France - Le Monde
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www.lemonde.fr Vendredi 13 juin 2008 64e Année - N˚19713 - 1,30 ¤ - France métropolitaine --- La gauche européenne dit non à la semaine de 65 heures Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Eric Fottorino Astronomie Un œil sur l’Univers violent La France redoute une hausse des taux de la BCE omment éviter d’entrer dans une période de stagflation durable qui verrait l’économie marquée par la coexistence d’un couple maudit : inflation et faible croissance ? La question est posée par les conjoncturistes après la publication, mercredi 11 juin, d’un mauvais chiffre d’inflation : 3,3 % de hausse des prix à la consommation – en rythme annuel –, au moment où la France s’attend à un ralentissement de sa croissance en 2008 et, plus encore, en 2009. Certitude : une décision de la Banque centrale européenne de relever ses taux porterait un coup supplémentaire à l’activité. Peut-on compter sur les effets de la loi de modernisation de l’économie, et notamment la libéralisation de la distribution, pour peser sur les prix ? Le Monde a posé la question à l’économiste Philippe Askenazy. a C Directive Les socialistes de l’Union craignent l’autorisation d’allongement du temps de travail u grand dam du ministre français Xavier Bertrand, une nouvelle polémique sur le temps de travail risque d’enflammer les débats au sein du Parlement européen, venant compliquer la présidence française de l’Union européenne au second semestre de cette année. Objet de la contestation : le compromis adopté par conseil des ministres de l’emploi de l’UE, dans la nuit du lundi au mardi 10 juin, à Luxembourg. Il s’agissait de clore le vieux conflit qui empêchait jusqu’ici la révision de la directive sur le temps de travail dans l’Union – la norme de la semaine de 48 heures, à laquelle nombre d’employeurs souhaitent pouvoir déroger plus facilement. Le compromis autorise un allongement négocié du temps de travail hebdomadaire. Il a suscité une fronde de la Confédération européenne des syndicats, relayée au Parlement par une bonne partie du groupe des socialistes européens, dont les élus du PS français, et les formations de gauche. « Les changements qui interviendront au niveau européen ne diminueront pas les garanties pour les Français », a déclaré au Monde le ministre du travail, M. Bertrand. La principale critique au compromis adopté par les gouvernements européens – malgré les fortes réticences de plusieurs d’entre eux – est le maintien de la possibilité, exigé par la Grande-Breta- A gne, de garder une dérogation aux 48 heures. « Avec cet accord, nous encadrons bien mieux l’“opt out” [la possibilité de dérogation] qu’auparavant, et nous l’avons plafonné à 60 ou 65 heures, au lieu de 78 heures actuellement », se défend le ministre français, qui a eu un rôle décisif dans l’adoption du compromis en rompant le front qui unissait jusque-là la France aux cinq autres pays, dont l’Espagne et la Belgique, qui s’y opposaient. M. Bertrand a assuré les syndicats français que la possibilité, inscrite dans le nouveau projet de directive, de considérer les temps de garde (ceux des hospitaliers, par exemple) comme des temps de repos ne sera pas transposée en France. Cette disposition fait partie des concessions que la Confédération européenne des syndicats jugent inacceptable. La concession aux Britanniques sur le temps de travail est le prix cédé pour obtenir des améliorations à la directive existante sur le statut des travailleurs intérimaires. Ils sont quelque 8 millions dans l’Union qui devraient ainsi pouvoir disposer de droits équivalant à ceux des salariés permanents. Devant la délégation pour l’Union européenne de l’Assemblée nationale, M. Bertrand avait assuré, le 4 juin, qu’il s’agissait non pas de diminuer les acquis en France, mais de rapprocher des plus progressistes les pays européens ayant des législations sociales moins exigeantes. Lire page 10 Russie : le boom de l’industrie automobile a Russie est devenue un eldorado pour les constructeurs automobiles. La manne des matières premières, notamment énergétiques, a permis au pays d’afficher une croissance de 7,8 % en 2007. Une classe moyenne, avide de consommer, émerge. Le potentiel est énorme. Le taux d’équipement n’est encore que de 210 véhicules pour 1 000 habitants, contre 600 pour l’Europe occidentale. D’ici à 2012, la Russie deviendra le premier marché automobile européen, devant l’Allemagne. De telles perspectives attisent les convoitises. La plupart des constructeurs occidentaux, japonais et coréens multiplient les investissements. Dernier en date, le français PSA Peugeot Citroën, qui a posé, mardi 10 juin à Kalouga, la première pierre de son usine en partenariat avec Mitsubishi. a L JIM GROSSMANN/NASA Scruter le cosmos sous son aspect le plus violent, telle sera la tâche du satellite international Glast, ici en cours d’intégration sous la coiffe de la fusée Delta-II, qui l’a envoyé en orbite mercredi 11 juin. Financé par les Etats-Unis, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Suède et le Japon, Glast observera l’Univers dans la tranche des rayons gamma. Ceux-ci permettent d’analyser des phénomènes extrêmement énergétiques et souvent mal compris par les astronomes : trous noirs géants au centre de galaxies lointaines et capables d’accélérer la matière environnante à une vitesse proche de celle de la lumière, explosions d’étoiles supermassives, fusion de trous noirs ou d’étoiles à neutrons… Glast pourrait aussi apporter des indices dans le mystérieux dossier de la matière noire. Lire page 7 Lire page 11 UK price £ 1,40 Lire page 8 PAGE TROIS Avec les Nord-Coréennes qui osent franchir la frontière chinoise Le snus ou l’Europe ! La révolte anti-européenne gagne l’archipel finlandais des îles Aland, dans la mer Baltique. Son parlement s’apprête à dire « non » au traité de Lisbonne. Les 26 000 Alandais craignent que l’UE n’interdise la spécialité locale, le snus, un tabac à sucer qui serait dangereux pour la santé. A nos lecteurs « Le Monde des livres » Le supplément hebdomadaire du Monde consacré aux livres sera exceptionnellement publié avec notre édition datée samedi 14 juin. Il sera notamment consacré à la sociologie de la vie quotidienne et à la littérature libertine du XVIIIe siècle. Portrait Tzipi Livni La frontière entre la Chine et la Corée du Nord. AFP uelques poignées d’audacieux osent passer clandestinement la frontière entre la Corée du Nord et la Chine. Surtout des femmes, à la recherche d’une vie meilleure. Les gardes-frontières soudoyés, le fleuve Tumen traversé à gué, elles marchent longtemps pour rejoindre les villages de la communauté sino-coréenne Q en territoire chinois. C’est là que nos reporters les ont rencontrées. Certaines se marient avec des hommes plus âgés en quête d’épouse. D’autres se retrouvent sur le marché de la nuit. L’argent qu’elles y gagnent est envoyé à leur famille restée en Corée du Nord. a Lire Reportage page 16 Si le chef du gouvernement israélien, Ehoud Olmert, est contraint de démissionner, sa ministre des affaires étrangères, Tzipi Livni, est convaincue qu’elle lui succédera. Page 15 Patrimoine Jardins : la mue d’un festival Le Festival international des jardins de Chaumont-surLoire (Loir-et-Cher) s’ouvre aux autres arts. Page 19 Henry Bauchau Le boulevard périphérique roman LIVRE INTER 2008 ACTES SUD www.actes-sud.fr Algérie 80 DA, Allemagne 1,90 ¤, Antilles-Guyane 1,90 ¤, Autriche 2,00 ¤, Belgique 1,40 ¤, Cameroun 1 400 F CFA, Canada 3,95 $, Côte d’Ivoire 1 400 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 20 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,50 ¤, Gabon 1 400 F CFA, Grande-Bretagne 1,40 £, Grèce 2,00 ¤, Hongrie 650 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,00 ¤, Luxembourg 1,40 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 24 KRN, Pays-Bas 2,00 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 1,90 ¤, Sénégal 1 400 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 25 KRS, Suisse 2,90 FS, Tunisie 1,9 DT, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 400 F CFA, 2 0123 Editorial L’Amérique du Sud sur les traces de l’UE Mortel Sénat L e Sénat obéit au mêmes lois mystérieuses que la Grande Pyramide. La légende veut que tout archéologue trop curieux de percer les secrets du tombeau du pharaon Khéops ait été victime d’un mal étrange et fatal. La réalité témoigne que tout réformateur – même prudent – de la seconde Chambre du Parlement français s’expose à de douloureuses avanies. Le général de Gaulle en fit la cruelle expérience en 1969. Et Lionel Jospin, qui le qualifia en 1998 d’« anomalie » pour la démocratie, ne s’en porta guère mieux. Le premier ministre socialiste avait pourtant cent fois raison. Le Palais du Luxembourg est, en effet, chargé par la Constitution d’assurer « la représentation des collectivités locales ». Or que constate-t-on ? Même quand la gauche dirige, comme aujourd’hui, la quasi-totalité des régions et une nette majorité des départements et des villes, le Sénat penche invariablement à droite : cette dernière détient actuellement plus de 200 des 331 sièges sénatoriaux ! Immuable, la chambre forte des conservateurs est protégée par son mode de scrutin, qui surreprésente de façon stupéfiante les milliers de villages et de petits bourgs au détriment de la France urbaine. Et qui interdit, ou quasiment, toute alternance. Le « comité Balladur », chargé de réfléchir à la modernisation des institutions, avait entrouvert la porte en recommandant de mieux tenir compte de la démographie locale. La droite sénatoriale a écarté cette menace sans ménagement le 12 juin. Elle propose tout bonnement de verrouiller le principe même de son mode de scrutin en l’inscrivant dans la Constitution. Comment qualifier cette initiative autrement que comme un abus de position dominante ? Ce ne serait pas trop grave si le Sénat n’était qu’une paisible maison de retraite pour politiciens en fin de carrière. Ou s’il se contentait de pondérer par sa supposée « sagesse » les emballements éventuels de l’Assemblée nationale. Cela devient franchement malsain dès lors que la deuxième Chambre est en position d’entraver jusqu’à l’obstruction l’action de tout gouvernement de gauche – ce dont il ne s’est jamais privé. Et de bloquer, de fait, toute révision constitutionnelle qui n’aurait pas son aval. Cette situation est, à l’évidence, choquante pour la démocratie. a Société éditrice du « Monde » SA Président du directoire, directeur de la publication : Eric Fottorino Vice-président, directeur général : David Guiraud Secrétaire général du directoire : Pierre-Yves Romain Directeur du « Monde » : Eric Fottorino Directeur adjoint : Laurent Greilsamer Directeur général délégué : Patrick Collard Directeur de la rédaction : Alain Frachon Directeur adjoint de la rédaction : Jacques Buob Directeur éditorial : Gérard Courtois Rédacteurs en chef : Sophie Gherardi, Patrick Jarreau, Michel Kajman et Franck Nouchi (« Le Monde 2 ») Responsable de la conception : Eric Azan Directeur artistique : Quintin Leeds ; chef d’édition : Françoise Tovo Délégué général : Olivier Biffaud ; secrétaire général : Jean-Pierre Giovenco Médiatrice : Véronique Maurus Directeur des relations internationales : Daniel Vernet Conseil de surveillance : Louis Schweitzer, président Béatrice Gurrey, vice-présidente Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994), Jean-Marie Colombani (1994-2007) Le Monde est édité par la Société éditrice du Monde SA Durée de la société : quatre-vingt-dix-neuf ans à compter du 15 décembre 2000. 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Commission paritaire des publications et agences de presse n° 0712 C 81975 ISSN 0395-2037 Imprimerie du Monde 12, rue Maurice-Gunsbourg 94852 Ivry cedex Président : Patrick Collard Directeur général : Stéphane Corre PRINTED IN FRANCE 80, bd Auguste-Blanqui 75707 PARIS CEDEX 13 Tél : 01-57-28-39-00 - Fax : 01-57-28-39-26 L ’Union européenne (UE) reste la référence, si ce n’est le miroir, des initiatives latino-américaines en matière d’intégration régionale. La dernière en date, l’Union des nations sud-américaines (Unasur), née à Brasilia le 23 mai, n’échappe pas à la règle. Le traité signé par les douze pays d’Amérique du Sud ne laisse aucun doute à ce sujet. Le préambule du texte attribue à la nouvelle organisation, dotée de la personnalité juridique internationale, le but de « construire une identité et une citoyenneté sud-américaines » et de « développer un espace régional intégré sur les plans politique, économique, social, culturel, environnemental, énergétique et des infrastructures ». Il s’agit de contribuer ainsi à l’émergence d’un « monde multipolaire », « libre d’armes nucléaires et de destruction massive », et de « régler les problèmes qui affectent la région, tels que la pauvreté, l’exclusion et les inégalités sociales ». L’Unasur entend assimiler les acquis du Mercosur – l’union douanière sud-américaine fondée par l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay – et de la Communauté andine des nations (CAN), qui regroupe la Bolivie, la Colombie, l’Equateur et le Pérou. La nouvelle organisation a l’ambition « d’aller au-delà de la convergence du Mercosur et de la CAN » et, à terme, de les absorber. Le Mercosur avait déjà dépassé son ambition initiale : la promotion des échanges, un objectif atteint en dépit des dérogations et entorses au libre-échange encore persistantes. Comme l’UE, ses pays membres ont harmonisé leurs passeports, qui portent désormais le nom du Mercosur au-dessus de celui de la nation émettrice. Vendredi 13 juin 2008 A l’image des fonds structurels de l’UE, le Mercosur s’est doté d’un fonds pour compenser les « asymétries » entre les économies, c’est-à-dire les immenses inégalités entre le Brésil et ses partenaires, notamment l’Uruguay et le Paraguay. Ce souci est repris par l’Unasur. Selon le traité, l’Union vise un développement équitable, « surmontant les asymétries par la complémentarité des économies des pays d’Amérique du Sud ». Analyse Paulo A. Paranagua Service International Moins proches que le Mercosur, les pays andins ont mis sur pied une institution de crédit performante, la Corporation andine de développement (CAF), qui regroupe d’autres pays de la région. Le Mercosur et la CAN sont en pourparlers avec l’UE en vue d’un accord d’association. Alors que l’intégration européenne a commencé par le charbon et l’acier, l’Unasur cherche à s’appuyer sur l’intégration énergétique. L’Initiative pour l’intégration de l’infrastructure régionale sud-américaine (Iirsa) a identifié plus de 500 projets dans le domaine des transports, de l’énergie et des communications, d’une valeur de 68 milliards de dollars, susceptibles de rapprocher les pays. La Banque du Sud, lancée fin 2007, vient compléter le dispositif financier existant dans la région. Loin de limiter ses compétences, l’Unasur devrait aborder les migrations, la Bracelets par Pessin recherche et la diversité culturelle, la répression des trafics de drogue, d’armes ou d’êtres humains, le terrorisme et le crime organisé. Les décisions seront prises par consensus, par le conseil des chefs d’Etat, réuni au minimum une fois par an, ou le conseil des ministres des relations extérieures, réuni au moins tous les six mois. Outre une présidence tournante d’un an, l’Unasur a décidé de se doter d’un secrétariat général, basé à Quito (Equateur), et à terme d’un Parlement, qui siégera à Cochabamba (Bolivie). Le mérite, mais aussi les limites d’Unasur, revient à la diplomatie brésilienne, la seule en Amérique latine, avec la diplomatie mexicaine, à témoigner de continuité, de professionnalisme et de vigueur. L’instabilité de l’Argentine d’aprèsguerre a lourdement handicapé sa diplomatie. La désinvolture du président Nestor Kirchner, puis de son épouse Cristina Kirchner, a rendu inaudible l’Argentine sur la scène internationale. Le Venezuela a longtemps assuré la permanence de la démocratie dans la région, alors que sévissaient les dictatures en Amérique du Sud et les conflits armés en Amérique centrale, mais le président Hugo Chavez a cassé l’outil diplomatique avec ses provocations dominicales à la télévision et l’allégeance imposée à ses fonctionnaires. Minée par des conflits La démarche de Brasilia serait plus méritoire si son ministère des relations extérieures n’avait pas plaqué son propre organigramme sur l’intégration régionale, en séparant l’Amérique du Sud de l’Amérique centrale, du Mexique et des Caraïbes. D’abord parce que le Brésil et le Mexique, acteurs globaux, gagnent à être ensemble et non en concurrence. Ensuite parce que l’Amérique centrale est en avance sur le Mercosur et la CAN en termes d’intégration des infrastructures et de convergence. Enfin parce que la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) reste le meilleur exemple ce que peuvent faire ensemble les pays latino-américains. La négociation du traité d’Unasur a été laborieuse. Aurait-elle été plus compliquée si elle avait inclus le Mexique et l’Amérique centrale ? On peut en douter, car les négociations de l’UE avec les Mexicains et avec les Centre-Américains n’ont pas connu les problèmes qui bloquent les discussions avec le Mercosur ou la CAN. Les difficultés d’Unasur ont pour origine les tendances centrifuges en Amérique du Sud. La signature du traité était prévue à Carthagène (Colombie), fin mars, mais les tensions entre Bogota, Caracas et Quito ont imposé l’ajournement et le changement de cadre. Le secrétaire général désigné, l’ancien président équatorien Rodrigo Borja, a renoncé avant même d’avoir pris ses fonctions. L’Unasur est minée par des conflits, comme celui qui divise les pays andins, ou celui qui oppose l’Argentine à l’Uruguay, à cause de la construction d’une usine de cellulose sur le fleuve frontalier. A Brasilia, avant le sommet, le président Luiz Inacio Lula da Silva a dû réunir ses homologues du Venezuela, de l’Equateur et de la Bolivie, pour les prier de mettre une sourdine à leurs critiques. L’intégration régionale n’est pas une affaire d’idéologie mais d’avancées en termes d’infrastructures, de croissance, de coopération et de bien-être pour le plus grand nombre. L’UE s’est construite sur la base d’un accord entre gauche et droite européennes. Le consensus suppose des concessions. L’intégration latino-américaine ne se fera pas si les négociateurs continuent à camper sur un souverainisme sourcilleux. a Courriel : [email protected] Pour vaincre l’euroscepticisme T reize laboratoires d’idées européens se sont réunis, sous l’égide de deux d’entre eux, Notre Europe et la Fondation pour l’innovation politique, afin de proposer aux Vingt-Sept un projet de « refondation » de l’Union européenne (UE). Vaste ambition, qui prend acte des difficultés de l’Europe face aux transformations du monde, sous le regard de citoyens dubitatifs ou hostiles. L’euroscepticisme, en effet, gagne du terrain, interpellant les dirigeants de l’Union. Le rejet de l’Europe revêt aujourd’hui des formes diverses, qui ne se limitent pas aux protestations souverainistes contre le dessaisissement des Etats membres, mais témoignent, en dépit des efforts de communication de l’Union, d’une méfiance croissante à l’égard des politiques européennes. Le fossé se creuse, comme le souligne une chercheuse danoise, Catharina Sorensen, « entre les idéaux des citoyens et leur perception de l’UE ». Le sociologue Emmanuel Todd, qui était l’invité, samedi 7 juin à Paris, des Rendez-vous citoyens du Sénat, consacrés à l’Europe, d’Hérodote à Erasmus, a estimé que celle-ci se caractérise désormais par « une sorte de négativité généralisée ». En mettant l’accent sur le contrôle de l’immigration, en encourageant le développement de l’islamophobie ou en insistant sur ses racines chrétiennes alors même que les églises se vident, l’Europe, a-t-il dit, ne donne plus d’elle-même qu’une « définition négative ». Il est donc temps d’offrir aux peuples des perspectives nouvelles. Il appartient en particulier aux futures présidences de l’Union, comme l’écrivent Gaëtane Ricard-Nihoul et Elvire Fabry, en préfaçant le travail collectif des treize « think tanks », de « convaincre les citoyens européens, parfois désorientés, de la pertinence, de l’urgence et de la cohérence d’un projet européen d’ensemble qui puisse être porté à l’échelle internationale ». Chronique Europe Thomas Ferenczi Pour Emmanuel Todd, volontiers provocateur, ce projet ne peut être que le rétablissement du protectionnisme aux frontières de l’Europe. Les laboratoires d’idées européens, attachés au libreéchange, se contentent d’inviter les Etats membres à « faire valoir un intérêt commun qu’ils puissent présenter au reste du monde » et à affirmer la solidarité européenne d’une façon qui permette à l’Europe de « rester ouverte à la mondialisation » tout en contribuant à sa « régulation ». Comme le note Emmanuel Todd, le débat progresse. « Il est également fondamental, rappellent les deux signataires, de ne pas aggraver la distance persistante entre un projet porté par des élites et des populations qui ont parfois du mal à suivre le rythme. » Un colloque du Centre d’études de la vie politique (Cevopol), dont les actes ont été publiés, en 2007, par les Editions de l’Université de Bruxelles, a mis en évidence ces « résistances à l’Europe », qui conduisent, selon Ramona Coman et Justine Lacroix, éditrices de l’ouvrage, à une « érosion » du « consensus permissif » dont a longtemps bénéficié la construction européenne. Ce qui rend ces résistances difficiles à surmonter, c’est qu’elles sont contradictoires d’un pays à l’autre. Ancrées dans la défense de modèles nationaux, elles expriment une opposition multiple au « modèle européen » qui se met en place depuis un demi-siècle. La contestation vise tantôt la philosophie économique de l’Union européenne, jugée trop libérale par les uns et trop interventionniste par les autres, tantôt son mode de gouvernance politique, tantôt ses initiatives sur les questions de société comme la lutte contre les discriminations ou la gestion de l’immigration. La recherche du compromis semble de plus en plus aléatoire. a Courriel : [email protected] Page trois Europe 0123 Vendredi 13 juin 2008 3 Les îles finlandaises autonomes d’Aland commercialisent un tabac à sucer interdit par l’UE mais autorisé en Suède. Pour convaincre Bruxelles, elles menacent de rejeter le traité de Lisbonne Les Alandais défendent leur « snus » MARIEHAMN ENVOYÉ SPÉCIAL L es petites îles Aland, au milieu de la mer Baltique, vont-elles bloquer le traité de Lisbonne ? La rumeur court le nord de l’Europe. L’archipel finlandais, doté d’une large autonomie, serait prêt, diton, à ne pas ratifier le traité. Et pourquoi donc ? Pour faire entendre sa voix à Bruxelles et conserver son snus, un tabac à sucer interdit dans l’Union européenne. Le snus reste autorisé dans la Suède voisine et se vend en quantité sur les ferries battant pavillon « alandais ». « Le traité de Lisbonne est un peu l’otage dans cette affaire, mais c’est la dernière chance pour nous de peser sur la Finlande afin de faire respecter nos intérêts », lance Harry Jansson, ancien rédacteur en chef d’un quotidien local devenu député d’un parti indépendantiste qui a lancé une pétition pour faire changer Bruxelles sur la question du snus. A Helsinki, on balaye d’autorité cette éventualité. « Légalement, Aland ne peut pas stopper le traité de Lisbonne, affirme Peggy Heikkinen, conseillère du ministre finlandais des affaires européennes. Le comité constitutionnel du Parlement a clairement déclaré que la Finlande peut ratifier le traité de Lisbonne, quelle que soit la position d’Aland. Mais bien sûr, le jour où celui-ci entrera en vigueur, Aland, qui a sa propre législation dans certains secteurs, sera dans une situation légale incertaine si elle ne l’a pas ratifié. » Aland, 6 500 îles, 26 000 habitants, un parlement régional, un gouvernement doté d’une large autonomie qui a la main sur l’éducation, la police, la santé et autres. Les insulaires sont dotés d’une identité à toute épreuve qui veut que le finnois n’y soit même pas langue officielle. Sur les îles Aland, on parle suédois. Son bien-être est ancré dans une tradition tout aussi forte, celle des paysansmarins qui pour survivre sur ces îles revêches maniaient la rame et la bêche. Certains ont commencé à construire des bateaux de plus en plus gros au point de devenir d’authentiques armateurs. Ce sont eux qui ont donné naissance à des compagnies comme Viking Line ou Eckerö Linjen qui représentent aujourd’hui un tiers de l’économie de ces îles, et dont les imposants ferries transportent depuis des décennies des centaines de milliers de passagers. Ces traversées bien arrosées et bon marché sont très populaires car les navires alandais bénéficient, à l’instar des îles Aland, d’une dérogation qui les laisse à l’écart de la zone fiscale de l’UE et leur permet de pratiquer les ventes hors taxes. « Le snus est une source de revenus importante pour les armateurs, raconte Boris Ekman, vice-PDG de Viking Line. Viking Line a un chiffre d’affaires de 440 millions d’euros dont le snus représente 6 ou 7 millions, la moitié étant du bénéfice net. Quand notre bénéfice total est de 30 millions d’euros, le snus en constitue une part de 10 %, ce qui est beaucoup. » Des voyageurs à bord d’un ferry ont attendu d’être dans les eaux suédoises pour acheter du « snus », tabac à sucer typique. MARKUS MARCETIC/MOMENT/VU POUR « LE MONDE » De nombreux retraités font le voyage voyage en direction de la Suède. dans la journée uniquement pour profi- Réflexion d’un Alandais : « Est-ce que les ter de ces prix. « Je viens faire le plein fonctionnaires de Bruxelles n’ont vraiment avant le week-end », raconte Lennart Hol- rien de plus important à s’occuper que de mgren, un Stockholmois, à bord du ferry venir mettre le nez dans nos traditions ? » Un Suédois, qui tente de convaincre d’Eckerö Linjen. Il fait le trajet une fois par mois. Un bus l’a emmené de Stock- son interlocuteur du crime que représenholm à 8 heures jusqu’au port de Grissle- terait une interdiction totale du snus, lanhamn d’où le ferry a mis deux heures ce : « C’est comme si on interdisait le vin en pour rejoindre Eckerö, sur les îles Aland. France. Ce serait la révolution, non ? Et Après un cours débarquement à terre, le bien pareil en Suède. » L’explication est ferry a fait demi-tour vers Grisslehamn bancale car les Suédois, par tempérament, ne vont pas brûler des où un autre bus l’a ramené à pneus devant les préfectures et Stockholm. « Interdire le snus ne fait pas vivre autant « Avec ma carte de retraité, le le snus en Suède, de gens que le vin. Mais les Suévoyage aller-retour bus et ferry c’est comme si on dois aiment cette patte brunâm’a coûté 60 couronnes interdisait le vin tre dont ils se tapissent les gen(6,5 euros) », précise Lennart en France » cives. Ils sont aussi nombreux Holmgren. Tout à fait rentaà « snuser » qu’à fumer. Beauble, quand on a le temps, car coup de « snuseurs » ne sont l’alcool fort et le snus sont moi- Un consommateur pas dupes des explications tié moins chers qu’en Suède. Mais dans la boutique hors taxe du angéliques du fabricant suédois Swedish ferry, plusieurs Suédois jurent en décou- Match qui tente depuis des années de vrant les vitrines réfrigérées de snus : convaincre la Commission européenne « Armoire de snus fermée. La vente de snus des bienfaits du snus par rapport à la cigan’est autorisée que dans les eaux territoria- rette. Le cœur est soumis à un effort perles suédoises. » Une autre affichette préci- manent, les plus assidus ont un trou dans se que la vente ne se fait que durant le la gencive. Or la Commission européenne a fini par réagir car la Finlande ne respectait pas la directive tabac qui interdit le snus. Le ton est passé à la menace et en janvier, les autorités de l’archipel ont fini par plier. « Nous avons dû accepter que la vente de snus soit interdite sur nos bateaux », concède Viveka Eriksson, premier ministre du gouvernement autonome d’Aland. Certains armateurs, comme Viking Line, avaient déjà des bateaux battant pavillon suédois et peuvent donc continuer à vendre leur snus. D’autres ont aussitôt réagi. « Auparavant, il était écrit que la vente de snus était autorisée sur nos bateaux dans les eaux suédoises. Désormais, cela n’existe plus dans les textes, raconte Björn Blomqvist, PDG d’Eckerö Linjen dont les ferries battent pavillon alando-finlandais. Maintenant, nous devons deviner. On continue à vendre, mais seulement en direction de la Suède, afin de ne pas contribuer à répandre ce dangereux tabac dans l’UE. Mais on ne considère pas cette situation comme sûre. Donc nous sommes en train de passer sous pavillon suédois. » Conséquence pour la fragile écono- Ces îles qui échappent à l’UE LONDRES, STOCKHOLM CORRESPONDANTS « Not quite European » (pas vraiment européennes) : ce slogan a longtemps permis à Jersey, Guernesey et à l’île de Man d’attirer les avoirs des contribuables aisés, surtout britanniques et irlandais, amateurs d’avantages fiscaux. Saint-Hélier, St Peter Port et Douglas, respectivement capitales de Jersey, Guernesey et Man, ont pu longtemps ignorer Bruxelles. Possessions de la Couronne britannique, ces îles de la Manche dotées d’une large autonomie ne font pas partie de l’Union européenne (UE) : a priori, les directives ne leur sont pas applicables. Assurée pendant les dix-huit années de gouvernement conservateur Thatcher-Major, la tranquillité de ces paradis fiscaux a été bouleversée à partir de 1997 par l’arrivée au pouvoir d’un Labour déterminé à combattre l’évasion organisée de l’impôt. L’exécutif bruxellois s’en est pris à son tour au statut fiscal des îles, dénonçant la pré- sence de sociétés non résidentes exonérées d’impôt alors que les entreprises résidentes étaient taxées à 20 %. Résultat, en 2008, les trois juridictions doivent promulguer le plan « zéro taxe » pour toutes les firmes. Les banques sont taxées à 10 %. Les îles ont aussi dû accepter la directive sur l’épargne entrée en vigueur le 1er juillet 2005 : les Européens détenteurs de comptes doivent déclarer les intérêts reçus au fisc de leur pays ou d’accepter une retenue à la source de 20 %. « Jersey veut être un bon voisin en termes de coopération », assure Geoff Cook, directeur général de Jersey Finance, porte-parole du secteur financier. L’UE est le premier partenaire commercial de ces confettis, dont la population totale s’élève à 165 000 âmes. Les autochtones ont pris conscience qu’un rapprochement avec Bruxelles permet de mieux résister aux volontés hégémoniques du principal concurrent, la City de Londres. Les deux territoires autonomes du Danemark, les îles Féroé et le Groenland, échappent eux aussi aux règles de l’UE. Les Féroé n’en ont jamais fait partie, tandis que le Groenland a quitté la CEE en 1985 à l’issue d’un référendum. Peu enclins à partager leurs ressources alors qu’ils dépendent presque entièrement des ressources de la mer, ils contestent le système européen des quotas. L’archipel des Féroé a adopté à la place un système de quotas de jours de pêche. Certains Féroïens se verraient bien adhérer à l’UE, s’ils étaient sûrs d’avoir une dérogation pour la pêche, « comme les îles Aland ont une dérogation pour rester à l’écart de l’espace fiscal européen », dit Edmund Joensen, député des Parlements féroïen et danois. Le Groenland a, lui, un statut différent puisqu’il appartient au groupe des pays et territoires d’outre-mer, comme Saint-Pierreet-Miquelon ou la Polynésie française, qui ont une relation particulière avec l’UE. a Marc Roche et Olivier Truc Votre bonne vieille voiture peut encore vous réserver d’excellentes surprises... mie alandaise : plusieurs communes vont perdre des revenus fiscaux non négligeables puisque des centaines de marins peuvent être désormais amenés à payer leurs impôts en Suède. Un dilemme pour ces petites îles. « Ce que nous voulons, explique Viveka Eriksson, c’est que la Finlande nous laisse une place de député européen, que nous puissions nous défendre nousmêmes auprès de la Cour européenne de justice et que nous puissions aussi nous faire entendre auprès du Conseil européen des ministres. » Autant de demandes écartées par la Finlande. « Quitter l’UE pourrait être une alternative si ces questions d’influence ne trouvent pas de réponse », prévient Harry Jansson, le député indépendantiste. Rebelles, les îles Aland ? Au Musée de la marine de Mariehamn, on se targue de posséder l’un des deux seuls authentiques drapeaux de pirate au monde. Celui-ci a été acheté voici longtemps par un marin alandais dans un souk d’Afrique du Nord. « Mais il n’y a jamais eu de pirates ici, assure la conservatrice. En revanche des contrebandiers, ça, oui ! » a Olivier Truc VÉHICULES D’OCCASION DE FAIBLE KILOMÉTRAGE GARANTIE DEUX ANS PIÈCES ET MAIN-D’ŒUVRE PRIX ATTRACTIF www.citroenff.com Offre valable jusqu’au 30/06/2008 non cumulable avec d’autres promotions et non applicable aux véhicules marqués d’un point rouge, réservée aux particuliers dans la limite des stocks disponibles, en échange de cette publicité. 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Bush, en allusion à un scénario d’emploi de la force contre des installations iraniennes, « mais ma préférence va à une solution diplomatique » a-t-il souligné. Le « meilleur choix à faire » pour l’Iran, a commenté le président américain lors d’une conférence de presse en Allemagne, serait d’accepter l’offre de coopération L CHRONOLOGIE 3 mars 2008. Le Conseil de sécurité de l’ONU vote, pour la troisième fois, des sanctions contre l’Iran. Les Etats sont appelés à contrôler les compagnies aériennes et maritimes iraniennes pouvant servir au transport de biens liés aux secteurs nucléaire et balistique. 26 mai. Rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur les « possibles dimensions militaires » du nucléaire iranien. 14 et 15 juin. Visite prévue en Iran du chef de la diplomatie européenne, Javier Solana, pour transmettre une nouvelle offre de coopération. que doit remettre, samedi, à Téhéran le chef de la diplomatie européenne, Javier Solana, au nom des six pays qui traitent le dossier nucléaire iranien (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Allemagne, Russie et Chine). Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a, de son côté, averti que l’Iran n’échangerait pas sa « dignité » contre des avantages qui lui seraient proposés. Il s’est aussi attaché à réduire le problème qui oppose son pays au Conseil de sécurité de l’ONU depuis 2006 à la confrontation avec les Etats-Unis, voire avec le seul George Bush. Ce qui suggère, ainsi que des diplomates occidentaux en sont convaincus, que l’Iran joue la montre jusqu’à l’arrivée d’une nouvelle administration américaine, et n’envisage guère d’enclencher un règlement négocié de la crise avant cette échéance. Le Conseil de sécurité exige de l’Iran qu’il suspende ses activités d’enrichissement d’uranium. « Ton ère est révolue », a dit le président iranien en parlant de M. Bush, le qualifiant d’« homme maléfique » qui est « entré en Afghanistan, en Irak, et a annoncé que l’Iran serait sa troisième cible ». « Par la grâce de Dieu, tu n’endommageras pas un centimètre de la terre sacrée d’Iran », a-t-il ajouté. Le dossier nucléaire iranien est entré dans une nouvelle phase de tensions, avec un retour des spéculations sur la possibilité d’une action militaire que pourrait décider Israël. Dans ce climat, les Européens – et la France a l’intention de faire valoir cette ligne lors de sa présidence de l’Union européenne, qui commence le 1er juillet – semblent s’acheminer vers l’adoption de nouvelles mesures contraignantes contre l’Iran. Durcissement général Le secteur financier iranien, notamment les banques Melli et Saderat, mentionnées dans la dernière résolution de sanctions de l’ONU votée en mars, serait ciblé. Les appels de l’ONU à exercer de la « vigilance » sur les activités de ces institutions seraient transformées, au niveau européen, en interdiction ferme de transactions. Si certains pays comme l’Autriche seront difficiles à convaincre pour durcir les sanctions, un changement notable s’est produit depuis le retour au pouvoir à Rome de Silvio Berlusconi car l’Italie, partenaire économique important de l’Iran, est désormais d’accord pour aller de l’avant, disent des diplomates. Un facteur important pèse désormais dans le débat entre responsables européens et contribue à un durcissement général envers l’Iran. Il s’agit du dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui constatait, le 26 mai, que Téhéran n’avait pas apporté les clarifications nécessaires sur ce qui est soupçonné d’être le volet militaire de son programme nucléaire. Ce rapport se penche sur les études iraniennes portant sur la mise au point d’une tête de missile pouvant accueillir une charge nucléaire, sur des essais d’explosifs de haute intensité, et sur un projet de possible site de test A Rome, M. Bush va s’entretenir avec M. Berlusconi et le pape Après l’étape de Meseberg en Allemagne, le président américain, George Bush, retrouve, jeudi 12 juin, à Rome son « ami » Silvio Berlusconi pour des entretiens qui devraient être dominés par le programme nucléaire iranien et l’Afghanistan, où Washington souhaite un plus grand engagement des Italiens. Cette visite devrait aussi permettre une relance des relations entre les deux pays, plutôt fraîches à l’époque du gouvernement de gauche de Romano Prodi, alors que M. Bush et M. Berlusconi ont toujours affiché d’excellents rapports. Rome « peut compter sur les amis améri- NÉPAL « DIEU-ROI » DÉCHU, GYANENDRA A QUITTÉ DÉFINITIVEMENT SON PALAIS cains » et s’attend à ce que M. Bush appuie clairement la demande de l’Italie d’intégrer le groupe de pays « 5 + 1 » (les cinq membres du Conseil de sécurité plus l’Allemagne) qui sont chargés de négocier avec l’Iran sur le nucléaire, a déclaré, mercredi, le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini. Comme il l’avait déjà fait il y a un an lors de sa précédente visite en Italie, le président américain rencontrera, vendredi, le pape Benoît XVI avant de s’envoler pour une visite de deux jours à Paris. Il sera dimanche à Londres et lundi à Belfast. – (AFP.) nucléaire – autant d’éléments que l’AIEA a décrit comme « source de sérieuse préoccupation ». La chancelière allemande, Angela Merkel, a commenté, mercredi, qu’il fallait « réagir » à ce rapport « avec des sanctions accrues si nécessaire ». Les grandes puissances poursuivent leur double approche de la carotte et du bâton pour tenter de convaincre l’Iran de suspendre l’enrichissement d’uranium. L’offre que doit présenter l’émissaire européen, Javier Solana, aux responsables iraniens est une amélioration de celle qu’avaient déjà présentée les « Six » en juin 2006, expliquent des diplomates. Outre des propositions de coopération dans le nucléaire civil et au plan commercial, elle porte sur des consultations régionales au Moyen-Orient sur les questions de sécurité. Elle inclut aussi une « chorégraphie » particulière pour la suspension de l’enrichissement, selon des sources diplomatiques. La mise au point de cette nouvelle offre avait été demandée par la Russie et la Chine, à l’approche du vote de la résolution 1803 à l’ONU. L’Iran, de son côté, a fait parvenir une contre-offre à ses interlocuteurs, mettant en exergue son poids régional au MoyenOrient, tout en revenant sur une idée de « consortiums » internationaux pouvant accompagner la poursuite de son programme d’enrichissement d’uranium. Le texte iranien, daté du 13 mai, fait cependant l’impasse sur la question centrale de la suspension de l’enrichissement. a Natalie Nougayrède AFGHANISTAN CONFÉRENCE DE PARIS La faiblesse de la justice illustre le caractère embryonnaire de l’Etat afghan VISAGE méconnu d’un Etat afghan en en chantier, son système judiciaire ne figure pas au premier rang des sujets de discussions de la conférence de Paris, jeudi 12 juin. Les dysfonctionnements de la justice dans la société afghane donnent, aujourd’hui, la mesure du caractère embryonnaire d’une administration à peine naissante et une idée du chemin à parcourir. Selon Najibullah Djanbaz, chargé de la formation à Kaboul des magistrats, « seul un tiers d’entre eux sont réellement en mesure d’assurer leur mission ». L’Ecole de la magistrature forme, en un an, près de deux cents nouveaux juges. Mais l’institution est jeune. Difficile de fournir aux jeunes juges de quoi leur permettre de remplacer les magistrats formés à la vieille école, proches de la retraite et habitués à rendre une justice souvent peu conforme aux règles du droit. « Nous voulons étendre la scolarité à deux ans, mais nous sommes encore confrontés à des problèmes de locaux », détaille M. Djanbaz, qui siège également au sein de hautes instances judiciaires du pays. A ce jour, nombre des quelque 1 480 magistrats afghans sont souvent issus des madrassas, ces écoles religieuses qui leur dispensent une formation juridique sommaire mais les gratifient d’un statut religieux qui les rend quasiment intouchables. Le gouvernement ne peut les contraindre à quitter leur poste sans risquer de s’opposer à la population. Mieux formés, les magistrats passés