
des ministres. » Autant de demandes
écartées par la Finlande. « Quitter l’UE
pourrait être une alternative si ces questions d’influence ne trouvent pas de réponse », prévient Harry Jansson, le député
indépendantiste.
Rebelles, les îles Aland ? Au Musée de
la marine de Mariehamn, on se targue
de posséder l’un des deux seuls authentiques drapeaux de pirate au monde.
Celui-ci a été acheté voici longtemps par
un marin alandais dans un souk d’Afrique du Nord. « Mais il n’y a jamais eu de
pirates ici, assure la conservatrice. En
revanche des contrebandiers, ça, oui ! » a
Olivier Truc
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4
International
0123
Vendredi 13 juin 2008
Diplomatie Javier Solana se rend à Téhéran avec de nouvelles propositions
Nucléaire : pression occidentale renforcée sur l’Iran
VIENNE
ENVOYÉE SPÉCIALE
a tournée de George Bush en Europe
a donné lieu a un regain de confrontation verbale entre les présidents
américain et iranien, mercredi 11 juin, au
moment où les Etats-Unis poussent les
Européens à renforcer l’attirail des sanctions contre Téhéran, en dehors même du
cadre du Conseil de sécurité de l’ONU.
« Toute option reste ouverte », a dit
M. Bush, en allusion à un scénario d’emploi de la force contre des installations iraniennes, « mais ma préférence va à une solution diplomatique » a-t-il souligné.
Le « meilleur choix à faire » pour l’Iran,
a commenté le président américain lors
d’une conférence de presse en Allemagne,
serait d’accepter l’offre de coopération
L
CHRONOLOGIE
3 mars 2008. Le Conseil de sécurité de
l’ONU vote, pour la troisième fois, des
sanctions contre l’Iran. Les Etats sont
appelés à contrôler les compagnies
aériennes et maritimes iraniennes pouvant servir au transport de biens liés
aux secteurs nucléaire et balistique.
26 mai. Rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur
les « possibles dimensions militaires »
du nucléaire iranien.
14 et 15 juin. Visite prévue en Iran
du chef de la diplomatie européenne,
Javier Solana, pour transmettre
une nouvelle offre de coopération.
que doit remettre, samedi, à Téhéran le
chef de la diplomatie européenne, Javier
Solana, au nom des six pays qui traitent le
dossier nucléaire iranien (Etats-Unis,
Royaume-Uni, France, Allemagne, Russie
et Chine).
Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a, de son côté, averti que l’Iran
n’échangerait pas sa « dignité » contre
des avantages qui lui seraient proposés. Il
s’est aussi attaché à réduire le problème
qui oppose son pays au Conseil de sécurité
de l’ONU depuis 2006 à la confrontation
avec les Etats-Unis, voire avec le seul George Bush. Ce qui suggère, ainsi que des
diplomates occidentaux en sont convaincus, que l’Iran joue la montre jusqu’à l’arrivée d’une nouvelle administration américaine, et n’envisage guère d’enclencher
un règlement négocié de la crise avant cette échéance. Le Conseil de sécurité exige
de l’Iran qu’il suspende ses activités d’enrichissement d’uranium. « Ton ère est révolue », a dit le président iranien en parlant
de M. Bush, le qualifiant d’« homme maléfique » qui est « entré en Afghanistan, en
Irak, et a annoncé que l’Iran serait sa troisième cible ». « Par la grâce de Dieu, tu n’endommageras pas un centimètre de la terre
sacrée d’Iran », a-t-il ajouté.
Le dossier nucléaire iranien est entré
dans une nouvelle phase de tensions, avec
un retour des spéculations sur la possibilité d’une action militaire que pourrait décider Israël. Dans ce climat, les Européens
– et la France a l’intention de faire valoir
cette ligne lors de sa présidence de
l’Union européenne, qui commence le
1er juillet – semblent s’acheminer vers
l’adoption de nouvelles mesures contraignantes contre l’Iran.
Durcissement général
Le secteur financier iranien, notamment les banques Melli et Saderat, mentionnées dans la dernière résolution de
sanctions de l’ONU votée en mars, serait
ciblé. Les appels de l’ONU à exercer de la
« vigilance » sur les activités de ces institutions seraient transformées, au niveau
européen, en interdiction ferme de transactions.
Si certains pays comme l’Autriche
seront difficiles à convaincre pour durcir
les sanctions, un changement notable
s’est produit depuis le retour au pouvoir à
Rome de Silvio Berlusconi car l’Italie, partenaire économique important de l’Iran,
est désormais d’accord pour aller de
l’avant, disent des diplomates.
Un facteur important pèse désormais
dans le débat entre responsables européens et contribue à un durcissement
général envers l’Iran. Il s’agit du dernier
rapport de l’Agence internationale de
l’énergie atomique (AIEA), qui constatait,
le 26 mai, que Téhéran n’avait pas apporté
les clarifications nécessaires sur ce qui est
soupçonné d’être le volet militaire de son
programme nucléaire. Ce rapport se penche sur les études iraniennes portant sur
la mise au point d’une tête de missile pouvant accueillir une charge nucléaire, sur
des essais d’explosifs de haute intensité, et
sur un projet de possible site de test
A Rome, M. Bush va s’entretenir avec M. Berlusconi et le pape
Après l’étape de Meseberg en Allemagne, le président américain, George
Bush, retrouve, jeudi 12 juin, à Rome son
« ami » Silvio Berlusconi pour des entretiens qui devraient être dominés par le
programme nucléaire iranien et l’Afghanistan, où Washington souhaite un plus
grand engagement des Italiens.
Cette visite devrait aussi permettre une
relance des relations entre les deux
pays, plutôt fraîches à l’époque du gouvernement de gauche de Romano Prodi,
alors que M. Bush et M. Berlusconi ont
toujours affiché d’excellents rapports.
Rome « peut compter sur les amis améri-
NÉPAL « DIEU-ROI » DÉCHU, GYANENDRA A QUITTÉ DÉFINITIVEMENT SON PALAIS
cains » et s’attend à ce que M. Bush
appuie clairement la demande de l’Italie
d’intégrer le groupe de pays « 5 + 1 » (les
cinq membres du Conseil de sécurité
plus l’Allemagne) qui sont chargés de
négocier avec l’Iran sur le nucléaire, a
déclaré, mercredi, le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini.
Comme il l’avait déjà fait il y a un an lors
de sa précédente visite en Italie, le président américain rencontrera, vendredi, le
pape Benoît XVI avant de s’envoler pour
une visite de deux jours à Paris.
Il sera dimanche à Londres et lundi à Belfast. – (AFP.)
nucléaire – autant d’éléments que l’AIEA
a décrit comme « source de sérieuse préoccupation ». La chancelière allemande, Angela Merkel, a commenté, mercredi, qu’il fallait « réagir » à ce rapport « avec des sanctions accrues si nécessaire ».
Les grandes puissances poursuivent
leur double approche de la carotte et du
bâton pour tenter de convaincre l’Iran de
suspendre l’enrichissement d’uranium.
L’offre que doit présenter l’émissaire européen, Javier Solana, aux responsables iraniens est une amélioration de celle
qu’avaient déjà présentée les « Six » en
juin 2006, expliquent des diplomates.
Outre des propositions de coopération
dans le nucléaire civil et au plan commercial, elle porte sur des consultations régionales au Moyen-Orient sur les questions
de sécurité. Elle inclut aussi une « chorégraphie » particulière pour la suspension
de l’enrichissement, selon des sources
diplomatiques. La mise au point de cette
nouvelle offre avait été demandée par la
Russie et la Chine, à l’approche du vote de
la résolution 1803 à l’ONU.
L’Iran, de son côté, a fait parvenir une
contre-offre à ses interlocuteurs, mettant
en exergue son poids régional au MoyenOrient, tout en revenant sur une idée de
« consortiums » internationaux pouvant
accompagner la poursuite de son programme d’enrichissement d’uranium. Le
texte iranien, daté du 13 mai, fait cependant l’impasse sur la question centrale de
la suspension de l’enrichissement. a
Natalie Nougayrède
AFGHANISTAN CONFÉRENCE DE PARIS
La faiblesse de la justice illustre
le caractère embryonnaire de l’Etat afghan
VISAGE méconnu d’un Etat afghan en
en chantier, son système judiciaire ne
figure pas au premier rang des sujets de
discussions de la conférence de Paris, jeudi 12 juin. Les dysfonctionnements de la
justice dans la société afghane donnent,
aujourd’hui, la mesure du caractère
embryonnaire d’une administration à
peine naissante et une idée du chemin à
parcourir.
Selon Najibullah Djanbaz, chargé de la
formation à Kaboul des magistrats,
« seul un tiers d’entre eux sont réellement
en mesure d’assurer leur mission ». L’Ecole de la magistrature forme, en un an,
près de deux cents nouveaux juges. Mais
l’institution est jeune. Difficile de fournir
aux jeunes juges de quoi leur permettre
de remplacer les magistrats formés à la
vieille école, proches de la retraite et habitués à rendre une justice souvent peu
conforme aux règles du droit. « Nous voulons étendre la scolarité à deux ans, mais
nous sommes encore confrontés à des problèmes de locaux », détaille M. Djanbaz, qui
siège également au sein de hautes instances judiciaires du pays.
A ce jour, nombre des quelque
1 480 magistrats afghans sont souvent
issus des madrassas, ces écoles religieuses qui leur dispensent une formation
juridique sommaire mais les gratifient
d’un statut religieux qui les rend quasiment intouchables. Le gouvernement ne
peut les contraindre à quitter leur poste
sans risquer de s’opposer à la population.
Mieux formés, les magistrats passés par
la faculté de droit islamique font quant à
eux souvent passer la religion et les coutumes locales avant l’Etat. Lorsque les
magistrats ne sont pas tout simplement
favorables aux thèses des talibans qui ont
juré la perte du pouvoir central.
Aux problèmes de recrutement s’ajoutent des difficultés d’organisation. Faute
de locaux, « certains juges rendent la justice dans des containers », illustre Najibullah Djanbaz. Payés environ 30 euros par
mois, les magistrats nommés en province sont souvent logés et nourris par le
commandant de leur district, perdant ainsi toute indépendance. Sans compter leur
vulnérabilité à la corruption.
Enfin, les magistrats doivent faire face
à une grande insécurité. Ces derniers
mois, dans le sud de la province pachtoune du Paktika, une région reculée où les
talibans bénéficient d’un large soutien de
la population, deux juges ont été tués, à
peine arrivés sur place, parce qu’ils représentaient le gouvernement.
« L’aide internationale devrait donc aussi être dédiée à l’effort consacré à l’administration, elle-même, et non pas seulement
aux actions à court terme, les plus visibles », estime Ranjana Mukerjee, chargée par la Banque mondiale de travailler
sur la construction d’un Etat afghan et
auteur, début 2008, d’un rapport sur les
priorités de la réforme de l’administration publique. a
PAKISTAN ONZE SOLDATS PAKISTANAIS TUÉS PAR UN MISSILE TIRÉ D’AFGHANISTAN
CHINE-TAÏWAN
BANGLADESH
Une bavure américaine assombrit les relations avec Islamabad
Pékin et Taïpeh reprennent
les discussions directes,
interrompues depuis 1995
L’ancien premier ministre
Hasina Wajed a quitté le pays
PRAKASH MATHEMA/AFP
Le « dieu-roi » déchu du Népal, Gyanendra, et son épouse, la reine Komal, quittent, mercredi 11 juin, leur palais royal de
Katmandou, sous les cris de « Longue vie à la République » scandés par plus de 500 personnes. Vénéré comme l’incarnation de
Vishnu, le monarque se plie ainsi à la décision – prise le 28 mai
par l’Assemblée constituante dominée par les maoïstes – d’abolir l’unique royaume hindouiste du monde et de transformer le
Népal en une république, après 239 années de dynastie Shah.
ISLAMABAD
CORRESPONDANTE
Les très vives réactions du Pakistan à la
mort, mardi 10 juin, de onze de ses soldats, tués par un missile américain tiré
d’Afghanistan, laissent planer un doute
sur l’avenir de la coopération entre les
deux pays dans la « lutte contre le terrorisme ». Dans un communiqué sans précédent dans sa formulation, l’armée pakistanaise a « condamné cet acte totalement délibéré et lâche [des forces de la coalition
déployées en Afghanistan] qui heurte les
fondements de la coopération et les sacrifices
consentis par les soldats pakistanais dans
leur soutien à la guerre antiterroriste ».
Le communiqué affirme encore :
« Nous [l’armée] nous réservons le droit de
protéger nos citoyens et nos soldats contre
toute agression. » Interrompant son dis-
Dans une adresse rarissime à la nation, Gyanendra, assis entre
deux tigres et une tête de rhinocéros empaillés, a assuré « respecter le verdict du peuple ». L’ancien roi a « rendu au gouvernement du Népal » sa couronne en diamants, rubis et émeraudes
et le sceptre des Shah, mais « ne quittera pas le pays », a-t-il
expliqué. Il devrait s’installer dans une ancienne résidence royale proche de Katmandou. Son gigantesque palais de Narayanhiti, au cœur de la capitale, sera transformé en musée. – (AFP.)
cours devant le Parlement sur la présentation du budget, le premier ministre pakistanais, Youssouf Raza Gilani, a « sévèrement condamné (cette) agression » et promis de « préserver la souveraineté et la
dignité du Pakistan ». L’ambassadrice des
Etats-Unis, Ann Patterson, convoquée au
ministère des affaires étrangères, a reçu
une « ferme protestation contre un acte totalement inacceptable ».
L’armée pakistanaise et les forces de la
coalition à Kaboul ont donné des versions
contradictoires de ce qui s’est passé dans
cette région frontalière inaccessible à la
presse et disputée entre Kaboul et Islamabad. Selon le général Athar Abbas, porteparole de l’armée pakistanaise, tout a commencé quand des soldats afghans ont tenté d’édifier un poste de contrôle sur une
hauteur. Repoussés après discussions par
les forces frontalières pakistanaises, les
Afghans regagnaient leur pays « quand ils
ont été attaqués par des insurgés dans leur
propre pays » et ont fait appel à un soutien
aérien. Un missile a alors détruit poste
frontière pakistanais. Les forces de la coalition expliquent, pour leur part, avoir été
attaquées par des insurgés « à 200 mètres
à l’intérieur du territoire afghan ». En état
de « légitime défense », l’avitation n’aurait
tué que des « éléments anti-afghans ».
L’incident survient alors que les relations entre l’armée pakistanaise, les forces
de la coalition et l’armée afghane sont au
plus bas. Islamabad a annulé dernièrement des réunions de coordination et, au
grand dam de Washington, s’est retirée de
plusieurs endroits des zones tribales, abandonnées aux extrémistes islamistes. a
Françoise Chipaux
PÉKIN. Les négociateurs de Taïwan et de
la Chine ont engagé, jeudi 12 juin à
Pékin, le premier dialogue direct entre
les deux parties depuis 1995. Les discussions portent sur la mise en place de vols
réguliers entre le continent et l’île et la
possibilité pour les touristes du continent de se rendre à Taïwan.
Le négociateur taïwanais, Chiang Pinkun, président de la Fondation des
échanges entre les deux rives (SEF), a
rencontré son homologue chinois de l’Association pour les relations entre les
deux rives (ARATS), Chen Yunlin.
L’émissaire taïwanais doit également
être reçu, vendredi, par le président
chinois, Hu Jintao. Selon l’agence officielle Chine nouvelle, Chen Yunlin a
accepté l’invitation de son homologue
taïwanais à se rendre dans l’île dans le
courant de l’année. – (AFP.)
Jacques Follorou
L’ex-premier ministre du Bangladesh Hasina Wajed, détenue depuis
près d’un an pour corruption et libérée
mercredi, a quitté le pays, jeudi 12 juin,
pour se rendre aux Etats-Unis, via Londres, afin de recevoir un traitement
médical. Mme Hasina, qui a dirigé ce
pays d’Asie du Sud entre 1996 et 2001,
est la présidente de la Ligue Awami
(opposition).
La libération de Mme Hasina avait été
annoncée, lundi, par le gouvernement
intérimaire, et interprétée comme une
mesure d’apaisement à l’égard de l’opposition avant des élections législatives
prévues en décembre.
D’après la presse, la rivale de Mme Hasina et également ex-premier ministre (de
2001 à 2006), Khaleda Zia, détenue
depuis septembre pour des faits de corruption, devrait elle aussi être remise en
liberté pour recevoir des soins. – (AFP.)
DACCA.
International
0123
Vendredi 13 juin 2008
FRANCE-KAZAKHSTAN
5
Le premier ministre palestinien souhaite « édifier
un Etat en dépit de l’occupation » israélienne
Paris renforce
son partenariat
énergétique
avec le Kazakhstan
MOSCOU
CORRESPONDANTE
En visite à Paris mardi 10 et mercredi
11 juin, le président kazakh Noursoultan
Nazarbaev a signé un traité de partenariat
stratégique renforçant la coopération économique entre les deux pays, notamment
dans le domaine de l’énergie nucléaire, du
pétrole et du gaz.
Le Kazakhstan est la plus vaste des républiques d’Asie centrale (cinq fois la France
pour 15 millions d’habitants). Son soussol regorge d’hydrocarbures et de minerais. Les relations commerciales avec
Paris sont faibles (1,7 % des parts de marché). La France se situe au huitième rang
des fournisseurs de cette ex-république
soviétique, loin derrière la Russie, la
Chine ou l’Allemagne. Courtisé par Moscou, le Kazakhstan a été le premier pays
visité par le président russe, Dmitri Medvedev, après sa prise de fonctions. La
Chine y est de plus en plus représentée.
Le groupe métallurgique français
Aubert et Duval a signé avec UKTMP,
fournisseur kazakh de titane, un accord
évalué à 850 millions d’euros. Ces accords
« annoncent de véritables partenariats
industriels, et pas seulement des contrats
commerciaux » souligne l’Elysée.
Le pays est dirigé depuis vingt ans par
Noursoultan Nazarbaev, 67 ans, un
ancien cadre du Parti communiste de
l’époque soviétique qui s’est maintenu au
pouvoir par des référendums et des élections considérés comme non démocratiques par l’Organisation pour la sécurité et
la coopération en Europe (OSCE). Pourtant, le Kazakhstan a obtenu la présidence
de l’OSCE en 2010. Renouvelé il y a un an,
le Parlement ne compte plus aucun représentant de l’opposition. a
Marie Jégo
Un an après sa nomination
à la tête du gouvernement,
Salam Fayyad estime qu’il faut
agir en dépit des contraintes
israéliennes pour entretenir
l’espoir et la confiance
RAMALLAH (Cisjordanie)
ENVOYÉS SPÉCIAUX
ncien haut fonctionnaire du Fonds
monétaire international (FMI), né
en 1952 en Cisjordanie, ministre
des finances de l’Autorité palestinienne à
partir de 2002, Salam Fayyad occupe les
fonctions de premier ministre depuis le
coup de force du Hamas à Gaza en
juin 2007. Indépendant, il avait conduit
sa propre liste, « Troisième voie », aux
élections législatives de janvier 2006. Cette liste n’avait recueilli que deux sièges.
A
Vous avez envoyé une lettre aux membres de l’Union européenne critiquant
l’attitude d’Israël dans les négociations
de paix en cours et demandant à ce
titre de suspendre le projet de renforcement des relations entre l’Etat juif et
les Vingt-Sept. Pourquoi ?
Ce qui me guide, c’est la préservation
de nos intérêts et de faire en sorte que le
processus de paix se poursuive. Je ne
demande pas à la communauté internationale de prendre position pour ou
contre Israël, mais plutôt de prendre position en faveur du processus de paix. Je ne
parle pas de boycottage. Notre approche
est constructive. Elle est en accord avec la
position de principe adoptée par le
Conseil européen le 28 janvier 2008 lorsqu’il a été déclaré que la colonisation
dans les territoires occupés, y compris à
Jérusalem-Est, est illégale au regard du
droit international. C’est cela qui est en
jeu. Il faut mettre un terme à l’occupation. Il faut créer un Etat viable, continu
et indépendant. Conformément à la déclaration de George Bush en juin 2002.
Peu après que votre lettre à l’Union
européenne eut été rendue publique,
Israël a gelé pendant une semaine le
transfert du produit des taxes sur les
importations palestiniennes qu’il collecte en votre nom. S’agissait-il d’une punition ?
Cet argent, c’est celui des contribuables palestiniens. Il nous appartient. Aux
termes du protocole de Paris, Israël est
tenu de collecter ces sommes et de nous
les reverser. Qu’une lettre pareille constitue la cause d’un retard ou d’une suspension de ce versement est quelque chose
que je trouve incompréhensible. Une
autre chose : le président Mahmoud
Abbas nous soutient intégralement dans
cette affaire. Mon gouvernement est
d’abord son gouvernement.
Pensez-vous qu’Israël va stopper les
constructions dans les colonies ?
Le premier ministre palestinien,
Salam Fayyad, en juin 2007. AWAD AWAD/AFP
Pensez-vous qu’il y a un manque de
volonté politique de la part d’Israël
concernant le processus de paix ?
Si vous regardez les statistiques avant
et après Annapolis, plutôt qu’un gel de la
Ce qui compte, ce sont les actes. Je ne
colonisation, il y a eu une accélération. veux pas perdre de temps à spéculer sur
Nous ne pouvons l’accepter comme une les intentions. Ce n’est pas mon tempérafatalité. Nous tentons de faire en sorte ment. J’ai des objectifs et la communauté
que ça ne le devienne pas. C’est
internationale les a acceptés
crucial pour la viabilité du prode la conférence de Paris
« La communauté lors
cessus de paix.
au mois de décembre. Chacun
internationale
a des obligations pour faire
Dans ces conditions, pensezdoit prendre
assurer le succès de ce procesvous qu’un accord de paix
position en faveur
sus. Mais les progrès doivent
puisse être trouvé avant la fin
du processus
être symétriques.
de l’année, comme le demande paix »
de Georges Bush ?
Vous ne perdez pas espoir ?
Si vous me demandez si cela
Pas du tout. Nous essayons
est possible, je réponds oui. Salam Fayyad
toujours de façon non violente
Car tous les problèmes qui
et civilisée de faire en sorte que
sont sur la table ont déjà été discutés par ce qui peut apparaître comme un fait
le passé, et les contours d’une solution accompli ne soit plus un fait accompli. Je
durable sont connus et font l’objet d’un me suis engagé pour cela.
consensus international. Donc, oui, c’est Croyez-vous qu’il soit possible de
possible. Mais est-ce probable ? Je ne le construire une économie dans un pays
crois pas, étant donné ce qui se passe occupé ?
avec la « feuille de route ».
Oui, on peut le faire. Mais peut-on
construire quelque chose de durable ?
C’est une autre question. Cependant,
cela ne veut pas dire que l’on ne doit pas
essayer de renforcer nos capacités, dans
le domaine économique comme sécuritaire, pour tenter d’édifier un Etat en dépit
de l’occupation et des restrictions de toute nature. Car cela nous place dans une
meilleure position pour mettre un terme
à l’occupation.
Bien sûr, nous pourrions le faire plus
rapidement, plus efficacement, s’il n’y
avait pas de contraintes. Mais il est important d’agir de façon positive sur le terrain. Ne serait-ce que pour ranimer l’espoir et la confiance en nous-mêmes.
Laissez-moi vous rappeler qu’Israël
n’a pas été créé le 15 mai 1948. Cette date
correspond juste à la proclamation de
l’Etat. Ses institutions, elles, avaient été
bâties bien avant.
Jusqu’à quand allez-vous continuer
à fournir des efforts qui ne sont pas
récompensés par des progrès dans
les négociations ?
Que pouvons-nous faire afin que les
choses progressent ? J’ai deux options.
La première est de m’asseoir et de me
plaindre sans fin. La seconde, de prendre
le risque de construire quelque chose
dans l’adversité.
Y a-t-il une limite de temps
pour vous ?
Pour vous dire la vérité, il m’est difficile de penser en termes de temps. Je n’ai
pas de contrôle sur le temps. Je ne sais
pas quand nous allons pouvoir régler
tout cela. Pour le moment, nous devons
nous assurer que la possibilité d’obtenir
une solution soit préservée. Nous devons
conserver un filet de sécurité. C’est pour
cela que les négociations doivent se poursuivre. Il n’y a pas de plan B. a
Propos recueillis par
Benjamin Barthe
et Michel Bôle-Richard
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avec les offres de remises des Prix Compétitifs, réservée aux particuliers, dans le réseau Peugeot participant. 207 : Consommations mixtes (en l/100 km) : de 4,5 à 7,4. Émissions de CO2 (en g/km) : de 120 à 175.
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6
International
0123
Vendredi 13 juin 2008
Aux Etats-Unis, le débat électoral entre M. McCain
et M. Obama se focalise sur la fiscalité
Le candidat républicain veut
renforcer les baisses d’impôts
accordées sous M. Bush.
Son adversaire démocrate
souhaite taxer plus lourdement
les plus-values boursières
l’université du Michigan à Ann Arbour. En
1980, le taux d’épargne des Américains atteignait 10 %. Il est tombé à 0,5 %. La faiblesse
du dollar s’ajoute à une dette énorme. Mais
personne ne peut se faire élire en disant :
“Vous devrez apprendre à vivre heureux en
consommant moins et différemment”. »
En attendant, mauvaise nouvelle pour
M. Obama, l’une des trois personnes chargées de lui trouver un colistier a démissionné mercredi. Jim Johnson, ex-PDG de Fanny Mae, premier préteur immobilier américain, est accusé d’avoir obtenu un emprunt
à des conditions très avantageuses. a
Sylvain Cypel
Paulo A. Paranagua
CORRESPONDANT
S
Plan de relance fédéral
M. Obama, lui, veut un nouveau plan
de relance fédéral de 50 milliards de dollars (après les 150 milliards dégagés en
mai par M. Bush). Il rétablira l’imposition
des revenus supérieurs à 250 000 dollars
par an à son précédent niveau (de 36,5 %
à 39 %) et taxera plus lourdement les plusvalues boursières (de 15 % à 28 %). Ainsi
pourra-t-il allouer aux salariés 1 000 dollars de réduction fiscale par foyer en
Moment de détente pour John McCain avant son intervention devant des patrons, le 10 juin, à Washington. CHARLES DHARAPAK/AP
moyenne, réduire l’impôt des plus faibles
(les retraités pauvres ne seront plus imposés) et financer l’éducation et l’assurancesanté des nécessiteux. Il souhaite aussi
diminuer le déficit budgétaire.
Pourtant, crise et nécessité de convaincre les « indépendants » obligent, les deux
candidats font des concessions au regard
de leur « philosophie économique ».
M. McCain, adversaire des dépenses publiques, a admis, mardi 10 juin, que l’Etat
devait plus aider les propriétaires endettés
et souhaité une augmentation des allocations chômage. M. Obama envisage de
« différer » certaines de ses propositions.
Mercredi, le Livre beige, rapport sur la
conjoncture de la Réserve fédérale (Fed,
banque centrale américaine), a rappelé les
termes du débat : entre la hausse des prix
de l’énergie et de l’agroalimentaire et un
marché de l’emploi alarmant, la consommation est « coincée ». Le risque de récession n’est pas enrayé. Dette, construction
au ralenti, crédit resserré, recul des investissements, pouvoir d’achat en berne, les
enjeux sont multiples. Pourtant, la confrontation politique se concentre presque uniquement sur la fiscalité. « Aucun des deux
candidats n’aborde la question de fond, dit
Donald Grimes, professeur d’économie à
La Havane remet
en cause le dogme
de l’égalitarisme
salarial
À LA HAVANE, une réforme de la politique salariale remet en cause un dogme du
régime castriste, l’égalitarisme. Dans son
édition du mercredi 11 juin, le quotidien
officiel Granma évoque une réglementation du ministère du travail datée du
2 février qui aligne les salaires des entreprises d’Etat (90 % de l’économie) sur ceux
déjà en vigueur dans les entreprises de
pointe, contrôlées par l’armée.
Désormais, plusieurs modes de paiement pourront coexister dans une entreprise. « Le travailleur gagnera en fonction
de sa productivité », explique Granma, qui
cite le vice-ministre du travail, Carlos
Mateu Pereira. « La tendance était que
tout le monde touche le même salaire, dit-il.
Cet égalitarisme n’est pas convenable. »
« Il y a parfois beaucoup de paternalisme », ajoute-t-il. « La quantité et la qualité » du travail seront donc prises en compte dans le calcul de la rémunération.
D’après le vice-président José Ramon
Machado Ventura, les Cubains « ne
devraient pas avoir peur des hauts salaires », à condition que cela « se traduise
par des résultats concrets » en termes de
production et de services. Alors que le
salaire moyen est de 408 pesos non
convertibles (12 euros), la fin du plafond
salarial en vigueur pourrait modifier l’attitude des médecins, des enseignants et
d’autres professionnels, qui ont abandonné l’exercice de leur métier pour une activité informelle plus rémunératrice : faire
le taxi, louer une chambre, etc.
A La Havane, 19 % des personnes en
âge de travailler n’ont pas d’emploi,
selon des sources officielles. Cependant,
une moitié des Cubains a accès à des devises ou aux pesos convertibles, provenant
des touristes, des entreprises étrangères
présentes sur l’île ou des fonds envoyés
par des proches résidant à l’étranger.
La réforme salariale devra s’appliquer
partout avant la fin du mois d’août. a
NEW YORK
elon John McCain, le futur candidat
républicain à l’élection présidentielle
de novembre, son adversaire démocrate, Barack Obama, augmenterait les
impôts de « tous les Américains » s’il était
élu. Ce dernier juge pour sa part « injuste » de comparer la politique fiscale préconisée par M. McCain à celle menée par
George Bush : les propositions du sénateur de l’Arizona sont pires, selon lui.
Entre les deux prétendants, le fer est
engagé sur le terrain économique.
M. McCain propose de pérenniser les baisses d’impôts générales accordées sous
M. Bush, d’augmenter encore celles des
plus fortunés, de réduire l’imposition
d’une partie des classes moyennes de
2 000 dollars par an, enfin d’abaisser de
35 % à 25 % celle des entreprises. Il financerait le manque à gagner fiscal par une
réduction du « gaspillage » public.
CUBA
ARGENTINE CRISE SOCIALE ET POLITIQUE
La fronde rurale compromet la popularité
de la présidente argentine Cristina Kirchner
BUENOS AIRES
CORRESPONDANTE
voir « de double commande » avec
Nestor Kirchner. Président du
Parti péroniste, ce dernier mobilise les militants pour défendre le
gouvernement, cherchant à raviver le souvenir du couple légendaire Juan Peron et Evita. Les Kirchner gouvernent avec deux ou
trois fidèles. Il n’y a jamais de réunion du conseil des ministres.
la première fois, elle a promis que
l’argent irait à la construction
d’hôpitaux, de logements sociaux
et de routes. Les quatre associations rurales se sont félicité qu’il y
ait des investissements contre la
pauvreté, tout en soulignant que
les fonds ne proviennent que du
monde agricole, sans toucher des
secteurs prospères comme les banques, le pétrole ou les mines.
Malgré les appels au dialogue
de l’Episcopat, de l’opposition et
des hommes d’affaires, le conflit
rural semble loin d’être résolu.
Dans la foulée, les camionneurs
ont annoncé, mardi, une grève illimitée avec des blocages routiers.
Alors que le prix des denrées alimentaires s’envole, l’Argentine est
l’un des principaux producteurs de
céréales. Troisième exportateur
mondial de graines de soja, c’est
aussi le deuxième pour le maïs et le
cinquième pour le blé. De l’aveu
même de Mme Kirchner, le pays a la
capacité de nourrir 500 millions de
personnes. La fronde rurale risque
toutefois de faire sentir ses effets
sur les exportations argentines. a
L’espoir suscité par l’élection
d’une femme à la présidence de
l’Argentine semble être retombé.
Six mois après son investiture, la
péroniste Cristina Kirchner est
confrontée à plusieurs secteurs de
la société et à un climat social tendu, qui ont écorné sa popularité.
En succédant à son mari, Nestor
Kirchner, elle avait promis un
nouveau style de gestion, un
meilleur fonctionnement des institutions, « un temps de dialogue,
où il faut écouter plus que parler ».
Aujourd’hui, Mme Kirchner est
en conflit avec les agriculteurs, qui
ont lancé depuis trois mois une
fronde rurale sans précédent, avec
l’Eglise catholique, qui lui reproche de masquer les chiffres de la
pauvreté, et avec une grande partie
des médias, qui la qualifient
d’« arrogante ». Comme son
mari, elle ne donne pas de conférence de presse et n’accorde pas
d’interview. Sa popularité est tombée à 26 % d’opinions favorables,
d’après des sondages.
Des analystes évoquent un pou-
Appels au dialogue
Sur un ton inusuel, Cristina Kirchner a demandé pardon, lundi
9 juin : « au cas où quelqu’un se
serait senti offensé par une de mes
paroles ou un de mes gestes ».
Depuis le début du conflit avec le
campo (la « campagne »), elle
accuse les agriculteurs de fomenter un coup d’Etat. Ceux-ci protestent contre une hausse des impôts
sur les exportations de soja, la
principale richesse du pays.
Le 8 juin, ils avaient suspendu
leur troisième grève, espérant un
geste du gouvernement. Le lendemain, Mme Kirchner a assuré que
les taxes sur les exportations
étaient destinées « à une meilleure
redistribution de la richesse ». Pour
EX-YOUGOSLAVIE
ÉTATS-UNIS
CANADA
Arrestation en Serbie
d’un ancien conseiller
de Radovan Karadzic
Première exécution au Texas
depuis la fin du moratoire
Excuses du premier ministre
canadien aux autochtones
Un homme de
37 ans, Karl Chamberlain,
condamné à mort pour le viol et
le meurtre d’une jeune femme, a
été exécuté, mercredi 11 juin, à la
prison de Huntsville, au Texas.
Il s’agit de la première exécution
au Texas depuis que la Cour
suprême a mis fin à un moratoire
de fait de sept mois en se prononçant sur la constitutionnalité de
l’injection mortelle.
Une douzaine d’autres exécutions sont prévues dans cet Etat
avant la fin de l’été. – (AFP.)
OTTAWA. Le premier ministre
canadien, Stephen Harper, a présenté, mercredi 11 juin devant le
Parlement, des excuses officielles
aux populations indiennes pour
les discriminations et les mauvais traitements du passé, notamment la scolarisation forcée destinée à couper les enfants de leurs
racines. Quelque 150 000 élèves
ont été envoyés, de 1870 à 1970,
dans des pensionnats où était
menée une politique d’assimilation afin de « tuer l’Indien dans
l’enfant ». – (AFP, Reuters.)
La cavale de Stojan
Zupljanin, qui fut l’un des
conseillers de l’ancien chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, a pris fin mercredi
11 juin. Accusé par le Tribunal
pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) de crimes contre
l’humanité et de crimes de guerre
commis en Bosnie-Herzégovine
en 1992, Stojan Zupljanin a été
arrêté près de Belgrade par la
police et les services de renseignements serbes. – (Corresp.)
LA HAYE.
WASHINGTON.
Christine Legrand
Environnement & Sciences
Vendredi 13 juin 2008
Le satellite Glast scrutera
la violence de l’Univers
Lancé mercredi 11 juin,
ce télescope spatial
détectera les rayons
gamma, indices de
phénomènes cosmiques
très énergétiques
i tout le rayonnement électromagnétique de l’Univers se
résumait sur un piano, les
ondes radio seraient les basses, la
lumière visible les trois notes
d’Au clair de la lune jouées au
milieu du clavier et les rayons
gamma la partie la plus aiguë…
pilonnée par un marteaupiqueur. Cette fraction du spectre
témoigne en effet des phénomènes les plus violents du cosmos,
qui mettent en jeu des quantités
d’énergie proches de l’inimaginable. C’est elle que va observer le
télescope spatial Glast (Gammaray large area space telescope),
lancé mercredi 11 juin par une
fusée américaine Delta-II, depuis
la base de Cap Canaveral (Floride). Glast est un projet international rassemblant les Etats-Unis, la
France – à travers cinq équipes –,
l’Allemagne, l’Italie, le Japon et la
Suède, pour un budget total de
690 millions de dollars.
Les rayons gamma sont énervants pour les astronomes. Tellement énergétiques qu’ils transpercent l’espace comme une balle de
fusil une motte de beurre. Mais
dès qu’ils rencontrent la dense
atmosphère de notre Terre, ils
interagissent avec ses molécules
et ne parviennent pas au sol.
Seuls les rayons de très haute
énergie peuvent y être détectés de
manière indirecte, via les casca-
S
des de particules qu’ils engendrent. Pour étudier cette lumière
capricieuse, mieux vaut donc
monter au-dessus de l’atmosphère. Comme le résume
Benoît Lott, directeur de recherches au Centre d’études nucléaires de Bordeaux-Gradignan et
coordonnateur d’un des groupes
qui analyseront les résultats de
Glast, « l’astronomie gamma est
une science jeune, née avec l’avènement de l’ère spatiale ».
Glast, qui évoluera à 560 km
d’altitude, constitue donc le dernier venu d’une lignée d’instruments, dont les plus marquants
ont été l’européen COS-B
(1975-1982) et l’américain Compton Gamma-Ray Observatory
(CGRO, 1991-2000). L’amélioration que proposera Glast par rapport à CGRO est énorme, souligne Benoît Lott : « La sensibilité
de l’instrument sera meilleure,
d’un facteur 25. Son champ de
vision sera aussi plus large puisque
Glast couvrira 20 % du ciel à tout
moment et verra tout le ciel en deux
orbites, soit trois heures, ce qui est
important car l’Univers, en gamma, est extrêmement variable. »
Saut technologique
Pour réaliser ce saut qualitatif,
il a fallu changer de technologie,
explique Berrie Giebels, du laboratoire
Leprince-Ringuet :
« L’instrument Egret qui équipait
CGRO fonctionnait avec une chambre à étincelle. C’est une technique
assez encombrante, qui limite le
champ de vue, utilise du gaz et donc
implique des fuites. LAT, l’instrument principal de Glast, marche
avec des cristaux de silicium. »
Du saut technologique découle-
APICULTURE ALERTE SANITAIRE
Les ruches de l’Est de la France
se dépeuplent de façon inquiétante
LES APICULTEURS de l’Est de la
France sont en alerte. Depuis le
début du mois de mai, ils observent d’importants dépeuplements de leurs ruchers, le sud de
l’Alsace étant le plus touché. « Les
ouvrières partent butiner mais ne
reviennent pas et le rucher finit par
dépérir », constate Daniel Limon,
président du Syndicat des apiculteurs professionnels d’Alsace, Lorraine et Champagne.
« La situation est préoccupante,
certaines colonies ont totalement
disparu, même dans les montagnes
exemptes d’agriculture donc de pesticides », constate Raymond Borneck, président du Syndicat apicole du Jura. Pour lui, le responsable est Nosema ceranae, un champignon pathogène détecté pour la
première fois dans cette partie de
la France en 2005.
Les syndicats nationaux, en
revanche, désignent d’autres coupables : les pesticides. « L’apiculture allemande est en crise. Le long
de la vallée du Rhin, 90 % du cheptel est menacé˘par les phytosanitaires agricoles. Huit d’entre eux, dont
le Poncho, viennent d’être interdits
d’urgence par le gouvernement fédéral. Ces produits ne s’arrêtent pas à
la frontière ! », affirme Henri Clément, président de l’Union nationale des apiculteurs français.
Yves Vedrenne, président du Syndicat national des apiculteurs,
explique pour sa part qu’« il y a
certainement plusieurs phénomènes conjugués dans l’Est de la France, mais les soupçons pèsent fortement sur les semis de maïs enrobés
de Cruiser, un insecticide ».
