mente plus - de SES Alpuente
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Art, culture, voyages, mode Notre nouveau supplément mensuel Uniquement en France métropolitaine Jeudi 5 mars 2009 - 65e année - N˚19940 - 1,30 ¤ - France métropolitaine - www.lemonde.fr --- Alliance germano-russe dans le nucléaire Coentreprise Le groupe allemand Siemens et le groupe public russe Rosatom ont signé un protocole d’alliance dans le domaine du nucléaire. Siemens a mis fin, il y a peu, à sa coopération avec le groupe français Areva. P. 15 Devoirs scolaires : le marché de la triche s’organise sur Internet Cancres Maths, français, philo… Un site propose de faire les devoirs des élèves à leur place, moyennant finance. Scandale. P. 23 et l’éditorial p. 2 Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Eric Fottorino Les salaires d’embauche des cadres diminuent t Les prévisions d’un cabinet spécialisé : moins 15 % par rapport à 2008 t Augmentations : beaucoup de sociétés affichent un souci d’égalité entre salariés D ifficile pour la plupart des salariés, l’année 2009 risque de marquer une rupture particulièrement violente pour de nombreux cadres français. Uneétude du cabinet de conseil en recrutement Robert Walters prévoit pour ces derniers une baisse de 15 %, en moyenne, par rapport à 2008, des salaires d’embauche. Cette nouvelle tendance succède à une période qui a duré dix ans pendant lesquels les salaires des cadres avaient aug- menté plus rapidement que l’inflation. Ce n’est pas le seul aspect de la fragilisation de la situation d’une partie des cadres. Parmi les mesures d’économie envisagéesou déjà mises en œuvre par certaines entreprises : la baisse des augmentations salariales. Elle est à l’ordre du jour, pour les cadres aussi, dans la majorité des grandes sociétés, indique une autre étude, du cabinet de ressources humaines Towers Perrin, réalisée en France auprès UK price £ 1,50 Collectivités locales Dans « Le Monde », Edouard Balladur presse l’Elysée de lancer sa réforme des régions. Bertrand Delanoë défend son idée du « Grand Paris ». Page 9 et Débats p. 19 C ’est l’héritage chéri de l’Empire britannique des Indes. Le cricket est sacré en Asie du Sud. Ivresse des stades, il scelle surtout une confrérie sans frontières. Il compose une lingua franca enjambant les haines ethniques ou les fanatismes religieux qui fracturent le sous-continent. Les Etats ont souvent appelé la « diplomatie du cricket » à la rescousse. Est-ce ce dangereux ressort de fraternitéque les terroristes ontcherché à bri- ser, lundi 4 mars, en s’attaquant, au cœur de Lahore, à l’équipe nationale du Sri Lanka en tournée au Pakistan ? Sans précédent dans les annales politico-sportives de la région, l’attaque a fait huit morts, six policiers et deux civils. Les joueurs sri-lankais, dont le bus a été mitraillé lors d’une embuscade de type guérilla urbaine tendue par une douzaine d’hommes surarmés, en ont miraculeusement réchappé. Les assaillants, eux, ont disparu sans laisser de traces, au nez et à la barbe d’une police interdite, confirmant l’impression déjà bien établie que le terro- A risme peut frapper au Pakistan là et quand il l’entend. C’est le « Munich d’Asie du Sud », ont réagi nombre de commentateurs, en référence à la prise d’otages des Jeux olympiques de 1972 qui avait coûté la vie à onze athlètes israéliens. Le problème est qu’on voit mal ce que les terroristes pourraient vouloir au Sri Lanka, à moins d’épouser la thèse peu vraisemblable que les Tigres séparatistes tamouls aient sous-traité un assaut en terre étrangère. Frédéric Bobin a Lire la suite page 5 a Lire la suite page 6 de 67 sociétés qui emploient 1,7 million de salariés. Autre évolution qui interrompt, elle aussi, une séquence de dix années : une majorité de sociétés françaises (75 %, selon Towers Perrin) prévoient d’appliqueren 2009 les mêmes taux d’augmentation à tous leurs salariés, cadres et noncadres, dans un double souci de préservation de la cohésion sociale et d’affichage d’un souhait d’équité. p Lire page 14 Au Pakistan, l’attaque terroriste de Lahore déstabilise davantage le pays New Delhi Correspondant en Asie du Sud Washington Correspondante troisjours delarencontre dela secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, vendredi 6 mars, à Genève, Washington et Moscou ont échangé des signes de réchauffement de leurs relations, qui s’étaient considérablement détériorées depuis la guerre en Géorgie. Le président Barack Obama a démenti, mardi, avoir proposé un marché à la Russie, selon lequel les Etats-Unis renonceraient au déploiement de leur bouclier antimissile en Pologne et en République tchèque si Moscou aidait à faire pression sur l’Iran pour obtenir l’arrêt de son programme nucléaire. Mais il a reconnu que l’idée d’un lien entre les deux questions faisait partie de la réflexion américaine. Opposée au déploiement de ce système antimissile, la Russie a une importante coopération nucléaire civile avec l’Iran. Comme l’ont révélé le New York Times et le journal russe Kommersant, M. Obama a confirmé avoir envoyé une lettre il y a trois semaines à son homologue, Dmitri Medvedev – qui semble l’interlocuteur privilégié de Washington, alors que Vladimir Poutine était celui de George Bush. Non pas pour proposer un « marchandage », a-t-il dit, mais pour rappeler que « le système de défense antimissile dont nous avons parlé en Europe est dirigé non contre la Russie,mais contrel’Iran ». M. Obama, qui s’exprimait lors d’une conférence de presse avec Gordon Brown, le premier dirigeant européen reçu à la Maison Blanche depuis le 20 janvier, a précisé le contenu de sa « longue » lettre. Corine Lesnes t L’attentat contre une équipe de cricket illustre un climat de violence généralisée Réforme Balladur : « Il y a urgence à décider » Signes de rapprochement entre Moscou et Washington Nouvelles menaces contre des responsables de l’UMP Le regard de Plantu L Demain dans 0123 « Le Monde des livres » Portrait Ramon Fernandez, Nouvelle biographie de Mauriac ; directeur du Trésor, fils de correspondance Freud- Eitingon l’écrivain Dominique Fernandez e parquet antiterroriste de Paris a ouvert une enquête sur les menaces de mort adressées ces derniers jours par courrier au président Nicolas Sarkozy et à d’autres personnalités appartenant toutes à l’UMP. Les ministres de la justice,Rachida Dati, de l’intérieur, Michèle Alliot-Marie, de la culture, Christine Albanel, mais aussi le maire de Bordeaux,l’ancien chef du gouvernement Alain Juppé, et au moins trois députés de la majorité ont fait l’objet de ces menaces. A chaque fois, il s’agit d’une lettre anonyme postée depuis le département de l’Hérault. Elle contient une balle de calibre 38 ou 9 mm et des menaces proférées dans un français approximatif, ponctuées de remarques racistes. L’appartenance à l’UMP, la formation du président de la République, est le premier élément commun à tous les responsables visés. Le ou les « corbeaux » les désignent, dans ces envois, comme « les pourvoyeurs de lois liberticides et fascistes ». La première lettre a été reçue le 9 février. p Vous êtes unique, vous êtes La nouvelle Eau de Toilette Lire page 10 Algérie 80 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,40 ¤, Cameroun 1 500 F CFA, Canada 3,95 $, Côte d’Ivoire 1 500 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 25 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,50 ¤, Gabon 1 500 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 650 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,00 ¤, Luxembourg 1,40 ¤, Malte 2,50 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 25 KRN, Pays-Bas 2,00 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 500 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 28 KRS, Suisse 2,90 FS, Tunisie 1,9 DT, Turquie 2,20 ¤, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 500 F CFA, 2 0123 Editorial Scandale.com Jeudi 5 mars 2009 L’actualité sur lemonde.fr L’interdiction de l’alcool en questions A nxiété des parents pour l’avenir de leurs enfants et peur de l’échec scolaire ont favorisé le développement d’un véritable marché du soutien aux élèves – depuis l’école jusqu’au baccalauréat – pour les aider à faire leurs devoirs à la maison. Ce « business » est de plus en plus florissant. On estime qu’un collégien ou lycéen sur six suit des cours particuliers, à la maison ou, de plus en plus, dans des entreprises de soutien scolaire, dont le chiffre d’affaires explose depuis une dizaine d’années. Au total, 40 millions d’heures de cours particuliers seraient ainsi dispensées, soit un marché annuel estimé entre 1 et 2 milliards d’euros. Nicolas Sarkozy avait d’ailleurs annoncé, durant sa campagne, des mesures vigoureuses pour développer le soutien scolaire : dès l’automne 2007, le ministre de l’éducation nationale, Xavier Darcos, fustigeait « les marchands de leçons particulières qui se nourrissent de l’angoisse des parents » et mettait en place de nouveaux dispositifs de soutien hors temps scolaire, assurés dans les établissements par les enseignants eux-mêmes. Plus d’un million d’élèves de collège bénéficient aujourd’hui de cette aide personnalisée. Cela rend encore plus ahurissante et scandaleuse l’initiative de deux jeunes diplômés d’écoles de commerce qui viennent de lancer sur le Net le site « Faismesdevoirs.com ». L’idée est simple comme un rêve : l’élève envoie le sujet de son problème de mathématiques, de sa dissertation de philosophie ou de son exposé d’histoire, et reçoit sous 24 à 72 heures un corrigé supposé impeccable, réalisé par des élèves de grandes écoles, voire des enseignants. Le business plan a été soigneusement pensé (pour les modes de paiement notamment), et la campagne de publicité est brillante, puisque l’indignation provoquée assure sa quasi-gratuité. Cet éditorial en témoigne. Mais au risque d’apparaître passablement ringards – ou ignorants des possibilités infinies qu’offre déjà Internet pour « copier-coller » les réponses à la plupart des sujets de cours –, disons simplement que « Faismesdevoirs.com » pousse le consumérisme scolaire très au-delà de l’acceptable. Non seulement en creusant un peu plus les inégalités sociales et financières devant l’école, mais en vidant l’éducation de son principe même : celui de l’apprentissage, de ses rigueurs et de ses satisfactions. On ose espérer qu’il ne se trouvera aucun enseignant pour cautionner cette arnaque intellectuelle. On espère, de même, que les pouvoirs publics ne resteront pas sans réaction. p Société éditrice du « Monde » SA Président du directoire, directeur de la publication : Eric Fottorino Vice-président, directeur général : David Guiraud Secrétaire général du directoire : Pierre-Yves Romain Directeur du « Monde » : Eric Fottorino Directeur adjoint : Laurent Greilsamer Editeur : Michel Sfeir Directeur de la rédaction : Alain Frachon Directeur adjoint de la rédaction : Jacques Buob Directeur éditorial : Gérard Courtois Rédacteurs en chef : Michel Kajman, Frédéric Lemaître, Franck Nouchi (« Le Monde 2 ») et Isabelle Talès Chef d’édition : Françoise Tovo Directeur artistique : Quintin Leeds ; Veille de l’information : Eric Azan ; Secrétaire général : Jean-Pierre Giovenco Médiatrice : Véronique Maurus Conseil de surveillance : Louis Schweitzer, président Jean-Pierre Tuquoi, vice-président Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994), Jean-Marie Colombani (1994-2007) Le Monde est édité par la Société éditrice du Monde SA Durée de la société : quatre-vingt-dix-neuf ans à compter du 15 décembre 2000. Capital social : 149 017 497 ¤. Actionnaire principal : Le Monde SA. Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13 Tél. : 01-57-28-20-00 ; télécopieur : 01-57-28-21-21 Courrier des lecteurs : par télécopie : 01-57-28-21-74 ; Par courrier électronique : [email protected] 0123 est édité par la Société Editrice du Monde (SA). La reproduction de tout article est interdite sans l’accord de l’administration. Commission paritaire des publications et agences de presse n° 0712 C 81975 ISSN 0395-2037 Imprimerie du Monde 12, rue Maurice-Gunsbourg 94852 Ivry cedex Président : David Guiraud Directrice générale : Bénédicte Half-Ottenwaelter PRINTED IN FRANCE 80, bd Auguste-Blanqui 75707 PARIS CEDEX 13 Tél : 01-57-28-39-00 - Fax : 01-57-28-39-26 Un autre débat en direct jeudi 5 mars, à partir de 11 heures, avec Philippe Batel, psychiatre alcoologue : « Interdiction de la vente d’alcool aux mineurs : une mesure efficace ? » Le projet de loi « Hôpital, patients, santé, territoire », en discussion à l’Assemblée, prévoit l’interdiction de la vente d’alcool aux mineurs de moins de 18 ans et dans les stationsservice. AFP Huchon défend sa région Lors d’un débat en direct, jeudi 5 mars, à partir de 16 heures, Jean-Paul Huchon, président du conseil régional d’Ile-de-France, répondra aux questions des internautes sur le thème « Réforme Balladur : quel avenir pour l’Ile-de-France ? », alors que les compétences de la région sont menacées par un « Grand Paris ». La carte d’Europe des OGM Quels pays ont demandé une clause de sauvegarde, quels produits sont autorisés, et où : la réponse se trouve dans l’infographie « Les restrictions à la production et la commercialisation d’OGM en Europe », qui recense également les plus gros producteurs d’OGM dans le monde. La toile d’Aubry Sur son blog « Puzzle socialiste », Jean-Michel Normand détaille, à travers la composition des listes pour les européennes, la nouvelle stratégie de la première secrétaire du PS. Car, « à mesure que sa majorité d’origine se morcelle, Martine Aubry tisse peu à peu sa propre toile et constitue son réseau personnel » au sein du parti, les alliés d’hier devenant des « aubrystes » militants. Jusqu’à toucher les partisans de Ségolène Royal. La lune de miel entre M. Sarkozy me et M Parisot tourne court F inie la lune de miel ! Jusque-là fort amèneenversle chefdel’Etat,Laurence Parisot, la présidente du Medef, a durci le ton. Et son organisation, en rechignant à signer l’accord sur les salaires en Guadeloupe, a compliqué la sortie de crise aux Antilles. C’est à la suite du sommet social du 18 février à l’Elysée, où elle ne fut pas à la fête, que Laurence Parisot a laissé paraître ses « inquiétudes » au sujet des dernières propositions de Nicolas Sarkozy. A l’en croire, les chefs d’entreprise avaient cru aux promesses d’allégements des contraintes du candidat de l’UMP à l’élection présidentielle. Ils s’inquiéteraient désormais de voir l’exécutif recréer, avec lacrise,de nouvelles« rigidités ». C’est ce que Mme Parisot a confié, dimanche 22 février, au « Grand Rendez-vous » Euro- Alors que la crise incite à innover, la présidente du Medef retrouve les accents du vieux patronat pe 1-Le Parisien, en réaffirmant avec fermetéqu’on neprotégerapasl’emploisanspréserver les entreprises. « La solution à tous les problèmes économiques passe par l’entreprise. La France ne gagnera pas sans l’entreprise », avait-elle déjà insisté le 5 février lors de l’assemblée générale du Medef. Quelaprésidente de la premièreorganisation patronale française se plaigne du niveau des prélèvements obligatoires, qu’elle veuille « sécuriser » les licenciements économiques, qu’elle soit hostile à l’interventionnisme de l’Etat, il n’y a là rien que de très banal. Le Medef, depuis sa création en 1998, et le CNPF, avant lui, n’ont jamais dit autre chose. Plus surprenants, en revanche, sont la tonalité de son intervention et le moment choisi pour réaffirmer le credo patronal. Ainsi, alors que la crise, par son caractère inédit, incite à innover, c’est avec les accents du vieux patronat qu’elle a fustigé Analyse Claire Guélaud Service Europe-France la possibilité donnée au comité d’entreprise d’émettre un avis consultatif en cas d’aide publique. « Le communiste Robert Hue n’aurait pas renié une telle initiative », pointe, incisif, son entourage. C’est « vraiment beaucoup, beaucoup de bureaucratie en plus », a-t-elle déploré. « La présidente du Medef s’en tient à la défense de l’entreprise patrimoniale au sens le plus étroit du terme. Elle est moins ouverte que ses propres troupes, regrette Marcel Grignard, secrétaire national de la CFDT. Nicolas Sarkozy et elle ont le même problème : le besoin de régulation actuel prend à contre-pied leur libéralisme. Mais le présidentdelaRépublique vaplus vitequ’elle dans la compréhension des enjeux politiques de la crise. » Pour Maryse Dumas, secrétaire de la CGT, « elle donne une image caricaturale du patronat. » Cette image est en total décalage avec la volonté de modernisation affichée par Mme Parisot. « Nous voulons construire un Medef différent, un Medef moderne », n’a de cesse de déclarer la dirigeante, qui a mis son sens de la communication, son style direct et son look juvénile au service de cet objectif. Mais la crise, dans laquelle les chefs d’entreprise se sentent parfois ravalés au rang de boucs émissaires, lui complique la tâche. « Nous nous battons comme jamais. Avec l’angoisse aux tripes comme jamais. Face à des défis d’une complexité inimaginable il y a encore un an. Et dans un brouillard d’une épaisseur inquiétante », témoignait-elle le 5 février. Comme présidente de l’IFOP, Mme Parisot sait que l’image des chefs d’entreprise – et en premier lieu des banquiers – a souffert depuis l’automne 2008. Comme dirigeanteduMedef,elletémoigne deleursdifficultés et doit les défendre. Dans un pays quia du mal avec ses patrons, cette défense asouventprisuntourcaricatural.Enl’assumant et s’en prenant à un exécutif qu’elle juge plus critique à l’égard des dirigeants économiquesdepuis lamobilisationsociale du 29 janvier, Mme Parisot espère ressouder ses troupes. Laurence Parisot veut refaire l’unité du Medef, éprouvée par les tensions entre banquiers et industriels, entre grandes et petites entreprises, entre donneurs d’ordres et sous-traitants, et y affirmer son autorité. D’autant que, depuis son élection en 2005, une partie du patronat de la métallurgie lui reste hostile. Mme Parisot a lavé en public son linge sale avec l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), dans la caisse de laquelle l’ancien président prélevait de l’argent liquide pour, disait-il, « fluidifier les relations sociales ». L’industrie lui sait gré d’avoir mis fin à ces turpitudes, mais a du mal à lui pardonner sa plainte pour diffamation contre Daniel Dewavrin, ancien président de l’UIMM, pour laquelle elle a été déboutée le 2 mars. Autre sujet de tensions, l’élaboration d’un code éthique, pourtant peu contraignant, lui a valu de solides inimitiés chez les grands patrons et dans les services. Enfin, elle entretient de mauvaises relations avec l’Union professionnelle artisanale (UPA) et la CGPME. Ce qui peut avoir joué dans la crise aux Antilles et accentue une certaine forme d’isolement. En quelques mois, Mme Parisot s’est séparée de plusieurs collaborateurs, dont certains, comme l’ancien directeur général Jacques Creyssel, avaient la mémoire de l’organisation. Son prédécesseur, Ernest-Antoine Seillière s’appuyait sur l’inventivité de Denis Kessler pour affiner sa vision de l’économique et du social. L’actuelle présidente du Medef n’a pas l’équivalent d’un Kessler pour penser l’aprèscrise. Ce sera un handicap si elle persiste dans sa volonté d’être candidate à sa propre succession en 2010. p Courriel : [email protected] Il y a 50 ans dans 0123 Un robot doué de facultés mentales LE DÉPARTEMENT d’anatomie de l’une des universités londoniennes vient de recevoir un don de 95 200 dollars destiné à la construction d’un étrange appareil reproduisant le système nerveux de la pieuvre. Il découle des observations minutieuses poursuivies par le professeur Young que cet animal est capable de reconnaître, de classer et de retenir tout ce qu’il voit d’une façon particulièrement remarquable. Cette possibilité de reconnaître les formes différentes dépend de deux groupes de neurones qui se réactivent constamment l’un l’autre. Si l’un de ces groupes est détruit, la pieuvre perd la mémoire des faits récents et ne peut plus apprendre de nouvelle classification que très lentement et très difficilement. Au contraire, la mémoire pour les formes connues de longue date reste intacte. Il semble donc que l’un des groupes de neurones constitue le « magasin de la mémoire » où sont conservés les souvenirs, tandis que l’autre est le « système d’inscription » par lequel sont apportés les éléments nouveaux. Les voies par lesquelles ces deux groupes entrent en connexion sont à présent connues avec précision : elles comprennent plusieurs réseaux de fibres nerveuses disposées de telle façon que chaque point d’un groupe neuronal puisse être connecté avec tous les points du groupe opposé. C’est pour vérifier cette disposition que va être construit le nouvel appareil robot, qui se composera de 4 000 unités identiques, chacune d’entre elles étant l’équipement électronique d’un neurone et de ses fibres de connexion. La conception de ces unités électroniques est telle qu’elles doivent se comporter strictement comme le neurone et, par conséquent, douer d’une mémoire réelle la machine dont elles font partie. p (5 mars 1959.) Chronique La vie, les gènes et la crise C ’est un petit plaisir sans cesse renouvelé pour l’habituée