par la faculté de droit islamique font quant à eux souvent passer la religion et les coutumes locales avant l’Etat. Lorsque les magistrats ne sont pas tout simplement favorables aux thèses des talibans qui ont juré la perte du pouvoir central. Aux problèmes de recrutement s’ajoutent des difficultés d’organisation. Faute de locaux, « certains juges rendent la justice dans des containers », illustre Najibullah Djanbaz. Payés environ 30 euros par mois, les magistrats nommés en province sont souvent logés et nourris par le commandant de leur district, perdant ainsi toute indépendance. Sans compter leur vulnérabilité à la corruption. Enfin, les magistrats doivent faire face à une grande insécurité. Ces derniers mois, dans le sud de la province pachtoune du Paktika, une région reculée où les talibans bénéficient d’un large soutien de la population, deux juges ont été tués, à peine arrivés sur place, parce qu’ils représentaient le gouvernement. « L’aide internationale devrait donc aussi être dédiée à l’effort consacré à l’administration, elle-même, et non pas seulement aux actions à court terme, les plus visibles », estime Ranjana Mukerjee, chargée par la Banque mondiale de travailler sur la construction d’un Etat afghan et auteur, début 2008, d’un rapport sur les priorités de la réforme de l’administration publique. a PAKISTAN ONZE SOLDATS PAKISTANAIS TUÉS PAR UN MISSILE TIRÉ D’AFGHANISTAN CHINE-TAÏWAN BANGLADESH Une bavure américaine assombrit les relations avec Islamabad Pékin et Taïpeh reprennent les discussions directes, interrompues depuis 1995 L’ancien premier ministre Hasina Wajed a quitté le pays PRAKASH MATHEMA/AFP Le « dieu-roi » déchu du Népal, Gyanendra, et son épouse, la reine Komal, quittent, mercredi 11 juin, leur palais royal de Katmandou, sous les cris de « Longue vie à la République » scandés par plus de 500 personnes. Vénéré comme l’incarnation de Vishnu, le monarque se plie ainsi à la décision – prise le 28 mai par l’Assemblée constituante dominée par les maoïstes – d’abolir l’unique royaume hindouiste du monde et de transformer le Népal en une république, après 239 années de dynastie Shah. ISLAMABAD CORRESPONDANTE Les très vives réactions du Pakistan à la mort, mardi 10 juin, de onze de ses soldats, tués par un missile américain tiré d’Afghanistan, laissent planer un doute sur l’avenir de la coopération entre les deux pays dans la « lutte contre le terrorisme ». Dans un communiqué sans précédent dans sa formulation, l’armée pakistanaise a « condamné cet acte totalement délibéré et lâche [des forces de la coalition déployées en Afghanistan] qui heurte les fondements de la coopération et les sacrifices consentis par les soldats pakistanais dans leur soutien à la guerre antiterroriste ». Le communiqué affirme encore : « Nous [l’armée] nous réservons le droit de protéger nos citoyens et nos soldats contre toute agression. » Interrompant son dis- Dans une adresse rarissime à la nation, Gyanendra, assis entre deux tigres et une tête de rhinocéros empaillés, a assuré « respecter le verdict du peuple ». L’ancien roi a « rendu au gouvernement du Népal » sa couronne en diamants, rubis et émeraudes et le sceptre des Shah, mais « ne quittera pas le pays », a-t-il expliqué. Il devrait s’installer dans une ancienne résidence royale proche de Katmandou. Son gigantesque palais de Narayanhiti, au cœur de la capitale, sera transformé en musée. – (AFP.) cours devant le Parlement sur la présentation du budget, le premier ministre pakistanais, Youssouf Raza Gilani, a « sévèrement condamné (cette) agression » et promis de « préserver la souveraineté et la dignité du Pakistan ». L’ambassadrice des Etats-Unis, Ann Patterson, convoquée au ministère des affaires étrangères, a reçu une « ferme protestation contre un acte totalement inacceptable ». L’armée pakistanaise et les forces de la coalition à Kaboul ont donné des versions contradictoires de ce qui s’est passé dans cette région frontalière inaccessible à la presse et disputée entre Kaboul et Islamabad. Selon le général Athar Abbas, porteparole de l’armée pakistanaise, tout a commencé quand des soldats afghans ont tenté d’édifier un poste de contrôle sur une hauteur. Repoussés après discussions par les forces frontalières pakistanaises, les Afghans regagnaient leur pays « quand ils ont été attaqués par des insurgés dans leur propre pays » et ont fait appel à un soutien aérien. Un missile a alors détruit poste frontière pakistanais. Les forces de la coalition expliquent, pour leur part, avoir été attaquées par des insurgés « à 200 mètres à l’intérieur du territoire afghan ». En état de « légitime défense », l’avitation n’aurait tué que des « éléments anti-afghans ». L’incident survient alors que les relations entre l’armée pakistanaise, les forces de la coalition et l’armée afghane sont au plus bas. Islamabad a annulé dernièrement des réunions de coordination et, au grand dam de Washington, s’est retirée de plusieurs endroits des zones tribales, abandonnées aux extrémistes islamistes. a Françoise Chipaux PÉKIN. Les négociateurs de Taïwan et de la Chine ont engagé, jeudi 12 juin à Pékin, le premier dialogue direct entre les deux parties depuis 1995. Les discussions portent sur la mise en place de vols réguliers entre le continent et l’île et la possibilité pour les touristes du continent de se rendre à Taïwan. Le négociateur taïwanais, Chiang Pinkun, président de la Fondation des échanges entre les deux rives (SEF), a rencontré son homologue chinois de l’Association pour les relations entre les deux rives (ARATS), Chen Yunlin. L’émissaire taïwanais doit également être reçu, vendredi, par le président chinois, Hu Jintao. Selon l’agence officielle Chine nouvelle, Chen Yunlin a accepté l’invitation de son homologue taïwanais à se rendre dans l’île dans le courant de l’année. – (AFP.) Jacques Follorou L’ex-premier ministre du Bangladesh Hasina Wajed, détenue depuis près d’un an pour corruption et libérée mercredi, a quitté le pays, jeudi 12 juin, pour se rendre aux Etats-Unis, via Londres, afin de recevoir un traitement médical. Mme Hasina, qui a dirigé ce pays d’Asie du Sud entre 1996 et 2001, est la présidente de la Ligue Awami (opposition). La libération de Mme Hasina avait été annoncée, lundi, par le gouvernement intérimaire, et interprétée comme une mesure d’apaisement à l’égard de l’opposition avant des élections législatives prévues en décembre. D’après la presse, la rivale de Mme Hasina et également ex-premier ministre (de 2001 à 2006), Khaleda Zia, détenue depuis septembre pour des faits de corruption, devrait elle aussi être remise en liberté pour recevoir des soins. – (AFP.) DACCA. International 0123 Vendredi 13 juin 2008 FRANCE-KAZAKHSTAN 5 Le premier ministre palestinien souhaite « édifier un Etat en dépit de l’occupation » israélienne Paris renforce son partenariat énergétique avec le Kazakhstan MOSCOU CORRESPONDANTE En visite à Paris mardi 10 et mercredi 11 juin, le président kazakh Noursoultan Nazarbaev a signé un traité de partenariat stratégique renforçant la coopération économique entre les deux pays, notamment dans le domaine de l’énergie nucléaire, du pétrole et du gaz. Le Kazakhstan est la plus vaste des républiques d’Asie centrale (cinq fois la France pour 15 millions d’habitants). Son soussol regorge d’hydrocarbures et de minerais. Les relations commerciales avec Paris sont faibles (1,7 % des parts de marché). La France se situe au huitième rang des fournisseurs de cette ex-république soviétique, loin derrière la Russie, la Chine ou l’Allemagne. Courtisé par Moscou, le Kazakhstan a été le premier pays visité par le président russe, Dmitri Medvedev, après sa prise de fonctions. La Chine y est de plus en plus représentée. Le groupe métallurgique français Aubert et Duval a signé avec UKTMP, fournisseur kazakh de titane, un accord évalué à 850 millions d’euros. Ces accords « annoncent de véritables partenariats industriels, et pas seulement des contrats commerciaux » souligne l’Elysée. Le pays est dirigé depuis vingt ans par Noursoultan Nazarbaev, 67 ans, un ancien cadre du Parti communiste de l’époque soviétique qui s’est maintenu au pouvoir par des référendums et des élections considérés comme non démocratiques par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Pourtant, le Kazakhstan a obtenu la présidence de l’OSCE en 2010. Renouvelé il y a un an, le Parlement ne compte plus aucun représentant de l’opposition. a Marie Jégo Un an après sa nomination à la tête du gouvernement, Salam Fayyad estime qu’il faut agir en dépit des contraintes israéliennes pour entretenir l’espoir et la confiance RAMALLAH (Cisjordanie) ENVOYÉS SPÉCIAUX ncien haut fonctionnaire du Fonds monétaire international (FMI), né en 1952 en Cisjordanie, ministre des finances de l’Autorité palestinienne à partir de 2002, Salam Fayyad occupe les fonctions de premier ministre depuis le coup de force du Hamas à Gaza en juin 2007. Indépendant, il avait conduit sa propre liste, « Troisième voie », aux élections législatives de janvier 2006. Cette liste n’avait recueilli que deux sièges. A Vous avez envoyé une lettre aux membres de l’Union européenne critiquant l’attitude d’Israël dans les négociations de paix en cours et demandant à ce titre de suspendre le projet de renforcement des relations entre l’Etat juif et les Vingt-Sept. Pourquoi ? Ce qui me guide, c’est la préservation de nos intérêts et de faire en sorte que le processus de paix se poursuive. Je ne demande pas à la communauté internationale de prendre position pour ou contre Israël, mais plutôt de prendre position en faveur du processus de paix. Je ne parle pas de boycottage. Notre approche est constructive. Elle est en accord avec la position de principe adoptée par le Conseil européen le 28 janvier 2008 lorsqu’il a été déclaré que la colonisation dans les territoires occupés, y compris à Jérusalem-Est, est illégale au regard du droit international. C’est cela qui est en jeu. Il faut mettre un terme à l’occupation. Il faut créer un Etat viable, continu et indépendant. Conformément à la déclaration de George Bush en juin 2002. Peu après que votre lettre à l’Union européenne eut été rendue publique, Israël a gelé pendant une semaine le transfert du produit des taxes sur les importations palestiniennes qu’il collecte en votre nom. S’agissait-il d’une punition ? Cet argent, c’est celui des contribuables palestiniens. Il nous appartient. Aux termes du protocole de Paris, Israël est tenu de collecter ces sommes et de nous les reverser. Qu’une lettre pareille constitue la cause d’un retard ou d’une suspension de ce versement est quelque chose que je trouve incompréhensible. Une autre chose : le président Mahmoud Abbas nous soutient intégralement dans cette affaire. Mon gouvernement est d’abord son gouvernement. Pensez-vous qu’Israël va stopper les constructions dans les colonies ? Le premier ministre palestinien, Salam Fayyad, en juin 2007. AWAD AWAD/AFP Pensez-vous qu’il y a un manque de volonté politique de la part d’Israël concernant le processus de paix ? Si vous regardez les statistiques avant et après Annapolis, plutôt qu’un gel de la Ce qui compte, ce sont les actes. Je ne colonisation, il y a eu une accélération. veux pas perdre de temps à spéculer sur Nous ne pouvons l’accepter comme une les intentions. Ce n’est pas mon tempérafatalité. Nous tentons de faire en sorte ment. J’ai des objectifs et la communauté que ça ne le devienne pas. C’est internationale les a acceptés crucial pour la viabilité du prode la conférence de Paris « La communauté lors cessus de paix. au mois de décembre. Chacun internationale a des obligations pour faire Dans ces conditions, pensezdoit prendre assurer le succès de ce procesvous qu’un accord de paix position en faveur sus. Mais les progrès doivent puisse être trouvé avant la fin du processus être symétriques. de l’année, comme le demande paix » de Georges Bush ? Vous ne perdez pas espoir ? Si vous me demandez si cela Pas du tout. Nous essayons est possible, je réponds oui. Salam Fayyad toujours de façon non violente Car tous les problèmes qui et civilisée de faire en sorte que sont sur la table ont déjà été discutés par ce qui peut apparaître comme un fait le passé, et les contours d’une solution accompli ne soit plus un fait accompli. Je durable sont connus et font l’objet d’un me suis engagé pour cela. consensus international. Donc, oui, c’est Croyez-vous qu’il soit possible de possible. Mais est-ce probable ? Je ne le construire une économie dans un pays crois pas, étant donné ce qui se passe occupé ? avec la « feuille de route ». Oui, on peut le faire. Mais peut-on construire quelque chose de durable ? C’est une autre question. Cependant, cela ne veut pas dire que l’on ne doit pas essayer de renforcer nos capacités, dans le domaine économique comme sécuritaire, pour tenter d’édifier un Etat en dépit de l’occupation et des restrictions de toute nature. Car cela nous place dans une meilleure position pour mettre un terme à l’occupation. Bien sûr, nous pourrions le faire plus rapidement, plus efficacement, s’il n’y avait pas de contraintes. Mais il est important d’agir de façon positive sur le terrain. Ne serait-ce que pour ranimer l’espoir et la confiance en nous-mêmes. Laissez-moi vous rappeler qu’Israël n’a pas été créé le 15 mai 1948. Cette date correspond juste à la proclamation de l’Etat. Ses institutions, elles, avaient été bâties bien avant. Jusqu’à quand allez-vous continuer à fournir des efforts qui ne sont pas récompensés par des progrès dans les négociations ? Que pouvons-nous faire afin que les choses progressent ? J’ai deux options. La première est de m’asseoir et de me plaindre sans fin. La seconde, de prendre le risque de construire quelque chose dans l’adversité. Y a-t-il une limite de temps pour vous ? Pour vous dire la vérité, il m’est difficile de penser en termes de temps. Je n’ai pas de contrôle sur le temps. Je ne sais pas quand nous allons pouvoir régler tout cela. Pour le moment, nous devons nous assurer que la possibilité d’obtenir une solution soit préservée. Nous devons conserver un filet de sécurité. C’est pour cela que les négociations doivent se poursuivre. Il n’y a pas de plan B. a Propos recueillis par Benjamin Barthe et Michel Bôle-Richard www.peugeot.fr DU 12 AU 14 JUIN 1000 € D’ÉCONOMIE SUPPLÉMENTAIRES * SUR 2 000 PEUGEOT 207 ET 308 IDENTIFIÉES EN STOCK SOIT SOIT 2300 € * D’ÉCONOMIE SUR 2500 € * D’ÉCONOMIE SUR 308 207 NOCTURNE LE JEUDI 12 JUIN À PARTIR DE 19 H *Offre de remise complémentaire, venant s’ajouter aux offres de remises pratiquées pendant les Prix Compétitifs du 2 juin au 31 juillet 2008, valable pour toute commande d’une Peugeot 207 (hors 207 Style et hors 207 Trendy 1,4L essence 3 portes), ou d’une Peugeot 308 (hors 308 SW), neuve, identifiée en stock, lors des 48 H Peugeot, du 12 au 14 juin, et livrée avant le 30 juin 2008. Offre cumulable uniquement avec les offres de remises des Prix Compétitifs, réservée aux particuliers, dans le réseau Peugeot participant. 207 : Consommations mixtes (en l/100 km) : de 4,5 à 7,4. Émissions de CO2 (en g/km) : de 120 à 175. 308 : Consommations mixtes (en l/100 km) : de 4,5** à 7,9. Émissions de CO2 (en g/km) : de 120** à 188. **Avec pneumatiques Michelin Energy Saver 15 ou 16 pouces. 6 International 0123 Vendredi 13 juin 2008 Aux Etats-Unis, le débat électoral entre M. McCain et M. Obama se focalise sur la fiscalité Le candidat républicain veut renforcer les baisses d’impôts accordées sous M. Bush. Son adversaire démocrate souhaite taxer plus lourdement les plus-values boursières l’université du Michigan à Ann Arbour. En 1980, le taux d’épargne des Américains atteignait 10 %. Il est tombé à 0,5 %. La faiblesse du dollar s’ajoute à une dette énorme. Mais personne ne peut se faire élire en disant : “Vous devrez apprendre à vivre heureux en consommant moins et différemment”. » En attendant, mauvaise nouvelle pour M. Obama, l’une des trois personnes chargées de lui trouver un colistier a démissionné mercredi. Jim Johnson, ex-PDG de Fanny Mae, premier préteur immobilier américain, est accusé d’avoir obtenu un emprunt à des conditions très avantageuses. a Sylvain Cypel Paulo A. Paranagua CORRESPONDANT S Plan de relance fédéral M. Obama, lui, veut un nouveau plan de relance fédéral de 50 milliards de dollars (après les 150 milliards dégagés en mai par M. Bush). Il rétablira l’imposition des revenus supérieurs à 250 000 dollars par an à son précédent niveau (de 36,5 % à 39 %) et taxera plus lourdement les plusvalues boursières (de 15 % à 28 %). Ainsi pourra-t-il allouer aux salariés 1 000 dollars de réduction fiscale par foyer en Moment de détente pour John McCain avant son intervention devant des patrons, le 10 juin, à Washington. CHARLES DHARAPAK/AP moyenne, réduire l’impôt des plus faibles (les retraités pauvres ne seront plus imposés) et financer l’éducation et l’assurancesanté des nécessiteux. Il souhaite aussi diminuer le déficit budgétaire. Pourtant, crise et nécessité de convaincre les « indépendants » obligent, les deux candidats font des concessions au regard de leur « philosophie économique ». M. McCain, adversaire des dépenses publiques, a admis, mardi 10 juin, que l’Etat devait plus aider les propriétaires endettés et souhaité une augmentation des allocations chômage. M. Obama envisage de « différer » certaines de ses propositions. Mercredi, le Livre beige, rapport sur la conjoncture de la Réserve fédérale (Fed, banque centrale américaine), a rappelé les termes du débat : entre la hausse des prix de l’énergie et de l’agroalimentaire et un marché de l’emploi alarmant, la consommation est « coincée ». Le risque de récession n’est pas enrayé. Dette, construction au ralenti, crédit resserré, recul des investissements, pouvoir d’achat en berne, les enjeux sont multiples. Pourtant, la confrontation politique se concentre presque uniquement sur la fiscalité. « Aucun des deux candidats n’aborde la question de fond, dit Donald Grimes, professeur d’économie à La Havane remet en cause le dogme de l’égalitarisme salarial À LA HAVANE, une réforme de la politique salariale remet en cause un dogme du régime castriste, l’égalitarisme. Dans son édition du mercredi 11 juin, le quotidien officiel Granma évoque une réglementation du ministère du travail datée du 2 février qui aligne les salaires des entreprises d’Etat (90 % de l’économie) sur ceux déjà en vigueur dans les entreprises de pointe, contrôlées par l’armée. Désormais, plusieurs modes de paiement pourront coexister dans une entreprise. « Le travailleur gagnera en fonction de sa productivité », explique Granma, qui cite le vice-ministre du travail, Carlos Mateu Pereira. « La tendance était que tout le monde touche le même salaire, dit-il. Cet égalitarisme n’est pas convenable. » « Il y a parfois beaucoup de paternalisme », ajoute-t-il. « La quantité et la qualité » du travail seront donc prises en compte dans le calcul de la rémunération. D’après le vice-président José Ramon Machado Ventura, les Cubains « ne devraient pas avoir peur des hauts salaires », à condition que cela « se traduise par des résultats concrets » en termes de production et de services. Alors que le salaire moyen est de 408 pesos non convertibles (12 euros), la fin du plafond salarial en vigueur pourrait modifier l’attitude des médecins, des enseignants et d’autres professionnels, qui ont abandonné l’exercice de leur métier pour une activité informelle plus rémunératrice : faire le taxi, louer une chambre, etc. A La Havane, 19 % des personnes en âge de travailler n’ont pas d’emploi, selon des sources officielles. Cependant, une moitié des Cubains a accès à des devises ou aux pesos convertibles, provenant des touristes, des entreprises étrangères présentes sur l’île ou des fonds envoyés par des proches résidant à l’étranger. La réforme salariale devra s’appliquer partout avant la fin du mois d’août. a NEW YORK elon John McCain, le futur candidat républicain à l’élection présidentielle de novembre, son adversaire démocrate, Barack Obama, augmenterait les impôts de « tous les Américains » s’il était élu. Ce dernier juge pour sa part « injuste » de comparer la politique fiscale préconisée par M. McCain à celle menée par George Bush : les propositions du sénateur de l’Arizona sont pires, selon lui. Entre les deux prétendants, le fer est engagé sur le terrain économique. M. McCain propose de pérenniser les baisses d’impôts générales accordées sous M. Bush, d’augmenter encore celles des plus fortunés, de réduire l’imposition d’une partie des classes moyennes de 2 000 dollars par an, enfin d’abaisser de 35 % à 25 % celle des entreprises. Il financerait le manque à gagner fiscal par une réduction du « gaspillage » public. CUBA ARGENTINE CRISE SOCIALE ET POLITIQUE La fronde rurale compromet la popularité de la présidente argentine Cristina Kirchner BUENOS AIRES CORRESPONDANTE voir « de double commande » avec Nestor Kirchner. Président du Parti péroniste, ce dernier mobilise les militants pour défendre le gouvernement, cherchant à raviver le souvenir du couple légendaire Juan Peron et Evita. Les Kirchner gouvernent avec deux ou trois fidèles. Il n’y a jamais de réunion du conseil des ministres. la première fois, elle a promis que l’argent irait à la construction d’hôpitaux, de logements sociaux et de routes. Les quatre associations rurales se sont félicité qu’il y ait des investissements contre la pauvreté, tout en soulignant que les fonds ne proviennent que du monde agricole, sans toucher des secteurs prospères comme les banques, le pétrole ou les mines. Malgré les appels au dialogue de l’Episcopat, de l’opposition et des hommes d’affaires, le conflit rural semble loin d’être résolu. Dans la foulée, les camionneurs ont annoncé, mardi, une grève illimitée avec des blocages routiers. Alors que le prix des denrées alimentaires s’envole, l’Argentine est l’un des principaux producteurs de céréales. Troisième exportateur mondial de graines de soja, c’est aussi le deuxième pour le maïs et le cinquième pour le blé. De l’aveu même de Mme Kirchner, le pays a la capacité de nourrir 500 millions de personnes. La fronde rurale risque toutefois de faire sentir ses effets sur les exportations argentines. a L’espoir suscité par l’élection d’une femme à la présidence de l’Argentine semble être retombé. Six mois après son investiture, la péroniste Cristina Kirchner est confrontée à plusieurs secteurs de la société et à un climat social tendu, qui ont écorné sa popularité. En succédant à son mari, Nestor Kirchner, elle avait promis un nouveau style de gestion, un meilleur fonctionnement des institutions, « un temps de dialogue, où il faut écouter plus que parler ». Aujourd’hui, Mme Kirchner est en conflit avec les agriculteurs, qui ont lancé depuis trois mois une fronde rurale sans précédent, avec l’Eglise catholique, qui lui reproche de masquer les chiffres de la pauvreté, et avec une grande partie des médias, qui la qualifient d’« arrogante ». Comme son mari, elle ne donne pas de conférence de presse et n’accorde pas d’interview. Sa popularité est tombée à 26 % d’opinions favorables, d’après des sondages. Des analystes évoquent un pou- Appels au dialogue Sur un ton inusuel, Cristina Kirchner a demandé pardon, lundi 9 juin : « au cas où quelqu’un se serait senti offensé par une de mes paroles ou un de mes gestes ». Depuis le début du conflit avec le campo (la « campagne »), elle accuse les agriculteurs de fomenter un coup d’Etat. Ceux-ci protestent contre une hausse des impôts sur les exportations de soja, la principale richesse du pays. Le 8 juin, ils avaient suspendu leur troisième grève, espérant un geste du gouvernement. Le lendemain, Mme Kirchner a assuré que les taxes sur les exportations étaient destinées « à une meilleure redistribution de la richesse ». Pour EX-YOUGOSLAVIE ÉTATS-UNIS CANADA Arrestation en Serbie d’un ancien conseiller de Radovan Karadzic Première exécution au Texas depuis la fin du moratoire Excuses du premier ministre canadien aux autochtones Un homme de 37 ans, Karl Chamberlain, condamné à mort pour le viol et le meurtre d’une jeune femme, a été exécuté, mercredi 11 juin, à la prison de Huntsville, au Texas. Il s’agit de la première exécution au Texas depuis que la Cour suprême a mis fin à un moratoire de fait de sept mois en se prononçant sur la constitutionnalité de l’injection mortelle. Une douzaine d’autres exécutions sont prévues dans cet Etat avant la fin de l’été. – (AFP.) OTTAWA. Le premier ministre canadien, Stephen Harper, a présenté, mercredi 11 juin devant le Parlement, des excuses officielles aux populations indiennes pour les discriminations et les mauvais traitements du passé, notamment la scolarisation forcée destinée à couper les enfants de leurs racines. Quelque 150 000 élèves ont été envoyés, de 1870 à 1970, dans des pensionnats où était menée une politique d’assimilation afin de « tuer l’Indien dans l’enfant ». – (AFP, Reuters.) La cavale de Stojan Zupljanin, qui fut l’un des conseillers de l’ancien chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, a pris fin mercredi 11 juin. Accusé par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre commis en Bosnie-Herzégovine en 1992, Stojan Zupljanin a été arrêté près de Belgrade par la police et les services de renseignements serbes. – (Corresp.) LA HAYE. WASHINGTON. Christine Legrand Environnement & Sciences Vendredi 13 juin 2008 Le satellite Glast scrutera la violence de l’Univers Lancé mercredi 11 juin, ce télescope spatial détectera les rayons gamma, indices de phénomènes cosmiques très énergétiques i tout le rayonnement électromagnétique de l’Univers se résumait sur un piano, les ondes radio seraient les basses, la lumière visible les trois notes d’Au clair de la lune jouées au milieu du clavier et les rayons gamma la partie la plus aiguë… pilonnée par un marteaupiqueur. Cette fraction du spectre témoigne en effet des phénomènes les plus violents du cosmos, qui mettent en jeu des quantités d’énergie proches de l’inimaginable. C’est elle que va observer le télescope spatial Glast (Gammaray large area space telescope), lancé mercredi 11 juin par une fusée américaine Delta-II, depuis la base de Cap Canaveral (Floride). Glast est un projet international rassemblant les Etats-Unis, la France – à travers cinq équipes –, l’Allemagne, l’Italie, le Japon et la Suède, pour un budget total de 690 millions de dollars. Les rayons gamma sont énervants pour les astronomes. Tellement énergétiques qu’ils transpercent l’espace comme une balle de fusil une motte de beurre. Mais dès qu’ils rencontrent la dense atmosphère de notre Terre, ils interagissent avec ses molécules et ne parviennent pas au sol. Seuls les rayons de très haute énergie peuvent y être détectés de manière indirecte, via les casca- S des de particules qu’ils engendrent. Pour étudier cette lumière capricieuse, mieux vaut donc monter au-dessus de l’atmosphère. Comme le résume Benoît Lott, directeur de recherches au Centre d’études nucléaires de Bordeaux-Gradignan et coordonnateur d’un des groupes qui analyseront les résultats de Glast, « l’astronomie gamma est une science jeune, née avec l’avènement de l’ère spatiale ». Glast, qui évoluera à 560 km d’altitude, constitue donc le dernier venu d’une lignée d’instruments, dont les plus marquants ont été l’européen COS-B (1975-1982) et l’américain Compton Gamma-Ray Observatory (CGRO, 1991-2000). L’amélioration que proposera Glast par rapport à CGRO est énorme, souligne Benoît Lott : « La sensibilité de l’instrument sera meilleure, d’un facteur 25. Son champ de vision sera aussi plus large puisque Glast couvrira 20 % du ciel à tout moment et verra tout le ciel en deux orbites, soit trois heures, ce qui est important car l’Univers, en gamma, est extrêmement variable. » Saut technologique Pour réaliser ce saut qualitatif, il a fallu changer de technologie, explique Berrie Giebels, du laboratoire Leprince-Ringuet : « L’instrument Egret qui équipait CGRO fonctionnait avec une chambre à étincelle. C’est une technique assez encombrante, qui limite le champ de vue, utilise du gaz et donc implique des fuites. LAT, l’instrument principal de Glast, marche avec des cristaux de silicium. » Du saut technologique découle- APICULTURE ALERTE SANITAIRE Les ruches de l’Est de la France se dépeuplent de façon inquiétante LES APICULTEURS de l’Est de la France sont en alerte. Depuis le début du mois de mai, ils observent d’importants dépeuplements de leurs ruchers, le sud de l’Alsace étant le plus touché. « Les ouvrières partent butiner mais ne reviennent pas et le rucher finit par dépérir », constate Daniel Limon, président du Syndicat des apiculteurs professionnels d’Alsace, Lorraine et Champagne. « La situation est préoccupante, certaines colonies ont totalement disparu, même dans les montagnes exemptes d’agriculture donc de pesticides », constate Raymond Borneck, président du Syndicat apicole du Jura. Pour lui, le responsable est Nosema ceranae, un champignon pathogène détecté pour la première fois dans cette partie de la France en 2005. Les syndicats nationaux, en revanche, désignent d’autres coupables : les pesticides. « L’apiculture allemande est en crise. Le long de la vallée du Rhin, 90 % du cheptel est menacé˘par les phytosanitaires agricoles. Huit d’entre eux, dont le Poncho, viennent d’être interdits d’urgence par le gouvernement fédéral. Ces produits ne s’arrêtent pas à la frontière ! », affirme Henri Clément, président de l’Union nationale des apiculteurs français. Yves Vedrenne, président du Syndicat national des apiculteurs, explique pour sa part qu’« il y a certainement plusieurs phénomènes conjugués dans l’Est de la France, mais les soupçons pèsent fortement sur les semis de maïs enrobés de Cruiser, un insecticide ». Il y a une quinzaine de jours, des échantillons ont été prélevés pour analyses dans des ruchers ayant subi des pertes. « Les premiers résultats montrent des quantités de spores de Nosema ceranae très élevées, de nature à entraîner la mort des abeilles », confirme Marie-Pierre Chauzat de l’Agence française de sécurité sanitaire et alimentaire (Afssa). Mais la scientifique reste prudente : « Il est difficile d’attribuer la disparition des ouvrières à la seule nosemose. Le symptôme peut être également dû au varroa, un acarien présent dans toutes les colonies d’abeilles. » Il n’y a donc peut-être pas une mais plusieurs causes dont la synergie mène au dépeuplement massif et rapide des colonies d’abeilles. « Depuis des années, les instances nationales sont focalisées sur les pesticides et ignorent les problèmes sanitaires causés par les parasitoses. C’est grave ! », s’insurge Raymond Borneck, dont la colère ne fait que souligner à quel point le milieu apicole est divisé. Manque de formation Ce qui freine une organisation plus professionnelle de la filière. Les apiculteurs manquent de formation, peu de vétérinaires sont spécialisés, les agents des groupements sanitaires des abeilles sont des bénévoles… « Nous ne disposons même pas d’un institut technique pour nous donner des directives claires de lutte contre les maladies », déplore Daniel Limon. La création d’un tel institut, interface entre le monde académique et les professionnels de l’apiculture, fait cependant partie d’une proposition de résolution du député Jacques Remiller (UMP, Isère), déposée en octobre 2007. En attendant, dans l’Est, l’heure est à l’inquiétude et à l’urgence. Le comité technique apicole d’Alsace a fait une demande de subvention auprès de la région, afin d’établir une cartographie sanitaire des exploitations professionnelles touchées. Une épidémie de nosemose en pleine saison de butinage serait une catastrophe économique d’autant que le Fumidil B, le seul antibiotique efficace, n’est pas autorisé à la vente en France. a Olivier Rescanière ra un saut scientifique. CGRO a détecté 271 événements gamma. Glast, au cours de ses cinq ans de mission, devrait en collecter dix fois plus. Il nous transportera dans les environnements les plus extrêmes du cosmos, où de la matière est accélérée à une vitesse proche de celle de la lumière : dans le maëlstrom de matière tombant vers des trous noirs immenses, contenant la masse de millions voire de milliards de Soleils ; dans la fusion de trous noirs ou d’étoiles à neutrons ; dans des hypernovae – explosions d’étoiles géantes –, etc. Les chercheurs espèrent aussi que Glast pourra les aider à résoudre certaines énigmes, comme celle de la matière noire qui demeure invisible alors qu’on sait la peser. Les particules mystérieuses qui la composent pourraient se trahir sous l’« œil » de LAT : en se rencontrant, elles s’annihileraient mutuellement et créeraient des rayons gamma. Encore de la violence… a Pierre Barthélémy 7 L’Univers vu en lumière visible Voie lactée Source : NASA 0123 L’Univers en rayons gamma tel que le représentera Glast après un an d’observations Voie lactée Suivant qu'on l'observe en lumière visible ou dans la partie du spectre électro-magnétique correspondant aux rayons gamma, l'Univers ne présente pas le même visage. Dans le visible, notre représentation du ciel est très largement dominée par la Voie lactée. En gamma, la barre centrale de notre galaxie est certes présente mais l'image est parsemée de points chauds, qui indiquent la présence de super-trous noirs au centre d'autres galaxies. 8 Europe 0123 Vendredi 13 juin 2008 Les socialistes européens se mobilisent contre la possibilité de l’allongement du temps de travail Les 27 ministres de l’emploi ont maintenu et étendu la dérogation à la règle des 48 heures. Le Parlement européen devrait se saisir de cette affaire BRUXELLES BUREAU EUROPÉEN ne partie des socialistes européens ont entrepris de livrer bataille à un compromis sur la directive « temps de travail », adopté mardi 10 juin au petit matin par les vingt-sept ministres de l’emploi. Ils contestent le maintien, dans ce texte, d’une dérogation à la règle des 48 heures hebdomadaires – la norme européenne –, à la demande du RoyaumeUni. Sauf convention collective allant au-delà, le temps de travail sera plafonné dans l’Union européenne à 60, ou 65 heures hebdomadaires – contre une limite théorique de 78 heures à ce jour. U Les opposants au compromis entendent combattre les principales modalités du texte lors de son examen par le Parlement européen. D’après l’eurodéputé espagnol Alejandro Cercas, le rapporteur socialiste sur le projet de directive, « la position commune adoptée par le conseil rend la conciliation avec le Parlement européen extrêmement difficile ». A quelques mois des élections européennes, en juin 2009, les socialistes européens pourraient se montrer d’autant plus fermes qu’ils tiennent, avec ce texte dénoncé par l’ensemble des syndicats, un dossier très emblématique pour se démarquer des conservateurs du PPE. Martin Schulz, le chef du groupe socialiste, a reproché à plusieurs reprises à José Manuel Barroso, le président de la Commission, d’avoir fait « l’autruche » en matière sociale pendant son mandat. Un vote en plénière n’est pas attendu avant le mois de décembre, et pourrait même avoir lieu sous présidence tchèque, en janvier 2009. « Il faudra voir quelle est l’ambiance : le processus pourrait prendre du temps si les fronts sont très opposés dans le contexte de la campagne électorale pour les européennes », dit un diplomate. La Confédération européenne des syndicats (CES), qui salue par ailleurs les avancées faites dans le domaine du travail intérimaire, a promis de mobiliser les eurodéputés sensibles à sa cause, lorsque l’examen du texte en seconde lecture commencera, après l’été. « Le texte va affaiblir considérablement la situation des salariés, surtout dans les pays qui ne disposent pas de conventions collectives solides comme dans les nouveaux Etats membres », craint Catelene Passchier, une des responsables de la CES, à Bruxelles. Position du Labour britannique Un rejet du texte en bloc au Parlement est cependant peu probable, car une telle décision doit être votée à la majorité absolue des eurodéputés. Lors de la première lecture, au printemps 2005, le Parlement s’était prononcé, après des débats houleux, contre la dérogation aux 48 heures demandée par le Royaume-Uni, et pour la L’accord européen inquiète les syndicats français EN PLEIN CONFLIT sur les 35 heures, l’accord européen sur le temps de travail conclu par le ministre du travail français, Xavier Bertrand, tombe plutôt mal. Le texte, qui maintient la possibilité de déroger à la durée légale hebdomadaire des 48 heures fixée dans l’Union européenne, inquiète les syndicats français. Ces derniers, qu’ils appellent ou non à la journée d’action sur le temps de travail et les retraites du 17 juin préparée par la CGT et la CFDT, dénoncent « un jour sombre pour le droit social européen », comme FO, « un grand bond en arrière de l’Europe sociale », pour la CFTC, ou « une véritable régression sociale », pour la CGT. Conscient du télescopage des deux dossiers – la directive européenne et le projet de loi sur la représentativité et le temps de travail qui sera présenté au conseil des ministres le 18 juin –, M. Bertrand s’est voulu rassurant. « Les changements qui interviendront au niveau européen ne diminueront pas les garanties pour les Français », a-t-il dit au Monde. La possibilité, inscrite dans la directive, de considérer les temps de garde comme des temps de repos ne sera pas transposée en France, a assuré M. Bertrand, « notamment pour préserver la situation des hospitaliers ». « Volte-face » « Avec cet accord, nous encadrons bien mieux l’“opt out” [la possibilité de dérogation] qu’auparavant, et nous l’avons plafonné à 60 ou 65 heures au lieu de 78 heures actuellement », a-t-il fait valoir. Le ministre du travail, qui a assoupli la position de la France, abandonnant le camp de ceux qui étaient pour la suppression de l’“opt out”, se défend de tout recul. « En cas d’échec de la discussion, le commissaire européen nous avait indiqué qu’il retirerait la directive et nous aurions eu une situation de no man’s land », plaide-t-il. Ces assurances n’ont pas calmé les syndicats. « La volte-face de la position française, qui jusqu’ici s’appuyait sur “la crédibilité du modèle social européen et la protection de la santé des travailleurs”, est-elle le signe d’une présidence française aux options anglo-saxonnes au détriment du modèle social français ? », s’interroge ainsi la CFTC. Pour la CGT, qui prépare la journée d’action du 17 juin, « les déclarations d’autosatisfaction du ministre du travail français, Xavier Bertrand, éclairent l’enjeu du projet de loi de déréglementation du temps de travail (…), qui anticipe déjà sur la mise en œuvre de “l’opt out” dans le droit français ». a prise en compte de l’ensemble des heures de garde dans le temps de travail. Le groupe socialiste pourrait être partagé entre les élus qui, comme en France, ou en Espagne, annoncent une opposition frontale, et ceux dont les gouvernements ont approuvé le compromis survenu mardi entre les Etats membres. « L’enjeu sera de voir dans quelle mesure les eurodéputés seront en ligne avec les positions de leur capitale d’origine, à quelques mois des élections européennes », dit un expert des joutes parlementaires. Seul cinq pays se sont abstenus lors du côté du conseil – l’Espagne, la Belgique, la Hongrie, Chypre, la Grèce – en dénonçant une « régression » sociale. La position du Labour britannique sera importante. Il y a trois ans, les travaillistes britanniques avaient voté contre le maintien de la dérogation sur les 48 heures défendu par Tony Blair. L’attitude des sociaux-démocrates allemands est elle aussi incertaine : c’est un des leurs, le ministre du travail, Olaf Scholz, qui négocie pour le gouvernement allemand. Faute de majorité pour bloquer le texte, M. Schulz devrait plaider pour une « opposition constructive » afin d’amender le projet de directive sur les points les plus controversés, la dérogation, ou la façon de prendre en compte le temps de garde. a Philippe Ricard RÉFÉRENCES Le compromis négocié par les VingtSept confirme le plafond de 48 heures de travail hebdomadaires. Il maintient aussi la dérogation défendue par les pays libéraux, qui permet à un salarié de travailler au-delà de ce plafond. Les ministres du travail ont décidé de faire la distinction entre temps de garde inactif et actif, seul ce dernier devant être pris en compte dans le temps de travail. La Cour de justice européenne a admis à plusieurs reprises que les temps de garde devaient être considérés comme du temps de travail. Rémi Barroux CARBURANTS ET CONFLITS CIRCULATION BLOQUÉE EN ESPAGNE ET PRÉAVIS DE GRÈVE AU ROYAUME-UNI M. Zapatero mobilise 25 000 policiers pour disperser les routiers en grève MADRID CORRESPONDANTE Au troisième jour de la grève d’une partie des camionneurs espagnols, qui demandent une réduction temporaire des impôts sur les carburants et la fixation de tarifs minimaux pour le transport de marchandises, le gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero a opté pour la méthode forte, mercredi 11 juin. Quelque 25 000 policiers et gardes civils ont été mobilisés pour disperser des piquets de routiers qui bloquaient la circulation des poids lourds et pour escorter des camions non grévistes. L’impasse