Il y a une quinzaine de jours,
des échantillons ont été prélevés
pour analyses dans des ruchers
ayant subi des pertes. « Les premiers résultats montrent des quantités de spores de Nosema ceranae
très élevées, de nature à entraîner la
mort des abeilles », confirme
Marie-Pierre Chauzat de l’Agence française de sécurité sanitaire
et alimentaire (Afssa). Mais la
scientifique reste prudente : « Il
est difficile d’attribuer la disparition des ouvrières à la seule nosemose. Le symptôme peut être également dû au varroa, un acarien présent dans toutes les colonies
d’abeilles. » Il n’y a donc peut-être
pas une mais plusieurs causes
dont la synergie mène au dépeuplement massif et rapide des colonies d’abeilles.
« Depuis des années, les instances nationales sont focalisées sur les
pesticides et ignorent les problèmes
sanitaires causés par les parasitoses. C’est grave ! », s’insurge Raymond Borneck, dont la colère ne
fait que souligner à quel point le
milieu apicole est divisé.
Manque de formation
Ce qui freine une organisation
plus professionnelle de la filière.
Les apiculteurs manquent de formation, peu de vétérinaires sont
spécialisés, les agents des groupements sanitaires des abeilles sont
des bénévoles… « Nous ne disposons même pas d’un institut technique pour nous donner des directives
claires de lutte contre les maladies », déplore Daniel Limon. La
création d’un tel institut, interface
entre le monde académique et les
professionnels de l’apiculture, fait
cependant partie d’une proposition de résolution du député Jacques Remiller (UMP, Isère), déposée en octobre 2007.
En attendant, dans l’Est, l’heure est à l’inquiétude et à l’urgence.
Le comité technique apicole d’Alsace a fait une demande de subvention auprès de la région, afin d’établir une cartographie sanitaire des
exploitations professionnelles touchées. Une épidémie de nosemose
en pleine saison de butinage serait
une catastrophe économique
d’autant que le Fumidil B, le seul
antibiotique efficace, n’est pas
autorisé à la vente en France. a
Olivier Rescanière
ra un saut scientifique. CGRO a
détecté 271 événements gamma.
Glast, au cours de ses cinq ans de
mission, devrait en collecter dix
fois plus. Il nous transportera
dans les environnements les plus
extrêmes du cosmos, où de la
matière est accélérée à une vitesse
proche de celle de la lumière :
dans le maëlstrom de matière
tombant vers des trous noirs
immenses, contenant la masse de
millions voire de milliards de
Soleils ; dans la fusion de trous
noirs ou d’étoiles à neutrons ;
dans des hypernovae – explosions d’étoiles géantes –, etc.
Les chercheurs espèrent aussi
que Glast pourra les aider à résoudre certaines énigmes, comme celle de la matière noire qui demeure invisible alors qu’on sait la
peser. Les particules mystérieuses qui la composent pourraient
se trahir sous l’« œil » de LAT :
en se rencontrant, elles s’annihileraient mutuellement et créeraient
des rayons gamma. Encore de la
violence… a
Pierre Barthélémy
7
L’Univers vu
en lumière visible
Voie lactée
Source : NASA
0123
L’Univers en rayons gamma
tel que le représentera
Glast après un an
d’observations
Voie lactée
Suivant qu'on l'observe en lumière visible
ou dans la partie du spectre électro-magnétique
correspondant aux rayons gamma, l'Univers
ne présente pas le même visage. Dans le visible,
notre représentation du ciel est très largement
dominée par la Voie lactée. En gamma, la barre
centrale de notre galaxie est certes présente
mais l'image est parsemée de points chauds,
qui indiquent la présence de super-trous noirs
au centre d'autres galaxies.
8
Europe
0123
Vendredi 13 juin 2008
Les socialistes européens se mobilisent contre
la possibilité de l’allongement du temps de travail
Les 27 ministres de l’emploi
ont maintenu et étendu
la dérogation à la règle
des 48 heures. Le Parlement
européen devrait se saisir
de cette affaire
BRUXELLES
BUREAU EUROPÉEN
ne partie des socialistes européens
ont entrepris de livrer bataille à un
compromis sur la directive « temps
de travail », adopté mardi 10 juin au petit
matin par les vingt-sept ministres de l’emploi. Ils contestent le maintien, dans ce
texte, d’une dérogation à la règle des
48 heures hebdomadaires – la norme
européenne –, à la demande du RoyaumeUni.
Sauf convention collective allant
au-delà, le temps de travail sera plafonné
dans l’Union européenne à 60, ou 65 heures hebdomadaires – contre une limite
théorique de 78 heures à ce jour.
U
Les opposants au compromis entendent combattre les principales modalités
du texte lors de son examen par le Parlement européen. D’après l’eurodéputé
espagnol Alejandro Cercas, le rapporteur
socialiste sur le projet de directive, « la
position commune adoptée par le conseil
rend la conciliation avec le Parlement européen extrêmement difficile ». A quelques
mois des élections européennes, en
juin 2009, les socialistes européens pourraient se montrer d’autant plus fermes
qu’ils tiennent, avec ce texte dénoncé par
l’ensemble des syndicats, un dossier très
emblématique pour se démarquer des
conservateurs du PPE. Martin Schulz, le
chef du groupe socialiste, a reproché à
plusieurs reprises à José Manuel Barroso,
le président de la Commission, d’avoir
fait « l’autruche » en matière sociale pendant son mandat.
Un vote en plénière n’est pas attendu
avant le mois de décembre, et pourrait
même avoir lieu sous présidence tchèque,
en janvier 2009. « Il faudra voir quelle est
l’ambiance : le processus pourrait prendre
du temps si les fronts sont très opposés dans
le contexte de la campagne électorale pour
les européennes », dit un diplomate.
La Confédération européenne des syndicats (CES), qui salue par ailleurs les
avancées faites dans le domaine du travail intérimaire, a promis de mobiliser les
eurodéputés sensibles à sa cause, lorsque
l’examen du texte en seconde lecture commencera, après l’été. « Le texte va affaiblir
considérablement la situation des salariés,
surtout dans les pays qui ne disposent pas
de conventions collectives solides comme
dans les nouveaux Etats membres », craint
Catelene Passchier, une des responsables
de la CES, à Bruxelles.
Position du Labour britannique
Un rejet du texte en bloc au Parlement
est cependant peu probable, car une telle
décision doit être votée à la majorité absolue des eurodéputés. Lors de la première
lecture, au printemps 2005, le Parlement
s’était prononcé, après des débats houleux, contre la dérogation aux 48 heures
demandée par le Royaume-Uni, et pour la
L’accord européen inquiète les syndicats français
EN PLEIN CONFLIT sur les 35 heures,
l’accord européen sur le temps de travail
conclu par le ministre du travail français, Xavier Bertrand, tombe plutôt mal.
Le texte, qui maintient la possibilité de
déroger à la durée légale hebdomadaire
des 48 heures fixée dans l’Union européenne, inquiète les syndicats français.
Ces derniers, qu’ils appellent ou non à
la journée d’action sur le temps de travail
et les retraites du 17 juin préparée par la
CGT et la CFDT, dénoncent « un jour sombre pour le droit social européen », comme
FO, « un grand bond en arrière de l’Europe
sociale », pour la CFTC, ou « une véritable
régression sociale », pour la CGT.
Conscient du télescopage des deux dossiers – la directive européenne et le projet
de loi sur la représentativité et le temps de
travail qui sera présenté au conseil des
ministres le 18 juin –, M. Bertrand s’est
voulu rassurant. « Les changements qui
interviendront au niveau européen ne diminueront pas les garanties pour les Français », a-t-il dit au Monde. La possibilité,
inscrite dans la directive, de considérer
les temps de garde comme des temps de
repos ne sera pas transposée en France, a
assuré M. Bertrand, « notamment pour
préserver la situation des hospitaliers ».
« Volte-face »
« Avec cet accord, nous encadrons bien
mieux l’“opt out” [la possibilité de
dérogation] qu’auparavant, et nous
l’avons plafonné à 60 ou 65 heures au lieu
de 78 heures actuellement », a-t-il fait
valoir. Le ministre du travail, qui a assoupli la position de la France, abandonnant
le camp de ceux qui étaient pour la suppression de l’“opt out”, se défend de tout
recul. « En cas d’échec de la discussion, le
commissaire européen nous avait indiqué
qu’il retirerait la directive et nous aurions
eu une situation de no man’s land », plaide-t-il.
Ces assurances n’ont pas calmé les syndicats. « La volte-face de la position française, qui jusqu’ici s’appuyait sur “la crédibilité du modèle social européen et la protection
de la santé des travailleurs”, est-elle le signe
d’une présidence française aux options
anglo-saxonnes au détriment du modèle
social français ? », s’interroge ainsi la
CFTC. Pour la CGT, qui prépare la journée d’action du 17 juin, « les déclarations
d’autosatisfaction du ministre du travail
français, Xavier Bertrand, éclairent l’enjeu
du projet de loi de déréglementation du
temps de travail (…), qui anticipe déjà sur
la mise en œuvre de “l’opt out” dans le droit
français ». a
prise en compte de l’ensemble des heures
de garde dans le temps de travail. Le groupe socialiste pourrait être partagé entre
les élus qui, comme en France, ou en Espagne, annoncent une opposition frontale,
et ceux dont les gouvernements ont
approuvé le compromis survenu mardi
entre les Etats membres. « L’enjeu sera de
voir dans quelle mesure les eurodéputés
seront en ligne avec les positions de leur capitale d’origine, à quelques mois des élections
européennes », dit un expert des joutes parlementaires. Seul cinq pays se sont abstenus lors du côté du conseil – l’Espagne, la
Belgique, la Hongrie, Chypre, la Grèce –
en dénonçant une « régression » sociale.
La position du Labour britannique
sera importante. Il y a trois ans, les travaillistes britanniques avaient voté contre
le maintien de la dérogation sur les
48 heures défendu par Tony Blair. L’attitude des sociaux-démocrates allemands
est elle aussi incertaine : c’est un des
leurs, le ministre du travail, Olaf Scholz,
qui négocie pour le gouvernement allemand. Faute de majorité pour bloquer le
texte, M. Schulz devrait plaider pour une
« opposition constructive » afin d’amender le projet de directive sur les points les
plus controversés, la dérogation, ou la
façon de prendre en compte le temps de
garde. a
Philippe Ricard
RÉFÉRENCES
Le compromis négocié par les VingtSept confirme le plafond de 48 heures de travail hebdomadaires.
Il maintient aussi la dérogation défendue par les pays libéraux, qui permet à
un salarié de travailler au-delà de ce plafond.
Les ministres du travail ont décidé de faire la distinction entre temps de garde
inactif et actif, seul ce dernier devant
être pris en compte dans le temps de travail. La Cour de justice européenne a
admis à plusieurs reprises que les
temps de garde devaient être considérés comme du temps de travail.
Rémi Barroux
CARBURANTS ET CONFLITS CIRCULATION BLOQUÉE EN ESPAGNE ET PRÉAVIS DE GRÈVE AU ROYAUME-UNI
M. Zapatero mobilise 25 000 policiers pour disperser les routiers en grève
MADRID
CORRESPONDANTE
Au troisième jour de la grève d’une partie
des camionneurs espagnols, qui demandent une réduction temporaire des
impôts sur les carburants et la fixation de
tarifs minimaux pour le transport de marchandises, le gouvernement de José Luis
Rodriguez Zapatero a opté pour la méthode forte, mercredi 11 juin.
Quelque 25 000 policiers et gardes
civils ont été mobilisés pour disperser des
piquets de routiers qui bloquaient la circulation des poids lourds et pour escorter des
camions non grévistes. L’impasse dans
laquelle se trouvent les négociations, les
perturbations causées par des grévistes
minoritaires (les deux organisations à l’origine de la grève représentent 20 % de la
profession) et les reproches de l’opposition l’ont convaincu de hausser le ton.
Fermées aux routiers depuis lundi, les
voies de passage vers la France de La Jonquera (Catalogne) et d’Irun (Pays basque)
ont été dégagées par la police. Une soixantaine de conducteurs ont été interpellés.
Mardi, un camionneur qui participait à un
piquet de grève avait été tué en tentant d’arrêter un véhicule qui forçait le passage.
Dans la nuit de mardi à mercredi, un routier a été gravement brûlé dans l’incendie
volontaire de son camion. Mercredi, des
dizaines de blessés ont été répertoriés au
cours d’affrontements entre les forces de
l’ordre et des camionneurs, des pêcheurs
(en Galice et à Séville) et des agriculteurs
(Almeria), qui demandent eux aussi des
aides.
Le ministre de l’intérieur, Alfredo Pérez
Rubalcaba, a suggéré aux transporteurs
non grévistes de solliciter la protection de
la police. Les forces de l’ordre ont escorté
des camions qui allaient livrer des vivres
au marché de gros de Barcelone, du carburant dans les stations-service ou des médicaments en Catalogne. Certaines pompes
à essence étaient à court de carburant dès
mardi, surtout en Catalogne. Dans les
grandes surfaces, les produits frais commencent à se faire rares. Les producteursexportateurs de fruits et légumes ont qualifié de « dramatique » leur situation.
UE AVANT LE VOTE IRLANDAIS
Les Lords ouvrent
la voie à la ratification
par Londres
du traité de Lisbonne
LONDRES
CORRESPONDANT
En rejetant, lors d’un vote très attendu,
un dernier appel pour un référendum sur
le traité européen de Lisbonne, la Chambre des lords britannique a libéré le chemin, mercredi 11 juin, pour sa ratification
définitive par la Grande-Bretagne. Ce
vote est un signal aux Irlandais, invités à
approuver le texte, jeudi 12 juin, lors d’un
référendum resté incertain jusqu’au
bout.
Au Royaume-Uni, le projet de loi de ratification doit désormais revenir pour un dernier imprimatur aux Communes, qui l’a
déjà approuvé. Il sera ensuite promulgué
par la reine Elizabeth II, qui devra écrire
au bas du traité la fameuse formule, « la
reine le veut », suivie de sa signature. Son
assentiment, purement formel, est attendu pour la fin du mois ou au début de
juillet, juste après le début de la présidence française de l’Union européenne.
Un amendement voué à l’échec
Les pairs eurosceptiques ne se faisaient
pas d’illusion. En raison de l’arithmétique parlementaire en faveur de la ratification, l’amendement réclamant l’organisation d’un référendum déposé par les
conservateurs n’avait aucune chance
d’aboutir. La coalition pro-européenne
regroupant les travaillistes, les libérauxdémocrates (centristes), les conservateurs de la vieille garde pro-Lisbonne et
des indépendants l’a facilement emporté
par 280 voix contre 218. « Le traité de Lisbonne est totalement différent de la Constitution. L’argument démocratique en faveur
d’un référendum est très faible », a souligné le pair travailliste, Lord Anderson.
Les députés de la Chambre des communes avaient approuvé le document le
11 mars après le rejet d’une motion similaire de la droite par 346 voix contre 206.
L’autre obstacle, le recours en justice
déposé par Stuart Wheeler, un donateur
du Parti conservateur exigeant un référendum, a été mis en touche par la Haute
Cour de Londres. Aux yeux de cet homme
d’affaires excentrique ayant fait fortune
dans les paris sportifs, Gordon Brown n’a
pas respecté l’engagement de son prédécesseur, Tony Blair, d’organiser une
consultation sur la Constitution. « Le
refus de tenir un référendum n’est pas seulement immoral, mais illégal », a déclaré
son avocat. Reste qu’Outre-Manche, où
les référendums sont rarement utilisés,
l’Acte unique européen et le traité de
Maastricht ont été adoptés par voie parlementaire.
Que va-t-il se passer avec la signature
royale si l’Irlande, le seul pays européen à
être tenu par sa Constitution d’avoir un
référendum, dit non ? « Un rejet irlandais
augmenterait la pression sur Gordon
Brown pour qu’il abandonne le processus
de ratification royale. Il devrait résister à ces
requêtes jusqu’au conseil européen du
19 juin », estime Hugo Brady, un chercheur du Center for European Reform, un
centre d’études européen basé à Londres.
Le vote de la Chambre haute sur le traité de Lisbonne a été éclipsé en Grand-Bretagne par la victoire obtenue de justesse
le même jour par le premier ministre,
Gordon Brown, aux Communes, sur son
projet de loi sur l’extension de détention
préventive de 28 à 42 jours dans les affaires de terrorisme. Une quarantaine de
députés travaillistes ont voté contre ce texte, qui a suscité des tensions au sein du
parti majoritaire. Le vote a été acquis par
315 voix contre 306, alors que le gouvernement dispose théoriquement d’une majorité de 65 voix. a
Marc Roche
Des policiers espagnols à Iznalloz, près de Grenade, où des routiers en grève bloquaient la route, mercredi 11 juin. JOSE LUIS ROCA/AFP
Le ministre de l’intérieur a aussi offert à
l’industrie automobile d’assurer son approvisionnement. Paralysée par le manque de
pièces détachées, la construction automobile, premier secteur de l’industrie en Espagne (elle produit 13 000 véhicules par
jour) est touchée de plein fouet. Des usines
Volkswagen, Renault, Nissan, Citroën,
Seat et Mercedes-Benz ont dû arrêter totalement ou partiellement leur production.
Premier mouvement social
Le gouvernement a conclu un accord
avec les entreprises non grévistes. Mais les
organisations à l’origine du mouvement
ont affirmé qu’elles ne signeraient rien
tant que le gouvernement n’accepterait
pas la fixation d’un prix plancher pour le
transport des marchandises, ce qu’il se
refuse à faire. Confronté à son premier
mouvement social depuis son arrivée au
pouvoir, en avril 2004, M. Zapatero a
annoncé une réunion des partenaires
sociaux le 18 juin.
Au Portugal, le gouvernement semble
avoir trouvé un accord avec les organisations de transporteurs, qui étaient aussi en
grève. Mercredi, les avions n’étaient plus
ravitaillés en carburant à l’aéroport de Lisbonne.
Au Royaume-Uni, les transporteurs routiers de Shell ont déposé un préavis de grève de quatre jours à partir de vendredi
13 juin. Les chauffeurs routiers d’autres
compagnies pétrolières ou les indépendants pourraient se joindre à ce mouvement de protestation contre la hausse du
gazole. Les camionneurs menacent de bloquer l’accès des raffineries et des dépôts
afin de perturber l’approvisionnement des
stations-service.
L’appel lancé par Gordon Brown aux
automobilistes, leur demandant de pas
paniquer, a eu l’effet inverse, comme en
attestent les queues devant les stations-services du nord de l’Angleterre. Les protestataires exigent par ailleurs l’annulation
d’une hausse des taxes sur les carburants
prévue en octobre. a
Cécile Chambraud
avec Marc Roche (à Londres)
La Grèce, la Finlande et
l’Estonie approuvent le traité
Avec le vote de la Grèce jeudi 12 juin, de la
Finlande et de l’Estonie mercredi, 18 des
27 Etats membres ont autorisé la ratification du traité de Lisbonne, approuvé par les
dirigeants des 27 Etats membres le 19 octobre 2007. Outre l’Irlande, huit Etats doivent encore se prononcer. Aucune surprise
n’est attendue au Royaume-Uni, en Italie,
aux Pays-Bas, en Belgique, ni même dans
les trois pays qui n’ont pas commencé le
processus de ratification (Espagne, Suède,
Chypre). La situation demeure incertaine
en République tchèque : la Cour constitutionnelle doit juger si le traité de Lisbonne
respecte la Constitution tchèque.
0123
Vendredi 13 juin 2008
France
9
Constitution Les amendements des sénateurs compliquent la recherche de la majorité requise au Congrès
Réforme des institutions : le Sénat pose ses verrous
es sénateurs du PS, du PCF et des
Verts ont claqué la porte de la commission des lois du Sénat, mercredi
11 juin, où était examiné le projet de réforme des institutions. La majorité sénatoriale venait d’adopter un amendement du
rapporteur, Jean-Jacques Hyest (UMP,
Seine-et-Marne), inscrivant dans la
Constitution un mode d’élection des sénateurs reposant sur un corps électoral
« essentiellement composé de membres des
assemblées délibérantes et des collectivités
territoriales », limitant par conséquent à
l’avance une éventuelle réforme de ce collège électoral. « C’est une parodie de démocratie. On nous prend pour des idiots »,
s’est exclamé Bernard Frimat (PS, Nord)
L
à la sortie de la commission. Le groupe
socialiste du Sénat a condamné, dans un
communiqué, une disposition « qui rendrait l’alternance impossible au Sénat ».
Vraie colère ou simple prétexte, à l’approche d’un débat qui devrait s’avérer
déterminant pour la suite du parcours du
projet de révision constitutionnelle ? Le
PS a fait de la réforme des modes de scrutin, et notamment du scrutin sénatorial,
une des conditions de son approbation du
projet de loi. Le gouvernement s’est cependant refusé, jusqu’à présent, à toute
concession sur ce point. Les propositions
de loi du PS portant sur le mode d’élection
des sénateurs ont été successivement écartées à l’Assemblée nationale et au Sénat.
La droite sénatoriale a cependant franchi
un cran supplémentaire en souhaitant inscrire dans la Constitution une sorte de
« verrou » dont elle n’ignorait pas que la
gauche y verrait une « provocation ». Elle
fragilise ainsi l’éventualité – ténue – d’un
compromis entre l’UMP et le PS sur le projet qui doit être soumis à l’approbation du
Congrès et recueillir une majorité des
trois cinquièmes pour être définitivement
adopté.
« Jeu d’équilibre subtil »
« Le gouvernement et la majorité naviguent à vue sur ce texte. Manifestement, il y
a un problème de cohérence », a estimé le
premier secrétaire du PS, François Hollan-
de, ajoutant que « si le texte ressort du
Sénat en recul même par rapport à la première lecture à l’Assemblée, cela ne présage
pas d’un consensus ».
Le secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement, Roger Karoutchi,
veut toutefois continuer à espérer que des
arrangements sont possibles. Ce qui suppose de ramener la majorité sénatoriale à
de meilleures intentions. « On va devoir
s’expliquer », reconnaît laconiquement
l’ancien sénateur des Hauts-de-Seine.
M. Hyest, de son côté, ne se montre guère réceptif. « On veut bien changer le Sénat,
mais pas le sacrifier. Et pour quel bénéfice ?
Pour que les socialistes, de toute façon, rejettent la révision ? Si on commence à leur dire
Pour Didier Maus, le pouvoir
de blocage du Sénat est anormal
L’AMENDEMENT à la réforme des institutions accepté mercredi 11 juin par la
commission des lois du Sénat s’inscrit
dans la jurisprudence du Conseil constitutionnel. Saisi par la droite sénatoriale sur
le projet de loi réformant le mode de scrutin des sénateurs présenté par le gouvernement de Lionel Jospin, le Conseil, alors
présidé par Yves Guéna, en avait censuré
une disposition essentielle. Elle prévoyait
que les conseils municipaux éliraient
leurs délégués à raison d’un par tranche
de 300 habitants. Dans l’esprit du gouvernement Jospin et de sa majorité, il s’agissait de corriger un système – qualifié
d’« anomalie » – qui pérennise la surreprésentation des petites communes rurales au détriment des villes et des agglomérations urbaines.
Le Conseil avait alors estimé que « le
Sénat doit, dans la mesure où il assure la
représentation des collectivités territoriales,
être élu par un corps électoral qui est luimême l’émanation de ces collectivités » et
que, « par suite, ce corps électoral doit être
essentiellement composé de membres des
assemblées délibérantes des collectivités territoriales ». C’est précisément cette notion
que la droite sénatoriale entend inscrire
dans la Constitution.
« Verrouillage supplémentaire »
Pour Didier Maus, président émérite
de l’Association française de droit constitutionnel, si cette disposition était adoptée, « ce serait incontestablement un verrouillage supplémentaire ». Et d’expliquer : « Le projet de loi constitutionnelle
pouvait ouvrir la voie à un rééquilibrage du
corps électoral : il prévoit que le Sénat assure la représentation des collectivités territoriales en tenant compte de leur population.
Mais le verrou introduit limite singulièrement la portée de cette disposition. Il rend le
Sénat quasiment intouchable. »
Qu’advient-il, alors, en cas de désaccord entre les deux chambres ? « Le Sénat
a un pouvoir de blocage absolument anormal, estime M. Maus. Ce qui pouvait se justifier en 1958, quand le président de la République n’était pas élu au suffrage universel,
n’a plus de raison d’être aujourd’hui. Si
pour être adoptée une loi doit être approuvée
dans les mêmes termes par les deux assemblées, il n’est pas normal qu’une chambre
élue au suffrage indirect dispose d’un pouvoir de veto de fait. Il devrait dès lors y avoir
un moyen de trancher, et ce pouvoir n’appartient qu’au peuple. Mais pour cela il faudrait pouvoir réviser la Constitution et, pour
réviser la Constitution, il faut l’accord des
sénateurs. Leur droit de blocage, on le voit,
est totalement disproportionné. »
La situation est-elle, dès lors, insoluble ? M. Maus regrette que, d’une certaine
manière, l’occasion d’élargir le possible
recours à l’article 11 de la Constitution
pour la convocation d’un référendum ait
été manquée en 1995, lorsque fut soumis
par Jacques Chirac et son ministre de la
justice de l’époque, Jacques Toubon, un
projet de révision constitutionnelle qui se
heurta, lui aussi, à la résistance des sénateurs. « Ce qui prouve, ajoute M. Maus,
que la majorité sénatoriale, quand il s’agit
de défendre ses intérêts, n’est pas aux ordres
du gouvernement. » Charles de Gaulle luimême en avait fait les frais lorsqu’il s’avisa, en 1969, de limiter les pouvoirs du
Sénat : il essuya un échec qui signa son
départ. Son président actuel, Christian
Poncelet, aime à le répéter : « Toucher au
Sénat, c’est mortel. »a
amen, après ils demanderont autre chose »,
assure le président de la commission des
lois du Sénat, convaincu qu’« ils avaient
prévu leur coup ». Partisan de la « fermeté », il entend « ne rien lâcher sur les principes » : « On verra bien qui a raison. » A
quelques mois du prochain renouvellement sénatorial, les sénateurs de l’UMP
sont d’autant plus vigilants qu’ils savent
que leur majorité en sortira encore amoindrie.
« Pour eux, cela passe avant tout »,
regrette le président du groupe UMP de
l’Assemblée, Jean-François Copé, qui voit
sa tâche d’autant plus compliquée que les
sénateurs ont également rejeté, en commission, l’article tel qu’il avait été voté à
l’Assemblée rendant obligatoire un référendum pour l’adhésion de la Turquie à
l’Union européenne. Une disposition
contraignante qui avait été introduite,
avec la bénédiction de Nicolas Sarkozy, à
la demande des opposants les plus déterminés à l’entrée de la Turquie dans l’UE.
Leur chef de file, Richard Mallié (UMP),
ne décolère pas contre ses collègues du
Sénat. « Si c’est comme ça, je ne voterai pas
la réforme constitutionnelle, et je ne serai
pas le seul », assure le député des Bouchesdu-Rhône. Le président de l’Assemblée
nationale, Bernard Accoyer, a pour sa part
exprimé le souhait que les députés « suivent » désormais le Sénat sur ce point.
« Il va nous falloir construire un jeu
d’équilibre subtil entre toutes les contraintes », admet M. Copé, qui souhaite continuer à préserver les chances d’un consensus avec l’opposition et d’un compromis
dans la majorité. L’intervention du Sénat
a toutefois passablement compliqué la
donne. « Ce n’est pas gagné, consent
M. Copé, mais ce n’est pas figé. » a
Patrick Roger
CALENDRIER
Le gouvernement avait annoncé la
tenue d’un Congrès le lundi 7 juillet à
Versailles pour l’adoption du projet de
loi constitutionnelle. Cette hypothèse
apparaît d’ores et déjà improbable.
Sénat. L’examen en séance commencera mardi 17 juin. La discussion est prévue jusqu’au lundi 23 juin.
Navette. Le texte reviendra ensuite en
deuxième lecture à l’Assemblée nationale, où la discussion ne pourra commencer, au mieux, que le 1er juillet, puis
retournera au Sénat.
Congrès. Si les deux chambres parviennent à se mettre d’accord, le texte pourra alors être soumis au Congrès. Le gouvernement envisage désormais la date
du 21 juillet. Pour être adopté, le projet
de loi devra recueillir les trois cinquièmes des suffrages exprimés.
P. Rr
DÉBAT LE PARTI MAJORITAIRE ORGANISE UNE CONVENTION SOCIALE À LA MUTUALITÉ
ENQUÊTE LE SRPJ DE VERSAILLES SAISI
L’UMP, cornaquée par Nicolas Sarkozy,
cherche à redevenir une grande formation populaire
Du matériel électronique découvert
dans la voiture de Bernard Thibault
SUSCITER LE DÉBAT, remotiver les militants, l’UMP, à l’unisson de Nicolas Sarkozy, s’est lancé dans une opération « reconquête. » La cible est identique : les classes
moyennes et populaires. Celles que le parti considère comme ayant formé le
bataillon des abstentionnistes des dernières élections municipales, ces électeurs
déçus mais qui toutefois ne se sont pas –
encore ? – tourné vers la gauche.
« Il faut faire revivre le P, de l’UMP, le P
de populaire », plaide Frédéric Lefèbvre,
député des Hauts-de-Seine et bouillonnant porte parole du parti. Affaiblie par
la fuite de ses cerveaux qui ont, comme
Emmanuelle Mignon, suivi le chef de
l’Etat vers l’Elysée ou rejoint les cabinets
ministériels, contrariée par les luttes de
pouvoir interne, l’UMP a connu une sorte de « baby blues » après l’entrée de son
président à l’Elysée. Du statut de force de
propositions, elle est passée – disent les
plus critiques – à une machine tout juste
bonne à produire des couacs.
« Il nous a fallu passer d’un parti de
conquête à un parti de gouvernement »,
analyse Dominique Paillé, autre porte
parole et conseiller du président de la
République. De la machine à produire et
à séduire à la machine à gérer. « Les lendemains de l’élection présidentielles n’ont pas
été faciles, renchérit M. Lefèbvre. Nous
avons du trouver de nouvelles marques et
une organisation adaptée. Les adhérents
avaient rejoint l’UMP pour soutenir Nicolas Sarkozy, il nous a fallu trouver une organisation qui maintienne le lien avec lui. ».
C’est ainsi qu’au lendemain des élections
municipales le chef de l’Etat a placé deux
sentinelles, Xavier Bertrand et Nathalie
Koscusko-Morizet, aux côtés du secrétaire général Patrick Devedjian.
« Il contrôle tout »
Pour tenter de « reprendre la main » sur
le débat alors que le PS et encalminé dans
la préparation de son congrès, l’UMP a
décidé de renouer avec les conventions thématiques qui avaient nourri la campagne
présidentielle. Confiées à l’époque à
Emmanuelle Mignon, dix-huit conventions « pour la France d’après » avaient
exploré entre mars 2005 et octobre 2006
tous les thèmes de la société française. Ces
débats ouverts à des personnalités extérieures et à des experts avaient servi de socle au
programme du candidat.
C’est sur ce modèle que le parti organise
jeudi 12 juin, à la Mutualité sa convention
sur le social avec au programme des tables
rondes axées notamment sur la « relance
de l’ascenseur social ». Préparée par Pierre
Mehaignerie, Marc-Philippe Daubresse et
Philippe Juvin, elle doit accueillir quelques
personnalités du monde syndical et de l’entreprise, notamment Guillaume Pepy, le
président de la SNCF « On a été très critiqué
au moment du paquet fiscal. Il faut montrer
que l’UMP est le défenseur de la justice sociale, que nous ne sommes pas là pour faire des
cadeaux aux riches, plaide Philippe Cochet,
député du Rhône et délégué général à la
réforme. Il faut que le parti redevienne une
machine à idées, avant d’être une machine
électorale. L’UMP doit être devant le gouvernement, quitte à déranger ». M. Devedjian
en a récemment fait la démonstration en
plaidant pour la suppression pure et simple des 35 heures, là où M. Bertrand se
contentait de plaider pour des assouplissements dans l’entreprise. Et mercredi
11 juin, le secrétaire général de l’UMP n’a
pas hésité à prendre ses distances avec le
Revenu de solidarité active, défendu par
Martin Hirsch, en mettant en garde contre
le risque de « créer une grande population
assistée ».
Cette convention qui veut redonner toute sa place au débat arrive à point nommé
pour faire taire les critiques exprimées ces
derniers jours par les clubs et partis associés sur le « monolithisme de l’UMP » ou
« sa RPRisation ». François Fillon devrait
y faire une courte apparition. Pour la photo ? Car l’UMP est et reste une machine au
service exclusif du chef de l’Etat. M. Sarkozy se fait communiquer quotidiennement
l’évolution du nombre de militants, avalise
les initiatives, surveille l’évolution des fédérations : « Il contrôle tout », lâchent en
cœur les porte-parole de l’UMP. a
Sophie Landrin
UNE PLAINTE a été déposée au commissariat de Draveil (Essonne) par Bernard
Thibault, secrétaire général de la CGT,
mercredi 11 juin à 15 heures, après que le
responsable syndical a découvert, tôt
dans la matinée de mercredi, sa porte de
garage ouverte et du matériel électronique dans sa voiture.
L’enquête préliminaire a été confiée par
le parquet d’Evry à la police judiciaire de
Versailles. « Eu égard à la personnalité de
M. Thibault, il était normal que le procureur
d’Evry saisisse le SRPJ de Versailles »,
a-t-on indiqué au commissariat de Draveil.
Ce sont donc des membres de la police
judiciaire d’Evry et de Versailles qui ont
interrogé à Draveil, mercredi jusque tard
dans la soirée, M. Thibault, son épouse,
son chauffeur et un responsable de sa sécurité. Ils se sont aussi rendus au domicile du
responsable syndical pour un relevé d’empreintes. Le matériel retrouvé sur le plancher de la voiture, qui était fermée, selon
les proches de M. Thibault, et dans la portière arrière près d’une enceinte, a été
confié à la police : bout de fil électrique,
tournevis, carte électronique, du petit
matériel qui aurait été abandonné par le
ou les visiteurs. Ce pourrait être du matériel de surveillance, selon une source proche de l’enquête.
La police locale a pris des mesures pour
renforcer la surveillance autour du domicile de M. Thibault. En octobre 2007, un
chat égorgé, peint en rouge, avait été
retrouvé accroché à l’entrée de sa demeure. Il y a trois ans, c’était une tête de
cochon. Ce nouvel incident intervient
alors que la CGT prépare la mobilisation
du 17 juin contre la réforme du temps de
travail et les retraites. Le syndicat, qui dit
ne pas vouloir se laisser distraire de cet
objectif, attend de la police que toute la
lumière soit faite sur « la violation du domicile, la nature du matériel retrouvé et les
auteurs ». a
DÉPENSES
mentation des dépenses, mais pour 300 %
d’activité en plus », a indiqué. « Les déplacements en province ont été multipliés par
trois, les déplacements à l’étranger par
deux (…). » « Les frais de bouche, de réception sont en diminution, a-t-il précisé,
citant entre autres : «-43 % sur le vin,
-8 % sur les traiteurs ». – (Reuters)
Luc Chatel justifie la hausse
du budget de l’Elysée en 2007
Le porte-parole du gouvernement, Luc
Chatel, a justifié, mercredi 11 juin, la progression de 8,4 % des dépenses de l’Elysée en 2007 par l’activité plus importante
de Nicolas Sarkozy. « Il y a 8 % d’aug-
Rémi Barroux
10
France
0123
Vendredi 13 juin 2008
ÉDUCATION
La forte hausse des prix en mai alimente
les craintes d’une stagflation en France
Le financement
des universités pourrait
s’appuyer sur des
critères de performance
Les conjoncturistes redoutent
une éventuelle hausse des taux
par la BCE. Excepté le smic qui
augmentera encore en juillet,
les salaires n’accélèrent pas.
Le pouvoir d’achat est menacé
ême s’il était généralement attendu, le mauvais chiffre de l’inflation française en mai relance les
interrogations sur la politique à venir de la
Banque centrale européenne (BCE). Une
éventuelle hausse des taux d’intérêt en
juillet ne pourrait qu’accentuer le ralentissement attendu de la croissance française
en 2008 et, surtout, en 2009. Ce ne serait
pas « forcément une bonne nouvelle » dans
le contexte actuel, a déclaré, jeudi 12 juin
sur RTL, la ministre de l’économie, Christine Lagarde.
Le renchérissement du pétrole et celui
des produits alimentaires, particulièrement marqué pour les produits frais, sont
à l’origine de la plus forte hausse annuelle
(+3,3 %) des prix à la consommation
qu’ait annoncée l’Insee depuis le mois de
juillet 1991. L’inflation française, harmonisée au niveau européen (IPCH), poussée à
la hausse par les franchises médicales, et
plus sensible, pour des raisons de pondération différente, à l’évolution des prix de
l’énergie et des produits alimentaires, « a
même atteint son plus haut historique
depuis le début de la série à 3,7 % », souligne Mathieu Kaiser (BNP Paribas). L’économiste note que le choc pétrolier tend à
se diffuser aux prix des transports. « Etant
donné la poursuite des tensions et l’incertitude régnant sur les marchés des matières premières, il est désormais difficile d’affirmer
que le pic d’inflation est passé », ajoute-t-il.
Pour la plupart des conjoncturistes, les
Français vont devoir vivre avec une inflation d’au moins 3 % jusqu’en septembre
et un pouvoir d’achat qui, en l’absence
d’accélération des salaires, s’amenuise.
Seul le smic est épargné. Mécaniquement
indexé sur l’inflation, il augmentera de
M
0,9 % au 1er juillet après +2,3 % en mai.
Combinée aux deux chocs de l’euro fort
et du pétrole cher, qui, selon l’Insee, ont
réduit la croissance de 0,4 point par an
entre 2002 et 2007, cette perspective n’est
évidemment pas une bonne nouvelle pour
l’économie française. Pour Mathilde
Lemoine, directrice des études économiques de HSBC France, « la vraie mauvaise
surprise, c’est la faiblesse, au premier trimestre, de la consommation des ménages, qui est
pourtant le principal moteur de la croissance
française. Or le moral des Français, en berne, est totalement corrélé à l’inflation ». Le
tout peut nourrir une spirale négative :
plus d’inflation, plus de déprime, moins
de consommation et moins de croissance.
Autrement dit, la stagflation. Avec un baril
de pétrole à 150 dollars et un relèvement,
par la BCE, des taux d’intérêt de 50 points
de base, la progression du produit intérieur brut (PIB) français tomberait à
0,83 % en 2009, selon un scénario noir –
mais pas invraisemblable – de la banque.
« Bouffés de tous les côtés »
« Les consommateurs sont bouffés de
tous les côtés, note de manière imagée le
directeur des études de Natixis, Patrick
Artus. Leurs crédits à la consommation se
font plus chers et plus rares. Leurs emplois
sont menacés car les entreprises sont tentées
d’accélérer les délocalisations. Et les salaires
réels sont en croissance négative dans toute
la zone euro. Quant à l’Etat, il n’a plus d’argent et fabrique du déficit. Le partage de la
charge est clairement défavorable aux Etats
et aux ménages. »
L’éventuelle hausse des taux de la BCE
dégraderait fortement la situation des ban-
ques, des marchés financiers et accentuerait l’hétérogénéité des économies européennes, note M. Artus. Et pourrait même
être « catastrophique » en l’absence de coopération entre la FED et la BCE. Pour l’économiste de Natixis, qui a fréquemment critiqué le président de la BCE, Jean-Claude
Trichet, la Banque centrale européenne se
trouve dans une position extrêmement difficile : « Elle peut être tentée d’augmenter
les taux pour lutter contre une forme d’inflation sur laquelle elle ne peut rien, au risque
de ralentir l’activité. Mais elle peut difficilement ne rien faire, car, depuis peu, l’inflation anticipée, sur laquelle elle se cale, augmente et atteint des niveaux (2,5 %) qui peuvent faire craindre des tensions inflationnistes durables ». En somme, entre la peste et
le choléra, que peut-elle choisir ? a
Claire Guélaud
ENTRETIEN AVEC PHILIPPE ASKENAZY, DIRECTEUR DE RECHERCHE AU CNRS
« La loi de modernisation économique devrait offrir une petite baisse des prix »
Les prix français sont-ils, comme le soutient le gouvernement, supérieurs à
ceux pratiqués dans le reste de l’Union
européenne ?