que je suis du tri « santé » des dépêches d’agence. Un peu partout dans le monde, des chercheurs croisent des critères, étudient des cohortes pour tenter de découvrir ce qui peut nuire à notre développement personnel, ce qui peut nous rendre malades ou accroître notre risque de mortalité. Leurs travaux sont publiés dans des revues scientifiques, et certai- Vie moderne Sandrine Blanchard nes font l’objet d’une dépêche. Tout ça est très sérieux, mais, mis bout à bout, parfois franchement drôle. Voici un petit florilège de ces deux dernières semaines. Combien faisiez-vous de gestes quand vous étiez bébé pour tenter de communiquer avec les adultes ? Vos parents vous disaient-ils : « Oui, c’est une poupée » quand vous leur montriez avec vos petits doigts une poupée ? Eh bien, sachez que, à l’âge de 14 mois, plus l’éventail de gestes est large, plus l’enfant dispose d’un vocabulaire élargi à 4 ans et demi, et plus il a de chances de réussir à l’école. Ce sont deux psychologues de l’université de Chicago qui l’assurent, dans une étude publiée par Science. Et c’est très précis : les bébés de 14 mois des familles Ces enfants seront-ils des optimistes ou des pessimistes ? aisées utilisent 24 gestes différents pour s’exprimer contre 13 chez les bébés des milieux défavorisés. Plus tard, si ces enfants restent vautrés plus de deux heures par jour devant la télé, ils présenteront davantage de risque de faire… de l’asthme ! Ce sont des médecins britanniques qui ont eu l’idée de croiser usage du petit écran et maladie respiratoire, nous apprend la revue Thorax. A l’âge adulte, ces enfants seront-ils des optimistes ou des pessimistes ? Cela dépendra de la variante de leur gène 5-HTTLPR. Ceux qui ont des allèles (versions particulières d’un gène) longs réagiront mieux au stress de la vie, tandis que ceux qui ont des allèles courts seront plus vulnérables à l’anxiété. Selon les chercheurs britanniques qui ont projeté une série d’images à 97 personnes pour aboutir à ce résultat – et dont les travaux ont été publiés dans la revue Proceedings of the Royal Society B –, cette variation génétique pourrait expliquer les différences de regard sur la vie. Mais c’est la crise, et les gènes ne peuvent rien y faire. Plus d’un quart des Américains dorment mal à cause de la crise économique, constate la Fondation nationale du sommeil. L’étude, qui porte sur 1 000 adultes, certifie qu’un quart d’entre eux peinent à s’endormir parce qu’ils sont inquiets de leur situation financière (16 %), de l’économie de leur pays (15 %), du chômage (10 %) et des dépenses de santé (8 %). Il ne faudrait pas qu’arrivés à l’âge de la retraite ils se mettent à somnoler pour récupérer le sommeil perdu. Car une étude française parue dans la revue Stroke de l’American Heart Association nous indique que les personnes âgées de 65 ans et plus qui ont des épisodes de somnolence excessive pendant la journée ont un risque de mortalité augmenté de 33 %. Et je ne vous parle même pas des personnes en surpoids qui fument dix cigarettes par jour… Vivre tue. p Courriel : [email protected] Page trois 0123 Jeudi 5 mars 2009 Les marins du golfe de Gascogne ont vu disparaître leur ressource principale, victime de la surpêche. Et les réserves tardent à se reconstituer Les orphelins de l’anchois La Turballe (Loire-Atlantique) Envoyée spéciale L es marins ne sont pas de grands bavards, en particulier quand les temps sont durs. Une tablée de matelots installée au bar La Marine, sur les quais du port de La Turballe, préfère s’éparpiller subitement plutôt que de raconter ce que tous ici appellent « la crise », sans éprouver le besoin de préciser laquelle. La pêche à l’anchois du golfe de Gascogne est fermée depuis 2005. Auparavant, elle fut miraculeuse pour le petit port. Les anciens se souviennent des « belles années », entre 1980 etledébutdes années2000, quandon pouvait pêcher « 10 tonnes en cinq minutes », payéesà bonprixparlesconserveries espagnoles. Les matelots ramenaient – selon les sources – entre 3 000 et 5 000 euros par mois, pour cinq jours par semaine en mer. C’était un métier risqué, mais « l’économie marchait bien, on n’était pas malheu- « Nous ne voyons pas le stock repartir, et nous n’arrivons pas à expliquer pourquoi » Pierre Petitgas Chercheur en biologie marine reux », disent ceux qui ont connu l’âge d’or. L’anchois représentait 70 % du chiffre d’affaires du port, autrefois au premier rang français pour le poisson bleu (anchois, maquereau, sardine). Il ne reste aujourd’hui qu’une vingtaine d’anchoyeurs : la moitié des bateaux, avec leurs équipages, a disparu. Saint-GillesCroix-de-Vie (Vendée), deuxième port français pour l’anchois, fait le même bilan. Certains tentent de se reconvertir. Mais ce n’est pas simple de changer de métier ni d’obtenir des droits de pêche pour d’autres espèces, répartis en fonction de l’antériorité. Tous sont attentifs aux résultats des campagnes de mesures effectuées chaque année par l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer). Si la quantité d’anchois évaluée au printemps dans le golfe dépasse les 33 000 tonnes, la pêche rouvrira. Mais sous l’eau quelque chose semble s’être détraqué. Dans leurs bureaux de Nantes, les chercheurs de l’Ifremer reconnaissent leurslimites. « Les modèles que nous avions construits ne fonctionnent plus, explique Pierre Petitgas, chercheur en biologique marine. Nous ne voyons pas le stock repartir, et nous n’arrivons pas à expliquer pourquoi pour l’instant, nous y travaillons. » Il y a toujours eu de bonnes et de mauvaises années. « La survie de l’anchois dépend fortement de l’environnement : la Argent B o u r s e I m m o b i l i e r Manifestation à Saint-Gilles-Croix-de-Vie (Vendée), en 2007, pour le maintien de la pêche à l’anchois. DANIEL STAQUET/FEDEPHOTO température, la nourriture disponible, la présence d’espèces compétitrices », poursuit le chercheur. Mais les scientifiques n’avaient jamais connu autant d’années catastrophiques d’affilée. Alors que le stock moyen s’élève à 80 000 tonnes, en 2004 il a chuté à 35 000 tonnes, puis à 15 000 en 2005. Scientifiques et pêcheurs tablaient sur une amélioration en 2008 et une réouverture de la pêche en décembre. Mais le niveau reste trop bas. A ce stade, les scientifiques parlent d’effondrement. Le réchauffement climatique est-il en cause ? Les spécialistes en doutent. Une hausse de la température de l’eau n’est a priori pas défavorable à ce poisson. « Les pêcheurs disent qu’ils en voient de plus en plus en Manche, mais on les voit mieux parce qu’on les cherche, commente Jacques Massé, le responsable des campagnes de mesures de l’Ifremer. Peut-être qu’ils peuvent se développer plus au nord aujourd’hui, mais cela n’explique pas la situation dans le golfe. » E p a r g n e A s s u r a n c e Reste la pêche. Le sujet étant très sensible, les scientifiques pèsent leurs mots. « Elle a forcément un impact, l’homme est l’un des prédateurs de ces poissons, avancent-ils. Elle peut être à l’origine d’une chute des stocks, mais pas toujours. Dans le cas de l’anchois, la pêche n’est pas responsable quand de mauvaises conditions naturelles produisent un stock faible. Mais si elle se poursuit dans de telles conditions, elle devient un facteur très aggravant. » Les politiques, de leur côté, n’ont rien vu ou voulu voir venir. Dès 2002, les scientifiques avaient donné l’alerte et recommandé la fermeture de certaines zones de pêche. Avis non suivi lors des négociations annuelles de Bruxelles, où l’enjeu pour chaque ministre est d’arracher les plus gros quotas pour « ses » pêcheurs. L’anchois a été maintenu à 33 000 tonnes. Un quota « politique », disent beaucoup, garant de la paix sociale dans les ports, et de la concorde entre la France et l’Espagne, qui se partagent cette manne. vorables. » « Crier n’a pas abouti, explique Ludovic Le Roux, anchoyeur à La Turballe et président de la commission anchois du Comité national des pêches. Aujourd’hui, on discute avec les scientifiques. » Certains pêcheurs disent, du bout des lèvres, qu’ils ont peut-être « trop pêché ». Aujourd’hui, un petit quota leur suffirait. Il leur permettrait de préserver leur filière, avant que les anchois de Méditerranée ou du Pérou ne prennent leur marché. Mais des prélèvements, même limités, risqueraient de compromettre définitivement les chances de survie de l’espèce dans le golfe de Cascogne. Même si la pêche reste fermée, les scientifiques n’osent formuler aucun pronostic. Les autres exemples d’effondrement – le cabillaud au Canada, l’anchois au Pérou, la sardine en Californie ou en Namibie – n’incitent pas à l’optimisme. Dans le meilleur des cas, les espèces concernées ont mis plusieurs décennies à recoloniser leur ancien territoire. p Gaëlle Dupont I m p ô t s a Numéro spécial immobilier : • Les gagnants et les perdants de la crise • Comment financer une acquisition ? • Les nouveautés de l’investissement locatif • Rendre sa maison « écolo » Dans les ports concernés, il y a eu des grèves, des marches silencieuses. Certains rugissent toujours contre les politiques et les scientifiques « incapables », contre les Espagnols soupçonnés d’attendre la mort de la pêche française, ou contre Bruxelles accusé de vouloir réduire leur métier à du « folklore ». Toute la pêche se sent prise dans le même étau. Pendant des décennies, les subventions européennes ont encouragé le développement des flottes – et des surcapacités de pêche. Aujourd’hui, c’est la casse des navires qui est subventionnée, à mesure que les ressources halieutiques faiblissent. Mais à la colère des débuts succède la conscience que les temps changent. Pêcheurs et scientifiques mènent désormais conjointement les campagnes de mesures. « Pour nous, c’est formidable, commentent les chercheurs de l’Ifremer. Leur présence rend nos résultats moins discutables pour les professionnels qui les contestaientsouvent lorsqu’ilsétaient défa- a Marché de l’art : Le grand retour du dessin a Grands prix Eurofonds : « Le Monde Argent » récompense les meilleurs fonds et gestionnaires européens 4 Planète 0123 Jeudi 5 mars 2009 La France compte toujours 647 sites industriels à haut risque Sept ans après l’explosion d’AZF, associations et syndicats déplorent un assouplissement des règles L a sécurité des 1 204 installations industrielles à risque s’est-elle dégradée, plus de sept ans après la catastrophe d’AZF ? On pourrait le croire, après le coup d’éclat des associations environnementales, mardi 3 mars : elles ont boycotté la réunion du Conseil supérieur des installations classées, dénonçant une réforme assouplissant le régime d’autorisation de ces installations. « La