dans laquelle se trouvent les négociations, les perturbations causées par des grévistes minoritaires (les deux organisations à l’origine de la grève représentent 20 % de la profession) et les reproches de l’opposition l’ont convaincu de hausser le ton. Fermées aux routiers depuis lundi, les voies de passage vers la France de La Jonquera (Catalogne) et d’Irun (Pays basque) ont été dégagées par la police. Une soixantaine de conducteurs ont été interpellés. Mardi, un camionneur qui participait à un piquet de grève avait été tué en tentant d’arrêter un véhicule qui forçait le passage. Dans la nuit de mardi à mercredi, un routier a été gravement brûlé dans l’incendie volontaire de son camion. Mercredi, des dizaines de blessés ont été répertoriés au cours d’affrontements entre les forces de l’ordre et des camionneurs, des pêcheurs (en Galice et à Séville) et des agriculteurs (Almeria), qui demandent eux aussi des aides. Le ministre de l’intérieur, Alfredo Pérez Rubalcaba, a suggéré aux transporteurs non grévistes de solliciter la protection de la police. Les forces de l’ordre ont escorté des camions qui allaient livrer des vivres au marché de gros de Barcelone, du carburant dans les stations-service ou des médicaments en Catalogne. Certaines pompes à essence étaient à court de carburant dès mardi, surtout en Catalogne. Dans les grandes surfaces, les produits frais commencent à se faire rares. Les producteursexportateurs de fruits et légumes ont qualifié de « dramatique » leur situation. UE AVANT LE VOTE IRLANDAIS Les Lords ouvrent la voie à la ratification par Londres du traité de Lisbonne LONDRES CORRESPONDANT En rejetant, lors d’un vote très attendu, un dernier appel pour un référendum sur le traité européen de Lisbonne, la Chambre des lords britannique a libéré le chemin, mercredi 11 juin, pour sa ratification définitive par la Grande-Bretagne. Ce vote est un signal aux Irlandais, invités à approuver le texte, jeudi 12 juin, lors d’un référendum resté incertain jusqu’au bout. Au Royaume-Uni, le projet de loi de ratification doit désormais revenir pour un dernier imprimatur aux Communes, qui l’a déjà approuvé. Il sera ensuite promulgué par la reine Elizabeth II, qui devra écrire au bas du traité la fameuse formule, « la reine le veut », suivie de sa signature. Son assentiment, purement formel, est attendu pour la fin du mois ou au début de juillet, juste après le début de la présidence française de l’Union européenne. Un amendement voué à l’échec Les pairs eurosceptiques ne se faisaient pas d’illusion. En raison de l’arithmétique parlementaire en faveur de la ratification, l’amendement réclamant l’organisation d’un référendum déposé par les conservateurs n’avait aucune chance d’aboutir. La coalition pro-européenne regroupant les travaillistes, les libérauxdémocrates (centristes), les conservateurs de la vieille garde pro-Lisbonne et des indépendants l’a facilement emporté par 280 voix contre 218. « Le traité de Lisbonne est totalement différent de la Constitution. L’argument démocratique en faveur d’un référendum est très faible », a souligné le pair travailliste, Lord Anderson. Les députés de la Chambre des communes avaient approuvé le document le 11 mars après le rejet d’une motion similaire de la droite par 346 voix contre 206. L’autre obstacle, le recours en justice déposé par Stuart Wheeler, un donateur du Parti conservateur exigeant un référendum, a été mis en touche par la Haute Cour de Londres. Aux yeux de cet homme d’affaires excentrique ayant fait fortune dans les paris sportifs, Gordon Brown n’a pas respecté l’engagement de son prédécesseur, Tony Blair, d’organiser une consultation sur la Constitution. « Le refus de tenir un référendum n’est pas seulement immoral, mais illégal », a déclaré son avocat. Reste qu’Outre-Manche, où les référendums sont rarement utilisés, l’Acte unique européen et le traité de Maastricht ont été adoptés par voie parlementaire. Que va-t-il se passer avec la signature royale si l’Irlande, le seul pays européen à être tenu par sa Constitution d’avoir un référendum, dit non ? « Un rejet irlandais augmenterait la pression sur Gordon Brown pour qu’il abandonne le processus de ratification royale. Il devrait résister à ces requêtes jusqu’au conseil européen du 19 juin », estime Hugo Brady, un chercheur du Center for European Reform, un centre d’études européen basé à Londres. Le vote de la Chambre haute sur le traité de Lisbonne a été éclipsé en Grand-Bretagne par la victoire obtenue de justesse le même jour par le premier ministre, Gordon Brown, aux Communes, sur son projet de loi sur l’extension de détention préventive de 28 à 42 jours dans les affaires de terrorisme. Une quarantaine de députés travaillistes ont voté contre ce texte, qui a suscité des tensions au sein du parti majoritaire. Le vote a été acquis par 315 voix contre 306, alors que le gouvernement dispose théoriquement d’une majorité de 65 voix. a Marc Roche Des policiers espagnols à Iznalloz, près de Grenade, où des routiers en grève bloquaient la route, mercredi 11 juin. JOSE LUIS ROCA/AFP Le ministre de l’intérieur a aussi offert à l’industrie automobile d’assurer son approvisionnement. Paralysée par le manque de pièces détachées, la construction automobile, premier secteur de l’industrie en Espagne (elle produit 13 000 véhicules par jour) est touchée de plein fouet. Des usines Volkswagen, Renault, Nissan, Citroën, Seat et Mercedes-Benz ont dû arrêter totalement ou partiellement leur production. Premier mouvement social Le gouvernement a conclu un accord avec les entreprises non grévistes. Mais les organisations à l’origine du mouvement ont affirmé qu’elles ne signeraient rien tant que le gouvernement n’accepterait pas la fixation d’un prix plancher pour le transport des marchandises, ce qu’il se refuse à faire. Confronté à son premier mouvement social depuis son arrivée au pouvoir, en avril 2004, M. Zapatero a annoncé une réunion des partenaires sociaux le 18 juin. Au Portugal, le gouvernement semble avoir trouvé un accord avec les organisations de transporteurs, qui étaient aussi en grève. Mercredi, les avions n’étaient plus ravitaillés en carburant à l’aéroport de Lisbonne. Au Royaume-Uni, les transporteurs routiers de Shell ont déposé un préavis de grève de quatre jours à partir de vendredi 13 juin. Les chauffeurs routiers d’autres compagnies pétrolières ou les indépendants pourraient se joindre à ce mouvement de protestation contre la hausse du gazole. Les camionneurs menacent de bloquer l’accès des raffineries et des dépôts afin de perturber l’approvisionnement des stations-service. L’appel lancé par Gordon Brown aux automobilistes, leur demandant de pas paniquer, a eu l’effet inverse, comme en attestent les queues devant les stations-services du nord de l’Angleterre. Les protestataires exigent par ailleurs l’annulation d’une hausse des taxes sur les carburants prévue en octobre. a Cécile Chambraud avec Marc Roche (à Londres) La Grèce, la Finlande et l’Estonie approuvent le traité Avec le vote de la Grèce jeudi 12 juin, de la Finlande et de l’Estonie mercredi, 18 des 27 Etats membres ont autorisé la ratification du traité de Lisbonne, approuvé par les dirigeants des 27 Etats membres le 19 octobre 2007. Outre l’Irlande, huit Etats doivent encore se prononcer. Aucune surprise n’est attendue au Royaume-Uni, en Italie, aux Pays-Bas, en Belgique, ni même dans les trois pays qui n’ont pas commencé le processus de ratification (Espagne, Suède, Chypre). La situation demeure incertaine en République tchèque : la Cour constitutionnelle doit juger si le traité de Lisbonne respecte la Constitution tchèque. 0123 Vendredi 13 juin 2008 France 9 Constitution Les amendements des sénateurs compliquent la recherche de la majorité requise au Congrès Réforme des institutions : le Sénat pose ses verrous es sénateurs du PS, du PCF et des Verts ont claqué la porte de la commission des lois du Sénat, mercredi 11 juin, où était examiné le projet de réforme des institutions. La majorité sénatoriale venait d’adopter un amendement du rapporteur, Jean-Jacques Hyest (UMP, Seine-et-Marne), inscrivant dans la Constitution un mode d’élection des sénateurs reposant sur un corps électoral « essentiellement composé de membres des assemblées délibérantes et des collectivités territoriales », limitant par conséquent à l’avance une éventuelle réforme de ce collège électoral. « C’est une parodie de démocratie. On nous prend pour des idiots », s’est exclamé Bernard Frimat (PS, Nord) L à la sortie de la commission. Le groupe socialiste du Sénat a condamné, dans un communiqué, une disposition « qui rendrait l’alternance impossible au Sénat ». Vraie colère ou simple prétexte, à l’approche d’un débat qui devrait s’avérer déterminant pour la suite du parcours du projet de révision constitutionnelle ? Le PS a fait de la réforme des modes de scrutin, et notamment du scrutin sénatorial, une des conditions de son approbation du projet de loi. Le gouvernement s’est cependant refusé, jusqu’à présent, à toute concession sur ce point. Les propositions de loi du PS portant sur le mode d’élection des sénateurs ont été successivement écartées à l’Assemblée nationale et au Sénat. La droite sénatoriale a cependant franchi un cran supplémentaire en souhaitant inscrire dans la Constitution une sorte de « verrou » dont elle n’ignorait pas que la gauche y verrait une « provocation ». Elle fragilise ainsi l’éventualité – ténue – d’un compromis entre l’UMP et le PS sur le projet qui doit être soumis à l’approbation du Congrès et recueillir une majorité des trois cinquièmes pour être définitivement adopté. « Jeu d’équilibre subtil » « Le gouvernement et la majorité naviguent à vue sur ce texte. Manifestement, il y a un problème de cohérence », a estimé le premier secrétaire du PS, François Hollan- de, ajoutant que « si le texte ressort du Sénat en recul même par rapport à la première lecture à l’Assemblée, cela ne présage pas d’un consensus ». Le secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement, Roger Karoutchi, veut toutefois continuer à espérer que des arrangements sont possibles. Ce qui suppose de ramener la majorité sénatoriale à de meilleures intentions. « On va devoir s’expliquer », reconnaît laconiquement l’ancien sénateur des Hauts-de-Seine. M. Hyest, de son côté, ne se montre guère réceptif. « On veut bien changer le Sénat, mais pas le sacrifier. Et pour quel bénéfice ? Pour que les socialistes, de toute façon, rejettent la révision ? Si on commence à leur dire Pour Didier Maus, le pouvoir de blocage du Sénat est anormal L’AMENDEMENT à la réforme des institutions accepté mercredi 11 juin par la commission des lois du Sénat s’inscrit dans la jurisprudence du Conseil constitutionnel. Saisi par la droite sénatoriale sur le projet de loi réformant le mode de scrutin des sénateurs présenté par le gouvernement de Lionel Jospin, le Conseil, alors présidé par Yves Guéna, en avait censuré une disposition essentielle. Elle prévoyait que les conseils municipaux éliraient leurs délégués à raison d’un par tranche de 300 habitants. Dans l’esprit du gouvernement Jospin et de sa majorité, il s’agissait de corriger un système – qualifié d’« anomalie » – qui pérennise la surreprésentation des petites communes rurales au détriment des villes et des agglomérations urbaines. Le Conseil avait alors estimé que « le Sénat doit, dans la mesure où il assure la représentation des collectivités territoriales, être élu par un corps électoral qui est luimême l’émanation de ces collectivités » et que, « par suite, ce corps électoral doit être essentiellement composé de membres des assemblées délibérantes des collectivités territoriales ». C’est précisément cette notion que la droite sénatoriale entend inscrire dans la Constitution. « Verrouillage supplémentaire » Pour Didier Maus, président émérite de l’Association française de droit constitutionnel, si cette disposition était adoptée, « ce serait incontestablement un verrouillage supplémentaire ». Et d’expliquer : « Le projet de loi constitutionnelle pouvait ouvrir la voie à un rééquilibrage du corps électoral : il prévoit que le Sénat assure la représentation des collectivités territoriales en tenant compte de leur population. Mais le verrou introduit limite singulièrement la portée de cette disposition. Il rend le Sénat quasiment intouchable. » Qu’advient-il, alors, en cas de désaccord entre les deux chambres ? « Le Sénat a un pouvoir de blocage absolument anormal, estime M. Maus. Ce qui pouvait se justifier en 1958, quand le président de la République n’était pas élu au suffrage universel, n’a plus de raison d’être aujourd’hui. Si pour être adoptée une loi doit être approuvée dans les mêmes termes par les deux assemblées, il n’est pas normal qu’une chambre élue au suffrage indirect dispose d’un pouvoir de veto de fait. Il devrait dès lors y avoir un moyen de trancher, et ce pouvoir n’appartient qu’au peuple. Mais pour cela il faudrait pouvoir réviser la Constitution et, pour réviser la Constitution, il faut l’accord des sénateurs. Leur droit de blocage, on le voit, est totalement disproportionné. » La situation est-elle, dès lors, insoluble ? M. Maus regrette que, d’une certaine manière, l’occasion d’élargir le possible recours à l’article 11 de la Constitution pour la convocation d’un référendum ait été manquée en 1995, lorsque fut soumis par Jacques Chirac et son ministre de la justice de l’époque, Jacques Toubon, un projet de révision constitutionnelle qui se heurta, lui aussi, à la résistance des sénateurs. « Ce qui prouve, ajoute M. Maus, que la majorité sénatoriale, quand il s’agit de défendre ses intérêts, n’est pas aux ordres du gouvernement. » Charles de Gaulle luimême en avait fait les frais lorsqu’il s’avisa, en 1969, de limiter les pouvoirs du Sénat : il essuya un échec qui signa son départ. Son président actuel, Christian Poncelet, aime à le répéter : « Toucher au Sénat, c’est mortel. »a amen, après ils demanderont autre chose », assure le président de la commission des lois du Sénat, convaincu qu’« ils avaient prévu leur coup ». Partisan de la « fermeté », il entend « ne rien lâcher sur les principes » : « On verra bien qui a raison. » A quelques mois du prochain renouvellement sénatorial, les sénateurs de l’UMP sont d’autant plus vigilants qu’ils savent que leur majorité en sortira encore amoindrie. « Pour eux, cela passe avant tout », regrette le président du groupe UMP de l’Assemblée, Jean-François Copé, qui voit sa tâche d’autant plus compliquée que les sénateurs ont également rejeté, en commission, l’article tel qu’il avait été voté à l’Assemblée rendant obligatoire un référendum pour l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Une disposition contraignante qui avait été introduite, avec la bénédiction de Nicolas Sarkozy, à la demande des opposants les plus déterminés à l’entrée de la Turquie dans l’UE. Leur chef de file, Richard Mallié (UMP), ne décolère pas contre ses collègues du Sénat. « Si c’est comme ça, je ne voterai pas la réforme constitutionnelle, et je ne serai pas le seul », assure le député des Bouchesdu-Rhône. Le président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, a pour sa part exprimé le souhait que les députés « suivent » désormais le Sénat sur ce point. « Il va nous falloir construire un jeu d’équilibre subtil entre toutes les contraintes », admet M. Copé, qui souhaite continuer à préserver les chances d’un consensus avec l’opposition et d’un compromis dans la majorité. L’intervention du Sénat a toutefois passablement compliqué la donne. « Ce n’est pas gagné, consent M. Copé, mais ce n’est pas figé. » a Patrick Roger CALENDRIER Le gouvernement avait annoncé la tenue d’un Congrès le lundi 7 juillet à Versailles pour l’adoption du projet de loi constitutionnelle. Cette hypothèse apparaît d’ores et déjà improbable. Sénat. L’examen en séance commencera mardi 17 juin. La discussion est prévue jusqu’au lundi 23 juin. Navette. Le texte reviendra ensuite en deuxième lecture à l’Assemblée nationale, où la discussion ne pourra commencer, au mieux, que le 1er juillet, puis retournera au Sénat. Congrès. Si les deux chambres parviennent à se mettre d’accord, le texte pourra alors être soumis au Congrès. Le gouvernement envisage désormais la date du 21 juillet. Pour être adopté, le projet de loi devra recueillir les trois cinquièmes des suffrages exprimés. P. Rr DÉBAT LE PARTI MAJORITAIRE ORGANISE UNE CONVENTION SOCIALE À LA MUTUALITÉ ENQUÊTE LE SRPJ DE VERSAILLES SAISI L’UMP, cornaquée par Nicolas Sarkozy, cherche à redevenir une grande formation populaire Du matériel électronique découvert dans la voiture de Bernard Thibault SUSCITER LE DÉBAT, remotiver les militants, l’UMP, à l’unisson de Nicolas Sarkozy, s’est lancé dans une opération « reconquête. » La cible est identique : les classes moyennes et populaires. Celles que le parti considère comme ayant formé le bataillon des abstentionnistes des dernières élections municipales, ces électeurs déçus mais qui toutefois ne se sont pas – encore ? – tourné vers la gauche. « Il faut faire revivre le P, de l’UMP, le P de populaire », plaide Frédéric Lefèbvre, député des Hauts-de-Seine et bouillonnant porte parole du parti. Affaiblie par la fuite de ses cerveaux qui ont, comme Emmanuelle Mignon, suivi le chef de l’Etat vers l’Elysée ou rejoint les cabinets ministériels, contrariée par les luttes de pouvoir interne, l’UMP a connu une sorte de « baby blues » après l’entrée de son président à l’Elysée. Du statut de force de propositions, elle est passée – disent les plus critiques – à une machine tout juste bonne à produire des couacs. « Il nous a fallu passer d’un parti de conquête à un parti de gouvernement », analyse Dominique Paillé, autre porte parole et conseiller du président de la République. De la machine à produire et à séduire à la machine à gérer. « Les lendemains de l’élection présidentielles n’ont pas été faciles, renchérit M. Lefèbvre. Nous avons du trouver de nouvelles marques et une organisation adaptée. Les adhérents avaient rejoint l’UMP pour soutenir Nicolas Sarkozy, il nous a fallu trouver une organisation qui maintienne le lien avec lui. ». C’est ainsi qu’au lendemain des élections municipales le chef de l’Etat a placé deux sentinelles, Xavier Bertrand et Nathalie Koscusko-Morizet, aux côtés du secrétaire général Patrick Devedjian. « Il contrôle tout » Pour tenter de « reprendre la main » sur le débat alors que le PS et encalminé dans la préparation de son congrès, l’UMP a décidé de renouer avec les conventions thématiques qui avaient nourri la campagne présidentielle. Confiées à l’époque à Emmanuelle Mignon, dix-huit conventions « pour la France d’après » avaient exploré entre mars 2005 et octobre 2006 tous les thèmes de la société française. Ces débats ouverts à des personnalités extérieures et à des experts avaient servi de socle au programme du candidat. C’est sur ce modèle que le parti organise jeudi 12 juin, à la Mutualité sa convention sur le social avec au programme des tables rondes axées notamment sur la « relance de l’ascenseur social ». Préparée par Pierre Mehaignerie, Marc-Philippe Daubresse et Philippe Juvin, elle doit accueillir quelques personnalités du monde syndical et de l’entreprise, notamment Guillaume Pepy, le président de la SNCF « On a été très critiqué au moment du paquet fiscal. Il faut montrer que l’UMP est le défenseur de la justice sociale, que nous ne sommes pas là pour faire des cadeaux aux riches, plaide Philippe Cochet, député du Rhône et délégué général à la réforme. Il faut que le parti redevienne une machine à idées, avant d’être une machine électorale. L’UMP doit être devant le gouvernement, quitte à déranger ». M. Devedjian en a récemment fait la démonstration en plaidant pour la suppression pure et simple des 35 heures, là où M. Bertrand se contentait de plaider pour des assouplissements dans l’entreprise. Et mercredi 11 juin, le secrétaire général de l’UMP n’a pas hésité à prendre ses distances avec le Revenu de solidarité active, défendu par Martin Hirsch, en mettant en garde contre le risque de « créer une grande population assistée ». Cette convention qui veut redonner toute sa place au débat arrive à point nommé pour faire taire les critiques exprimées ces derniers jours par les clubs et partis associés sur le « monolithisme de l’UMP » ou « sa RPRisation ». François Fillon devrait y faire une courte apparition. Pour la photo ? Car l’UMP est et reste une machine au service exclusif du chef de l’Etat. M. Sarkozy se fait communiquer quotidiennement l’évolution du nombre de militants, avalise les initiatives, surveille l’évolution des fédérations : « Il contrôle tout », lâchent en cœur les porte-parole de l’UMP. a Sophie Landrin UNE PLAINTE a été déposée au commissariat de Draveil (Essonne) par Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, mercredi 11 juin à 15 heures, après que le responsable syndical a découvert, tôt dans la matinée de mercredi, sa porte de garage ouverte et du matériel électronique dans sa voiture. L’enquête préliminaire a été confiée par le parquet d’Evry à la police judiciaire de Versailles. « Eu égard à la personnalité de M. Thibault, il était normal que le procureur d’Evry saisisse le SRPJ de Versailles », a-t-on indiqué au commissariat de Draveil. Ce sont donc des membres de la police judiciaire d’Evry et de Versailles qui ont interrogé à Draveil, mercredi jusque tard dans la soirée, M. Thibault, son épouse, son chauffeur et un responsable de sa sécurité. Ils se sont aussi rendus au domicile du responsable syndical pour un relevé d’empreintes. Le matériel retrouvé sur le plancher de la voiture, qui était fermée, selon les proches de M. Thibault, et dans la portière arrière près d’une enceinte, a été confié à la police : bout de fil électrique, tournevis, carte électronique, du petit matériel qui aurait été abandonné par le ou les visiteurs. Ce pourrait être du matériel de surveillance, selon une source proche de l’enquête. La police locale a pris des mesures pour renforcer la surveillance autour du domicile de M. Thibault. En octobre 2007, un chat égorgé, peint en rouge, avait été retrouvé accroché à l’entrée de sa demeure. Il y a trois ans, c’était une tête de cochon. Ce nouvel incident intervient alors que la CGT prépare la mobilisation du 17 juin contre la réforme du temps de travail et les retraites. Le syndicat, qui dit ne pas vouloir se laisser distraire de cet objectif, attend de la police que toute la lumière soit faite sur « la violation du domicile, la nature du matériel retrouvé et les auteurs ». a DÉPENSES mentation des dépenses, mais pour 300 % d’activité en plus », a indiqué. « Les déplacements en province ont été multipliés par trois, les déplacements à l’étranger par deux (…). » « Les frais de bouche, de réception sont en diminution, a-t-il précisé, citant entre autres : «-43 % sur le vin, -8 % sur les traiteurs ». – (Reuters) Luc Chatel justifie la hausse du budget de l’Elysée en 2007 Le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, a justifié, mercredi 11 juin, la progression de 8,4 % des dépenses de l’Elysée en 2007 par l’activité plus importante de Nicolas Sarkozy. « Il y a 8 % d’aug- Rémi Barroux 10 France 0123 Vendredi 13 juin 2008 ÉDUCATION La forte hausse des prix en mai alimente les craintes d’une stagflation en France Le financement des universités pourrait s’appuyer sur des critères de performance Les conjoncturistes redoutent une éventuelle hausse des taux par la BCE. Excepté le smic qui augmentera encore en juillet, les salaires n’accélèrent pas. Le pouvoir d’achat est menacé ême s’il était généralement attendu, le mauvais chiffre de l’inflation française en mai relance les interrogations sur la politique à venir de la Banque centrale européenne (BCE). Une éventuelle hausse des taux d’intérêt en juillet ne pourrait qu’accentuer le ralentissement attendu de la croissance française en 2008 et, surtout, en 2009. Ce ne serait pas « forcément une bonne nouvelle » dans le contexte actuel, a déclaré, jeudi 12 juin sur RTL, la ministre de l’économie, Christine Lagarde. Le renchérissement du pétrole et celui des produits alimentaires, particulièrement marqué pour les produits frais, sont à l’origine de la plus forte hausse annuelle (+3,3 %) des prix à la consommation qu’ait annoncée l’Insee depuis le mois de juillet 1991. L’inflation française, harmonisée au niveau européen (IPCH), poussée à la hausse par les franchises médicales, et plus sensible, pour des raisons de pondération différente, à l’évolution des prix de l’énergie et des produits alimentaires, « a même atteint son plus haut historique depuis le début de la série à 3,7 % », souligne Mathieu Kaiser (BNP Paribas). L’économiste note que le choc pétrolier tend à se diffuser aux prix des transports. « Etant donné la poursuite des tensions et l’incertitude régnant sur les marchés des matières premières, il est désormais difficile d’affirmer que le pic d’inflation est passé », ajoute-t-il. Pour la plupart des conjoncturistes, les Français vont devoir vivre avec une inflation d’au moins 3 % jusqu’en septembre et un pouvoir d’achat qui, en l’absence d’accélération des salaires, s’amenuise. Seul le smic est épargné. Mécaniquement indexé sur l’inflation, il augmentera de M 0,9 % au 1er juillet après +2,3 % en mai. Combinée aux deux chocs de l’euro fort et du pétrole cher, qui, selon l’Insee, ont réduit la croissance de 0,4 point par an entre 2002 et 2007, cette perspective n’est évidemment pas une bonne nouvelle pour l’économie française. Pour Mathilde Lemoine, directrice des études économiques de HSBC France, « la vraie mauvaise surprise, c’est la faiblesse, au premier trimestre, de la consommation des ménages, qui est pourtant le principal moteur de la croissance française. Or le moral des Français, en berne, est totalement corrélé à l’inflation ». Le tout peut nourrir une spirale négative : plus d’inflation, plus de déprime, moins de consommation et moins de croissance. Autrement dit, la stagflation. Avec un baril de pétrole à 150 dollars et un relèvement, par la BCE, des taux d’intérêt de 50 points de base, la progression du produit intérieur brut (PIB) français tomberait à 0,83 % en 2009, selon un scénario noir – mais pas invraisemblable – de la banque. « Bouffés de tous les côtés » « Les consommateurs sont bouffés de tous les côtés, note de manière imagée le directeur des études de Natixis, Patrick Artus. Leurs crédits à la consommation se font plus chers et plus rares. Leurs emplois sont menacés car les entreprises sont tentées d’accélérer les délocalisations. Et les salaires réels sont en croissance négative dans toute la zone euro. Quant à l’Etat, il n’a plus d’argent et fabrique du déficit. Le partage de la charge est clairement défavorable aux Etats et aux ménages. » L’éventuelle hausse des taux de la BCE dégraderait fortement la situation des ban- ques, des marchés financiers et accentuerait l’hétérogénéité des économies européennes, note M. Artus. Et pourrait même être « catastrophique » en l’absence de coopération entre la FED et la BCE. Pour l’économiste de Natixis, qui a fréquemment critiqué le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, la Banque centrale européenne se trouve dans une position extrêmement difficile : « Elle peut être tentée d’augmenter les taux pour lutter contre une forme d’inflation sur laquelle elle ne peut rien, au risque de ralentir l’activité. Mais elle peut difficilement ne rien faire, car, depuis peu, l’inflation anticipée, sur laquelle elle se cale, augmente et atteint des niveaux (2,5 %) qui peuvent faire craindre des tensions inflationnistes durables ». En somme, entre la peste et le choléra, que peut-elle choisir ? a Claire Guélaud ENTRETIEN AVEC PHILIPPE ASKENAZY, DIRECTEUR DE RECHERCHE AU CNRS « La loi de modernisation économique devrait offrir une petite baisse des prix » Les prix français sont-ils, comme le soutient le gouvernement, supérieurs à ceux pratiqués dans le reste de l’Union européenne ? En exhibant les prix de quelques produits alimentaires, le secrétaire d’Etat à la consommation, Luc Chatel, triche un peu : d’abord parce qu’il existe dans chaque pays, pour un produit donné, des différentiels de prix très importants d’un magasin à un autre au sein d’une même enseigne. Ensuite, les habitudes de consommation différant d’un pays à l’autre, la comparaison de paniers non similaires est délicate. Les estimations en parité de pouvoir d’achat suggèrent que la France aurait des niveaux de prix proches de la moyenne de l’Union à 15. Elle était mieux placée il y a 12 ans, avant les lois Galland et Raffarin. Mais entre 1996 et 2008, les prix relatifs alimentaires ont évolué plus rapidement dans notre pays, de l’ordre de 4 % à 5 %, ce qui représente une ponction annuelle d’environ 5 milliards d’euros sur les consommateurs. En même temps, les profits des distributeurs ont augmenté plus vite en France que chez nos voisins. Il y a donc des marges pour faire baisser les prix, mais pas de 30 %, et cela dépend des produits. Depuis 1996, les prix alimentaires évoluent plus rapidement en France qu’en Allemagne. Pourquoi ? Les lois Galland et Raffarin ont conjugué leurs effets. La première a empêché une concurrence par les prix et la seconde une concurrence par l’offre. La loi Raffarin est à l’origine, dans un premier temps, d’une politique malthusienne de création de nouvelles grandes surfaces et, dans un second temps, d’extension de surfaces existantes. Elle a renforcé des positions dominantes déjà existantes. C’est le contraire de la concurrence. Mais la loi Chatel de janvier 2008 a changé la donne… Oui, depuis sa promulgation, les distributeurs peuvent restituer les « marges arrière » aux consommateurs. Il suffit, pour déclencher une baisse des prix, qu’ils le veuillent. Et pour cela, il faut introduire une concurrence entre opérateurs au niveau local. L’étude récente de l’UFCQue choisir n’a fait que rendre public un constat bien connu : dans au moins un SOCIAL UNE PROGRESSION PLUS IMPORTANTE QUE PRÉVUE Que peut-on attendre du projet de loi de modernisation de l’économie (LME) en cours d’examen au Parlement ? Tel qu’il est actuellement, ce texte est plutôt a minima et favorable aux distributeurs. Il va permettre à la grande distribution de répondre aux demandes de clients, qui se tournent vers le hard discount. Les consommateurs trouveront des prix bas, non pas à travers une concurrence plus forte, mais à travers une offre ciblée dédiée au segment croissant des consommateurs à faible pouvoir d’achat. En revanche, les prix dans les magasins FAITS DIVERS 70 700 emplois ont été créés dans le secteur privé au premier trimestre APRÈS la bonne nouvelle du chômage, ce sont les créations d’emploi, au nombre de 70 700 dans le secteur concurrentiel pour le 1er trimestre, qui se montrent plus nombreuses qu’attendues. Selon les chiffres publiés, jeudi 12 juin, par l’Insee et le ministère de l’économie, la progression est de 0,4 % par rapport au dernier trimestre et de 1,6 % sur un an. La révision à la hausse est forte puisque l’estimation provisoire était de + 0,2 %, avec moins de 40 000 nouveaux emplois prévus. Cette progression de l’emploi est également constatée par l’Unedic, qui perçoit les cotisations chômage des employeurs du secteur concurrentiel. Pour l’assurance-chômage, la hausse est de 0,3 % avec 55 900 nouveaux emplois. « Une bonne tiers des zones de chalandise, il y a peu ou pas de concurrence. L’exemple de Paris est frappant : un seul groupe y détient 70 % des grandes surfaces alimentaires. L’association de consommateurs propose de permettre à une autorité de concurrence de casser ces monopoles locaux et d’obliger à des ventes de magasin entre concurrents. Cette option radicale présente l’avantage de régler immédiatement le problème sans attendre une construction frénétique de nouveaux commerces. Elle pourrait permettre des baisses de prix significatives. surprise », pour le responsable des statistiques de l’assurance-chômage. Malgré ce nouveau chiffre record – 18 184 200 salariés français dans le secteur concurrentiel à la fin mars –, la décélération des créations d’emploi est réelle : 78 000 nouveaux emplois avaient été enregistrés au dernier trimestre 2007 et près de 75 000 au troisième trimestre. L’industrie perd de plus en plus d’emplois, -12 100 postes (-7 100 au 4e trimestre 2007). La construction en a créé 12 000, même si, précise l’Unedic, la progression dans ce secteur est moindre qu’auparavant. Le secteur tertiaire et les services restent les premiers créateurs d’emploi en France.a R. Bx. Un corps de femme, sans tête ni jambes, retrouvé dans une valise près de Nantes Un corps de femme, décapité et sans jambes, a été retrouvé, mardi 10 juin, dans une valise plongée dans la Sèvre nantaise, à Vertou, commune limitrophe de Nantes. « Il s’agit du corps d’une femme de peau blanche, âgée de 50 à 60 ans, mesurant entre 1, 55 mètre et 1,60 mètre et pesant 80 kg », a indiqué le procureur de la République de Nantes, Xavier Ronsin, précisant que « la mort est récente ». Mercredi soir, l’identité de la victime demeurait officiellement inconnue, tout comme « la cause première du décès ». – (Corresp.) JUSTICE Prison ferme pour le lancer mortel d’un bloc de bitume Guillaume P., plombier de 19 ans, a été condamné par la cour d’assises des mineurs de Loire-Atlantique, mercredi 11 juin, à cinq ans de réclusion criminel- classiques ne devraient guère bouger. En somme, la loi LME devrait offrir une petite baisse des prix aux consommateurs en améliorant l’offre commerciale, sans détériorer les profits des distributeurs. Ce sont plutôt les industriels, en particuliers les PME, qui devraient être les perdants de la négociabilité des prix permise par le projet de loi. Le risque est que les distributeurs fassent tellement pression sur leurs fournisseurs pour regagner des marges que seuls les plus gros résisteront. Une fois que les petits fournisseurs seront morts, on se trouvera dans un affrontement entre puissants industriels et grande distribution. Et là, on peut obtenir des prix d’équilibre au-dessus de ce qu’ils sont aujourd’hui. C’est un risque d’éviction dont la grande distribution est consciente. Nul ne sait évaluer l’effet final sur les prix du projet de loi de modernisation de l’économie. De plus, les amendements proposés, s’ils sont adoptés, risquent de limiter l’effet de la loi. Accroître les pouvoirs du maire revient à freiner l’implantation des nouveaux points de vente. a Propos recueillis par C. Gu. le, dont deux assortis de sursis, pour avoir lancé un bloc de bitume de 5 kg depuis un pont, le 15 avril 2006, à PontChâteau (Loire-Atlantique). Ce geste, qu’il avait qualifié de « jeu », a tué Fabrice Ferrand, 13 ans, passager d’une voiture roulant en contrebas. Son ami, Mathieu L., lycéen de 20 ans poursuivi pour ne pas avoir empêché le drame, a été condamné à trois ans de prison dont un avec sursis. « J’aurais préféré une peine d’intérêt général élevée plutôt que de la prison ferme », a déclaré Martine Ferrand, mère de la victime. – (Corresp.) DÉFENSE Crash d’un Mirage 2000 de la force nucléaire non armé Un Mirage 2000 N affecté à la force de dissuasion nucléaire, s’est écrasé, mercredi 11 juin, à Laurenan (Côtes-d’Armor). Ses deux membres d’équipage, qui se sont éjectés, sont sains et saufs. Comme tous les avions de la composante aérienne de la dissuasion nucléaire en UN RAPPORT sénatorial, publié mercredi 11 juin, prône un système de financement des universités sur des critères de performance. Six sénateurs ont été chargés par la ministre de l’enseignement supérieur, Valérie Pécresse, de proposer une réforme du système dit « de San Remo » (système analytique de répartition des moyens). Utilisé depuis 1994, ce modèle permet à l’Etat de répartir les emplois et de fixer le montant de la dotation annuelle qu’il verse aux universités, en tenant compte notamment du nombre d’étudiants inscrits et de la superficie des bâtiments. Critiqué pour son caractère illisible et opaque, le système San Remo est accusé de pousser les universités à remplir leurs amphis au détriment de la qualité. Baptisé « Sympa » (système de répartition des moyens à la performance et à l’activité), le système envisagé au Sénat prône une corrélation entre financement et performance. 