En exhibant les prix de quelques produits alimentaires, le secrétaire d’Etat à la
consommation, Luc Chatel, triche un
peu : d’abord parce qu’il existe dans chaque pays, pour un produit donné, des différentiels de prix très importants d’un
magasin à un autre au sein d’une même
enseigne. Ensuite, les habitudes de
consommation différant d’un pays à
l’autre, la comparaison de paniers non
similaires est délicate. Les estimations en
parité de pouvoir d’achat suggèrent que la
France aurait des niveaux de prix proches
de la moyenne de l’Union à 15. Elle était
mieux placée il y a 12 ans, avant les lois
Galland et Raffarin.
Mais entre 1996 et 2008, les prix relatifs alimentaires ont évolué plus rapidement dans notre pays, de l’ordre de 4 % à
5 %, ce qui représente une ponction
annuelle d’environ 5 milliards d’euros sur
les consommateurs. En même temps, les
profits des distributeurs ont augmenté
plus vite en France que chez nos voisins. Il
y a donc des marges pour faire baisser les
prix, mais pas de 30 %, et cela dépend des
produits.
Depuis 1996, les prix alimentaires évoluent plus rapidement en France qu’en
Allemagne. Pourquoi ?
Les lois Galland et Raffarin ont conjugué leurs effets. La première a empêché
une concurrence par les prix et la seconde
une concurrence par l’offre. La loi Raffarin est à l’origine, dans un premier temps,
d’une politique malthusienne de création
de nouvelles grandes surfaces et, dans un
second temps, d’extension de surfaces
existantes. Elle a renforcé des positions
dominantes déjà existantes. C’est le
contraire de la concurrence.
Mais la loi Chatel de janvier 2008 a
changé la donne…
Oui, depuis sa promulgation, les distributeurs peuvent restituer les « marges
arrière » aux consommateurs. Il suffit,
pour déclencher une baisse des prix, qu’ils
le veuillent. Et pour cela, il faut introduire
une concurrence entre opérateurs au
niveau local. L’étude récente de l’UFCQue choisir n’a fait que rendre public un
constat bien connu : dans au moins un
SOCIAL UNE PROGRESSION PLUS IMPORTANTE QUE PRÉVUE
Que peut-on attendre du projet de loi
de modernisation de l’économie (LME)
en cours d’examen au Parlement ?
Tel qu’il est actuellement, ce texte est
plutôt a minima et favorable aux distributeurs. Il va permettre à la grande distribution de répondre aux demandes de clients,
qui se tournent vers le hard discount. Les
consommateurs trouveront des prix bas,
non pas à travers une concurrence plus forte, mais à travers une offre ciblée dédiée
au segment croissant des consommateurs
à faible pouvoir d’achat.
En revanche, les prix dans les magasins
FAITS DIVERS
70 700 emplois ont été créés dans
le secteur privé au premier trimestre
APRÈS la bonne nouvelle du chômage,
ce sont les créations d’emploi, au nombre
de 70 700 dans le secteur concurrentiel
pour le 1er trimestre, qui se montrent plus
nombreuses qu’attendues. Selon les chiffres publiés, jeudi 12 juin, par l’Insee et le
ministère de l’économie, la progression
est de 0,4 % par rapport au dernier trimestre et de 1,6 % sur un an. La révision
à la hausse est forte puisque l’estimation
provisoire était de + 0,2 %, avec moins
de 40 000 nouveaux emplois prévus.
Cette progression de l’emploi est également constatée par l’Unedic, qui perçoit
les cotisations chômage des employeurs
du secteur concurrentiel. Pour l’assurance-chômage, la hausse est de 0,3 % avec
55 900 nouveaux emplois. « Une bonne
tiers des zones de chalandise, il y a peu ou
pas de concurrence. L’exemple de Paris
est frappant : un seul groupe y détient
70 % des grandes surfaces alimentaires.
L’association de consommateurs propose
de permettre à une autorité de concurrence de casser ces monopoles locaux et
d’obliger à des ventes de magasin entre
concurrents. Cette option radicale présente l’avantage de régler immédiatement le
problème sans attendre une construction
frénétique de nouveaux commerces. Elle
pourrait permettre des baisses de prix
significatives.
surprise », pour le responsable des statistiques de l’assurance-chômage.
Malgré ce nouveau chiffre record –
18 184 200 salariés français dans le secteur concurrentiel à la fin mars –, la décélération des créations d’emploi est réelle : 78 000 nouveaux emplois avaient été
enregistrés au dernier trimestre 2007 et
près de 75 000 au troisième trimestre.
L’industrie perd de plus en plus d’emplois, -12 100 postes (-7 100 au 4e trimestre 2007). La construction en a créé
12 000, même si, précise l’Unedic, la progression dans ce secteur est moindre
qu’auparavant. Le secteur tertiaire et les
services restent les premiers créateurs
d’emploi en France.a
R. Bx.
Un corps de femme, sans tête ni
jambes, retrouvé dans une valise
près de Nantes
Un corps de femme, décapité et sans jambes, a été retrouvé, mardi 10 juin, dans
une valise plongée dans la Sèvre nantaise, à Vertou, commune limitrophe de
Nantes. « Il s’agit du corps d’une femme
de peau blanche, âgée de 50 à 60 ans, mesurant entre 1, 55 mètre et 1,60 mètre et
pesant 80 kg », a indiqué le procureur de
la République de Nantes, Xavier Ronsin,
précisant que « la mort est récente ». Mercredi soir, l’identité de la victime demeurait officiellement inconnue, tout comme
« la cause première du décès ». – (Corresp.)
JUSTICE
Prison ferme pour le lancer mortel
d’un bloc de bitume
Guillaume P., plombier de 19 ans, a été
condamné par la cour d’assises des
mineurs de Loire-Atlantique, mercredi
11 juin, à cinq ans de réclusion criminel-
classiques ne devraient guère bouger. En
somme, la loi LME devrait offrir une petite baisse des prix aux consommateurs en
améliorant l’offre commerciale, sans détériorer les profits des distributeurs.
Ce sont plutôt les industriels, en particuliers les PME, qui devraient être les perdants de la négociabilité des prix permise
par le projet de loi. Le risque est que les distributeurs fassent tellement pression sur
leurs fournisseurs pour regagner des marges que seuls les plus gros résisteront.
Une fois que les petits fournisseurs seront
morts, on se trouvera dans un affrontement entre puissants industriels et grande distribution. Et là, on peut obtenir des
prix d’équilibre au-dessus de ce qu’ils sont
aujourd’hui. C’est un risque d’éviction
dont la grande distribution est consciente.
Nul ne sait évaluer l’effet final sur les
prix du projet de loi de modernisation de
l’économie. De plus, les amendements proposés, s’ils sont adoptés, risquent de limiter l’effet de la loi. Accroître les pouvoirs
du maire revient à freiner l’implantation
des nouveaux points de vente. a
Propos recueillis par
C. Gu.
le, dont deux assortis de sursis, pour
avoir lancé un bloc de bitume de 5 kg
depuis un pont, le 15 avril 2006, à PontChâteau (Loire-Atlantique). Ce geste,
qu’il avait qualifié de « jeu », a tué Fabrice Ferrand, 13 ans, passager d’une voiture roulant en contrebas. Son ami,
Mathieu L., lycéen de 20 ans poursuivi
pour ne pas avoir empêché le drame, a
été condamné à trois ans de prison dont
un avec sursis. « J’aurais préféré une peine d’intérêt général élevée plutôt que de la
prison ferme », a déclaré Martine
Ferrand, mère de la victime. – (Corresp.)
DÉFENSE
Crash d’un Mirage 2000
de la force nucléaire non armé
Un Mirage 2000 N affecté à la force de
dissuasion nucléaire, s’est écrasé, mercredi 11 juin, à Laurenan (Côtes-d’Armor). Ses deux membres d’équipage, qui
se sont éjectés, sont sains et saufs. Comme tous les avions de la composante
aérienne de la dissuasion nucléaire en
UN RAPPORT sénatorial, publié mercredi 11 juin, prône un système de financement des universités sur des critères de
performance. Six sénateurs ont été chargés par la ministre de l’enseignement supérieur, Valérie Pécresse, de proposer une
réforme du système dit « de San Remo »
(système analytique de répartition des
moyens).
Utilisé depuis 1994, ce modèle permet à
l’Etat de répartir les emplois et de fixer le
montant de la dotation annuelle qu’il verse
aux universités, en tenant compte notamment du nombre d’étudiants inscrits et de
la superficie des bâtiments. Critiqué pour
son caractère illisible et opaque, le système
San Remo est accusé de pousser les universités à remplir leurs amphis au détriment
de la qualité.
Baptisé « Sympa » (système de répartition des moyens à la performance et à l’activité), le système envisagé au Sénat prône
une corrélation entre financement et performance. 10 % des crédits de formation
seraient évalués au titre de la performance,
contre 3 % actuellement. Pour la recherche, déjà financée à hauteur de 20 % sur la
base d’objectifs, cette part pourrait être de
30 % dès 2009, et à terme atteindre 50 %.
« Système concurrentiel »
Pour évaluer l’efficacité d’une université, les sénateurs suggèrent d’utiliser des
critères comme le taux d’insertion professionnelle à six mois et à trois ans, tout en
prenant en compte la poursuite d’études.
Le niveau de salaire ou le statut de cadre
peuvent aussi constituer, selon les sénateurs, des indicateurs pertinents.
Le groupe de travail propose aussi de
lier le financement au nombre d’étudiants
présents aux examens et non pas au nombre d’étudiants inscrits, comme le prévoit
le système San Remo. Le taux d’occupation des locaux, mais aussi des critères de
gestion administrative, financière et de ressources humaines pourraient également
entrer en ligne de compte. Pour pondérer
les critères de performance, les parlementaires suggèrent de croiser les résultats
d’insertion avec des indicateurs sur l’origine socio-économique ou le niveau scolaire
des étudiants.
« En 2009, aucune université ne devrait
être perdante, assure le sénateur (non inscrit) de l’Aube Philippe Adnot. Les universités considérées comme “déficitaires”
devraient bénéficier d’une première tranche
de rattrapage, les universités “excédentaires”
conserveraient leurs moyens. A partir de
2010, le montant des dotations tiendrait à la
fois compte de la situation initiale par rapport au rééquilibrage, de l’évolution de l’activité et des progrès qualitatifs. » Ces propositions pourraient toutefois raviver les
débats sur la « rentabilité » de certaines
filières. « Il pourra y avoir des redéploiements de certaines disciplines sur un nombre
limité de sites », convient Jean-Léonce
Dupont (Union centriste-UDF, Calvados).
Le syndicat d’étudiants UNEF a réagi
aux propositions du Sénat en dénonçant,
mercredi, « la mise en place d’un système
concurrentiel pénalisant les universités qui
ont le plus besoin d’être aidées ». La mission
d’évaluation et de contrôle de l’Assemblée nationale, qui travaille également
sur ce sujet, doit présenter ses conclusions fin juin. a
Catherine Rollot
vol d’entraînement, ce Mirage, originaire de la base aérienne 116 de Luxeuil
(Haute-Saône), n’était pas armé. Le précédent crash, le 12 février, était aussi
celui d’un Mirage 2000 N de la base de
Luxeuil. – (AFP.)
ACCIDENT
Trois vacanciers allemands se noient
dans un affluent du Verdon
Trois vacanciers allemands, deux jeunes
femmes et leur guide, qui faisaient mercredi 11 juin en fin d’après-midi du canyoning ont trouvé la mort dans un affluent
du Verdon. Ils ont été emportés par une
vague de crue consécutive aux orages.
Depuis quelques jours, le sous-préfet de
Castellane (Alpes-de-Haute-Provence)
avait pris un arrêté pour interdire les activités nautiques et d’eau vive dans les gorges du Verdon où le débit est de 75
mètres cube à la seconde. La pratique des
sports d’eau vive était cependant autorisée dans l’affluent où l’accident a eu lieu.
– (AFP.)
0123
Vendredi 13 juin 2008
Economie & Entreprises
11
Industrie PSA Peugeot Citroën et Mitsubishi ont posé la première pierre de leur usine à Kalouga
La Russie, eldorado des
constructeurs automobiles
u moment où la flambée des
prix des carburants touche
de plein fouet la plupart des
marchés automobiles et que les
constructeurs américains voient
leurs ventes de 4 × 4 s’effondrer
mois après mois, le marché automobile russe, lui, est en pleine forme. Ce secteur profite à plein de la
croissance économique de la Russie : 7,8 % en 2007 après 6,7 % en
2006.
Ce boom économique est en
grande partie entretenu par les
revenus tirés des matières premières, notamment énergétiques. Le
nombre de milliardaires en dollars aurait quasiment doublé en
2007, passant de 60 à 110. Les millionnaires augmentent plus que
n’importe où ailleurs. Mais cette
richesse croissante commence à
se diffuser dans la société russe.
L’émergence d’une classe moyenne tire la consommation, à commencer par l’automobile.
En 2007, les immatriculations
sur le marché russe ont largement
dépassé celle du marché français
(2,450 millions contre un peu plus
de 2 millions pour la France). Et le
potentiel est énorme. En effet, le
taux d’équipement n’est que de
210 véhicules pour 1 000 habitants, contre 600 en Europe occidentale et 800 aux Etats-Unis. Le
marché devrait dépasser 4 millions de voitures en 2012. A cette
date ou même avant, la Russie
pourrait devenir le premier marché européen devant l’Allemagne.
A
Cette forte hausse profite essentiellement aux marques étrangères : leurs ventes ont augmenté de
62 % en 2007. La Russie est déjà
le premier marché européen des
Japonais Toyota, Lexus, Mitsubishi, Subaru ou du coréen Kia.
En revanche, la croissance du marché ne profite pas aux constructeurs locaux. Du fait d’une qualité
médiocre et d’une mauvaise image de marque, leurs ventes plongent. De 800 000 en 2007, elles
devraient tomber à 350 000 en
2015.
Multiples investissements
La classe moyenne préfère se
porter sur les modèles occidentaux comme la Peugeot 308, la
Citroën C4 ou encore la Renault
Megane. Les plus riches, eux, s’affichent dans de luxueux 4 × 4 ou
des véhicules encore plus haut de
gamme. « Nous avons vendu plus
de 8 000 voitures Infiniti (groupe
Nissan) dès la première année. C’est
bien au-delà de toutes nos espérances », confie Carlos Ghosn, le
patron de Renault-Nissan. Mais le
boom est tel que même la voiture à
bas coût de Renault, la Logan,
connaît un vrai succès. Depuis
2005, le constructeur français en a
écoulé 150 000.
Pas étonnant donc que tout le
monde veuille une part de ce nouvel eldorado. Après General
Motors et Ford sur place depuis
longtemps, d’autres constructeurs ont investi récemment.
L’implantation des étrangers
se révèle parfois compliquée
S’IMPLANTER à Moscou, pour
une entreprise étrangère, n’est pas
une sinécure. Depuis 2000, plusieurs entreprises, comme Danone, L’Oréal, Schlumberger, Total
ou Bouygues, font l’objet de redressements fiscaux et bataillent
devant les tribunaux, parfois avec
succès, comme Bouygues. « Les
règlements sont souvent utilisés
pour contrarier un projet qui n’a
pas, pour des raisons très variées, la
faveur des dirigeants, qui font parfois un usage discrétionnaire du
droit », déplore un entrepreneur
français.
Des délais plus longs
Installé en Russie depuis 2001,
où il a ouvert vingt et un magasins
et racheté la chaîne Ramstore,
Auchan rencontre pour la première fois des difficultés. Son magasin
situé à Sokolniki dans Moscou,
achevé depuis décembre 2007,
attend toujours son ouverture. Vladimir Yakunin, président des chemins de fer russe, s’oppose à la
construction des voies d’accès au
magasin sur un terrain commun.
« Dès que nous avons compris que
c’était un terrain mixte, nous avons
engagé une négociation, indique
Jean Mailly, président d’Auchan
Russie. Elle n’a pas été facile car
nous n’avions pas compris tous les
rouages administratifs. »
Paradoxalement, malgré la bonne image revendiquée par Auchan
en Russie, M. Mailly affirme que
d’autres problèmes pourraient survenir dans le futur. « Les procédures sont fouillées, précises et longues,
c’est d’autant plus vrai quand on
s’installe à Moscou », reconnaît-il.
Jusqu’à présent, il fallait environ
ÉNERGIE
Les discussions entre BP et
ses alliés russes sont rompues
Les discussions entre le britannique BP et ses associés russes
sur l’avenir de leur coentreprise
TNK-BP ont été rompues, affirmait mercredi 11 juin l’agence
Reuters. Les Russes réclament
une réduction de 60 % des effec-
deux ans pour ouvrir un magasin.
« Ce délai risque de s’allonger car
les Russes deviennent de plus en plus
exigeants », conclut-il.
Dans le domaine de la construction, après la crise financière de
1998, la compétition est devenue
âpre, avec des entreprises souvent
moins disantes, venues d’Ukraine,
de Slovénie, de Turquie ou des
ex-républiques soviétiques orientales, Ouzbékistan, Tadjikistan, et
même de Chine.
« Nous n’avons rien signé à Moscou depuis quelques années, reconnaît un porte-parole du groupe
Bouygues, mais nous engrangeons
de beaux contrats ailleurs, notamment à Ekaterinbourg » : dans la
capitale de l’Oural, le groupe va
construire l’Iset Tower, une tour
résidentielle de luxe (136 millions
d’euros) et un hôtel Hyatt (75 millions d’euros), livré à l’automne
2008.
Ces projets sont conduits par
Valode et Pistre, seule agence d’architecture française à disposer
d’une licence russe : « Nous rencontrons plus de succès en province
que dans la capitale », reconnaît
Jean Pistre, qui travaille beaucoup
avec un conglomérat minier,
métallurgique et, désormais,
immobilier de l’Oural, UGMK.
Pour faire face aux difficultés
administratives
grandissantes
dans le pays, PSA, lui, s’est adjoint
le soutient de la région de Kalouga. « Elle a fait un effort pour que le
terrain nous soit accessible. C’est elle
qui s’est chargée d’effectuer les
démarches », reconnaît Didier Aleton, responsable du projet. a
N. Bn
et Isabelle Rey-Lefebvre
tifs étrangers de TNK-BP, une
représentation à parité de chacun des deux camps dans l’ensemble des conseils d’administration des filiales de TNK-BP, et
des prérogatives élargies de mandataire pour l’avocat de German
Khan, un important actionnaire
russe, membre de la direction
de TNK-BP. – (Reuters.)
Volkswagen n’a pas lésiné en
dépensant plus de 1 milliard
d’euros dans une usine pour produire 150 000 voitures par an.
Toyota a commencé sa production fin 2007 et Nissan doit ouvrir
en 2009 une usine à Saint-Pétersbourg. Quant à Renault, grâce au
rachat au printemps de 25 % du
russe Avtovaz, propriétaire de la
marque Lada, le pays va devenir
en 2009 son premier marché.
PSA Peugeot Citroën tente de
rattraper son retard. La Russie
constitue sa troisième zone de
développement prioritaire après
le Brésil et la Chine. Le constructeur français a posé, mardi 10 juin
à Kalouga, la première pierre de
son usine en partenariat avec Mitsubishi. L’investissement total
atteint 470 millions d’euros dont
70 % pour PSA. L’usine emploiera
3 000 personnes et doit entrer en
production en 2011 avec une capacité initiale de 160 000 véhicules.
Une croissance continue
PRÉVISION DU MARCHÉ
AUTOMOBILE EN RUSSIE
en millions de véhicules
RÉPARTITION RÉGIONALE DES VENTES
D’AUTOMOBILES, en milliers de véhicules
5
4,1
4
3
2,4
2
2007
2010 prévisions
Moscou
950
1 023
Saint-Pétersbourg
250
264
Oural
275
462
Russie du Sud
175
297
Russie plaine centrale
600
924
Sibérie centrale
125
165
Sibérie orientale
125
165
1
0
2007
2009
2011
2013
2015
Source : PSA Peugeot Citroën
Mais elle pourrait être portée à
300 000 unités.
Comme Volvo ou encore Volkswagen, PSA a été largement soutenu par Anatoly Artamonov, le gouverneur de la région de Kaluga.
« Il y a quelques années, nous nous
sommes fixés pour objectif de faire
de cette région une des régions les
plus attractives pour les investissements et le premier pôle automobile
du pays. Nous avons réussi », se félicite M. Artamonov.
Premier pôle automobile de la
Russie, Kaluga devrait accueillir
de nombreux fournisseurs. L’équipementier Faurecia est dans la
phase finale de sélection d’un site
pour fournir PSA et Volkswagen.
Pour faire face à ce développement, la région a augmenté de
plus de 72 % les logements. Et la
construction d’un centre de formation automobile est en cours pour
répondre à la forte demande en
main-d’œuvre. a
Nathalie Brafman
12
Economie & Entreprises
0123
Vendredi 13 juin 2008
DÉVELOPPEMENT
Le japonais Daiichi Sankyo prend le contrôle
du fabricant indien de génériques Ranbaxy
La transaction, d’un montant
compris entre 2,2 et 3 milliards
d’euros, illustre la volonté
des groupes pharmaceutiques
nippons de se diversifier
et de s’internationaliser
a pharmacie nippone multiplie les
acquisitions hors du territoire national. Le laboratoire japonais Daiichi
Sankyo a annoncé, mercredi 11 juin, qu’il
lançait une offre d’achat amicale sur le
premier groupe pharmaceutique indien,
le fabricant de génériques Ranbaxy. L’opération aura lieu en deux temps.
Tout d’abord, la famille Singh, fondatrice de Rabaxy, cède les 34,8 % du capital
qu’elle détient avec un bonus de 31,4 %
par rapport au dernier cours de Bourse.
Ensuite, Daiichi lancera une offre publique d’achat (OPA) sur le reste du capital.
Le coût total de la transaction se situerait
entre 3,4 et 4,6 milliards de dollars (entre
2,2 et 3 milliards d’euros).
Ranbaxy est le premier fabricant de
L
médicaments indien, largement spéciali- son groupe – l’un des dix premiers fabrisé dans les génériques. Pour le japonais cants mondiaux de génériques – en « un
dont les produits les plus connus sont le laboratoire pharmaceutique international de
Benicar (antihypertenseur) et le Prasu- recherche ».
Plus de 80 % du chiffre d’affaires de Rangrel (antithrombotique), l’acquisition
représente tout à la fois une diversifica- baxy provient des produits génériques.
tion importante dans les génériques, mais Mais comme tous les fabricants de
aussi une réelle internationalisation. Ran- « copie », ce sont les profits réalisés sur les
baxy, comme tous les fabricants de généri- médicaments innovants et brevetés qui les
font rêver. Beaucoup de fabriques, commercialise des médicants de génériques investissent
caments aux Etats- Unis et en
Le PDG
donc leurs profits dans une
Europe.
de Ranbaxy
recherche classique capable de
Le PDG de Ranbaxy, Malvina défendu
donner lieu à un produit exclusif.
der Singh, le petit-fils du fondaune vente qui « va
Ce rachat est un épisode de
teur de l’entreprise Bhai
nous permettre
plus dans la politique agressive
Mohan Singh, sera maintenu
de grossir, plus
de diversification menée depuis
dans ses fonctions. « C’est un
vite, et d’être
2008 par les laboratoires japopas très important vers le promeilleur »
nais. Après le rachat de l’entrechain niveau de croissance », a
prise de biotechnologie améridit M. Singh à la presse à New
caine Millenium par le japonais Takeda
Delhi.
Alors que les groupes indiens sont fiers pour plus de 8 milliards de dollars, et
de leurs récents achats en Occident – après la prise de contrôle de MGI Pharma
notamment l’achat de Jaguar et Land Rover par Eisai pour 3,9 milliards, l’opération
par Tata –, M. Singh a défendu une vente Daiichi Sankyo est la troisième de grande
qui « va nous permettre de grossir, plus vite, et ampleur pour le marché nippon.
Daiichi se positionne désormais à la
d’être meilleur ». Il espère « transformer »
neuvième place mondiale sur un marché
du générique estimé aujourd’hui à 120 milliards de dollars. La stratégie suivie par le
laboratoire japonais est à peu près la
même que celle du suisse Novartis : répondre aux besoins du marché national japonais en médicaments génériques, réduire
les risques en explorant les différentes
facettes du marché du médicament et prendre pied sur des marchés émergents
(Chine, sous continent indien) où il est
aujourd’hui absent.
En outre, compte tenu du fait que les
laboratoires nippons sont de taille très
modeste par rapport à leurs homologues
occidentaux, la course à la grandeur réduit
le risque d’être eux-mêmes avalés. Un danger d’autant plus grand qu’ils rencontrent
les mêmes problèmes que les autres : une
difficulté certaine à assurer la relève de
médicaments qui vont prochainement
tomber dans le domaine public. Un laboratoire comme Sanofi-Aventis ne fait ainsi
pas mystère de son intention d’acquérir
une structure conséquente sur le marché
japonais. a
Yves Mamou
BIOTECHNOLOGIES L’USINE DE GRANGE CASTLE, QUI PRODUIT LE MÉDICAMENT ENBREL, A DÉJÀ COÛTÉ 1,8 MILLIARD D’EUROS
Le laboratoire américain Wyeth cherche à doubler sa production en Irlande
duction, à chaque étape de la purification
du médicament. Une meilleure sélection
peut aussi accroître la densité des cellules
dans les cuves… Autant de pistes qui sont
des secrets techniques passant par des
dépôts de brevets. Quant à l’efficacité, elle
devra, après toute modification, être prouvée à l’aide de nouveaux essais cliniques.
Les agences sanitaires sont fermes sur la
sécurité des produits. a
Y. M.
Alain Faujas
A l’usine Wyeth de Grange Castle, dans le comté sud de Dublin, les employés travaillent 24 heures sur 24, sept jours sur sept, pour
produire un kilo par jour de matière active d’un médicament efficace pour soulager les malades atteints de polyarthrite rhumatoïde. DR
faculté de pharmacie de Marseille. Les
médicaments biologiques ont un niveau
de susceptibilité tel que toute modification – le bouchon, la forme de l’ampoule
ou de la seringue, sans parler de l’excipient qui accompagne la molécule – fait
surgir le risque d’une « dégradation de la
molécule ». Il est arrivé que, des fabricants de bouchon n’ayant pas signalé à
un laboratoire une modification mineure
de leur produit, celui-ci a commencé de
commercialiser un médicament moins
efficace pour les patients.
En biotechnologie, la réduction des
coûts passe donc par des investissements
en recherche. En galénique (mise en forme du médicament) tout d’abord. L’enrobage de la molécule dans un excipient
amélioré peut démultiplier l’effet de la
substance active.
Il est possible aussi de réduire les pertes, qui peuvent atteindre 10 % de la pro-
LES DIX-NEUF principaux pays créanciers du monde, réunis dans le « Club de
Paris », ont annulé, en 2007, 413 millions de dollars (268 millions d’euros)
des dettes publiques de l’Afghanistan, de
la République centrafricaine, de la Gambie, du Sierra Leone et de Sao Tomé et
Principe, dans le cadre de la procédure
d’allégement de la dette des pays pauvres
très endettés.
Le premier rapport d’activité du Club,
publié le 11 juin, fait aussi état du remboursement anticipé de 7,3 milliards de dollars
des dettes de l’ex-Yougoslavie, du Pérou,
du Gabon et de la Jordanie.
A l’occasion de la présentation de ce rapport, Xavier Musca, président du Club et
directeur du Trésor français, a exprimé
« les préoccupations » des Etats membres
au sujet des « fonds vautours » qui achètent les dettes décotées de certains pays
pauvres et qui demandent ensuite aux tribunaux d’obliger ceux-ci à leur rembourser la totalité de la dette. M. Musca a ainsi
cité la société américaine Donegal, qui a
racheté, à vil prix, la dette contractée par
la Zambie pour l’achat de matériels agricoles roumains et qui a réalisé un profit
de 400 % en obtenant son remboursement par un tribunal londonien.
Contrecarrer les fonds vautours
Ces « fonds vautours » ont déjà empoché 1 milliard de dollars sur les 2 milliards qu’ils réclament en justice, notamment au Congo et au Liberia. « C’est parfaitement légal puisqu’une créance est un
titre de propriété, a commenté le président
du Club, mais ces demandes sont immorales, car ces fonds s’approprient, en fait, les
annulations de dettes publiques consenties
aux pays pauvres par le Club, donc au détriment de nos contribuables. »
Le Club a mis en place, avec les autres
acteurs multilatéraux (G7, Banque mondiale, Fonds monétaire international, Banque africaine de développement), une stratégie pour contrecarrer l’action de ces prédateurs. Il demande notamment aux pays
créanciers de ne pas vendre leurs créances
à ces fonds, afin que ces dettes impayées
puissent être rachetées par la Banque
mondiale et qu’elles puissent par la suite
être annulées. Une aide juridique est par
ailleurs apportée aux pays « attaqués »
par les « fonds vautours ».
D’autre part, le Club s’efforce d’associer à ses travaux les pays émergents devenus d’importants prêteurs (Abu Dhabi,
Brésil, Israël, Koweït, Corée du Sud, Turquie, Chine). En effet, il souhaite les persuader qu’il serait dommageable de réendetter excessivement les pays dont la
dette vient d’être annulée et qu’il
convient de discipliner l’attribution de
prêts, par ailleurs bienvenus. a
GRANGE CASTLE (Irlande)
ENVOYÉ SPÉCIAL
Le laboratoire américain Wyeth a investi
1,8 milliard d’euros en Irlande, à Grange
Castle, dans le comté sud de Dublin, pour
produire un kilogramme de matière active d’Enbrel par jour. L’Enbrel est un médicament biologique – il est tiré des cellules
ovariennes de hamster chinois – qui a
transformé la vie de milliers de personnes
atteintes de polyarthrite rhumatoïde, une
maladie douloureuse et invalidante. Mais
il est très coûteux (entre 10 000 et
20 000 euros par an et par malade).
La production de Grange Castle est suffisante pour répondre à la demande de
l’Europe et des Etats-Unis. Mais le laboratoire est aujourd’hui au carrefour de plusieurs contraintes : le nombre de malades
va croître avec le vieillissement de la population, des patients nouvellement solvables arrivent des pays riches d’Asie
(Chine, Inde…) et les systèmes d’assurance-maladie vont imposer progressivement des réductions de prix.
Comment doubler la production –
deux kilos d’Enbrel par jour – sans investir à nouveau 1,8 milliard d’euros ? Par
une augmentation des cadences ? L’usine
tourne déjà sept jours sur sept sans une
minute d’arrêt.
Réduire les temps de fabrication ou
trouver des fournisseurs moins chers ?
« Tirer les prix vers le bas engendre de
redoutables problèmes de qualité », explique Jean-Pierre Reynier, professeur à la
Le « Club de Paris »
annule 413 millions
de dollars de la dette
de cinq pays pauvres
TRANSPORT UN INVESTISSEMENT DE 300 MILLIONS D’EUROS, CRÉATEUR DE PLUS DE 2 000 EMPLOIS
Deux stewards licenciés pour des
« blagues » considérées comme graves A Leipzig, DHL a ouvert son troisième hub mondial
égitime sanction contre des salariés
irresponsables ? Représailles visant
à écarter des gêneurs ? Le licenciement de deux stewards par la compagnie
irlandaise CityJet, une filiale d’Air France, crée des remous.
Le 14 mai, lors d’un vol Dublin-Paris,
un chef de cabine glisse quelques « blagues » en annonçant les consignes de
sécurité : « Veuillez garder votre ceinture
de sécurité Gucci attachée », « des gilets de
sauvetage Chanel sont situés sous votre siège », etc. L’épisode est rapporté à la direction de CityJet par un passager, cadre
chez Air France. Après enquête, la compagnie irlandaise découvre que le plaisantin
n’était pas en service mais en « positioning » : il portait son uniforme et pouvait, en cas de nécessité, être sollicité,
mais il ne figurait pas sur le planning du
vol ; les démonstrations de sécurité
auraient dû être assurées par le « chef de
cabine en titre », affirme Me Stéphane
Bloch, l’avocat de CityJet.
D’après la compagnie, l’auteur des facéties aurait ajouté : « Les parents voyageant avec des enfants doivent mettre leur
masque à oxygène avant d’en appliquer un
à leurs enfants, en commençant par celui
qu’ils préfèrent. » L’intéressé, qui désire
garder l’anonymat, dément.
Jugeant ces comportements très gra-
L
ves, CityJet congédie, à la fin mai, le blagueur et le chef de cabine « en titre », coupable d’avoir laissé faire. Deux hôtesses
écopent d’un avertissement.
Cette décision est liée « au fait que nous
avons assigné CityJet devant les prud’hommes », estime l’un des stewards. Soumis
au code du travail irlandais, une vingtaine de salariés établis en France demandent à bénéficier de la loi française. Ce
problème de droit est, par ailleurs, au
cœur d’une enquête préliminaire ouverte
par le parquet de Créteil ; les deux chefs
de cabine remerciés ont été entendus
dans le cadre de ces investigations. Selon
Bernard Thouvenot, vice-procureur au tribunal de grande instance de Créteil, les
auditions se déroulent dans un « mauvais
climat » car les salariés donnent le sentiment de « ne pas s’exprimer librement ».
« Ils ont peur de perdre leur emploi et de ne
pas en retrouver dans d’autres compagnies », commente Me Nathalie Micault,
l’avocate des navigants.
Me Bloch assure qu’il n’y a pas de lien
entre les deux procédures en cours et les
licenciements des stewards. Même s’ils
n’avaient pas saisi la justice, explique-t-il,
ces salariés « auraient été sanctionnés de
la même manière » car ils ont « détourné
les règles de sécurité ». a
Bertrand Bissuel
LEIPZIG (Allemagne)
ENVOYÉE SPÉCIALE
C’est un aéroport dans l’aéroport : un hangar où peuvent entrer deux Airbus A380 et
un immense centre de stockage et de tri se
dressent sur un espace de quelque 200 hectares. A proximité, sur une piste toute neuve, près de soixante avions atterrissent chaque soir. Ils déchargent, puis repartent, du
cœur de la nuit au petit matin, lestés d’une
nouvelle cargaison de colis.
A l’aéroport de Leipzig-Halle, en Saxe
(Est), le leader mondial de la livraison
express DHL vient de mettre en service son
nouveau hub européen. Filiale du groupe
allemand Deutsche Post World Net, DHL a
inauguré officiellement à la fin du mois dernier cette plate-forme aérienne pour les
colis à forte valeur ajoutée et les paquets
express. Soit deux ans et demi après avoir
lancé le projet, à l’automne 2005. Une grande partie des activités implantées à l’aéroport de Bruxelles-Zavantem ont été délocalisées à Leipzig, choisie notamment au
détriment de Vatry en France.
« Nous avions un besoin urgent de nous
agrandir. A Leipzig, à la différence de Bruxelles, nous avons l’autorisation de faire voler
les avions la nuit, soit un fonctionnement du
site vingt-quatre heures sur vingt-quatre,
explique Claus Korfmacher, porte-parole
de DHL. En outre, nous nous trouvons ici
aux portes de l’Europe de l’Est et nous avons
à disposition un personnel motivé et qualifié. » L’investissement, évalué à 300 millions d’euros, a été subventionné à hauteur
de 70 millions d’euros par les pouvoirs
publics. En échange, l’entreprise s’est
engagée à créer 3 500 emplois d’ici à 2012.
Déjà 2 000 personnes ont été embauchées, dont 90 % sont originaires de cette
région d’ex-RDA durement touchée par le
chômage.
Avec Leipzig, le spécialiste du courrier
express entend renforcer son maillage
entre l’Europe, l’Amérique du Nord et
l’Asie. La nouvelle plate-forme compte dès
son démarrage parmi les trois principaux
hubs de DHL, aux côtés de Wilmington
aux Etats-Unis (Ohio) et Hongkong.
100 000 paquets en une heure
L’entreprise s’enorgueillit de ce site
logistique, selon elle « le plus moderne en
Europe, voire dans le monde ». Dans la halle
de stockage, véritable centre nerveux du
hub, un dédale de tapis roulants achemine
sur quatre étages les colis et les paquets
arrivés de toute l’Europe par trains,
camions et avions. Une fois réceptionnés,
ils sont triés selon leur taille et leur contenu, remballés si besoin, puis répartis en
fonction de leur destination.
En journée, les installations fonctionnent au ralenti ; la nuit, l’activité est intense dans ce bâtiment de 48 000 mètres car-
rés. « De l’atterrissage au décollage, les
marchandises restent rarement plus de
deux heures sur place, décrit une responsable technique, Condula Pabsch. Jusqu’à
100 000 paquets et documents peuvent être
expédiés en une heure grâce à un processus
presque entièrement automatisé. »
1 500 tonnes de marchandises sont
envoyées chaque jour ouvrable vers une
cinquantaine de destinations à travers le
monde. DHL vise 2 000 tonnes par jour
d’ici à 2012, soit 600 000 tonnes par an.
« La plate-forme aérienne de Leipzig-Halle est un centre logistique d’envergure mondiale », grâce auquel le groupe assoit sa
« position dominante dans le secteur de la
livraison express », s’est réjoui Frank
Appel, président de la maison mère Deutsche Post, lors de l’inauguration du site.
DHL justifie son investissement par la forte croissance des échanges et la division
mondiale du travail. Comme ses concurrents UPS et FedEx, la division express du
groupe profite à plein de la mondialisation, malgré des pertes enregistrées par
son activité aux Etats-Unis. En 2007, le
nombre de ses envois a dépassé 900 millions, vers 120 000 destinations.
M. Appel a annoncé le prochain développement du nouveau hub. Le terrain offrirait assez d’espace pour construire deux
autres centres de stockage. a
Marie de Vergès
0123
Vendredi 13 juin 2008
Economie & Médias
13
IMMOBILIER UNE CESSION ENVISAGÉE
L’avenir incertain du pôle logements
d’Icade, filiale de la Caisse des dépôts
LE CONSEIL d’administration d’Icade,
mercredi 11 juin, n’a pas permis de voir
plus clairement l’avenir du pôle de logements de cette filiale d’immobilier cotée en
Bourse de la Caisse des dépôts et consignations (CDC).
Malgré des démentis, la presse (le site
d’information sur Internet Médiapart, le
6 juin, puis La Tribune, le 10 juin) s’était
fait l’écho d’un projet de cession de l’intégralité du pôle de logements d’Icade
(40 000 logements). Ce projet allait très
au-delà de la vente de 14 500 logements
annoncée en début d’année.
Les administrateurs d’Icade escomptaient donc des clarifications de la part des
dirigeants d’Icade et de sa maison mère, la
CDC. Ils n’en ont pas obtenu. Mais ils ont
acquis la conviction, de sources concordantes, au terme d’un conseil heurté, que des
« discussions poussées » ont bel et bien eu
lieu sur une cession massive de logements,
sans qu’ils en aient été avertis ou saisis. Ce
qui, selon ces sources, constitue une entorse aux règles de gouvernance.
Questions sur le logement social
En fait, ainsi que l’ont affirmé Icade et la
CDC, il n’existe aucun mandat de vente
officiel du pôle de logements d’Icade, pas
plus qu’il n’y a d’offre formelle de la part
d’un acheteur. Tout s’est passé de manière
discrète et officieuse, dans le cadre du processus de vente du bloc de 14 500 logements, piloté notamment par un banquier
de BNP Paribas, Charles Sayag, une star
des fusions et des acquisitions dans l’immobilier. Un consortium de sociétés HLM,
dont l’immobilière 3F, a fait part de son
intérêt pour l’ensemble du pôle immobi-
lier d’Icade, et notamment les 30 000 logements non sociaux au plan juridique, mais
qui jouent ce rôle de fait, et auxquels les
maires sont attachés. Ce patrimoine est
valorisé autour de 3,5 milliards d’euros.