réforme en cours, qui a été avalisée par le plan de relance, est inacceptable, affirme Marc Sénant, expert du risque industriel chez France Nature Environnement (FNE). Elle supprime dans un grand nombre de cas les enquêtes publiques et les études d’impact ou de danger. » Les associations dénoncent aussi le retard de réalisation des plans de prévention des risques technologiques (PPRT) : seulement cinq de ces plans ont été adoptés, bien que 421 étaient censés l’être avant juillet 2008 ! Cette polémique se produit alors qu’au procès de l’explosion de l’usine AZF, qui s’est ouvert le 23 février, les témoins ont com- mencé à raconter les instants qui ont suivi la catastrophe. Le 21 septembre 2001, celle-ci avait fait 31 morts et des milliers de blessés. Pour lesassociations environnementales, les leçons d’AZF n’ont pas été tirées : « En 2003, une loi, dite Bachelot, a été adoptée, dit Marc Sénant. Sur le papier, elle représentait un vrai progrès en matière de prévention des risques technologiques. Sauf que, pour l’essentiel, elle est restée sur le papier. » Seulement cinq plans de prévention ont été adoptés, bien que 421 étaient censés l’être avant juillet 2008 Le cas des PPRT est exemplaire : la loi prévoyait que les installations les plus dangereuses, dites « Seveso seuil haut », en référence à la directive européenne sur les usines à risque, devaient mettre au point ces plans, comprenant les Le 10 juillet 1976, un nuage de dioxines sur Seveso Bien malgré elle, la commune italienne de Seveso, située dans la région de Milan, a donné son nom à un terme générique, qualifiant les sites de production à risque et les textes les concernant. Le 10 juillet 1976, un réacteur explosait à l’usine chimique Icmesa, sur la commune lombarde de Meda. Un nuage se formait, poussé par le vent vers quatre villes voisines, dont Seveso. L’usine ne sera fermée que huit jours plus tard, après que plusieurs morts d’animaux et quelques intoxications ont été constatées. Le nuage était chargé en dioxines. Environ 70 000 têtes de bétail durent être abattues, mais aucun décès humain ne fut à déplorer. Des troubles endocriniens ont cependant été relevés des années plus tard chez des enfants de mères ayant vécu dans la zone contaminée. scénarios d’accident, les mesures de prévention, les aménagements urbanistiquesnécessaires – et pouvant aller jusqu’à l’expropriation des riverains les plus exposés. « C’est que la démarche est très complexe, se défend-on au service des risques technologiques du ministère de l’écologie. On s’est rendu compte qu’il fallait mettre au point une nouvelle méthodologie, examiner une foule de détails, et élaborer des référentiels communs pour des installations comparables. Tout cela a pris beaucoup plus de temps que prévu. On n’en est sorti que depuis environ un an. » En janvier, le ministre JeanLouis Borloo a écrit aux préfets pour leur demander d’accélérer ces PPRT, avec pour objectif d’en avoir adopté environ 300 fin 2010. Mais il faudra aussi passer à la caisse : le coût global de ces plans devrait atteindre 3 milliards d’euros. Dont une partie servira à financer les expropriations des riverains, la dépense étant partagée entre l’Etat, les industriels et les collectivités locales. Dans d’autres cas, les PPRT imposeront des mesures de précaution chez des riverains plus éloignés (renforcement des cadres de fenêtre, par exemple), ces frais restant à la charge de ceux-ci. Les associations dénoncent aussi l’effectif insuffisant d’inspecteurs des installations classées : ils ne seront que 1 210 fin 2009, alors que toutes les parties s’accordent pour reconnaître qu’il en faudrait au moins 1 500. Mais c’est sur une autre réforme que se focalise le courroux des écologistes : le changement du régime d’autorisation concernant 1 204 établissements classés Seveso, dont 647 à haut risque NOMBRE DE SITES SEVESO EN 2006 62 (maximum) 12 (moyenne) 0 (minimum) pas de site Etablissements à risque à haut risque Densité de population en 2005 (hab/km2) 130 à 21 000 80 à 130 60 à 80 moins de 60 Guadeloupe Martinique Guyane Réunion Source : Meeddat (ministère de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de l'aménagement du territoire), 2008 les installations classées. Si 1 204 sites industriels sont considérés comme potentiellement dangereux, on compte environ 51 000 usines, carrières, décharges ou gros entrepôts présentant un risque bien moindre, mais qui requièrent une autorisation préfectorale. Par ailleurs, environ 450 000 installations sont simplement soumises à déclaration. Unesimplification des procédures a été votée dans le cadre du plan de relance : « Il s’agit, pour environ 10 000 installations parmi les 51 000, de remplacer des études au cas par cas par la vérification que la réglementation est bien respectée, explique-t-on au ministère. Par exemple, les entrepôts suivent des normes assez standardisées, et il n’est pas vraiment utile de suivre pour chacun une procédure détaillée, avec enquête publique. » L’argument ne convainc pas les écologistes : pour Gilles Huet, de l’association Eaux et rivières de Bretagne, « nous ne pouvons accepter un tel recul de la concertation, de l’information et de l’évaluation des risques sanitaires et environnementaux ». La gestion du risque industriel n’est donc toujours pas consensuelle. Le nombre d’accidents semble pourtant assez stable : la base de données Aria, tenue par le ministère de l’écologie, recense 1 216 événements en 2007, dont une quinzaine ont entraîné des morts. Mais ce dernier chiffre est reparti à la hausse depuis 2005, quand dix décès avaient été recensés. Une dégradation n’est donc pas à exclure. L’évolution des conditions de travail peut également jouer un rôle, comme le soulignent les syn- dicats : « La sécurité est très liée à la compression des effectifs, au recours à la sous-traitance, au stress », assure Jean-Noël Colas, de la Fédération CGT de la chimie. « La question du risque est souvent abordée du strict point de vue technologique, alors qu’il faut aussi analyser l’organisation du travail au quotidien, confirme Raphaël Thaller, du cabinet d’expertise Cidecos. On a, par exemple, assisté à une montée régulière de la sous-traitance dans l’industrie chimique, ce qui génère des risques spécifiques. Et il est clair que les conditions de travail se sont dégradées dans les années récentes. » De l’utilité des procès : prévu pour durer quatre mois, celui d’AZF devrait relancer le débat sur la prévention des risques industriels et technologiques. p Hervé Kempf A Décines, les cuves de l’usine pharmaceutique sont placées sous haute surveillance Reportage Décines (Rhône) Correspondance Avant d’accéder aux installations classées « Seveso seuil haut » (soit à haut risque) de l’usine GifrerBarbezat, installée à Décines, dans le Rhône, il faut pointer au poste de sécurité, puis longer une allée d’arbres centenaires. On y croise des essences rares, une maisonnette de gardien et son poulailler, ainsi que des demeures bourgeoises reconverties en locaux administratifs. Si le site, bâti en 1907, ne recelait pas au fond de son parc de seize hectares un lieu de stockage de liquides inflammables, il se prêterait volontiers à la flânerie. Mais à l’écart des entrepôts de fabrication et de conditionnement de produits pharmaceutiques, huit cuves d’éther et d’alcool éthylique sont surveillées de très près. Principal risque : une fuite, et le dégagement de vapeurs explosives. La zone est très sensible. Une barrière empêche son accès aux personnes non autorisées. Depuis la catastrophe d’AZF, en 2001, la sécurité y a été considérablement renforcée. « On a doublé les parois des cuves et intégré des capteurs pour déceler le moindre incident. Des systèmes d’extinction de feu ont aussi complété le dispositif », explique Ivan Breuillot, le responsable de la sécurité. Alarmes et portables A quelques mètres des cuves, des cliquetis réguliers se font entendre. Ils proviennent de détecteurs infrarouges qui balaient la zone. Sensibles à la formation au sol de poches gazeuses, « ils sont reliés à des alarmes et à des portables », poursuit Ivan Breuillot. « En cas de fuite, cela coupe toutes les énergies électri- ques pour éviter une source d’inflammation. » Depuis le drame de Toulouse, l’usine rhodanienne a vu la réglementation se durcir et tout un arsenal préventif se constituer : arrivée de nouvelles signalétiques, création à la direction régionale de l’industrie, de la recherche et de l’environnement (Drire) d’un pôle d’inspecteurs dédiés, fiabilisation des équipements de sécurité, études de danger plus étoffées… « Désormais, on examine toutes les probabilités et toutes les gravités afin d’analyser la sécurité et d’identifier les améliorations possi- bles », explique Pierre Beauchaud, responsable du pôle risque accidentel à la Drire Rhône-Alpes. A Décines, l’application de ces protocoles passe notamment par la formation des 230 salariés et la simulation de plans d’urgence et de cellule de crise. La dernière étude de danger remonte à 2008. Selon les experts, un « incident majeur » sur le site n’aurait pas d’« impact » sur les populations environnantes. « Les dégâts se limiteraient à l’enceinte de l’entreprise », assure Ivan Breuillot. A proximité des installations, se trouvent un collège, un terrain de Face à la sécheresse, l’état d’urgence est décrété en Californie La crise est « aussi sévère qu’un tremblement de terre ou des incendies violents », assure le gouverneur Schwarzenegger Los Angeles Correspondance P our répondre au manque d’eau, Arnold Schwarzenegger, le gouverneur de Californie, a décrété l’état d’urgence dans tout l’Etat, vendredi 27 février. « C’est une crise aussi sévère qu’un tremblement de terre ou des incendies violents, et nous devons réagir avec la même urgence », a-t-il déclaré, poursuivant : « La Californie subit sa troisième année consécutive de sécheresse, et nous devons nous préparer au pire – une quatrième, une cinquième ou même une sixième année. » Il a pourtant beaucoup plu en février, la couche de neige du mas- sifde la Sierra Nevada s’est épaissie, et les météorologistes prévoient d’autres précipitations avant la fin de la saison des pluies. Mais les autorités ont préféré « se préparer au pire, en espérant le meilleur », explique Lester Snow, directeur de l’Agence californienne des ressources en eau, où l’on estime que les réserves ne retrouveront pas leur niveau normal cette année. A l’heure actuelle, les réservoirs et les grands lacs sont descendus à leurs plus bas niveaux historiques, provoquant une baisse de la production d’électricité. Celle-ci a pu atteindre 62 % dans le cas du lac Oroville, au nord de Sacramento, entre le 1er octobre et le 31 janvier. La sécheresse a aussi des consé- quences graves pour les exploitations agricoles, qui fournissent la moitié des fruits et légumes consommés par les Américains. Réduire la consommation En juin 2008, Arnold Schwarzenegger avait déjà proclamé l’état d’urgence dans plusieurs comtés agricoles sinistrés par l’insuffisance d’irrigation. En créant une sorte de « banque d’eau pour temps de sécheresse », sa directive facilite les transferts du bassin de Sacramento, au nord de la Californie, vers les régions agricoles de la Vallée centrale ou les zones urbaines du sud, qui ont besoin d’eau.Le texte prévoit également une simplification des procédures d’obtention de permis pour les usines de recyclage des eaux usées et les installations de dessalement. Pour le moment, le gouverneur incite simplement tous les Californiens à réduire de 20 % leur consommation en eau, à commencer par les agences gouvernementales, qui montreront l’exemple en réduisant l’arrosage des plantations aux bords des routes et autoroutes, par exemple. Mais il envisage des mesures de rationnement si les conclusions d’un rapport sur la crise de l’eau, qui doit lui être remis le 30 mars, l’imposent. Certaines municipalités contrôlent la consommation d’eau de leursrésidents.La ville deLosAngelesaainsidéterminésixniveaux de restrictions, et en est actuellement au premier, qui instaure des mesures légères (l’arrosage est interdit entre 9 heures et 16 heures, les restaurants ne fournissent un verre d’eau qu’à la demande du client…). Mais le maire, Antonio Villaraigosa, prévoyant un été dangereusement sec, recommande un passage auniveau3,qui réserveraitl’arrosage à deux jours de la semaine. La compagnie locale des eaux pratique déjà un plan tarifaire pénalisant les utilisateurs dont la consommation dépasse un certain seuil, et envisage d’adopter des tarifs encore plus dissuasifs, dans le but d’encourager les Angelenos à économiser l’eau. p Claudine Mulard football et une ligne de tramway. Depuis AZF, les riverains d’installations Seveso sont sensibilisés aux risques industriels au travers de Comités locaux d’information et de concertation (Clic) ou de plans communaux de sauvegarde. Une campagne de prévention a d’ailleurs été menée en novembre sur la commune. « Il n’y a pas d’inquiétude particulière, relève Jean-Luc Arnaud, directeur des services techniques à la mairie de Décines. On a distribué des plaquettes présentant l’entreprise et les procédures à accomplir en cas d’incident. » p Arnaud Guiguitant Santé Les plus de 50 ans sont aussi touchés par le virus du sida Le nombre de personnes âgées de plus de 50 ans atteintes du VIH, le virus responsable du sida, est « étonnamment élevé », selon une étude publiée, début mars, par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Aux Etats-Unis, la proportion de personnes de plus 50 ans dans la population de séropositifs est passée de 20 à 25 % entre 2003 et 2006. En Europe, cette proportion est de 8 %. Les plus de 50 ans n’étant pas considérés comme une catégorie à risque, les informations manquent sur ce phénomène. Or « plus une personne est âgée, plus vite l’infection au VIH donne lieu au développement du sida », selon l’étude. Les auteurs relèvent que les personnes plus âgées sont « moins enclines que les jeunes générations à avoir des rapports protégés ». – (AFP.) International 5 0123 Jeudi 5 mars 2009 L’instabilité du Pakistan sape les plans américains Les prémices d’une nouvelle crise politique intérieure se dessinent après l’attaque terroriste de Lahore Au-delà des spéculations – les théoriciens du complot au Pakistan vont jusqu’à mettre en cause l’Inde – la réaction la plus significative est venue de Washington. « Nous sommes profondément inquiets », a déclaré le président américain Barack Obama. Si le commentaire paraît convenu, il doit être entendu comme tel. L’Amérique de M. Obama est réellement « profondément inquiète » de ce que le Pakistan instable, structurellement volatile, incurablement convulsif, sape la stratégie antiterrroriste de la Maison Blanche dans cette région identifiée comme le véritable berceau Une démocratie fragile 27 décembre 2007 Assassinat de l’ex-premier ministre Benazir Bhutto à Rawalpindi. 18 février 2008 Victoire du PPP, parti du clan Bhutto, aux élections législatives. 18 Août Démission du général Pervez Musharraf de la présidence de la République. 9 septembre Election à la tête de l’Etat par le Parlement d’Asif Ali Zardari, veuf de Mme Bhutto. 25 février 2009 Jugement de la Cour suprême écartant Nawaz Sharif, chef de l’opposition. du djihadisme international. M. Obama avait étrenné son mandat en prônant une approche intégrée de l’Afghanistan et du Pakistan – désormais regroupés sous le label « Af-Pak » – puisqu’il était établi que les insurgés talibans se moquaient de la frontière entre les deux pays. La nomination du diplomate Richard Holbrooke comme représentant spécial « AfPak » a donné un visage à cette nouvelle stratégie. Or le pari de stabiliser l’Afghanistan par le Pakistan commence sous de fort mauvais auspices. Le dernier attentat de Lahore n’est qu’un symptôme. Il illustre un mal qui se nourrit autant de connexions internationales que de l’incurie du système politique pakistanais. Washington a bien des raisons de s’« inquiéter » de la tournure que prend, à Islamabad, la présidence d’Asif Ali Zardari, le veuf de Benazir Bhutto (assassinée fin 2007) qui dirige depuis six mois le seul Etat nucléaire du monde musulman. Le Parti du peuple pakistanais (PPP) du clan Bhutto a pris les commandes du Pakistan en 2008 dans le sillage d’une lame de fond populaire aspirant à clore les neuf années de pouvoir autocratique du général Pervez Musharraf. Bien des doutes planaient sur l’intégritémorale de M.Zardari, jadis impliqué dans des affaires de corruption, mais les esprits optimistes ne manquaient pas pour célébrer une ère nouvelle, en rupture avec les OUZB. TURKM. Lahore PAKISTAN 300 km errements du passé. C’est ce climat qui vient de changer. Comme si le Pakistan renouait avec ses vieux démons. Comme s’il rechutait dans l’atavisme des affrontements politiciens stériles qui avaient jadis conforté le militarisme au sommet de l’Etat et dopé l’islamisme à la base de la société, ces deux recours à une introuvable démocratie. Ainsi l’arrêt du 25 février de la Coursuprême frappant d’inéligibilité Nawaz Sharif et son frère Shabaz, les deux chefs de la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N), principal parti d’opposition, est-il en train de replonger le Pakistan dans une crise qui évoque irrésistiblement le chaos politique qu’avait dû affronter l’ex-président Musharraf à la veille de sa disgrâce. Le PPP et le PML-N avaient jadis fait cause commune contre la « dictature militaire ». Ils s’étaient ensuite séparés après l’arrivée au pouvoir du PPP, Nawaz Sharif incarnant l’opposition mais sur un mode discret et modéré. Un consensus tacite unissait les deux formations autour d’un partage du pouvoir : le PPP administrait le pays à Islamabad tandis que la PML-N régnait sur le Penjab, la province la plus influente du pays. Cet équilibre vient d’être rompu. Evincé du pouvoir dans le Penjab, dont le chef-lieu est Lahore, la PML-N descend désormais dans la rue orchestrer l’agitation contre le président Zardari. Un air de déjà vu ? Nawaz Sharif veut réactiver le mouvement populaire qui avait mis à bas le général Musharraf. Il dispose à cette fin d’un levier qui a déjà prouvé toute son efficacité : le mouvement des avocats. Les « robes noires » du Pakistan n’ont en effet pas désarmé. Après avoir été le fer de lance des groupes de la société civile qui s’étaient dressés contre le pouvoir militaire en 2007, les avocats s’étaient estimés trahis par M. Zardariqui avait refusé de réinstituer dans ses fonctions le juge Le pari américain de stabiliser l’Afghanistan par le Pakistan commence sous de fort mauvais auspices Iftikhar Chaudhry, l’ex-président de la Cour suprême limogé par le général Musharaf. Ils n’ont cessé de maintenir la pression, exigeant sans relâche la réhabilitation du juge Chaudhry, mais l’absence de relais politique avait quelque peu essoufflé leur combat. Maintenant que la PML-N annonce qu’elle se joindra à leurs rassemblements, la donne change radicalement. Une grande manifestation est prévue pour le 16 mars à Islamabad. Cette évolution peut également être lourde de conséquences pour l’efficacité de la lutte antiterroriste au Pakistan que les Américains promeuvent avec insistance. « Pour mener efficacement la lutte contre le terrorisme, décode à Islamabad l’analyste Ershad Mahmud, il faut impérativement que le PPP et la PML-N soient partie prenante du système. Il faut que les deux partis soient à bord. Or avec les affrontements politiques qui s’annoncent, qui aura le temps et l’énergie de se consacrer à ce combat antiterroriste ? » « Nous ne négocierons pas avec les extrémistes talibans », a déclaré, pour sa part, M. Zardari dans le Wall Street Journal du 4 mars. Mais aura-t-il le « temps » et l’« énergie » de les combattre efficacement ? p Frédéric Bobin n Sur lemonde. fr La vidéo « L’équipe de cricket du Sri Lanka attaquée au Pakistan ». AUGMENTATION DE CAPITAL DE SAINT-GOBAIN Investissez dans le Groupe Saint-Gobain ment sur le plan militaire ». Selon lui, l’action des représentants spéciaux devrait permettre d’harmoniser l’engagement des forces armées mais également de coordonner les très nombreuses actions civiles entreprises par la communauté internationale en Afghanistan. « Gagner la population » « Quand les Américains sont partis pour l’Irak, après la chute des talibans en Afghanistan, explique-t-il, ils n’ont laissé que 7 000 hommes dans ce pays. La sécurité a été sous-traitée à des chefs de guerre plus ou moins mafieux et le système sécuritaire s’est dégradé alors que les talibans reconstituaient leur force dans les zones tribales pakistanaises. » Résultat, selon lui, un cafouillage d’organisations internationales qui s’engagent sans concertation, et des ministres afghans qui ignorent nombre de réalisations effectuées dans leur secteur. « C’est la cacophonie au sein même des pays étrangers présents en Afghanistan, ajoute-t-il. Les secteurs militaire, civil, agricole ou de la santé étant déconnectés alors que le cœur de cette guerre insurrectionnelle c’est la réunion de toutes ces approches qui permettra de gagner l’adhésion de la population afghane. » Pour M. Lellouche, la France et ses alliés mènent bien « une guerre » en Afghanistan et non une « opération de police