10 % des crédits de formation seraient évalués au titre de la performance, contre 3 % actuellement. Pour la recherche, déjà financée à hauteur de 20 % sur la base d’objectifs, cette part pourrait être de 30 % dès 2009, et à terme atteindre 50 %. « Système concurrentiel » Pour évaluer l’efficacité d’une université, les sénateurs suggèrent d’utiliser des critères comme le taux d’insertion professionnelle à six mois et à trois ans, tout en prenant en compte la poursuite d’études. Le niveau de salaire ou le statut de cadre peuvent aussi constituer, selon les sénateurs, des indicateurs pertinents. Le groupe de travail propose aussi de lier le financement au nombre d’étudiants présents aux examens et non pas au nombre d’étudiants inscrits, comme le prévoit le système San Remo. Le taux d’occupation des locaux, mais aussi des critères de gestion administrative, financière et de ressources humaines pourraient également entrer en ligne de compte. Pour pondérer les critères de performance, les parlementaires suggèrent de croiser les résultats d’insertion avec des indicateurs sur l’origine socio-économique ou le niveau scolaire des étudiants. « En 2009, aucune université ne devrait être perdante, assure le sénateur (non inscrit) de l’Aube Philippe Adnot. Les universités considérées comme “déficitaires” devraient bénéficier d’une première tranche de rattrapage, les universités “excédentaires” conserveraient leurs moyens. A partir de 2010, le montant des dotations tiendrait à la fois compte de la situation initiale par rapport au rééquilibrage, de l’évolution de l’activité et des progrès qualitatifs. » Ces propositions pourraient toutefois raviver les débats sur la « rentabilité » de certaines filières. « Il pourra y avoir des redéploiements de certaines disciplines sur un nombre limité de sites », convient Jean-Léonce Dupont (Union centriste-UDF, Calvados). Le syndicat d’étudiants UNEF a réagi aux propositions du Sénat en dénonçant, mercredi, « la mise en place d’un système concurrentiel pénalisant les universités qui ont le plus besoin d’être aidées ». La mission d’évaluation et de contrôle de l’Assemblée nationale, qui travaille également sur ce sujet, doit présenter ses conclusions fin juin. a Catherine Rollot vol d’entraînement, ce Mirage, originaire de la base aérienne 116 de Luxeuil (Haute-Saône), n’était pas armé. Le précédent crash, le 12 février, était aussi celui d’un Mirage 2000 N de la base de Luxeuil. – (AFP.) ACCIDENT Trois vacanciers allemands se noient dans un affluent du Verdon Trois vacanciers allemands, deux jeunes femmes et leur guide, qui faisaient mercredi 11 juin en fin d’après-midi du canyoning ont trouvé la mort dans un affluent du Verdon. Ils ont été emportés par une vague de crue consécutive aux orages. Depuis quelques jours, le sous-préfet de Castellane (Alpes-de-Haute-Provence) avait pris un arrêté pour interdire les activités nautiques et d’eau vive dans les gorges du Verdon où le débit est de 75 mètres cube à la seconde. La pratique des sports d’eau vive était cependant autorisée dans l’affluent où l’accident a eu lieu. – (AFP.) 0123 Vendredi 13 juin 2008 Economie & Entreprises 11 Industrie PSA Peugeot Citroën et Mitsubishi ont posé la première pierre de leur usine à Kalouga La Russie, eldorado des constructeurs automobiles u moment où la flambée des prix des carburants touche de plein fouet la plupart des marchés automobiles et que les constructeurs américains voient leurs ventes de 4 × 4 s’effondrer mois après mois, le marché automobile russe, lui, est en pleine forme. Ce secteur profite à plein de la croissance économique de la Russie : 7,8 % en 2007 après 6,7 % en 2006. Ce boom économique est en grande partie entretenu par les revenus tirés des matières premières, notamment énergétiques. Le nombre de milliardaires en dollars aurait quasiment doublé en 2007, passant de 60 à 110. Les millionnaires augmentent plus que n’importe où ailleurs. Mais cette richesse croissante commence à se diffuser dans la société russe. L’émergence d’une classe moyenne tire la consommation, à commencer par l’automobile. En 2007, les immatriculations sur le marché russe ont largement dépassé celle du marché français (2,450 millions contre un peu plus de 2 millions pour la France). Et le potentiel est énorme. En effet, le taux d’équipement n’est que de 210 véhicules pour 1 000 habitants, contre 600 en Europe occidentale et 800 aux Etats-Unis. Le marché devrait dépasser 4 millions de voitures en 2012. A cette date ou même avant, la Russie pourrait devenir le premier marché européen devant l’Allemagne. A Cette forte hausse profite essentiellement aux marques étrangères : leurs ventes ont augmenté de 62 % en 2007. La Russie est déjà le premier marché européen des Japonais Toyota, Lexus, Mitsubishi, Subaru ou du coréen Kia. En revanche, la croissance du marché ne profite pas aux constructeurs locaux. Du fait d’une qualité médiocre et d’une mauvaise image de marque, leurs ventes plongent. De 800 000 en 2007, elles devraient tomber à 350 000 en 2015. Multiples investissements La classe moyenne préfère se porter sur les modèles occidentaux comme la Peugeot 308, la Citroën C4 ou encore la Renault Megane. Les plus riches, eux, s’affichent dans de luxueux 4 × 4 ou des véhicules encore plus haut de gamme. « Nous avons vendu plus de 8 000 voitures Infiniti (groupe Nissan) dès la première année. C’est bien au-delà de toutes nos espérances », confie Carlos Ghosn, le patron de Renault-Nissan. Mais le boom est tel que même la voiture à bas coût de Renault, la Logan, connaît un vrai succès. Depuis 2005, le constructeur français en a écoulé 150 000. Pas étonnant donc que tout le monde veuille une part de ce nouvel eldorado. Après General Motors et Ford sur place depuis longtemps, d’autres constructeurs ont investi récemment. L’implantation des étrangers se révèle parfois compliquée S’IMPLANTER à Moscou, pour une entreprise étrangère, n’est pas une sinécure. Depuis 2000, plusieurs entreprises, comme Danone, L’Oréal, Schlumberger, Total ou Bouygues, font l’objet de redressements fiscaux et bataillent devant les tribunaux, parfois avec succès, comme Bouygues. « Les règlements sont souvent utilisés pour contrarier un projet qui n’a pas, pour des raisons très variées, la faveur des dirigeants, qui font parfois un usage discrétionnaire du droit », déplore un entrepreneur français. Des délais plus longs Installé en Russie depuis 2001, où il a ouvert vingt et un magasins et racheté la chaîne Ramstore, Auchan rencontre pour la première fois des difficultés. Son magasin situé à Sokolniki dans Moscou, achevé depuis décembre 2007, attend toujours son ouverture. Vladimir Yakunin, président des chemins de fer russe, s’oppose à la construction des voies d’accès au magasin sur un terrain commun. « Dès que nous avons compris que c’était un terrain mixte, nous avons engagé une négociation, indique Jean Mailly, président d’Auchan Russie. Elle n’a pas été facile car nous n’avions pas compris tous les rouages administratifs. » Paradoxalement, malgré la bonne image revendiquée par Auchan en Russie, M. Mailly affirme que d’autres problèmes pourraient survenir dans le futur. « Les procédures sont fouillées, précises et longues, c’est d’autant plus vrai quand on s’installe à Moscou », reconnaît-il. Jusqu’à présent, il fallait environ ÉNERGIE Les discussions entre BP et ses alliés russes sont rompues Les discussions entre le britannique BP et ses associés russes sur l’avenir de leur coentreprise TNK-BP ont été rompues, affirmait mercredi 11 juin l’agence Reuters. Les Russes réclament une réduction de 60 % des effec- deux ans pour ouvrir un magasin. « Ce délai risque de s’allonger car les Russes deviennent de plus en plus exigeants », conclut-il. Dans le domaine de la construction, après la crise financière de 1998, la compétition est devenue âpre, avec des entreprises souvent moins disantes, venues d’Ukraine, de Slovénie, de Turquie ou des ex-républiques soviétiques orientales, Ouzbékistan, Tadjikistan, et même de Chine. « Nous n’avons rien signé à Moscou depuis quelques années, reconnaît un porte-parole du groupe Bouygues, mais nous engrangeons de beaux contrats ailleurs, notamment à Ekaterinbourg » : dans la capitale de l’Oural, le groupe va construire l’Iset Tower, une tour résidentielle de luxe (136 millions d’euros) et un hôtel Hyatt (75 millions d’euros), livré à l’automne 2008. Ces projets sont conduits par Valode et Pistre, seule agence d’architecture française à disposer d’une licence russe : « Nous rencontrons plus de succès en province que dans la capitale », reconnaît Jean Pistre, qui travaille beaucoup avec un conglomérat minier, métallurgique et, désormais, immobilier de l’Oural, UGMK. Pour faire face aux difficultés administratives grandissantes dans le pays, PSA, lui, s’est adjoint le soutient de la région de Kalouga. « Elle a fait un effort pour que le terrain nous soit accessible. C’est elle qui s’est chargée d’effectuer les démarches », reconnaît Didier Aleton, responsable du projet. a N. Bn et Isabelle Rey-Lefebvre tifs étrangers de TNK-BP, une représentation à parité de chacun des deux camps dans l’ensemble des conseils d’administration des filiales de TNK-BP, et des prérogatives élargies de mandataire pour l’avocat de German Khan, un important actionnaire russe, membre de la direction de TNK-BP. – (Reuters.) Volkswagen n’a pas lésiné en dépensant plus de 1 milliard d’euros dans une usine pour produire 150 000 voitures par an. Toyota a commencé sa production fin 2007 et Nissan doit ouvrir en 2009 une usine à Saint-Pétersbourg. Quant à Renault, grâce au rachat au printemps de 25 % du russe Avtovaz, propriétaire de la marque Lada, le pays va devenir en 2009 son premier marché. PSA Peugeot Citroën tente de rattraper son retard. La Russie constitue sa troisième zone de développement prioritaire après le Brésil et la Chine. Le constructeur français a posé, mardi 10 juin à Kalouga, la première pierre de son usine en partenariat avec Mitsubishi. L’investissement total atteint 470 millions d’euros dont 70 % pour PSA. L’usine emploiera 3 000 personnes et doit entrer en production en 2011 avec une capacité initiale de 160 000 véhicules. Une croissance continue PRÉVISION DU MARCHÉ AUTOMOBILE EN RUSSIE en millions de véhicules RÉPARTITION RÉGIONALE DES VENTES D’AUTOMOBILES, en milliers de véhicules 5 4,1 4 3 2,4 2 2007 2010 prévisions Moscou 950 1 023 Saint-Pétersbourg 250 264 Oural 275 462 Russie du Sud 175 297 Russie plaine centrale 600 924 Sibérie centrale 125 165 Sibérie orientale 125 165 1 0 2007 2009 2011 2013 2015 Source : PSA Peugeot Citroën Mais elle pourrait être portée à 300 000 unités. Comme Volvo ou encore Volkswagen, PSA a été largement soutenu par Anatoly Artamonov, le gouverneur de la région de Kaluga. « Il y a quelques années, nous nous sommes fixés pour objectif de faire de cette région une des régions les plus attractives pour les investissements et le premier pôle automobile du pays. Nous avons réussi », se félicite M. Artamonov. Premier pôle automobile de la Russie, Kaluga devrait accueillir de nombreux fournisseurs. L’équipementier Faurecia est dans la phase finale de sélection d’un site pour fournir PSA et Volkswagen. Pour faire face à ce développement, la région a augmenté de plus de 72 % les logements. Et la construction d’un centre de formation automobile est en cours pour répondre à la forte demande en main-d’œuvre. a Nathalie Brafman 12 Economie & Entreprises 0123 Vendredi 13 juin 2008 DÉVELOPPEMENT Le japonais Daiichi Sankyo prend le contrôle du fabricant indien de génériques Ranbaxy La transaction, d’un montant compris entre 2,2 et 3 milliards d’euros, illustre la volonté des groupes pharmaceutiques nippons de se diversifier et de s’internationaliser a pharmacie nippone multiplie les acquisitions hors du territoire national. Le laboratoire japonais Daiichi Sankyo a annoncé, mercredi 11 juin, qu’il lançait une offre d’achat amicale sur le premier groupe pharmaceutique indien, le fabricant de génériques Ranbaxy. L’opération aura lieu en deux temps. Tout d’abord, la famille Singh, fondatrice de Rabaxy, cède les 34,8 % du capital qu’elle détient avec un bonus de 31,4 % par rapport au dernier cours de Bourse. Ensuite, Daiichi lancera une offre publique d’achat (OPA) sur le reste du capital. Le coût total de la transaction se situerait entre 3,4 et 4,6 milliards de dollars (entre 2,2 et 3 milliards d’euros). Ranbaxy est le premier fabricant de L médicaments indien, largement spéciali- son groupe – l’un des dix premiers fabrisé dans les génériques. Pour le japonais cants mondiaux de génériques – en « un dont les produits les plus connus sont le laboratoire pharmaceutique international de Benicar (antihypertenseur) et le Prasu- recherche ». Plus de 80 % du chiffre d’affaires de Rangrel (antithrombotique), l’acquisition représente tout à la fois une diversifica- baxy provient des produits génériques. tion importante dans les génériques, mais Mais comme tous les fabricants de aussi une réelle internationalisation. Ran- « copie », ce sont les profits réalisés sur les baxy, comme tous les fabricants de généri- médicaments innovants et brevetés qui les font rêver. Beaucoup de fabriques, commercialise des médicants de génériques investissent caments aux Etats- Unis et en Le PDG donc leurs profits dans une Europe. de Ranbaxy recherche classique capable de Le PDG de Ranbaxy, Malvina défendu donner lieu à un produit exclusif. der Singh, le petit-fils du fondaune vente qui « va Ce rachat est un épisode de teur de l’entreprise Bhai nous permettre plus dans la politique agressive Mohan Singh, sera maintenu de grossir, plus de diversification menée depuis dans ses fonctions. « C’est un vite, et d’être 2008 par les laboratoires japopas très important vers le promeilleur » nais. Après le rachat de l’entrechain niveau de croissance », a prise de biotechnologie améridit M. Singh à la presse à New caine Millenium par le japonais Takeda Delhi. Alors que les groupes indiens sont fiers pour plus de 8 milliards de dollars, et de leurs récents achats en Occident – après la prise de contrôle de MGI Pharma notamment l’achat de Jaguar et Land Rover par Eisai pour 3,9 milliards, l’opération par Tata –, M. Singh a défendu une vente Daiichi Sankyo est la troisième de grande qui « va nous permettre de grossir, plus vite, et ampleur pour le marché nippon. Daiichi se positionne désormais à la d’être meilleur ». Il espère « transformer » neuvième place mondiale sur un marché du générique estimé aujourd’hui à 120 milliards de dollars. La stratégie suivie par le laboratoire japonais est à peu près la même que celle du suisse Novartis : répondre aux besoins du marché national japonais en médicaments génériques, réduire les risques en explorant les différentes facettes du marché du médicament et prendre pied sur des marchés émergents (Chine, sous continent indien) où il est aujourd’hui absent. En outre, compte tenu du fait que les laboratoires nippons sont de taille très modeste par rapport à leurs homologues occidentaux, la course à la grandeur réduit le risque d’être eux-mêmes avalés. Un danger d’autant plus grand qu’ils rencontrent les mêmes problèmes que les autres : une difficulté certaine à assurer la relève de médicaments qui vont prochainement tomber dans le domaine public. Un laboratoire comme Sanofi-Aventis ne fait ainsi pas mystère de son intention d’acquérir une structure conséquente sur le marché japonais. a Yves Mamou BIOTECHNOLOGIES L’USINE DE GRANGE CASTLE, QUI PRODUIT LE MÉDICAMENT ENBREL, A DÉJÀ COÛTÉ 1,8 MILLIARD D’EUROS Le laboratoire américain Wyeth cherche à doubler sa production en Irlande duction, à chaque étape de la purification du médicament. Une meilleure sélection peut aussi accroître la densité des cellules dans les cuves… Autant de pistes qui sont des secrets techniques passant par des dépôts de brevets. Quant à l’efficacité, elle devra, après toute modification, être prouvée à l’aide de nouveaux essais cliniques. Les agences sanitaires sont fermes sur la sécurité des produits. a Y. M. Alain Faujas A l’usine Wyeth de Grange Castle, dans le comté sud de Dublin, les employés travaillent 24 heures sur 24, sept jours sur sept, pour produire un kilo par jour de matière active d’un médicament efficace pour soulager les malades atteints de polyarthrite rhumatoïde. DR faculté de pharmacie de Marseille. Les médicaments biologiques ont un niveau de susceptibilité tel que toute modification – le bouchon, la forme de l’ampoule ou de la seringue, sans parler de l’excipient qui accompagne la molécule – fait surgir le risque d’une « dégradation de la molécule ». Il est arrivé que, des fabricants de bouchon n’ayant pas signalé à un laboratoire une modification mineure de leur produit, celui-ci a commencé de commercialiser un médicament moins efficace pour les patients. En biotechnologie, la réduction des coûts passe donc par des investissements en recherche. En galénique (mise en forme du médicament) tout d’abord. L’enrobage de la molécule dans un excipient amélioré peut démultiplier l’effet de la substance active. Il est possible aussi de réduire les pertes, qui peuvent atteindre 10 % de la pro- LES DIX-NEUF principaux pays créanciers du monde, réunis dans le « Club de Paris », ont annulé, en 2007, 413 millions de dollars (268 millions d’euros) des dettes publiques de l’Afghanistan, de la République centrafricaine, de la Gambie, du Sierra Leone et de Sao Tomé et Principe, dans le cadre de la procédure d’allégement de la dette des pays pauvres très endettés. Le premier rapport d’activité du Club, publié le 11 juin, fait aussi état du remboursement anticipé de 7,3 milliards de dollars des dettes de l’ex-Yougoslavie, du Pérou, du Gabon et de la Jordanie. A l’occasion de la présentation de ce rapport, Xavier Musca, président du Club et directeur du Trésor français, a exprimé « les préoccupations » des Etats membres au sujet des « fonds vautours » qui achètent les dettes décotées de certains pays pauvres et qui demandent ensuite aux tribunaux d’obliger ceux-ci à leur rembourser la totalité de la dette. M. Musca a ainsi cité la société américaine Donegal, qui a racheté, à vil prix, la dette contractée par la Zambie pour l’achat de matériels agricoles roumains et qui a réalisé un profit de 400 % en obtenant son remboursement par un tribunal londonien. Contrecarrer les fonds vautours Ces « fonds vautours » ont déjà empoché 1 milliard de dollars sur les 2 milliards qu’ils réclament en justice, notamment au Congo et au Liberia. « C’est parfaitement légal puisqu’une créance est un titre de propriété, a commenté le président du Club, mais ces demandes sont immorales, car ces fonds s’approprient, en fait, les annulations de dettes publiques consenties aux pays pauvres par le Club, donc au détriment de nos contribuables. » Le Club a mis en place, avec les autres acteurs multilatéraux (G7, Banque mondiale, Fonds monétaire international, Banque africaine de développement), une stratégie pour contrecarrer l’action de ces prédateurs. Il demande notamment aux pays créanciers de ne pas vendre leurs créances à ces fonds, afin que ces dettes impayées puissent être rachetées par la Banque mondiale et qu’elles puissent par la suite être annulées. Une aide juridique est par ailleurs apportée aux pays « attaqués » par les « fonds vautours ». D’autre part, le Club s’efforce d’associer à ses travaux les pays émergents devenus d’importants prêteurs (Abu Dhabi, Brésil, Israël, Koweït, Corée du Sud, Turquie, Chine). En effet, il souhaite les persuader qu’il serait dommageable de réendetter excessivement les pays dont la dette vient d’être annulée et qu’il convient de discipliner l’attribution de prêts, par ailleurs bienvenus. a GRANGE CASTLE (Irlande) ENVOYÉ SPÉCIAL Le laboratoire américain Wyeth a investi 1,8 milliard d’euros en Irlande, à Grange Castle, dans le comté sud de Dublin, pour produire un kilogramme de matière active d’Enbrel par jour. L’Enbrel est un médicament biologique – il est tiré des cellules ovariennes de hamster chinois – qui a transformé la vie de milliers de personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde, une maladie douloureuse et invalidante. Mais il est très coûteux (entre 10 000 et 20 000 euros par an et par malade). La production de Grange Castle est suffisante pour répondre à la demande de l’Europe et des Etats-Unis. Mais le laboratoire est aujourd’hui au carrefour de plusieurs contraintes : le nombre de malades va croître avec le vieillissement de la population, des patients nouvellement solvables arrivent des pays riches d’Asie (Chine, Inde…) et les systèmes d’assurance-maladie vont imposer progressivement des réductions de prix. Comment doubler la production – deux kilos d’Enbrel par jour – sans investir à nouveau 1,8 milliard d’euros ? Par une augmentation des cadences ? L’usine tourne déjà sept jours sur sept sans une minute d’arrêt. Réduire les temps de fabrication ou trouver des fournisseurs moins chers ? « Tirer les prix vers le bas engendre de redoutables problèmes de qualité », explique Jean-Pierre Reynier, professeur à la Le « Club de Paris » annule 413 millions de dollars de la dette de cinq pays pauvres TRANSPORT UN INVESTISSEMENT DE 300 MILLIONS D’EUROS, CRÉATEUR DE PLUS DE 2 000 EMPLOIS Deux stewards licenciés pour des « blagues » considérées comme graves A Leipzig, DHL a ouvert son troisième hub mondial égitime sanction contre des salariés irresponsables ? Représailles visant à écarter des gêneurs ? Le licenciement de deux stewards par la compagnie irlandaise CityJet, une filiale d’Air France, crée des remous. Le 14 mai, lors d’un vol Dublin-Paris, un chef de cabine glisse quelques « blagues » en annonçant les consignes de sécurité : « Veuillez garder votre ceinture de sécurité Gucci attachée », « des gilets de sauvetage Chanel sont situés sous votre siège », etc. L’épisode est rapporté à la direction de CityJet par un passager, cadre chez Air France. Après enquête, la compagnie irlandaise découvre que le plaisantin n’était pas en service mais en « positioning » : il portait son uniforme et pouvait, en cas de nécessité, être sollicité, mais il ne figurait pas sur le planning du vol ; les démonstrations de sécurité auraient dû être assurées par le « chef de cabine en titre », affirme Me Stéphane Bloch, l’avocat de CityJet. D’après la compagnie, l’auteur des facéties aurait ajouté : « Les parents voyageant avec des enfants doivent mettre leur masque à oxygène avant d’en appliquer un à leurs enfants, en commençant par celui qu’ils préfèrent. » L’intéressé, qui désire garder l’anonymat, dément. Jugeant ces comportements très gra- L ves, CityJet congédie, à la fin mai, le blagueur et le chef de cabine « en titre », coupable d’avoir laissé faire. Deux hôtesses écopent d’un avertissement. Cette décision est liée « au fait que nous avons assigné CityJet devant les prud’hommes », estime l’un des stewards. Soumis au code du travail irlandais, une vingtaine de salariés établis en France demandent à bénéficier de la loi française. Ce problème de droit est, par ailleurs, au cœur d’une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Créteil ; les deux chefs de cabine remerciés ont été entendus dans le cadre de ces investigations. Selon Bernard Thouvenot, vice-procureur au tribunal de grande instance de Créteil, les auditions se déroulent dans un « mauvais climat » car les salariés donnent le sentiment de « ne pas s’exprimer librement ». « Ils ont peur de perdre leur emploi et de ne pas en retrouver dans d’autres compagnies », commente Me Nathalie Micault, l’avocate des navigants. Me Bloch assure qu’il n’y a pas de lien entre les deux procédures en cours et les licenciements des stewards. Même s’ils n’avaient pas saisi la justice, explique-t-il, ces salariés « auraient été sanctionnés de la même manière » car ils ont « détourné les règles de sécurité ». a Bertrand Bissuel LEIPZIG (Allemagne) ENVOYÉE SPÉCIALE C’est un aéroport dans l’aéroport : un hangar où peuvent entrer deux Airbus A380 et un immense centre de stockage et de tri se dressent sur un espace de quelque 200 hectares. A proximité, sur une piste toute neuve, près de soixante avions atterrissent chaque soir. Ils déchargent, puis repartent, du cœur de la nuit au petit matin, lestés d’une nouvelle cargaison de colis. A l’aéroport de Leipzig-Halle, en Saxe (Est), le leader mondial de la livraison express DHL vient de mettre en service son nouveau hub européen. Filiale du groupe allemand Deutsche Post World Net, DHL a inauguré officiellement à la fin du mois dernier cette plate-forme aérienne pour les colis à forte valeur ajoutée et les paquets express. Soit deux ans et demi après avoir lancé le projet, à l’automne 2005. Une grande partie des activités implantées à l’aéroport de Bruxelles-Zavantem ont été délocalisées à Leipzig, choisie notamment au détriment de Vatry en France. « Nous avions un besoin urgent de nous agrandir. A Leipzig, à la différence de Bruxelles, nous avons l’autorisation de faire voler les avions la nuit, soit un fonctionnement du site vingt-quatre heures sur vingt-quatre, explique Claus Korfmacher, porte-parole de DHL. En outre, nous nous trouvons ici aux portes de l’Europe de l’Est et nous avons à disposition un personnel motivé et qualifié. » L’investissement, évalué à 300 millions d’euros, a été subventionné à hauteur de 70 millions d’euros par les pouvoirs publics. En échange, l’entreprise s’est engagée à créer 3 500 emplois d’ici à 2012. Déjà 2 000 personnes ont été embauchées, dont 90 % sont originaires de cette région d’ex-RDA durement touchée par le chômage. Avec Leipzig, le spécialiste du courrier express entend renforcer son maillage entre l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Asie. La nouvelle plate-forme compte dès son démarrage parmi les trois principaux hubs de DHL, aux côtés de Wilmington aux Etats-Unis (Ohio) et Hongkong. 100 000 paquets en une heure L’entreprise s’enorgueillit de ce site logistique, selon elle « le plus moderne en Europe, voire dans le monde ». Dans la halle de stockage, véritable centre nerveux du hub, un dédale de tapis roulants achemine sur quatre étages les colis et les paquets arrivés de toute l’Europe par trains, camions et avions. Une fois réceptionnés, ils sont triés selon leur taille et leur contenu, remballés si besoin, puis répartis en fonction de leur destination. En journée, les installations fonctionnent au ralenti ; la nuit, l’activité est intense dans ce bâtiment de 48 000 mètres car- rés. « De l’atterrissage au décollage, les marchandises restent rarement plus de deux heures sur place, décrit une responsable technique, Condula Pabsch. Jusqu’à 100 000 paquets et documents peuvent être expédiés en une heure grâce à un processus presque entièrement automatisé. » 1 500 tonnes de marchandises sont envoyées chaque jour ouvrable vers une cinquantaine de destinations à travers le monde. DHL vise 2 000 tonnes par jour d’ici à 2012, soit 600 000 tonnes par an. « La plate-forme aérienne de Leipzig-Halle est un centre logistique d’envergure mondiale », grâce auquel le groupe assoit sa « position dominante dans le secteur de la livraison express », s’est réjoui Frank Appel, président de la maison mère Deutsche Post, lors de l’inauguration du site. DHL justifie son investissement par la forte croissance des échanges et la division mondiale du travail. Comme ses concurrents UPS et FedEx, la division express du groupe profite à plein de la mondialisation, malgré des pertes enregistrées par son activité aux Etats-Unis. En 2007, le nombre de ses envois a dépassé 900 millions, vers 120 000 destinations. M. Appel a annoncé le prochain développement du nouveau hub. Le terrain offrirait assez d’espace pour construire deux autres centres de stockage. a Marie de Vergès 0123 Vendredi 13 juin 2008 Economie & Médias 13 IMMOBILIER UNE CESSION ENVISAGÉE L’avenir incertain du pôle logements d’Icade, filiale de la Caisse des dépôts LE CONSEIL d’administration d’Icade, mercredi 11 juin, n’a pas permis de voir plus clairement l’avenir du pôle de logements de cette filiale d’immobilier cotée en Bourse de la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Malgré des démentis, la presse (le site d’information sur Internet Médiapart, le 6 juin, puis La Tribune, le 10 juin) s’était fait l’écho d’un projet de cession de l’intégralité du pôle de logements d’Icade (40 000 logements). Ce projet allait très au-delà de la vente de 14 500 logements annoncée en début d’année. Les administrateurs d’Icade escomptaient donc des clarifications de la part des dirigeants d’Icade et de sa maison mère, la CDC. Ils n’en ont pas obtenu. Mais ils ont acquis la conviction, de sources concordantes, au terme d’un conseil heurté, que des « discussions poussées » ont bel et bien eu lieu sur une cession massive de logements, sans qu’ils en aient été avertis ou saisis. Ce qui, selon ces sources, constitue une entorse aux règles de gouvernance. Questions sur le logement social En fait, ainsi que l’ont affirmé Icade et la CDC, il n’existe aucun mandat de vente officiel du pôle de logements d’Icade, pas plus qu’il n’y a d’offre formelle de la part d’un acheteur. Tout s’est passé de manière discrète et officieuse, dans le cadre du processus de vente du bloc de 14 500 logements, piloté notamment par un banquier de BNP Paribas, Charles Sayag, une star des fusions et des acquisitions dans l’immobilier. Un consortium de sociétés HLM, dont l’immobilière 3F, a fait part de son intérêt pour l’ensemble du pôle immobi- lier d’Icade, et notamment les 30 000 logements non sociaux au plan juridique, mais qui jouent ce rôle de fait, et auxquels les maires sont attachés. Ce patrimoine est valorisé autour de 3,5 milliards d’euros. A travers cette vente, c’est la question de l’avenir de la société qui est posée, et donc de la politique de la CDC en matière de logement social, l’une des grandes politiques publiques du moment. Débarrassée de sa vocation résidentielle et sociale, Icade deviendrait une foncière classique, et peut-être plus rentable, à la tête d’un patrimoine de bureaux et de commerces. « Ce n’est pas forcément une mauvaise idée de remettre les logements d’Icade dans le patrimoine social. Mais il faut faire les choses dans les règles et, surtout, avec une vision stratégique claire », estime un proche du dossier. La cession du pôle de logements d’Icade, qui exerce par ailleurs une activité d’administration de biens et de promotion, rendrait délicat le maintien du statut de SIIC, avantageux sur le plan fiscal. Dans ce contexte flou, Serge Grzybowsky, le président d’Icade, réitère qu’« Icade poursuit sa politique de cession de logements telle qu’annoncé », soit la vente de 14 500 logements à différents bailleurs sociaux, et de 2 500 logements à leurs occupants, entre 2008 et 2012. M. Grzybowsky ajoute cependant que « l’avenir du logement dans Icade est un sujet dont on peut débattre et, s’il y a des évolutions, elles seront discutées devant le comité de stratégie et le conseil d’administration. Je suis, il est vrai, approché chaque jour par des entreprises sociales de l’habitat mais notre désengagement n’est pas à l’ordre du jour ». a Anne Michel et Isabelle Rey-Lefebvre ALIMENTATION 200 MILLIONS DE BOUTEILLES VENDUES EN 2007 Jean-François Copé, le 11 juin : pour le député, France Télévisions doit devenir un « média global ». MARC CHAUMEIL/FÉDÉPHOTO POUR « LE MONDE » La commission Copé prône une profonde réorganisation de France 3 La commission préconise de poursuivre le « virage éditorial » pris par France Télévisions, en faisant des chaînes du service public « ni élitistes ni confidentielles » ean-François Copé, président (UMP) de la commission chargée de réfléchir à l’avenir de la télévision publique sans publicité, a présenté, mercredi 11 juin, les grandes lignes du rapport final qui doit être remis au président de la République le 25 juin. Après avoir déjà acté à l’unanimité l’indexation de la redevance audiovisuelle sur l’inflation et l’élargissement de l’assiette aux autres moyens de réception (Internet, téléphonie mobile), la commission va, cette semaine, se décider sur une taxation des chaînes privées et des fournisseurs d’accès Internet pour compenser le manque à gagner des recettes publicitaires de France Télévisions. Concernant le « modèle culturel et de création », la commission préconise de poursuivre le « virage éditorial » engagé par Patrick de Carolis, PDG de France Télévisions, en faisant des chaînes du service public des télévisions « ni élitistes ni confidentielles ». Pour cela, la commission insiste sur la transformation de Le fabuleux succès de Bionade, soda J allemand à la conquête du monde BERLIN CORRESPONDANCE Blottie dans les collines boisées du nord de la Bavière, la petite ville d’Ostheim von der Rhön offre au visiteur l’apparence d’une jolie bourgade endormie. C’est pourtant là qu’a débuté l’histoire de Bionade, une entreprise qui enregistre depuis trois ans des taux de croissance fulgurants. La clé de son succès : une limonade 100 % naturelle devenue culte en Allemagne. En 2005, Bionade a vendu 20 millions de bouteilles, 70 millions en 2006 et 200 millions en 2007. Jour après jour, un ballet incessant de camions s’approvisionne à la brasserie Peter où sont produits, quotidiennement, un million de sodas. « L’ambiance qui règne ici est un peu celle d’une ville de chercheurs d’or. Tout change et s’agrandit à toute vitesse », raconte Peter Kowalsky, gérant de cette PME familiale. Pour répondre à une demande exponentielle, le site doit sans cesse être repensé. En deux ans, trois nouvelles chaînes d’embouteillage et 12 km de tuyauterie ont été construits. Les bureaux ont déménagé dans le centre-ville. Quatre réservoirs neufs sont prêts à être mis en route. « Avec une progression de nos ventes de 300 %, chaque année depuis trois ans, nous devons en permanence recalculer nos investissements, explique Stephan Kowalsky, frère de Peter et responsable du développement technique de Bionade. C’est très excitant et en même temps, c’est un véritable défi de devoir mener de front la production et les travaux d’aménagement permanents. » Les membres de l’entreprise aiment rappeler l’histoire loufoque de cette limonade au secret de fabrication jalousement gardé. Dans les années 1980, touchée de plein fouet par le déclin de la consommation de bière, la brasserie Peter est au bord de la faillite. Le maître brasseur Dieter Leopold, beau-père de Peter et Stephan Kowalsky, se lance le défi de créer une nouvelle boisson. Fermentée, mais sans alcool et entièreAGROALIMENTAIRE InBev lance une OPA hostile sur son rival Anheuser-Busch Le brasseur belgo-brésilien InBev, l’un des trois géants mondiaux de la bière, a proposé mercredi à son rival américain Anheuser-Busch, le producteur de la Budweiser, de le racheter pour 46,3 milliards de dollars (30 milliards d’euros), afin de créer le premier brasseur mondial. La nouvelle entité aurait un chiffre d’affaires de 36 milliards de dollars et ment biologique. Huit années durant, il met au point sa recette et la peaufine. En 1995, la marque est déposée et la première Bionade mise en bouteille. « Les débuts ont été très difficiles : contrairement à ce que nous pensions, personne ne voulait de notre invention », se souvient Peter Kowalsky. Au début des années 2000, c’est le déclic. Sous l’impulsion d’un publicitaire, Wolfgang Blum, la stratégie et le design sont repensés. Distribué à Hambourg et à Berlin, le soda commence à capter une clientèle urbaine et branchée. Peu à peu ses quatre parfums (sureau, gingembreorange, litchi et plantes) séduisent les consommateurs, à l’heure de la vague bio. Convoitises Aujourd’hui, la Bionade est partout : dans les bars, les cantines scolaires, les restaurants d’entreprise. En août 2007, l’entreprise a passé un contrat de distribution avec McDonald’s. Après Fanta et Sprite, elle est la troisième limonade la plus consommée par les Allemands. « Même bio, cette boisson n’est pas destinée à être chic. Nous voulons en faire un produit de masse », affirme M. Blum, aujourd’hui associé et directeur marketing de Bionade. Rançon de sa gloire, la PME suscite les convoitises. Depuis deux ans, Coca-Cola multiplie les offres de rachat. Sa dernière tentative date de mi-avril. Mais, aux dires de ses propriétaires, Bionade n’est pas à vendre. L’Allemagne est devenue un marché trop petit pour la boisson gazeuse, partie fin 2006 à la conquête de l’international. Elle est aujourd’hui distribuée dans vingt pays, dont la France depuis mi-2007. Et, depuis le mois d’avril, les Etats-Unis. « L’heure est historique : Bionade est la première marque allemande de soda à être vendue sur le marché américain, se réjouit M. Blum. Et elle a les moyens de faire jeu égal avec Fanta, Sprite ou Seven up. » a Marie de Vergès laisserait loin derrière elle SABMiller, fort de 21 milliards de dollars de chiffre d’affaires. Le nouveau groupe issu d’une fusion entre InBev et Anheuser-Busch serait aussi le leader de la bière en Chine, un marché-clé convoité par tous les brasseurs mondiaux. InBev propose 65 dollars par action en numéraire, soit une prime de 35 % par rapport au cours de Bourse moyen observé avant la récente spéculation déclenchée par les rumeurs de rachat. France Télévisions en un « média global », composé de six unités de programmes (fiction, cinéma, arts-musique-littérature-civilisations, documentaire, divertissements, jeunesse). Elle souhaite une « nouvelle identité » des chaînes : France 2 (fédératrice), France 4 (innovation), France 5 (savoir et décryptage), RFO (cultures et diversités). A ces chaînes s’ajouteraient plusieurs chaînes thématiques numériques (information, santé, sciences, spectacle vivant…). Sept régions au lieu de treize Mais c’est France 3 qui subirait la plus grosse révolution avec un renforcement de son « identité régionale » autour de sept régions au lieu de treize actuellement. « C’est un renversement complet de son mode de fonctionnement », a souligné M. Copé. « Au lieu d’une chaîne nationale et de décrochages régionaux, nous proposons un réseau de chaînes régionales et un décrochage national », a-t-il poursuivi, en demandant que cette réorganisation se fasse toutefois « par étapes ». « Le programme de ses sept chaînes régionales comprendrait la retransmission d’événements locaux et une plus grande place serait donnée aux rendez-vous d’information de proximité », a-t-il précisé. Parallèlement, le décrochage national devrait participer à la valorisation des régions et des patrimoines locaux par la fabrication de programmes nationaux en région et par des structures de production déconcentrées. L’information devrait être aussi bouleversée avec « la recherche des synergies » entre les rédactions afin de développer un portail d’information unique et des bulletins d’information sur France 4 et France 5, adaptés à l’identité de ces chaînes. Concernant la gouvernance, la commission recommande le regroupement de toutes les sociétés de France Télévisions en une société unique avec un conseil d’administration de douze membres où ne seraient pas présents les parlementaires. Outre deux salariés, huit personnalités qualifiées de l’entreprise y siégeraient et les représentants de l’Etat auraient un droit de veto, sauf pour la désignation du PDG. Ce dernier, jusqu’ici nommé par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) serait élu par le conseil d’administration sur présentation de trois noms sélectionnés par le CSA. Selon le schéma avancé par la commission, le PDG nommerait deux directeurs généraux, un pour les contenus, un autre pour les moyens. Enfin, le contrat d’objectifs et de moyens (COM) – actuellement de trois ans – sera allongé à cinq ans, la durée du mandat d’un président, « pour gagner en cohérence et en efficacité ». a Daniel Psenny France Télévisions devra trouver 650 à 800 millions d’euros SELON les différentes pistes retenues par la commission Copé sur la suppression progressive ou totale de la publicité sur les chaînes publiques, l’agence Aegis Média Expert a fait des estimations du manque à gagner pour France Télévisions calculé sur la base des investissements en 2007. D’après les estimations de l’agence, la baisse de recettes serait de 280 millions d’euros net par an jusqu’en 2011 (date de la suppression totale de la publicité) et de 110 millions d’euros net pour 2009, année au cours de laquelle la publicité serait supprimée après 20 heures. Pendant la phase transitoire (2009-2011), « les investisseurs pourraient reporter intégralement cet investissement sur les chaînes privées nationales et [celles] de la télévision numérique terrestre (TNT) », souligne l’agence. Dans l’hypothèse où le « parrainage publicitaire » serait conservé pour l’outre-mer, les décrochages régionaux de France 3 et les sites Internet de France Télévisions, le coût annuel pour le groupe public serait ramené de 800 à 650 millions d’euros net (incluant, outre la perte de recettes, le remplacement de trois heures de publicité par jour par des programmes). JEUX FINANCE Le gouvernement compte ouvrir le capital de la Française des Jeux Sophie Boegner, administrateur de la SLPS (Wendel), a été révoquée Le gouvernement a confirmé, mercredi 10 juin, qu’il réfléchissait à l’actionnariat de la Française des Jeux. « La Française des Jeux devra adapter sa stratégie, son organisation et sa gouvernance. L’Etat va engager dans ce contexte une réflexion sur l’évolution de l’actionnariat du groupe », a déclaré Eric Woerth, le ministre du budget au cours du conseil des ministres. Sophie Boegner, l’administrateur de la Société lorraine de participations sidérurgiques (SLPS) qui avait porté plainte contre la direction de Wendel, a été révoquée mercredi 11 juin par l’assemblée générale des actionnaires, à 82,2 %, selon un porte-parole. La question de la succession d’Ernest-Antoine Seillière à la présidence a été renvoyée à l’automne. Une manne pour les régies Les grands groupes privés (TF1, M6 et Canal+) pourraient se partager environ 10 points de parts de marché publicitaire supplémentaires. Les autres régies bénéficieraient elles aussi de cette nouvelle manne avec 14 millions d’euros brut pour Lagardère Publicité, 8 millions brut pour TMC Régie, 6 millions pour MTV Publicité, 3 millions pour NRJ Régie et NextRadio, 900 000 euros pour Bolloré et Manchette. « La suppression de la publicité sur les chaînes publiques n’est pas une bonne chose pour les annonceurs », affirme Valérie Négrier, directrice du pôle expert TV chez Aegis. « Il y aura des vases communi- cants avec [leurs rivales] privées mais plusieurs annonceurs seront obligés de se priver de cibles spécifiques aux chaînes de service public comme les enfants et les seniors qui représentent respectivement 6 % et 15 % des recettes publicitaires de France Télévisions », poursuit-elle. La seconde coupure publicitaire qui pourrait être octroyée aux réseaux privés rapporterait 300 millions d’euros, et même 435 millions d’euros si la réglementation sur les interruptions publicitaires était assouplie de 6 à 9 minutes par heure. Selon Aegis Média Expert, la suppression de la publicité sur les chaînes publiques ne bénéficiera pas à la presse écrite et à Internet. Seule la presse magazine pourrait récupérer une partie des annonceurs qui, pour certaines cibles, n’investissaient que sur France Télévisions. En 2007, cette publicité très ciblée avait rapporté 68 millions d’euros au groupe public. a D. P. L’Assemblée libéralise la distribution du Livret A L’Assemblée nationale a répondu mercredi 11 juin aux injonctions de Bruxelles en votant la généralisation de la distribution du Livret A à tous les établissements de crédit. Auparavant, ce champion de l’épargne populaire était entre les mains de trois établissements (Banque postale, Caisses d’épargne et Crédit mutuel pour le Livret bleu). 