A travers cette vente, c’est la question de
l’avenir de la société qui est posée, et donc
de la politique de la CDC en matière de
logement social, l’une des grandes politiques publiques du moment. Débarrassée
de sa vocation résidentielle et sociale, Icade deviendrait une foncière classique, et
peut-être plus rentable, à la tête d’un patrimoine de bureaux et de commerces.
« Ce n’est pas forcément une mauvaise
idée de remettre les logements d’Icade dans le
patrimoine social. Mais il faut faire les choses dans les règles et, surtout, avec une vision
stratégique claire », estime un proche du
dossier. La cession du pôle de logements
d’Icade, qui exerce par ailleurs une activité
d’administration de biens et de promotion, rendrait délicat le maintien du statut
de SIIC, avantageux sur le plan fiscal.
Dans ce contexte flou, Serge Grzybowsky, le président d’Icade, réitère qu’« Icade
poursuit sa politique de cession de logements
telle qu’annoncé », soit la vente de
14 500 logements à différents bailleurs
sociaux, et de 2 500 logements à leurs occupants, entre 2008 et 2012.
M. Grzybowsky ajoute cependant que
« l’avenir du logement dans Icade est un sujet
dont on peut débattre et, s’il y a des évolutions,
elles seront discutées devant le comité de stratégie et le conseil d’administration. Je suis, il est
vrai, approché chaque jour par des entreprises sociales de l’habitat mais notre désengagement n’est pas à l’ordre du jour ». a
Anne Michel et Isabelle Rey-Lefebvre
ALIMENTATION 200 MILLIONS DE BOUTEILLES VENDUES EN 2007
Jean-François Copé, le 11 juin : pour le député, France Télévisions doit devenir un « média global ». MARC CHAUMEIL/FÉDÉPHOTO POUR « LE MONDE »
La commission Copé prône une
profonde réorganisation de France 3
La commission préconise
de poursuivre le « virage
éditorial » pris par France
Télévisions, en faisant
des chaînes du service public
« ni élitistes ni confidentielles »
ean-François Copé, président (UMP)
de la commission chargée de réfléchir
à l’avenir de la télévision publique
sans publicité, a présenté, mercredi
11 juin, les grandes lignes du rapport
final qui doit être remis au président de
la République le 25 juin.
Après avoir déjà acté à l’unanimité l’indexation de la redevance audiovisuelle
sur l’inflation et l’élargissement de l’assiette aux autres moyens de réception
(Internet, téléphonie mobile), la commission va, cette semaine, se décider sur une
taxation des chaînes privées et des fournisseurs d’accès Internet pour compenser le manque à gagner des recettes
publicitaires de France Télévisions.
Concernant le « modèle culturel et de
création », la commission préconise de
poursuivre le « virage éditorial » engagé
par Patrick de Carolis, PDG de France
Télévisions, en faisant des chaînes du service public des télévisions « ni élitistes ni
confidentielles ». Pour cela, la commission insiste sur la transformation de
Le fabuleux succès de Bionade, soda J
allemand à la conquête du monde
BERLIN
CORRESPONDANCE
Blottie dans les collines boisées du nord de
la Bavière, la petite ville d’Ostheim von der
Rhön offre au visiteur l’apparence d’une
jolie bourgade endormie. C’est pourtant là
qu’a débuté l’histoire de Bionade, une
entreprise qui enregistre depuis trois ans
des taux de croissance fulgurants. La clé
de son succès : une limonade 100 % naturelle devenue culte en Allemagne.
En 2005, Bionade a vendu 20 millions
de bouteilles, 70 millions en 2006 et
200 millions en 2007. Jour après jour, un
ballet incessant de camions s’approvisionne à la brasserie Peter où sont produits,
quotidiennement, un million de sodas.
« L’ambiance qui règne ici est un peu celle
d’une ville de chercheurs d’or. Tout change et
s’agrandit à toute vitesse », raconte Peter
Kowalsky, gérant de cette PME familiale.
Pour répondre à une demande exponentielle, le site doit sans cesse être repensé.
En deux ans, trois nouvelles chaînes d’embouteillage et 12 km de tuyauterie ont été
construits. Les bureaux ont déménagé
dans le centre-ville. Quatre réservoirs
neufs sont prêts à être mis en route. « Avec
une progression de nos ventes de 300 %, chaque année depuis trois ans, nous devons en
permanence recalculer nos investissements,
explique Stephan Kowalsky, frère de Peter
et responsable du développement technique de Bionade. C’est très excitant et en
même temps, c’est un véritable défi de devoir
mener de front la production et les travaux
d’aménagement permanents. »
Les membres de l’entreprise aiment rappeler l’histoire loufoque de cette limonade
au secret de fabrication jalousement gardé. Dans les années 1980, touchée de plein
fouet par le déclin de la consommation de
bière, la brasserie Peter est au bord de la
faillite. Le maître brasseur Dieter Leopold,
beau-père de Peter et Stephan Kowalsky,
se lance le défi de créer une nouvelle boisson. Fermentée, mais sans alcool et entièreAGROALIMENTAIRE
InBev lance une OPA hostile
sur son rival Anheuser-Busch
Le brasseur belgo-brésilien InBev, l’un
des trois géants mondiaux de la bière, a
proposé mercredi à son rival américain
Anheuser-Busch, le producteur de la
Budweiser, de le racheter pour 46,3 milliards de dollars (30 milliards d’euros),
afin de créer le premier brasseur mondial. La nouvelle entité aurait un chiffre
d’affaires de 36 milliards de dollars et
ment biologique. Huit années durant, il
met au point sa recette et la peaufine. En
1995, la marque est déposée et la première
Bionade mise en bouteille.
« Les débuts ont été très difficiles : contrairement à ce que nous pensions, personne ne
voulait de notre invention », se souvient
Peter Kowalsky.
Au début des années 2000, c’est le
déclic. Sous l’impulsion d’un publicitaire,
Wolfgang Blum, la stratégie et le design
sont repensés. Distribué à Hambourg et à
Berlin, le soda commence à capter une
clientèle urbaine et branchée. Peu à peu
ses quatre parfums (sureau, gingembreorange, litchi et plantes) séduisent les
consommateurs, à l’heure de la vague bio.
Convoitises
Aujourd’hui, la Bionade est partout :
dans les bars, les cantines scolaires, les restaurants d’entreprise. En août 2007, l’entreprise a passé un contrat de distribution
avec McDonald’s. Après Fanta et Sprite,
elle est la troisième limonade la plus
consommée par les Allemands. « Même
bio, cette boisson n’est pas destinée à être chic.
Nous voulons en faire un produit de masse »,
affirme M. Blum, aujourd’hui associé et
directeur marketing de Bionade.
Rançon de sa gloire, la PME suscite les
convoitises. Depuis deux ans, Coca-Cola
multiplie les offres de rachat. Sa dernière
tentative date de mi-avril. Mais, aux dires
de ses propriétaires, Bionade n’est pas à
vendre. L’Allemagne est devenue un marché trop petit pour la boisson gazeuse, partie fin 2006 à la conquête de l’international. Elle est aujourd’hui distribuée dans
vingt pays, dont la France depuis mi-2007.
Et, depuis le mois d’avril, les Etats-Unis.
« L’heure est historique : Bionade est la première marque allemande de soda à être vendue sur le marché américain, se réjouit
M. Blum. Et elle a les moyens de faire jeu
égal avec Fanta, Sprite ou Seven up. » a
Marie de Vergès
laisserait loin derrière elle SABMiller,
fort de 21 milliards de dollars de chiffre
d’affaires. Le nouveau groupe issu d’une
fusion entre InBev et Anheuser-Busch
serait aussi le leader de la bière en
Chine, un marché-clé convoité par tous
les brasseurs mondiaux.
InBev propose 65 dollars par action en
numéraire, soit une prime de 35 % par
rapport au cours de Bourse moyen observé avant la récente spéculation déclenchée par les rumeurs de rachat.
France Télévisions en un « média global », composé de six unités de programmes (fiction, cinéma, arts-musique-littérature-civilisations, documentaire, divertissements, jeunesse). Elle souhaite une
« nouvelle identité » des chaînes : France 2 (fédératrice), France 4 (innovation), France 5 (savoir et décryptage),
RFO (cultures et diversités). A ces chaînes s’ajouteraient plusieurs chaînes thématiques numériques (information, santé, sciences, spectacle vivant…).
Sept régions au lieu de treize
Mais c’est France 3 qui subirait la
plus grosse révolution avec un renforcement de son « identité régionale » autour
de sept régions au lieu de treize actuellement. « C’est un renversement complet de
son mode de fonctionnement », a souligné
M. Copé. « Au lieu d’une chaîne nationale
et de décrochages régionaux, nous proposons un réseau de chaînes régionales et un
décrochage national », a-t-il poursuivi,
en demandant que cette réorganisation
se fasse toutefois « par étapes ». « Le programme de ses sept chaînes régionales comprendrait la retransmission d’événements
locaux et une plus grande place serait donnée aux rendez-vous d’information de
proximité », a-t-il précisé.
Parallèlement, le décrochage national
devrait participer à la valorisation des
régions et des patrimoines locaux par la
fabrication de programmes nationaux
en région et par des structures de production déconcentrées. L’information
devrait être aussi bouleversée avec « la
recherche des synergies » entre les rédactions afin de développer un portail d’information unique et des bulletins d’information sur France 4 et France 5, adaptés
à l’identité de ces chaînes.
Concernant la gouvernance, la commission recommande le regroupement
de toutes les sociétés de France Télévisions en une société unique avec un
conseil d’administration de douze membres où ne seraient pas présents les parlementaires. Outre deux salariés, huit personnalités qualifiées de l’entreprise y siégeraient et les représentants de l’Etat
auraient un droit de veto, sauf pour la désignation du PDG. Ce dernier, jusqu’ici
nommé par le Conseil supérieur de
l’audiovisuel (CSA) serait élu par le
conseil d’administration sur présentation
de trois noms sélectionnés par le CSA.
Selon le schéma avancé par la commission, le PDG nommerait deux directeurs
généraux, un pour les contenus, un autre
pour les moyens. Enfin, le contrat d’objectifs et de moyens (COM) – actuellement de trois ans – sera allongé à
cinq ans, la durée du mandat d’un président, « pour gagner en cohérence et en efficacité ». a
Daniel Psenny
France Télévisions devra trouver 650 à 800 millions d’euros
SELON les différentes pistes retenues
par la commission Copé sur la suppression progressive ou totale de la publicité
sur les chaînes publiques, l’agence Aegis
Média Expert a fait des estimations du
manque à gagner pour France Télévisions calculé sur la base des investissements en 2007.
D’après les estimations de l’agence, la
baisse de recettes serait de 280 millions
d’euros net par an jusqu’en 2011 (date de
la suppression totale de la publicité) et de
110 millions d’euros net pour 2009,
année au cours de laquelle la publicité
serait supprimée après 20 heures. Pendant la phase transitoire (2009-2011),
« les investisseurs pourraient reporter intégralement cet investissement sur les chaînes
privées nationales et [celles] de la télévision
numérique terrestre (TNT) », souligne
l’agence. Dans l’hypothèse où le « parrainage publicitaire » serait conservé pour
l’outre-mer, les décrochages régionaux
de France 3 et les sites Internet de France
Télévisions, le coût annuel pour le groupe
public serait ramené de 800 à 650 millions d’euros net (incluant, outre la perte
de recettes, le remplacement de trois heures de publicité par jour par des programmes).
JEUX
FINANCE
Le gouvernement compte ouvrir
le capital de la Française des Jeux
Sophie Boegner, administrateur
de la SLPS (Wendel), a été révoquée
Le gouvernement a confirmé, mercredi
10 juin, qu’il réfléchissait à l’actionnariat
de la Française des Jeux. « La Française
des Jeux devra adapter sa stratégie, son
organisation et sa gouvernance. L’Etat va
engager dans ce contexte une réflexion sur
l’évolution de l’actionnariat du groupe », a
déclaré Eric Woerth, le ministre du budget au cours du conseil des ministres.
Sophie Boegner, l’administrateur de la
Société lorraine de participations sidérurgiques (SLPS) qui avait porté plainte
contre la direction de Wendel, a été révoquée mercredi 11 juin par l’assemblée
générale des actionnaires, à 82,2 %, selon
un porte-parole. La question de la succession d’Ernest-Antoine Seillière à la présidence a été renvoyée à l’automne.
Une manne pour les régies
Les grands groupes privés (TF1, M6
et Canal+) pourraient se partager environ 10 points de parts de marché publicitaire supplémentaires. Les autres régies
bénéficieraient elles aussi de cette nouvelle manne avec 14 millions d’euros
brut pour Lagardère Publicité, 8 millions brut pour TMC Régie, 6 millions
pour MTV Publicité, 3 millions pour
NRJ Régie et NextRadio, 900 000 euros
pour Bolloré et Manchette.
« La suppression de la publicité sur les
chaînes publiques n’est pas une bonne chose pour les annonceurs », affirme Valérie
Négrier, directrice du pôle expert TV
chez Aegis. « Il y aura des vases communi-
cants avec [leurs rivales] privées mais plusieurs annonceurs seront obligés de se priver de cibles spécifiques aux chaînes de service public comme les enfants et les seniors
qui représentent respectivement 6 % et
15 % des recettes publicitaires de France
Télévisions », poursuit-elle.
La seconde coupure publicitaire qui
pourrait être octroyée aux réseaux privés
rapporterait 300 millions d’euros, et
même 435 millions d’euros si la réglementation sur les interruptions publicitaires était assouplie de 6 à 9 minutes
par heure. Selon Aegis Média Expert, la
suppression de la publicité sur les chaînes publiques ne bénéficiera pas à la
presse écrite et à Internet. Seule la presse magazine pourrait récupérer une partie des annonceurs qui, pour certaines
cibles, n’investissaient que sur France
Télévisions. En 2007, cette publicité très
ciblée avait rapporté 68 millions d’euros
au groupe public. a
D. P.
L’Assemblée libéralise
la distribution du Livret A
L’Assemblée nationale a répondu mercredi 11 juin aux injonctions de Bruxelles en votant la généralisation de la distribution du Livret A à tous les établissements de crédit.
Auparavant, ce champion de l’épargne
populaire était entre les mains de trois
établissements (Banque postale, Caisses
d’épargne et Crédit mutuel pour le
Livret bleu).
14
Economie & Finances
Le professeur, la Réserve
fédérale et l’inflation
BEN BERNANKE est à la fois professeur d’université et banquier
central. Le discours qu’il a prononcé, lundi 9 juin, reflète ses
deux points de vue. Celui de l’ancien doyen du département d’économie de l’université de Princeton est bien plus alarmant que
celui du président de la Réserve
fédérale américaine (Fed).
Les marchés ne se sont intéressés qu’aux propos du patron de la
Fed. M. Bernanke a minimisé le
risque « de ralentissement économique substantiel », n’a exprimé
aucune inquiétude relative à la stabilité financière et a affirmé que la
Fed allait « fortement résister » à
toute révision en hausse des perspectives d’inflation à long terme.
Ce qui a été considéré comme une
succession de mots-clés annonçant une future hausse des taux.
Celle-ci est dorénavant anticipée
pour août.
Pourtant la partie universitaire
était plus révélatrice. Elle a montré que M. Bernanke est profondément troublé par la mécanique
inflationniste.
Le premier sujet était le prix des
matières premières. Il est exclu de
la statistique préférée de la Fed
sur l’inflation sous-jacente. Mais
M. Bernanke a admis que cette
politique a conduit à des « sousévaluations » de l’inflation. Il a
aussi exprimé son incompréhension des causes de la flambée des
cours de matières premières aussi
variées. Il s’est alors tourné vers la
relation entre prix et salaires. Les
données restent assez floues, mais
il semble que les employeurs ne
respectent pas les modèles économiques, qui incitent à ne pas aligner les hausses de salaire sur l’inflation. Au motif qu’une économie
affaiblie devrait empêcher les
salaires d’augmenter et de suivre
les prix.
La conclusion de M. Bernanke
portait sur les prévisions d’inflation. Pour lui, personne ne sait
comment elles sont réalisées,
pourquoi elles changent ni comment elles pèsent immédiatement
sur les salaires et les prix. Les professeurs aiment les débats animés. Aussi, que M. Bernanke
reconnaisse son ignorance ne doit
pas être interprété comme un cri
d’impuissance. Mais avec la persistance d’une inflation mondiale,
qui surprend la plupart des économistes, le modèle conventionnel
pourrait connaître quelques changements de fond.
Peut-être M. Bernanke devraitil penser un peu plus à la monnaie
et au crédit. La théorie monétariste pourrait finalement connaître
un renouveau. a
Edward Hadas
La crise efface la compétence
des gouvernements
LA DÉMISSION du gouvernement sud-coréen comme l’agitation sociale en Malaisie proviennent de la flambée du prix des
matières premières. Ces fluctuations rendent les autorités, même
compétentes, impuissantes.
En Corée du Sud, la crise a été
officiellement provoquée par la
décision de Séoul, en avril, de lever
l’interdiction d’importations de
bœufs en provenance des EtatsUnis, dans l’espoir (sans doute futile) que cela persuaderait le
Congrès américain de ratifier l’accord de libre-échange entre les
Etats-Unis et la Corée. L’augmentation simultanée des prix de l’alimentation et de ceux de l’énergie a
déclenché des vagues de protestations, des menaces de grèves et a
fait descendre la cote de popularité du pouvoir local à moins de
25 % – ce qui est inhabituel pour
un gouvernement et un président
élus à de larges majorités quelques mois plus tôt.
En Malaisie, le prix du baril à
130 dollars fait que les subventions entraînent un coût budgétaire intolérable, représentant 9 %
du produit intérieur brut. La hausse de 41 % du gazole s’est accompagnée de menaces de protestations
de masse, affaiblissant davantage
la fragile et récente administration
d’Abdulllah Ahmed Badawi.
Dans les deux cas, le bouleversement du prix des matières premières a fait basculer des opinions qui
s’étaient récemment exprimées,
mettant fin à la lune de miel que
tout gouvernement nouvellement
élu est en droit d’espérer.
Les violentes fluctuations des
prix font souffrir les consommateurs. Ce tourment peut vite prendre la forme d’un scandale politique, les dirigeants se voyant alors
reprocher faiblesse et incompétence. De tels « tsunamis » sur les
prix effacent donc l’avantage
qu’ont les gouvernements économiquement capables sur ceux qui
sont ineptes, et accroît la probabilité que des régimes économiquement extrémistes ou populistes
émergent du chaos. a
Martin Hutchinson
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Vendredi 13 juin 2008
TABLEAU DE BORD
Ecofrictions Les « gents »
préfèrent l’Asie à la City
L
es anciennes possessions
de la Couronne défient leur
ex-colonisateur sur son terrain : la finance. A en croire
une presse britannique alarmiste,
les places boursières des économies émergentes, en particulier
Dubaï, Mumbai et Singapour,
débauchent à tour de bras des professionnels londoniens.
Les « gents » se verraient offrir
des salaires mirobolants, jusqu’à
quatre fois leurs rémunérations
londoniennes, des avantages fiscaux et en nature colossaux, ainsi
qu’un cadre de vie agréable. S’ajoutent l’absence de contraintes réglementaires, des relations privilégiées avec un marché intérieur en
plein boom, l’utilisation de l’anglais et l’esprit d’aventure.
« Les places émergentes disposent
de toute l’infrastructure nécessaire,
notamment des télécommunications
et des liaisons aériennes nécessaires à
l’exercice du métier de banquier. Et,
quand les individus décampent, les
banques suivent », souligne Ralf Silva, analyste auprès du TowerGroup, à propos du récent transfert par Goldman Sachs et Merrill
Lynch d’équipes entières de la City
« à l’est de Suez ».
Peter Hahn, de la Cass Business
School, partage ce diagnostic :
« Alors que Londres souffre de la crise du crédit, ces places peuvent tirer
Londres voit partir
de jeunes banquiers,
mais garde des atouts :
ses horaires, son droit,
sa stabilité
profit du boom des transactions. Par
ailleurs, en ces périodes de vaches
maigres, le coût exorbitant des loyers
et du train professionnel ainsi que
l’aggravation de la pression fiscale
sur les expatriés pénalisent la City. »
Enfin, le quartier financier
connaît une montée de la délinquance et des comportements antisociaux, étant considéré avec
hostilité comme un repaire de nantis par nombre des sujets de Sa
Majesté. L’utilisation de la cocaïne
et l’ivresse d’une minorité de jeunes banquiers stressés défrayent la
chronique de la presse populaire.
Alors… « Mumbai, Dubaï, Shanghaï… Goodbye », comme l’a joliment énoncé un journal britannique adepte des bouts rimés ? « Cette nouvelle concurrence concerne toutes les places financières occidentales. Il s’agit d’un défi à long terme » :
sans sous-estimer cette menace,
LES BOURSES DANS LE MONDE 12/6, 9h56
Pays
Indice
FRANCE
SUISSE
ETATS-UNIS
CAC 40
4681,96 12/6
Maxi
2008
Mini
2008
PER
0,45
5665,94 2/1
4416,71 17/3
10,90
CAC Mid100
6955,54 12/6
0,16
7736,69 2/1
5759,58 22/1
6641,49 11/6
-0,95
8124,81 2/1
6034,08 22/1
SBF 250
3309,82 11/6
-1,99
3953,69 2/1
3136,96 17/3
11,50
DAX Index
6671,66 12/6
0,32
8100,64 2/1
6167,82 17/3
11,30
FTSE 100 index
5725,90 12/6
0,05
6534,70 4/1
5338,70 22/1
10,50
Swiss market
7143,03 12/6
-0,34
8421,00 3/1
6769,80 17/3
15,90
-1,68 13279,54 2/1
11634,82 22/1
12,90
Dow Jones ind. 12083,77 11/6
Nasdaq composite
JAPON
2394,01 11/6
Nikkei 225 13888,60 12/6
-2,24
2661,50 2/1
2155,42 17/3
20,50
-2,08 15156,66 4/1
11691,00 17/3
15,70
PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour
l'exercice courant. PER : FactSet JCF Estimates ; données : la Cote Bleue.
n/d : valeur non disponible.
COURS DE L'EURO
OR
Achat
Vente
JEUDI 12 JUIN 9h56
Cours
% var.
dollar us ................................1,5435...........1,5437
yen .......................................165,9000 ......165,9300
ONCE D'OR EN DOLLAR.................874,25.......-1,16
couronne tchèque.............24,3430.........24,3630
PÉTROLE
couronne danoise ...............7,4581...........7,4591
livre sterling.........................0,7900...........0,7901
forint hongrois...............246,9900 ......247,9900
JEUDI 12 JUIN 9h56
Cours
% var.
LIGHT SWEET CRUDE .................................................
zloty polonais ......................3,3780...........3,3880
couronne suédoise ..............9,3631...........9,3648
couronne slovaque ..........30,2610.........30,3610
franc suisse ...........................1,6077...........1,6079
couronne norvég. ...............8,0241...........8,0281
Tony Halmos, directeur de la communication de la Corporation of
London, le lobby de la haute finance, reste confiant. Il y a l’avantage
des fuseaux horaires : Londres
commence après la fermeture de
Tokyo et avant l’ouverture de New
York, ce qui permet de jouer. Le
droit qualifié de jurisprudentiel et
le système judiciaire anglais rassurent. Et, à l’instar de Wall Street, sa
rivale historique, la City dispose
d’un formidable réseau de bureaux
d’avocats, de cabinets d’audit et
d’entreprises de relations publiques aux méthodes rodées.
Enfin, à l’ombre de la Banque
d’Angleterre, la règle du jeu financier ne change pas selon les vicissitudes politiques, comme c’est trop
souvent le cas dans le Golfe ou
dans le sous-continent indien.
Dans sa campagne de promotion, Dubai souligne que les Porsche coûtent deux fois moins cher
dans l’émirat que dans la City.
« C’est bien la preuve que ceux qui
partent sont des flambeurs cupides,
le genre d’adepte du clinquant dont
on n’a pas besoin », souligne un responsable d’une banque étrangère.
« Tellement “non-U” [non upper
class, mal vu] Dubaï », aurait murmuré la romancière snob Nancy
Mitford… a
Marc Roche
(Londres, correspondant)
L’indice des prix à la consommation en Chine a augmenté
de 7,7 % en mai en glissement
annuel, en recul par rapport à
avril (+ 8,5 %), a annoncé le
Bureau national des statistiques,
jeudi 12 juin. Sur les cinq premiers mois de l’année, l’indice a
progressé de 8,1 %.
Les investissements directs
étrangers (IDE) en Chine ont
progressé de 37,94 % en mai,
en glissement annuel, atteignant
7,761 milliards de dollars (5 milliards d’euros), a annoncé le
ministère chinois du commerce,
jeudi 12 juin. Sur les cinq premiers mois de l’année, ils ont totalisé 42,778 milliards de dollars,
en hausse de 54,97 %.
Etats-Unis
L’activité économique est restée « généralement faible »
depuis fin avril aux Etats-Unis,
a indiqué la Réserve fédérale
américaine (Fed) dans son Livre
beige publié mercredi 11 juin.
« Les dépenses de consommation
ont ralenti depuis le dernier rapport, les revenus étant rognés par
la hausse des prix de l’énergie et
des denrées alimentaires », explique la Fed dans son rapport.
Inde
La banque centrale indienne a
annoncé un relèvement d’un
quart de point de son taux directeur à court terme, à 8 %, mercredi 11 juin. Cette décision est prise
alors que l’inflation s’est établie
début juin à 8,24 % sur un an.
VALEURS DU CAC40
% var.
CAC Small 90
ALLEMAGNE
ROYAUME UNI
Dernier
cours
Chine
TAUX
TAUX D'INTÉRÊT LE 12/6
rouble...................................36,5820.........36,6820
Taux
j.le j.
Taux
3 mois
Taux
10 ans
Taux
30 ans
livre turque...........................1,9373...........1,9473
france
4,04
4,96
4,74
4,98
dollar australien ................1,6441...........1,6451
royaume-uni
5,09
5,95
5,30
4,96
dollar canadien...................1,5779...........1,5789
italie
4,04
4,96
5,12
5,37
yuan chinois .......................10,6605.........10,6705
won sud-coréen ............1592,4000 ....1593,4000
allemagne
4,04
4,96
4,54
4,87
japon
0,58
0,92
1,80
2,54
dollar néo-zéland...............2,0423...........2,0523
états-unis
2,10
2,79
4,09
4,83
rand sud-africain .............12,3639.........12,3739
suisse
2,10
2,88
3,38
3,53
SICAV ET FCP
CM-CIC MID EUROPE
CM-CIC TEMPERE
CM-CIC DYN.EUROPE
CM-CIC FRANCE
CM MONDE ACTIONS
CM-CIC EQUILIBRE
21,33
163,23
36,85
38,33
247,58
70,44
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
Jeudi 12 juin 9h45
Valeur
Dernier
cours
Cours
préc.
% var. % var.
/préc. 31/12
Plus
haut
Plus
bas
ACCOR ............................◗
AIR FRANCE-KLM .............◗
AIR LIQUIDE ......................◗
ALCATEL-LUCENT .............◗
ALSTOM.............................◗
ARCELORMITTAL ..............◗
AXA....................................◗
BNP PARIBAS ....................◗
BOUYGUES........................◗
CAP GEMINI ......................◗
CARREFOUR ......................◗
CREDIT AGRICOLE ............◗
DANONE............................◗
DEXIA.................................◗
EADS ..................................◗
EDF .....................................◗
ESSILOR INTL.....................◗
FRANCE TELECOM ............◗
GAZ DE FRANCE................◗
LAFARGE............................◗
LAGARDERE ......................◗
L'OREAL .............................◗
LVMH MOET HEN.............◗
MICHELIN ..........................◗
PERNOD RICARD ..............◗
PEUGEOT ...........................◗
PPR .....................................◗
RENAULT ...........................◗
SAINT-GOBAIN.................◗
SANOFI-AVENTIS .............◗
SCHNEIDER ELECTRIC.......◗
SOCIETE GENERALE ..........◗
STMICROELECTRONICS ...◗
SUEZ...................................◗
TOTAL ................................◗
UNIBAIL-RODAMCO ........◗
VALLOUREC.......................◗
VEOLIA ENVIRON. ............◗
VINCI..................................◗
VIVENDI.............................◗
46,25
15,96
84,60
4,19
154,50
61,99
20,59
60,02
44,93
40,64
43,39
13,62
52,66
13,07
13,78
67,65
40,04
18,14
43,39
110,43
42,16
74,48
70,72
47,57
70,44
35,57
77,45
58,00
46,00
42,98
76,50
57,99
7,48
46,28
54,00
156,06
205,25
40,60
42,76
25,56
46,48
15,91
84,15
4,26
151,53
62,08
20,56
59,65
44,73
40,75
43,38
13,58
52,72
13,10
13,60
68,88
39,94
18,02
43,15
108,79
42,06
73,74
70,47
47,78
70,03
36,11
78,37
58,04
45,73
42,88
76,69
57,46
7,60
46,12
53,40
156,13
200,60
40,40
42,31
25,64
-0,49 -15,45
0,31 -33,64
0,53 -8,57
-1,76 -15,35
1,96 5,10
-0,14 16,54
0,15 -24,83
0,62 -19,13
0,45 -21,18
-0,27 -5,49
0,02 -18,58
0,29 -36,04
-0,11 -14,23
-0,23 -24,06
1,32 -36,88
-1,79 -16,97
0,25 -8,27
0,64 -26,34
0,56 8,47
1,51 -11,30
0,24 -17,80
1,00 -23,98
0,35 -14,47
-0,44 -39,40
0,59 -10,89
-1,50 -31,40
-1,17 -29,59
-0,07 -40,21
0,59 -28,67
0,23 -31,76
-0,25 -17,46
0,92 -37,37
-1,58 -23,67
0,35 -0,62
1,12 -4,98
-0,04 4,10
2,32 10,86
0,50 -34,99
1,06 -15,58
-0,29 -18,55
56,30
24,61
95,64
5,15
168,24
67,79
27,60
75,41
57,25
45,14
53,75
21,58
64,00
18,86
22,20
83,90
44,39
26,14
44,77
125,45
54,68
99,26
83,93
79,90
79,97
53,68
112,76
99,16
65,26
66,90
94,29
93,52
9,89
49,35
59,50
175,50
212,60
64,00
51,15
31,60
42,45
15,20
74,67
3,24
113,15
35,35
19,18
52,12
39,44
31,12
43,27
13,45
50,10
12,90
12,83
53,87
35,00
17,68
33,35
102,65
42,00
72,47
61,95
47,12
61,65
35,54
77,10
57,65
45,41
42,41
69,01
57,11
6,21
37,70
45,45
136,51
120,02
40,22
39,60
23,05
Divid.
net
3,15
0,48
2,25
0,16
0,80
0,21
1,20
3,35
1,50
1,00
1,08
1,20
1,10
0,68
0,10
0,70
0,62
1,30
1,26
4,00
1,30
1,38
1,25
1,60
1,26
1,50
3,45
3,80
1,70
2,07
3,30
0,90
0,05
1,36
1,07
1,70
4,00
1,21
1,05
1,30
T
T
T
T
T
A
T
T
T
T
T
T
T
T
T
S
T
T
T
T
T
T
S
T
S
T
T
T
T
T
T
T
A
T
S
A
S
T
S
T
Code
ISIN
FR0000120404
FR0000031122
FR0000120073
FR0000130007
FR0010220475
LU0323134006
FR0000120628
FR0000131104
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FR0000120172
FR0000045072
FR0000120644
BE0003796134
NL0000235190
FR0010242511
FR0000121667
FR0000133308
FR0010208488
FR0000120537
FR0000130213
FR0000120321
FR0000121014
FR0000121261
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FR0000121501
FR0000121485
FR0000131906
FR0000125007
FR0000120578
FR0000121972
FR0000130809
NL0000226223
FR0000120529
FR0000120271
FR0000124711
FR0000120354
FR0000124141
FR0000125486
FR0000127771
Cours en euros.
◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant l'objet d'un contrat d'animation. Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2008. n/d : valeur non disponible. A : acompte, S : solde, T : totalité.
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Valeur
Cours
Fonds communs de placements
10/6
10/6
10/6
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9/6
10/6
10/6
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11/6
10/6
Multi-promoteurs
CM EUROPE ACTIONS
26,90 11/6
Fonds communs de placements
CM-CIC EURO ACT C
CM SELECTION PEA
CM OBLIG CT C
3093,97 11/6
2267,76 11/6
103,23 10/6
23,95 10/6
8,88 10/6
190,26 11/6
GMO ACTIONS
LBPAM ACTIONS AMERIQUE C
LBPAM ACTIONS DEVELDURABLE C
LBPAM ACTIONS DEVELDURABLE D
LBPAM ACTIONS DEVELDURABLE S
LBPAM ACTIONS EURO R
LBPAM ACTIONS FRANCE C
LBPAM ACTIONS FRANCE D
LBPAM ACTIONS INDICE FRANCE
LBPAM ACTIONS INDICE EURO
LBPAM ACTIONS MIDCAP C
LBPAM ACTIONS MIDCAP D
LBPAM ACTIONS MONDE C
LBPAM ACTIONS MONDE D
LBPAM ACTIONS PACIFIQUE C
LBPAM MONETAIRE 1 C
LBPAM MONETAIRE1D
LBPAM OBLI LONG TERME 1 D
LBPAM OBLI MOYEN TERME C
LBPAM OBLI REVENUS
LBPAM PROFIL 100 C
LBPAM PROFIL 100 D
LBPAM PROFIL 100 S
LBPAM PROFIL 15 C
LBPAM PROFIL 15 D
LBPAM PROFIL 50 C
LBPAM PROFIL 50 D
LBPAM PROFIL 80 C
LBPAM PROFIL 80 D
LBPAM PROFIL 80 PEA C
LBPAM PROFIL 80 PEA D
LBPAM PROFIL 80 PEA S
102,79
22,04
129,89
119,45
85,98
30,17
102,00
91,95
39,64
93,91
120,01
111,13
200,66
168,53
17,35
124,28
109,59
122,59
223,08
725,64
74,16
68,00
89,29
218,49
200,17
222,75
204,62
235,22
216,73
89,09
81,59
91,57
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
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10/6
11/6
11/6
10/6
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10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
F&C STEWARDSHIP INT I
F&C US SMALL COMP A USD
F&C US SMALL COMP C USD
9,27 10/6
81,18 11/6
8,86 11/6
Fonds communs de placements
LBPAM ACTIONS TELECOM
LBPAM ACTIONS EUROPE C
LBPAM ACTIONS FINANCE
LBPAM ACTIONS SANTE
LBPAM OBLI EUROPE D
48,68
69,52
76,05
85,97
101,02
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
F&C ASIA PACIFIC DYNAMIC A
13,10
F&C ASIA PACIFIC DYNAMIC I
13,17
F&C ASIA PACIFIC DYNAMIC X
13,25
F&C DIVERS.GR. A HDG USD
196,98
F&C DIVERS.GR. X GBP
99,36
F&C EMERGING MKTS. BD A USD
12,78
F&C EMERGING MKTS BD C HDG 106,06
F&C ENHALPHAUKEQ I GBP
100,77
F&C ENHALPHAUKEQ X GBP
101,13
F&C EUR INFLATION LINK BD A
9,93
F&C EUR INFLATION LINK BD I
9,69
F&C EUROPEAN CORPORATE BD A 16,41
F&C EURO HIGH YLD BD A
13,08
F&C EUROP SM CAP A
14,24
F&C EUROPEAN EQTY A
15,51
F&C GL .EMG. MKT. A USD
26,93
F&C GL CLIMATE OPP A
49,28
F&C GL CLIMATE OPP. A USD
76,24
F&C GL CONV BD AH
12,54
F&G GLOBAL CONVERTIBLE BD A
11,79
F&C GLB CONVERTIBLE OPP EUROIH 12,67
F&C GL REAL ESTATE A
13,03
F&C GTAA ALPHA FUND A
92,95
F&C GTAA ALPHA FUND I
93,54
F&C GTAA ALPHA FUND I GBP
99,38
F&C JAPAN.EQTY A
21,64
F&C NORTH AMER EQ. A
18,82
F&C PACIFIC EQTY A
40,75
F&C STEWARDSHIP INT A
8,90
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
10/6
date
en euro valeur
Ec.BENEF.RESP(EX EC1,2,3FUTUR)
49,99
ECUREUIL ACTIONS EUROP. C
18,28
ECUREUIL CAPIPREMIERE C
2624,37
ECUREUIL CAPITAL C
53,21
ECUREUIL DYNAMIQUE + D
39,12
ECUREUIL ENERGIE D
44,10
ECUREUIL EURIBOR
1210,28
ECUREUIL EXPANSION C
17775,03
ECUREUIL INVESTISSEMENT D
54,55
ECUREUIL MONEPREMIERE C
2331,01
ECUREUIL SECURIPREMIERE C
2507,11
ECUREUIL SENSIPREMIERE C
3116,71
ECUREUIL TRESORERIE C
64,90
ECUREUIL TRIMESTRIEL D
248,20
LBPAM TRESORERIE 2 C
LBPAM TRESORERIE 2 D
VIVACCIO ACTIONS
FCP Multi-gestion
Fonds communs de placements
CM-CIC DYN.INTERN.
27,44 10/6
CIC OBLI C.T. D
130,37 11/6
CIC OBLIGATIONS D
24,29 11/6
CM-CIC MID FRANCE
34,66 10/6
CM-CIC USA
6,55 10/6
CM- CIC JAPON
4,27 9/6
CIC PROFILE EQUILI
19,68 10/6
CM-CIC TEMPERE
163,23 10/6
CIC PLAN BOURSE
12,96 10/6
......................................................................................
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0123
Décryptages
Vendredi 13 juin 2008
15
Portrait
La
Tzipi Livni
prétendante
PARCOURS
1958
Naissance à Tel-Aviv
(Israël).
1980-1984
Agent du Mossad, l’une des
agences de renseignement
israéliennes.
1999
Elue députée
à la Knesset.
2001
Ministre
de la coopération régionale.
Mars 2006
Devient ministre des
affaires étrangères.
2007
Demande, en mai,
la démission du premier
ministre, Ehoud Olmert.
La ministre
des affaires étrangères
israélienne
est convaincue
que le chef
du gouvernement,
Ehoud Olmert,
va démissionner.
Persuadée que
son heure est venue,
elle veut lui succéder
et se prépare
pour cette bataille
T
zipi Livni est dans les
starting-blocks. Tous
les sondages la placent
en tête. Elle est convaincue qu’Ehoud Olmert, le
premier ministre – mis
en cause par la justice
pour une affaire de
financement illégal de ses campagnes
électorales –, ne pourra plus tenir longtemps dans la position inconfortable
dans laquelle il se trouve. Tzipi Livni est
persuadée que son heure est venue. La
ministre israélienne des affaires étrangères a donc demandé que des primaires
aient lieu au sein du parti Kadima (En
avant) pour désigner un successeur à l’actuel chef du gouvernement. Elle se prépare à cette bataille d’appareil en recensant
ses appuis.
La lutte ne sera pas facile contre son
principal adversaire, l’ancien chef d’étatmajor de l’armée, Shaul Mofaz, ministre
des transports. Ehoud Olmert, non plus,
n’est pas disposé à lui faire de cadeau. Au
contraire. Il va tout tenter pour faire
échouer cette concurrente qui, contrairement à lui, ne contrôle pas les rouages du
parti. C’est là son principal handicap.