internationale », comme l’avait indiqué, à l’automne 2008, le ministre de la défense, Hervé Morin. « La preuve, assure le représentant spécial, la France dépense près de 200 millions d’euros par an pour son armée dans ce pays », alors qu’elle ne verse que 11 millions d’euros pour l’aide civile. « La partie n’est pas perdue, dit-il, les études montrent que, s’il y a un problème d’adhésion au gouvernement du président Karzaï, la population ne souhaite pas pour autant le retour au pouvoir des talibans. »p Jacques Follorou INDE Souscrivez à l’augmentation de capital qui vous est proposée à titre préférentiel DU 23 FÉVRIER AU 6 MARS 2009 1 action détenue* = 1 bon de souscription d’action (BSA)** 2 actions nouvelles 43,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour 7 BSA Prix de souscription 14 euros pour une nouvelle action POUR EN SAVOIR PLUS, contactez le 0800 156 157 (appel gratuit depuis un fixe) ou votre intermédiaire financier ou connectez-vous sur www.saint-gobain.com Saint-Gobain, riche d’une histoire de plus de 300 ans, est leader mondial sur les marchés de l’habitat. Le Groupe produit et distribue des matériaux destinés à rendre les bâtiments plus économes en énergie. Partout dans le monde, les gouvernements ont placé l’habitat et les économies d’énergie au cœur de leurs politiques. Présent dans 59 pays, Saint-Gobain est idéalement placé pour bénéficier de cette croissance verte. Photos : Saint-Gobain LE DÉPUTÉ de Paris (UMP) Pierre Lellouche a découvert, mardi 3 mars, ses locaux de représentant spécial de la France pour l’Afghanistan et le Pakistan au ministère des affaires étrangères. Alors que les bureaux de ses collaborateurs étaient encore vides et qu’une odeur de peinture fraîche imprègne les couloirs, M. Lellouche a accordé au Monde son premier entretien. Son cadre de travail a été défini par le chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy, dans une lettre de mission qui précise qu’il doit « renforcer le rôle de la France dans la définition et la mise en œuvre de l’engagement international ». Il disposera des moyens des ministères concernés par le dossier afghan tels que les affaires étrangères, la défense, l’économie ou l’intérieur. Enfin, il consultera les autorités pakistanaises et participera à des discussions avec les alliés, en particulier avec ses homologues, les représentants spéciaux américain, Richard Holbrooke, britannique, Sherard Cowper-Coles, et allemand, Bernd Mützelburg. Ce qui peut présager l’ébauche d’un futur groupe de contact. « Il est normal que nous soyons à même de copiloter la stratégie internationale en Afghanistan. Il ne faut pas retomber dans les dérives de l’unilatéralisme américain de la précédente administration Bush qui a provoqué une profonde cassure entre les Etats-Unis et ses alliés au sein de l’OTAN », assure M. Lellouche qui ajoute : « on va tester le dialogue proposé par le nouveau président Obama. Souhaitons que cela marche, l’enjeu est trop grave, il faut que ce pays retrouve la stabilité. Nous ne resterons pas indéfiniment en Afghanistan ». Alors rapporteur de la mission parlementaire française sur l’Afghanistan, Pierre Lellouche avait déclaré, mi-septembre 2008, qu’il existait, sur le terrain, « un problème de commande- CHINE Karachi M. Lellouche veut renforcer le rôle de la France à Kaboul Rencontre TADJ. AFGHANISTAN Islamabad IRAN aaa Suite de la première page Fort d’une structure financière solide, notre ambition est d’être toujours plus innovant pour inventer les matériaux de la maison du futur. Afin de poursuivre son développement et de renforcer sa flexibilité financière, Saint-Gobain propose une augmentation de capital – à bons de souscription d’actions – de 1,5 milliard d’euros pour associer en priorité ses actionnaires à son développement. Un prospectus ayant reçu de l’Autorité des marchés financiers (« AMF ») le visa n° 09-042 en date du 19 février 2009 est disponible sans frais au siège social de Saint-Gobain, auprès des chefs de file teneurs de livre associés ainsi que sur les sites Internet de Saint-Gobain (« www.saint-gobain.com ») et de l’AMF (www.amf-france.org). Ce prospectus est composé du document de référence déposé auprès de l’AMF le 8 avril 2008 sous le numéro D.08-0214, de l’actualisation de ce document de référence déposée auprès de l’AMF le 19 février 2009 sous le numéro D.08-0214-A01 et d’une note d’opération (incluant le résumé du prospectus). Saint-Gobain attire l’attention du public sur les sections relatives aux facteurs de risque figurant dans le prospectus visé par l’AMF. *20 février 2009 - ** les BSA peuvent être également cédés sur le marché pendant la période indiquée. STGo_LEMONDE_190x260_Q.indd 1 24/02/09 13:17:40 6 International 0123 Jeudi 5 mars 2009 Washington veut Le Kremlin s’acharne contre l’ancien relancer le dialogue patron du groupe pétrolier Ioukos Le second procès Khodorkovski s’est ouvert mardi 3 mars, à Moscou. L’homme d’affaires, accuavec Moscou sé de « détournement de fonds et blanchiment », risque 21 années de prison supplémentaires La secrétaire d’Etat américaine doit rencontrer vendredi, à Genève, son homologue russe aaa Suite de la première page « Ce que j’ai dit, c’est que, dans la mesure où nous réduisons la détermination de l’Iran à posséder des armes nucléaires, cela diminue aussi la pression ou la nécessité d’avoir un système de défense antimissile », a expliqué Barack Obama. Le président russe Dmitri Medvedev, en visite à Madrid, a lui aussi rejeté l’idée d’un marchandage, le jugeant « non constructif ». Mais il s’est toutefois félicité de ce que l’administration américaine soit « enfin disposée à discuter » du projet de bouclier antimissile, « ce qui est déjà bien parce qu’il y a encore quelques mois nous recevions des signaux différents ». M. Medvedev a réaffirmé que Moscou était prêt à participer à une défense antimissile s’il s’agissait d’un projet « global » et non d’un « morceau » situé « près de la frontière russe ». Selonles informations du Washington Post, l’administration Obama a préparé un catalogue de propositions pour tenter de relancer la coopération avec la Russie et remettre les compteurs à zéro, Les Etats-Unis envoient une délégation en Syrie La secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, en visite en Israël, a réaffirmé mardi 3 mars l’attachement des Etats-Unis à la solution des deux Etats (la création d’une Palestine au côté d’Israël) qu’elle a jugée « inévitable ». Par ailleurs, Mme Clinton a annoncé l’envoi en Syrie d’une délégation de haut rang, composée de Jeffrey Feltman, du département d’Etat, et de Dan Shapiro, du Conseil national de sécurité, pour examiner « un certain nombre de questions qui se posent entre les Etats-Unis et la Syrie ». Les contacts entre les deux pays sont au point mort depuis des années. – (AFP.) selon l’expression du vice-président Joe Biden, il y a quelques semaines, à Munich. M. Obama devrait présenter ces propositionsà son homologue russe à l’occasion de leur entretien lors du sommet du G20 à Londres, le 2 avril. De la même façon, il a prévu de rendre public l’état de la révision en cours sur l’Afghanistan, pour faire connaître les « souhaits » des Etats-Unis avant de rencontrer les alliés à l’occasion du sommet de l’OTAN. S’il n’a pas évoqué l’Iran, Dmitri Medvedev a souligné la bonne volonté du gouvernement russe pour apporter son aide au sujet de l’Afghanistan (un premier transport américain transitant par la Russie est en route). Relation « constructive » Barack Obama, lui, n’est pas obnubilé par l’élargissement de l’OTAN.Il considère qu’il est difficile de positionner une force antimissile en Europe de l’Est sans en discuter avec les Russes. Selon Hervé Morin, le ministre français de la défense, qui a rencontré son homologue Robert Gates et le conseiller à la sécurité nationale Jim Jones, mardi 2 mars, à Washington, les positions se sont rapprochées et les Américains ne sont pas loin de considérer que les étapes vers un élargissement ont été trop rapides. Parmi les initiatives envisagées par Washington figurent des pourparlers sur le désarmement stratégique, une priorité pour M. Obama, alors que le traité de 1991 vient à expiration à la fin de l’année, et la relance du comité OTAN-Russie, réduit à néant par la guerre de Géorgie en août 2008. Dans sa lettre à M. Medvedev, M. Obama a abordé « un large éventail de questions, a-t-il précisé, de la prolifération nucléaire à la façon de gérer une série d’inquiétudes communes au niveau de la sécurité le long de la frontière afghane et sur le terrorisme », espérant parvenir à une relation « constructive ». p Corine Lesnes Mikhaïl Khodorkovski est escorté à sa sortie du tribunal moscovite Khamovnitcheski, mardi 3 mars. MIKHAÏL METZEL/AP Moscou Correspondance C ondamné en 2005 à huit ans de réclusion pour escroquerie et évasion fiscale, l’ancien patron de la compagnie pétrolière Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski, doit désormais répondre à de nouvelles accusations de détournement de fonds et de blanchiment d’argent. Rapatrié de sa geôle sibériennedeTchitale24février, l’homme de 45 ans a assisté à l’ouverture de son procès,mardi 3 mars,derrière une vitre blindée du tribunal moscovite de Khamovnitcheski. Des centaines de policiers ont été mobilisées à l’occasion de la première journée d’audience, consacréeà des questionsde procédure. Une dizaine de militants réclamant « la libération des pri- sonniers politiques » ont été interpellés devant le tribunal avant l’ouverture du procès. Mikhaïl Khodorkovski est accusé d’avoir détourné 892 milliards de roubles (20 milliards d’euros) issus de la vente de pétrole en provenance de trois filiales de Ioukos, ainsi que d’avoir blanchi l’équivalent de 10 milliards d’euros. Selon le code pénal russe, vingt et une années supplémentaires de prison pourraient être ajoutées aux neuf qu’il a commencé à purger. « Iln’yapasdepreuves »,adéploré Vadim Kliouvgant, l’avocat principal de la défense, qui a demandé le renvoi de l’un des procureurs. « Ils ne cherchent pas à respecter la loi, mais tentent plutôt d’obtenir à toutprixcepourquoiilsontétémandatés. » Selon les avocats de Khodorkovski, l’acte d’accusation n’est pas crédible : la quantité de pétrole que l’ancien patron de Ioukos est accusé d’avoir détourné dépasse la production totale de ses trois filiales pour la période concernée. Entreprise dépecée Arrêté en 2003 et condamné en 2005 à l’occasion d’un procès jugé « politique », l’ancien riche oligarque opposé à Vladimir Poutine, ne faisait pas mystère à l’époque de ses ambitions politiques. Après son arrestation, Ioukos