14 Economie & Finances Le professeur, la Réserve fédérale et l’inflation BEN BERNANKE est à la fois professeur d’université et banquier central. Le discours qu’il a prononcé, lundi 9 juin, reflète ses deux points de vue. Celui de l’ancien doyen du département d’économie de l’université de Princeton est bien plus alarmant que celui du président de la Réserve fédérale américaine (Fed). Les marchés ne se sont intéressés qu’aux propos du patron de la Fed. M. Bernanke a minimisé le risque « de ralentissement économique substantiel », n’a exprimé aucune inquiétude relative à la stabilité financière et a affirmé que la Fed allait « fortement résister » à toute révision en hausse des perspectives d’inflation à long terme. Ce qui a été considéré comme une succession de mots-clés annonçant une future hausse des taux. Celle-ci est dorénavant anticipée pour août. Pourtant la partie universitaire était plus révélatrice. Elle a montré que M. Bernanke est profondément troublé par la mécanique inflationniste. Le premier sujet était le prix des matières premières. Il est exclu de la statistique préférée de la Fed sur l’inflation sous-jacente. Mais M. Bernanke a admis que cette politique a conduit à des « sousévaluations » de l’inflation. Il a aussi exprimé son incompréhension des causes de la flambée des cours de matières premières aussi variées. Il s’est alors tourné vers la relation entre prix et salaires. Les données restent assez floues, mais il semble que les employeurs ne respectent pas les modèles économiques, qui incitent à ne pas aligner les hausses de salaire sur l’inflation. Au motif qu’une économie affaiblie devrait empêcher les salaires d’augmenter et de suivre les prix. La conclusion de M. Bernanke portait sur les prévisions d’inflation. Pour lui, personne ne sait comment elles sont réalisées, pourquoi elles changent ni comment elles pèsent immédiatement sur les salaires et les prix. Les professeurs aiment les débats animés. Aussi, que M. Bernanke reconnaisse son ignorance ne doit pas être interprété comme un cri d’impuissance. Mais avec la persistance d’une inflation mondiale, qui surprend la plupart des économistes, le modèle conventionnel pourrait connaître quelques changements de fond. Peut-être M. Bernanke devraitil penser un peu plus à la monnaie et au crédit. La théorie monétariste pourrait finalement connaître un renouveau. a Edward Hadas La crise efface la compétence des gouvernements LA DÉMISSION du gouvernement sud-coréen comme l’agitation sociale en Malaisie proviennent de la flambée du prix des matières premières. Ces fluctuations rendent les autorités, même compétentes, impuissantes. En Corée du Sud, la crise a été officiellement provoquée par la décision de Séoul, en avril, de lever l’interdiction d’importations de bœufs en provenance des EtatsUnis, dans l’espoir (sans doute futile) que cela persuaderait le Congrès américain de ratifier l’accord de libre-échange entre les Etats-Unis et la Corée. L’augmentation simultanée des prix de l’alimentation et de ceux de l’énergie a déclenché des vagues de protestations, des menaces de grèves et a fait descendre la cote de popularité du pouvoir local à moins de 25 % – ce qui est inhabituel pour un gouvernement et un président élus à de larges majorités quelques mois plus tôt. En Malaisie, le prix du baril à 130 dollars fait que les subventions entraînent un coût budgétaire intolérable, représentant 9 % du produit intérieur brut. La hausse de 41 % du gazole s’est accompagnée de menaces de protestations de masse, affaiblissant davantage la fragile et récente administration d’Abdulllah Ahmed Badawi. Dans les deux cas, le bouleversement du prix des matières premières a fait basculer des opinions qui s’étaient récemment exprimées, mettant fin à la lune de miel que tout gouvernement nouvellement élu est en droit d’espérer. Les violentes fluctuations des prix font souffrir les consommateurs. Ce tourment peut vite prendre la forme d’un scandale politique, les dirigeants se voyant alors reprocher faiblesse et incompétence. De tels « tsunamis » sur les prix effacent donc l’avantage qu’ont les gouvernements économiquement capables sur ceux qui sont ineptes, et accroît la probabilité que des régimes économiquement extrémistes ou populistes émergent du chaos. a Martin Hutchinson Pour plus de commentaires, connectez-vous sur Breakingviews.com 0123 Vendredi 13 juin 2008 TABLEAU DE BORD Ecofrictions Les « gents » préfèrent l’Asie à la City L es anciennes possessions de la Couronne défient leur ex-colonisateur sur son terrain : la finance. A en croire une presse britannique alarmiste, les places boursières des économies émergentes, en particulier Dubaï, Mumbai et Singapour, débauchent à tour de bras des professionnels londoniens. Les « gents » se verraient offrir des salaires mirobolants, jusqu’à quatre fois leurs rémunérations londoniennes, des avantages fiscaux et en nature colossaux, ainsi qu’un cadre de vie agréable. S’ajoutent l’absence de contraintes réglementaires, des relations privilégiées avec un marché intérieur en plein boom, l’utilisation de l’anglais et l’esprit d’aventure. « Les places émergentes disposent de toute l’infrastructure nécessaire, notamment des télécommunications et des liaisons aériennes nécessaires à l’exercice du métier de banquier. Et, quand les individus décampent, les banques suivent », souligne Ralf Silva, analyste auprès du TowerGroup, à propos du récent transfert par Goldman Sachs et Merrill Lynch d’équipes entières de la City « à l’est de Suez ». Peter Hahn, de la Cass Business School, partage ce diagnostic : « Alors que Londres souffre de la crise du crédit, ces places peuvent tirer Londres voit partir de jeunes banquiers, mais garde des atouts : ses horaires, son droit, sa stabilité profit du boom des transactions. Par ailleurs, en ces périodes de vaches maigres, le coût exorbitant des loyers et du train professionnel ainsi que l’aggravation de la pression fiscale sur les expatriés pénalisent la City. » Enfin, le quartier financier connaît une montée de la délinquance et des comportements antisociaux, étant considéré avec hostilité comme un repaire de nantis par nombre des sujets de Sa Majesté. L’utilisation de la cocaïne et l’ivresse d’une minorité de jeunes banquiers stressés défrayent la chronique de la presse populaire. Alors… « Mumbai, Dubaï, Shanghaï… Goodbye », comme l’a joliment énoncé un journal britannique adepte des bouts rimés ? « Cette nouvelle concurrence concerne toutes les places financières occidentales. Il s’agit d’un défi à long terme » : sans sous-estimer cette menace, LES BOURSES DANS LE MONDE 12/6, 9h56 Pays Indice FRANCE SUISSE ETATS-UNIS CAC 40 4681,96 12/6 Maxi 2008 Mini 2008 PER 0,45 5665,94 2/1 4416,71 17/3 10,90 CAC Mid100 6955,54 12/6 0,16 7736,69 2/1 5759,58 22/1 6641,49 11/6 -0,95 8124,81 2/1 6034,08 22/1 SBF 250 3309,82 11/6 -1,99 3953,69 2/1 3136,96 17/3 11,50 DAX Index 6671,66 12/6 0,32 8100,64 2/1 6167,82 17/3 11,30 FTSE 100 index 5725,90 12/6 0,05 6534,70 4/1 5338,70 22/1 10,50 Swiss market 7143,03 12/6 -0,34 8421,00 3/1 6769,80 17/3 15,90 -1,68 13279,54 2/1 11634,82 22/1 12,90 Dow Jones ind. 12083,77 11/6 Nasdaq composite JAPON 2394,01 11/6 Nikkei 225 13888,60 12/6 -2,24 2661,50 2/1 2155,42 17/3 20,50 -2,08 15156,66 4/1 11691,00 17/3 15,70 PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercice courant. PER : FactSet JCF Estimates ; données : la Cote Bleue. n/d : valeur non disponible. COURS DE L'EURO OR Achat Vente JEUDI 12 JUIN 9h56 Cours % var. dollar us ................................1,5435...........1,5437 yen .......................................165,9000 ......165,9300 ONCE D'OR EN DOLLAR.................874,25.......-1,16 couronne tchèque.............24,3430.........24,3630 PÉTROLE couronne danoise ...............7,4581...........7,4591 livre sterling.........................0,7900...........0,7901 forint hongrois...............246,9900 ......247,9900 JEUDI 12 JUIN 9h56 Cours % var. LIGHT SWEET CRUDE ................................................. zloty polonais ......................3,3780...........3,3880 couronne suédoise ..............9,3631...........9,3648 couronne slovaque ..........30,2610.........30,3610 franc suisse ...........................1,6077...........1,6079 couronne norvég. ...............8,0241...........8,0281 Tony Halmos, directeur de la communication de la Corporation of London, le lobby de la haute finance, reste confiant. Il y a l’avantage des fuseaux horaires : Londres commence après la fermeture de Tokyo et avant l’ouverture de New York, ce qui permet de jouer. Le droit qualifié de jurisprudentiel et le système judiciaire anglais rassurent. Et, à l’instar de Wall Street, sa rivale historique, la City dispose d’un formidable réseau de bureaux d’avocats, de cabinets d’audit et d’entreprises de relations publiques aux méthodes rodées. Enfin, à l’ombre de la Banque d’Angleterre, la règle du jeu financier ne change pas selon les vicissitudes politiques, comme c’est trop souvent le cas dans le Golfe ou dans le sous-continent indien. Dans sa campagne de promotion, Dubai souligne que les Porsche coûtent deux fois moins cher dans l’émirat que dans la City. « C’est bien la preuve que ceux qui partent sont des flambeurs cupides, le genre d’adepte du clinquant dont on n’a pas besoin », souligne un responsable d’une banque étrangère. « Tellement “non-U” [non upper class, mal vu] Dubaï », aurait murmuré la romancière snob Nancy Mitford… a Marc Roche (Londres, correspondant) L’indice des prix à la consommation en Chine a augmenté de 7,7 % en mai en glissement annuel, en recul par rapport à avril (+ 8,5 %), a annoncé le Bureau national des statistiques, jeudi 12 juin. Sur les cinq premiers mois de l’année, l’indice a progressé de 8,1 %. Les investissements directs étrangers (IDE) en Chine ont progressé de 37,94 % en mai, en glissement annuel, atteignant 7,761 milliards de dollars (5 milliards d’euros), a annoncé le ministère chinois du commerce, jeudi 12 juin. Sur les cinq premiers mois de l’année, ils ont totalisé 42,778 milliards de dollars, en hausse de 54,97 %. Etats-Unis L’activité économique est restée « généralement faible » depuis fin avril aux Etats-Unis, a indiqué la Réserve fédérale américaine (Fed) dans son Livre beige publié mercredi 11 juin. « Les dépenses de consommation ont ralenti depuis le dernier rapport, les revenus étant rognés par la hausse des prix de l’énergie et des denrées alimentaires », explique la Fed dans son rapport. Inde La banque centrale indienne a annoncé un relèvement d’un quart de point de son taux directeur à court terme, à 8 %, mercredi 11 juin. Cette décision est prise alors que l’inflation s’est établie début juin à 8,24 % sur un an. VALEURS DU CAC40 % var. CAC Small 90 ALLEMAGNE ROYAUME UNI Dernier cours Chine TAUX TAUX D'INTÉRÊT LE 12/6 rouble...................................36,5820.........36,6820 Taux j.le j. Taux 3 mois Taux 10 ans Taux 30 ans livre turque...........................1,9373...........1,9473 france 4,04 4,96 4,74 4,98 dollar australien ................1,6441...........1,6451 royaume-uni 5,09 5,95 5,30 4,96 dollar canadien...................1,5779...........1,5789 italie 4,04 4,96 5,12 5,37 yuan chinois .......................10,6605.........10,6705 won sud-coréen ............1592,4000 ....1593,4000 allemagne 4,04 4,96 4,54 4,87 japon 0,58 0,92 1,80 2,54 dollar néo-zéland...............2,0423...........2,0523 états-unis 2,10 2,79 4,09 4,83 rand sud-africain .............12,3639.........12,3739 suisse 2,10 2,88 3,38 3,53 SICAV ET FCP CM-CIC MID EUROPE CM-CIC TEMPERE CM-CIC DYN.EUROPE CM-CIC FRANCE CM MONDE ACTIONS CM-CIC EQUILIBRE 21,33 163,23 36,85 38,33 247,58 70,44 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 Jeudi 12 juin 9h45 Valeur Dernier cours Cours préc. % var. % var. /préc. 31/12 Plus haut Plus bas ACCOR ............................◗ AIR FRANCE-KLM .............◗ AIR LIQUIDE ......................◗ ALCATEL-LUCENT .............◗ ALSTOM.............................◗ ARCELORMITTAL ..............◗ AXA....................................◗ BNP PARIBAS ....................◗ BOUYGUES........................◗ CAP GEMINI ......................◗ CARREFOUR ......................◗ CREDIT AGRICOLE ............◗ DANONE............................◗ DEXIA.................................◗ EADS ..................................◗ EDF .....................................◗ ESSILOR INTL.....................◗ FRANCE TELECOM ............◗ GAZ DE FRANCE................◗ LAFARGE............................◗ LAGARDERE ......................◗ L'OREAL .............................◗ LVMH MOET HEN.............◗ MICHELIN ..........................◗ PERNOD RICARD ..............◗ PEUGEOT ...........................◗ PPR .....................................◗ RENAULT ...........................◗ SAINT-GOBAIN.................◗ SANOFI-AVENTIS .............◗ SCHNEIDER ELECTRIC.......◗ SOCIETE GENERALE ..........◗ STMICROELECTRONICS ...◗ SUEZ...................................◗ TOTAL ................................◗ UNIBAIL-RODAMCO ........◗ VALLOUREC.......................◗ VEOLIA ENVIRON. ............◗ VINCI..................................◗ VIVENDI.............................◗ 46,25 15,96 84,60 4,19 154,50 61,99 20,59 60,02 44,93 40,64 43,39 13,62 52,66 13,07 13,78 67,65 40,04 18,14 43,39 110,43 42,16 74,48 70,72 47,57 70,44 35,57 77,45 58,00 46,00 42,98 76,50 57,99 7,48 46,28 54,00 156,06 205,25 40,60 42,76 25,56 46,48 15,91 84,15 4,26 151,53 62,08 20,56 59,65 44,73 40,75 43,38 13,58 52,72 13,10 13,60 68,88 39,94 18,02 43,15 108,79 42,06 73,74 70,47 47,78 70,03 36,11 78,37 58,04 45,73 42,88 76,69 57,46 7,60 46,12 53,40 156,13 200,60 40,40 42,31 25,64 -0,49 -15,45 0,31 -33,64 0,53 -8,57 -1,76 -15,35 1,96 5,10 -0,14 16,54 0,15 -24,83 0,62 -19,13 0,45 -21,18 -0,27 -5,49 0,02 -18,58 0,29 -36,04 -0,11 -14,23 -0,23 -24,06 1,32 -36,88 -1,79 -16,97 0,25 -8,27 0,64 -26,34 0,56 8,47 1,51 -11,30 0,24 -17,80 1,00 -23,98 0,35 -14,47 -0,44 -39,40 0,59 -10,89 -1,50 -31,40 -1,17 -29,59 -0,07 -40,21 0,59 -28,67 0,23 -31,76 -0,25 -17,46 0,92 -37,37 -1,58 -23,67 0,35 -0,62 1,12 -4,98 -0,04 4,10 2,32 10,86 0,50 -34,99 1,06 -15,58 -0,29 -18,55 56,30 24,61 95,64 5,15 168,24 67,79 27,60 75,41 57,25 45,14 53,75 21,58 64,00 18,86 22,20 83,90 44,39 26,14 44,77 125,45 54,68 99,26 83,93 79,90 79,97 53,68 112,76 99,16 65,26 66,90 94,29 93,52 9,89 49,35 59,50 175,50 212,60 64,00 51,15 31,60 42,45 15,20 74,67 3,24 113,15 35,35 19,18 52,12 39,44 31,12 43,27 13,45 50,10 12,90 12,83 53,87 35,00 17,68 33,35 102,65 42,00 72,47 61,95 47,12 61,65 35,54 77,10 57,65 45,41 42,41 69,01 57,11 6,21 37,70 45,45 136,51 120,02 40,22 39,60 23,05 Divid. net 3,15 0,48 2,25 0,16 0,80 0,21 1,20 3,35 1,50 1,00 1,08 1,20 1,10 0,68 0,10 0,70 0,62 1,30 1,26 4,00 1,30 1,38 1,25 1,60 1,26 1,50 3,45 3,80 1,70 2,07 3,30 0,90 0,05 1,36 1,07 1,70 4,00 1,21 1,05 1,30 T T T T T A T T T T T T T T T S T T T T T T S T S T T T T T T T A T S A S T S T Code ISIN FR0000120404 FR0000031122 FR0000120073 FR0000130007 FR0010220475 LU0323134006 FR0000120628 FR0000131104 FR0000120503 FR0000125338 FR0000120172 FR0000045072 FR0000120644 BE0003796134 NL0000235190 FR0010242511 FR0000121667 FR0000133308 FR0010208488 FR0000120537 FR0000130213 FR0000120321 FR0000121014 FR0000121261 FR0000120693 FR0000121501 FR0000121485 FR0000131906 FR0000125007 FR0000120578 FR0000121972 FR0000130809 NL0000226223 FR0000120529 FR0000120271 FR0000124711 FR0000120354 FR0000124141 FR0000125486 FR0000127771 Cours en euros. ◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant l'objet d'un contrat d'animation. Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2008. n/d : valeur non disponible. A : acompte, S : solde, T : totalité. Retrouvez l’ensemble des cotations sur notre site Internet : http://finance.lemonde.fr (Publicité) SÉLECTION publiée sous la responsabilité de l'émetteur Dernier cours connu le 12/6 à 9h Valeur Cours Fonds communs de placements 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 9/6 10/6 10/6 10/6 11/6 10/6 Multi-promoteurs CM EUROPE ACTIONS 26,90 11/6 Fonds communs de placements CM-CIC EURO ACT C CM SELECTION PEA CM OBLIG CT C 3093,97 11/6 2267,76 11/6 103,23 10/6 23,95 10/6 8,88 10/6 190,26 11/6 GMO ACTIONS LBPAM ACTIONS AMERIQUE C LBPAM ACTIONS DEVELDURABLE C LBPAM ACTIONS DEVELDURABLE D LBPAM ACTIONS DEVELDURABLE S LBPAM ACTIONS EURO R LBPAM ACTIONS FRANCE C LBPAM ACTIONS FRANCE D LBPAM ACTIONS INDICE FRANCE LBPAM ACTIONS INDICE EURO LBPAM ACTIONS MIDCAP C LBPAM ACTIONS MIDCAP D LBPAM ACTIONS MONDE C LBPAM ACTIONS MONDE D LBPAM ACTIONS PACIFIQUE C LBPAM MONETAIRE 1 C LBPAM MONETAIRE1D LBPAM OBLI LONG TERME 1 D LBPAM OBLI MOYEN TERME C LBPAM OBLI REVENUS LBPAM PROFIL 100 C LBPAM PROFIL 100 D LBPAM PROFIL 100 S LBPAM PROFIL 15 C LBPAM PROFIL 15 D LBPAM PROFIL 50 C LBPAM PROFIL 50 D LBPAM PROFIL 80 C LBPAM PROFIL 80 D LBPAM PROFIL 80 PEA C LBPAM PROFIL 80 PEA D LBPAM PROFIL 80 PEA S 102,79 22,04 129,89 119,45 85,98 30,17 102,00 91,95 39,64 93,91 120,01 111,13 200,66 168,53 17,35 124,28 109,59 122,59 223,08 725,64 74,16 68,00 89,29 218,49 200,17 222,75 204,62 235,22 216,73 89,09 81,59 91,57 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 11/6 11/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 F&C STEWARDSHIP INT I F&C US SMALL COMP A USD F&C US SMALL COMP C USD 9,27 10/6 81,18 11/6 8,86 11/6 Fonds communs de placements LBPAM ACTIONS TELECOM LBPAM ACTIONS EUROPE C LBPAM ACTIONS FINANCE LBPAM ACTIONS SANTE LBPAM OBLI EUROPE D 48,68 69,52 76,05 85,97 101,02 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 F&C ASIA PACIFIC DYNAMIC A 13,10 F&C ASIA PACIFIC DYNAMIC I 13,17 F&C ASIA PACIFIC DYNAMIC X 13,25 F&C DIVERS.GR. A HDG USD 196,98 F&C DIVERS.GR. X GBP 99,36 F&C EMERGING MKTS. BD A USD 12,78 F&C EMERGING MKTS BD C HDG 106,06 F&C ENHALPHAUKEQ I GBP 100,77 F&C ENHALPHAUKEQ X GBP 101,13 F&C EUR INFLATION LINK BD A 9,93 F&C EUR INFLATION LINK BD I 9,69 F&C EUROPEAN CORPORATE BD A 16,41 F&C EURO HIGH YLD BD A 13,08 F&C EUROP SM CAP A 14,24 F&C EUROPEAN EQTY A 15,51 F&C GL .EMG. MKT. A USD 26,93 F&C GL CLIMATE OPP A 49,28 F&C GL CLIMATE OPP. A USD 76,24 F&C GL CONV BD AH 12,54 F&G GLOBAL CONVERTIBLE BD A 11,79 F&C GLB CONVERTIBLE OPP EUROIH 12,67 F&C GL REAL ESTATE A 13,03 F&C GTAA ALPHA FUND A 92,95 F&C GTAA ALPHA FUND I 93,54 F&C GTAA ALPHA FUND I GBP 99,38 F&C JAPAN.EQTY A 21,64 F&C NORTH AMER EQ. A 18,82 F&C PACIFIC EQTY A 40,75 F&C STEWARDSHIP INT A 8,90 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 10/6 date en euro valeur Ec.BENEF.RESP(EX EC1,2,3FUTUR) 49,99 ECUREUIL ACTIONS EUROP. C 18,28 ECUREUIL CAPIPREMIERE C 2624,37 ECUREUIL CAPITAL C 53,21 ECUREUIL DYNAMIQUE + D 39,12 ECUREUIL ENERGIE D 44,10 ECUREUIL EURIBOR 1210,28 ECUREUIL EXPANSION C 17775,03 ECUREUIL INVESTISSEMENT D 54,55 ECUREUIL MONEPREMIERE C 2331,01 ECUREUIL SECURIPREMIERE C 2507,11 ECUREUIL SENSIPREMIERE C 3116,71 ECUREUIL TRESORERIE C 64,90 ECUREUIL TRIMESTRIEL D 248,20 LBPAM TRESORERIE 2 C LBPAM TRESORERIE 2 D VIVACCIO ACTIONS FCP Multi-gestion Fonds communs de placements CM-CIC DYN.INTERN. 27,44 10/6 CIC OBLI C.T. D 130,37 11/6 CIC OBLIGATIONS D 24,29 11/6 CM-CIC MID FRANCE 34,66 10/6 CM-CIC USA 6,55 10/6 CM- CIC JAPON 4,27 9/6 CIC PROFILE EQUILI 19,68 10/6 CM-CIC TEMPERE 163,23 10/6 CIC PLAN BOURSE 12,96 10/6 ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... 0123 Décryptages Vendredi 13 juin 2008 15 Portrait La Tzipi Livni prétendante PARCOURS 1958 Naissance à Tel-Aviv (Israël). 1980-1984 Agent du Mossad, l’une des agences de renseignement israéliennes. 1999 Elue députée à la Knesset. 2001 Ministre de la coopération régionale. Mars 2006 Devient ministre des affaires étrangères. 2007 Demande, en mai, la démission du premier ministre, Ehoud Olmert. La ministre des affaires étrangères israélienne est convaincue que le chef du gouvernement, Ehoud Olmert, va démissionner. Persuadée que son heure est venue, elle veut lui succéder et se prépare pour cette bataille T zipi Livni est dans les starting-blocks. Tous les sondages la placent en tête. Elle est convaincue qu’Ehoud Olmert, le premier ministre – mis en cause par la justice pour une affaire de financement illégal de ses campagnes électorales –, ne pourra plus tenir longtemps dans la position inconfortable dans laquelle il se trouve. Tzipi Livni est persuadée que son heure est venue. La ministre israélienne des affaires étrangères a donc demandé que des primaires aient lieu au sein du parti Kadima (En avant) pour désigner un successeur à l’actuel chef du gouvernement. Elle se prépare à cette bataille d’appareil en recensant ses appuis. La lutte ne sera pas facile contre son principal adversaire, l’ancien chef d’étatmajor de l’armée, Shaul Mofaz, ministre des transports. Ehoud Olmert, non plus, n’est pas disposé à lui faire de cadeau. Au contraire. Il va tout tenter pour faire échouer cette concurrente qui, contrairement à lui, ne contrôle pas les rouages du parti. C’est là son principal handicap. En revanche, cette avocate de profession dispose d’un atout capital, outre celui de sa popularité : son intégrité. Jamais impliquée dans un scandale de quelque nature qu’il soit, la « Mme Propre » de la politique israélienne fait figure de renouveau après la succession d’affaires qui ont terni l’image de bon nombre de dirigeants politiques du pays ces dernières années. Sans espoir de lui trouver la moindre casserole, ses adversaires et concurrents s’efforcent de mettre en avant son côté novice en politique ainsi qu’un parcours sans beaucoup de relief. Mais comme le dit Daniel Bensimon, journaliste à Haaretz, « son avantage est qu’ici en Israël on adore le changement, et sa faiblesse est que le parti a peur d’elle. C’est un peu comme Ségolène Royal avant la présidentielle : plébiscitée à l’extérieur et contestée à l’intérieur ». Bientôt âgée de 50 ans, Tzipi Livni est, il est vrai, entrée tard en politique. Fidèle du Likoud (droite nationaliste), elle a été élue pour la première fois à la Knesset (Parlement) en mai 1999. Issue d’une famille de combattants de l’Irgoun, organisation ultranationaliste juive qui a eu recours à des opérations terroristes contre les Anglais et les Palestiniens avant la création de l’Etat d’Israël en 1948, Tzipi Livni a été élevée dans la tradition conservatrice, le goût du secret et la volonté indéfectible du combat dans lesquels ses parents Sara et Eitan se sont illustrés. Aujourd’hui encore, elle connaît par cœur les chants de conquête et de sacrifice qui ont bercé son enfance. Rendant hommage à sa mère, décédée en octobre 2007, elle a salué « cette guerrière qui a entraîné tout le monde dans son sillage ». Dans sa jeunesse, elle en fut aussi une. Pendant au moins quatre ans, au début des années 1980, elle a été un agent du Mossad – officiellement en tant qu’expert juridique – et aurait participé à la traque de dirigeants de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), notamment en Europe. Bien évidemment, peu a filtré de ces années de lutte clandestine. Revenue à une vie plus paisible, elle achève des études de droit à peine commencées, puis devient avocate, spécialiste du droit commercial. C’est tout naturellement qu’elle s’est orientée vers la politique pour continuer le combat entrepris par les Le pays l’aime parce qu’il ne sait que peu de chose d’elle Herb Keinon du « Jerusalem Post » siens et par cette famille politique issue de l’Irgoun qu’est devenu le Likoud. Même si elle n’est pas du même bord politique que Golda Meir, elle voue une profonde admiration à la seule femme israélienne qui fut ministre des affaires étrangères pour devenir ensuite premier ministre. Une trajectoire qu’elle espère bien suivre. Son parcours politique a été rapide grâce à la protection que lui a offerte Ariel Sharon. Elle a suivi sans sourciller ses inflexions politiques en faveur du désengagement de la bande de Gaza et de la scission du Likoud avec la création de Kadima. Tzipi Livni sait ce qu’elle veut, et elle est prête à faire ce qu’il faut pour y parvenir. On raconte qu’en février 2003, afin d’obtenir le portefeuille convoité, elle n’a pas hésité à devancer l’heure du rendez-vous du candidat précédent pour lui souffler le ministère qu’il allait se voir attribuer. Après plusieurs expériences au sein du gouvernement Sharon, elle obtient enfin, en mars 2006, le poste ambitionné de ministre des affaires étrangères, considéré comme le tremplin naturel à la direction du gouvernement. Ce n’est pas parce qu’elle est particulièrement pressée qu’elle veut accéder à la plus haute marche mais parce qu’elle pense qu’il faut faire avancer les choses dans une certaine direction. Celle de la création d’un Etat palestinien, dont elle est convaincue que c’est une nécessité afin de préserver le caractère juif de l’Etat d’Israël. Elle est donc parfaitement à sa place à la tête de l’équipe qui mène les négociations avec les Palestiniens. Sa complicité avec Condoleezza Rice, secrétaire d’Etat américaine, lui a permis d’asseoir son autorité et de parfaire son apprentissage des arcanes internationaux. Tout le monde avait mis sur le compte de son inexpérience sa demande de démission d’Ehoud Olmert, en mai 2007, après la publication du rapport préliminaire dévastateur de la commission Winograd sur la guerre du Liban de l’été 2006. Elle avait été accusée de manque de courage pour ne pas avoir abandonné ses fonctions après ce qui lui avait valu le surnom « Tzipi the Knife ». Certains lui reprochent d’être toujours profondément ancrée à droite lorsqu’elle affirme que les Palestiniens d’Israël n’auront plus qu’à se taire si l’Etat palestinien est créé ou que « les Palestiniens ne pourront célébrer leur indépendance que lorsqu’ils auront supprimé de leur vocabulaire le terme Nakba [catastrophe] », utilisé pour évoquer la saisie de leurs terres et l’éviction de leurs villages. Gideon Levy, du quotidien Haaretz, n’a pas manqué de la clouer au pilori, mais estime néanmoins qu’elle est « préférable » à tous les successeurs potentiels d’Ehoud Olmert. En vérité, Tzipi Livni reste un grand point d’interrogation. « Le pays l’aime parce qu’il ne sait que peu de choses d’elle », ironise Herb Keinon, du Jerusalem Post. Discrète, secrète, refusant toujours de parler d’elle et de ses projets, cette quinquagénaire reste à découvrir. Plutôt froide, sérieuse, préférant les choses simples aux mondanités, elle préserve jalousement sa vie privée. Mariée et mère de deux enfants, elle est considérée comme féministe, mais estime que la promotion doit reposer sur les mérites et non sur le genre. Au ministère des affaires étrangères, elle est considérée comme une bonne professionnelle, un peu trop distante, qui, pour se positionner dans le rôle de premier ministre, va devoir sortir de sa carapace. a Michel Bôle-Richard Photo Ammar Awad/Reuters Reportage 16 0123 Vendredi 13 juin 2008 La communauté sino-coréenne de Yanji, à la frontière chinoise, est en majorité chrétienne et les églises sont un maillon des réseaux qui viennent en aide aux réfugiés. PHOTO PETER PARKS/AFP Les fugitives re, j’ai hurlé que j’avais soudoyé des gardesfrontières. J’ai fait un tel vacarme que, craignant que mes cris parviennent à leurs supérieurs, les policiers m’ont jetée dehors. » La troisième tentative faillit aussi tourner mal. « Du côté chinois, je suis tombée sur un barrage de police. Dans la Jeep, j’ai pu faire glisser les menottes, trop grandes pour mes poignets, et j’ai sauté en marche. Puis j’ai couru, couru et j’ai pu les semer », raconte-t-elle, enjouée comme un enfant qui a joué un bon tour. Parcourant à pied 30 km à travers la montagne, elle est parvenue jusqu’à ce hameau habité par des Sino-Coréens. L’importante communauté d’origine coréenne de Yanbian, la région autonome jouxtant la RPDC, est implantée là depuis trois générations. Elle se chiffre à près d’un million d’habitants, ce qui permet aux migrants de se fondre dans la masse. La majorité vient faire un peu d’argent et repart. D’autres essaient de s’exfiltrer au fil d’un long périple de 5 000 km jusqu’au Yunnan pour passer au Laos, puis en Thaïlande, où ils demandent asile en Corée du Sud. Cette jeune femme (26 ans) est arrivée là il y a quatre ans. Après quelques mois, elle a commencé à vivre avec un paysan qui a le double de son âge et dont elle a eu son enfant. Elle sourit quand on lui demande si elle est heureuse. « Mais j’ai peur. » Au cours de son récit, son regard ne s’est voilé qu’une fois lorsqu’elle raconta comment elle avait reconnu sa tante sur une photo présentée aux habitants du village par des policiers qui cherchaient à identifier une femme assassinée et dévalisée dont le corps venait d’être découvert. Passée en Chine, elle avait été victime de passeurs brigands. Depuis le début de l’année, les 1 300 km de la frontière sino-nord-coréenne sont scellés. Caméras, clôtures de grillage sur plusieurs centaines de mètres aux endroits connus pour être des lieux de passage, renforcement des patrouilles de policiers et de soldats sur la route longeant le fleuve et doublement des amendes en cas d’assistance à un migrant, sont dissuasifs. Il en va de même sur la rive nord-coréenne, où il faut passer plusieurs contrôles avant de parvenir au fleuve et où les punitions infligées à Henry Chang, Lucien Simon Yangi, Chine, Envoyés spéciaux ceux qui sont pris ont été alourdies. Plus de 200 000 à la fin des années 1990, lors de la grande famine, les migrants nord-coréens en Chine ne sont plus que 30 000 selon les organisations humanitaires locales. « Désormais, le nombre des passages est infime », dit le prêtre d’un village aux maisons basses couvertes de chaume, non loin de la Tumen, dont l’église est surmontée d’une croix disproportionnée par rapport au modeste bâtiment : un point de repère pour les migrants. La communauté sino-coréenne est en majorité chrétienne et les églises sont un maillon des réseaux qui leur viennent en aide. La question des transfuges nordcoréens a longtemps été secondaire pour la Chine. Elle estime que ceux-ci ne sont pas des réfugiés, mais des « migrants économiques » en situation illégale, qu’elle rapatrie conformément à l’accord frontalier avec la RPDC. Pourtant, à la veille des Jeux olympiques, Pékin veut éviter un nouveau foyer de critiques internationales de non-respect des droits de l’homme. « Les autorités chinoises ont deux objectifs, poursuit le prêtre, bloquer les arrivées et faire preuve d’une plus grande flexibilité à l’égard de ceux qui sont déjà en Chine. » C’est le cas pour les enfants nés de liaisons entre des Coréennes et des Chinois. « Lorsque les mères ont été rapatriées de force, les enfants illégitimes [la femme étant en situation illégale, il n’y a pas eu de mariage] sont souvent abandonnés par les pères », commente le directeur d’une petite école de la région, qui compte sept orphelins parmi une quarantaine d’élèves. « Non déclarés, ces enfants n’ont pas droit à l’éducation gratuite. Mais, depuis le début de l’année, les autorités acceptent de leur donner des certificats. Indirectement, c’est une garantie pour la mère. Celle-ci reste cependant en situation irrégulière, toujours à la merci d’une déportation », poursuit-il. Selon les organisations humanitaires internationales, ces enfants apatrides abandonnés seraient plusieurs milliers. Autre assouplissement : « Depuis quelques mois, les déportations ont pratiquement cessé », dit le prêtre. Une tolérance, confirmée par plusieurs sources, mais qui n’est peut-être que temporaire. Ces dernières années, les femmes sont trois fois plus nombreuses que les hommes à être entrées clandestinement en Chine. « Elles encourent en général des punitions moins sévères », assure le prêtre. Pas toujours : parmi les 15 personnes exécutées en mars dans la région d’Onsong, il y avait 13 femmes. Ceux ou celles qui avaient l’intention de fuir au sud sont passibles de lourdes peines : camp, exécution publique. Les Coréennes passées en Chine sont parfois mariées : elles tentent de gagner un peu d’argent pour nourrir leur famille et retournent en RPDC. D’autres essaient Yangi CHINE JILIN Shenyang me Tu M enue mais robuste, avec ses cheveux courts et son visage halé par le travail des champs, c’est un petit bout de femme brave et décidée. Agenouillée sur l’ondol (sol de papier huilé chauffé par-dessous) d’une modeste maison de style coréen, elle porte dans ses bras son enfant endormi. De la République populaire démocratique de Corée (RPDC) à ce hameau chinois situé à une trentaine de kilomètres du fleuve Tumen, qui marque la frontière entre les deux pays, elle a fait un court voyage, une tragique odyssée qui reflète celle de milliers de Coréennes fuyant leur pays. Originaire de la ville minière d’Onsong, non loin de la frontière, elle travaillait à l’extraction du charbon. Le nord de la province d’Hamgyong, jouxtant la Chine, est la région la plus pauvre de la RPDC : la « Sibérie coréenne », dit-on, en raison de son climat, mais aussi parce que c’est traditionnellement une région de bannissement. Son père, membre du Parti des travailleurs, fut « purgé » lorsqu’elle était encore enfant, et la famille quitta Pyongyang, où vivent les privilégiés. Devenu mineur, le père mourut pendant la grande famine de la seconde moitié des années 1990, qui fit un million de morts (5 % de la population). « J’ai pensé que moi non plus je ne survivrais pas et j’ai décidé de partir. Je n’étais jamais sortie de ma commune. La rumeur disait qu’en Chine on vivait mieux. Quand on ne sait rien, on supporte tout, mais, si une lumière apparaît dans la nuit, on va vers elle, dit-elle. C’est la faim et l’absence de perspective plus que la répression politique qui poussent à partir. » Elle avait 19 ans. Elle soudoya un gardefrontière et passa le fleuve. « L’eau arrivait jusqu’au cou. Je portais un paquet de vêtements secs sur la tête. » Sur l’autre rive, elle fut appréhendée par la police chinoise. Renvoyée en RPDC, questionnée, semoncée, battue. Un mois plus tard, elle recommençait. Découverte, elle fut à nouveau rapatriée. « Cette fois, lors de l’interrogatoi- Des Nord-Coréennes franchissent chaque année la frontière chinoise avec l’aide de passeurs. Elles rentrent parfois avec un peu d’argent, essaient de passer en Corée du Sud, ou se retrouvent sur le marché de la nuit n RUSSIE Onsong HAMGYONG LIAONING Dandong Ya lu C OR ÉE DU NOR D Pyongyang Séoul CORÉE DU SUD 150 km de refaire leur vie. Toutes risquent d’être victimes des « marchands de femmes » : violentées, vendues comme épouses à des paysans âgés ou handicapés, ou contraintes de se prostituer. « Vulnérables comme toutes les femmes en détresse, elles sont des proies d’autant plus faciles qu’elles sont en situation illégale », dit-il. Dans les quartiers coréens des villes frontalières, « on peut vivre sans parler un mot de chinois », dit un homme d’affaires sino-coréen de Shenyang. C’est le cas dans le quartier de Xinda, ruisselant de lumières et d’enseignes de restaurants et de karaokebars, de cette capitale de la province de Liaoning. Des migrantes coréennes travaillent clandestinement comme serveuses, plongeuses, domestiques. D’autres se « défendent » sur le marché de la nuit. Dans ce bar luxueux, cette jeune Coréenne au visage avenant et en robe froufroutante ultracourte pourrait être une hôtesse comme une autre. Dans un lieu plus discret, elle raconte son histoire : « J’ai 26 ans dont huit passés dans l’armée populaire. J’ai fini sous-lieutenant, dit-elle. Puis j’ai été envoyée en usine. Je n’avais aucune chance de m’en sortir dans la patrie et j’ai décidé de partir. Une amie passée en Chine m’a envoyé de l’argent et j’ai soudoyé des gardes-frontières. J’ai trouvé ce travail grâce à mon amie. Je ne m’étais jamais maquillée de ma vie et des hommes je ne connaissais que les soldats. Avec l’argent gagné en trois mois, j’ai fait venir ma mère. » Les passeurs fournissent à des contacts de l’autre côté de la frontière des téléphones mobiles chinois. Ils leur indiquent la personne à contacter – « même à l’autre bout du pays ». Un rendez-vous téléphonique est fixé. « C’est ainsi que ma mère est passée en échange de 3 000 yuans [280 euros] », raconte-t-elle. Les communications téléphoniques clandestines sont aussi un moyen d’entrevoir ce qui se passe en RPDC : les témoignages indiquent que la pénurie alimentaire, sans atteindre les proportions de la famine de la seconde partie des années 1990, a déjà des conséquences dramatiques dans les régions pauvres : « En raison de la fermeture de la frontière, mes compatriotes sont comme des poissons dans un bocal qui se vide de son eau, dit l’ex-soldate devenue hôtesse. La surveillance de la frontière est plus sévère. Mais quand on a faim… » Elle ne sort qu’à la tombée du jour. Shenyang est l’avant-poste de la présence nord-coréenne en Chine après Dandong, sur l’estuaire du fleuve Yalu qui, à l’ouest, marque la frontière avec la RPDC. Mais c’est aussi un nid d’espions : donc une ville dangereuse pour les illégaux. a Débats 0123 Vendredi 13 juin 2008 17 Europe : carpettes s’abstenir ! Lelivre dujour Sauf à accentuer son déficit démocratique, l’Union doit choisir ses responsables en toute clarté De Gaulle, en mille anecdotes issu de la majorité du Parlement européen pour chaque parti européen, d’indiquer ans leurs discours, les diriélu en juin 2009. Il est particulièrement quel est son programme et quels sont ses geants européens appellent n 1959, le second maître de choquant que certains envisagent de candidats. Ceux-ci seraient appelés à visitoujours à une Union euro- Sylvie Goulard marine Guy-Marcel Hennequin E entre au service du général de Gaulle comme valet de chambre. Il raconte : « Je viens de faire couler son bain quand, de retour dans sa chambre, j’entends soudain parler dans la salle de bains ! Je n’ai pourtant fait entrer personne (…) Je frappe donc à la porte, l’entrebâille, et qu’est-ce que je vois ? Il est seul, debout, en peignoir, devant son miroir et répète le texte d’un discours comme le ferait un comédien. Tout y est, les gestes, les mimiques, les intonations. » Vivre avec de Gaulle Michel Tauriac Plon, 610 p., 24 ¤ Ils ne sont pas nombreux à avoir vu, comme Guy-Marcel Hennequin, Charles de Gaulle en peignoir. Ni à avoir pu l’observer à son bureau, chez lui ou à table. Les témoins de cette époque se font même rares. C’est l’intérêt de cet ouvrage de leur donner une fois encore, sinon une dernière fois, la parole. Michel Tauriac connaît bien le sujet. Il a déjà publié un livre d’entretiens avec Philippe de Gaulle, devenu un best-seller, De Gaulle, mon père (deux tomes, Plon, 2002 et 2004). Ce nouvel ouvrage est dans la même veine et vise le même public : les passionnés de l’homme intime. Il a pour titre explicite Vivre avec de Gaulle et pour sous-titre : « Les derniers témoins racontent l’homme ». Les 95 personnalités mises à contribution par Michel Tauriac ont, pour certaines, déjà parlé ou publié leurs Mémoires : Jacques Chirac, Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Jean Foyer, Valéry Giscard d’Estaing, Jean-Marcel Jeanneney, Pierre Lefranc, Jean Mauriac, Lucien Neuwirth, Edgard Pisani, pour ne citer que les plus notoires. D’autres témoignent pour la première fois, comme Alice Garrigoux, une archiviste à laquelle de Gaulle confia le soin, en 1945, de mettre en ordre les 300 cartons de documents qu’il avait rapportés de Londres et d’Alger. Ce gros livre, qui aurait pu être plus court, rassemble leurs témoignages en 33 chapitres dont l’intitulé illustre chacun un trait de caractère de l’homme du 18-Juin : « Séducteur », « Impassible », « Perfectionniste »… Et aussi : « Coléreux », « Impatient »… La dévotion de Michel Tauriac pour son sujet est telle qu’il manque parfois de recul. Pour évoquer l’exceptionnelle mémoire de De Gaulle, il prétend que « l’on n’a jamais surpris le Général devant un micro, un papier à la main, excepté à Londres, le 18 juin 1940 ». Alors que l’une des photos les plus connues de celui-ci le montre tenant des feuilles dactylographiées le 16 juin 1946 à Bayeux (Calvados), le jour où il prononce son fameux discours sur l’avenir des institutions. Michel Tauriac profite aussi de ce livre pour corriger certains jugements à l’emporte-pièce qu’il avait laissé Philippe de Gaulle formuler dans De Gaulle, mon père, quand il n’avait pas abondé dans son sens. Il revient sur l’échec de l’attaque franco-britannique de Dakar (1940), une opération destinée à ouvrir les portes de l’Afrique occidentale à la France libre. Très affecté par cet échec, de Gaulle, qui était de l’expédition, a-t-il songé à ce moment-là au suicide ? Dans De Gaulle, mon père, Michel Tauriac parle de « rumeur ». Aujourd’hui, il privilégie le témoignage d’un proche du Général, Philippe Dechartre, auquel l’homme du 18-Juin aurait dit : « Eh bien, figurez-vous que moi aussi [à Dakar] j’ai pensé au suicide. » D’inflexions historiographiques en anecdotes, ce livre se lit avec plaisir. Hauteur, causticité : par sa personnalité et sa place dans l’Histoire, le Général est une source perpétuelle d’étonnement. Parmi les curiosités de l’ouvrage, on relèvera cet aparté du grand homme, que sa stature et ses fonctions plaçaient très au-dessus des contingences quotidiennes : « Depuis 1940, ce qui m’ennuie, c’est que je ne connais pas les prix pratiqués en France. Je n’ai aucune idée de la valeur des choses. » a Bertrand Le Gendre D péenne plus démocratique, plus transparente, plus efficace. Après les référendums négatifs de 2005, c’était juré, croix de bois, croix de fer, nos autorités avaient compris les attentes du peuple. Et Nicolas Sarkozy d’affirmer à Strasbourg en octobre 2007 : « L’Europe doit avoir plus de débats, plus de démocratie et au fond plus de politique. » La présidence française de l’Union, qui commence le 1er juillet, va offrir une magnifique occasion de voir comment les promesses se traduisent en actes. C’est en effet le Conseil européen, composé des vingt-sept chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE, qui doit bientôt doter celleci d’un président stable et d’un haut représentant, chargé de l’action externe, aux pouvoirs renforcés. En 2009, le mandat de l’actuel président de la Commission arrive Présidente du Mouvement européen France également à échéance. Trois nominations, trois postes stratégiques. Désigner nos dirigeants après un débat public constitue, pour l’Union, un enjeu de légitimité mais aussi de crédibilité internationale. Pour peser plus dans les affaires du monde, les Européens devraient choisir les meilleurs d’entre eux, les plus indépendants, les plus combatifs. Et non se mettre d’accord sur les moins gênants, d’autant plus appréciés qu’ils ne fâchent personne. Au nom de la démocratie et de l’efficacité, la présidence française de l’Union pourrait poser sept exigences nouvelles. 1. Respecter le calendrier démocratique. Aux termes du traité de Lisbonne, le prochain président de la Commission sera conclure « un marché » dès 2008. Si les gouvernants veulent décourager les citoyens européens d’aller voter, qu’ils continuent ainsi ! La démocratie impose d’attendre juin 2009, quitte à prévoir des solutions transitoires pour les premiers mois de l’année. 2. Faire la lumière sur la sélection. La pratique des petits arrangements entre amis, dans le huis-clos du Conseil européen, doit cesser. Il serait inouï que l’organe suprême de l’Union s’affranchisse des règles de transparence que les traités imposent aux autres institutions communautaires. Cette période d’une année laisse le temps d’organiser une phase de dépôt des candidatures puis un débat public, sous des formes à définir, impliquant notamment le Parlement européen et les Parlements nationaux. La campagne pour les élections européennes serait le moment, Bipolaires par Brito ter les Etats membres, à exposer leurs vues, à se faire connaître. 