En revanche, cette avocate de profession dispose d’un atout capital, outre
celui de sa popularité : son intégrité.
Jamais impliquée dans un scandale de
quelque nature qu’il soit, la « Mme Propre » de la politique israélienne fait figure de renouveau après la succession d’affaires qui ont terni l’image de bon nombre de dirigeants politiques du pays ces
dernières années.
Sans espoir de lui trouver la moindre
casserole, ses adversaires et concurrents
s’efforcent de mettre en avant son côté
novice en politique ainsi qu’un parcours
sans beaucoup de relief. Mais comme le
dit Daniel Bensimon, journaliste à Haaretz, « son avantage est qu’ici en Israël on
adore le changement, et sa faiblesse est que
le parti a peur d’elle. C’est un peu comme
Ségolène Royal avant la présidentielle : plébiscitée à l’extérieur et contestée à l’intérieur ».
Bientôt âgée de 50 ans, Tzipi Livni est,
il est vrai, entrée tard en politique. Fidèle
du Likoud (droite nationaliste), elle a été
élue pour la première fois à la Knesset
(Parlement) en mai 1999. Issue d’une
famille de combattants de l’Irgoun, organisation ultranationaliste juive qui a eu
recours à des opérations terroristes
contre les Anglais et les Palestiniens
avant la création de l’Etat d’Israël en
1948, Tzipi Livni a été élevée dans la tradition conservatrice, le goût du secret et la
volonté indéfectible du combat dans lesquels ses parents Sara et Eitan se sont
illustrés. Aujourd’hui encore, elle
connaît par cœur les chants de conquête
et de sacrifice qui ont bercé son enfance.
Rendant hommage à sa mère, décédée
en octobre 2007, elle a salué « cette guerrière qui a entraîné tout le monde dans son
sillage ». Dans sa jeunesse, elle en fut aussi une. Pendant au moins quatre ans, au
début des années 1980, elle a été un agent
du Mossad – officiellement en tant qu’expert juridique – et aurait participé à la traque de dirigeants de l’Organisation de
libération de la Palestine (OLP), notamment en Europe. Bien évidemment, peu a
filtré de ces années de lutte clandestine.
Revenue à une vie plus paisible, elle
achève des études de droit à peine commencées, puis devient avocate, spécialiste
du droit commercial. C’est tout naturellement qu’elle s’est orientée vers la politique
pour continuer le combat entrepris par les
Le pays l’aime
parce qu’il ne sait
que peu de chose d’elle
Herb Keinon
du « Jerusalem
Post »
siens et par cette famille politique issue de
l’Irgoun qu’est devenu le Likoud. Même si
elle n’est pas du même bord politique que
Golda Meir, elle voue une profonde admiration à la seule femme israélienne qui fut
ministre des affaires étrangères pour devenir ensuite premier ministre. Une trajectoire qu’elle espère bien suivre. Son parcours politique a été rapide grâce à la protection que lui a offerte Ariel Sharon. Elle
a suivi sans sourciller ses inflexions politiques en faveur du désengagement de la
bande de Gaza et de la scission du Likoud
avec la création de Kadima.
Tzipi Livni sait ce qu’elle veut, et elle est
prête à faire ce qu’il faut pour y parvenir.
On raconte qu’en février 2003, afin d’obtenir le portefeuille convoité, elle n’a pas
hésité à devancer l’heure du rendez-vous
du candidat précédent pour lui souffler le
ministère qu’il allait se voir attribuer.
Après plusieurs expériences au sein du
gouvernement Sharon, elle obtient enfin,
en mars 2006, le poste ambitionné de
ministre des affaires étrangères, considéré comme le tremplin naturel à la direction du gouvernement.
Ce n’est pas parce qu’elle est particulièrement pressée qu’elle veut accéder à la
plus haute marche mais parce qu’elle pense qu’il faut faire avancer les choses dans
une certaine direction. Celle de la création
d’un Etat palestinien, dont elle est convaincue que c’est une nécessité afin de préserver le caractère juif de l’Etat d’Israël. Elle
est donc parfaitement à sa place à la tête
de l’équipe qui mène les négociations avec
les Palestiniens. Sa complicité avec Condoleezza Rice, secrétaire d’Etat américaine,
lui a permis d’asseoir son autorité et de
parfaire son apprentissage des arcanes
internationaux.
Tout le monde avait mis sur le compte
de son inexpérience sa demande de démission d’Ehoud Olmert, en mai 2007, après
la publication du rapport préliminaire
dévastateur de la commission Winograd
sur la guerre du Liban de l’été 2006. Elle
avait été accusée de manque de courage
pour ne pas avoir abandonné ses fonctions après ce qui lui avait valu le surnom
« Tzipi the Knife ».
Certains lui reprochent d’être toujours
profondément ancrée à droite lorsqu’elle
affirme que les Palestiniens d’Israël
n’auront plus qu’à se taire si l’Etat palestinien est créé ou que « les Palestiniens ne
pourront célébrer leur indépendance que
lorsqu’ils auront supprimé de leur vocabulaire le terme Nakba [catastrophe] », utilisé
pour évoquer la saisie de leurs terres et
l’éviction de leurs villages. Gideon Levy,
du quotidien Haaretz, n’a pas manqué de
la clouer au pilori, mais estime néanmoins
qu’elle est « préférable » à tous les successeurs potentiels d’Ehoud Olmert.
En vérité, Tzipi Livni reste un grand
point d’interrogation. « Le pays l’aime parce qu’il ne sait que peu de choses d’elle », ironise Herb Keinon, du Jerusalem Post. Discrète, secrète, refusant toujours de parler
d’elle et de ses projets, cette quinquagénaire reste à découvrir. Plutôt froide, sérieuse, préférant les choses simples aux mondanités, elle préserve jalousement sa vie
privée.
Mariée et mère de deux enfants, elle est
considérée comme féministe, mais estime
que la promotion doit reposer sur les mérites et non sur le genre. Au ministère des
affaires étrangères, elle est considérée
comme une bonne professionnelle, un
peu trop distante, qui, pour se positionner
dans le rôle de premier ministre, va devoir
sortir de sa carapace. a
Michel Bôle-Richard
Photo Ammar Awad/Reuters
Reportage
16
0123
Vendredi 13 juin 2008
La communauté
sino-coréenne
de Yanji, à la
frontière chinoise,
est en majorité
chrétienne
et les églises
sont un maillon
des réseaux
qui viennent
en aide
aux réfugiés.
PHOTO PETER PARKS/AFP
Les
fugitives
re, j’ai hurlé que j’avais soudoyé des gardesfrontières. J’ai fait un tel vacarme que, craignant que mes cris parviennent à leurs supérieurs, les policiers m’ont jetée dehors. »
La troisième tentative faillit aussi tourner mal. « Du côté chinois, je suis tombée
sur un barrage de police. Dans la Jeep, j’ai
pu faire glisser les menottes, trop grandes
pour mes poignets, et j’ai sauté en marche.
Puis j’ai couru, couru et j’ai pu les semer »,
raconte-t-elle, enjouée comme un enfant
qui a joué un bon tour. Parcourant à pied
30 km à travers la montagne, elle est parvenue jusqu’à ce hameau habité par des
Sino-Coréens.
L’importante communauté d’origine
coréenne de Yanbian, la région autonome
jouxtant la RPDC, est implantée là depuis
trois générations. Elle se chiffre à près
d’un million d’habitants, ce qui permet
aux migrants de se fondre dans la masse.
La majorité vient faire un peu d’argent et
repart. D’autres essaient de s’exfiltrer au
fil d’un long périple de 5 000 km jusqu’au
Yunnan pour passer au Laos, puis en
Thaïlande, où ils demandent asile en
Corée du Sud.
Cette jeune femme (26 ans) est arrivée
là il y a quatre ans. Après quelques mois,
elle a commencé à vivre avec un paysan
qui a le double de son âge et dont elle a eu
son enfant. Elle sourit quand on lui demande si elle est heureuse. « Mais j’ai peur. »
Au cours de son récit, son regard ne s’est
voilé qu’une fois lorsqu’elle raconta comment elle avait reconnu sa tante sur une
photo présentée aux habitants du village
par des policiers qui cherchaient à identifier une femme assassinée et dévalisée
dont le corps venait d’être découvert. Passée en Chine, elle avait été victime de passeurs brigands.
Depuis le début de l’année, les 1 300 km
de la frontière sino-nord-coréenne sont
scellés. Caméras, clôtures de grillage sur
plusieurs centaines de mètres aux endroits
connus pour être des lieux de passage, renforcement des patrouilles de policiers et de
soldats sur la route longeant le fleuve et
doublement des amendes en cas d’assistance à un migrant, sont dissuasifs. Il en va de
même sur la rive nord-coréenne, où il faut
passer plusieurs contrôles avant de parvenir au fleuve et où les punitions infligées à
Henry Chang, Lucien Simon
Yangi, Chine, Envoyés spéciaux
ceux qui sont pris ont été alourdies.
Plus de 200 000 à la fin des années
1990, lors de la grande famine, les
migrants nord-coréens en Chine ne sont
plus que 30 000 selon les organisations
humanitaires locales. « Désormais, le nombre des passages est infime », dit le prêtre
d’un village aux maisons basses couvertes
de chaume, non loin de la Tumen, dont
l’église est surmontée d’une croix disproportionnée par rapport au modeste bâtiment : un point de repère pour les
migrants. La communauté sino-coréenne
est en majorité chrétienne et les églises
sont un maillon des réseaux qui leur viennent en aide.
La question des transfuges nordcoréens a longtemps été secondaire pour
la Chine. Elle estime que ceux-ci ne sont
pas des réfugiés, mais des « migrants économiques » en situation illégale, qu’elle
rapatrie conformément à l’accord frontalier avec la RPDC. Pourtant, à la veille des
Jeux olympiques, Pékin veut éviter un nouveau foyer de critiques internationales de
non-respect des droits de l’homme. « Les
autorités chinoises ont deux objectifs, poursuit le prêtre, bloquer les arrivées et faire
preuve d’une plus grande flexibilité à l’égard
de ceux qui sont déjà en Chine. » C’est le cas
pour les enfants nés de liaisons entre des
Coréennes et des Chinois.
« Lorsque les mères ont été rapatriées de
force, les enfants illégitimes [la femme étant
en situation illégale, il n’y a pas eu de
mariage] sont souvent abandonnés par les
pères », commente le directeur d’une petite école de la région, qui compte sept
orphelins parmi une quarantaine d’élèves.
« Non déclarés, ces enfants n’ont pas droit à
l’éducation gratuite. Mais, depuis le début
de l’année, les autorités acceptent de leur donner des certificats. Indirectement, c’est une
garantie pour la mère. Celle-ci reste cependant en situation irrégulière, toujours à la
merci d’une déportation », poursuit-il.
Selon les organisations humanitaires internationales, ces enfants apatrides abandonnés seraient plusieurs milliers.
Autre assouplissement : « Depuis quelques mois, les déportations ont pratiquement cessé », dit le prêtre. Une tolérance,
confirmée par plusieurs sources, mais qui
n’est peut-être que temporaire.
Ces dernières années, les femmes sont
trois fois plus nombreuses que les hommes
à être entrées clandestinement en Chine.
« Elles encourent en général des punitions
moins sévères », assure le prêtre. Pas toujours : parmi les 15 personnes exécutées
en mars dans la région d’Onsong, il y avait
13 femmes. Ceux ou celles qui avaient l’intention de fuir au sud sont passibles de
lourdes peines : camp, exécution publique.
Les Coréennes passées en Chine sont
parfois mariées : elles tentent de gagner
un peu d’argent pour nourrir leur famille
et retournent en RPDC. D’autres essaient
Yangi
CHINE
JILIN
Shenyang
me
Tu
M
enue
mais
robuste, avec
ses cheveux
courts et son
visage halé par
le travail des
champs, c’est
un petit bout
de femme brave et décidée. Agenouillée sur l’ondol (sol
de papier huilé chauffé par-dessous)
d’une modeste maison de style coréen, elle
porte dans ses bras son enfant endormi.
De la République populaire démocratique
de Corée (RPDC) à ce hameau chinois
situé à une trentaine de kilomètres du
fleuve Tumen, qui marque la frontière
entre les deux pays, elle a fait un court
voyage, une tragique odyssée qui reflète
celle de milliers de Coréennes fuyant leur
pays.
Originaire de la ville minière d’Onsong,
non loin de la frontière, elle travaillait à l’extraction du charbon. Le nord de la province
d’Hamgyong, jouxtant la Chine, est la
région la plus pauvre de la RPDC : la « Sibérie coréenne », dit-on, en raison de son climat, mais aussi parce que c’est traditionnellement une région de bannissement. Son
père, membre du Parti des travailleurs, fut
« purgé » lorsqu’elle était encore enfant, et
la famille quitta Pyongyang, où vivent les
privilégiés. Devenu mineur, le père mourut
pendant la grande famine de la seconde
moitié des années 1990, qui fit un million
de morts (5 % de la population).
« J’ai pensé que moi non plus je ne survivrais pas et j’ai décidé de partir. Je n’étais
jamais sortie de ma commune. La rumeur
disait qu’en Chine on vivait mieux. Quand
on ne sait rien, on supporte tout, mais, si une
lumière apparaît dans la nuit, on va vers
elle, dit-elle. C’est la faim et l’absence de perspective plus que la répression politique qui
poussent à partir. »
Elle avait 19 ans. Elle soudoya un gardefrontière et passa le fleuve. « L’eau arrivait
jusqu’au cou. Je portais un paquet de vêtements secs sur la tête. » Sur l’autre rive, elle
fut appréhendée par la police chinoise.
Renvoyée en RPDC, questionnée, semoncée, battue. Un mois plus tard, elle recommençait. Découverte, elle fut à nouveau
rapatriée. « Cette fois, lors de l’interrogatoi-
Des Nord-Coréennes
franchissent chaque
année la frontière
chinoise avec l’aide
de passeurs.
Elles rentrent parfois
avec un peu d’argent,
essaient de passer
en Corée du Sud,
ou se retrouvent sur
le marché de la nuit
n
RUSSIE
Onsong
HAMGYONG
LIAONING
Dandong
Ya
lu
C OR ÉE DU NOR D
Pyongyang
Séoul
CORÉE
DU SUD
150 km
de refaire leur vie. Toutes risquent d’être
victimes des « marchands de femmes » :
violentées, vendues comme épouses à des
paysans âgés ou handicapés, ou contraintes de se prostituer. « Vulnérables comme
toutes les femmes en détresse, elles sont des
proies d’autant plus faciles qu’elles sont en
situation illégale », dit-il.
Dans les quartiers coréens des villes
frontalières, « on peut vivre sans parler un
mot de chinois », dit un homme d’affaires
sino-coréen de Shenyang. C’est le cas dans
le quartier de Xinda, ruisselant de lumières
et d’enseignes de restaurants et de karaokebars, de cette capitale de la province de
Liaoning. Des migrantes coréennes travaillent clandestinement comme serveuses, plongeuses, domestiques. D’autres se
« défendent » sur le marché de la nuit.
Dans ce bar luxueux, cette jeune Coréenne au visage avenant et en robe froufroutante ultracourte pourrait être une hôtesse
comme une autre. Dans un lieu plus discret, elle raconte son histoire : « J’ai
26 ans dont huit passés dans l’armée populaire. J’ai fini sous-lieutenant, dit-elle. Puis
j’ai été envoyée en usine. Je n’avais aucune
chance de m’en sortir dans la patrie et j’ai
décidé de partir. Une amie passée en Chine
m’a envoyé de l’argent et j’ai soudoyé des gardes-frontières. J’ai trouvé ce travail grâce à
mon amie. Je ne m’étais jamais maquillée de
ma vie et des hommes je ne connaissais que
les soldats. Avec l’argent gagné en trois mois,
j’ai fait venir ma mère. »
Les passeurs fournissent à des contacts
de l’autre côté de la frontière des téléphones mobiles chinois. Ils leur indiquent la
personne à contacter – « même à l’autre
bout du pays ». Un rendez-vous téléphonique est fixé. « C’est ainsi que ma mère est
passée en échange de 3 000 yuans
[280 euros] », raconte-t-elle.
Les communications téléphoniques
clandestines sont aussi un moyen d’entrevoir ce qui se passe en RPDC : les témoignages indiquent que la pénurie alimentaire,
sans atteindre les proportions de la famine
de la seconde partie des années 1990, a
déjà des conséquences dramatiques dans
les régions pauvres : « En raison de la fermeture de la frontière, mes compatriotes sont
comme des poissons dans un bocal qui se vide
de son eau, dit l’ex-soldate devenue hôtesse. La surveillance de la frontière est plus sévère. Mais quand on a faim… »
Elle ne sort qu’à la tombée du jour. Shenyang est l’avant-poste de la présence
nord-coréenne en Chine après Dandong,
sur l’estuaire du fleuve Yalu qui, à l’ouest,
marque la frontière avec la RPDC. Mais
c’est aussi un nid d’espions : donc une ville dangereuse pour les illégaux. a
Débats
0123
Vendredi 13 juin 2008
17
Europe : carpettes s’abstenir !
Lelivre
dujour
Sauf à accentuer son déficit démocratique, l’Union doit choisir ses responsables en toute clarté
De Gaulle,
en mille anecdotes
issu de la majorité du Parlement européen pour chaque parti européen, d’indiquer
ans leurs discours, les diriélu en juin 2009. Il est particulièrement quel est son programme et quels sont ses
geants européens appellent
n 1959, le second maître de
choquant que certains envisagent de candidats. Ceux-ci seraient appelés à visitoujours à une Union euro- Sylvie Goulard
marine Guy-Marcel Hennequin
E
entre au service du général de
Gaulle comme valet de chambre. Il raconte : « Je viens de faire couler
son bain quand, de retour dans sa chambre, j’entends soudain parler dans la salle
de bains ! Je n’ai pourtant fait entrer personne (…) Je frappe donc à la porte, l’entrebâille, et qu’est-ce que je vois ? Il est seul,
debout, en peignoir, devant son miroir et
répète le texte d’un discours comme le
ferait un comédien. Tout y est, les gestes,
les mimiques, les intonations. »
Vivre avec de Gaulle
Michel Tauriac
Plon, 610 p., 24 ¤
Ils ne sont pas nombreux à avoir vu,
comme Guy-Marcel Hennequin, Charles de Gaulle en peignoir. Ni à avoir pu
l’observer à son bureau, chez lui ou à
table. Les témoins de cette époque se
font même rares. C’est l’intérêt de cet
ouvrage de leur donner une fois encore,
sinon une dernière fois, la parole.
Michel Tauriac connaît bien le sujet.
Il a déjà publié un livre d’entretiens avec
Philippe de Gaulle, devenu un best-seller, De Gaulle, mon père (deux tomes,
Plon, 2002 et 2004). Ce nouvel ouvrage
est dans la même veine et vise le même
public : les passionnés de l’homme intime. Il a pour titre explicite Vivre avec de
Gaulle et pour sous-titre : « Les derniers
témoins racontent l’homme ».
Les 95 personnalités mises à contribution par Michel Tauriac ont, pour certaines, déjà parlé ou publié leurs Mémoires : Jacques Chirac, Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Jean Foyer, Valéry Giscard d’Estaing, Jean-Marcel Jeanneney,
Pierre Lefranc, Jean Mauriac, Lucien
Neuwirth, Edgard Pisani, pour ne citer
que les plus notoires.
D’autres témoignent pour la première fois, comme Alice Garrigoux, une
archiviste à laquelle de Gaulle confia le
soin, en 1945, de mettre en ordre les
300 cartons de documents qu’il avait
rapportés de Londres et d’Alger.
Ce gros livre, qui aurait pu être plus
court, rassemble leurs témoignages en
33 chapitres dont l’intitulé illustre chacun un trait de caractère de l’homme du
18-Juin : « Séducteur », « Impassible »,
« Perfectionniste »… Et aussi : « Coléreux », « Impatient »…
La dévotion de Michel Tauriac pour
son sujet est telle qu’il manque parfois
de recul. Pour évoquer l’exceptionnelle
mémoire de De Gaulle, il prétend que
« l’on n’a jamais surpris le Général
devant un micro, un papier à la main,
excepté à Londres, le 18 juin 1940 ».
Alors que l’une des photos les plus
connues de celui-ci le montre tenant des
feuilles dactylographiées le 16 juin 1946
à Bayeux (Calvados), le jour où il prononce son fameux discours sur l’avenir
des institutions.
Michel Tauriac profite aussi de ce
livre pour corriger certains jugements à
l’emporte-pièce qu’il avait laissé Philippe de Gaulle formuler dans De Gaulle,
mon père, quand il n’avait pas abondé
dans son sens. Il revient sur l’échec de
l’attaque franco-britannique de Dakar
(1940), une opération destinée à ouvrir
les portes de l’Afrique occidentale à la
France libre. Très affecté par cet échec,
de Gaulle, qui était de l’expédition, a-t-il
songé à ce moment-là au suicide ? Dans
De Gaulle, mon père, Michel Tauriac
parle de « rumeur ». Aujourd’hui, il privilégie le témoignage d’un proche du
Général, Philippe Dechartre, auquel
l’homme du 18-Juin aurait dit : « Eh
bien, figurez-vous que moi aussi [à
Dakar] j’ai pensé au suicide. »
D’inflexions historiographiques en
anecdotes, ce livre se lit avec plaisir.
Hauteur, causticité : par sa personnalité
et sa place dans l’Histoire, le Général est
une source perpétuelle d’étonnement.
Parmi les curiosités de l’ouvrage, on relèvera cet aparté du grand homme, que sa
stature et ses fonctions plaçaient très
au-dessus des contingences quotidiennes : « Depuis 1940, ce qui m’ennuie,
c’est que je ne connais pas les prix pratiqués en France. Je n’ai aucune idée de la
valeur des choses. » a
Bertrand Le Gendre
D
péenne plus démocratique,
plus transparente, plus efficace. Après les référendums
négatifs de 2005, c’était
juré, croix de bois, croix de fer, nos autorités avaient compris les attentes du peuple.
Et Nicolas Sarkozy d’affirmer à Strasbourg en octobre 2007 : « L’Europe doit
avoir plus de débats, plus de démocratie et au
fond plus de politique. »
La présidence française de l’Union, qui
commence le 1er juillet, va offrir une magnifique occasion de voir comment les promesses se traduisent en actes. C’est en
effet le Conseil européen, composé des
vingt-sept chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE, qui doit bientôt doter celleci d’un président stable et d’un haut représentant, chargé de l’action externe, aux
pouvoirs renforcés. En 2009, le mandat de
l’actuel président de la Commission arrive
Présidente
du Mouvement européen France
également à échéance. Trois nominations,
trois postes stratégiques. Désigner nos dirigeants après un débat public constitue,
pour l’Union, un enjeu de légitimité mais
aussi de crédibilité internationale. Pour
peser plus dans les affaires du monde, les
Européens devraient choisir les meilleurs
d’entre eux, les plus indépendants, les plus
combatifs. Et non se mettre d’accord sur
les moins gênants, d’autant plus appréciés
qu’ils ne fâchent personne.
Au nom de la démocratie et de l’efficacité, la présidence française de l’Union pourrait poser sept exigences nouvelles.
1. Respecter le calendrier démocratique. Aux termes du traité de Lisbonne, le
prochain président de la Commission sera
conclure « un marché » dès 2008. Si les
gouvernants veulent décourager les
citoyens européens d’aller voter, qu’ils
continuent ainsi ! La démocratie impose
d’attendre juin 2009, quitte à prévoir des
solutions transitoires pour les premiers
mois de l’année.
2. Faire la lumière sur la sélection. La
pratique des petits arrangements entre
amis, dans le huis-clos du Conseil européen, doit cesser. Il serait inouï que l’organe suprême de l’Union s’affranchisse des
règles de transparence que les traités imposent aux autres institutions communautaires. Cette période d’une année laisse le
temps d’organiser une phase de dépôt des
candidatures puis un débat public, sous
des formes à définir, impliquant notamment le Parlement européen et les Parlements nationaux. La campagne pour les
élections européennes serait le moment,
Bipolaires par Brito
ter les Etats membres, à exposer leurs
vues, à se faire connaître.
3. Définir des postes avant de choisir
des individus. Des noms (Tony Blair, JeanClaude Juncker, Jose Manuel Barroso) circulent déjà mais, au fond, pour quoi faire ?
Le profil le plus probable pour le « président » du conseil est celui d’une chairperson à l’anglo-saxonne, c’est-à-dire l’animateur d’une équipe, un facilitateur de compromis ou bien d’un président autorité
morale à l’italienne ou à l’allemande. Mais
pour les Français, l’image présidentielle
est autre. Il faudrait en parler ouvertement
sinon les frustrations seront grandes.
4. Répartir les tâches entre ces différentes autorités. Les risques de rivalité sont
considérables. Si un accord n’est pas trouvé pour éviter les empiétements, notamment dans les fonctions de représentation
extérieure de l’UE, la cacophonie, la tradition des délégations européennes pléthoriques se perpétueront, au détriment de l’intérêt européen.
5. Juger les candidats sur pièces et non
sur titre. La qualité d’ancien membre du
Conseil européen – qui tend à devenir une
condition incontournable – assure une certaine expérience. Elle ne garantit pas les
aptitudes requises pour occuper une fonction supranationale. En outre, elle réduit le
vivier. Si elle avait été imposée jadis, Jac-
La qualité d’ancien membre
du Conseil européen assure
une certaine expérience.
Elle ne garantit pas
les aptitudes requises
pour occuper une fonction
supranationale
La déontologie menacée par la Constitution
La Commission de déontologie de la sécurité pourrait passer à la trappe
A
insi, l’Assemblée nationale a
adopté le 3 juin le projet de loi
constitutionnelle qui comporte,
en son article 31, la création
d’un défenseur des droits des
citoyens. Il se substituera d’abord au
médiateur de la République, dont l’exposé
des motifs du projet regrettait qu’il ne
puisse pas être saisi directement ; une simple loi aurait pu combler cette lacune.
Mais il s’agit aussi, toujours selon l’exposé
des motifs, de supprimer « des autorités
dont la multiplicité affaiblit l’efficacité ».
Parmi elles, c’est la Commission nationale
de déontologie de la sécurité (CNDS), qui
est nommément visée.
Créée par la loi du 6 juin 2000, cette
autorité administrative indépendante est
chargée de « veiller au respect de la déontologie par les personnes exerçant des activités
de sécurité sur le territoire de la République ». Toute personne s’estimant victime
d’un tel manquement doit s’adresser à un
parlementaire dont c’est le rôle éminent
de vérifier si l’intervention de la CNDS est
« méritée ». Ce système fonctionne et n’appelle pas de saisines directes qui, par leur
nombre, risqueraient de nuire à l’efficacité du contrôle.
Si tout service de sécurité, public comme privé, peut être concerné, la quasi-totalité des saisines vise la sécurité publique
dans la police et l’administration péniten-
Roger Beauvois
Président de la CNDS
Pierre Truche
Ancien président de la CNDS
tiaire, qui ont dans leurs missions la possibilité de porter atteinte à des droits de
l’homme fondamentaux (arrestation,
détention…). L’objet n’est pas de régler,
comme le ferait un médiateur, un litige
entre un particulier et un de ces services.
C’est à la justice judiciaire ou administrative de statuer. La loi donne pour mission à
la CNDS de formuler « tout avis ou recommandation visant à remédier aux manquements constatés ou en prévenir le renouvellement ».
La CNDS procède à des auditions (les
personnes convoquées sont tenues de
déférer) ainsi qu’à des vérifications sur place même exceptionnellement sans préavis ; les autorités publiques doivent lui
fournir des informations et pièces et
même saisir leur corps de contrôle à sa
demande. Après délibération, outre les
avis et recommandations, la CNDS peut
porter à la connaissance de l’autorité titu-
laire du pouvoir disciplinaire ainsi que du
procureur de la République les faits qui lui
ont été soumis.
Tant ces pouvoirs que la place des services contrôlés, parmi les institutions
dotées de droits exceptionnels, imposent
une commission composée de personnalités compétentes et incontestables (quatre
parlementaires, des représentants des
trois hautes juridictions françaises, des
membres de la société civile, universitaires, médecin, ancien bâtonnier, ancien
commissaire de police…). Les décisions
prises le sont à l’unanimité. La ministre de
la justice a précisé lors des débats qu’après
la suppression de la CNDS, le défenseur,
reprenant les missions de la commission,
« pourrait être assisté d’un collège ». Pourquoi, dès lors, supprimer ce qui existe ?
Le président de la CNDS est nommé
par le président de la République, qui a
toujours choisi un ancien haut magistrat.
La richesse de la composition prévue par
la loi ainsi que l’existence de la CNDS,
reconnues par les institutions européennes compétentes en la matière, ne sauraient être contestées. Il ne faudrait pas
que ce qui apparaît, notamment par son
inscription dans la Constitution, comme
une avancée dans la défense des droits des
citoyens, se traduise par une remise en
question des garanties qui leur sont déjà
acquises. a
ques Delors ne serait jamais devenu président de la Commission. Il faut au contraire
élargir le cercle afin de mobiliser des
talents plus divers. Enfin, une évaluation
plus systématique des candidats est nécessaire : des instituts de recherche indépendants, répartis dans différents Etats membres pourraient dresser un bilan de l’action de chacun des candidats, dans ses
fonctions nationales ou dans ses fonctions
européennes antérieures.
6. Poser des exigences de fond. Nul ne
peut prétendre diriger l’UE s’il vient d’un
pays qui s’est abstenu de reconnaître la
Charte des droits fondamentaux. En effet,
au nom de quelles valeurs irait-il par exemple conclure de nouvelles adhésions ? Les
dirigeants européens ne peuvent pas non
plus être issus des Etats qui se sont affranchis des accords de Schengen et de l’euro.
Il serait incompréhensible pour des Européens consentant de tels partages de souveraineté d’être dirigés par ceux qui s’y sont
dérobés.
7. Accorder au moins l’un de ces postes
à une femme. Les plus hautes autorités
européennes ne sauraient ignorer les exigences de parité imposées aux collectivités
locales, aux Parlements nationaux et aux
entreprises, ni décrédibiliser des décennies d’efforts de l’UE en faveur de la nondiscrimination. Enfin, face aux intégristes
de toutes confessions, la défense de la mixité constitue l’une des priorités de nos sociétés, tout comme l’intégration des personnes issues de l’immigration. La condition
non écrite tendant à privilégier les anciens
membres du Conseil renforce au contraire
tous les conservatismes.
L’Union européenne se trouve à un
moment-clé de son histoire. L’enjeu de ces
nominations est immense. La présidence
française peut aider l’UE à éviter sept
péchés capitaux contre l’esprit européen.
Il serait tout à son honneur de proposer
une véritable « rupture » démocratique
afin d’éviter que le Conseil européen ne
sorte les noms des heureux élus comme un
magicien fait apparaître des lapins, sans
expliquer d’où ils viennent, ni où ils ont l’intention d’aller. a
18
Disparitions
Claude
Dityvon
Mohamed Charfi
Il photographiait
la réalité sociale avec
un regard plus poétique
que documentaire
C
laude Dityvon, photographe,
fondateur de l’agence Viva, est
mort le 3 juin, à l’âge de 71 ans,
des suites d’un cancer. Il occupait une place à part dans la
photographie française. Ses influences littéraires et cinématographiques, son
regard porté sur la réalité sociale, plus poétique que journalistique, en ont fait un
auteur difficilement classable, en marge
des courants et des modes, un peu oublié
par la presse et les commandes publiques.
Célèbre pour ses photographies de
Mai 1968, il n’a jamais collé à l’actualité, au contraire d’un Gilles Caron, préférant des images décalées, étonnantes. Comme celle où un homme est
assis sur une chaise, impassible, au
beau milieu des fumigènes et des CRS.
Dans ses images en noir et blanc,
Claude Dityvon fait se côtoyer une
recherche formelle poussée et des flous
féeriques. « Je suis un hybride d’Henri
Cartier-Bresson et de Robert Frank »,
déclarait-il d’ailleurs au Monde en
1994, héritant du Français sa maîtrise
de la géométrie, et du Suisse son goût
de la subjectivité.
1937 Naissance à La Rochelle
1972 Fonde Viva, agence
de photographes marqués
par les idéaux de Mai 1968
3 juin 2008 Mort
Dès ses débuts, Claude Dityvon se
passionne pour son époque : les lieux
en marge, les groupes sociaux comme
les mineurs et les pêcheurs, le monde
du travail, les bidonvilles. Mais il choisit de la montrer avec un regard plus
poétique que documentaire. Très vite,
en 1970, il gagne le prix Niépce. L’agence Viva, dont il est l’un des fondateurs
en 1972, témoigne de cette envie de
raconter la société avec un regard
d’auteur. Pour partager l’aventure de
cette agence alternative et militante, on
trouve à ses côtés François Hers, Hervé
Gloaguen, Martine Franck, Richard
Kalvar, Guy Le Querrec.
Marqués par les idéaux de Mai 1968,
les membres de Viva sont fermement
ancrés à gauche, refusent tout spectaculaire, préfèrent le noir et blanc à la couleur, sont intransigeants sur l’éthique
et la déontologie. Ils ont une réputation
difficile, la presse les boude. Toujours
au bord de la faillite, opposés sur les
stratégies à adopter, ils finissent par se
séparer, minés par leurs contradictions. Le Querrec, Franck et Kalvar
rejoignent l’agence Magnum, tandis
que Dityvon tente de prolonger l’expérience Viva, seul, en la rachetant en
1982. C’est un échec.
Déchiré, contradictoire, tout comme
son œuvre, Claude Dityvon était un
écorché vif, « profondément marqué par
l’enfance », qui utilisait la photographie pour parler du monde, mais aussi
de lui et de ses proches. Ses références
premières sont moins à chercher dans
la photographie que dans la littérature,
le jazz et avant tout le cinéma, dont il
était un consommateur boulimique : à
Paris, après son service militaire, il
voyait plus d’un film par jour. Il était
marqué par le cinéma muet (Friedrich
Murnau), sensible aussi à la lumière
propre aux films de Jean Vigo . « L’Atalante, de Vigo, a été un déclic terrible »,
disait-il. Les années 1980 vont lui donner l’occasion de céder à sa passion : il
collabore aux Cahiers du cinéma et travaille sur les plateaux de tournage de
Claude Chabrol, Maurice Pialat, André
Téchiné ou Jacques Demy. Dans les
années 2000, il partira ensuite sur les
traces d’Arthur Rimbaud à Djibouti et
photographiera la vie des habitants de
Zanzibar.
La ville natale de Claude Dityvon,
La Rochelle, programme jusqu’à la fin
de l’été plusieurs expositions en hommage au photographe. a
Claire Guillot
0123
Vendredi 13 juin 2008
Il fut l’artisan principal d’une réforme de l’enseignement tunisien. Ce défenseur
des droits de l’homme siégea aussi à l’ONU pour le dialogue des civilisations
P
rofesseur émérite à la
faculté des sciences juridiques de Tunis, ministre de
l’éducation de 1989 à
1994, ancien président de
la Ligue tunisienne des
droits
de
l’homme
(LTDH), une cause dont il resta toute sa
vie un fidèle militant, Mohamed Charfi
est mort d’un cancer, vendredi 6 juin, à
Tunis. Il était âgé de 71 ans.
I
16 avril 1936 Naissance à Nis (Serbie)
1964 Enregistre son premier disque et
fonde son groupe, Crna Mamba
8 juin 2008 Mort à Nis (Serbie)
En 1999, à Paris. ADINE SAGALYN
réflexion, il est à lui seul un condensé de
la Tunisie moderne… et de ses paradoxes.
Pour preuve : en 1989, alors qu’il est président de la LTDH, le chef de l’Etat, Zine
El Abidine Ben Ali, au pouvoir depuis
deux ans, lui offre le ministère de l’éducation. Ayant accepté cette dernière charge,
il se retire de la première. Ministre, il met
en chantier une réforme qui établit une
nette séparation entre l’enseignement
religieux et l’instruction civique et qui,
surtout, ouvre écoles et lycées à la pensée
contemporaine et au regard critique.
Démocrate sans parti
Cette réforme, exceptionnelle au regard
du monde arabe, assoit durablement la
réputation de Mohamed Charfi, au-delà
du paysage maghrébin. Quelques années
plus tard, l’auteur d’Islam et liberté, le
malentendu historique (Albin Michel,
1999) sera appelé à siéger au sein de la
Commission de haut niveau [high level
committee] des Nations unies pour le dialogue des civilisations. Ce n’est pas le lustre
des titres qui l’attire. En 1994, sans tapage
ni amertume, il avait démissionné de son
poste de ministre, marquant ainsi son
désaccord avec le durcissement du régime.
Démocrate sans parti, ce penseur-militant suit de près l’actualité politique internationale – qu’il évoque dans ses chroniques sur les ondes de la radio marocaine
Medi 1. Si beaucoup, en Tunisie, ont vu
en lui l’un des meilleurs candidats pour
diriger l’opposition progressiste, Mohamed Charfi n’a pas eu le temps ou l’occasion de suivre cette voie jusqu’au bout.
En 2002, il lance un Manifeste de la République, en réaction à la réforme constitutionnelle qui prolonge la durée des mandats présidentiels. Ce sera sa dernière
grande initiative politique. Marié à une
brillante physicienne, père de trois filles,
Mohamed Charfi laisse aussi orpheline
toute une génération de démocrates. a
Catherine Simon
Jacques-Francis Rolland
Ecrivain et journaliste, il avait tiré plusieurs récits de sa jeunesse résistante
et de son engagement au Parti communiste, jusqu’en 1956
J
’ai connu Jacques-Francis Rolland,
appelé familièrement « JFR » par ses
amis, au lycée parisien Rollin, devenu
Jacques-Decour après la seconde guerre
mondiale. Il était né le 26 juillet 1922 à
Albertville, en Savoie. Son père était l’écrivain Louis Francis. Il avait le visage carré,
le menton légèrement en galoche. Il était
déjà gouailleur. Je le trouvais gamin.
26 juillet 1922 Naissance
à Albertville (Savoie)
1942 S’engage dans la Résistance
1956 Quitte le Parti communiste
1984 Grand Prix du roman de l’Académie française avec « Un dimanche inoubliable près des casernes »
4 juin 2008 Mort à Beauvais
Quand nous nous sommes retrouvés
sous l’Occupation, au début de 1942, à Toulouse, le gamin était devenu un jeune bolchevik, qui me poussait à entrer au Parti
communiste clandestin. J’étais alors devenu marxiste, mais il me disait d’un ton docte : « Il ne suffit pas de lire Marx, il faut
aimer la classe ouvrière. » Nous avons milité ensemble à Lyon chez les étudiants communistes au sein des Forces unies de la jeunesse patriotique. Nous méditions d’écrire
ensemble un livre sur « la lutte des classes
Ce chanteur tzigane
était surnommé
« le Frank Sinatra
des Roms »
l avait publié une trentaine d’albums, signé 650 chansons, et on le
surnommait le « Frank Sinatra
des Roms ». Le chanteur tzigane
Saban Bajramovic est mort des suites d’un infarctus, dimanche 8 juin, à
l’hôpital de Nis, en Serbie, la ville où il
était né le 16 avril 1936. Il était âgé de
72 ans.
11 octobre 1936 Naissance à Sfax
(Tunisie)
1989-1994 Ministre de l’éducation
2002 Lance un Manisfeste
de la République
6 juin 2008 Mort à Tunis
Elégant, rigoureux, séduisant, cet
homme de conviction, passionné de politique, était né à Sfax le 11 octobre 1936.
Rien ne destinait le jeune garçon, issu
d’une famille de lettrés religieux, plutôt
conservateurs, à devenir ce moderniste
flamboyant, ouvertement laïque et féministe, qui sera, dès la fin des années 1980,
la bête noire des islamistes. Le surnom
de « Jules Ferry tunisien » qui lui est donné au moment où il entreprend sa réforme de l’éducation, en 1989, l’a longtemps
poursuivi. Sans qu’il s’en offusque.