a été dépecée, et ses différentes structures reprises par des sociétés fidèles au Kremlin. Le nouveau procès de Mikhaïl Khodorkovski, qui se déroule alors queDmitriMedvedevcélèbrelepremieranniversairedel’électionprésidentielle qui l’a porté au pouvoir, aura-t-il lieu sous les mêmes auspices ? Lundi, M. Khodorkovski vou- lait croire que des « changements institutionnels positifs » étaient en cours, notamment pour la justice, « qui commence à agir comme une brancheindépendantedupouvoir ». « Il y a certainement des divergences entre les différentes factions au Kremlin concernant Khodorkovski, estime le politologue Vladimir Pribylovski. Mais rien de suffisant pour ébranler le duo en place au sommet de l’Etat, même s’il y a fort à parier que Medvedev aurait souhaiténepasressasser cetteaffaire. Sauf que Medvedev n’est pas un homme politique indépendant, le numéro un reste Poutine. » M. Khodorkovski a commenté lundi le procès qui débute, disant que « le spectacle ne sera pas inintéressant ». Vu les 3 500 pages de l’accusation, il sera de longue durée. p Alexandre Billette Hugo Chavez veut lutter contre l’inflation Au Japon, une affaire de financement par un contrôle accru sur l’économie politique affaiblit l’opposition Les Vénézuéliens sont confrontés à une hausse des produits alimentaires Le bras droit du chef du Parti démocrate du Japon (PDJ) a été arrêté Bogota Correspondante M oins de riz ? Plus d’Etat. C’est la réponse du président vénézuélien Hugo Chavez, qui vient de prendre le contrôle de deux usines de production de riz pour faire face aux menaces de pénurie et à la hausse des prix. La firme Alimentos Polar, une des plus connues, a annoncé, mardi 3 mars, son intention de porter l’affaire devant les tribunaux. Depuis dimanche, les militaires contrôlent son usine Primor. Lundi, l’armée a investi une fabrique appartenant à l’entreprise Mary. L’opposition et le patronat dénoncent « une atteinte à la propriété privée et à la liberté d’entreprise ». « Il était temps que le gouvernement fassequelque chose. La semaine dernière, j’ai payé 7 bolivars [2,5 euros] un kilo de riz », explique, indignée, Katy, qui vit à La Vega, un quartier pauvre deCaracas. Normalement, elle achète son riz dans un supermarché Mercal, le réseau de distribution à prix subventionnés mis en place par le gouvernement Chavez. Mercal compte 15 000 points de vente. Le riz y vaut 0,99 bolivars. Mais il vient parfois à manquer. Plus grave aux yeux de Katy, ni Mercal ni le contrôle des prix – instauré en 2003 – n’ont suffi à juguler l’inflation.En 2008, lahausse des prixalimentairesa atteint 41 %. Les autorités accusent les producteurs de contourner la législation et de provoquer à l’occasion des pénuries. « Se moquer du peuple » Selon le gouvernement, l’usine Primor n’opérait qu’à 40 % de sa capacité. Elle ne produisait que 9 % de riz blanc, dont le prix est contrôlé (le reste étant constitué de riz parfumés non soumis à régulation). Un décret publié dans le Journal officiel du 3 mars oblige désormais tous les producteurs du pays à produire au moins 80 % de riz blanc. Luis Carmona, gérant des opérations d’Alimentos Polar, a confirmé que Primor ne tournait pas à pleine capacité, invoquant le manque de matière première. La production de riz est, selon lui, insuffisante et les importations trop contrôlées. Le coût de production d’un kilo de riz blanc est de 4,41 bolivars, soit plus du double du prix de vente maximum autorisé. « Obliger les entreprises à produire du riz à perte ne va pas résoudre le problèmedes pénuries, il va l’aggraver », note M. Carmona. Selon la direction de Polar, l’usine Primor ne détient que 6 % du marché, l’Etat en contrôle, lui, 46 %. M. Chavez avait menacé, le 28 février, d’exproprierles producteurs de riz coupables de n’avoir pas respecté les prix régulés, en accusant les industriels de « se moquer du peuple ». Plusieurs secteurs-clés de l’économie, tels que les télécommunications, l’énergie et le ciment, ont déjà fait l’objet de nationalisations partielles. Le ministre de l’alimentation, Felix Osorio, a néanmoins précisé que le contrôle des usines de riz était une mesure « provisoire », destinée à faire comprendre au secteur privé « que les aliments ne sont pas une marchandise comme les autres ». Selon le journaliste d’opposition Roberto Giusti, « la crise du riz n’est que la première manifestation de la récession qui vient ». p Marie Delcas Tokyo Correspondant D ans le climat de fin de règne du gouvernement Aso, l’arrestation du secrétaire particulier du chef de l’opposition, Ichiro Ozawa, donné comme futur premier ministre en cas de victoire du Parti démocrate du Japon (PDJ) aux élections législatives attendues avant septembre, porte un rude coup à une formation en hausse dans les sondages. L’arrestation de Takanori Okubo, bras droit de M. Ozawa,et la perquisition dans les bureaux de ce dernier, mardi 3 mars, entament l’image de l’homme qui semblait répondre aux attentes de l’opinion alors que le pays est entré dans sa plus grave récession depuis la guerre avec des centaines de milliers de pertes d’emplois. M. Okubo est soupçonné d’avoir violé les règlements sur le financement des partis politiques en acceptant en 2003-2004 des dons d’un montant de 21 millions deyens (200 000 euros) de l’entreprise de construction Nishimatsu, dont deux dirigeants ont été égale- ment arrêtés. M. Okubo était responsable de l’une des organisations, Rikuzankai,chargées de drainer des fonds politiques pour M. Ozawa. Nishimatsu est aussi impliquée dans des affaires peu claires de transferts de fonds. Zèle de la police financière ou « coup bas » du parti gouverne- Généralement, lorsqu’ilyadérapage, c’estlesecrétairede l’hommepolitiquemis encausequidevient boucémissaire mental, libéral-démocrate (PLD) afin d’enrayer la montée du PDJ ? Cette dernière thèse est retenue par les fidèles de M. Ozawa qui, au cours d’une conférence de presse, le 4 mars, a déclaré qu’il n’avait aucune intention de démissionner pour cette affaire. Les scandales de financements politiques illégaux sont fréquents au Japon. Généralement, lorsqu’il ya dérapage, le secrétaire de l’hom- me politique devientbouc émissaire et son patron s’en tire après s’être platement excusé de ne pas avoir été assez vigilant. Si les montants en jeu peuvent sembler peu importants, cette affaire n’en touche pas moins, indirectement, la personnalité politique la plus en vue du moment. Dans le climat délétère actuel, sacrifier le bras droit de M. Ozawa ne sera peut-être pas suffisant pour calmer les esprits. Et déjà des appels à la démission de ce dernier de la présidence du PDJ se font entendre de la part de libérauxdémocrates, mais aussi de membres de son propre parti. Même si M. Ozawa demeure à la tête du PDJ, celui-ci risque d’être affaibli et pourrait être moins pugnace dans sa bataille pour forcer le premier ministre Taro Aso à appeler des élections anticipées. L’affaire pourrait aussi aviver les dissensions internes au sein du PDJ dans laquelle M. Ozawa ne fait pas l’unanimité. « Conspiration » ou non, les déboires de M. Ozawa donnent un peu d’oxygène au PLD, qui en a bien besoin. p Philippe Pons International 7 0123 Jeudi 5 mars 2009 Questions sur les rapports de M. Kouchner pour Omar Bongo Les propositions sur l’assurance-maladie au Gabon rédigées en 2004, dont « Le Monde » a pris connaissance, n’ont pas été concrétisées B ernard Kouchner a-t-il compromis la figure du « French Doctor », en rédigeant des rapports généreusement financés par des potentats africains ? La question posée par le livre du journaliste Pierre Péan, Le Monde selon K (Fayard, 324 p., 19 euros), est éclairée par les deux études sur le système de santé du Gabon dont Le Monde a pris connaissance. Conduits par M. Kouchner, à une époque où il n’exerçait pas de responsabilités politiques, ces travaux ont été commandés en 2003 par le président Omar Bongo à la société Imeda. Les deux rapports de 107 et 24 pages ne relèvent ni d’une compilation de documents existants ni de l’analyse complaisante. Rédigés en quelques mois par quatre personnes,ilscontiennentunedescription alarmante d’hôpitaux où « l’écoulement des eaux souillées traverse les cloisons ». Ils rapportentla« chutedramatiquedelacouverturevaccinale »et décriventune population dépourvue à 71 % de protection sociale. Les documents, remis contre une rémunération de 216 000 euros net sur trois ans à Bernard Kouchner, révèlent la fréquence des contacts entre l’actuel ministre des affaires étrangères et Omar Bongo, à la tête depuis 42 ans d’un Etat pétrolier connu pour l’opacité de ses finances et la pauvreté de sa population. Interrogé le 4 février sur France 2, M. Kouchner a indiqué qu’il tutoyait l’inamovible président gabonais. Alors que M. Kouchner affirme n’avoir été à l’époque qu’« un des consultants »employésparlasociété Imeda, le premier rapport intitulé « Le système de santé au Gabon. Un besoin de solidarité nationale », précise être une commande de M. Bongo « à Imeda et à M. Bernard Kouchner, ancien ministre français de la santé ». Les pages de couverture portent le nom de M. Kouchner, détaché typographiquement de la mention de ses coauteurs. Seul, M. Kouchner a signé les deux lettres de synthèse datées de février et juin 2004 adressées au président Bongo, lui expri- mant à chaque fois sa « plus haute considération »etson« profondrespect ». Le rapport final, où figure le logo de « BK consultant », précise qu’« après avoir profité de trois longues entrevues présidentielles, nous avons ramassé nos propositions dans une lettre que nous avons présentéeauprésidentdelaRépublique Le document semble oublier son propre constat : les hôpitaux gabonais sont délabrés parce que l’argent public s’évapore gabonaise le 4 juillet 2004 à Paris ». Pour appuyer ses propositions favorablesàune« couverturemaladiedespauvres »,le document indique que « certains » de ses auteurs ont été « à l’origine de Médecins sans frontières » et veulent « compléter » ce concept par celui de « malades sans frontières ». Tout en décrivant un système de santé « au bord du gouffre », il qualifie le Gabon de « pays (…) de volonté exemplaire », et salue « une gestion plus sérieuse que ses voisins ». Le second rapport intitulé « Les propositions de réforme » suggère de financer un nouveau système par « redéploiement budgétaire ». Mais le document semble oublier son propre constat : les hôpitaux gabonais sont délabrés parce que l’argent public s’évapore avant d’y parvenir, et que plusieurs projets de réforme sont restés lettre morte « fauted’adhésionetdesoutienpolitique ». Le budget de la santé fait l’objet