3. Définir des postes avant de choisir des individus. Des noms (Tony Blair, JeanClaude Juncker, Jose Manuel Barroso) circulent déjà mais, au fond, pour quoi faire ? Le profil le plus probable pour le « président » du conseil est celui d’une chairperson à l’anglo-saxonne, c’est-à-dire l’animateur d’une équipe, un facilitateur de compromis ou bien d’un président autorité morale à l’italienne ou à l’allemande. Mais pour les Français, l’image présidentielle est autre. Il faudrait en parler ouvertement sinon les frustrations seront grandes. 4. Répartir les tâches entre ces différentes autorités. Les risques de rivalité sont considérables. Si un accord n’est pas trouvé pour éviter les empiétements, notamment dans les fonctions de représentation extérieure de l’UE, la cacophonie, la tradition des délégations européennes pléthoriques se perpétueront, au détriment de l’intérêt européen. 5. Juger les candidats sur pièces et non sur titre. La qualité d’ancien membre du Conseil européen – qui tend à devenir une condition incontournable – assure une certaine expérience. Elle ne garantit pas les aptitudes requises pour occuper une fonction supranationale. En outre, elle réduit le vivier. Si elle avait été imposée jadis, Jac- La qualité d’ancien membre du Conseil européen assure une certaine expérience. Elle ne garantit pas les aptitudes requises pour occuper une fonction supranationale La déontologie menacée par la Constitution La Commission de déontologie de la sécurité pourrait passer à la trappe A insi, l’Assemblée nationale a adopté le 3 juin le projet de loi constitutionnelle qui comporte, en son article 31, la création d’un défenseur des droits des citoyens. Il se substituera d’abord au médiateur de la République, dont l’exposé des motifs du projet regrettait qu’il ne puisse pas être saisi directement ; une simple loi aurait pu combler cette lacune. Mais il s’agit aussi, toujours selon l’exposé des motifs, de supprimer « des autorités dont la multiplicité affaiblit l’efficacité ». Parmi elles, c’est la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS), qui est nommément visée. Créée par la loi du 6 juin 2000, cette autorité administrative indépendante est chargée de « veiller au respect de la déontologie par les personnes exerçant des activités de sécurité sur le territoire de la République ». Toute personne s’estimant victime d’un tel manquement doit s’adresser à un parlementaire dont c’est le rôle éminent de vérifier si l’intervention de la CNDS est « méritée ». Ce système fonctionne et n’appelle pas de saisines directes qui, par leur nombre, risqueraient de nuire à l’efficacité du contrôle. Si tout service de sécurité, public comme privé, peut être concerné, la quasi-totalité des saisines vise la sécurité publique dans la police et l’administration péniten- Roger Beauvois Président de la CNDS Pierre Truche Ancien président de la CNDS tiaire, qui ont dans leurs missions la possibilité de porter atteinte à des droits de l’homme fondamentaux (arrestation, détention…). L’objet n’est pas de régler, comme le ferait un médiateur, un litige entre un particulier et un de ces services. C’est à la justice judiciaire ou administrative de statuer. La loi donne pour mission à la CNDS de formuler « tout avis ou recommandation visant à remédier aux manquements constatés ou en prévenir le renouvellement ». La CNDS procède à des auditions (les personnes convoquées sont tenues de déférer) ainsi qu’à des vérifications sur place même exceptionnellement sans préavis ; les autorités publiques doivent lui fournir des informations et pièces et même saisir leur corps de contrôle à sa demande. Après délibération, outre les avis et recommandations, la CNDS peut porter à la connaissance de l’autorité titu- laire du pouvoir disciplinaire ainsi que du procureur de la République les faits qui lui ont été soumis. Tant ces pouvoirs que la place des services contrôlés, parmi les institutions dotées de droits exceptionnels, imposent une commission composée de personnalités compétentes et incontestables (quatre parlementaires, des représentants des trois hautes juridictions françaises, des membres de la société civile, universitaires, médecin, ancien bâtonnier, ancien commissaire de police…). Les décisions prises le sont à l’unanimité. La ministre de la justice a précisé lors des débats qu’après la suppression de la CNDS, le défenseur, reprenant les missions de la commission, « pourrait être assisté d’un collège ». Pourquoi, dès lors, supprimer ce qui existe ? Le président de la CNDS est nommé par le président de la République, qui a toujours choisi un ancien haut magistrat. La richesse de la composition prévue par la loi ainsi que l’existence de la CNDS, reconnues par les institutions européennes compétentes en la matière, ne sauraient être contestées. Il ne faudrait pas que ce qui apparaît, notamment par son inscription dans la Constitution, comme une avancée dans la défense des droits des citoyens, se traduise par une remise en question des garanties qui leur sont déjà acquises. a ques Delors ne serait jamais devenu président de la Commission. Il faut au contraire élargir le cercle afin de mobiliser des talents plus divers. Enfin, une évaluation plus systématique des candidats est nécessaire : des instituts de recherche indépendants, répartis dans différents Etats membres pourraient dresser un bilan de l’action de chacun des candidats, dans ses fonctions nationales ou dans ses fonctions européennes antérieures. 6. Poser des exigences de fond. Nul ne peut prétendre diriger l’UE s’il vient d’un pays qui s’est abstenu de reconnaître la Charte des droits fondamentaux. En effet, au nom de quelles valeurs irait-il par exemple conclure de nouvelles adhésions ? Les dirigeants européens ne peuvent pas non plus être issus des Etats qui se sont affranchis des accords de Schengen et de l’euro. Il serait incompréhensible pour des Européens consentant de tels partages de souveraineté d’être dirigés par ceux qui s’y sont dérobés. 7. Accorder au moins l’un de ces postes à une femme. Les plus hautes autorités européennes ne sauraient ignorer les exigences de parité imposées aux collectivités locales, aux Parlements nationaux et aux entreprises, ni décrédibiliser des décennies d’efforts de l’UE en faveur de la nondiscrimination. Enfin, face aux intégristes de toutes confessions, la défense de la mixité constitue l’une des priorités de nos sociétés, tout comme l’intégration des personnes issues de l’immigration. La condition non écrite tendant à privilégier les anciens membres du Conseil renforce au contraire tous les conservatismes. L’Union européenne se trouve à un moment-clé de son histoire. L’enjeu de ces nominations est immense. La présidence française peut aider l’UE à éviter sept péchés capitaux contre l’esprit européen. Il serait tout à son honneur de proposer une véritable « rupture » démocratique afin d’éviter que le Conseil européen ne sorte les noms des heureux élus comme un magicien fait apparaître des lapins, sans expliquer d’où ils viennent, ni où ils ont l’intention d’aller. a 18 Disparitions Claude Dityvon Mohamed Charfi Il photographiait la réalité sociale avec un regard plus poétique que documentaire C laude Dityvon, photographe, fondateur de l’agence Viva, est mort le 3 juin, à l’âge de 71 ans, des suites d’un cancer. Il occupait une place à part dans la photographie française. Ses influences littéraires et cinématographiques, son regard porté sur la réalité sociale, plus poétique que journalistique, en ont fait un auteur difficilement classable, en marge des courants et des modes, un peu oublié par la presse et les commandes publiques. Célèbre pour ses photographies de Mai 1968, il n’a jamais collé à l’actualité, au contraire d’un Gilles Caron, préférant des images décalées, étonnantes. Comme celle où un homme est assis sur une chaise, impassible, au beau milieu des fumigènes et des CRS. Dans ses images en noir et blanc, Claude Dityvon fait se côtoyer une recherche formelle poussée et des flous féeriques. « Je suis un hybride d’Henri Cartier-Bresson et de Robert Frank », déclarait-il d’ailleurs au Monde en 1994, héritant du Français sa maîtrise de la géométrie, et du Suisse son goût de la subjectivité. 1937 Naissance à La Rochelle 1972 Fonde Viva, agence de photographes marqués par les idéaux de Mai 1968 3 juin 2008 Mort Dès ses débuts, Claude Dityvon se passionne pour son époque : les lieux en marge, les groupes sociaux comme les mineurs et les pêcheurs, le monde du travail, les bidonvilles. Mais il choisit de la montrer avec un regard plus poétique que documentaire. Très vite, en 1970, il gagne le prix Niépce. L’agence Viva, dont il est l’un des fondateurs en 1972, témoigne de cette envie de raconter la société avec un regard d’auteur. Pour partager l’aventure de cette agence alternative et militante, on trouve à ses côtés François Hers, Hervé Gloaguen, Martine Franck, Richard Kalvar, Guy Le Querrec. Marqués par les idéaux de Mai 1968, les membres de Viva sont fermement ancrés à gauche, refusent tout spectaculaire, préfèrent le noir et blanc à la couleur, sont intransigeants sur l’éthique et la déontologie. Ils ont une réputation difficile, la presse les boude. Toujours au bord de la faillite, opposés sur les stratégies à adopter, ils finissent par se séparer, minés par leurs contradictions. Le Querrec, Franck et Kalvar rejoignent l’agence Magnum, tandis que Dityvon tente de prolonger l’expérience Viva, seul, en la rachetant en 1982. C’est un échec. Déchiré, contradictoire, tout comme son œuvre, Claude Dityvon était un écorché vif, « profondément marqué par l’enfance », qui utilisait la photographie pour parler du monde, mais aussi de lui et de ses proches. Ses références premières sont moins à chercher dans la photographie que dans la littérature, le jazz et avant tout le cinéma, dont il était un consommateur boulimique : à Paris, après son service militaire, il voyait plus d’un film par jour. Il était marqué par le cinéma muet (Friedrich Murnau), sensible aussi à la lumière propre aux films de Jean Vigo . « L’Atalante, de Vigo, a été un déclic terrible », disait-il. Les années 1980 vont lui donner l’occasion de céder à sa passion : il collabore aux Cahiers du cinéma et travaille sur les plateaux de tournage de Claude Chabrol, Maurice Pialat, André Téchiné ou Jacques Demy. Dans les années 2000, il partira ensuite sur les traces d’Arthur Rimbaud à Djibouti et photographiera la vie des habitants de Zanzibar. La ville natale de Claude Dityvon, La Rochelle, programme jusqu’à la fin de l’été plusieurs expositions en hommage au photographe. a Claire Guillot 0123 Vendredi 13 juin 2008 Il fut l’artisan principal d’une réforme de l’enseignement tunisien. Ce défenseur des droits de l’homme siégea aussi à l’ONU pour le dialogue des civilisations P rofesseur émérite à la faculté des sciences juridiques de Tunis, ministre de l’éducation de 1989 à 1994, ancien président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), une cause dont il resta toute sa vie un fidèle militant, Mohamed Charfi est mort d’un cancer, vendredi 6 juin, à Tunis. Il était âgé de 71 ans. I 16 avril 1936 Naissance à Nis (Serbie) 1964 Enregistre son premier disque et fonde son groupe, Crna Mamba 8 juin 2008 Mort à Nis (Serbie) En 1999, à Paris. ADINE SAGALYN réflexion, il est à lui seul un condensé de la Tunisie moderne… et de ses paradoxes. Pour preuve : en 1989, alors qu’il est président de la LTDH, le chef de l’Etat, Zine El Abidine Ben Ali, au pouvoir depuis deux ans, lui offre le ministère de l’éducation. Ayant accepté cette dernière charge, il se retire de la première. Ministre, il met en chantier une réforme qui établit une nette séparation entre l’enseignement religieux et l’instruction civique et qui, surtout, ouvre écoles et lycées à la pensée contemporaine et au regard critique. Démocrate sans parti Cette réforme, exceptionnelle au regard du monde arabe, assoit durablement la réputation de Mohamed Charfi, au-delà du paysage maghrébin. Quelques années plus tard, l’auteur d’Islam et liberté, le malentendu historique (Albin Michel, 1999) sera appelé à siéger au sein de la Commission de haut niveau [high level committee] des Nations unies pour le dialogue des civilisations. Ce n’est pas le lustre des titres qui l’attire. En 1994, sans tapage ni amertume, il avait démissionné de son poste de ministre, marquant ainsi son désaccord avec le durcissement du régime. Démocrate sans parti, ce penseur-militant suit de près l’actualité politique internationale – qu’il évoque dans ses chroniques sur les ondes de la radio marocaine Medi 1. Si beaucoup, en Tunisie, ont vu en lui l’un des meilleurs candidats pour diriger l’opposition progressiste, Mohamed Charfi n’a pas eu le temps ou l’occasion de suivre cette voie jusqu’au bout. En 2002, il lance un Manifeste de la République, en réaction à la réforme constitutionnelle qui prolonge la durée des mandats présidentiels. Ce sera sa dernière grande initiative politique. Marié à une brillante physicienne, père de trois filles, Mohamed Charfi laisse aussi orpheline toute une génération de démocrates. a Catherine Simon Jacques-Francis Rolland Ecrivain et journaliste, il avait tiré plusieurs récits de sa jeunesse résistante et de son engagement au Parti communiste, jusqu’en 1956 J ’ai connu Jacques-Francis Rolland, appelé familièrement « JFR » par ses amis, au lycée parisien Rollin, devenu Jacques-Decour après la seconde guerre mondiale. Il était né le 26 juillet 1922 à Albertville, en Savoie. Son père était l’écrivain Louis Francis. Il avait le visage carré, le menton légèrement en galoche. Il était déjà gouailleur. Je le trouvais gamin. 26 juillet 1922 Naissance à Albertville (Savoie) 1942 S’engage dans la Résistance 1956 Quitte le Parti communiste 1984 Grand Prix du roman de l’Académie française avec « Un dimanche inoubliable près des casernes » 4 juin 2008 Mort à Beauvais Quand nous nous sommes retrouvés sous l’Occupation, au début de 1942, à Toulouse, le gamin était devenu un jeune bolchevik, qui me poussait à entrer au Parti communiste clandestin. J’étais alors devenu marxiste, mais il me disait d’un ton docte : « Il ne suffit pas de lire Marx, il faut aimer la classe ouvrière. » Nous avons milité ensemble à Lyon chez les étudiants communistes au sein des Forces unies de la jeunesse patriotique. Nous méditions d’écrire ensemble un livre sur « la lutte des classes Ce chanteur tzigane était surnommé « le Frank Sinatra des Roms » l avait publié une trentaine d’albums, signé 650 chansons, et on le surnommait le « Frank Sinatra des Roms ». Le chanteur tzigane Saban Bajramovic est mort des suites d’un infarctus, dimanche 8 juin, à l’hôpital de Nis, en Serbie, la ville où il était né le 16 avril 1936. Il était âgé de 72 ans. 11 octobre 1936 Naissance à Sfax (Tunisie) 1989-1994 Ministre de l’éducation 2002 Lance un Manisfeste de la République 6 juin 2008 Mort à Tunis Elégant, rigoureux, séduisant, cet homme de conviction, passionné de politique, était né à Sfax le 11 octobre 1936. Rien ne destinait le jeune garçon, issu d’une famille de lettrés religieux, plutôt conservateurs, à devenir ce moderniste flamboyant, ouvertement laïque et féministe, qui sera, dès la fin des années 1980, la bête noire des islamistes. Le surnom de « Jules Ferry tunisien » qui lui est donné au moment où il entreprend sa réforme de l’éducation, en 1989, l’a longtemps poursuivi. Sans qu’il s’en offusque. Rien ne destinait non plus ce fort en thème à participer, après des études à Paris, à la création du mouvement d’extrême gauche Perspectives. Au début des années 1960, le tiers-monde est en ébullition. La Tunisie n’est pas à l’écart du tumulte. Républicain et « patriote », comme il se définit lui-même, Mohamed Charfi a toujours eu « le cœur à gauche ». La dérive autoritaire du régime du président Habib Bourguiba le révolte. Mais, au Maghreb, la contestation se paye cher : par la prison et la torture. En 1968, la plupart des militants de Perspectives sont arrêtés et embastillés. Mohamed Charfi passe un an en prison. Il commence cependant à s’éloigner des positions, trop radicales à ses yeux, de ses camarades, attirés par le maoïsme. A sa sortie de prison, il reprend le chemin de l’université et devient professeur de droit. Sans lâcher le militantisme. Il est l’un des premiers à s’engager dans la lutte pour le respect des droits de l’homme. A la fois homme d’action et de Saban Bajramovic en France ». Le soir, dans notre chambre d’étudiants, nous déclamions des passages d’Une saison en enfer. Nous avons été recrutés ensemble au Mouvement de résistance des prisonniers et déportés, qui allait fusionner en 1943 avec celui de François Mitterrand. J’y suis resté ; lui s’en est détaché pour rejoindre le réseau Mithridate, que dirigeait l’écrivain Roger Vailland. De notre jeunesse résistante il a tiré un récit romancé, La Chute de Barcelone (Gallimard, 1952), qui mériterait d’être réédité tant il restitue bien cette expérience de notre génération. Roger Vailland en fit son héros Rodrigue dans son roman Drôle de jeu. A la Libération, il devient grand reporter à Ce soir, et part comme correspondant de guerre auprès des troupes américaines. Il se trouve au moment chaud sur le pont de Remagen, puis son petit groupe de journalistes est encerclé par des SS au monument des nations de Leipzig. Un photographe est tué près de lui, mais il est miraculeusement sauvé par des chars américains. La guerre terminée, il continue sa vie aventureuse en partant pour le Moyen-Orient et l’Inde. Après son retour à Paris, il collabore à l’hebdomadaire Action. Il se plaît à fréquenter des groupes divers et parfois ennemis, comme le clan Duras, le clan Sartre, le clan Martinet de L’Observateur, et évidemment les héros de notre génération résistante aujourd’hui complètement ignorés : Pierre Hervé, Marcel Degliame, Pierre Courtade. L’enterrement de ce dernier, tristement avili au service du Parti, a inspiré son roman Un dimanche inoubliable près des casernes (Grasset, 1984) En 1950, il se sédentarise, passe l’agrégation, devient professeur d’histoire, s’installe à Silly-Tillard, dans l’Oise, avec sa femme Flavienne, parmi une petite colonie d’intellectuels qui compte Jacques Havet et Robert Scipion. Il s’est arraché au Parti communiste en 1956. Il a notamment publié Le Grand Pan est mort (1965), Le Tango chinois (1970) (Gallimard), et, en 1989, une biographie de Boris Savinkov, L’Homme qui défia Lénine (Grasset et Fasquelle). Il travaillait à ses Mémoires, les avait presque achevées quand une hospitalisation qu’on avait crue provisoire lui a fait subir deux opérations successives. Je garderai le souvenir de son visage souriant d’il y a deux semaines, quand je lui disais : « Allons, faut que tu sortes d’ici, tu as ta conclusion à terminer. » Il approuvait de la tête, l’air content. « Il faut qu’on reprenne nos petits verres quotidiens de rouge avec saucisson et rillettes. » Il approuvait encore. Il est mort le 4 juin, à l’hôpital de Beauvais. a Edgar Morin Sociologue Emir Kusturica avait à plusieurs reprises utilisé ses talents. Le cinéaste avait utilisé une de ses compositions, Mesecina (Djeli Mara), arrangée par Goran Bregovic, pour la bande originale d’Underground, ou encore Bubamara sur celle de Chat noir, chat blanc. Saban Bajramovic entretiendra du reste une relation de complicité avec Goran Bregovic, musicien fétiche du réalisateur serbe, qui l’intègre dans son projet musical Tales and Songs From Weddings and Funerals. Il a également joué et chanté dans le film L’Ange gardien, de Goran Paskaljevic, qui dénonçait la triste condition des Tziganes yougoslaves en 1988. Saban Bajramovic avait passé trois ans dans un des camps de travail créés par le maréchal Tito, à Goli Otok, île-goulag sur la côte Dalmate, que l’on retrouve dans Papa est en voyage d’affaires d’Emir Kusturica. De cette expérience très dure, vécue pour des motifs romantiques – amoureux à 19 ans, il avait déserté les rangs de l’armée –, Saban avait gardé des cicatrices au visage, mais aussi des traces positives : en prison, cet enfant des rues a lu, appris la vie et la philosophie. Au camp, il avait créé un orchestre, interprétant du Louis Amstrong, du Frank Sinatra, des chansons romantiques mexicaines ou espagnoles, en bref, phagocytant, dans la plus pure tradition rom, tout ce qui passait à portée de ses oreilles. Saban Bajramovic n’avait pas de domicile connu, et affichait une ignorance volontaire des « papiers qu’on lui fait signer », ce qui permettra aux copieurs et aux voleurs de se servir librement dans le répertoire de ce chanteur exceptionnel. Il ne donnait presque jamais de concerts, jugeant les sommes proposées dérisoires. Dans un mariage, il était payé à la chanson, très cher. Il avait enregistré son premier disque en 1964, puis fondé son orchestre, Crna Mamba. Rare en France, ce maître admiré par tous les Tziganes des Balkans et au-delà avait chanté à Paris lors du festival Voyage en Tziganie en mai 2006. En 2007, avant d’entrer dans une période de graves ennuis de santé, il avait enregistré un titre sur l’album Queens and Kings de la Fanfare Ciorcalia, hommage à quelques « reines et rois » de la musique et du chant tziganes des Balkans. a Véronique Mortaigne Vijay Tendulkar Auteur indien prolifique et célèbre de dizaines de pièces de théâtre, scénariste, journaliste, essayiste, Vijay Tendulkar est mort le 19 mai à Pune, à l’âge de 80 ans. Né le 6 janvier 1928 à Kolhapur, il fut saisi très tôt par le démon de l’écriture : il aurait produit son premier récit à 6 ans et à 11 ans sa première pièce. La dénonciation des injustices sociales, la description de la violence sous toutes ses formes fournissent la trame de beaucoup de ses écrits. Accusé d’avoir un goût morbide pour la violence et l’obscénité, Vijay Tendulkar fut plus d’une fois en butte à l’hostilité publique. 0123 Vendredi 13 juin 2008 Culture&vous Patrimoine Le rendez-vous annuel des jardins s’ouvre aux autres arts La mutation du Festival de Chaumont 19 Actualités Ici&ailleurs Les stars du Web chez les rockers de Weezer C Vue aérienne du château et du parc de Chaumont-sur-Loire. MARC HELLER A près deux années de transition, le Festival international des jardins de Chaumont-surLoire (Loir-et-Cher) commence une double mutation : administrative et culturelle. Ce changement est bien sûr motivé par la mort brutale, en 2005, de son créateur, Jean-Paul Pigeat, qui avait imposé une marque très personnelle sur une manifestation dont il assumait l’entière responsabilité depuis sa création en 1992. Mais surtout parce que la région Centre est devenue propriétaire du château et du parc de Chaumont-sur-Loire, grâce à une transaction avec l’Etat. Ce dernier avait concédé à l’association qui gérait le Festival un morceau du parc. Celui-ci retrouve donc son unité en devenant un Centre d’arts et de nature, Festival international des jardins. « Tout en gardant ses fondamentaux », précise François Barré, le président du nouvel Etablissement public de coopération culturelle (EPCC). Le but de la région Centre est de maintenir l’événement central qui draine plus de 150 000 visiteurs par an : la création annuelle d’une vingtaine de jardins éphémères, confiés après concours à autant de créateurs, sur un thème donné. Cette année : « Des jardins en partage », sous la direction du paysagiste Louis Benech. Une vingtaine de parcelles déclinent cette idée un Ce n’est pas la place qui manpeu floue, avec des approches diverses et pas toujours convain- que, le château de Chaumont, cantes : superpositions de trames, Renaissance, avec son curieux éloge du compost, évocation du décor intérieur XIXe siècle, et ses cimetière, partage de l’eau… nombreux bâtiments annexes (ferL’une des réalisations les plus me, écuries), largement sousréussies est celle de l’Ecole d’horti- employés, pourraient être mieux culture d’Angers, avec ses murs de utilisés. Le parc d’Achille Duchêne pierres volcaniques qui racontent – en très mauvais état – devrait lui comment la fragmentation de la aussi servir d’écrin. « Nous avons Terre a débouché sur la biodiversi- dès cette année lancé une commande té. Deux paysagistes de publique à un artiste, Iantalent, Michel Corajoud nis Kounellis. Installée le La difficulté et Alexandre Chemetoff, 1er juillet dans la galerie va être de faire qui boudaient Chaudu château, elle sera monter mont depuis l’origine, renouvelée tous les trois en puissance se sont investis cette ans », précise M. Barré. les autres arts année, hors concours, Bricolé à toute vitesse sans banaliser dans deux gestes minipar la nouvelle directricelui des jardins malistes que les visice de Chaumont, Chanteurs auront peut-être tal Colleu-Dumond, le du mal à détecter, l’un face au parc programme accumule au cours de historique dessiné en 1884, par l’été quantité de manifestations Achille Duchêne, l’autre face à la diverses. A commencer par la phoLoire. tographie, qui fait une apparition Mais n’est-ce pas l’idée même remarquée sur ces bords de Loire. d’un thème fédérateur pour l’en- Une mini-exposition Gursky, le semble du Festival des jardins, qui photographe américain, rare et s’essouffle ? Peut-être faut-il trou- cher, accrochée dans deux salons ver un autre biais pour que cette du château – trois grands paysamanifestation où l’on « venait ges lacustres. piquer des idées », selon JeanOn verra aussi, dans la ferme du Paul Pigeat, « reste majeure » tout château, une exposition sur les jaren s’intégrant au sein du nouvel dins ouvriers et familiaux photoensemble : le Centre d’arts et de graphiés par les représentants de nature, un titre non moins fourre- l’école humaniste, de Doisneau à tout. Pour François Barré, il s’agit Boubat, mais aussi par des anonyde faire une percée en direction des mes. Le 15 juin, un concert de l’Enarts plastiques, du cinéma, de la semble Microkosmos aura lieu musique et de l’architecture. dans les écuries du château. Issey Miyake esquisse au Japon e son « Homme du XXI siècle » Le designer a conçu une exposition dans son institution de Tokyo Tokyo Correspondant A près de 70 ans, le créateur japonais Issey Miyake montre à son pays qu’il continue à s’émerveiller de l’inventivité humaine. Mondialement connu pour son invention, Pleats Please – vêtements plissés, légers et infroissables –, il ne s’est jamais considéré comme un « couturier » mais comme un « designer ». Ses collections furent toujours d’étonnants spectacles plus que de simples « présentations de mode ». L’exposition « L’homme du XXIe siècle » qu’il a conçue au 21_21 Design Sight de Tokyo est une consécration de cette approche. Elle dure jusqu’au 6 juillet. D’une seule envolée d’acier telle une pièce de tissu jetée dans le jardin du complexe Midtown, au cœur du quartier de Roppongi, 21_21 Design Sight a été dessiné par le grand architecte japonais Tadao Ando. Ce n’est pas un musée avec collections et archives, mais un « forum » : un lieu dans lequel se rassemblent des talents d’horizons divers pour travailler sur un thème arrêté par les trois directeurs, Issey Miyake et les designers Taku Sato et Naoto Fukasawa. Les artistes sont moins choisis en fonction de ce qu’ils ont déjà réalisé que de ce qu’ils sont en train d’élaborer. L’exposition est construite autour de l’idée de la fragilité des êtres et des choses, de l’érosion du temps, de la rareté des ressources et de la destruction de l’environnement, mais aussi de la renaissance. Presque tous les matériaux utilisés pour les œuvres présentées ont été recyclés. La figure mythique du dragon, symbole à la fois de destruction et de renaissance, est le thème de l’installation réalisée par Issey Miyake avec son équipe. En apesanteur, ondulant à travers une salle plongée dans la pénombre, le dragon constitué d’une myriade de morceaux de papier beige est inspiré, selon Issey Miyake, par le Serpent à huit têtes et huit queues (Yamatano-Orochi) de la mythologie nippone. Au sol, huit formes humaines, également en papier – référence au Sacre du printemps, d’Igor Stravinsky –, qui dansent en dépit de la monstrueuse présence au-dessus de leurs têtes, symbolisent l’énergie positive. Des visions plus technologiques, des sièges en Pleats Please conçus par le cabinet de design Nendo, la forme humaine de Dui Seid faite à partir de branches du mûrier qui sert à fabriquer le papier japonais (washi) ou le cerfvolant en emballages de café en grains, de Yazou Hokama venu d’Okinawa, donnent du futur des images plus colorées et festives. a Philippe Pons C’est à partir du 1 er juillet que les animations se déplaceront dans le parc historique, avec un festival de cinéma Jardins d’images, ainsi que Les Lucioles d’Erik Samakh (installations) et de Michel Séméniako (photographies). François Barré aimerait même développer ici un Centre de ressources photographiques sur le patrimoine et le paysage. « Il s’agit d’une nouvelle naissance pour Chaumont », explique Chantal Colleu-Dumond, qui dispose d’un budget de fonctionnement de 4,3 millions d’euros, dont les trois quarts sont issus des ressources propres du Festival. La difficulté va être de faire monter en puissance les autres arts sans banaliser celui des jardins, réduits à une sorte de fairevaloir, tout en renouvelant profondément l’idée même du Festival originel. L’entreprise est difficile. a Emmanuel de Roux Centre d’arts et de nature, Festival international des jardins, Chaumontsur-Loire (Loir-et-Cher). Tél. : 02-54-20-99-22. Tous les jours de 9 h 30 à la tombée de la nuit. Jusqu’au 19 octobre. ’est un condensé d’humour, d’imaginaire et de délires loufoques. Pork and Beans, le dernier clip de Weezer – le groupe américain de rock vitaminé pour teenagers –, est une curiosité, qui ouvre grande la porte de la communauté Internet. La vidéo met en lumière un concept méconnu, celui du « mème » – sans faute d’orthographe. Sur la Toile, le terme renvoie à des personnages, photographies, dessins et vidéos récurrentes, qui jouent le rôle de langage ou de codes. Weezer a plus spécialement invité les « mèmes » en chair et en os, ceux qu’on peut découvrir sur le site d’hébergement de vidéos YouTube. On les voit tous ensemble, animaux et humains mélangés, prendre la guitare, sauter en compagnie des membres du groupe, se parodier eux-mêmes, ce qui crée un joli effet de fourre-tout éclectique, de folklore bigarré et de rencontres improbables. Ils sont presque tous là : Fritz et Stephen, les savants fous du bonbon à la menthe Mentos mélangé au Coca, qui donne des explosions spectaculaires. Gary Brolsma, le petit gros qui fit se fendre la poire à des milliers de cliqueurs avec un play-back de la chanson Dragostea Din Tei, du groupe moldave O-Zone. Et même le Dramatic Gopher, ce rongeur inutile à l’œil torve. C’est Matthew Cullen, cofondateur du studio Motion Theory et réalisateur entre autres des clips Animal, du groupe américain REM, et Girl, du chanteur de pop Beck, qui les a conviés. Un touche-à-tout à l’imagination débordante, que le magazine américain Rolling Stone a récemment placé dans sa « hot list » des créateurs de films les plus en vue. A l’origine, les mèmes désignent des « éléments d’une culture pouvant être transmis par des moyens non génétiques, en particulier par l’imitation ». Le terme a été créé en 1976 par Richard Dworkins, dans son livre Le Gène égoïste. Dworkins était persuadé que les cultures évoluaient comme les êtres vivants, par variations et sélection naturelle. Ces figures forment la sève d’une nouvelle pop culture, branchée sur l’intime et le do it yourself, et dont le Web accélère les mutations génétiques. La vidéo de Weezer a déjà été vue plus de cinq millions de fois, signe de l’engouement d’une communauté pour ces icônes qui la distinguent et participent de sa formation. Mais paradoxalement, Weezer tue ainsi dans l’œuf ce qui reste de l’antique espèce, et qui constitue encore le produit principal du groupe californien : son disque, attendu pour le 16 juin. a Cinéma Deuxième séance pour le film d’horreur « Martyrs » Monde du 11 juin), suscitant de vives réactions dans les milieux du cinéma. Le réalisateur a été reçu, lundi 9 juin, au ministère de la culture « pour présenter ses arguments et notamment la démarche artistique à l’origine de ses choix », a indiqué le ministère dans un communiqué. La sortie du film était prévue au départ le 18 juin mais son distributeur, Wild Bunch, a préféré la différer. – (AFP.) Après avoir rencontré Pascal Laugier le réalisateur du film d’horreur Martyrs, la ministre de la culture, Christine Albanel, a demandé mercredi 11 juin « un nouvel examen » de ce film à la commission de classification des œuvres cinématographiques. Le 29 mai, celle-ci avait rendu un premier avis préconisant son interdiction aux mineurs (Le Aude Lorriaux FIGURATION NARRATIVE PARIS, 1960-1972 Culture 20 0123 Vendredi 13 juin 2008 A Naples, le théâtre après les ordures Un nouveau festival international anime une ville en dépression, envahie par les déchets Théâtre Naples Envoyée spéciale A près cinq mois de crise des ordures qui ont vu Naples baigner dans une mer de déchets ménagers, il n’y a pratiquement plus de sacs poubelles dans les rues de la ville, du moins pas plus qu’en temps normal. Les camions bennes sillonnent la ville en permanence, histoire sans doute de rassurer les passants. Cela rassure aussi Renato Quaglia, qui après avoir été pendant neuf ans responsable des arts de la scène de la Biennale de Venise, a été nommé pour trois ans directeur artistique du Napoli Teatro Festival Italia dont la première édition a débuté le 6 juin (jusqu’au 29 juin). « Monter le festival dans ces conditions a été très difficile ditil, d’autant plus qu’ici tout est compliqué. » Après cela, même les trombes d’eau qui se sont déversées sur la ville le premier soir, obligeant à annuler la représentation des Troyennes, par la Compagnia Teatrale Europea de la ville de Naples, prévue en plein air, et à la reporter au lendemain dans un théâtre couvert, n’ont pas réussi à le décourager. Il faut dire que le problème du ramassage des ordures ménagères, en plus de risquer de faire fuir les spectateurs, était d’autant plus préoccupant que le festival a mis la protection de l’environnement au premier plan, allant jusqu’à faire poser des installations photovoltaïques sur les toits de la ville et de celle, proche, de Caserte pour « Storm/o », de Giulana Lo Porto, quinze minutes magiques entre danse et poésie, théâtre et musique. LUCIANO ROMANO assurer sa consommation électrique. Le ridicule n’était pas loin… « Naples est la plus théâtrale des villes italiennes ! », s’exclame M. Quaglia. C’est là qu’est né au XVIIe siècle, Pulcinella (littéralement, « bec de poulet »), Polichinelle, comme le rappellent toutes les boutiques de souvenirs et avec lui, la comedia dell’arte. Mais ce n’est pas uniquement par tradition que la ville a été désignée sur concours parmi vingt autres pour devenir le siège de ce nouveau festival international de théâtre, c’est aussi parce qu’il y existe près de cent cinquante salles (consacrées toutefois au théâtre de boulevard, « de télévision ») et parce que c’est « une ville d’artistes », ajoute M. Quaglia. Mélanger langues et cultures Les raisons politiques sont difficiles à cerner : la décision a été prise sous le gouvernement de Romano Prodi mais son lancement se fait avec Silvio Berlusconi, et personne ne tient à commenter. Bien sûr, on espère des retombées éco- nomiques, mais il s’agit aussi de sortir la ville de son isolement et, comme le dit le directeur artistique, « de cesser de se regarder les pieds ». M. Quaglia fait une distinction entre la pauvreté, « quand on n’arrive pas à boucler ses fins de mois », et la paupérisation, « quand on n’arrive pas à boucler ses fins de mois et qu’on n’a pas d’espoir que cela s’arrange ». Pour lui, la pauvreté et la criminalité ont conduit les Napolitains à la « dépression ». Il est urgent de les en sortir et le festival, espère-t-il, peut jouer un rôle positif. « C’est une ville où se côtoient depuis toujours une noblesse très riche et le peuple. Mais la bourgeoisie naissante, c’est la Camorra », la mafia napolitaine. Les prix des spectacles sont donc très abordables. Avec un budget assez raisonnable : cinq millions d’euros pour trois semaines de spectacles. Un million est consacré à la partie technique, un autre à la communication et les trois millions restant à la partie artistique. L’Etat a investi deux millions, la région de Campanie, trois millions. Et la ville ? « Niente, rien. » La programmation, qui a évité les grands noms « que l’on voit partout », a misé sur l’originalité comme les quinze minutes bellissimas de Storm/o, de Giuliana Lo Porto, les créations comme Another Sleepy Dusty Delta Day, de Jan Fabre, que l’on verra à Avignon, en juillet ou Lo Vommaro a duello, du maestro Roberto De Simone, et également des commandes (L’Inseguitore, de Tiziano Scarpa, Alberi adagiati sulla luce, du poète libanais Adonis ou encore ChieChan e Io, de l’écrivaine japonaise Banana Yoshimoto, adapté par Giorgio Amitrano.) Mélanges des langues et des cultures pour Les Troyennes, en quatre langues (français, italien, portugais et espagnol), qui manifeste la naissance d’une troupe européenne, mais aussi Médée, de Max Rouquette, dans la mise en scène de Jean-Louis Martinelli (que l’on avait pu voir en 2003 aux Amandiers, à Nanterre) avec une troupe du Burkina Fasso (en français et en bambara) et Peine d’amour perdue, de Shakespeare (du 20 au 22 juin), dans la mise en scène d’Emmanuel DemarcyMota, le nouveau directeur du Théâtre de la Ville, à Paris, en français et en portugais. En tout, deux cents représentations réparties sur trente lieux, neuf langues et quelque deux cents artistes. a Martine Silber Festival de théâtre de Naples. Via Depretis, 130. Tél. : +39-081- 413-904. De 5 ¤ à 15 ¤. www. napoliteatrofestival. it Sir Colin Davis, prophète de Berlioz Les hommes pantins d’un magicien A Saint-Denis, le chef d’orchestre britannique dirige le « Requiem » de la scène nommé Philippe Genty Musique U n ciel de printemps légèrement nostalgique, un groupe de jeunes filles blacks dansant aux accents d’une fanfare à la Kusturica : rien, sur le parvis de la basilique Saint-Denis, pour annoncer la terrible leçon de vie que va nous administrer la Grande Messe des morts de Berlioz (1803-1869) sous la baguette de Sir Colin Davis. Berliozien de la première heure (c’est en écoutant Berlioz qu’il décida enfant qu’il serait chef d’orchestre), le chef britannique s’est fait prophète du compositeur, au disque comme dans les salles de concert. Ce soir, il est le berliozien de l’heure dernière et c’est en messie qu’il dirige le Requiem dont le compositeur écrivait à son ami Humbert Ferrand le 11 janvier 1867 : « Si j’étais menacé de voir brûler mon œuvre entière, c’est pour la Mes- se des morts que je demanderais grâce ». Terminé trente ans plus tôt, le Requiem fut d’abord exécuté le 5 décembre 1837 à la mémoire du maréchal Edouard Mortier, avant de célébrer la prise de Constantine, où le général Charles Denys, comte de Damrémont, avait trouvé la mort. Alfred de Vigny, qui l’entendit en l’église Saint-Louis des Invalides, parlera d’une musique « belle et bizarre, sauvage, convulsive et douloureuse ». Mais aussi démiurgique et frappée de gigantisme : les cinq cents musiciens voulus par Berlioz (en cela héritier des grandes célébrations révolutionnaires et des fastes impériaux) furent réduits à 450 avant de se stabiliser autour de 400 exécutants. Une musique dont les effets cathartiques avaient été soigneusement pensés par le compositeur, qui avait disposé aux quatre angles de l’édifice une quadriphonie de petits orchestres de cuivres, de manière à frapper davantage au moment du fameux « Dies Irae » annonçant la fin du monde et le Jugement dernier. C’est ainsi que Colin Davis a déchaîné les peurs et les pleurs, les suppliques et les prières. Le ténor belge Marc Laho (un joli timbre) remplaçait le jeune Sébastien Guèze, dans l’angélique « Sanctus ». Une seule voix pour les Chœurs de l’Académie Sainte-Cécile de Rome et ceux de Radio France, tandis que l’Orchestre national de France témoignait de sa complicité avec le chef d’orchestre britannique. a Marie-Aude Roux Festival de Saint-Denis. « Requiem » de Berlioz. Sir Colin Davis (dir.). Basilique Saint-Denis, 1, rue de la Légion-d’Honneur, Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Le 11 juin. Concert redonné le 13 juin à 20 h 30. Tél. : 01-48-13-06-07. De 26 ¤ à 65 ¤. CHAISE du 14 au 27 juin 2008 nouvelle distribution LÉNA BRÉBAN, PIERRE-FÉLIX GRAVIÈRE, DOMINIQUE VALADIÉ, ABBÈS ZAHMANI texte EDWARD BOND mise en scène ALAIN FRANÇON 12 REPRÉSENTATIONS EXCEPTIONNELLES THÉÂTRE NATIONAL DE LA COLLINE 15, RUE MALTE-BRUN 72020 PARIS 01 44 62 52 52 WWW.COLLINE.FR La pièce « Boliloc », un enchantement au Théâtre du Rond-Point Théâtre U n magicien enchante le Théâtre du Rond-Point, à Paris, depuis le 27 mai. Un magicien de théâtre, à la fois maître de marionnettes, chorégraphe, inventeur d’images rêveuses et poétiques qui, depuis trente ans, font le tour du monde. A 70 ans, Philippe Genty signe, avec sa vieille complice, Mary Underwood, un de ses plus beaux spectacles : Boliloc, soliloque burlesque pour une jeune femme lancée dans un vertigineux voyage intérieur. Une fantaisie où se déploie avec une maîtrise tranquille toute la liberté des arts de la scène, qui met le public du RondPoint, tous âges confondus, dans un état de bonheur avancé. Qu’a-t-elle en réserve dans ses boîtes bleues empilées en tous sens, la jeune femme avec qui tout commence ? Ses monstres intérieurs, peut-être, djinns-dibbouks à tête humaine, au corps élastique, disparaissant-réapparaissant à leur gré. Comment faire pour vivre avec ? Comment les extraire du refuge interne où ils se sont tapis ? A quel savant – fou, évidemment – se vouer pour effectuer l’opération, mener l’exploration jusqu’aux « souvenirs interdits » cachés dans les replis de l’âme ? Tout est matière à métamorphoses, dans l’espace scénique découpé par les superbes lumières de Baptiste Bussy. A l’issue d’une drolissime scène d’opération sur laquelle veille un étrange robot-transfuseur, l’espace intérieur, corps et âme, de l’héroïne, devient comme par enchante- ment cosmos habité de lunes à la Méliès : c’est proprement magique. Ce sont les lois de l’inconscient qui gouvernent ce théâtre imprégné de surréalisme et lui dictent ses images somptueuses, fertiles : vaste cocon-chrysalide translucide enfantant d’un monstre rouge comme le diable, doté, telle une pieuvre, de multiples membres. Voyage à la 2001 : l’Odyssée de l’espace dans un paysage fœtal de membranes diaphanes, avec chambres secrètes et corridors dérobés. Le corps dans tous ses états Qu’est-ce qui est vrai, qu’est-ce qui est faux dans cette fantasmagorie où tout se recompose sans cesse ? Qui est la marionnette, qui l’être vivant ? Les techniques de manipulation de Philippe Genty sont si savantes, sa science de l’illusion si fine, que le trouble s’installe en permanence : homme-pantin, homme-machine, homme-robot… Intérieur-extérieur, jeu entre l’infiniment petit et l’infiniment grand, entre les Lilliputiens et les géants, changements d’échelle, mécani- que des fluides et des corps… Il est vraiment dans tous ses états, le corps vu par Philippe Genty. Et ses trois comédiens-danseurs-acrobates, Alice Osborne, Scott Koehler et surtout l’extraordinaire Christian Hecq, souple comme du caoutchouc, explorent, avec un plaisir de jeu communicatif, toutes les déclinaisons de l’acteur-marionnette. Dommage, juste, que la toute fin du spectacle s’achemine vers quelque chose de plus mièvre, malgré, là encore, la beauté de cette image de prairie duveteuse où se perdent de petits êtres de bois et de chiffon. Perdus dans le grand monde comme à l’intérieur d’euxmêmes. a Fabienne Darge « Boliloc », par Philippe Genty et Mary Underwood. Avec Christian Hecq, Scott Koehler et Alice Osborne. Théâtre du Rond-Point, 2 bis, av. Franklin-D.