Rien ne destinait non plus ce fort en
thème à participer, après des études à
Paris, à la création du mouvement d’extrême gauche Perspectives. Au début des
années 1960, le tiers-monde est en ébullition. La Tunisie n’est pas à l’écart du
tumulte. Républicain et « patriote », comme il se définit lui-même, Mohamed
Charfi a toujours eu « le cœur à gauche ».
La dérive autoritaire du régime du président Habib Bourguiba le révolte. Mais,
au Maghreb, la contestation se paye
cher : par la prison et la torture.
En 1968, la plupart des militants de
Perspectives sont arrêtés et embastillés.
Mohamed Charfi passe un an en prison.
Il commence cependant à s’éloigner des
positions, trop radicales à ses yeux, de ses
camarades, attirés par le maoïsme.
A sa sortie de prison, il reprend le chemin de l’université et devient professeur
de droit. Sans lâcher le militantisme. Il
est l’un des premiers à s’engager dans la
lutte pour le respect des droits de l’homme. A la fois homme d’action et de
Saban
Bajramovic
en France ». Le soir, dans notre chambre
d’étudiants, nous déclamions des passages d’Une saison en enfer.
Nous avons été recrutés ensemble au
Mouvement de résistance des prisonniers
et déportés, qui allait fusionner en 1943
avec celui de François Mitterrand. J’y suis
resté ; lui s’en est détaché pour rejoindre le
réseau Mithridate, que dirigeait l’écrivain
Roger Vailland. De notre jeunesse résistante il a tiré un récit romancé, La Chute de
Barcelone (Gallimard, 1952), qui mériterait d’être réédité tant il restitue bien cette
expérience de notre génération. Roger
Vailland en fit son héros Rodrigue dans
son roman Drôle de jeu.
A la Libération, il devient grand reporter à Ce soir, et part comme correspondant de guerre auprès des troupes américaines. Il se trouve au moment chaud sur
le pont de Remagen, puis son petit groupe de journalistes est encerclé par des SS
au monument des nations de Leipzig. Un
photographe est tué près de lui, mais il
est miraculeusement sauvé par des chars
américains. La guerre terminée, il continue sa vie aventureuse en partant pour le
Moyen-Orient et l’Inde. Après son retour
à Paris, il collabore à l’hebdomadaire
Action. Il se plaît à fréquenter des groupes divers et parfois ennemis, comme le
clan Duras, le clan Sartre, le clan Martinet de L’Observateur, et évidemment les
héros de notre génération résistante
aujourd’hui complètement ignorés : Pierre Hervé, Marcel Degliame, Pierre Courtade. L’enterrement de ce dernier, tristement avili au service du Parti, a inspiré
son roman Un dimanche inoubliable près
des casernes (Grasset, 1984)
En 1950, il se sédentarise, passe l’agrégation, devient professeur d’histoire,
s’installe à Silly-Tillard, dans l’Oise, avec
sa femme Flavienne, parmi une petite
colonie d’intellectuels qui compte Jacques Havet et Robert Scipion. Il s’est arraché au Parti communiste en 1956. Il a
notamment publié Le Grand Pan est mort
(1965), Le Tango chinois (1970) (Gallimard), et, en 1989, une biographie de
Boris Savinkov, L’Homme qui défia Lénine (Grasset et Fasquelle).
Il travaillait à ses Mémoires, les avait
presque achevées quand une hospitalisation qu’on avait crue provisoire lui a fait
subir deux opérations successives. Je garderai le souvenir de son visage souriant d’il y
a deux semaines, quand je lui disais :
« Allons, faut que tu sortes d’ici, tu as ta
conclusion à terminer. » Il approuvait de la
tête, l’air content. « Il faut qu’on reprenne
nos petits verres quotidiens de rouge avec saucisson et rillettes. » Il approuvait encore. Il
est mort le 4 juin, à l’hôpital de Beauvais. a
Edgar Morin
Sociologue
Emir Kusturica avait à plusieurs reprises utilisé ses talents. Le cinéaste avait
utilisé une de ses compositions, Mesecina (Djeli Mara), arrangée par Goran Bregovic, pour la bande originale d’Underground, ou encore Bubamara sur celle de
Chat noir, chat blanc.
Saban Bajramovic entretiendra du
reste une relation de complicité avec
Goran Bregovic, musicien fétiche du réalisateur serbe, qui l’intègre dans son projet musical Tales and Songs From Weddings and Funerals. Il a également joué
et chanté dans le film L’Ange gardien, de
Goran Paskaljevic, qui dénonçait la triste condition des Tziganes yougoslaves
en 1988.
Saban Bajramovic avait passé trois
ans dans un des camps de travail créés
par le maréchal Tito, à Goli Otok, île-goulag sur la côte Dalmate, que l’on retrouve dans Papa est en voyage d’affaires
d’Emir Kusturica.
De cette expérience très dure, vécue
pour des motifs romantiques – amoureux à 19 ans, il avait déserté les rangs de
l’armée –, Saban avait gardé des cicatrices au visage, mais aussi des traces positives : en prison, cet enfant des rues a lu,
appris la vie et la philosophie. Au camp,
il avait créé un orchestre, interprétant
du Louis Amstrong, du Frank Sinatra,
des chansons romantiques mexicaines
ou espagnoles, en bref, phagocytant,
dans la plus pure tradition rom, tout ce
qui passait à portée de ses oreilles.
Saban Bajramovic n’avait pas de
domicile connu, et affichait une ignorance volontaire des « papiers qu’on lui fait
signer », ce qui permettra aux copieurs
et aux voleurs de se servir librement
dans le répertoire de ce chanteur exceptionnel. Il ne donnait presque jamais de
concerts, jugeant les sommes proposées
dérisoires. Dans un mariage, il était
payé à la chanson, très cher.
Il avait enregistré son premier disque
en 1964, puis fondé son orchestre, Crna
Mamba. Rare en France, ce maître admiré par tous les Tziganes des Balkans et
au-delà avait chanté à Paris lors du festival Voyage en Tziganie en mai 2006.
En 2007, avant d’entrer dans une
période de graves ennuis de santé, il
avait enregistré un titre sur l’album
Queens and Kings de la Fanfare Ciorcalia, hommage à quelques « reines et
rois » de la musique et du chant tziganes
des Balkans. a
Véronique Mortaigne
Vijay
Tendulkar
Auteur indien prolifique et célèbre de
dizaines de pièces de théâtre, scénariste,
journaliste, essayiste, Vijay Tendulkar
est mort le 19 mai à Pune, à l’âge de
80 ans.
Né le 6 janvier 1928 à Kolhapur, il fut saisi très tôt par le démon de l’écriture : il
aurait produit son premier récit à 6 ans
et à 11 ans sa première pièce. La dénonciation des injustices sociales, la description de la violence sous toutes ses formes
fournissent la trame de beaucoup de ses
écrits. Accusé d’avoir un goût morbide
pour la violence et l’obscénité, Vijay Tendulkar fut plus d’une fois en butte à l’hostilité publique.
0123
Vendredi 13 juin 2008
Culture&vous
Patrimoine Le rendez-vous annuel des jardins s’ouvre aux autres arts
La mutation du Festival de Chaumont
19
Actualités
Ici&ailleurs
Les stars du Web chez
les rockers de Weezer
C
Vue aérienne du château et du parc de Chaumont-sur-Loire. MARC HELLER
A
près deux années de
transition, le Festival
international des jardins de Chaumont-surLoire (Loir-et-Cher)
commence une double mutation :
administrative et culturelle. Ce
changement est bien sûr motivé
par la mort brutale, en 2005, de
son créateur, Jean-Paul Pigeat, qui
avait imposé une marque très personnelle sur une manifestation
dont il assumait l’entière responsabilité depuis sa création en 1992.
Mais surtout parce que la
région Centre est devenue propriétaire du château et du parc de Chaumont-sur-Loire, grâce à une transaction avec l’Etat. Ce dernier avait
concédé à l’association qui gérait
le Festival un morceau du parc.
Celui-ci retrouve donc son unité en
devenant un Centre d’arts et de
nature, Festival international des
jardins. « Tout en gardant ses fondamentaux », précise François Barré,
le président du nouvel Etablissement public de coopération culturelle (EPCC).
Le but de la région Centre est de
maintenir l’événement central qui
draine plus de 150 000 visiteurs
par an : la création annuelle d’une
vingtaine de jardins éphémères,
confiés après concours à autant de
créateurs, sur un thème donné. Cette année : « Des jardins en partage », sous la direction du paysagiste Louis Benech. Une vingtaine de
parcelles déclinent cette idée un
Ce n’est pas la place qui manpeu floue, avec des approches
diverses et pas toujours convain- que, le château de Chaumont,
cantes : superpositions de trames, Renaissance, avec son curieux
éloge du compost, évocation du décor intérieur XIXe siècle, et ses
cimetière, partage de l’eau…
nombreux bâtiments annexes (ferL’une des réalisations les plus me, écuries), largement sousréussies est celle de l’Ecole d’horti- employés, pourraient être mieux
culture d’Angers, avec ses murs de utilisés. Le parc d’Achille Duchêne
pierres volcaniques qui racontent – en très mauvais état – devrait lui
comment la fragmentation de la aussi servir d’écrin. « Nous avons
Terre a débouché sur la biodiversi- dès cette année lancé une commande
té. Deux paysagistes de
publique à un artiste, Iantalent, Michel Corajoud
nis Kounellis. Installée le
La difficulté
et Alexandre Chemetoff,
1er juillet dans la galerie
va être de faire
qui boudaient Chaudu château, elle sera
monter
mont depuis l’origine,
renouvelée tous les trois
en puissance
se sont investis cette
ans », précise M. Barré.
les autres arts
année, hors concours,
Bricolé à toute vitesse
sans banaliser
dans deux gestes minipar la nouvelle directricelui des jardins
malistes que les visice de Chaumont, Chanteurs auront peut-être
tal Colleu-Dumond, le
du mal à détecter, l’un face au parc programme accumule au cours de
historique dessiné en 1884, par l’été quantité de manifestations
Achille Duchêne, l’autre face à la diverses. A commencer par la phoLoire.
tographie, qui fait une apparition
Mais n’est-ce pas l’idée même remarquée sur ces bords de Loire.
d’un thème fédérateur pour l’en- Une mini-exposition Gursky, le
semble du Festival des jardins, qui photographe américain, rare et
s’essouffle ? Peut-être faut-il trou- cher, accrochée dans deux salons
ver un autre biais pour que cette du château – trois grands paysamanifestation où l’on « venait ges lacustres.
piquer des idées », selon JeanOn verra aussi, dans la ferme du
Paul Pigeat, « reste majeure » tout château, une exposition sur les jaren s’intégrant au sein du nouvel dins ouvriers et familiaux photoensemble : le Centre d’arts et de graphiés par les représentants de
nature, un titre non moins fourre- l’école humaniste, de Doisneau à
tout. Pour François Barré, il s’agit Boubat, mais aussi par des anonyde faire une percée en direction des mes. Le 15 juin, un concert de l’Enarts plastiques, du cinéma, de la semble Microkosmos aura lieu
musique et de l’architecture.
dans les écuries du château.
Issey Miyake esquisse au Japon
e
son « Homme du XXI siècle »
Le designer a conçu une exposition dans son institution de Tokyo
Tokyo
Correspondant
A
près de 70 ans, le créateur
japonais Issey Miyake montre à son pays qu’il continue
à s’émerveiller de l’inventivité
humaine. Mondialement connu
pour son invention, Pleats Please –
vêtements plissés, légers et infroissables –, il ne s’est jamais considéré comme un « couturier » mais
comme un « designer ». Ses collections furent toujours d’étonnants
spectacles plus que de simples
« présentations de mode ».
L’exposition « L’homme du
XXIe siècle » qu’il a conçue au
21_21 Design Sight de Tokyo est
une consécration de cette approche. Elle dure jusqu’au 6 juillet.
D’une seule envolée d’acier telle
une pièce de tissu jetée dans le jardin du complexe Midtown, au
cœur du quartier de Roppongi,
21_21 Design Sight a été dessiné
par le grand architecte japonais
Tadao Ando. Ce n’est pas un musée
avec collections et archives, mais
un « forum » : un lieu dans lequel
se rassemblent des talents d’horizons divers pour travailler sur un
thème arrêté par les trois directeurs, Issey Miyake et les designers
Taku Sato et Naoto Fukasawa. Les
artistes sont moins choisis en fonction de ce qu’ils ont déjà réalisé que
de ce qu’ils sont en train d’élaborer.
L’exposition est construite
autour de l’idée de la fragilité des
êtres et des choses, de l’érosion du
temps, de la rareté des ressources
et de la destruction de l’environnement, mais aussi de la renaissance.
Presque tous les matériaux utilisés
pour les œuvres présentées ont été
recyclés.
La figure mythique du dragon,
symbole à la fois de destruction et
de renaissance, est le thème de l’installation réalisée par Issey Miyake
avec son équipe. En apesanteur,
ondulant à travers une salle plongée dans la pénombre, le dragon
constitué d’une myriade de morceaux de papier beige est inspiré,
selon Issey Miyake, par le Serpent
à huit têtes et huit queues (Yamatano-Orochi) de la mythologie nippone. Au sol, huit formes humaines,
également en papier – référence
au Sacre du printemps, d’Igor Stravinsky –, qui dansent en dépit de la
monstrueuse présence au-dessus
de leurs têtes, symbolisent l’énergie positive.
Des visions plus technologiques, des sièges en Pleats Please
conçus par le cabinet de design
Nendo, la forme humaine de Dui
Seid faite à partir de branches du
mûrier qui sert à fabriquer le
papier japonais (washi) ou le cerfvolant en emballages de café en
grains, de Yazou Hokama venu
d’Okinawa, donnent du futur des
images plus colorées et festives. a
Philippe Pons
C’est à partir du 1 er juillet que
les animations se déplaceront
dans le parc historique, avec un
festival de cinéma Jardins d’images, ainsi que Les Lucioles d’Erik
Samakh (installations) et de
Michel Séméniako (photographies). François Barré aimerait
même développer ici un Centre
de ressources photographiques
sur le patrimoine et le paysage.
« Il s’agit d’une nouvelle naissance pour Chaumont », explique
Chantal Colleu-Dumond, qui dispose d’un budget de fonctionnement de 4,3 millions d’euros, dont
les trois quarts sont issus des ressources propres du Festival.
La difficulté va être de faire
monter en puissance les autres
arts sans banaliser celui des jardins, réduits à une sorte de fairevaloir, tout en renouvelant profondément l’idée même du Festival originel. L’entreprise est difficile. a
Emmanuel de Roux
Centre d’arts et de nature, Festival
international des jardins, Chaumontsur-Loire (Loir-et-Cher). Tél. :
02-54-20-99-22. Tous les jours de
9 h 30 à la tombée de la nuit. Jusqu’au
19 octobre.
’est un condensé d’humour,
d’imaginaire et de délires
loufoques. Pork and Beans,
le dernier clip de Weezer – le groupe américain de rock vitaminé
pour teenagers –, est une curiosité, qui ouvre grande la porte de la
communauté Internet. La vidéo
met en lumière un concept méconnu, celui du « mème » – sans faute d’orthographe. Sur la Toile, le
terme renvoie à des personnages,
photographies, dessins et vidéos
récurrentes, qui jouent le rôle de
langage ou de codes. Weezer a
plus spécialement invité les
« mèmes » en chair et en os, ceux
qu’on peut découvrir sur le site
d’hébergement de vidéos YouTube. On les voit tous ensemble, animaux et humains mélangés, prendre la guitare, sauter en compagnie des membres du groupe, se
parodier eux-mêmes, ce qui crée
un joli effet de fourre-tout éclectique, de folklore bigarré et de rencontres improbables.
Ils sont presque tous là : Fritz et
Stephen, les savants fous du bonbon à la menthe Mentos mélangé
au Coca, qui donne des explosions
spectaculaires. Gary Brolsma, le
petit gros qui fit se fendre la poire
à des milliers de cliqueurs avec un
play-back de la chanson Dragostea
Din Tei, du groupe moldave
O-Zone. Et même le Dramatic
Gopher, ce rongeur inutile à l’œil
torve.
C’est Matthew Cullen, cofondateur du studio Motion Theory et
réalisateur entre autres des clips
Animal, du groupe américain
REM, et Girl, du chanteur de pop
Beck, qui les a conviés. Un touche-à-tout à l’imagination débordante, que le magazine américain
Rolling Stone a récemment placé
dans sa « hot list » des créateurs
de films les plus en vue.
A l’origine, les mèmes désignent
des « éléments d’une culture pouvant être transmis par des moyens
non génétiques, en particulier par
l’imitation ». Le terme a été créé
en 1976 par Richard Dworkins,
dans son livre Le Gène égoïste.
Dworkins était persuadé que les
cultures évoluaient comme les
êtres vivants, par variations et
sélection naturelle.
Ces figures forment la sève d’une
nouvelle pop culture, branchée sur
l’intime et le do it yourself, et dont
le Web accélère les mutations
génétiques. La vidéo de Weezer a
déjà été vue plus de cinq millions
de fois, signe de l’engouement
d’une communauté pour ces icônes qui la distinguent et participent de sa formation. Mais paradoxalement, Weezer tue ainsi dans
l’œuf ce qui reste de l’antique espèce, et qui constitue encore le produit principal du groupe californien : son disque, attendu pour le
16 juin. a
Cinéma
Deuxième séance pour le
film d’horreur « Martyrs »
Monde du 11 juin), suscitant de
vives réactions dans les milieux
du cinéma.
Le réalisateur a été reçu, lundi
9 juin, au ministère de la culture
« pour présenter ses arguments et
notamment la démarche artistique à l’origine de ses choix », a
indiqué le ministère dans un
communiqué. La sortie du film
était prévue au départ le 18 juin
mais son distributeur, Wild
Bunch, a préféré la différer. –
(AFP.)
Après avoir rencontré Pascal
Laugier le réalisateur du film
d’horreur Martyrs, la ministre
de la culture, Christine Albanel,
a demandé mercredi 11 juin « un
nouvel examen » de ce film à la
commission de classification des
œuvres cinématographiques. Le
29 mai, celle-ci avait rendu un
premier avis préconisant son
interdiction aux mineurs (Le
Aude Lorriaux
FIGURATION
NARRATIVE
PARIS, 1960-1972
Culture
20
0123
Vendredi 13 juin 2008
A Naples, le théâtre après les ordures
Un nouveau festival international anime une ville en dépression, envahie par les déchets
Théâtre
Naples
Envoyée spéciale
A
près cinq mois de crise
des ordures qui ont vu
Naples baigner dans
une mer de déchets
ménagers, il n’y a pratiquement plus de sacs poubelles
dans les rues de la ville, du moins
pas plus qu’en temps normal. Les
camions bennes sillonnent la ville
en permanence, histoire sans doute de rassurer les passants.
Cela rassure aussi Renato Quaglia, qui après avoir été pendant
neuf ans responsable des arts de
la scène de la Biennale de Venise,
a été nommé pour trois ans directeur artistique du Napoli Teatro
Festival Italia dont la première édition a débuté le 6 juin (jusqu’au
29 juin). « Monter le festival dans
ces conditions a été très difficile ditil, d’autant plus qu’ici tout est compliqué. »
Après cela, même les trombes
d’eau qui se sont déversées sur la
ville le premier soir, obligeant à
annuler la représentation des
Troyennes, par la Compagnia Teatrale Europea de la ville de
Naples, prévue en plein air, et à la
reporter au lendemain dans un
théâtre couvert, n’ont pas réussi à
le décourager.
Il faut dire que le problème du
ramassage des ordures ménagères, en plus de risquer de faire fuir
les spectateurs, était d’autant plus
préoccupant que le festival a mis
la protection de l’environnement
au premier plan, allant jusqu’à faire poser des installations photovoltaïques sur les toits de la ville et
de celle, proche, de Caserte pour
« Storm/o », de Giulana Lo Porto, quinze minutes magiques entre danse et poésie, théâtre et musique. LUCIANO ROMANO
assurer sa consommation électrique. Le ridicule n’était pas loin…
« Naples est la plus théâtrale des
villes italiennes ! », s’exclame
M. Quaglia. C’est là qu’est né au
XVIIe siècle, Pulcinella (littéralement, « bec de poulet »), Polichinelle, comme le rappellent toutes
les boutiques de souvenirs et avec
lui, la comedia dell’arte.
Mais ce n’est pas uniquement
par tradition que la ville a été désignée sur concours parmi vingt
autres pour devenir le siège de ce
nouveau festival international de
théâtre, c’est aussi parce qu’il y
existe près de cent cinquante salles (consacrées toutefois au théâtre de boulevard, « de télévision »)
et parce que c’est « une ville d’artistes », ajoute M. Quaglia.
Mélanger langues et cultures
Les raisons politiques sont difficiles à cerner : la décision a été prise sous le gouvernement de Romano Prodi mais son lancement se
fait avec Silvio Berlusconi, et personne ne tient à commenter. Bien
sûr, on espère des retombées éco-
nomiques, mais il s’agit aussi de
sortir la ville de son isolement et,
comme le dit le directeur artistique, « de cesser de se regarder les
pieds ».
M. Quaglia fait une distinction
entre la pauvreté, « quand on n’arrive pas à boucler ses fins de mois »,
et la paupérisation, « quand on
n’arrive pas à boucler ses fins de
mois et qu’on n’a pas d’espoir que
cela s’arrange ». Pour lui, la pauvreté et la criminalité ont conduit
les Napolitains à la « dépression ». Il est urgent de les en sortir
et le festival, espère-t-il, peut
jouer un rôle positif. « C’est une
ville où se côtoient depuis toujours
une noblesse très riche et le peuple.
Mais la bourgeoisie naissante, c’est
la Camorra », la mafia napolitaine.
Les prix des spectacles sont
donc très abordables. Avec un
budget assez raisonnable : cinq
millions d’euros pour trois semaines de spectacles. Un million est
consacré à la partie technique, un
autre à la communication et les
trois millions restant à la partie
artistique. L’Etat a investi deux
millions, la région de Campanie,
trois millions. Et la ville ? « Niente, rien. »
La programmation, qui a évité
les grands noms « que l’on voit
partout », a misé sur l’originalité
comme les quinze minutes bellissimas de Storm/o, de Giuliana Lo
Porto, les créations comme Another Sleepy Dusty Delta Day, de Jan
Fabre, que l’on verra à Avignon,
en juillet ou Lo Vommaro a duello,
du maestro Roberto De Simone,
et également des commandes
(L’Inseguitore, de Tiziano Scarpa,
Alberi adagiati sulla luce, du poète
libanais Adonis ou encore ChieChan e Io, de l’écrivaine japonaise
Banana Yoshimoto, adapté par
Giorgio Amitrano.)
Mélanges des langues et des
cultures pour Les Troyennes, en
quatre langues (français, italien,
portugais et espagnol), qui manifeste la naissance d’une troupe
européenne, mais aussi Médée, de
Max Rouquette, dans la mise en
scène de Jean-Louis Martinelli
(que l’on avait pu voir en 2003
aux Amandiers, à Nanterre) avec
une troupe du Burkina Fasso (en
français et en bambara) et Peine
d’amour perdue, de Shakespeare
(du 20 au 22 juin), dans la mise en
scène d’Emmanuel DemarcyMota, le nouveau directeur du
Théâtre de la Ville, à Paris, en français et en portugais. En tout, deux
cents représentations réparties
sur trente lieux, neuf langues et
quelque deux cents artistes. a
Martine Silber
Festival de théâtre de Naples. Via
Depretis, 130. Tél. : +39-081- 413-904.
De 5 ¤ à 15 ¤.
www. napoliteatrofestival. it
Sir Colin Davis, prophète de Berlioz Les hommes pantins d’un magicien
A Saint-Denis, le chef d’orchestre britannique dirige le « Requiem » de la scène nommé Philippe Genty
Musique
U
n ciel de printemps légèrement nostalgique, un groupe de jeunes filles blacks
dansant aux accents d’une fanfare à la Kusturica : rien, sur le parvis de la basilique Saint-Denis,
pour annoncer la terrible leçon de
vie que va nous administrer la
Grande Messe des morts de Berlioz
(1803-1869) sous la baguette de
Sir Colin Davis. Berliozien de la
première heure (c’est en écoutant
Berlioz qu’il décida enfant qu’il
serait chef d’orchestre), le chef britannique s’est fait prophète du
compositeur, au disque comme
dans les salles de concert.
Ce soir, il est le berliozien de
l’heure dernière et c’est en messie
qu’il dirige le Requiem dont le compositeur écrivait à son ami Humbert Ferrand le 11 janvier 1867 :
« Si j’étais menacé de voir brûler
mon œuvre entière, c’est pour la Mes-
se des morts que je demanderais
grâce ».
Terminé trente ans plus tôt, le
Requiem fut d’abord exécuté le
5 décembre 1837 à la mémoire du
maréchal Edouard Mortier, avant
de célébrer la prise de Constantine, où le général Charles Denys,
comte de Damrémont, avait trouvé la mort. Alfred de Vigny, qui
l’entendit en l’église Saint-Louis
des Invalides, parlera d’une musique « belle et bizarre, sauvage,
convulsive et douloureuse ».
Mais aussi démiurgique et frappée de gigantisme : les cinq cents
musiciens voulus par Berlioz (en
cela héritier des grandes célébrations révolutionnaires et des fastes
impériaux) furent réduits à 450
avant de se stabiliser autour de
400 exécutants.
Une musique dont les effets
cathartiques avaient été soigneusement pensés par le compositeur,
qui avait disposé aux quatre
angles de l’édifice une quadriphonie de petits orchestres de cuivres,
de manière à frapper davantage au
moment du fameux « Dies Irae »
annonçant la fin du monde et le
Jugement dernier.
C’est ainsi que Colin Davis a
déchaîné les peurs et les pleurs, les
suppliques et les prières. Le ténor
belge Marc Laho (un joli timbre)
remplaçait le jeune Sébastien Guèze, dans l’angélique « Sanctus ».
Une seule voix pour les Chœurs de
l’Académie Sainte-Cécile de Rome
et ceux de Radio France, tandis
que l’Orchestre national de France
témoignait de sa complicité avec le
chef d’orchestre britannique. a
Marie-Aude Roux
Festival de Saint-Denis. « Requiem » de
Berlioz. Sir Colin Davis (dir.). Basilique
Saint-Denis, 1, rue de la Légion-d’Honneur,
Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Le 11 juin.
Concert redonné le 13 juin à 20 h 30. Tél. :
01-48-13-06-07. De 26 ¤ à 65 ¤.
CHAISE
du 14 au 27 juin 2008
nouvelle distribution
LÉNA BRÉBAN,
PIERRE-FÉLIX GRAVIÈRE,
DOMINIQUE VALADIÉ,
ABBÈS ZAHMANI
texte
EDWARD BOND
mise en scène
ALAIN FRANÇON
12 REPRÉSENTATIONS EXCEPTIONNELLES
THÉÂTRE NATIONAL DE LA COLLINE 15, RUE MALTE-BRUN 72020 PARIS 01 44 62 52 52
WWW.COLLINE.FR
La pièce « Boliloc », un enchantement au Théâtre du Rond-Point
Théâtre
U
n magicien enchante le
Théâtre du Rond-Point, à
Paris, depuis le 27 mai. Un
magicien de théâtre, à la fois maître de marionnettes, chorégraphe, inventeur d’images rêveuses
et poétiques qui, depuis trente
ans, font le tour du monde. A
70 ans, Philippe Genty signe,
avec sa vieille complice, Mary
Underwood, un de ses plus beaux
spectacles : Boliloc, soliloque burlesque pour une jeune femme lancée dans un vertigineux voyage
intérieur. Une fantaisie où se
déploie avec une maîtrise tranquille toute la liberté des arts de la
scène, qui met le public du RondPoint, tous âges confondus, dans
un état de bonheur avancé.
Qu’a-t-elle en réserve dans ses
boîtes bleues empilées en tous
sens, la jeune femme avec qui tout
commence ? Ses monstres intérieurs, peut-être, djinns-dibbouks à
tête humaine, au corps élastique,
disparaissant-réapparaissant à
leur gré. Comment faire pour
vivre avec ? Comment les extraire
du refuge interne où ils se sont
tapis ? A quel savant – fou, évidemment – se vouer pour effectuer l’opération, mener l’exploration jusqu’aux « souvenirs interdits » cachés dans les replis de
l’âme ?
Tout est matière à métamorphoses, dans l’espace scénique
découpé par les superbes lumières de Baptiste Bussy. A l’issue
d’une drolissime scène d’opération sur laquelle veille un étrange
robot-transfuseur, l’espace intérieur, corps et âme, de l’héroïne,
devient comme par enchante-
ment cosmos habité de lunes à la
Méliès : c’est proprement magique.
Ce sont les lois de l’inconscient
qui gouvernent ce théâtre imprégné de surréalisme et lui dictent
ses images somptueuses, fertiles :
vaste cocon-chrysalide translucide enfantant d’un monstre rouge
comme le diable, doté, telle une
pieuvre, de multiples membres.
Voyage à la 2001 : l’Odyssée de l’espace dans un paysage fœtal de
membranes diaphanes, avec
chambres secrètes et corridors
dérobés.
Le corps dans tous ses états
Qu’est-ce qui est vrai, qu’est-ce
qui est faux dans cette fantasmagorie où tout se recompose sans cesse ? Qui est la marionnette, qui
l’être vivant ? Les techniques de
manipulation de Philippe Genty
sont si savantes, sa science de l’illusion si fine, que le trouble s’installe
en permanence : homme-pantin,
homme-machine, homme-robot…
Intérieur-extérieur, jeu entre l’infiniment petit et l’infiniment grand,
entre les Lilliputiens et les géants,
changements d’échelle, mécani-
que des fluides et des corps…
Il est vraiment dans tous ses
états, le corps vu par Philippe Genty. Et ses trois comédiens-danseurs-acrobates, Alice Osborne,
Scott Koehler et surtout l’extraordinaire Christian Hecq, souple
comme du caoutchouc, explorent,
avec un plaisir de jeu communicatif, toutes les déclinaisons de l’acteur-marionnette.
Dommage, juste, que la toute
fin du spectacle s’achemine vers
quelque chose de plus mièvre, malgré, là encore, la beauté de cette
image de prairie duveteuse où se
perdent de petits êtres de bois et de
chiffon. Perdus dans le grand monde comme à l’intérieur d’euxmêmes. a
Fabienne Darge
« Boliloc », par Philippe Genty et Mary
Underwood. Avec Christian Hecq, Scott
Koehler et Alice Osborne. Théâtre du
Rond-Point, 2 bis, av. Franklin-D.-Roosevelt, Paris-8e. Mo Franklin-D.-Roosevelt.
Du mardi au samedi à 20 h 30, dimanche à 15 heures, jusqu’au 6 juillet. De
14 ¤ à 33 ¤. Durée : 1 h 30.Tél. :
01-44-95-98-21. www.theatredurondpoint.fr
Du 22 mai au 4 juillet 2008
gouaches
BRAME LORENCEAU
PARIS
68, bd Malesherbes - 75008 Paris
Tel. : 33 1 45 22 16 89 - Internet : www.gbl.fr
0123
Vendredi 13 juin 2008
Carolyn Carlson
fédère l’Europe
de la danse à
la Cartoucherie
Danse
C
’est une première ! Depuis le
4 juin, les cinq théâtres de
La Cartoucherie, à Paris, se
mobilisent pour la danse contemporaine à travers la troisième édition du festival June Events initié
en 2004 et dirigé par la chorégraphe Carolyn Carlson. Entre le
Théâtre de l’Aquarium, celui du
Soleil et de la Tempête, vingt-cinq
chorégraphes européens composent un menu différent chaque
soir – entre petites formes façon
apéro chorégraphique et plats de
résistance plus consistants – jusqu’au 20 juin.
Cette façon de se serrer les coudes fait plaisir dans le contexte de
frilosité affective et économique
actuelle. Que des metteurs en scène comme Ariane Mnouchkine ou
Julie Brochen, qui a par ailleurs
participé à une soirée d’improvisation avec Carolyn Carlson le 7 juin,
se fédèrent autour de jeunes chorégraphes n’est pas une mince affaire. Il a fallu toute la conviction de
Carolyn Carlson, qui a planté son
Atelier de Paris (centre de formation pour danseurs professionnels) à la Cartoucherie depuis
1999, pour que l’opération prenne
cette ampleur.
Au Théâtre du Chaudron, le
chorégraphe finlandais Juha Marsalo dansait Parfum, le 7 juin, avec
sa complice Sara Orselli. Sur des
musiques indiennes et chinoises,
ce duo entre une créature à tête en
papier gaufré et une jeune femme
accro à son vaporisateur de parfum ouvrait des pistes esthétiques
subtiles sans affirmer tout à fait
son propos. Traiter de la légèreté,
de l’apesanteur, de la diffusion du
mouvement, pourquoi pas, à
condition de ne pas s’évanouir
dans l’espace.
Fable insolite
Plutôt porté sur des pièces massives et musclées qui roulent au
sol et crient leur malaise, Juha
Marsalo tentait de révéler sa face
cachée à travers la mise en scène
d’un fantasme asiatique. Large
éventail qui chasse le parfum, berceuses aigrelettes, jeu de pliage et
dépliage de papier, les ingrédients d’une petite fable insolite
sont là, mais la recette manque de
tonus.
Juha Marsalo, en résidence à
l’Atelier de Paris depuis 2004, fait
partie de cette jeune garde finlandaise que Carolyn Carlson, Californienne et d’origine finlandaise,
soutient depuis la création de la
manifestation. Dans le cadre de
l’opération « 100 % Finlande »,
qui programme des artistes, designers, circassiens, auteurs de BD
dans toute la France, elle accueille
huit jeunes chorégraphes finlandais pendant trois jours. « J’ai mis
en scène mes meilleurs spectacles,
les plus fous, les plus étranges, lorsque j’étais directrice du City Theatre d’Helsinki (1991-1992), glisse
Carolyn Carlson, par ailleurs à la
tête du Centre chorégraphique de
Roubaix - Nord - Pas-de-Calais
depuis 2004. J’aime l’absurdité des
habitants de ce pays, dont je me sens
très proche. »
Du 13 au 15 juin, le Tout-Helsinki de la danse contemporaine sera
à La Cartoucherie. Entre des films
de danse, des dégustations de spécialités, du shopping tradition et
design, on pourra se glisser dans
les volutes de Susanna Leinonen,
recevoir un uppercut de la jeune
et nerveuse Eeva Muilu ou savourer tout simplement l’élégance
physique de Tommi Kitti. Une
bonne introduction à la singularité finlandaise entre lâcher-tout
sans parapet et retenue vissée. a
Rosita Boisseau
June Events. Danse à La Cartoucherie,
route du Champ-de-Manœuvre,
Paris-12e. Jusqu’au 20 juin.
Du 13 au 15 juin, programme finlandais.
Tél. : 01-41-74-17-07. De 10 ¤ à 20 ¤.
Culture
21
SélectionDVD
La glorification du mensonge par
Fritz Lang, cinéaste des apparences
« Les Bourreaux meurent aussi » et « La Rue rouge », deux films qui érigent le faux en vérité
E
n 1942, Heydrich, représentant du Reich à Prague et surnommé « le
Bourreau », est assassiné. L’événement donne
à Fritz Lang (1890-1976) l’idée de
faire un film sur la résistance tchèque. Il concocte un scénario avec
Bertolt Brecht qu’il a décidé d’aider
à survivre aux Etats-Unis. Ainsi
naît Les bourreaux meurent aussi
(1943), dont Bernard Eisenschitz
relate longuement l’élaboration
dans le bonus du film, réédité dans
sa version intégrale de 2 h 15. Les
démêlés de Brecht avec le scénariste John Wexley qui s’adjugea la
paternité du scénario. Les désaccords entre Brecht et Lang, mais
aussi leur détermination commune
à raconter cette histoire d’une ville
liguée contre la Gestapo, jouant
une comédie pour sauver le tueur
du monstre nazi des griffes répressives et la vie des otages.
L’idée des deux créateurs allemands était d’exalter la force du
peuple contre les tyrans. Déterminé à servir la cause antinazie, Fritz
Lang signe aussi Chasse à l’homme,
récit de la cavale d’un Anglais traqué par les SS et décidé à tuer Hitler. Comme Lubitsch dans To Be Or
Not To Be, ou Chaplin dans Le Dictateur, il use des faux-semblants du
théâtre dans Les bourreaux meurent
aussi, tragédie épique qui ose
mener plusieurs intrigues de
concert (l’enquête policière pour
retrouver l’assassin, la manière
dont ce dernier file entre les doigts
des occupants, les affres psychologiques de Masha, la jeune femme qui
lui vient en aide, le destin de Czaka
l’opportuniste).
Il s’avère que c’est en jouant la
comédie que les Tchèques vont gruger les nazis, dépeints ici comme
des guignols cabotins, pantins
expressionnistes. Chacun use d’un
masque et accumule les faux témoi-
Agnès Varda
Jacquot de Nantes
Malade, Jacques Demy peignait
et écrivait, quand Agnès Varda se
mit à faire un film évoquant
l’enfance de son compagnon à
Nantes, sur sa demande. Cette
lettre d’amour retrace l’éclosion
d’une vocation. Agnès Varda y
relève de front trois défis : filmer
les jeunes années de Demy en
noir et blanc, dans le ton des
films français des années
1930-1940 ; montrer le décalage
entre les scènes qu’il avait vécues
et ce qu’il en avait fait au
cinéma ; et montrer Demy au
plus près, et son souci d’être
« avec le temps ». Demy mourut
en 1990, dix jours après la fin du
tournage. Le DVD est
accompagné d’un livret et de
films souvenirs, témoignages,
récit du tournage, ainsi que du
Sabotier du Val de Loire, de
Demy, et d’une interview de trois
hommes de cinéma qui
bricolèrent eux aussi de la
pellicule lorsqu’ils étaient
gamins (Patrice Leconte, Melvil
Poupaud et Jean-Noël Félix). a
J.-L. D.
1 DVD Ciné Tamaris.
Danielle Arbid
Dans les champs
de bataille
Un homme perdu
Les films de Danielle Arbid
portent en eux la trace de son
histoire, celle d’une jeune femme
qui a grandi au Liban pendant la
guerre civile. Ses deux premiers
films sont deux portraits
d’individus dans la tourmente.
Sur fond de violence hors champ
et de sensualité, le premier, Dans
les champs de bataille, retrace le
quotidien d’une pré-adolescente
que la guerre fait passer trop vite
à l’âge adulte. Un homme perdu
invente la rencontre entre un
personnage inspiré du
photographe Antoine D’Agata et
un ancien combattant de la
guerre du Liban désireux
d’effacer son passé. Ponctué de
scènes de sexe, ce road movie en
terres proche-orientales se perd
dans les chemins de l’oubli pour
que ses personnages puissent
envisager le présent en hommes
libres. Préfacés par le critique
Philippe Azoury, les films sont
accompagnés d’entretiens avec
Danielle Arbid et de son
court-métrage, Nous. a
I. R.
2 DVD MK2 édition.
gnages : l’assassin se fait passer
pour un architecte amoureux,
Masha mime une liaison sentimentale, son père – pris en otage –
cache qu’il écoute la radio des résistants, Czaka joue double jeu,
mi-résistant mi-collabo. La lutte
contre le nazisme passe par le spectacle, la manipulation, les subterfuges. Les Tchèques bernent les Allemands sur leur propre terrain :
celui de la mise en scène. Cette glorification du mensonge est ce qui fut
reproché à Lang par le bureau de
censure, qui jugea le film immoral !