-Roosevelt, Paris-8e. Mo Franklin-D.-Roosevelt. Du mardi au samedi à 20 h 30, dimanche à 15 heures, jusqu’au 6 juillet. De 14 ¤ à 33 ¤. Durée : 1 h 30.Tél. : 01-44-95-98-21. www.theatredurondpoint.fr Du 22 mai au 4 juillet 2008 gouaches BRAME LORENCEAU PARIS 68, bd Malesherbes - 75008 Paris Tel. : 33 1 45 22 16 89 - Internet : www.gbl.fr 0123 Vendredi 13 juin 2008 Carolyn Carlson fédère l’Europe de la danse à la Cartoucherie Danse C ’est une première ! Depuis le 4 juin, les cinq théâtres de La Cartoucherie, à Paris, se mobilisent pour la danse contemporaine à travers la troisième édition du festival June Events initié en 2004 et dirigé par la chorégraphe Carolyn Carlson. Entre le Théâtre de l’Aquarium, celui du Soleil et de la Tempête, vingt-cinq chorégraphes européens composent un menu différent chaque soir – entre petites formes façon apéro chorégraphique et plats de résistance plus consistants – jusqu’au 20 juin. Cette façon de se serrer les coudes fait plaisir dans le contexte de frilosité affective et économique actuelle. Que des metteurs en scène comme Ariane Mnouchkine ou Julie Brochen, qui a par ailleurs participé à une soirée d’improvisation avec Carolyn Carlson le 7 juin, se fédèrent autour de jeunes chorégraphes n’est pas une mince affaire. Il a fallu toute la conviction de Carolyn Carlson, qui a planté son Atelier de Paris (centre de formation pour danseurs professionnels) à la Cartoucherie depuis 1999, pour que l’opération prenne cette ampleur. Au Théâtre du Chaudron, le chorégraphe finlandais Juha Marsalo dansait Parfum, le 7 juin, avec sa complice Sara Orselli. Sur des musiques indiennes et chinoises, ce duo entre une créature à tête en papier gaufré et une jeune femme accro à son vaporisateur de parfum ouvrait des pistes esthétiques subtiles sans affirmer tout à fait son propos. Traiter de la légèreté, de l’apesanteur, de la diffusion du mouvement, pourquoi pas, à condition de ne pas s’évanouir dans l’espace. Fable insolite Plutôt porté sur des pièces massives et musclées qui roulent au sol et crient leur malaise, Juha Marsalo tentait de révéler sa face cachée à travers la mise en scène d’un fantasme asiatique. Large éventail qui chasse le parfum, berceuses aigrelettes, jeu de pliage et dépliage de papier, les ingrédients d’une petite fable insolite sont là, mais la recette manque de tonus. Juha Marsalo, en résidence à l’Atelier de Paris depuis 2004, fait partie de cette jeune garde finlandaise que Carolyn Carlson, Californienne et d’origine finlandaise, soutient depuis la création de la manifestation. Dans le cadre de l’opération « 100 % Finlande », qui programme des artistes, designers, circassiens, auteurs de BD dans toute la France, elle accueille huit jeunes chorégraphes finlandais pendant trois jours. « J’ai mis en scène mes meilleurs spectacles, les plus fous, les plus étranges, lorsque j’étais directrice du City Theatre d’Helsinki (1991-1992), glisse Carolyn Carlson, par ailleurs à la tête du Centre chorégraphique de Roubaix - Nord - Pas-de-Calais depuis 2004. J’aime l’absurdité des habitants de ce pays, dont je me sens très proche. » Du 13 au 15 juin, le Tout-Helsinki de la danse contemporaine sera à La Cartoucherie. Entre des films de danse, des dégustations de spécialités, du shopping tradition et design, on pourra se glisser dans les volutes de Susanna Leinonen, recevoir un uppercut de la jeune et nerveuse Eeva Muilu ou savourer tout simplement l’élégance physique de Tommi Kitti. Une bonne introduction à la singularité finlandaise entre lâcher-tout sans parapet et retenue vissée. a Rosita Boisseau June Events. Danse à La Cartoucherie, route du Champ-de-Manœuvre, Paris-12e. Jusqu’au 20 juin. Du 13 au 15 juin, programme finlandais. Tél. : 01-41-74-17-07. De 10 ¤ à 20 ¤. Culture 21 SélectionDVD La glorification du mensonge par Fritz Lang, cinéaste des apparences « Les Bourreaux meurent aussi » et « La Rue rouge », deux films qui érigent le faux en vérité E n 1942, Heydrich, représentant du Reich à Prague et surnommé « le Bourreau », est assassiné. L’événement donne à Fritz Lang (1890-1976) l’idée de faire un film sur la résistance tchèque. Il concocte un scénario avec Bertolt Brecht qu’il a décidé d’aider à survivre aux Etats-Unis. Ainsi naît Les bourreaux meurent aussi (1943), dont Bernard Eisenschitz relate longuement l’élaboration dans le bonus du film, réédité dans sa version intégrale de 2 h 15. Les démêlés de Brecht avec le scénariste John Wexley qui s’adjugea la paternité du scénario. Les désaccords entre Brecht et Lang, mais aussi leur détermination commune à raconter cette histoire d’une ville liguée contre la Gestapo, jouant une comédie pour sauver le tueur du monstre nazi des griffes répressives et la vie des otages. L’idée des deux créateurs allemands était d’exalter la force du peuple contre les tyrans. Déterminé à servir la cause antinazie, Fritz Lang signe aussi Chasse à l’homme, récit de la cavale d’un Anglais traqué par les SS et décidé à tuer Hitler. Comme Lubitsch dans To Be Or Not To Be, ou Chaplin dans Le Dictateur, il use des faux-semblants du théâtre dans Les bourreaux meurent aussi, tragédie épique qui ose mener plusieurs intrigues de concert (l’enquête policière pour retrouver l’assassin, la manière dont ce dernier file entre les doigts des occupants, les affres psychologiques de Masha, la jeune femme qui lui vient en aide, le destin de Czaka l’opportuniste). Il s’avère que c’est en jouant la comédie que les Tchèques vont gruger les nazis, dépeints ici comme des guignols cabotins, pantins expressionnistes. Chacun use d’un masque et accumule les faux témoi- Agnès Varda Jacquot de Nantes Malade, Jacques Demy peignait et écrivait, quand Agnès Varda se mit à faire un film évoquant l’enfance de son compagnon à Nantes, sur sa demande. Cette lettre d’amour retrace l’éclosion d’une vocation. Agnès Varda y relève de front trois défis : filmer les jeunes années de Demy en noir et blanc, dans le ton des films français des années 1930-1940 ; montrer le décalage entre les scènes qu’il avait vécues et ce qu’il en avait fait au cinéma ; et montrer Demy au plus près, et son souci d’être « avec le temps ». Demy mourut en 1990, dix jours après la fin du tournage. Le DVD est accompagné d’un livret et de films souvenirs, témoignages, récit du tournage, ainsi que du Sabotier du Val de Loire, de Demy, et d’une interview de trois hommes de cinéma qui bricolèrent eux aussi de la pellicule lorsqu’ils étaient gamins (Patrice Leconte, Melvil Poupaud et Jean-Noël Félix). a J.-L. D. 1 DVD Ciné Tamaris. Danielle Arbid Dans les champs de bataille Un homme perdu Les films de Danielle Arbid portent en eux la trace de son histoire, celle d’une jeune femme qui a grandi au Liban pendant la guerre civile. Ses deux premiers films sont deux portraits d’individus dans la tourmente. Sur fond de violence hors champ et de sensualité, le premier, Dans les champs de bataille, retrace le quotidien d’une pré-adolescente que la guerre fait passer trop vite à l’âge adulte. Un homme perdu invente la rencontre entre un personnage inspiré du photographe Antoine D’Agata et un ancien combattant de la guerre du Liban désireux d’effacer son passé. Ponctué de scènes de sexe, ce road movie en terres proche-orientales se perd dans les chemins de l’oubli pour que ses personnages puissent envisager le présent en hommes libres. Préfacés par le critique Philippe Azoury, les films sont accompagnés d’entretiens avec Danielle Arbid et de son court-métrage, Nous. a I. R. 2 DVD MK2 édition. gnages : l’assassin se fait passer pour un architecte amoureux, Masha mime une liaison sentimentale, son père – pris en otage – cache qu’il écoute la radio des résistants, Czaka joue double jeu, mi-résistant mi-collabo. La lutte contre le nazisme passe par le spectacle, la manipulation, les subterfuges. Les Tchèques bernent les Allemands sur leur propre terrain : celui de la mise en scène. Cette glorification du mensonge est ce qui fut reproché à Lang par le bureau de censure, qui jugea le film immoral ! On retrouve ce thème de la dissimulation dans l’autre film sorti par les éditions Carlotta : La Rue rouge (1945). Il s’agit de l’adaptation d’un roman déjà transposé à l’écran par Jean Renoir dans La Chienne. L’his- toire d’un peintre amateur subjugué par une femme qui le manipule, s’adjuge la paternité de ses toiles, et qu’il tue, condamné à vie par ses remords. Là encore, mais cette fois pour montrer un homme victime de ses pulsions (sexuelle et artistique), Fritz Lang orchestre un cycle d’aveuglements et de travestissements de la vérité. Tout le monde ment, jusqu’à prendre ses propres désirs pour la réalité. Le vrai passe pour le faux, seuls les mensonges sont écoutés. Otage de ses fantasmes, le héros succombe à un jeu de dupes. a Jean-Luc Douin Les bourreaux meurent aussi, 1 coffret, 2 DVD, Carlotta. La Rue rouge, 1 DVD, Carlotta. Leschoix du«Monde» Musique Nordeste do Brasil BOBIGNY. La MC 93 de Bobigny consacre un week-end à la musique du Nordeste brésilien et en particulier la scène très active de Recife, capitale du Pernambouc. A la programmation, Rémy Kolpa Kopoul de Radio Nova. De quoi découvrir en scène des artistes comme Spok Frevo Orquestra, Silverio Pessoa, Orquestra do Fuba et DJ Dolores. MC 93, 1, boulevard Lénine, Bobigny. Tél. : 01-41-60-72-72. Les 13 et 14 juin, à 19 h 30. De 9 ¤ à 15 ¤. Théâtre Lettre à mon juge PARIS. La pièce Lettre à mon juge adaptée du roman de Simenon par et avec Robert Benoit au Théâtre du Lucernaire, originellement prévue jusqu’au 7 juin, a été prolongée jusqu’au samedi 30 août. Théâtre du Lucernaire, 53, rue Notre-Dame-des-Champs, Paris-6e. Mo Notre-Dame-des-Champs. Tél. : 01-45-44-57-34. Du mardi au samedi, à 21 heures. De 10 ¤ à 30 ¤. Redécouvrez LHISTOIRE DE FRANCE EN BANDES DESSINÉES S D S UCCÈ LE GRAN OUSSE DE L AR É ! RÉÉDIT 2 000 ans d'histoire en 16 volumes édition collector Dès le 14 juin, le volume 2, de Clovis aux Vikings 22 &vous Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Roues libres Santé&forme A table A la maison En voyage 0123 Vendredi 13 juin 2008 Les grandes stars du petit électroménager Machines à café, à bière, à confiture, sèche-cheveux, yaourtières : le marché français a progressé de 9 % en un an I l se passe toujours quelque chose au rayon du petit électroménager. Une année, ce sont les machines à café expresso qui se hissent au rang de stars, envahissant les cuisines et les écrans de télévision. Une autre, ce sont les machines à pain qui explosent. Régulièrement, les aspirateurs, tour à tour avec ou sans sac, « compacts », « silencieux » ou même « intelligents » créent l’événement. Aujourd’hui, ce sont les yaourtières qui font leur grand retour, et les appareils à confiture qui réapparaissent. Les machines à fabriquer de la bière font une entrée fulgurante (avec plus de 70 000 piè- ces vendues en un an). Les robotscafé – ces machines qui moulent les grains, avec bruit et odeur garantis, pour un café de « pro », pourraient détrôner les machines à café expresso. Pour demain, les espoirs des industriels se portent vers les appareils pour la beauté et l’hygiène mais aussi vers le petit équipement médical (comme les tensiomètres). Bref, le secteur du petit électroménager n’en finit pas de faire parler de lui. Les Français, qui aiment de plus en plus passer du temps chez eux et fabriquer euxmêmes leur pain, soupe et autre jus de fruit, équipent leur cuisine. Ils possèdent en moyenne 14 appareils par foyer. En un an (d’avril 2007 à avril 2008), 2,150 milliards d’euros ont été dépensés pour le petit électroménager. Soit une progression de plus 9 % du chiffre d’affaires. Le secteur se divise en quatre grands secteurs : entretien des sols et du linge, beauté et hygiène, préparation culinaire et cuisson, préparation des boissons. Cela représente une multitude de produits, qui vont du pèse-personne au robot ménager, en passant par la brosse à dents électrique, le grille-pain, le sèche-cheveux, etc. Cette diversité est une chance que les fabricants savent saisir, à condition de se mettre à l’écoute des attentes du consommateur. Clé de voûte du dynamisme de ce secteur depuis plusieurs années, l’innovation s’attache à satisfaire au plus près cette demande. « Aujourd’hui, elle porte principalement sur le confort d’utilisation, précise Vincent Bougeard, directeur marketing de DeLonghi et Kenwood. Face à la surenchère des produits technologiques qui envahissent la maison et le quotidien (ordinateur, téléphones portables, lecteurs DVD…), le consommateur attend du petit électroménager des produits solides et simples. » La recherche porte sur la technologie mais aussi sur le design. « Le client souhaite une ergonomie simplifiée, Mixeur Kenwood KMX55. DR gressé de 12 %. Le petit électroménager est un marché qui fonctionne essentielleafin qu’au premier coup d’œil il puis- ment sur le bouche-à-oreille, car, explique André Dot, directeur marse comprendre son appareil. » Depuis que la cuisine est deve- keting du groupe Seb France, « ce nue une pièce que l’on ne cache sont, pour beaucoup, des appareils plus, les appareils qui s’y trouvent qu’on utilise avec et pour les autres. doivent être beaux et correspondre Le café, les frites, le pain se consomaux nouvelles tendances de la déco- ment en famille et entre amis ». Et ration. Ces dernières années, le d’ajouter : « Du même coup, dans certains cas, ils finissent marché est porté par par devenir un attribut deux désirs forts du Dans certains cas, du statut social. Cela consommateur : celui les engins finissent s’est vérifié avec les d’avoir chez lui des appapar devenir machines à café expresso, reils comparables à un attribut et se voit aujourd’hui ceux des professionnels, du statut social. avec les machines à bièmais aussi des machiCela s’est vérifié re. » nes qui permettent de avec les machines Beau, solide, efficace manger plus frais et à café expresso et pratique : le petit plus sain. Autrefois marélectroménager doit ché de niche, les « kitchen machines » (ces robots à bol être à la hauteur de ces attentes. ouvert utilisés pour la pâtisserie, et « On observe dans ce secteur le phéqui, avec un accessoire, peuvent nomène de l’effet sablier qui se hacher la viande) enregistrent une retrouve ailleurs, notamment dans l’habillement, souligne Vincent progression de 46 % en un an. Quant à la friteuse sans huile de Bougeard. C’est-à-dire un fort Seb, en dépit de son prix élevé développement dans le haut de gam(200 euros), les ventes ont explosé me et dans les premiers prix. Entre (plus 28 % en un an), au point de les deux, point de salut. On recherreprésenter plus du tiers du marché che soit le top, soit le meilleur rapglobal de la friteuse en France. La port qualité/ prix. » a même année, les mixeurs ont proVéronique Cauhapé Jardins & jardinières Attention, danger ! Alain Lompech I l fait chaud, enfin, parfois ! Et les roses vont pouvoir s’épanouir davantage sans craindre de pourrir en boutons. Certaines variétés anciennes bien doubles sont sensibles à la pluie, qui fait se coller les uns aux autres les pétales extérieurs. Si l’on s’y prend à temps, on peut réussir à contrarier cette évolution, mais bien souvent, à peine épanouie, la rose perd alors ses pétales, qui s’éparpillent au sol. Ce que l’on peut en revanche réellement prévenir, c’est la chute des grandes vivaces qui tiennent mal et s’effondrent vite fait quand il fait orage, voire quand il pleut. Et toujours en pleine floraison. Les delphiniums sont particulièrement fragiles, et comme ils sont hauts, voire très hauts, quand ils poussent bien, ils doivent être tuteurés tôt. Et de façon discrète, ce qui n’est pas du tout évident. En fait, il faut jouer avec le temps et ne se résoudre à les attacher à de fins piquets que le plus tard possible, de façon que le jardin ne soit pas hérissé de tiges disgracieuses. Quel dommage que les variétés naines soient si étranges, difformes, sans élégance. L’aconit, qui ressemble tant au delphinium (dans sa variété naine), est, ce que beaucoup de jardiniers ignorent, l’un des poisons les plus redoutables – le plus toxique de notre flore. L’Aconit napel, que l’on appelle aussi casque de Jupiter, est bleu très foncé, violet ou rose. C’est une splendeur, qui résiste à tout et vit très longtemps. Son feuillage est vert vif, quand celui du delphinium est vert glauque. Ses tiges sont dressées et solides et ses fleurs réparties le long de cette tige. Il en existe d’autres dans la nature, comme l’aconit tueloup, aux fleurs jaunes. On trouve cette plante dans les lieux humides mais aérés, jusque haut en altitude, mais aussi en plaine, en Normandie. L’aconit est souvent planté dans les vieux jardins et est très fréquemment vendu dans les jardineries. Il fleurit l’été. Mais attention, deux grammes de racines suffisent à envoyer un homme au cimetière. Ce n’est pas la seule plante qui soit toxique au point d’être mortelle : l’if, le laurier-rose, le daphné dit bois-joli, le bonnet-d’évêque, les narcisses le sont aussi. Mieux vaut, en fait, se dire, si l’on n’est pas un herboriste confirmé, que les plantes ornementales sont faites pour être mangées des yeux, mais ni mâchonnées ni utilisées pour faire des tisanes. Le jardin ne manque pas de dangers : la rallonge électrique de la tondeuse qui baigne dans l’eau, le râteau au sol… dont l’effet n’est drôle que dans les films muets, la tondeuse bidouillée pour tourner sans que la poignée soit maintenue, les cailloux dans l’herbe, etc. Il faut donc faire attention, mais il y a une chose dont il faut absolument se prémunir, c’est le tétanos, maladie très dangereuse, et même mortelle. Aussi il faut impérativement se faire vacciner ou faire effectuer son rappel. La moindre blessure, la moindre épine de rosier peut être la porte d’entrée du tétanos… a &vous 0123 Vendredi 13 juin 2008 23 Le BHV distribue l’œuvre d’Erro aux Parisiens La fresque d’Erro, de 30 mètres de large sur 6 mètres de haut, qui parade depuis fin mai sur la façade du BHV, va être découpée en carrés de 45 × 45 cm… puis distribuée aux Parisiens le mercredi 18 juin, de 16 heures à 20 heures. Chaque morceau de la fresque, inspirée des bandes dessinées et du pop art, sera accompagné d’une reproduction de l’œuvre, numérotée et signée par l’artiste islandais, de quoi créer une émeute dans la petite rue de la Verrerie, où aura lieu l’événement. Alors qu’il participe à l’exposition du Grand Palais « La Figuration narrative » (jusqu’au 13 juillet), Gudmundur Gudmundsson, dit Erro, 76 ans, n’a pas hésité à réaliser une œuvre exclusive pour l’enseigne de bricolage : « Dès mon arrivée à Paris, en 1958, c’est là que j’achetais tout mon matériel pour la peinture », a confié l’artiste, ravi. a V. L. PHOTO : DR Aujourd’hui Globe-trotteurs au volant : appel à la prudence conduite en Inde s’apparente à un jeu vidéo dans lequel tout peut arriver », il aurait mieux valu déconseiller formellement d’y prendre le volant. Parmi les 82 pays répertoriés, on apprend que le taux d’accidents est élevé en Afrique du Sud, par manque d’expérience des conducteurs, et qu’un rapatriement sanitaire est fortement recommandé ! Que la route de La Paz aux Yungas, en Bolivie, considérée comme « la plus dangereuse du monde », est « entourée d’un décor merveilleux », et ainsi de suite. Avis de danger aux casse-cou de tout poil. a Fl. E. En 2007, l’association, créée en 1960, a répondu à 2 000 appels téléphoniques par jour E voquer SOS-Amitié, c’est réveiller immanquablement le souvenir d’une scène ou d’une réplique du film Le Père Noël est une ordure. La réalité est loin d’être aussi joyeuse, même si les bénévoles qui donnent de leur temps et de leur énergie à cette association d’écoute et de prévention du suicide sont loin d’être dépourvus d’humour et de recul. Mieux vaut, d’ailleurs, être doté de ces deux qualités pour faire face aux situations douloureuses, qui sont plutôt en augmentation. CE WEEK-END En 2007, SOS-Amitié a reçu 724 000 appels téléphoniques (soit 2 000 par jour) contre 600 000 en 2000. Soit, une hausse de 20 % en sept ans. Résultat : l’association créée en 1960, reconnue d’utilité publique en 1967, serait presque en passe de lancer son propre SOS. « Aujourd’hui, pour être présents 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 sur nos cinquante centres d’écoute en France, il faudrait avoir 2 050 écoutants. Or nous n’en avons que 1 800 environ », explique Rémi Rousseau, administrateur fédéral de SOSAmitié France. L’association peine aujourd’hui à recruter des volontaires. « Les écoutants ont du mal à s’engager autant qu’on le souhaiterait, continue M. Rousseau, à savoir une disponibilité de 20 heures par mois, incluant une nuit entière. » En outre, la bonne volonté ne suffit pas. Il faut aussi passer toutes les étapes auxquelles SOS-Amitié soumet chacun des postulants : entretien avec un psychiatre, 30 à 60 heures (étalées sur douze semaines environ) de découverte de l’association et d’information sur les différents troubles mentaux, puis formation en situation auprès d’un écoutant confirmé. A l’issue de ce parcours, c’est à peine une personne sur dix qui sera retenue. La sélection est rude, mais indispensable, car les souffrances qui s’expriment sont lourdes, notamment celles liées aux problèmes matériels comme le logement, le chômage ou la précarité (en hausse de 33 % par rapport à 2002). Premier motif depuis toujours, le sentiment de solitude augmente aussi, et représente aujourd’hui Les écoutants de SOS-Amitié 23 % des interventions. Il y a aussi la forte progression des appels en sont essentiellement des femmes, provenance de personnes atteintes âgées en moyenne de 60 ans. Un de maladies mentales (plus 50 % profil lié, en grande partie, à la dispar rapport à 2002). Faire face à ponibilité exigée et à l’expérience des cas de dépression grave, de de la vie nécessaire pour ce rôle. schizophrénie, de paranoïa pose « Nous aimerions avoir plus d’homproblème à certains écoutants qui mes, car leur écoute est extrêmement estiment « ne pas être faits pour intéressante et apporte autre choça ». Difficile en effet de s’improvi- se », remarque M. Rousseau. Cerser sur ces pathologies qui exigent tains bénévoles restent des années une prise en charge et un suivi que à SOS-Amitié (vingt ans parfois) mais ce n’est pas ce qui est souhaila société n’assure pas. « Les écoutants sont de plus en té à l’association. « Deux années plus souvent confrontés à des expé- seraient une bonne moyenne », estiriences traumatisantes et à des me M. Rousseau. Les appels proviennent pratidétresses spectaculaires, souligne Rémi Rousseau. Il faut être capable quement autant d’hommes (47 %) de maintenir un équilibre entre que de femmes (53 %). Une converempathie et distance par rapport sation dure en moyenne 15 à aux personnes qui appellent, mais 20 minutes, mais cela peut aussi aller jusqu’à une heure. aussi d’accepter la part Depuis 2006, l’assode frustration inhérente à L’un des ciation a une adresse cette forme d’aide, dont fondements sur Internet. En 2007, on ne voit jamais les de l’identité elle y a enregistré retombées. » de SOS-Amitié, 2 443 appels (contre Car l’un des fondec’est l’anonymat 2 379 l’année précédenments de SOS-Amitié, respecté te). Les femmes sont c’est le respect de l’anode part et d’autre plus nombreuses à s’y nymat. Pour celui qui exprimer (70 %) que les appelle, cela permet une totale liberté d’expression. Pour hommes. Et les personnes qui écril’écoutant, c’est une garantie de vent sur le site sont plus jeunes (45 % ont entre 25 et 39 ans, 30 % protection mentale et physique. Lors de sa création, le premier de 40 à 60 ans, 13 % de 20 à 24 ans objectif que s’était fixé l’associa- et 7 % ont moins de 20 ans) que celtion était l’aide aux personnes suici- les qui appellent au téléphone. Sur Internet, le suicide est évodaires. En France, plus que dans n’importe quel autre pays d’Euro- qué dans 16 % des messages, pe, le nombre des suicides augmen- contre 2 % au téléphone. Les te (10 713 en 2005, selon l’Inserm). autres situations se retrouvent Pourtant, le nombre d’appels pro- dans les mêmes proportions sur venant de ceux qui sont en situa- les deux moyens de communication de désespoir (2 %) et de « sui- tion. a cidants » – c’est-à-dire ayant déjà Véronique Cauhapé engagé un processus suicidaire comme la prise de médicaments SOS-Amitié : Tél. : 01-40-09-15-22 (0,2 %) – reste stable. www.sos-amitie.com/ Santé Nouveau délai pour les patients en ALD € 4,95 en plus du Monde 2 + Requiem par Leonard Bernstein Les patients reconnus en affection longue durée (ALD) avant le 15 novembre 2005, et qui devaient faire un bilan médical avant le 1er juillet 2008 pour continuer à bénéficier d’une prise en charge à 100 %, ont jusqu’au 31 décembre 2009. Ce report, annoncé le 9 juin, est dû au retard pris par l’établissement de nouveaux protocoles de soins, qui risquait de provoquer « des ruptures de droits inacceptables dans la prise en charge des patients concernés ». En 2006, près de 8 millions de salariés étaient en ALD couvrant trente maladies (diabète, cancer, sida, etc.). En 2004, la loi a conditionné à l’établissement d’un nouveau « protocole de soins » la prise en charge de 100 % des dépenses de santé dont bénéficient les patients. Protocole qui doit être établi par le médecin traitant du patient et le médecin conseil de l’assurance-maladie. VENTE À PRIX EXCEPTIONNEL remise jusqu’à -80% PORCELAINE, ARTS DE LA TABLE, BIJOUX mercredi 11 juin: 10h à 20h jeudi 12 et vendredi 13 juin : 10h à 18h samedi 14 juin : 10h à 15h30 EMGP 45 av. Victor Hugo Hall 210 Aubervilliers Parking sur place Sortie périphérique - Porte dʼAubervilliers - Bus 552 arrêt Net squ@re Autorisation de la Préfecture de Seine St Denis n° 07- 3347 du 14 septembre 2007 F allait-il ajouter l’Inde à l’édition 2008 du Guide de la conduite dans les régions du monde (autoescape.com) ? Qui connaît le souscontinent sait que la peur au ventre vous tient sur ces routes principales trop étroites pour que deux véhicules se croisent. Il sait que, face à face, l’un des deux conducteurs lâchera prise avant l’impact en se jetant sur le bascôté dans un coup de volant. Bien sûr, l’image de Ganesh, le dieu protecteur, accrochée au rétroviseur, comme le sourire amusé du chauffeur, rassurent. Si ce guide précise que « la Face à la hausse des appels, SOS-Amitié manque de bénévoles 24 &Sport 0123 Vendredi 13 juin 2008 Euro 2008 Domenech, fidèle à ses idées Avant le match face aux Pays-Bas, vendredi, le sélectionneur des Bleus, volontiers opaque, vante la stabilité Football Châtel-Saint-Denis (Suisse) Envoyé spécial L es critiques qui ont suivi la copie rendue par les Bleus lors de leur premier match de l’Euro contre les Roumains (0-0), les supputations sur les chances de la France de sortir vivante du « groupe de la mort », les effets de manche à quarantehuit heures d’un match crucial face aux Pays-Bas, vendredi 13 juin, à Berne, Raymond Domenech laisse cela à d’autres. Le sélectionneur français n’en a cure ou feint de ne pas s’y intéres- ser. La partition n’est pas nouvelle mais, avouons-le, l’entraîneur améliore de jour en jour ses qualités d’interprète. Mercredi, sous le chapiteau de Châtel-Saint-Denis, le petit village où s’entraînent les Français, le chef d’orchestre des Bleus a livré l’un de ses meilleurs concerts. Le sélectionneur excelle dans le registre du contournement. Un journaliste l’interroge sur ses choix tactiques face à la Roumanie : Raymond Domenech se présente en « entraîneur de base » indiquant à ses joueurs des « consignes stupides ». Le technicien dirigera pourtant le 13 juin au soir sa 53e rencontre à la tête de l’équipe de France A, autant qu’Aimé Jacquet (sélectionneur entre 1994 et 1998) et Roger Lemerre (entre 1998 et 2002). Un autre envoyé spécial le sonde sur la composition du onze qui affrontera les Pays-Bas, vainqueurs par KO des champions du monde italiens (3-0) le 9 juin : il annonce quatre postes pouvant donner lieu à un changement de titulaire et s’empresse de glisser, « tu peux me croire… si tu en as envie » ! Raymond Domenech joue avec la presse et souvent se joue d’elle. « Quand je discute avec Aimé Jacquet et qu’il me dit quelque chose, cela me touche. C’est probablement juste, cela vient d’un technicien de haut niveau, expliquait-il au Monde mi-avril. Quand un journaliste écrit quelque chose, j’ai envie de lui dire “corrige ta formule” ! Sur le fond, il ne sera jamais crédible, il maîtrise la forme, mais pas le fond du foot. » Et l’entraîneur des Bleus de poursuivre : « J’ai une forme de cohérence, je ne suis pas influençable par l’extérieur. A l’intérieur du groupe en revanche, je suis à l’écoute. » Pour quoi faire ? Sous la tente géante des conférences de presse, le long de laquelle s’agglutinent les voitures des médias de l’Europe entière, le discours reste le même. Séduire le public par un football plus offensif, plus débridé, pour quoi faire ? « L’objectif n’est pas de séduire ou de réussir d’entrée un match excep- tionnel puis de se ramasser ensuite. C’est de jouer de mieux en mieux et d’avancer. » Même si, à progresser à si petits pas, les Bleus risquent de rater leur rendez-vous avec l’Euro. « Je crois à la stabilité, à la force de l’équipe, à la solidité de sa défense », martèle Raymond Domenech. Face aux Pays-Bas, Thierry Henry, en attaque, devrait faire son retour, remis de sa contracture à la cuisse. Patrick Vieira, le capitaine aux 105 sélections, a lui aussi retrouvé l’entraînement. Sur le cas des deux hommes, Raymond Domenech, fidèle à sa ligne de conduite, ne s’arrête pas vraiment. La veille, William Gallas avait évoqué le sujet. « Avec Thierry, Nico [Anelka] ou Karim [Benzema], on a des attaquants très rapides, qui vont nous permettre de jouer en contre-attaque, au cas où les Hollandais se découvrent un peu », espéraitil. La philosophie du sélectionneur est bien intégrée. « La sélection batave est impressionnante, elle est capable de jouer vite, à une touche de balle, en mouvement », prévient Raymond Domenech, qui n’hésite jamais à enfoncer une porte ouverte. Dire une chose, la relativiser, entretenir le doute. La parole est aux exégètes. « Avoir des certitudes lorsqu’on fait partie d’un groupe comme celui-ci, avec l’Italie et les Pays-Bas, c’est être fou. Je ne le suis pas ! », ironise le sélectionneur. a Simon Roger Onlâcherien Le piège des espaces Didier Deschamps C ’est un tout autre match qui attend l’équipe de France, vendredi 13 juin, à Berne. D’abord parce qu’il aura lieu en soirée : les Bleus connaîtront ainsi le résultat de la rencontre commençant à 18 heures (Italie-Roumanie), ce qui n’est pas négligeable lors d’une phase de poules comme celle-ci. Ensuite parce qu’un adversaire totalement différent du précédent se présente devant eux : l’équipe des PaysBas est une formation qui va de l’avant, qui joue vite, qui crée du danger mais aussi… des espaces – ces fameux « espaces » qui ont tant manqué aux Français contre la Roumanie. Mais là est précisément le piège dans lequel ils devront ne pas tomber. Vouloir compenser ce qu’on a raté lors du premier match, chercher à transposer ce qu’on aurait dû faire contre les Roumains serait une erreur. Les Bleus auront plus d’espace, certes ; ils devraient pouvoir mieux s’exprimer offensivement face à ce type d’équipe, oui. Mais ils devront d’abord être très solides défensivement. Et ne pas se lancer à l’attaque en criant : « En avant toute ! » L’enjeu de ce match sera, avant toute chose, de répondre à la vitesse et à la vivacité des joueurs offensifs néerlandais – notamment Sneijder et Van der Vaart, deux joueurs qui se déplacent beaucoup sur le terrain. Pour avoir aligné trois défenseurs très lents, l’Italie a payé le prix fort (3-0) face à cette équipe lors de la première journée du groupe C. Le problème de la vitesse, dans le football, c’est que tu peux difficilement la contrer à partir du moment où ton vis-à-vis est lancé dans l’espace : s’il est plus rapide que toi, tu ne peux plus le rattraper. La seule solution, pour un défenseur, c’est alors d’anticiper sur les déplacements de l’attaquant adverse ou sur les trajectoires du ballon. Contrarier des joueurs hyper-rapides est possible avec de l’expérience et de l’intelligence. Sur ce planlà, l’équipe de France est plutôt bien fournie. Elle le sera encore plus si Patrick Vieira fait son retour sur le terrain à l’occasion de ce match. Son impact physique ne sera pas de trop, par ailleurs, face aux milieux de terrain néerlandais. Mais pourra-t-il tenir sa place ? Sera-t-il capable de jouer une heure seulement ? L’incertitude est grande. Thierry Henry, en revanche, sera bien là, lui. Sa capacité à créer de la profondeur sur le front de l’attaque a fait défaut contre la Roumanie. Sa présence devrait également avoir un impact sur cette rencontre. Reste la question du système de jeu à adopter. J’ai envie de dire… peu importe. Ce qui compte, c’est éviter de donner la sensation d’un jeu stéréotypé. Et avoir des jambes, bien sûr. Tu peux mettre en place tous les systèmes du monde, si les jambes ne suivent pas, ton animation ne fonctionnera jamais. Les Bleus ont manqué de jus lors de leur premier match. Ils en auront besoin vendredi. Vu ce qui les attend… a Didier Deschamps était le capitaine de l’équipe de France championne du monde en 1998 et d’Europe en 2000. Groupe D L’Espagnol David Villa se fissure l’index Organisation Pas d’incidents graves en Autriche L’attaquant espagnol David Villa, auteur d’un triplé contre la Russie mardi 10 juin, en match comptant pour le groupe D de l’Euro 2008 (4-1), souffre d’une fissure à l’index droit, a annoncé mercredi l’attachée de presse de la Fédération espagnole, Paloma Antoranz. « Il souffre d’une petite fissure qui ne l’empêchera pas de disputer le prochain match » contre la Suède, a déclaré Mme Antoranz. Villa s’est blessé lors de la célébration de son premier but face aux Russes, en se coinçant l’index dans le maillot de son coéquipier Fernando Torres. Les autorités autrichiennes, qui ont fait état de 249 interpellations dans le pays depuis le début de l’Euro 2008, samedi 7 juin, se sont déclarées « très satisfaites du déroulement des événements », lors d’un premier bilan, mercredi 11 juin, ne signalant pas d’incidents graves. Les rares incidents, comme à Klagenfurt (sud du pays), samedi et dimanche, entre supporteurs allemands et polonais, ont été rapidement maîtrisés. Au total, 21 personnes ont été officiellement blessées, dont quatre policiers, depuis le 7 juin. &Sport 0123 Vendredi 13 juin 2008 Football Euro 2008 Les matches Classement 25 Groupe A Groupe B Groupe C Groupe D Mercredi 11 juin, Genève République tchèque - Portugal 1-3 Mercredi 11 juin, Bâle Suisse - Turquie 1-2 Jeudi 12 juin, Klagenfurt, 18 h, M6 Croatie - Allemagne Jeudi 12 juin, Vienne, 20 h 45, M6 Autriche - Pologne Vendredi 13 juin, Zurich, 18 h, TF1 Italie - Roumanie Vendredi 13 juin, Berne, 20 h 45, TF1 Pays-Bas - France Samedi 14 juin, Innsbruck,18 h, M6 Suède - Espagne Samedi 14 juin, Salzbourg, 20 h 45, TF1 Grèce - Russie 1 I Portugal ...........................................6 points 2 I Turquie ............................................. 3 points 2 I République tchèque ......................... 3 points 4 I Suisse ...............................................0 point 1 IAllemagne......................................... 3 points 2 I Croatie ............................................. 3 points 3 I Autriche ...........................................0 point 4 I Pologne............................................0 point 1 IPays-Bas ........................................... 3 points 2 IFrance................................................1 point 2 IRoumanie...........................................1 point 4 IItalie..................................................0 point 1 I Espagne ........................................... 3 points 2 I Suède............................................... 