On retrouve ce thème de la dissimulation dans l’autre film sorti par
les éditions Carlotta : La Rue rouge
(1945). Il s’agit de l’adaptation d’un
roman déjà transposé à l’écran par
Jean Renoir dans La Chienne. L’his-
toire d’un peintre amateur subjugué par une femme qui le manipule, s’adjuge la paternité de ses toiles, et qu’il tue, condamné à vie par
ses remords. Là encore, mais cette
fois pour montrer un homme victime de ses pulsions (sexuelle et artistique), Fritz Lang orchestre un
cycle d’aveuglements et de travestissements de la vérité. Tout le monde ment, jusqu’à prendre ses propres désirs pour la réalité. Le vrai
passe pour le faux, seuls les mensonges sont écoutés. Otage de ses
fantasmes, le héros succombe à un
jeu de dupes. a
Jean-Luc Douin
Les bourreaux meurent aussi, 1 coffret, 2 DVD, Carlotta. La Rue rouge,
1 DVD, Carlotta.
Leschoix
du«Monde»
Musique
Nordeste do Brasil
BOBIGNY. La MC 93 de Bobigny
consacre un week-end à la musique
du Nordeste brésilien et en particulier la scène très active de Recife,
capitale du Pernambouc. A la programmation, Rémy Kolpa Kopoul
de Radio Nova. De quoi découvrir
en scène des artistes comme Spok
Frevo Orquestra, Silverio Pessoa,
Orquestra do Fuba et DJ Dolores.
MC 93, 1, boulevard Lénine, Bobigny. Tél. : 01-41-60-72-72. Les 13 et
14 juin, à 19 h 30. De 9 ¤ à 15 ¤.
Théâtre
Lettre à mon juge
PARIS. La pièce Lettre à mon juge
adaptée du roman de Simenon par
et avec Robert Benoit au Théâtre
du Lucernaire, originellement prévue jusqu’au 7 juin, a été prolongée
jusqu’au samedi 30 août.
Théâtre du Lucernaire, 53, rue
Notre-Dame-des-Champs, Paris-6e.
Mo Notre-Dame-des-Champs. Tél. :
01-45-44-57-34. Du mardi au samedi, à 21 heures. De 10 ¤ à 30 ¤.
Redécouvrez
L’HISTOIRE DE FRANCE
EN BANDES DESSINÉES
S
D S UCCÈ
LE GRAN OUSSE
DE L AR É !
RÉÉDIT
2 000 ans d'histoire
en 16 volumes édition collector
Dès le 14 juin,
le volume 2,
de
Clovis
aux
Vikings
22
&vous
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Roues libres
Santé&forme
A table
A la maison
En voyage
0123
Vendredi 13 juin 2008
Les grandes stars
du petit électroménager
Machines à café, à bière, à confiture, sèche-cheveux, yaourtières :
le marché français a progressé de 9 % en un an
I
l se passe toujours quelque
chose au rayon du petit électroménager. Une année, ce
sont les machines à café
expresso qui se hissent au
rang de stars, envahissant les cuisines et les écrans de télévision.
Une autre, ce sont les machines à
pain qui explosent. Régulièrement, les aspirateurs, tour à tour
avec ou sans sac, « compacts »,
« silencieux » ou même « intelligents » créent l’événement.
Aujourd’hui, ce sont les yaourtières qui font leur grand retour, et
les appareils à confiture qui réapparaissent. Les machines à fabriquer de la bière font une entrée fulgurante (avec plus de 70 000 piè-
ces vendues en un an). Les robotscafé – ces machines qui moulent
les grains, avec bruit et odeur
garantis, pour un café de « pro »,
pourraient détrôner les machines
à café expresso. Pour demain, les
espoirs des industriels se portent
vers les appareils pour la beauté et
l’hygiène mais aussi vers le petit
équipement médical (comme les
tensiomètres).
Bref, le secteur du petit électroménager n’en finit pas de faire
parler de lui. Les Français, qui
aiment de plus en plus passer du
temps chez eux et fabriquer euxmêmes leur pain, soupe et autre
jus de fruit, équipent leur cuisine.
Ils possèdent en moyenne
14 appareils par foyer. En un an
(d’avril 2007 à avril 2008),
2,150 milliards d’euros ont été
dépensés pour le petit électroménager. Soit une progression de
plus 9 % du chiffre d’affaires.
Le secteur se divise en quatre
grands secteurs : entretien des
sols et du linge, beauté et hygiène, préparation culinaire et cuisson, préparation des boissons.
Cela représente une multitude de
produits, qui vont du pèse-personne au robot ménager, en passant
par la brosse à dents électrique, le
grille-pain, le sèche-cheveux, etc.
Cette diversité est une chance
que les fabricants savent saisir, à
condition de se mettre à l’écoute
des attentes du consommateur.
Clé de voûte du dynamisme de ce
secteur depuis plusieurs années,
l’innovation s’attache à satisfaire
au plus près cette demande.
« Aujourd’hui, elle porte principalement sur le confort d’utilisation, précise Vincent Bougeard, directeur
marketing de DeLonghi et
Kenwood. Face à la surenchère des
produits technologiques qui envahissent la maison et le quotidien (ordinateur, téléphones portables, lecteurs DVD…), le consommateur
attend du petit électroménager des
produits solides et simples. » La
recherche porte sur la technologie
mais aussi sur le design. « Le client
souhaite une ergonomie simplifiée,
Mixeur
Kenwood
KMX55. DR
gressé
de 12 %.
Le petit électroménager est un marché qui fonctionne essentielleafin qu’au premier coup d’œil il puis- ment sur le bouche-à-oreille, car,
explique André Dot, directeur marse comprendre son appareil. »
Depuis que la cuisine est deve- keting du groupe Seb France, « ce
nue une pièce que l’on ne cache sont, pour beaucoup, des appareils
plus, les appareils qui s’y trouvent qu’on utilise avec et pour les autres.
doivent être beaux et correspondre Le café, les frites, le pain se consomaux nouvelles tendances de la déco- ment en famille et entre amis ». Et
ration. Ces dernières années, le d’ajouter : « Du même coup, dans
certains cas, ils finissent
marché est porté par
par devenir un attribut
deux désirs forts du
Dans certains cas,
du statut social. Cela
consommateur : celui
les engins finissent s’est vérifié avec les
d’avoir chez lui des appapar devenir
machines à café expresso,
reils comparables à
un attribut
et se voit aujourd’hui
ceux des professionnels,
du statut social.
avec les machines à bièmais aussi des machiCela s’est vérifié
re. »
nes qui permettent de
avec les machines
Beau, solide, efficace
manger plus frais et
à café expresso
et pratique : le petit
plus sain. Autrefois marélectroménager doit
ché de niche, les « kitchen machines » (ces robots à bol être à la hauteur de ces attentes.
ouvert utilisés pour la pâtisserie, et « On observe dans ce secteur le phéqui, avec un accessoire, peuvent nomène de l’effet sablier qui se
hacher la viande) enregistrent une retrouve ailleurs, notamment dans
l’habillement, souligne Vincent
progression de 46 % en un an.
Quant à la friteuse sans huile de Bougeard. C’est-à-dire un fort
Seb, en dépit de son prix élevé développement dans le haut de gam(200 euros), les ventes ont explosé me et dans les premiers prix. Entre
(plus 28 % en un an), au point de les deux, point de salut. On recherreprésenter plus du tiers du marché che soit le top, soit le meilleur rapglobal de la friteuse en France. La port qualité/ prix. » a
même année, les mixeurs ont proVéronique Cauhapé
Jardins & jardinières
Attention, danger !
Alain Lompech
I
l fait chaud, enfin, parfois ! Et
les roses vont pouvoir s’épanouir davantage sans craindre
de pourrir en boutons. Certaines
variétés anciennes bien doubles
sont sensibles à la pluie, qui fait se
coller les uns aux autres les pétales
extérieurs. Si l’on s’y prend à
temps, on peut réussir à contrarier
cette évolution, mais bien souvent,
à peine épanouie, la rose perd alors
ses pétales, qui s’éparpillent au sol.
Ce que l’on peut en revanche
réellement prévenir, c’est la chute
des grandes vivaces qui tiennent
mal et s’effondrent vite fait quand
il fait orage, voire quand il pleut.
Et toujours en pleine floraison.
Les delphiniums sont particulièrement fragiles, et comme ils sont
hauts, voire très hauts, quand ils
poussent bien, ils doivent être
tuteurés tôt. Et de façon discrète,
ce qui n’est pas du tout évident.
En fait, il faut jouer avec le temps
et ne se résoudre à les attacher à
de fins piquets que le plus tard possible, de façon que le jardin ne soit
pas hérissé de tiges disgracieuses.
Quel dommage que les variétés
naines soient si étranges, difformes, sans élégance.
L’aconit, qui ressemble tant au
delphinium (dans sa variété naine), est, ce que beaucoup de jardiniers ignorent, l’un des poisons
les plus redoutables – le plus toxique de notre flore. L’Aconit napel,
que l’on appelle aussi casque de
Jupiter, est bleu très foncé, violet
ou rose. C’est une splendeur, qui
résiste à tout et vit très longtemps.
Son feuillage est vert vif, quand
celui du delphinium est vert glauque. Ses tiges sont dressées et solides et ses fleurs réparties le long
de cette tige. Il en existe d’autres
dans la nature, comme l’aconit tueloup, aux fleurs jaunes.
On trouve cette plante dans les
lieux humides mais aérés, jusque
haut en altitude, mais aussi en plaine, en Normandie. L’aconit est
souvent planté dans les vieux jardins et est très fréquemment vendu dans les jardineries. Il fleurit
l’été. Mais attention, deux grammes de racines suffisent à envoyer
un homme au cimetière.
Ce n’est pas la seule plante qui
soit toxique au point d’être mortelle : l’if, le laurier-rose, le daphné
dit bois-joli, le bonnet-d’évêque,
les narcisses le sont aussi. Mieux
vaut, en fait, se dire, si l’on n’est
pas un herboriste confirmé, que
les plantes ornementales sont faites pour être mangées des yeux,
mais ni mâchonnées ni utilisées
pour faire des tisanes.
Le jardin ne manque pas de
dangers : la rallonge électrique de
la tondeuse qui baigne dans l’eau,
le râteau au sol… dont l’effet n’est
drôle que dans les films muets, la
tondeuse bidouillée pour tourner
sans que la poignée soit maintenue, les cailloux dans l’herbe, etc.
Il faut donc faire attention,
mais il y a une chose dont il faut
absolument se prémunir, c’est le
tétanos, maladie très dangereuse,
et même mortelle. Aussi il faut
impérativement se faire vacciner
ou faire effectuer son rappel. La
moindre blessure, la moindre
épine de rosier peut être la porte
d’entrée du tétanos… a
&vous
0123
Vendredi 13 juin 2008
23
Le BHV distribue l’œuvre
d’Erro aux Parisiens
La fresque d’Erro, de 30 mètres de large sur 6 mètres de haut, qui
parade depuis fin mai sur la façade du BHV, va être découpée en
carrés de 45 × 45 cm… puis distribuée aux Parisiens le mercredi
18 juin, de 16 heures à 20 heures. Chaque morceau de la fresque,
inspirée des bandes dessinées et du pop art, sera accompagné
d’une reproduction de l’œuvre, numérotée et signée par l’artiste
islandais, de quoi créer une émeute dans la petite rue de la Verrerie, où aura lieu l’événement. Alors qu’il participe à l’exposition du
Grand Palais « La Figuration narrative » (jusqu’au 13 juillet), Gudmundur Gudmundsson, dit Erro, 76 ans, n’a pas hésité à réaliser
une œuvre exclusive pour l’enseigne de bricolage : « Dès mon arrivée à Paris, en 1958, c’est là que j’achetais tout mon matériel pour la
peinture », a confié l’artiste, ravi. a V. L. PHOTO : DR
Aujourd’hui
Globe-trotteurs au volant :
appel à la prudence
conduite en Inde s’apparente à un
jeu vidéo dans lequel tout peut
arriver », il aurait mieux valu
déconseiller formellement d’y
prendre le volant. Parmi les
82 pays répertoriés, on apprend
que le taux d’accidents est élevé
en Afrique du Sud, par manque
d’expérience des conducteurs, et
qu’un rapatriement sanitaire est
fortement recommandé ! Que la
route de La Paz aux Yungas, en
Bolivie, considérée comme « la
plus dangereuse du monde », est
« entourée d’un décor merveilleux », et ainsi de suite.
Avis de danger aux casse-cou
de tout poil. a Fl. E.
En 2007, l’association, créée en 1960, a répondu à 2 000 appels téléphoniques par jour
E
voquer SOS-Amitié, c’est
réveiller immanquablement
le souvenir d’une scène ou
d’une réplique du film Le Père Noël
est une ordure. La réalité est loin
d’être aussi joyeuse, même si les
bénévoles qui donnent de leur
temps et de leur énergie à cette
association d’écoute et de prévention du suicide sont loin d’être
dépourvus d’humour et de recul.
Mieux vaut, d’ailleurs, être doté de
ces deux qualités pour faire face
aux situations douloureuses, qui
sont plutôt en augmentation.
CE WEEK-END
En 2007, SOS-Amitié a reçu
724 000 appels téléphoniques
(soit 2 000 par jour) contre
600 000 en 2000. Soit, une hausse
de 20 % en sept ans.
Résultat : l’association créée en
1960, reconnue d’utilité publique
en 1967, serait presque en passe de
lancer son propre SOS. « Aujourd’hui, pour être présents 24 heures
sur 24 et 7 jours sur 7 sur nos cinquante centres d’écoute en France, il
faudrait avoir 2 050 écoutants. Or
nous n’en avons que 1 800 environ », explique Rémi Rousseau,
administrateur fédéral de SOSAmitié France.
L’association peine aujourd’hui
à recruter des volontaires. « Les
écoutants ont du mal à s’engager
autant qu’on le souhaiterait, continue M. Rousseau, à savoir une disponibilité de 20 heures par mois,
incluant une nuit entière. » En
outre, la bonne volonté ne suffit
pas. Il faut aussi passer toutes les
étapes auxquelles SOS-Amitié soumet chacun des postulants : entretien avec un psychiatre, 30 à
60 heures (étalées sur douze
semaines environ) de découverte
de l’association et d’information
sur les différents troubles mentaux, puis formation en situation
auprès d’un écoutant confirmé.
A l’issue de ce parcours, c’est à
peine une personne sur dix qui
sera retenue. La sélection est rude,
mais indispensable, car les souffrances qui s’expriment sont lourdes, notamment celles liées aux
problèmes matériels comme le
logement, le chômage ou la précarité (en hausse de 33 % par rapport à
2002).
Premier motif depuis toujours,
le sentiment de solitude augmente
aussi, et représente aujourd’hui
Les écoutants de SOS-Amitié
23 % des interventions. Il y a aussi
la forte progression des appels en sont essentiellement des femmes,
provenance de personnes atteintes âgées en moyenne de 60 ans. Un
de maladies mentales (plus 50 % profil lié, en grande partie, à la dispar rapport à 2002). Faire face à ponibilité exigée et à l’expérience
des cas de dépression grave, de de la vie nécessaire pour ce rôle.
schizophrénie, de paranoïa pose « Nous aimerions avoir plus d’homproblème à certains écoutants qui mes, car leur écoute est extrêmement
estiment « ne pas être faits pour intéressante et apporte autre choça ». Difficile en effet de s’improvi- se », remarque M. Rousseau. Cerser sur ces pathologies qui exigent tains bénévoles restent des années
une prise en charge et un suivi que à SOS-Amitié (vingt ans parfois)
mais ce n’est pas ce qui est souhaila société n’assure pas.
« Les écoutants sont de plus en té à l’association. « Deux années
plus souvent confrontés à des expé- seraient une bonne moyenne », estiriences traumatisantes et à des me M. Rousseau.
Les appels proviennent pratidétresses spectaculaires, souligne
Rémi Rousseau. Il faut être capable quement autant d’hommes (47 %)
de maintenir un équilibre entre que de femmes (53 %). Une converempathie et distance par rapport sation dure en moyenne 15 à
aux personnes qui appellent, mais 20 minutes, mais cela peut aussi
aller jusqu’à une heure.
aussi d’accepter la part
Depuis 2006, l’assode frustration inhérente à
L’un des
ciation a une adresse
cette forme d’aide, dont
fondements
sur Internet. En 2007,
on ne voit jamais les
de l’identité
elle y a enregistré
retombées. »
de SOS-Amitié,
2 443 appels (contre
Car l’un des fondec’est l’anonymat
2 379 l’année précédenments de SOS-Amitié,
respecté
te). Les femmes sont
c’est le respect de l’anode part et d’autre plus nombreuses à s’y
nymat. Pour celui qui
exprimer (70 %) que les
appelle, cela permet une
totale liberté d’expression. Pour hommes. Et les personnes qui écril’écoutant, c’est une garantie de vent sur le site sont plus jeunes
(45 % ont entre 25 et 39 ans, 30 %
protection mentale et physique.
Lors de sa création, le premier de 40 à 60 ans, 13 % de 20 à 24 ans
objectif que s’était fixé l’associa- et 7 % ont moins de 20 ans) que celtion était l’aide aux personnes suici- les qui appellent au téléphone.
Sur Internet, le suicide est évodaires. En France, plus que dans
n’importe quel autre pays d’Euro- qué dans 16 % des messages,
pe, le nombre des suicides augmen- contre 2 % au téléphone. Les
te (10 713 en 2005, selon l’Inserm). autres situations se retrouvent
Pourtant, le nombre d’appels pro- dans les mêmes proportions sur
venant de ceux qui sont en situa- les deux moyens de communication de désespoir (2 %) et de « sui- tion. a
cidants » – c’est-à-dire ayant déjà
Véronique Cauhapé
engagé un processus suicidaire
comme la prise de médicaments SOS-Amitié : Tél. : 01-40-09-15-22
(0,2 %) – reste stable.
www.sos-amitie.com/
Santé
Nouveau délai
pour les patients en ALD
€
4,95
en plus
du Monde 2
+
Requiem
par Leonard Bernstein
Les patients reconnus en affection longue durée (ALD) avant le
15 novembre 2005, et qui devaient faire un bilan médical avant
le 1er juillet 2008 pour continuer à
bénéficier d’une prise en charge à
100 %, ont jusqu’au 31 décembre
2009. Ce report, annoncé le
9 juin, est dû au retard pris par
l’établissement de nouveaux protocoles de soins, qui risquait de
provoquer « des ruptures de droits
inacceptables dans la prise en charge des patients concernés ». En
2006, près de 8 millions de salariés étaient en ALD couvrant trente maladies (diabète, cancer, sida,
etc.). En 2004, la loi a conditionné à l’établissement d’un nouveau « protocole de soins » la prise
en charge de 100 % des dépenses
de santé dont bénéficient les
patients. Protocole qui doit être
établi par le médecin traitant du
patient et le médecin conseil de
l’assurance-maladie.
VENTE À PRIX EXCEPTIONNEL
remise jusqu’à -80%
PORCELAINE, ARTS DE LA TABLE, BIJOUX
mercredi 11 juin: 10h à 20h
jeudi 12 et vendredi 13 juin : 10h à 18h
samedi 14 juin : 10h à 15h30
EMGP
45 av. Victor Hugo
Hall 210
Aubervilliers
Parking sur place
Sortie périphérique - Porte dʼAubervilliers - Bus 552 arrêt Net squ@re
Autorisation de la Préfecture de Seine St Denis n° 07- 3347 du 14 septembre 2007
F
allait-il ajouter l’Inde à
l’édition 2008 du Guide
de la conduite dans les
régions du monde (autoescape.com) ? Qui connaît le souscontinent sait que la peur au ventre vous tient sur ces routes principales trop étroites pour que
deux véhicules se croisent. Il sait
que, face à face, l’un des deux
conducteurs lâchera prise avant
l’impact en se jetant sur le bascôté dans un coup de volant.
Bien sûr, l’image de Ganesh, le
dieu protecteur, accrochée au
rétroviseur, comme le sourire
amusé du chauffeur, rassurent.
Si ce guide précise que « la
Face à la hausse des appels,
SOS-Amitié manque de bénévoles
24
&Sport
0123
Vendredi 13 juin 2008
Euro 2008
Domenech, fidèle à ses idées
Avant le match face aux Pays-Bas, vendredi, le sélectionneur des Bleus, volontiers opaque, vante la stabilité
Football
Châtel-Saint-Denis (Suisse)
Envoyé spécial
L
es critiques qui ont suivi
la copie rendue par les
Bleus lors de leur premier match de l’Euro
contre les Roumains
(0-0), les supputations sur les
chances de la France de sortir
vivante du « groupe de la mort »,
les effets de manche à quarantehuit heures d’un match crucial
face aux Pays-Bas, vendredi
13 juin, à Berne, Raymond Domenech laisse cela à d’autres.
Le sélectionneur français n’en a
cure ou feint de ne pas s’y intéres-
ser. La partition n’est pas nouvelle
mais, avouons-le, l’entraîneur améliore de jour en jour ses qualités
d’interprète. Mercredi, sous le chapiteau de Châtel-Saint-Denis, le
petit village où s’entraînent les
Français, le chef d’orchestre des
Bleus a livré l’un de ses meilleurs
concerts.
Le sélectionneur excelle dans le
registre du contournement. Un
journaliste l’interroge sur ses
choix tactiques face à la Roumanie : Raymond Domenech se présente en « entraîneur de base »
indiquant à ses joueurs des
« consignes stupides ». Le technicien dirigera pourtant le 13 juin
au soir sa 53e rencontre à la tête de
l’équipe de France A, autant
qu’Aimé Jacquet (sélectionneur
entre 1994 et 1998) et Roger
Lemerre (entre 1998 et 2002). Un
autre envoyé spécial le sonde sur
la composition du onze qui affrontera les Pays-Bas, vainqueurs par
KO des champions du monde italiens (3-0) le 9 juin : il annonce
quatre postes pouvant donner
lieu à un changement de titulaire
et s’empresse de glisser, « tu peux
me croire… si tu en as envie » !
Raymond Domenech joue avec
la presse et souvent se joue d’elle.
« Quand je discute avec Aimé Jacquet et qu’il me dit quelque chose,
cela me touche. C’est probablement
juste, cela vient d’un technicien de
haut niveau, expliquait-il au Monde mi-avril. Quand un journaliste
écrit quelque chose, j’ai envie de lui
dire “corrige ta formule” ! Sur le
fond, il ne sera jamais crédible, il
maîtrise la forme, mais pas le fond
du foot. » Et l’entraîneur des Bleus
de poursuivre : « J’ai une forme de
cohérence, je ne suis pas influençable
par l’extérieur. A l’intérieur du groupe en revanche, je suis à l’écoute. »
Pour quoi faire ?
Sous la tente géante des conférences de presse, le long de laquelle s’agglutinent les voitures des
médias de l’Europe entière, le discours reste le même. Séduire le
public par un football plus offensif,
plus débridé, pour quoi faire ?
« L’objectif n’est pas de séduire ou
de réussir d’entrée un match excep-
tionnel puis de se ramasser ensuite.
C’est de jouer de mieux en mieux et
d’avancer. » Même si, à progresser
à si petits pas, les Bleus risquent de
rater leur rendez-vous avec l’Euro.
« Je crois à la stabilité, à la force de
l’équipe, à la solidité de sa défense »,
martèle Raymond Domenech.
Face aux Pays-Bas, Thierry Henry, en attaque, devrait faire son
retour, remis de sa contracture à la
cuisse. Patrick Vieira, le capitaine
aux 105 sélections, a lui aussi
retrouvé l’entraînement. Sur le cas
des deux hommes, Raymond
Domenech, fidèle à sa ligne de
conduite, ne s’arrête pas vraiment.
La veille, William Gallas avait
évoqué le sujet. « Avec Thierry, Nico
[Anelka] ou Karim [Benzema], on
a des attaquants très rapides, qui
vont nous permettre de jouer en
contre-attaque, au cas où les Hollandais se découvrent un peu », espéraitil. La philosophie du sélectionneur
est bien intégrée.
« La sélection batave est impressionnante, elle est capable de jouer
vite, à une touche de balle, en mouvement », prévient Raymond Domenech, qui n’hésite jamais à enfoncer une porte ouverte. Dire une
chose, la relativiser, entretenir le
doute. La parole est aux exégètes.
« Avoir des certitudes lorsqu’on fait
partie d’un groupe comme celui-ci,
avec l’Italie et les Pays-Bas, c’est être
fou. Je ne le suis pas ! », ironise le
sélectionneur. a
Simon Roger
Onlâcherien
Le piège des espaces
Didier Deschamps
C
’est un tout autre match qui
attend l’équipe de France,
vendredi 13 juin, à Berne.
D’abord parce qu’il aura lieu en
soirée : les Bleus connaîtront ainsi le résultat de la rencontre commençant à 18 heures (Italie-Roumanie), ce qui n’est pas négligeable lors d’une phase de poules
comme celle-ci. Ensuite parce
qu’un adversaire totalement différent du précédent se présente
devant eux : l’équipe des PaysBas est une formation qui va de
l’avant, qui joue vite, qui crée du
danger mais aussi… des espaces –
ces fameux « espaces » qui ont
tant manqué aux Français contre
la Roumanie. Mais là est précisément le piège dans lequel ils
devront ne pas tomber. Vouloir
compenser ce qu’on a raté lors du
premier match, chercher à transposer ce qu’on aurait dû faire
contre les Roumains serait une
erreur. Les Bleus auront plus d’espace, certes ; ils devraient pouvoir
mieux s’exprimer offensivement
face à ce type d’équipe, oui. Mais
ils devront d’abord être très solides défensivement. Et ne pas se
lancer à l’attaque en criant : « En
avant toute ! »
L’enjeu de ce match sera, avant
toute chose, de répondre à la vitesse et à la vivacité des joueurs offensifs néerlandais – notamment
Sneijder et Van der Vaart, deux
joueurs qui se déplacent beaucoup sur le terrain. Pour avoir aligné trois défenseurs très lents,
l’Italie a payé le prix fort (3-0) face
à cette équipe lors de la première
journée du groupe C. Le problème
de la vitesse, dans le football, c’est
que tu peux difficilement la
contrer à partir du moment où ton
vis-à-vis est lancé dans l’espace :
s’il est plus rapide que toi, tu ne
peux plus le rattraper. La seule
solution, pour un défenseur, c’est
alors d’anticiper sur les déplacements de l’attaquant adverse ou
sur les trajectoires du ballon.
Contrarier des joueurs hyper-rapides est possible avec de l’expérience et de l’intelligence. Sur ce planlà, l’équipe de France est plutôt
bien fournie.
Elle le sera encore plus si Patrick
Vieira fait son retour sur le terrain
à l’occasion de ce match. Son
impact physique ne sera pas de
trop, par ailleurs, face aux milieux
de terrain néerlandais. Mais pourra-t-il tenir sa place ? Sera-t-il
capable de jouer une heure seulement ? L’incertitude est grande.
Thierry Henry, en revanche, sera
bien là, lui. Sa capacité à créer de
la profondeur sur le front de l’attaque a fait défaut contre la Roumanie. Sa présence devrait également avoir un impact sur cette
rencontre.
Reste la question du système de
jeu à adopter. J’ai envie de dire…
peu importe. Ce qui compte, c’est
éviter de donner la sensation d’un
jeu stéréotypé. Et avoir des jambes, bien sûr. Tu peux mettre en
place tous les systèmes du monde,
si les jambes ne suivent pas, ton
animation ne fonctionnera
jamais. Les Bleus ont manqué de
jus lors de leur premier match. Ils
en auront besoin vendredi. Vu ce
qui les attend… a
Didier Deschamps était le capitaine de
l’équipe de France championne du
monde en 1998 et d’Europe en 2000.
Groupe D
L’Espagnol David Villa
se fissure l’index
Organisation
Pas d’incidents graves
en Autriche
L’attaquant espagnol David Villa,
auteur d’un triplé contre la Russie
mardi 10 juin, en match comptant
pour le groupe D de l’Euro 2008
(4-1), souffre d’une fissure à l’index droit, a annoncé mercredi l’attachée de presse de la Fédération
espagnole, Paloma Antoranz.
« Il souffre d’une petite fissure qui
ne l’empêchera pas de disputer le
prochain match » contre la Suède,
a déclaré Mme Antoranz. Villa s’est
blessé lors de la célébration de
son premier but face aux Russes,
en se coinçant l’index dans le
maillot de son coéquipier Fernando Torres.
Les autorités autrichiennes,
qui ont fait état de 249 interpellations dans le pays depuis le
début de l’Euro 2008, samedi
7 juin, se sont déclarées « très
satisfaites du déroulement des événements », lors d’un premier
bilan, mercredi 11 juin, ne signalant pas d’incidents graves. Les
rares incidents, comme à Klagenfurt (sud du pays), samedi et
dimanche, entre supporteurs allemands et polonais, ont été rapidement maîtrisés. Au total, 21 personnes ont été officiellement
blessées, dont quatre policiers,
depuis le 7 juin.
&Sport
0123
Vendredi 13 juin 2008
Football
Euro 2008
Les matches
Classement
25
Groupe A
Groupe B
Groupe C
Groupe D
Mercredi 11 juin, Genève
République tchèque - Portugal 1-3
Mercredi 11 juin, Bâle
Suisse - Turquie 1-2
Jeudi 12 juin, Klagenfurt, 18 h, M6
Croatie - Allemagne
Jeudi 12 juin, Vienne, 20 h 45, M6
Autriche - Pologne
Vendredi 13 juin, Zurich, 18 h, TF1
Italie - Roumanie
Vendredi 13 juin, Berne, 20 h 45, TF1
Pays-Bas - France
Samedi 14 juin, Innsbruck,18 h, M6
Suède - Espagne
Samedi 14 juin, Salzbourg, 20 h 45, TF1
Grèce - Russie
1 I Portugal ...........................................6 points
2 I Turquie ............................................. 3 points
2 I République tchèque ......................... 3 points
4 I Suisse ...............................................0 point
1 IAllemagne......................................... 3 points
2 I Croatie ............................................. 3 points
3 I Autriche ...........................................0 point
4 I Pologne............................................0 point
1 IPays-Bas ........................................... 3 points
2 IFrance................................................1 point
2 IRoumanie...........................................1 point
4 IItalie..................................................0 point
1 I Espagne ........................................... 3 points
2 I Suède............................................... 3 points
3 I Grèce ...............................................0 point
4 I Russie ..............................................0 point
La Suisse, pays hôte
de l’Euro, est déjà éliminée
La « Nati » a été défaite par la Turquie (2-1), sous une pluie diluvienne
Bâle
Envoyé spécial
B
ras dessus, bras dessous, ils s’apprêtent à
faire la fête dans le centre de Bâle, envahi par
une marée de maillots
et tee-shirt rouges. L’un a entouré
ses épaules d’un drapeau turc,
l’autre a fait de même avec celui de
la Suisse. Ils rient, chantent, se lancent des blagues. L’un hurle « Turkiye ! », l’autre « Hop Schwiiz ! »
Cette image résume bien l’atmosphère chaleureuse qui régnait
à Bâle mercredi 11 juin, à l’occasion d’une journée que beaucoup
redoutaient.
Trois ans après les graves incidents survenus après un match
Turquie-Suisse disputé à Istanbul,
au cours duquel des joueurs helvètes avaient été pourchassés et certains frappés, joueurs, dirigeants
et supporteurs des deux camps se
sont, cette fois, parfaitement
tenus. Malgré la fin cruelle de la
rencontre, mercredi, pour la Suisse, l’un des deux pays organisateurs de l’Euro, avec l’Autriche.
En cette orageuse soirée bâloi-
se, la Nati dirigée par Köbi Kuhn a garder le ballon. Il était donc logidéjà dit adieu à « son » Euro. En que que la Suisse mène face à des
seulement deux matches, son des- joueurs turcs plus doués technitin a été scellé. Après sa défaite quement, mais aussi plus gênés
lors du match d’ouverture face aux par le terrain.
Il a suffi que la pluie cesse
Tchèques, il fallait face aux Turcs,
eux aussi battus lors de leur entrée pour que la logique reprenne ses
dans la compétition, se reprendre. droits. En inscrivant deux buts
Portée par un public moins calme en seconde période, dont l’un
que d’habitude, la Nati n’a pas dans les arrêts de jeu, les joueurs
de Fatih Terim ont
réussi son pari. Pour la
poussé la Nati dehors.
première fois depuis
« C’est une
« C’est une très, très
l’élimination prématutrès, très grosse
grosse déception, mais
rée de la Belgique lors
déception,
la Suisse s’en remetde l’Euro 2000, une
mais la Suisse
tra », a déclaré Köbi
nation hôte est priée de
s’en remettra »
Kuhn, en poste depuis
quitter la compétition
sept longues années et
aussi tôt.
Sur la pelouse du Köbi Kuhn, entraîneur qui va céder sa place de
Parc
Saint-Jacques, de l’équipe helvétique sélectionneur au célèbre technicien alledétrempée par un violent orage en première période, les mand Ottmar Hitzfeld.
Les Turcs, eux, ne sont pas encofans suisses y ont pourtant cru.
Leurs favoris, qui alignaient trois re sûrs de pouvoir continuer longjoueurs d’origine turque au coup temps leur route et donc de profid’envoi (Hakan Yakin, Gökhan ter du luxe de La Réserve, l’établisInler et Eren Derdiyok), menaient sement somptueux qui leur sert de
à la mi-temps grâce à un but d’Ha- résidence à Bellevue, au bord du
kan Yakin. Dans ce genre de condi- lac Léman. Pour en jouir encore
tions météorologiques, la pluie un peu, il va leur falloir battre les
diluvienne favorise l’équipe la Tchèques, dimanche, à Genève.
Le sélectionneur Fatih Terim,
moins technique, la moins apte à
Le match entre la Suisse (en rouge) et la Turquie sous le déluge bâlois, le 11 juin. PASCAL LAUENER/REUTERS
surnommé « l’empereur », a déjà
emmené son pays vers sa première phase finale (Euro 1996) et permis au football turc de remporter
son premier titre européen (Coupe de l’UEFA 2000 pour Galatasaray). Ambitieux, l’expérimenté
technicien n’a pas l’intention de
quitter rapidement la Suisse où
ses joueurs évoluent presque à
domicile. Voir la Turquie continuer son chemin permettrait à la
fête populaire de continuer dans
les rues suisses. Le Portugal, autre
équipe suivie par de nombreux
supporteurs, est déjà qualifié. a
Alain Constant
Le Portugal en quarts, Luiz Felipe Scolari à Chelsea
Le Portugal s’est qualifié pour les
quarts de finale de l’Euro, mercredi 11 juin, grâce à sa victoire (3-1)
face à la République tchèque, à
Genève, et à celle de la Turquie
contre la Suisse (2-1). Le capitaine
Nuno Gomes et ses équipiers sont
assurés de terminer en tête du
groupe A et donc de rencontrer le
deuxième du groupe B, qui comprend l’Allemagne, la Croatie, la
Pologne et l’Autriche. La sélection
portugaise s’est imposée face aux
Tchèques grâce à des buts de
Deco (8e minute), Cristiano Ronaldo (63e) et Ricardo Quaresma
(90e + 1), contre une réalisation de
Libor Sionko (17e).
Dans la soirée, mercredi, le club
anglais de Chelsea a par ailleurs
annoncé que le sélectionneur du
Portugal, Luiz Felipe Scolari,
deviendrait son manager général
le 1er juillet. Le Brésilien avait pourtant nié avoir des contacts avec
Chelsea, qui n’a plus d’entraîneur
depuis le limogeage de l’Israélien
Avram Grant.
La forme de Tiger Woods
à l’épreuve de l’US Open
Le numéro un mondial revient après une opération au genou
Golf
A
Open britanniques, quatre Masters et quatre USPGA.
Depuis la victoire de Jim
Furyk, en 2003, aucun Américain
n’a plus remporté ce titre dont le
trophée a fait le tour de la planète,
par l’hémisphère Sud, serré dans
les bras du Sud-Africain Retief
Goosen, vainqueur en 2004, puis
du Néo-Zélandais Michael Campbell en 2005, de l’Australien Geoff
Ogilvy en 2006 et de l’Argentin
Angel Cabrera en 2007. Ces trois
derniers ont remporté d’ailleurs à
cette occasion leur premier tournoi majeur. « Voir autant de
joueurs non américains remporter
des tournois est le reflet du développement du golf partout dans le monde et cela est très positif », se
réjouit Angel Cabrera, qui se verrait bien l’emporter une deuxième fois.
canard) n’avait jamais mis les
pieds sur celui d’Oakmont (Pennsylvanie), théâtre de la dernière
édition de l’US Open.
La relation d’extrême familiarité que Tiger Woods et Phil Mickelson entretiennent avec Torrey
Pines – le premier a remporté le
Buick Invitational à six reprises,
et le second, qui est par ailleurs
domicilié à deux pas du parcours,
trois fois – ne leur serait donc
d’aucune utilité. Surnommé
« Docteur Open » pour ses interventions méphistophéliques sur
les parcours destinés à accueillir
l’US Open, l’architecte Rees Jones
ne saurait démentir. « Le parcours tel qu’il est aujourd’hui n’a
rien à voir à ce qu’il est en janvier
lors du Buick Invitational, précise-t-il. Il est beaucoup plus ferme et
beaucoup plus rapide. Les joueurs
devront taper des coups vraiment
très bons pour arrêter leurs balles
sur les greens. »
L’Espagnol Sergio Garcia,
dont le palmarès est encore vierge de tout tournoi majeur mais
qui a remporté au mois de mai le
Players Championship, considéré
comme le 5e majeur, ou le quadragénaire rugissant Thomas Levet,
seul représentant français, ont
donc toutes les chances de créer
la surprise. Tout comme les 154
autres concurrents qui devaient
prendre le départ jeudi 12 juin. a
vant chaque grand rendezvous majeur, depuis que
Tiger Woods écrase de sa
suprématie le golf mondial, la
question la plus fréquemment formulée est de savoir qui finira
deuxième derrière lui. Avant la
108e édition de l’US Open, qui a
lieu du 12 au 15 juin sur le parcours sud de Torrey Pines, à San
Diego (Californie), l’interrogation peut être transposée : qui finira premier devant Woods ? Sur
les rotules, comme il l’était lors
du Masters d’Augusta, en avril, le
no 1 mondial avait en effet terminé
deuxième. Opéré du genou gauche dès le surlendemain de cette
relative contre-performance, « le
Tigre » n’est pas revenu à la compétition depuis lors.
Prudent, Woods n’a joué que
neuf trous lors de sa première partie d’entraînement, lundi 9 juin.
Si l’Américain s’aligne, c’est qu’il
estime probablement être revenu
au meilleur de sa condition. Mais
un doute subsiste quant à sa capacité de l’emporter.
L’US Open pourrait donc une
nouvelle fois réserver une surprise en consacrant un vainqueur
inattendu, d’autant que ce tournoi majeur est celui qui réussit le
moins au Tigre, qui ne l’a gagné
qu’à deux reprises, en 2000 et
2002, alors qu’il a remporté trois
Beaucoup plus rapide
« Le parcours de Torrey Pines, je
ne le connais pas vraiment, admet
l’Argentin. J’y ai juste joué deux
fois en 2003. » Cela se passait lors
du Buick Invitational, épreuve du
circuit américain qui a lieu tous
les ans sur les deux parcours de
Torrey Pines, où il n’avait pas passé le cut. A en croire l’homme de
Cordoba, connaître un parcours
ne représente pas forcément une
aide pour remporter le tournoi
qui s’y joue. La preuve, celui qui
est surnommé « el Pato » (le
Cyclisme
Tom Boonen exclu du
prochain Tour de France
Automobile
Marion Bartoli incertaine
pour Wimbledon
Rugby
Parra blessé au Mondial
des moins de 20 ans
Après le contrôle positif de Tom
Boonen à la cocaïne, faute d’une
décision de la part de son équipe
Quick Step, les organisateurs de
la Grande Boucle ont exclu mercredi 11 juin le coureur belge du
prochain Tour de France, qui partira de Brest, le 5 juillet.