3 points 3 I Grèce ...............................................0 point 4 I Russie ..............................................0 point La Suisse, pays hôte de l’Euro, est déjà éliminée La « Nati » a été défaite par la Turquie (2-1), sous une pluie diluvienne Bâle Envoyé spécial B ras dessus, bras dessous, ils s’apprêtent à faire la fête dans le centre de Bâle, envahi par une marée de maillots et tee-shirt rouges. L’un a entouré ses épaules d’un drapeau turc, l’autre a fait de même avec celui de la Suisse. Ils rient, chantent, se lancent des blagues. L’un hurle « Turkiye ! », l’autre « Hop Schwiiz ! » Cette image résume bien l’atmosphère chaleureuse qui régnait à Bâle mercredi 11 juin, à l’occasion d’une journée que beaucoup redoutaient. Trois ans après les graves incidents survenus après un match Turquie-Suisse disputé à Istanbul, au cours duquel des joueurs helvètes avaient été pourchassés et certains frappés, joueurs, dirigeants et supporteurs des deux camps se sont, cette fois, parfaitement tenus. Malgré la fin cruelle de la rencontre, mercredi, pour la Suisse, l’un des deux pays organisateurs de l’Euro, avec l’Autriche. En cette orageuse soirée bâloi- se, la Nati dirigée par Köbi Kuhn a garder le ballon. Il était donc logidéjà dit adieu à « son » Euro. En que que la Suisse mène face à des seulement deux matches, son des- joueurs turcs plus doués technitin a été scellé. Après sa défaite quement, mais aussi plus gênés lors du match d’ouverture face aux par le terrain. Il a suffi que la pluie cesse Tchèques, il fallait face aux Turcs, eux aussi battus lors de leur entrée pour que la logique reprenne ses dans la compétition, se reprendre. droits. En inscrivant deux buts Portée par un public moins calme en seconde période, dont l’un que d’habitude, la Nati n’a pas dans les arrêts de jeu, les joueurs de Fatih Terim ont réussi son pari. Pour la poussé la Nati dehors. première fois depuis « C’est une « C’est une très, très l’élimination prématutrès, très grosse grosse déception, mais rée de la Belgique lors déception, la Suisse s’en remetde l’Euro 2000, une mais la Suisse tra », a déclaré Köbi nation hôte est priée de s’en remettra » Kuhn, en poste depuis quitter la compétition sept longues années et aussi tôt. Sur la pelouse du Köbi Kuhn, entraîneur qui va céder sa place de Parc Saint-Jacques, de l’équipe helvétique sélectionneur au célèbre technicien alledétrempée par un violent orage en première période, les mand Ottmar Hitzfeld. Les Turcs, eux, ne sont pas encofans suisses y ont pourtant cru. Leurs favoris, qui alignaient trois re sûrs de pouvoir continuer longjoueurs d’origine turque au coup temps leur route et donc de profid’envoi (Hakan Yakin, Gökhan ter du luxe de La Réserve, l’établisInler et Eren Derdiyok), menaient sement somptueux qui leur sert de à la mi-temps grâce à un but d’Ha- résidence à Bellevue, au bord du kan Yakin. Dans ce genre de condi- lac Léman. Pour en jouir encore tions météorologiques, la pluie un peu, il va leur falloir battre les diluvienne favorise l’équipe la Tchèques, dimanche, à Genève. Le sélectionneur Fatih Terim, moins technique, la moins apte à Le match entre la Suisse (en rouge) et la Turquie sous le déluge bâlois, le 11 juin. PASCAL LAUENER/REUTERS surnommé « l’empereur », a déjà emmené son pays vers sa première phase finale (Euro 1996) et permis au football turc de remporter son premier titre européen (Coupe de l’UEFA 2000 pour Galatasaray). Ambitieux, l’expérimenté technicien n’a pas l’intention de quitter rapidement la Suisse où ses joueurs évoluent presque à domicile. Voir la Turquie continuer son chemin permettrait à la fête populaire de continuer dans les rues suisses. Le Portugal, autre équipe suivie par de nombreux supporteurs, est déjà qualifié. a Alain Constant Le Portugal en quarts, Luiz Felipe Scolari à Chelsea Le Portugal s’est qualifié pour les quarts de finale de l’Euro, mercredi 11 juin, grâce à sa victoire (3-1) face à la République tchèque, à Genève, et à celle de la Turquie contre la Suisse (2-1). Le capitaine Nuno Gomes et ses équipiers sont assurés de terminer en tête du groupe A et donc de rencontrer le deuxième du groupe B, qui comprend l’Allemagne, la Croatie, la Pologne et l’Autriche. La sélection portugaise s’est imposée face aux Tchèques grâce à des buts de Deco (8e minute), Cristiano Ronaldo (63e) et Ricardo Quaresma (90e + 1), contre une réalisation de Libor Sionko (17e). Dans la soirée, mercredi, le club anglais de Chelsea a par ailleurs annoncé que le sélectionneur du Portugal, Luiz Felipe Scolari, deviendrait son manager général le 1er juillet. Le Brésilien avait pourtant nié avoir des contacts avec Chelsea, qui n’a plus d’entraîneur depuis le limogeage de l’Israélien Avram Grant. La forme de Tiger Woods à l’épreuve de l’US Open Le numéro un mondial revient après une opération au genou Golf A Open britanniques, quatre Masters et quatre USPGA. Depuis la victoire de Jim Furyk, en 2003, aucun Américain n’a plus remporté ce titre dont le trophée a fait le tour de la planète, par l’hémisphère Sud, serré dans les bras du Sud-Africain Retief Goosen, vainqueur en 2004, puis du Néo-Zélandais Michael Campbell en 2005, de l’Australien Geoff Ogilvy en 2006 et de l’Argentin Angel Cabrera en 2007. Ces trois derniers ont remporté d’ailleurs à cette occasion leur premier tournoi majeur. « Voir autant de joueurs non américains remporter des tournois est le reflet du développement du golf partout dans le monde et cela est très positif », se réjouit Angel Cabrera, qui se verrait bien l’emporter une deuxième fois. canard) n’avait jamais mis les pieds sur celui d’Oakmont (Pennsylvanie), théâtre de la dernière édition de l’US Open. La relation d’extrême familiarité que Tiger Woods et Phil Mickelson entretiennent avec Torrey Pines – le premier a remporté le Buick Invitational à six reprises, et le second, qui est par ailleurs domicilié à deux pas du parcours, trois fois – ne leur serait donc d’aucune utilité. Surnommé « Docteur Open » pour ses interventions méphistophéliques sur les parcours destinés à accueillir l’US Open, l’architecte Rees Jones ne saurait démentir. « Le parcours tel qu’il est aujourd’hui n’a rien à voir à ce qu’il est en janvier lors du Buick Invitational, précise-t-il. Il est beaucoup plus ferme et beaucoup plus rapide. Les joueurs devront taper des coups vraiment très bons pour arrêter leurs balles sur les greens. » L’Espagnol Sergio Garcia, dont le palmarès est encore vierge de tout tournoi majeur mais qui a remporté au mois de mai le Players Championship, considéré comme le 5e majeur, ou le quadragénaire rugissant Thomas Levet, seul représentant français, ont donc toutes les chances de créer la surprise. Tout comme les 154 autres concurrents qui devaient prendre le départ jeudi 12 juin. a vant chaque grand rendezvous majeur, depuis que Tiger Woods écrase de sa suprématie le golf mondial, la question la plus fréquemment formulée est de savoir qui finira deuxième derrière lui. Avant la 108e édition de l’US Open, qui a lieu du 12 au 15 juin sur le parcours sud de Torrey Pines, à San Diego (Californie), l’interrogation peut être transposée : qui finira premier devant Woods ? Sur les rotules, comme il l’était lors du Masters d’Augusta, en avril, le no 1 mondial avait en effet terminé deuxième. Opéré du genou gauche dès le surlendemain de cette relative contre-performance, « le Tigre » n’est pas revenu à la compétition depuis lors. Prudent, Woods n’a joué que neuf trous lors de sa première partie d’entraînement, lundi 9 juin. Si l’Américain s’aligne, c’est qu’il estime probablement être revenu au meilleur de sa condition. Mais un doute subsiste quant à sa capacité de l’emporter. L’US Open pourrait donc une nouvelle fois réserver une surprise en consacrant un vainqueur inattendu, d’autant que ce tournoi majeur est celui qui réussit le moins au Tigre, qui ne l’a gagné qu’à deux reprises, en 2000 et 2002, alors qu’il a remporté trois Beaucoup plus rapide « Le parcours de Torrey Pines, je ne le connais pas vraiment, admet l’Argentin. J’y ai juste joué deux fois en 2003. » Cela se passait lors du Buick Invitational, épreuve du circuit américain qui a lieu tous les ans sur les deux parcours de Torrey Pines, où il n’avait pas passé le cut. A en croire l’homme de Cordoba, connaître un parcours ne représente pas forcément une aide pour remporter le tournoi qui s’y joue. La preuve, celui qui est surnommé « el Pato » (le Cyclisme Tom Boonen exclu du prochain Tour de France Automobile Marion Bartoli incertaine pour Wimbledon Rugby Parra blessé au Mondial des moins de 20 ans Après le contrôle positif de Tom Boonen à la cocaïne, faute d’une décision de la part de son équipe Quick Step, les organisateurs de la Grande Boucle ont exclu mercredi 11 juin le coureur belge du prochain Tour de France, qui partira de Brest, le 5 juillet. La Française Marion Bartoli (10e mondiale), a été battue mercredi 11 juin au 2e tour du tournoi de Birmingham par la Tchèque Petra Cetkovska. Elle pourrait ne pas participer à Wimbledon, dont elle a été finaliste en 2007, en raison d’une tendinite à un poignet. Le capitaine de l’équipe de France des moins de 20 ans, Morgan Parra, blessé à la main droite, est forfait pour le reste du Mondial des moins de 20 ans de rugby disputé au Pays de Galles. La France jouera sa place en demi-finale, samedi 14 juin, contre le Pays de Galles. Jean-Louis Aragon Dès le 13 juin, le CD-livret « Requiem » de Mozart, par Leonard Bernstein. €* 4,95 en plus du Monde En plus du Monde et du Monde 2. Découvrez l’œuvre légendaire de Mozart, par l’Orchestre symphonique de la radio bavaroise dirigé par Leonard Bernstein. Pour plus d’informations : www.lemonde.fr/DG et au 0825 120 219 (0,15 € TTC / min) * Collection Le Monde & Deutsche Grammophon : à partir du 11 janvier, chaque vendredi chez votre marchand de journaux avec Le Monde daté du samedi et son supplément Le Monde 2. En plus du prix du journal et de son supplément, le numéro 1 Beethoven : 1 € ; le numéro 2 + le numéro 3 : 4,95 € ; chaque numéro suivant : 4,95 €. Chaque CD et son livret peuvent être achetés séparément à la boutique du Monde – 80, bd Auguste Blanqui – 75013 Paris ou par correspondance. Offre valable en France métropolitaine et dans la limite des stocks disponibles. Météo & Jeux 15 km/h 8° 17° Rouen 8° 17° Caen 9° 19° 19° Orléans 11° 20° 9° 19° Dijon Poitiers 9° 19° 10° 17° Chamonix ClermontFerrand Limoges 7° 15° Lyon 12° 20° 9° 18° 9° 17° 15 km/h Besançon 9° 18° Nantes 9° 19° 9° PARIS Châlons- 18° 10° en-Champagne Strasbourg Rennes Grenoble 11° 20° Bordeaux Bordeaux 14° 21° Toulouse 30 km/h 15° 25° 17° 24° Perpignan 0 à 5° 5 à 10° 10 à 15° 15 à 20° 20 à 25° 25 à 30° 30 à 35° >35° COEFF. DE MARÉE: 48 Amsterdam très nuageux 10 Athènes beau temps 18 Belgrade éclaircies 15 Berlin averses éparses 11 Berne éclaircies 9 Bratislava couvert 14 Bruxelles éclaircies 6 Budapest couvert 15 Bucarest orageux 21 Copenhague orageux 8 Dublin couvert 9 Edimbourg couvert 7 Helsinki éclaircies 5 Istanbul ensoleillé 16 Kiev très nuageux 20 La Valette beau temps 18 Lisbonne beau temps 17 Ljubljana averses éparses 10 Londres très nuageux 9 Luxembourg éclaircies 8 Madrid éclaircies 9 Moscou éclaircies 11 Nicosie beau temps 20 Oslo pluvieux 11 Prague averses éparses 13 Reykjavik beau temps 5 Riga éclaircies 7 Rome ensoleillé 15 Sofia orageux 16 Stockholm averses éparses 12 Tallin ensoleillé 4 Tirana averses modérées17 Varsovie très nuageux 12 Vienne très nuageux 12 Vilnius très nuageux 9 Zagreb forte pluie 14 8° 20° 9° 19° 7° 20° 9° 20° 11° 22° 12° 22° 15° 24° 13° 22° Los Angeles 22° 32° 3 4 Miami Cumul pluviométrique le 13.06.2008 Lima 16° 16° 5-15 mm 1-5 mm Santiago du Chili Mardi Météorologue en direct au 0899 700 703 Ile-de-France 10° 18° 11° 17° 10° 19° (1,34 € l’appel + 0,34 € la minute) 7 jours/7 de 6h30-18h Nord-Est 8° 17° 11° 20° 10° 20° Service proposé par MeteoNews en partenariat avec Le Monde Sud-Ouest 14° 20° 14° 19° 12° 21° Sud-Est 13° 23° 14° 24° 13° 22° 8 9 10 1 1 12 I 4 4 5 8 7 3 7 9 3 8 X HORIZONTALEMENT VERTICALEMENT I. Fait travailler les neurones. II. Domination absolue. Venue de Russie avec plein d’histoires à raconter. III. Allumés avec intentions. Bon pour accord. IV. Fait l’alliance. Article. Les plus grandes sont les plus fermées. V. Prise d’air. A prendre avec modération. VI. La première n’est pas toujours bonne. Vers grec. Trouvé dans l’erreur. VII. Protections rapprochées. Mesures prises sur le terrain. VIII. Reste à l’écart. Protecteur des espèces. IX. Voyelles. Le petit est souvent serré. X. Pas facile à toucher. 1. Peut reprendre du service. 2. Etoiles de mers. 3. Grand des forêts américaines. Mise en rapport. 4. Alouette africaine. Droit à l’entrée du cimetière. 5. Pour suivre ses affaires quotidiennes. 6. Bien arrivée. Sorties du néant. Facilite le tirage. 7. Personnel. Appelée quand ça va mal. 8. Préposition. Révolté. 9. Belle mais tristement monotone. Propos puéril. 10. Similaire. Suiveur imbécile. 11. Sans voile. Page d’histoire. Propos de la France d’en haut. 12. Travaille dans les fonds. Philippe Dupuis Verticalement 1. Humoristes. - 2. Asinien. Ly. 3. Uns. Anodin. - 4. Tees. Abord. - 5. Serin. Etai. - 6. Enivré. - 7. Epucée. Spa. - 8. Fuse. Râ. Il. - 9. Obère. Képi. - 10. Ri. Igné. Is. 11. Meute. Niet. - 12. Envergeure. D Barcelone Bucarest Sofia Rome Istanbul Madrid Lisbonne Séville A D Anticyclone < -10° Dépression 1015 Front chaud Front froid Occlusion Thalweg A -10 à -5° - 5 à 0° Ankara 1010 Athènes Tunis Alger Beyrouth Rabat Tripoli Jérusalem 1010 0 à 5° 5 à 10° 10 à 15° 15 à 20° 20 à 25° 25 à 30° 30 à 35° >35° Omsk Paris 10° 19° Barcelone 18° 22° Marrakech 17° 30° Abidjan 19° 32° Ankara 8° 30° Bagdad 20° Tripoli 39° 16° Riyad 25° 20° 40° Khartoum 25° 45° Yaoundé 20° 25° La Paz -1° 5° Rio de Janeiro 17° 30° 13° 19° Le Caire 21° 23° Kaboul 19° 33° Karachi 28° 39° Irkoutsk 11° 25° Vladivostock 7° 22° Shanghai 21° 22° Hanoi 25° 31° Kuala Lumpur 25° 32° Port Moresby 25° 27° Antananarivo 6° 15° Le Cap 5 1 5 4 6 9 1 7 2 3 8 7 1 9 2 8 3 4 6 5 2 3 8 6 4 5 9 1 7 9 2 3 7 5 4 1 8 6 4 7 5 8 6 1 3 2 9 8 6 1 3 9 2 7 5 4 3 9 2 5 7 6 8 4 1 6 8 4 1 3 9 5 7 2 1 5 7 4 2 8 6 9 3 Difficile 5 2 Complétez toute la grille avec des chiffres allant de 1 à 9. Chaque chiffre ne doit être utilisé qu’une seule fois par ligne, par colonne et par carré de neuf cases. 5 4 6 Réalisé par Koalog (http://sudoku.koalog.com) IX D 0 102 Alice Springs 3° 21° 8° 20° Auckland Auckland 11° 20° E ttc 48 A/S Tarif hors frais de service, à partir de, soumis à conditions, sur vols directs. 9 2 VIII Belgrade Achetez jusqu’au 24/06. Voyagez du 15/07 au 3/09/08. 1 1 VI I. Hauts de-forme. - II. Usnée. Pubien. - III. Miséreuse. UV. IV. On. Sincérité. - V. Ria. Nie. Eger. - VI. Iéna. Ver. - VII. Snober. Akène. - VIII. Dotes. Iu. - IX. Elira. Pipier. - X. Syndicaliste. 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Nouméa Papeete Pte-à-Pitre St-Denis Helsinki Oslo T 20° 26° Jours suivants 10° 18° H Vancouver 13° 16° LEVER: 17h05 COUCHER: 02h32 PARIS Région Reykjavik Reykjavik St-Pétersbourg 6° 21° 7° 14° La journée débutera fraîchement avec quelques brumes et nuages bas par endroits, notamment dans les vallées. Quelques gouttes tomberont près de la frontière allemande ou encore en Haute-Savoie et du côté de la Normandie. La couverture nuageuse sera plus importante sur le piémont pyrénéen où quelques pluies se produiront. Les conditions évolueront peu l'après-midi : l'ambiance s'annonce lumineuse malgré des nuages assez nombreux, et quelques ondées se produiront entre la Normandie et le Limousin. C'est au sud de la Garonne que nuages et averses seront les plus nombreux. 11° 16° 13.06.2008 12h TU ensoleillé 14 24 Alger beau temps 14 31 Amman averses modérées 24 33 Bangkok beau temps103021 25 Beyrouth ensoleillé 14 23 Brasilia 6 17 Buenos Aires beau temps ensoleillé 18 27 Dakar éclaircies 22 31 Djakarta beau temps 29 39 Dubai 26 27 Hongkong forte pluie 13 31 Jérusalem beau temps beau temps 18 31 Kinshasa beau temps 15 37 Le Caire orageux 14 20 Mexico éclaircies 16 25 Montréal éclaircies 12 22 Nairobi New Delhi averses éparses 28 40 beau temps 15 32 New York orageux 15 35 Pékin beau temps 8 20 Pretoria beau temps 15 30 Rabat beau temps 15 29 Séoul Singapour averses éparses 25 33 très nuageux 6 14 Sydney beau temps 16 37 Téhéran 1 ensoleillé 14 27 00 Tokyo 5 ensoleillé 15 28 Tunis 17 32 Washington beau temps Anchorage 16° 23° Honolulu Samedi 17 30 28 17 17 25 15 18 26 17 15 12 17 35 33 23 26 21 16 17 26 25 31 16 15 14 21 25 23 19 20 25 25 24 22 23 T En France 8° 17° DANS LE MONDE Dans le monde Des pluies et des orages arroseront copieusement le Midwest, aux Etats-Unis 45 km/h Ajaccio LEVER: 05h45 COUCHER: 21h55 PARIS ST-ANTOINE 17° 23° Marseille 17° 22° -10 à -5° - 5 à 0° Nice Montpellier 14° 19° Biarritz 15° 18° < -10° Températures à l’aube et l’après-midi Metz 8° 18° 7° 15° Brest 8° 17° 3° 15° Amiens 8° 16° En Europe EN EUROPE 17° Cherbourg 20 km/h Le 13.06.2008 5 Vendredi 13 juin 2008 Lille Lille Frais mais lumineux 8° 0123 Vendredi 13 juin 2008 10 0 26 Un jeu pour chaque jour Le Loto Lundi daté mardi Affaire de logique Mardi daté mercredi Scrabble Mercredi daté jeudi Bridge Vendredi daté Samedi L’art en question Samedi daté dimanche-lundi Echecs Les résultats sont publiés dans cette page dans nos éditions datées dimanche-lundi, mardi et vendredi LOTO Nº 47 Résultats des tirages effectués mercredi 11 juin. Premier tirage : 6, 7, 9, 35, 45, 46 ; complémentaire : 1. Rapports pour 6 numéros : 741 916,00 ¤ ; 5 numéros et complémentaire : 5 984,10 ¤ ; 5 numéros : 1 227,10 ¤ ; 4 numéros et complémentaire : 45,40 ¤ ; 4 numéros : 22,70 ¤ ; 3 numéros et complémentaire : 4,00 ¤ ; 3 numéros : 2,00 ¤. Second tirage : 22, 25, 26, 35, 45, 47 ; complémentaire : 31. Rapports pour 6 numéros : 1 597 586,00 ¤ ; 5 numéros et complémentaire : 8 626,80 ¤ ; 5 numéros : 1 238,20 ¤ ; 4 numéros et complémentaire : 52,80 ¤ ; 4 numéros : 26,40 ¤ ; 3 numéros et complémentaire : 5,20 ¤ ; 3 numéros : 2,60 ¤. Joker : 5 579 883 Temps prévu ce week-end en Europe Légende beau Pictogramme de la journée Ville pluie modérée éclaircies 9° Température matin 14° Température après-midi Samedi Lundi Dimanche Amsterdam 7° 19° 10° 19° 7° 19° Athènes 17° 29° 17° 30° 16° 29° Barcelone 16° 21° 17° 23° 17° 25° Berlin 7° 21° 14° 19° 8° 22° Bruxelles 8° 16° 11° 17° 6° 19° Budapest 13° 18° 13° 25° 15° 27° Copenhague 6° 18° 10° 19° 8° 17° Dublin 10° 14° 6° 15° 7° 15° Florence 15° 22° 12° 25° 14° 26° Genève 9° 19° 10° 17° 12° 18° Istanbul 15° 33° 19° 30° 14° 30° Lisbonne 13° 23° 17° 22° 14° 21° Londres 9° 18° 8° 19° 11° 20° Madrid 18° 26° 18° 24° 14° 26° Moscou 15° 29° 17° 25° 10° 25° Prague 5° 19° 11° 18° 10° 20° Reykjavik 8° 15° 8° 12° 9° 13° Rome 15° 25° 12° 24° 16° 26° 18° 36° 10° 19° 22° 36° 9° 20° 18° 32° 12° 18° Venise 15° 20° 13° 23° 16° 22° Vienne 9° 22° 9° 25° 15° 18° Séville Stockholm Ecrans 0123 Vendredi 13 juin 2008 Télévision « C dans l’air » passe l’été sur France 5 avec Thierry Guerrier A partir du 30 juin, Thierry Guerrier, qui anime « C à dire ? ! » sur France 5 du lundi au vendredi, prendra le relais d’Yves Calvi à la présentation du magazine « C dans l’air ». L’émission reste à l’antenne tout l’été, du lundi au vendredi à 17 h 45, avec des reportages inédits liés à l’actualité. Canal+ retenue pour la haute définition La chaîne cryptée Canal+ a obtenu, mardi 10 juin, le canal pour une diffusion en haute définition (HD) qu’elle avait sollicité auprès du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Canal+ était l’unique candidat à ce canal réservé à une télévision payante. Selon le CSA, la chaîne s’est engagée à diffuser «l’essentiel de ses programmes» en haute définition «entre 14 heures et minuit», à compter de 2012. Le CSA avait déjà attribué deux canaux en HD aux chaînes privées TF1 et M6. Par ailleurs, deux chaînes publiques, France 2 et Arte, avaient préempté des canaux pour une diffusion en HD. Selon le CSA, l’offre de haute définition comprendra donc «dès cette année» cinq chaînes sur la télévision numérique terrestre (TNT): TF1 HD, M6 HD, F2 HD, Arte HD et Canal+ HD. 27 Arte salue la France à la tête de l’Union européenne Télévision La chaîne multiplie les reportages dans les coulisses de Bruxelles à l’occasion de la présidence française de l’UE A l’occasion de la présidence française de l’Union européenne (UE), qui commence le 1er juillet, la chaîne franco-allemande Arte propose une programmation spéciale, en plus de ses journaux habituels (19 h 45 et 20 heures) et de ses reportages qui privilégient déjà l’actualité de l’UE, vers une vision européenne des informations internationales. Comment les Britanniques voient-ils Nicolas Sarkozy ? Qu’attendent les Allemands de cette présidence française ? Pourquoi les Polonais préfèrent-ils M. Sarkozy à Jacques Chirac ? Un « Zoom Europa » spécial sur les coulisses de la présidence française, vendredi 13 juin à 19 heures, tente de répondre à ces questions. Le magazine de Bruno Duvic et Astrid Emerit, présentateur et rédactrice en chef, diffuse une série de courts reportages à Bruxelles. Récemment, une douzaine d’attachés de presse de ministres fran- çais ont passé une journée à Bruxelles, suivant les pas d’une centaine de fonctionnaires français venus se former ces derniers mois. Leur formation semble consister d’abord à verrouiller la communication : dire sans trop dire semble être la règle. Des progrès à faire Pendant ce temps, à Paris, au siège de la présidence française de l’UE, des fonctionnaires de tous les ministères se réunissent pour préparer les cent cinquante événements qui doivent marquer ce semestre européen. Qui dit présidence dit cadeau aux hôtes étrangers : le designer Philippe Starck a créé un cartable rempli de petits objets. Après les déclarations de Nicolas Sarkozy, le 10 février – « La France est de retour en Europe » –, quatre journalistes européens réagissent. A écouter le Britannique David Rennie, de The Economist, l’entente cordiale a encore des progrès à faire : « Ce n’est pas clair si Sarkozy est un libéral qui dit des choses stupides pour se faire élire et rester populaire auprès des Français ou s’il croit vraiment à ces absurdités. » Le journaliste allemand Wolfgang Proissl, du Financial Times Deutschland, est plus positif sur la présidence française et sur le rôle de la France en Europe. Tout au long du week-end des 28 et 29 juin, la chaîne franco-allemande déploiera ses regards sur l’Europe de la culture ou celle des petits métiers et de la cuisine, y compris dans les nouveaux pays de l’UE. En particulier, neuf portraits d’artistes, de vingt-six minutes, s’attardent sur les œuvres et les visions contemporaines des plasticiens Ben, Annette Messager, du peintre Jonathan Meese ou de la styliste Agatha Ruiz de la Prada. a Catherine Bédarida « Zoom Europa », vendredi 13 juin à 19 heures sur Arte. Week-end spécial Europe les 28 et 29 juin à partir de 9 h 45. Jeudi 12 juin TF1 France 2 France 3 Canal + Arte M6 20.50 20.50 20.55 20.50 21.00 20.30 Femmes de loi. Une femme parfaite. La Robe et la Justice 0 Série. Avec Natacha Amal, Noémie Elbaz, Charles Lelaure d. Enquête sur le meurtre d’un chauffeur de limousine. A vous de juger. Invité : François Fillon Magazine présenté par Arlette Chabot. Invité : François Hollande. Louis la Brocante. Louis et le violon noir Série. Michel Favart. Avec Victor Lanoux, Louis-Do de Lencquesaing (Fr., 2003) d. 22.40 et 23.30 Ce soir (ou jamais !). Magazine présenté par Frédéric Taddeï d. 23.00 et 2.30 Soir 3. Entretien exclusif de George W. Bush. Cold Case. Voleur d’enfance. Electron libre Série (saison 4, 19/24). Avec Kathryn Morris, Danny Pino, John Finn (2007) 0 d. Un père de famille, devenu tueur en série, fait pression sur l’équipe de Rush. Le Dernier Témoin. Le Prix de la vérité. A la santé de nos défunts Série (saison 5, 2 et 3/8). Avec Ulrich Mühe, Gesine Cukrowski (2003). Football. Autriche - Pologne Euro 2008 (1re phase, groupe B). 20.45 Coup d’envoi en direct de Vienne (Autriche) d. 22.25 22.40 Les Swenkas. Documentaire. Jeppe Ronde (Danemark, 2004) d. 0.45 Jeudi investigation. Scandales sur ordonnance. Genesis : l’origine du crime. Les Sept Sacrements [1 et 2/2] Série (S1, 8 et 9/9). Avec Pep Munné, Quim Gutiérrez, Sonia Almarcha (Esp., 2006) 2 d. Mateo et son équipe traquent un tueur en série qui se prétend redresseur de torts. 22.50 La Méthode Cauet. Présenté par Cauet. Invités : Elsa Pataky, Passi, Yann Delaigue, Vincent Clerc, David Guetta, Kelly, Christophe Dominici, les Vamps, Mickey Mahut, Idriss Diop. 1.05 Les Coulisses de l’économie (40 min). 23.30 D’art d’art. La Danse à deux, de Jean-Baptiste Huet d. 23.35 Infrarouge. Chroniques de la violence ordinaire Le Business des chéquiers volés. Documentaire. Christophe Nick, Pierre Bourgeois, David Carr-Brown et Patricia Bodet. [1/2] (France, 2004, 120 min) d. New York Police Blues. La Loi du silence Série (saison 9, 16/23). Avec Charlotte Ross (50 min) d. 22.15 Meadowlands. Soupçons 2 Série (S1, 3/8). Avec David Morrissey (2007) d. 23.05 0.00 Mensomadaire. Magazine (30 min) 0. 23.40 Paris-Berlin, le débat. A qui profitent les droits de l’homme ? Magazine. 0.40 Ouvre les yeux a Film Alejandro Amenabar. Avec Eduardo Noriega, Penélope Cruz (1997, 130 min) 0. Vu&commenté Le fabuleux destin d’un prince de la boxe Dominique Dhombres J ack Johnson (1878-1946) a été le premier Noir champion du monde de boxe poids lourds. Sa victoire, le 4 juillet 1910 devant 25 000 spectateurs réunis à Reno, dans le Nevada, fut un traumatisme pour l’Amérique blanche et ségrégationniste d’alors. Le public, majoritairement blanc, criait « Tuez le nègre ! ». Au bout de quinze reprises, son adversaire, l’ancien champion du monde James Jeffries, que les propagandistes de la suprématie blanche avaient fait sortir de sa retraite, devait s’avouer vaincu. Aussitôt, dans plusieurs grandes villes telles que New York et Chicago, des groupes racistes attaquaient des Noirs pris au hasard. Il y eut des dizaines de morts. Le remarquable documentaire américain de Ken Burns, Unforgivable Blackness : the Rise and Fall of Jack Johnson (Une négritude impardonnable : l’ascension et la chute de Jack Johnson), raconte ce destin hors du commun. Le film était diffusé pour la première fois mercredi 11 juin sur Arte. C’est un extraordinaire livre d’images sur l’Amérique raciste de la première moitié du XXe siècle. Pour ceux qui n’ont pas vu cette merveille, une fois encore, mais cela ne durera pas éternellement, votre serviteur résume. Jack Johnson était né en 1878 à Galveston, au Texas. Ses parents avaient été esclaves. Ils étaient désormais libres mais extrêmement pauvres. Pour le jeune Jack, la seule façon d’échapper à la condition misérable qui lui était promise était la boxe. A cette époque, les Noirs pouvaient affronter des adversaires blancs dans toutes les catégories, sauf celle des poids lourds. Johnson brise ce tabou en 1908 et devient champion du monde. Mais cette victoire est contestée par les tenants de la suprématie blanche, qui poussent l’ancien champion James Jeffries, qui avait pris sa retraite et quarante kilos, à remonter sur le ring. Et c’est le combat de Reno, en 1910. Les actualités filmées montrant la victoire incontestable de Johnson sont interdites dans certains Etats américains. L’idée que le nouveau champion du monde soit noir était insupportable à beaucoup. Johnson aggrave son cas en épousant une femme blanche, ce qui était alors interdit par la loi. Condamné à un an de prison, il s’enfuit à l’étranger et arrive à Paris. Le 27 juin 1914, il se bat, au Vél’d’Hiv’, contre un adversaire blanc venu de Pittsburgh, qu’il écrase. Mais la première guerre mondiale éclate quelques jours plus tard, et Johnson doit quitter l’Europe. Il perd son titre en 1915 à La Havane face à Jess Willard et préfère rentrer aux Etats-Unis purger sa peine. Il aimait les femmes, blanches de préférence, au moins autant que la boxe. Il a toujours été vêtu comme un prince. Il est mort en 1946 dans un accident de la route. Il ne s’est jamais préoccupé de politique. a 0.30 100 % Euro. Magazine (70 min). Vendredi 13 juin TF1 France 2 France 3 Canal + Arte M6 20.35 21.00 20.50 20.50 21.00 20.45 Football. Pays-Bas - France Euro 2008 (1re phase, gr. C). 20.45 Coup d’envoi en direct de Berne (Suisse). Boulevard du Palais. La Guerre des nerfs Téléfilm. Jacques Malaterre. Avec Anne Richard, Philippe Ambrosini, Jean-François Balmer (France, 1999) 0 d. Nadia, la juge d’instruction, enquête sur la mort d’un homme atrocement mutilé. Thalassa. Les Martyrs du golfe d’Aden Présenté par Georges Pernoud. Sommaire : Les Martyrs du golfe d’Aden 0 ; Christmas Island ; La Grand-Mère des Bunaken... American Haunting Film Courtney Solomon. Avec Donald Sutherland, Sissy Spacek (EU, 2005) 2 d. Le Lion noir. Téléfilm. Wolfgang Murnberger. Avec Hosh Kane, Sule Rimi, Robert Bertrand (Autr., 2007) d. 22.20 22.30 22.55 Doom Doom. Série (saison 1, 3/3) 2. Météo, Soir 3. 22.55 23.25 22.45 Esprits libres. Magazine présenté par Guillaume Durand. Parfum de femme a a Film Dino Risi. Avec Vittorio Gassman, Agostina Belli, Alessandro Momo (It., 1974). 0.50 0.50 1.05 Watcast. Magazine. Une Journal, Météo. 1.10 1.10 Le Droit de savoir. Magazine (70 min) d. Pour vos yeux. Magazine (30 min) d. Toute la musique qu’ils aiment... Bach l’intemporel Magazine musical (65 min). Jeepers Creepers 2 a a Film Victor Salva. Avec Jonathan Breck, Ray Wise, Eric Nenninger (EU, 2003) 2 d. Le monstre est de retour et s’attaque cette fois à un car scolaire. Strip-o-scope. Documentaire. Philippe Truffault et Jean-Marc Barbieux (2004) d. Bones. Le Fossoyeur. L’Epouvantail La Sorcière sans tête 2 Série (saison 2, 9, 11 et 10/22) 0. Avec Emily Deschanel, David Boreanaz (2006) d. Un criminel enlève Brennan et Hodgins qu’il enterre vivants... 22.45 Euro 2008 : le mag. 23.12 C’est quoi l’amour ? Prématurité, naissances multiples, adoption : quels parents sont-ils ? Présenté par Carole Rousseau. FRANCE 5 TMC 0.35 Métal brutal. Court métrage (15 min) 0 d. 22.55 Tracks. Magazine d. 23.50 Le Vampire et le Sang des vierges a Film Harald Reinl. Avec Lex Barker, Christopher Lee, Karin Dor, Carl Lange (Allemagne, 1967, v.o., 80 min) d. NT 1 Sex and the City. Deux poids, deux mesures. La Soirée de ma vie. Série (S5, 4 et 5/8). Avec Sarah Jessica Parker (2002) 0 d. Club. Magazine (85 min). LCP-AN/PUBLIC SÉNAT Passeurs d’espoir. Brésil [1/6] Documentaire. Pierre Barnerias et Laurent Ramanonjiarisoa (France, 2004) d. Jeu. Changement de cap. Téléfilm. Patrick Malakian. Avec Mimie Mathy, Claude Gensac, Denis Braccini (Fr., 1998). Le Temps de penser. 22.20 Catch Attack. Raw. Smack Down Magazine. 0.05 Paroles du monde. Best of. Au-delà du réel, l’aventure continue. Anniversaire de mariage. Ordre et obéissance Série (S2, 7 et 6/22). Avec Matt Frewer, Jayne Heitmeyer, Michelle Johnson (100 min). 22.45 23.20 On n’est pas que des parents. Magazine. Invité : Christian Helson d. 0.05 Allô, docteurs ! (30 min). FRANCE 4 22.25 L.A. Dragnet. Le Vice dans la peau 2 A qui profite le crime ? La Gloire à tout prix 0 Six ans de silence 0 Série (S2, 6/10 ; S1, 7, 6 et 11/12). Avec Evan Dexter Parke, Ed O’Neill, Eva Longoria, Robin Bartlett, Michael Massee (EU, 170 min). DIRECT 8 W9 VENDREDI 13 JUIN 21.00 2 000 ans d’Histoire Science publique Ça vous regarde. 13.30 France Inter Emission 22.00 consacrée au navigateur Eric Tabarly, à l’occasion du dixième anniversaire de sa disparition en mer d’Irlande, dans la nuit du 12 au 13 juin 1998. Invité de Patrice Gélinet, l’écrivain Yann Quéfelec. 14.00 France Culture Sujet de l’émission scientifique présentée par Michel Alberganti, journaliste au Monde : « A qui profite le réchauffement climatique ? » Entre les lignes. Conversation d’avenirs. Le vin. 23.00 Un monde de bulles (30 min). I TELE 20.40 20.45 20.15 Taratata. Invités : MC Solaar, Constance Amiot, Son of Dave, Moriarty, David Salsedo, Minor Majority. Blandine l’insoumise. La Farine du diable Série. Avec Ann Gisel Glass, Emmanuel Quatra, Jacques Frantz (Fr., 2003) d. Nouvelle star. La Finale Divertissement présenté par Virginie Efira. Ça chauffe. 22.15 22.20 23.05 21.15 Un gars, une fille. Série (quinze épisodes). Les Perles du Net. Journal de l’international. 0.00 La Pub et le Beau Temps. Magazine présenté par François Kermoal et Mark Tungate. Le Mag de l’Euro. Magazine présenté par François Pécheux et Sidonie Bonnec. Au sommaire : Pays-Bas France et Italie - Roumanie. 23.50 Info soir. La Plage des secrets. Episode 16 (60 min) 2. 0.15 Dirt. Le Mentor Série (saison 1, 11/13) . Avec Lukas Haas, Courteney Cox, Ian Hart, Tara Summers, Josh Stewart (Etats-Unis, 45 min) 2. 0.15 Morandini ! (60 min). La sélection radio JEUDI 12 JUIN 20.30 20.45 23.45 3€ 1.30 20.00 C dans l’air. Magazine présenté par Yves Calvi. EN KIOSQUE CHAQUE JEUDI, 100 % Euro. Magazine. 20.45 22.10 française de l’UE 0.20 19.45 Le Mur infernal. Les Cordier, juge et flic. Série. Un garçon mystérieux d. Sarkozy et la présidence 23.15 20.40 20.45 “Moi, l’Europe” 20.45 Journal de l’économie. 21.34 N’ayons pas peur des mots. 22.00 A juste titre. Magazine (15 min). Les codes du CSA 0 Déconseillé aux moins de 10 ans 2 Déconseillé aux moins de 12 ans 6 Déconseillé aux moins de 16 ans 8 Déconseillé aux moins de 18 ans. Les cotes des films a On peut voir a a A ne pas manquer a a a Chef-d’œuvre ou classique. Sous-titrage spécial pour les sourds et malentendants d. Opéra 20.00 France Musique André Chénier, opéra d’Umberto Giordano, donné, le 7 mars, à l’Opéra national de Lorraine, par les Chœurs de l’Opéra national de Lorraine et l’Orchestre symphonique et lyrique de Nancy, dir. Paolo Olmi. Avec Carlo Scibelli (André Chénier), Martina Serafin (Madeleine de Coigny), Piero Guarnera (Charles Gérard), Michèle Lagrange (La comtesse de Coigny)… Concert franco-allemand 20.00 France Musique Concert donné, en direct de la Salle Pleyel à Paris, par l’Orchestre philharmonique de Radio France, dir. Myung-whun Chung, Nemanja Radulovic, violon. Au programme : Sibelius (Concerto pour violon et orchestre en ré mineur) et Brahms (Symphonie n˚ 4). Le Goût des autres 21.00 Radio Classique François Lafon nous propose de comparer des enregistrements des Préludes, de Chopin. L’animal en général ou en particulier Carte blanche Roger-Pol Droit L es vacances s’annoncent, les abandons aussi. Comme chaque année, des milliers de fois, un chien, un chat vont être laissés au coin d’un bois, au bord d’une route. Chacun connaît la scène : la brave bête ne se doute pas, et puis la voiture démarre. L’errance insensée commence, la vie affolée, la mort au bout. C’était un compagnon, une présence. Quand c’est une charge, un ennui, un problème, on s’en débarrasse. On les entend dire : « Pourquoi se faire du souci, c’est une bête, non ? Et puis, laisser une bête dans la nature, ce n’est pas un crime. » Il existe pourtant une Déclaration universelle des droits de l’animal, proclamée à Paris en 1978, qui précise en son article 5 : « 1. L’animal que l’homme tient sous sa dépendance a droit à un entretien et à des soins attentifs. 2. Il ne doit en aucun cas être abandonné ou mis à mort de manière injustifiée. » Evidemment, elle n’a rien de contraignant. Pourtant, le cas des lâcheurs de chiens est presque trop simple. Car tout le monde connaît la sensibilité canine, chacun comprend qu’une relation s’était établie avec ses maîtres, et que le monde s’effondre, d’un coup, pour un toutou à l’abandon. En revanche, rien de plus complexe à saisir que les relations des hommes aux autres espèces vivantes. Là, des tas d’obstacles guettent. A commencer par la façon de parler. Quand on parle de « l’animal », que désigne-t-on exactement ? Quel animal ? La mouche, ou la baleine ? La vache, ou le ver de terre ? La limace, ou le colibri ? L’escargot, ou le requin ? Ce singulier Billet Robert Solé Euro, mange ta soupe ! LE SPORT n’est pas sans effet sur l’état civil chinois. En 2001, année où Pékin l’a emporté sur les capitales concurrentes pour organiser les Jeux de cet été, 553 nouveau-nés ont été prénommés « Olympique ». Au total, ce sont plus de 4 000 enfants qui ont été appelés ainsi dans l’ancien empire du Milieu. Bizarrement, 92,50 % des heureux bénéficiaires de ce joli prénom sont des garçons. Sans doute le mot chinois a-t-il une consonance résolument masculine, contrairement à nos vieilles Olympe et Olympie. Il fut un temps où la France était encore plus grande que la Chine : dans la seconde moitié du XIXe siècle, Paris a décroché à cinq reprises l’Exposition universelle. Combien de bébés avaientils été prénommés « Expo » à ces occasions ? Difficile de le savoir. On ne connaît même pas le nombre de petits « Euro » nés en 2000 après la victoire des Bleus au championnat d’Europe de football. Combien de filles ? Combien de garçons ? Tout laisse à penser qu’il n’y en aura pas beaucoup cette année, à moins d’un accouchement exceptionnel – aux forceps ou par césarienne – vendredi, à Berne, contre les Pays-Bas. a IL Y A 50 ANS DANS « LE MONDE » Vieux journaux UNE COLLECTION de journaux d’autrefois – d’il y a dix ans, quarante et même cent cinquante ans – sera dispersée, le 19 juin, au profit des œuvres sociales des vendeurs de journaux. Cette collection est exposée à partir d’aujourd’hui dans le hall de notre confrère France-Soir, rue Réaumur. Rien ne saurait mieux définir l’actualité, le mot, la chose, ses grandeurs et ses faiblesses, que ce petit musée provisoire du papier imprimé. Si l’on y peut suivre le progrès des techniques de presse, on y découvre par la même occasion tout ce qu’ont d’éphémère certains événements qui nous occupent, nous passionnent pendant vingt-quatre heures, avant de tomber dans l’oubli. L’ancêtre est peut-être ce numéro de La Gazette universelle de 1774. L’actualité ne chômait pas en ce temps-là, mais elle ne sortait guère du conseil du roi. Il n’en va pas de même pour ce Journal de Paris du 13 janvier 1792, qui publie en pleine « une » le compte rendu des débats de l’Assemblée. Vieux journaux : ce sont encore ces numéros du Grelot, du Journal des voyages, du Journal amusant, illustré par Henriot, etc. A moins de trente ans de distance, certains quotidiens des deux guerres ont l’air de se faire écho. Ainsi, le numéro du Petit Parisien du 12 novembre 1918 et celui de Libé-Soir du 8 mai 1945, chantant victoire sur toute la largeur de sa page tricolore. Enthousiasmes défunts, querelles oubliées. Nulle part mieux qu’en présence de ces témoins on n’apprécie le cri désabusé du poète : « Ah ! que la vie est quotidienne ! » a (13 juin 1958) SOMMAIRE L’actualité Editorial & analyses ............. 2 Page trois .............................. 3 International ......................... 4 Sciences & Environnement . 7 Europe .................................. 8 France ................................... 9 Economie & Médias ............ 11 lemonde.fr L’actualité au fil de la journée sur lemonde.fr 0123 0123 28 Décryptages Portrait ................................ 15 Enquête ............................... 16 Débats ................................. 17 Disparitions ........................ 18 Culture&vous Actualités & Critiques......... 19 Modes de vie ...................... 22 Sports ................................. 24 Météo & Jeux ..................... 26 Ecrans ................................. 27 a Tirage du Monde daté jeudi 12 juin 2008 : 435 365 exemplaires. 123 Vendredi 13 juin 2008 « animal » que représente le terme « animal » au singulier, cet animal « en général », dépourvu d’espèces, voilà qui devient vite source de confusion et de malentendus. Car nombre d’ambiguïtés se dessinent dès qu’on parle, sans autre précision, de « l’animal ». Par exemple, dans la Déclaration déjà évoquée, un des droits de « l’animal » s’énonce ainsi : « L’animal mort doit être traité avec décence » (article 3,3). L’intention générale est claire : respect de la vie, donc respect du cadavre. Pas question de traiter un organisme comme une ordure. Il arrive, dans cette logique, que les enfants enterrent dans le jardin le poisson rouge décédé. Qu’il n’aille pas à la poubelle ! Bonne règle, donc, en apparence. Mais doit-on l’appliquer aussi aux fourmis, aux mites, aux cafards, aux acariens – et si oui, comment ? Que faire si « l’animal mort » est une larve, un scorpion ou un ténia ? Si c’est un cadavre plus noble qui « doit être traité avec décence », que faire de la boîte de sardines, où les corps sont rangés tête-bêche, sans tête, dans l’huile ? Avec le corned-beef, qui réduit un grand mammifère à une bouillie qui le rend méconnaissable ? Et, dans la vitrine, cette tête de veau avec du persil dans les naseaux, est-ce décent ? Pour sortir de ces dilemmes, il n’y a que deux attitudes. La première est de refuser toute distinction entre les espèces et de respecter tout vivant, quel qu’il soit, de manière absolue. On s’interdira alors totalement de tuer un moucheron, tout autant que d’occire une vache ou d’assassiner un homme. C’est cohérent, mais contraignant. Ainsi vivent les jaïns, qui sont quatre millions en Inde aujourd’hui. Les adeptes de cette religion, fondée par Mahavira, un contemporain du Bouddha, ne mangent que des plantes – mais aucune racine, car leur arrachage saccage vers et insectes. La nuit, ils n’allument ni lampes ni bougies, car la flamme attire et tue papillons et autres. Ils ne boivent que de l’eau filtrée, pour des raisons qu’on devine. C’est encore pour les mêmes motifs que les plus pieux des jaïns balaient en permanence le sol devant eux en marchant, tout en portant sur le visage un masque de coton, car en respirant… Si l’on ne devient pas jaïn, l’autre attitude ne peut être que de distinguer le plus clairement possible entre les espèces. Cessons de confondre le cheval et l’alouette. Le chat, l’anchois et la tique n’ont ni les mêmes comportements ni les mêmes rapports à leur environnement. Nous n’avons donc pas nécessairement envers eux les mêmes devoirs. Et peut- Le monde de la chauve-souris est sans grand rapport avec celui du mille-pattes, qui n’a rien à voir avec celui de l’aigle être n’ont-ils pas tous les mêmes droits. Une fois admises quelques grandes généralités – préservation de la biodiversité, interdiction des mauvais traitements… –, il semble nécessaire de différencier « les » animaux et d’abandonner, au lieu de son chien, cette fiction qui devient rapidement trompeuse : « l’animal ». Car le monde de la chauve-souris est sans grand rapport avec celui du mille-pattes, qui n’a rien à voir avec celui de l’aigle, qui lui-même n’entretient avec la loutre, le cochon et la puce que des rapports hypothétiques. Le résultat est clair : il faut certes réfléchir aux droits des animaux, en commençant par ceux qui sont communs à toutes les espèces. Mais il faut aussi prêter attention aux spécificités, élaborer des droits distincts par famille d’espèces, en fonction de leurs traits spécifiques. Cela éviterait bien des débats confus. La principale confusion provient d’une fausse symétrie. Droits de l’homme, diton, donc droits de l’animal. Il y a là un parallélisme illusoire. Parce que l’homme ne forme, effectivement, qu’une seule espèce. C’est vrai biologiquement : toutes les ethnies humaines sont interfécondes. C’est vrai culturellement : tous les peuples ont la même capacité de symbolisation. A l’opposé, l’animal n’est pas un. Il est divisé en espèces dissemblables, qui n’ont ni la même organisation biologique, ni les mêmes activités, ni les mêmes besoins. Bref, l’animal en général n’existe pas. Seuls existent des animaux. Et il incombe à l’homme de s’interroger sur les droits et les devoirs selon les espèces. a