La Française Marion Bartoli
(10e mondiale), a été battue mercredi 11 juin au 2e tour du tournoi
de Birmingham par la Tchèque
Petra Cetkovska. Elle pourrait ne
pas participer à Wimbledon, dont
elle a été finaliste en 2007, en raison d’une tendinite à un poignet.
Le capitaine de l’équipe de France
des moins de 20 ans, Morgan Parra, blessé à la main droite, est forfait pour le reste du Mondial des
moins de 20 ans de rugby disputé
au Pays de Galles. La France jouera sa place en demi-finale, samedi
14 juin, contre le Pays de Galles.
Jean-Louis Aragon
Dès le 13 juin, le CD-livret « Requiem »
de Mozart, par Leonard Bernstein.
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Météo & Jeux
15 km/h
8°
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Rouen
8°
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Caen
9°
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Orléans
11°
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Poitiers
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Chamonix
ClermontFerrand
Limoges
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Lyon 12°
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Besançon
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Nantes
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Strasbourg
Rennes
Grenoble
11°
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Bordeaux
Bordeaux
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Toulouse
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Perpignan
0 à 5°
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10 à 15° 15 à 20° 20 à 25° 25 à 30° 30 à 35° >35°
COEFF. DE MARÉE: 48
Amsterdam très nuageux
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Copenhague orageux
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couvert
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Edimbourg couvert
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ensoleillé
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Reykjavik beau temps
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Stockholm averses éparses 12
Tallin
ensoleillé
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Tirana
averses modérées17
Varsovie
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Vienne
très nuageux
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Vilnius
très nuageux
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Zagreb
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Los Angeles
22°
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Miami
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le 13.06.2008
Lima
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16°
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Santiago du Chili
Mardi
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Ile-de-France
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17°
11°
20°
10°
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Sud-Ouest
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Sud-Est
13°
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13°
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8
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I
4
4
5
8
7
3
7
9
3
8
X
HORIZONTALEMENT
VERTICALEMENT
I. Fait travailler les neurones.
II. Domination absolue. Venue
de Russie avec plein d’histoires
à raconter. III. Allumés avec
intentions. Bon pour accord. IV.
Fait l’alliance. Article. Les plus
grandes sont les plus fermées.
V. Prise d’air. A prendre avec
modération. VI. La première
n’est pas toujours bonne. Vers
grec. Trouvé dans l’erreur. VII.
Protections rapprochées.
Mesures prises sur le terrain.
VIII. Reste à l’écart. Protecteur
des espèces. IX. Voyelles. Le
petit est souvent serré. X. Pas
facile à toucher.
1. Peut reprendre du service. 2.
Etoiles de mers. 3. Grand des
forêts américaines. Mise en rapport. 4. Alouette africaine. Droit
à l’entrée du cimetière. 5. Pour
suivre ses affaires quotidiennes.
6. Bien arrivée. Sorties du
néant. Facilite le tirage. 7.
Personnel. Appelée quand ça va
mal. 8. Préposition. Révolté. 9.
Belle mais tristement monotone. Propos puéril. 10. Similaire.
Suiveur imbécile. 11. Sans voile.
Page d’histoire. Propos de la
France d’en haut. 12. Travaille
dans les fonds.
Philippe Dupuis
Verticalement
1. Humoristes. - 2. Asinien. Ly. 3. Uns. Anodin. - 4. Tees. Abord.
- 5. Serin. Etai. - 6. Enivré. - 7.
Epucée. Spa. - 8. Fuse. Râ. Il. - 9.
Obère. Képi. - 10. Ri. Igné. Is. 11. Meute. Niet. - 12. Envergeure.
D
Barcelone
Bucarest
Sofia
Rome
Istanbul
Madrid
Lisbonne
Séville
A
D
Anticyclone
< -10°
Dépression
1015
Front chaud
Front froid
Occlusion
Thalweg
A
-10 à -5° - 5 à 0°
Ankara
1010
Athènes
Tunis
Alger
Beyrouth
Rabat
Tripoli
Jérusalem
1010
0 à 5° 5 à 10° 10 à 15° 15 à 20° 20 à 25° 25 à 30° 30 à 35° >35°
Omsk
Paris 10°
19°
Barcelone
18°
22°
Marrakech
17°
30°
Abidjan
19°
32°
Ankara
8°
30°
Bagdad
20°
Tripoli
39°
16°
Riyad
25°
20°
40°
Khartoum
25°
45°
Yaoundé
20°
25°
La Paz
-1°
5° Rio de Janeiro
17°
30°
13°
19°
Le Caire
21°
23°
Kaboul 19°
33°
Karachi
28°
39°
Irkoutsk
11°
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Vladivostock
7°
22°
Shanghai
21°
22°
Hanoi
25°
31°
Kuala Lumpur
25°
32°
Port Moresby
25°
27°
Antananarivo
6°
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Le Cap
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2
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6
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3
Difficile
5
2
Complétez toute la
grille avec des chiffres
allant de 1 à 9.
Chaque chiffre ne doit
être utilisé qu’une
seule fois par ligne,
par colonne et par
carré de neuf cases.
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IX
D
0
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Alice Springs
3°
21°
8°
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Auckland
Auckland
11°
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III
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Horizontalement
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La France
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VII
Budapest
Berne
Kiev
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Vienne
Solution du no 805
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Munich
Paris
http://www.meteonews.fr
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Varsovie
Prague
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Riga
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Nord-Ouest
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Stockholm
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Québec
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MOTS CROISÉS Nº 08 - 137
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averses éparses
averses éparses
ensoleillé
averses éparses
averses éparses
très nuageux
Chicago
19°
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< 1 mm
Dimanche Lundi
D
OUTREMER
Cayenne
Fort-de-Fr.
Nouméa
Papeete
Pte-à-Pitre
St-Denis
Helsinki
Oslo
T
20°
26°
Jours suivants
10°
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H
Vancouver
13°
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LEVER: 17h05
COUCHER: 02h32
PARIS
Région
Reykjavik
Reykjavik
St-Pétersbourg
6°
21°
7°
14°
La journée débutera fraîchement avec quelques brumes et nuages bas par endroits,
notamment dans les vallées. Quelques gouttes tomberont près de la frontière allemande
ou encore en Haute-Savoie et du côté de la Normandie. La couverture nuageuse sera plus
importante sur le piémont pyrénéen où quelques pluies se produiront. Les conditions
évolueront peu l'après-midi : l'ambiance s'annonce lumineuse malgré des nuages assez
nombreux, et quelques ondées se produiront entre la Normandie et le Limousin. C'est au
sud de la Garonne que nuages et averses seront les plus nombreux.
11°
16°
13.06.2008 12h TU
ensoleillé
14 24
Alger
beau temps
14 31
Amman
averses modérées 24 33
Bangkok
beau temps103021 25
Beyrouth
ensoleillé
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Brasilia
6 17
Buenos Aires beau temps
ensoleillé
18 27
Dakar
éclaircies
22 31
Djakarta
beau temps
29 39
Dubai
26 27
Hongkong forte pluie
13 31
Jérusalem beau temps
beau temps
18 31
Kinshasa
beau temps
15 37
Le Caire
orageux
14 20
Mexico
éclaircies
16 25
Montréal
éclaircies
12 22
Nairobi
New Delhi averses éparses 28 40
beau temps
15 32
New York
orageux
15 35
Pékin
beau temps
8 20
Pretoria
beau temps
15 30
Rabat
beau temps
15 29
Séoul
Singapour averses éparses 25 33
très nuageux
6 14
Sydney
beau temps
16 37
Téhéran
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ensoleillé
14 27
00
Tokyo
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ensoleillé
15 28
Tunis
17 32
Washington beau temps
Anchorage
16°
23°
Honolulu
Samedi
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25
25
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T
En France
8°
17°
DANS LE MONDE
Dans le monde Des pluies et des orages arroseront copieusement le Midwest, aux Etats-Unis
45 km/h Ajaccio
LEVER: 05h45
COUCHER: 21h55
PARIS
ST-ANTOINE
17°
23°
Marseille
17°
22°
-10 à -5° - 5 à 0°
Nice
Montpellier
14°
19°
Biarritz
15°
18°
< -10°
Températures
à l’aube
et l’après-midi
Metz
8°
18°
7°
15°
Brest
8°
17°
3°
15°
Amiens
8°
16°
En Europe
EN EUROPE
17°
Cherbourg
20 km/h
Le 13.06.2008
5
Vendredi 13 juin 2008
Lille
Lille
Frais mais lumineux
8°
0123
Vendredi 13 juin 2008
10
0
26
Un jeu pour chaque jour
Le Loto
Lundi daté mardi Affaire de logique
Mardi daté mercredi Scrabble
Mercredi daté jeudi Bridge
Vendredi daté Samedi L’art en question
Samedi daté dimanche-lundi Echecs
Les résultats sont
publiés dans cette page
dans nos éditions datées
dimanche-lundi, mardi
et vendredi
LOTO Nº 47
Résultats des tirages effectués mercredi 11 juin.
Premier tirage : 6, 7, 9, 35, 45, 46 ; complémentaire : 1. Rapports pour
6 numéros : 741 916,00 ¤ ; 5 numéros et complémentaire : 5 984,10 ¤ ;
5 numéros : 1 227,10 ¤ ; 4 numéros et complémentaire : 45,40 ¤ ; 4 numéros : 22,70 ¤ ; 3 numéros et complémentaire : 4,00 ¤ ; 3 numéros : 2,00 ¤.
Second tirage : 22, 25, 26, 35, 45, 47 ; complémentaire : 31. Rapports
pour 6 numéros : 1 597 586,00 ¤ ; 5 numéros et complémentaire :
8 626,80 ¤ ; 5 numéros : 1 238,20 ¤ ; 4 numéros et complémentaire :
52,80 ¤ ; 4 numéros : 26,40 ¤ ; 3 numéros et complémentaire : 5,20 ¤ ;
3 numéros : 2,60 ¤. Joker : 5 579 883
Temps prévu ce week-end en Europe
Légende
beau
Pictogramme de
la journée
Ville
pluie modérée
éclaircies
9° Température matin
14° Température après-midi
Samedi
Lundi
Dimanche
Amsterdam
7°
19°
10°
19°
7°
19°
Athènes
17°
29°
17°
30°
16°
29°
Barcelone
16°
21°
17°
23°
17°
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Berlin
7°
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14°
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8°
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Bruxelles
8°
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11°
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6°
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Budapest
13°
18°
13°
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15°
27°
Copenhague
6°
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10°
19°
8°
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Dublin
10°
14°
6°
15°
7°
15°
Florence
15°
22°
12°
25°
14°
26°
Genève
9°
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10°
17°
12°
18°
Istanbul
15°
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19°
30°
14°
30°
Lisbonne
13°
23°
17°
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14°
21°
Londres
9°
18°
8°
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11°
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Madrid
18°
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18°
24°
14°
26°
Moscou
15°
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25°
10°
25°
Prague
5°
19°
11°
18°
10°
20°
Reykjavik
8°
15°
8°
12°
9°
13°
Rome
15°
25°
12°
24°
16°
26°
18°
36°
10°
19°
22°
36°
9°
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18°
32°
12°
18°
Venise
15°
20°
13°
23°
16°
22°
Vienne
9°
22°
9°
25°
15°
18°
Séville
Stockholm
Ecrans
0123
Vendredi 13 juin 2008
Télévision
« C dans l’air » passe
l’été sur France 5 avec
Thierry Guerrier
A partir du 30 juin, Thierry Guerrier, qui anime « C à dire ? ! » sur
France 5 du lundi au vendredi,
prendra le relais d’Yves Calvi à la
présentation du magazine
« C dans l’air ». L’émission reste
à l’antenne tout l’été, du lundi au
vendredi à 17 h 45, avec des reportages inédits liés à l’actualité.
Canal+ retenue pour
la haute définition
La chaîne cryptée Canal+ a obtenu, mardi 10 juin, le canal pour
une diffusion en haute définition
(HD) qu’elle avait sollicité
auprès du Conseil supérieur de
l’audiovisuel (CSA). Canal+ était
l’unique candidat à ce canal réservé à une télévision payante.
Selon le CSA, la chaîne s’est engagée à diffuser «l’essentiel de ses
programmes» en haute définition
«entre 14 heures et minuit», à
compter de 2012. Le CSA avait
déjà attribué deux canaux en HD
aux chaînes privées TF1 et M6.
Par ailleurs, deux chaînes publiques, France 2 et Arte,
avaient préempté des canaux
pour une diffusion en HD.
Selon le CSA, l’offre de haute définition comprendra donc «dès cette année» cinq chaînes sur la télévision numérique terrestre
(TNT): TF1 HD, M6 HD, F2 HD,
Arte HD et Canal+ HD.
27
Arte salue la France
à la tête de l’Union européenne
Télévision La chaîne multiplie les reportages dans les coulisses
de Bruxelles à l’occasion de la présidence française de l’UE
A
l’occasion de la présidence française de
l’Union
européenne
(UE), qui commence le
1er juillet, la chaîne franco-allemande Arte propose une
programmation spéciale, en plus
de ses journaux habituels (19 h 45
et 20 heures) et de ses reportages
qui privilégient déjà l’actualité de
l’UE, vers une vision européenne
des informations internationales.
Comment les Britanniques
voient-ils Nicolas Sarkozy ? Qu’attendent les Allemands de cette
présidence française ? Pourquoi
les
Polonais
préfèrent-ils
M. Sarkozy à Jacques Chirac ? Un
« Zoom Europa » spécial sur les
coulisses de la présidence française, vendredi 13 juin à 19 heures,
tente de répondre à ces questions.
Le magazine de Bruno Duvic et
Astrid Emerit, présentateur et
rédactrice en chef, diffuse une
série de courts reportages à
Bruxelles.
Récemment, une douzaine d’attachés de presse de ministres fran-
çais ont passé une journée à
Bruxelles, suivant les pas d’une
centaine de fonctionnaires français venus se former ces derniers
mois. Leur formation semble
consister d’abord à verrouiller la
communication : dire sans trop
dire semble être la règle.
Des progrès à faire
Pendant ce temps, à Paris, au
siège de la présidence française
de l’UE, des fonctionnaires de
tous les ministères se réunissent
pour préparer les cent cinquante
événements qui doivent marquer
ce semestre européen.
Qui dit présidence dit cadeau
aux hôtes étrangers : le designer
Philippe Starck a créé un cartable
rempli de petits objets.
Après les déclarations de Nicolas Sarkozy, le 10 février – « La
France est de retour en Europe » –,
quatre journalistes européens réagissent. A écouter le Britannique
David Rennie, de The Economist,
l’entente cordiale a encore des
progrès à faire : « Ce n’est pas
clair si Sarkozy est un libéral qui
dit des choses stupides pour se faire
élire et rester populaire auprès des
Français ou s’il croit vraiment à ces
absurdités. » Le journaliste allemand Wolfgang Proissl, du Financial Times Deutschland, est plus
positif sur la présidence française
et sur le rôle de la France en Europe.
Tout au long du week-end des
28 et 29 juin, la chaîne franco-allemande déploiera ses regards sur
l’Europe de la culture ou celle des
petits métiers et de la cuisine, y
compris dans les nouveaux pays
de l’UE. En particulier, neuf portraits d’artistes, de vingt-six minutes, s’attardent sur les œuvres et
les visions contemporaines des
plasticiens Ben, Annette Messager, du peintre Jonathan Meese ou
de la styliste Agatha Ruiz de la Prada. a Catherine Bédarida
« Zoom Europa », vendredi 13 juin
à 19 heures sur Arte. Week-end spécial Europe les 28 et 29 juin à partir
de 9 h 45.
Jeudi 12 juin
TF1
France 2
France 3
Canal +
Arte
M6
20.50
20.50
20.55
20.50
21.00
20.30
Femmes de loi.
Une femme parfaite.
La Robe et la Justice 0 Série.
Avec Natacha Amal, Noémie
Elbaz, Charles Lelaure d.
Enquête sur le meurtre
d’un chauffeur de limousine.
A vous de juger.
Invité : François Fillon
Magazine présenté par Arlette
Chabot. Invité : François
Hollande.
Louis la Brocante.
Louis et le violon noir
Série. Michel Favart. Avec
Victor Lanoux, Louis-Do de
Lencquesaing (Fr., 2003) d.
22.40 et 23.30
Ce soir (ou jamais !).
Magazine présenté
par Frédéric Taddeï d.
23.00 et 2.30
Soir 3.
Entretien exclusif
de George W. Bush.
Cold Case.
Voleur d’enfance. Electron libre
Série (saison 4, 19/24). Avec
Kathryn Morris, Danny Pino,
John Finn (2007) 0 d.
Un père de famille, devenu
tueur en série, fait pression
sur l’équipe de Rush.
Le Dernier Témoin.
Le Prix de la vérité. A la santé
de nos défunts Série (saison 5,
2 et 3/8). Avec Ulrich Mühe,
Gesine Cukrowski (2003).
Football.
Autriche - Pologne
Euro 2008 (1re phase, groupe B).
20.45 Coup d’envoi en direct
de Vienne (Autriche) d.
22.25
22.40
Les Swenkas.
Documentaire. Jeppe Ronde
(Danemark, 2004) d.
0.45
Jeudi investigation.
Scandales sur ordonnance.
Genesis :
l’origine du crime.
Les Sept Sacrements [1 et 2/2]
Série (S1, 8 et 9/9). Avec Pep
Munné, Quim Gutiérrez, Sonia
Almarcha (Esp., 2006) 2 d.
Mateo et son équipe traquent
un tueur en série qui se prétend redresseur de torts.
22.50
La Méthode Cauet.
Présenté par Cauet. Invités :
Elsa Pataky, Passi, Yann
Delaigue, Vincent Clerc, David
Guetta, Kelly, Christophe
Dominici, les Vamps, Mickey
Mahut, Idriss Diop.
1.05
Les Coulisses
de l’économie (40 min).
23.30
D’art d’art.
La Danse à deux,
de Jean-Baptiste Huet d.
23.35
Infrarouge.
Chroniques de la violence
ordinaire Le Business des
chéquiers volés. Documentaire.
Christophe Nick, Pierre
Bourgeois, David Carr-Brown
et Patricia Bodet. [1/2]
(France, 2004, 120 min) d.
New York Police Blues.
La Loi du silence Série
(saison 9, 16/23). Avec
Charlotte Ross (50 min) d.
22.15
Meadowlands.
Soupçons 2 Série (S1, 3/8).
Avec David Morrissey (2007) d.
23.05
0.00
Mensomadaire.
Magazine (30 min) 0.
23.40
Paris-Berlin, le débat.
A qui profitent les droits
de l’homme ? Magazine.
0.40
Ouvre les yeux a
Film Alejandro Amenabar.
Avec Eduardo Noriega, Penélope Cruz (1997, 130 min) 0.
Vu&commenté
Le fabuleux destin
d’un prince de la boxe
Dominique Dhombres
J
ack Johnson (1878-1946) a
été le premier Noir champion
du monde de boxe poids
lourds. Sa victoire, le 4 juillet
1910 devant 25 000 spectateurs
réunis à Reno, dans le Nevada,
fut un traumatisme pour l’Amérique blanche et ségrégationniste
d’alors. Le public, majoritairement blanc, criait « Tuez le
nègre ! ». Au bout de quinze reprises, son adversaire, l’ancien champion du monde James Jeffries,
que les propagandistes de la
suprématie blanche avaient fait
sortir de sa retraite, devait
s’avouer vaincu.
Aussitôt, dans plusieurs grandes
villes telles que New York et
Chicago, des groupes racistes attaquaient des Noirs pris au hasard.
Il y eut des dizaines de morts. Le
remarquable documentaire américain de Ken Burns, Unforgivable
Blackness : the Rise and Fall of
Jack Johnson (Une négritude
impardonnable : l’ascension et la
chute de Jack Johnson), raconte ce
destin hors du commun. Le film
était diffusé pour la première fois
mercredi 11 juin sur Arte. C’est un
extraordinaire livre d’images sur
l’Amérique raciste de la première
moitié du XXe siècle.
Pour ceux qui n’ont pas vu cette
merveille, une fois encore, mais
cela ne durera pas éternellement,
votre serviteur résume. Jack Johnson était né en 1878 à Galveston,
au Texas. Ses parents avaient été
esclaves. Ils étaient désormais
libres mais extrêmement pauvres.
Pour le jeune Jack, la seule façon
d’échapper à la condition misérable qui lui était promise était la
boxe. A cette époque, les Noirs
pouvaient affronter des adversaires blancs dans toutes les catégories, sauf celle des poids lourds.
Johnson brise ce tabou en 1908 et
devient champion du monde.
Mais cette victoire est contestée
par les tenants de la suprématie
blanche, qui poussent l’ancien
champion James Jeffries, qui
avait pris sa retraite et quarante
kilos, à remonter sur le ring. Et
c’est le combat de Reno, en 1910.
Les actualités filmées montrant la
victoire incontestable de Johnson
sont interdites dans certains
Etats américains. L’idée que le
nouveau champion du monde
soit noir était insupportable à
beaucoup.
Johnson aggrave son cas en épousant une femme blanche, ce qui
était alors interdit par la loi.
Condamné à un an de prison, il
s’enfuit à l’étranger et arrive à
Paris. Le 27 juin 1914, il se bat, au
Vél’d’Hiv’, contre un adversaire
blanc venu de Pittsburgh, qu’il
écrase. Mais la première guerre
mondiale éclate quelques jours
plus tard, et Johnson doit quitter
l’Europe. Il perd son titre en 1915
à La Havane face à Jess Willard et
préfère rentrer aux Etats-Unis
purger sa peine. Il aimait les femmes, blanches de préférence, au
moins autant que la boxe. Il a toujours été vêtu comme un prince.
Il est mort en 1946 dans un accident de la route. Il ne s’est jamais
préoccupé de politique. a
0.30
100 % Euro.
Magazine (70 min).
Vendredi 13 juin
TF1
France 2
France 3
Canal +
Arte
M6
20.35
21.00
20.50
20.50
21.00
20.45
Football.
Pays-Bas - France
Euro 2008 (1re phase, gr. C).
20.45 Coup d’envoi en direct
de Berne (Suisse).
Boulevard du Palais.
La Guerre des nerfs
Téléfilm. Jacques Malaterre.
Avec Anne Richard, Philippe
Ambrosini, Jean-François
Balmer (France, 1999) 0 d.
Nadia, la juge d’instruction, enquête sur la mort d’un homme
atrocement mutilé.
Thalassa.
Les Martyrs du golfe d’Aden
Présenté par Georges Pernoud.
Sommaire : Les Martyrs du golfe
d’Aden 0 ; Christmas Island ;
La Grand-Mère des Bunaken...
American Haunting
Film Courtney Solomon. Avec
Donald Sutherland, Sissy
Spacek (EU, 2005) 2 d.
Le Lion noir.
Téléfilm. Wolfgang Murnberger.
Avec Hosh Kane, Sule Rimi,
Robert Bertrand (Autr., 2007) d.
22.20
22.30
22.55
Doom Doom.
Série (saison 1, 3/3) 2.
Météo, Soir 3.
22.55
23.25
22.45
Esprits libres.
Magazine présenté
par Guillaume Durand.
Parfum de femme a a
Film Dino Risi. Avec Vittorio
Gassman, Agostina Belli,
Alessandro Momo (It., 1974).
0.50
0.50
1.05
Watcast. Magazine. Une
Journal, Météo.
1.10
1.10
Le Droit de savoir.
Magazine (70 min) d.
Pour vos yeux.
Magazine (30 min) d.
Toute la musique
qu’ils aiment...
Bach l’intemporel Magazine
musical (65 min).
Jeepers Creepers 2 a a
Film Victor Salva. Avec Jonathan Breck, Ray Wise, Eric
Nenninger (EU, 2003) 2 d.
Le monstre est de retour
et s’attaque cette fois
à un car scolaire.
Strip-o-scope.
Documentaire. Philippe
Truffault et Jean-Marc
Barbieux (2004) d.
Bones.
Le Fossoyeur. L’Epouvantail
La Sorcière sans tête 2 Série
(saison 2, 9, 11 et 10/22) 0.
Avec Emily Deschanel, David
Boreanaz (2006) d.
Un criminel enlève Brennan
et Hodgins qu’il enterre vivants...
22.45
Euro 2008 : le mag.
23.12
C’est quoi l’amour ?
Prématurité, naissances
multiples, adoption :
quels parents sont-ils ?
Présenté par Carole Rousseau.
FRANCE 5
TMC
0.35
Métal brutal.
Court métrage (15 min) 0 d.
22.55
Tracks. Magazine d.
23.50
Le Vampire
et le Sang des vierges a
Film Harald Reinl. Avec Lex
Barker, Christopher Lee, Karin
Dor, Carl Lange (Allemagne,
1967, v.o., 80 min) d.
NT 1
Sex and the City.
Deux poids, deux mesures.
La Soirée de ma vie. Série
(S5, 4 et 5/8). Avec Sarah
Jessica Parker (2002) 0 d.
Club. Magazine (85 min).
LCP-AN/PUBLIC SÉNAT
Passeurs d’espoir.
Brésil [1/6] Documentaire. Pierre Barnerias
et Laurent Ramanonjiarisoa (France, 2004) d.
Jeu.
Changement de cap.
Téléfilm. Patrick Malakian. Avec Mimie Mathy,
Claude Gensac, Denis Braccini (Fr., 1998).
Le Temps de penser.
22.20
Catch Attack.
Raw. Smack Down Magazine.
0.05
Paroles du monde. Best of.
Au-delà du réel, l’aventure continue.
Anniversaire de mariage. Ordre et obéissance
Série (S2, 7 et 6/22). Avec Matt Frewer, Jayne
Heitmeyer, Michelle Johnson (100 min).
22.45
23.20
On n’est pas que des parents.
Magazine. Invité : Christian Helson d.
0.05
Allô, docteurs ! (30 min).
FRANCE 4
22.25
L.A. Dragnet.
Le Vice dans la peau 2 A qui profite le crime ?
La Gloire à tout prix 0 Six ans de silence 0
Série (S2, 6/10 ; S1, 7, 6 et 11/12). Avec Evan
Dexter Parke, Ed O’Neill, Eva Longoria, Robin
Bartlett, Michael Massee (EU, 170 min).
DIRECT 8
W9
VENDREDI 13 JUIN
21.00
2 000 ans d’Histoire
Science publique
Ça vous regarde.
13.30 France Inter Emission
22.00
consacrée au navigateur Eric
Tabarly, à l’occasion du dixième
anniversaire de sa disparition en
mer d’Irlande, dans la nuit du 12
au 13 juin 1998. Invité de Patrice
Gélinet, l’écrivain Yann Quéfelec.
14.00 France Culture Sujet de
l’émission scientifique présentée
par Michel Alberganti, journaliste au Monde : « A qui profite
le réchauffement climatique ? »
Entre les lignes.
Conversation d’avenirs. Le vin.
23.00
Un monde de bulles (30 min).
I TELE
20.40
20.45
20.15
Taratata.
Invités : MC Solaar, Constance Amiot, Son of
Dave, Moriarty, David Salsedo, Minor Majority.
Blandine l’insoumise.
La Farine du diable Série. Avec Ann Gisel Glass,
Emmanuel Quatra, Jacques Frantz (Fr., 2003) d.
Nouvelle star.
La Finale Divertissement présenté par Virginie
Efira.
Ça chauffe.
22.15
22.20
23.05
21.15
Un gars, une fille.
Série (quinze épisodes).
Les Perles du Net.
Journal de l’international.
0.00
La Pub et le Beau Temps.
Magazine présenté par François Kermoal et
Mark Tungate.
Le Mag de l’Euro.
Magazine présenté par François Pécheux
et Sidonie Bonnec. Au sommaire : Pays-Bas France et Italie - Roumanie.
23.50
Info soir.
La Plage des secrets.
Episode 16 (60 min) 2.
0.15
Dirt.
Le Mentor Série (saison 1, 11/13) . Avec Lukas
Haas, Courteney Cox, Ian Hart, Tara Summers,
Josh Stewart (Etats-Unis, 45 min) 2.
0.15
Morandini ! (60 min).
La sélection radio
JEUDI 12 JUIN
20.30
20.45
23.45
3€
1.30
20.00
C dans l’air.
Magazine présenté par Yves Calvi.
EN KIOSQUE CHAQUE JEUDI,
100 % Euro. Magazine.
20.45
22.10
française de l’UE
0.20
19.45 Le Mur infernal.
Les Cordier, juge et flic.
Série. Un garçon mystérieux d.
Sarkozy
et la présidence
23.15
20.40
20.45
“Moi, l’Europe”
20.45
Journal de l’économie.
21.34
N’ayons pas peur des mots.
22.00
A juste titre. Magazine (15 min).
Les codes du CSA 0 Déconseillé aux moins de 10 ans 2 Déconseillé aux moins de 12 ans 6 Déconseillé aux moins de 16 ans 8 Déconseillé aux moins de 18 ans.
Les cotes des films a On peut voir a a A ne pas manquer a a a Chef-d’œuvre ou classique. Sous-titrage spécial pour les sourds et malentendants d.
Opéra
20.00 France Musique André
Chénier, opéra d’Umberto Giordano, donné, le 7 mars, à l’Opéra
national de Lorraine, par les
Chœurs de l’Opéra national
de Lorraine et l’Orchestre symphonique et lyrique de Nancy,
dir. Paolo Olmi. Avec Carlo
Scibelli (André Chénier), Martina
Serafin (Madeleine de Coigny),
Piero Guarnera (Charles Gérard),
Michèle Lagrange (La comtesse
de Coigny)…
Concert franco-allemand
20.00 France Musique Concert
donné, en direct de la Salle Pleyel
à Paris, par l’Orchestre philharmonique de Radio France, dir.
Myung-whun Chung, Nemanja
Radulovic, violon. Au programme : Sibelius (Concerto pour
violon et orchestre en ré mineur)
et Brahms (Symphonie n˚ 4).
Le Goût des autres
21.00 Radio Classique François
Lafon nous propose de comparer
des enregistrements des Préludes,
de Chopin.
L’animal en général
ou en particulier
Carte blanche
Roger-Pol Droit
L
es vacances s’annoncent, les
abandons aussi. Comme chaque année, des milliers de
fois, un chien, un chat vont
être laissés au coin d’un bois,
au bord d’une route. Chacun
connaît la scène : la brave
bête ne se doute pas, et puis la voiture
démarre. L’errance insensée commence, la
vie affolée, la mort au bout.
C’était un compagnon, une présence.
Quand c’est une charge, un ennui, un problème, on s’en débarrasse. On les entend
dire : « Pourquoi se faire du souci, c’est une
bête, non ? Et puis, laisser une bête dans la
nature, ce n’est pas un crime. » Il existe pourtant une Déclaration universelle des droits
de l’animal, proclamée à Paris en 1978, qui
précise en son article 5 : « 1. L’animal que
l’homme tient sous sa dépendance a droit à
un entretien et à des soins attentifs. 2. Il ne
doit en aucun cas être abandonné ou mis à
mort de manière injustifiée. » Evidemment,
elle n’a rien de contraignant.
Pourtant, le cas des lâcheurs de chiens
est presque trop simple. Car tout le monde connaît la sensibilité canine, chacun
comprend qu’une relation s’était établie
avec ses maîtres, et que le monde s’effondre, d’un coup, pour un toutou à l’abandon. En revanche, rien de plus complexe
à saisir que les relations des hommes aux
autres espèces vivantes. Là, des tas d’obstacles guettent. A commencer par la
façon de parler.
Quand on parle de « l’animal », que
désigne-t-on exactement ? Quel animal ?
La mouche, ou la baleine ? La vache, ou le
ver de terre ? La limace, ou le colibri ?
L’escargot, ou le requin ? Ce singulier
Billet
Robert Solé
Euro, mange ta soupe !
LE SPORT n’est pas sans effet sur l’état civil chinois. En 2001,
année où Pékin l’a emporté sur les capitales concurrentes pour
organiser les Jeux de cet été, 553 nouveau-nés ont été prénommés
« Olympique ». Au total, ce sont plus de 4 000 enfants qui ont été
appelés ainsi dans l’ancien empire du Milieu. Bizarrement,
92,50 % des heureux bénéficiaires de ce joli prénom sont des garçons. Sans doute le mot chinois a-t-il une consonance résolument
masculine, contrairement à nos vieilles Olympe et Olympie.
Il fut un temps où la France était encore plus grande que la
Chine : dans la seconde moitié du XIXe siècle, Paris a décroché à
cinq reprises l’Exposition universelle. Combien de bébés avaientils été prénommés « Expo » à ces occasions ? Difficile de le
savoir. On ne connaît même pas le nombre de petits « Euro » nés
en 2000 après la victoire des Bleus au championnat d’Europe de
football. Combien de filles ? Combien de garçons ? Tout laisse à
penser qu’il n’y en aura pas beaucoup cette année, à moins d’un
accouchement exceptionnel – aux forceps ou par césarienne – vendredi, à Berne, contre les Pays-Bas. a
IL Y A 50 ANS DANS « LE MONDE »
Vieux journaux
UNE COLLECTION de journaux
d’autrefois – d’il y a dix ans, quarante et même cent cinquante ans
– sera dispersée, le 19 juin, au profit des œuvres sociales des vendeurs de journaux. Cette collection est exposée à partir d’aujourd’hui dans le hall de notre confrère France-Soir, rue Réaumur.
Rien ne saurait mieux définir
l’actualité, le mot, la chose, ses
grandeurs et ses faiblesses, que
ce petit musée provisoire du
papier imprimé. Si l’on y peut suivre le progrès des techniques de
presse, on y découvre par la
même occasion tout ce qu’ont
d’éphémère certains événements
qui nous occupent, nous passionnent pendant vingt-quatre heures, avant de tomber dans l’oubli.
L’ancêtre est peut-être ce
numéro de La Gazette universelle
de 1774. L’actualité ne chômait
pas en ce temps-là, mais elle ne
sortait guère du conseil du roi. Il
n’en va pas de même pour ce Journal de Paris du 13 janvier 1792,
qui publie en pleine « une » le
compte rendu des débats de l’Assemblée.
Vieux journaux : ce sont encore ces numéros du Grelot, du Journal des voyages, du Journal amusant, illustré par Henriot, etc.
A moins de trente ans de distance, certains quotidiens des
deux guerres ont l’air de se faire
écho. Ainsi, le numéro du Petit
Parisien du 12 novembre 1918 et
celui de Libé-Soir du 8 mai 1945,
chantant victoire sur toute la largeur de sa page tricolore. Enthousiasmes défunts, querelles
oubliées. Nulle part mieux qu’en
présence de ces témoins on n’apprécie le cri désabusé du poète :
« Ah ! que la vie est quotidienne ! » a
(13 juin 1958)
SOMMAIRE
L’actualité
Editorial & analyses ............. 2
Page trois .............................. 3
International ......................... 4
Sciences & Environnement . 7
Europe .................................. 8
France ................................... 9
Economie & Médias ............ 11
lemonde.fr
L’actualité au fil de la journée
sur lemonde.fr
0123
0123
28
Décryptages
Portrait ................................ 15
Enquête ............................... 16
Débats ................................. 17
Disparitions ........................ 18
Culture&vous
Actualités & Critiques......... 19
Modes de vie ...................... 22
Sports ................................. 24
Météo & Jeux ..................... 26
Ecrans ................................. 27
a Tirage du Monde daté jeudi 12 juin 2008 : 435 365 exemplaires.
123
Vendredi 13 juin 2008
« animal » que représente le terme « animal » au singulier, cet animal « en général », dépourvu d’espèces, voilà qui
devient vite source de confusion et de
malentendus. Car nombre d’ambiguïtés
se dessinent dès qu’on parle, sans autre
précision, de « l’animal ».
Par exemple, dans la Déclaration déjà
évoquée, un des droits de « l’animal »
s’énonce ainsi : « L’animal mort doit être
traité avec décence » (article 3,3). L’intention générale est claire : respect de la
vie, donc respect du cadavre. Pas question de traiter un organisme comme une
ordure. Il arrive, dans cette logique, que
les enfants enterrent dans le jardin le
poisson rouge décédé. Qu’il n’aille pas à
la poubelle ! Bonne règle, donc, en apparence.
Mais doit-on l’appliquer aussi aux fourmis, aux mites, aux cafards, aux acariens
– et si oui, comment ? Que faire si « l’animal mort » est une larve, un scorpion ou
un ténia ? Si c’est un cadavre plus noble
qui « doit être traité avec décence », que faire de la boîte de sardines, où les corps
sont rangés tête-bêche, sans tête, dans
l’huile ? Avec le corned-beef, qui réduit
un grand mammifère à une bouillie qui le
rend méconnaissable ? Et, dans la vitrine,
cette tête de veau avec du persil dans les
naseaux, est-ce décent ?
Pour sortir de ces dilemmes, il n’y a
que deux attitudes. La première est de
refuser toute distinction entre les espèces
et de respecter tout vivant, quel qu’il soit,
de manière absolue. On s’interdira alors
totalement de tuer un moucheron, tout
autant que d’occire une vache ou d’assassiner un homme. C’est cohérent, mais
contraignant. Ainsi vivent les jaïns, qui
sont quatre millions en Inde aujourd’hui.
Les adeptes de cette religion, fondée
par Mahavira, un contemporain du
Bouddha, ne mangent que des plantes –
mais aucune racine, car leur arrachage
saccage vers et insectes. La nuit, ils n’allument ni lampes ni bougies, car la flamme
attire et tue papillons et autres. Ils ne boivent que de l’eau filtrée, pour des raisons
qu’on devine. C’est encore pour les
mêmes motifs que les plus pieux des jaïns
balaient en permanence le sol devant eux
en marchant, tout en portant sur le visage
un masque de coton, car en respirant…
Si l’on ne devient pas jaïn, l’autre attitude ne peut être que de distinguer le
plus clairement possible entre les espèces. Cessons de confondre le cheval et
l’alouette. Le chat, l’anchois et la tique
n’ont ni les mêmes comportements ni les
mêmes rapports à leur environnement.
Nous n’avons donc pas nécessairement
envers eux les mêmes devoirs. Et peut-
Le monde de la chauve-souris
est sans grand rapport avec
celui du mille-pattes, qui n’a
rien à voir avec celui de l’aigle
être n’ont-ils pas tous les mêmes droits.
Une fois admises quelques grandes généralités – préservation de la biodiversité,
interdiction des mauvais traitements… –,
il semble nécessaire de différencier
« les » animaux et d’abandonner, au lieu
de son chien, cette fiction qui devient rapidement trompeuse : « l’animal ».
Car le monde de la chauve-souris est
sans grand rapport avec celui du mille-pattes, qui n’a rien à voir avec celui de l’aigle,
qui lui-même n’entretient avec la loutre, le
cochon et la puce que des rapports hypothétiques. Le résultat est clair : il faut certes réfléchir aux droits des animaux, en
commençant par ceux qui sont communs
à toutes les espèces. Mais il faut aussi prêter attention aux spécificités, élaborer des
droits distincts par famille d’espèces, en
fonction de leurs traits spécifiques. Cela
éviterait bien des débats confus.
La principale confusion provient d’une
fausse symétrie. Droits de l’homme, diton, donc droits de l’animal. Il y a là un
parallélisme illusoire. Parce que l’homme
ne forme, effectivement, qu’une seule espèce. C’est vrai biologiquement : toutes les
ethnies humaines sont interfécondes.
C’est vrai culturellement : tous les peuples
ont la même capacité de symbolisation. A
l’opposé, l’animal n’est pas un. Il est divisé
en espèces dissemblables, qui n’ont ni la
même organisation biologique, ni les
mêmes activités, ni les mêmes besoins.
Bref, l’animal en général n’existe pas.
Seuls existent des animaux. Et il incombe
à l’homme de s’interroger sur les droits et
les devoirs selon les espèces. a