de « réductions et annulations répétées ». Ainsi, « 70 % des crédits d’investissement » de 2000 ont disparu, précise le document. A la même époque, un gros rapport du… Quai d’Orsay sur le bilan de l’aide française à la santé au Gabon prend moins de gants. « Manifestement, la santé “publique” n’est pas une priorité et l’Etat ne manifeste aucune volonté d’y remédier », indique ce docu- ment qui qualifie de « virtuel » le budget consacré à la vaccination. Les deux « rapports Kouchner » ont inspiré l’ordonnance « instituant un régime obligatoire d’assurance-maladie » votée par le Parlementgabonaisen2007.Mais laréalité semble figée, comme en témoigne un rapport du Fonds des Nations unies pour l’enfance de 2008qui déplore la stagnation à un niveau élevé du taux de mortalité infantile gabonais. Selonplusieurssourcesgabonaises, les conclusions de M. Kouchner reprennent des revendications anciennes. « Nous n’avions pas besoin de donner des milliards de francs CFA à M. Kouchner pour savoir ce que tous les professionnels de santé crient depuis des années », ditledéputé Jean-Valentin Leyama. « Nous ne sommes pas confrontés à un problème de diagnostic mais de financement », estime un autre élu. Avant M. Kouchner, le ministère gabonais de la santé avait mené une « réflexion » sur une future « couverture maladie obligatoire et universelle », en vain. Un système de santé publique « à l’abandon » « JE SUIS TRÈS FIER et très moralement sûr de moi d’avoir au Gabon travaillé pendant trois ans à faire une caisse d’assurance-maladie », a déclaré Bernard Kouchner, le 4 février sur France 2, en riposte aux accusations de mercantilisme contenues dans Le Monde selon K., livre de Pierre Péan. Il a ajouté : « J’ai toujours été du côté des victimes. » Or, selon plusieurs sources gabonaises, le nouveau système de sécurité sociale dont se prévaut le ministre français « n’existe que sur le papier ». « On a distribué quelques cartes d’assuré devant des caméras de la télévision d’Etat, explique un élu local. Mais elles ne donnent droit à rien, tant l’indigence des hôpitaux est dramatique et les financements absents. » Dans l’entourage du ministre, on explique que M. Kouchner ne peut être tenu pour responsable du sort réservé à ses propositions. « L’expert qu’est M. Kouchner ne peut ignorer que le budget affiché par l’Etat gabonais en matière de santé est virtuel : faute de transparence, il ne parvient pas jusqu’au malade, assure, à Libreville, un opposant. Au Gabon, si vous êtes malade et sans ressource, vous mourez. » L’ordonnance votée en 2007 au parlement gabonais prévoit le financement d’une « Caisse natio- nale d’assurance-maladie et de garantie sociale » ouverte aux indigents par l’instauration d’une « redevance obligatoire ». Une taxe sur la téléphonie mobile a été instaurée dans ce but, mais, selon un responsable politique, elle ne fournit que la moitié des ressources nécessaires. Aujourd’hui, les maux du système de santé publique gabonais ne sont pas guéris. Depuis le 12 janvier, il est paralysé par une grève générale. « On a laissé le secteur à l’abandon depuis de nombreuses années », explique Serghes Mickala Moundanga, du syndicat des personnels de santé gabonais. Le 17 février le gouvernement a annoncé la « suspension » des salaires de février. Aux revendications salariales s’ajoute la dénonciation d’une situation de « dégradation générale ». « Les plateaux techniques sont obsolètes et nous manquons de tout, matériels et médicaments. Cela fait vingt ans que nous répétons la même chose, peste le docteur Sylvie Mbot, présidente du syndicat Hippocrate des médecins. Bernard Kouchner a fait son travail. Il est passé à la télé avec le chef de l'Etat mais son rapport n’a jamais été rendu public. Qu’il ne prétende pas avoir créé une assurance-maladie universelle : elle n’existe pas ! » p Ph. B. Mexique Florence Cassez reste en prison MEXICO. La justice mexicaine a réduit, mardi 3 mars, la peine infligée à la Française Florence Cassez de 96 à 60 ans de prison. Interpellée en 2005 dans une ferme où son fiancé mexicain, Israel Vallarta a avoué avoir séquestré plusieurs personnes, elle avait été condamnée, en 2008, pour quatre enlèvements. « On m’a retiré mon dernier espoir », a-t-elle murmuré à l’annonce de la sentence. En appel, le juge n’a retenu que trois enlèvements, le dernier n’ayant été qu’une tentative. En France, les sénateurs Alain Fouché et Jean-René Lecerf, ainsi que le conseiller régional Jean-Luc Roméro, ont demandé au président Nicolas Sarkozy « de reporter, voire d’annuler » le voyage qu’il doit entamer au Mexique le 8 mars, dénonçant « l’affront » de la justice mexicaine. – (AFP.) p Argentine Accord entre gouvernement et agriculteurs BUENOS AIRES. Les principales fédérations agricoles argentines et le gouvernement ont signé, mardi 3 mars, un accord qui prévoit l’élimination des impôts sur les exportations des produits laitiers, des compensations pour les minoteries, des projets de loi concernant le secteur de la viande et des améliorations de la commercialisation. Le texte ne mentionne pas l’impôt sur les exportations de soja, dont la hausse avait provoqué des grèves et blocages de routes en 2008. – (AFP.) Guinée-Bissau Le président par intérim prête serment BISSAU. Conformément à la Constitution, le président de l’Assemblée nationale, Raimundo Pereira, a prêté serment, mardi 3 mars, comme chef d’Etat par intérim, au lendemain de l’assassinat du président, Joao Bernardo Vieira. Dans son discours, M. Pereira a confirmé l’organisation d’élections et appelé la communauté internationale à « ne pas abandonner » son pays, rappelant que tous ses prédécesseurs avaient été assassinés ou renversés. – (AFP.) LesraisonsquiontconduitleprésidentBongoàfaireappelàM. Kouchner pourraient tenir davantage à la nécessité où se trouvait en 2004 le Gabon, aux prises avec une énorme dette extérieure, d’obtenir des Etats-Unis qu’ils lèvent leur veto à l’attribution d’un crédit du Fonds monétaire international (FMI). M. Kouchner note dans son rapport qu’il a « rencontré à plusieurs reprises les spécialistes de la santé (…), de la Banque mondiale (…), et eu de nombreux contacts avec les techniciensduFMI ».Unsystèmed’assurance-maladie « serait apprécié des autoritésinternationales(…) »,insiste-t-il. D’autant que, conformémentauxcanonslibéraux,ilpropose d’« en finir une fois pour toutes avec l’un des dogmes les plus difficiles à combattre, celui de la gratuité des soins ». En mai 2004, peu après l’entrée en scène du « French Doctor » au Gabon et au lendemain d’une rencontre à Washington entre Omar Bongo et George Bush, Libreville recevra le chèque du FMI. p Philippe Bernard RÉSULTATS 2008 Un modèle économique solide et résistant “ VINCI a tenu le cap en 2008 en réalisant un excellent exercice. Le Groupe poursuivra en 2009 sa politique de distribution de 50 % de son résultat net. Je proposerai donc à l’assemblée générale du 14 mai 2009 le versement d’un dividende de 1,62 euro par action.” Yves-Thibault de Silguy, président du conseil d’administration “ Dans un environnement difficile, notre modèle économique démontre sa résistance : nous avions annoncé une croissance de notre chiffre d’affaires proche de 10 %, son augmentation est de 10,3 %. Nos marges opérationnelles restent à un niveau très proche des records historiques. La croissance du résultat net est en ligne avec celle du chiffre d’affaires. Notre carnet de commandes se maintient à un haut niveau. L’endettement net du Groupe diminue de plus de 900 millions d’euros. Nous restons vigilants mais demeurons sereins compte tenu des conditions satisfaisantes dans lesquelles nous abordons le nouvel exercice.” Xavier Huillard, administrateur – directeur général Chiffre d’affaires* 33,5 milliards € +10,3 % Résultat opérationnel sur activité 3,4 milliards € +8,3% Résultat net 1,6 milliard € +9,4% Carnet de commandes au 31 décembre 2008 23,2 milliards € +8 % ** Capacité d’autofinancement 4,9 milliards € +7,9 % Dividende 1,62 €/action +6,6 % * hors chiffre d’affaires construction externe des filiales concessionnaires (application IFRIC 12) ** sur 12 mois Service actionnaires www.vinci.com 8 Europe 0123 Jeudi 5 mars 2009 Le plus L’Allemagne hésite à aider ses grands i n t e r n a t i o n a l groupes industriels en difficulté des journaux français • 25 langues • 73 éditions étrangères • 2 400 000 exemplaires Au sommaire du numéro de mars 2009 CULTURE La bibliothèque universelle, de Voltaire à Google . DOSSIER Le retour du protectionnisme et la fureur de ses ennemis . PROCHE-ORIENT Nécessaire inculpation des responsables de l’agression contre Gaza . STRATÉGIE Comment les armées se préparent au combat urbain CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX. – 4,50 euros Les menaces pour l’emploi pèsent dans la campagne pour les législatives de septembre Berlin Correspondance A près les banques, les entreprises ? L’Allemagne s’interroge sur l’opportunité d’un soutien financier aux grands groupes en difficulté, en première ligne au constructeur automobile Opel. La filiale allemande de l’américain General Motors (GM) souhaite s’émanciper de sa maison mère, au bord de la faillite, et réclame d’être soutenue à coups de milliards d’euros de fonds publics. Le gouvernement d’Angela Merkel a fait savoir qu’il prendrait le temps d’étudier le plan de sauvetage présenté par l’entreprise avant de prendre sa décision. A moins de sept mois des élections législatives de septembre, le dossier est délicat. Opel fait travailler quelque 26 000 personnes sur ses quatre sites de production outre-Rhin. Et même près du double si l’on tient compte des emplois qui en dépendent indirectement. Forte pression sociale Aucun des deux partis partenaires de la grande coalition, les Unions chrétiennes CDU-CSU et le Parti social-démocrate (SPD), ne veut se faire taxer d’indifférence quant au sort de ces salariés. Le chef de la diplomatie, Frank-Walter Steinmeier, candidat du SPD pour la chancellerie, s’est d’ailleurs affiché au côté des « Opelaner » qui manifestaient pour la défense de leurs emplois, le 26 mars. « Opel, c’est vous, et c’est pour cela qu’Opel doit vivre », a-t-il lancé à la foule, à Rüsselsheim, où siège la marque à l’éclair. Il n’empêche. La question d’un tel sauvetage pose un dilemme au gouvernement. En accordant une subvention au constructeur, ne risque-t-on pas de voir une ribambelle d’autres groupes se présenter au guichet de l’Etat ? Opel n’est d’ailleurs pas le premier à solliciter des fonds publics. Depuis deux mois, l’équipementier automobile Schaeffler appelle lui aussi à l’aide. L’entreprise familiale peine à boucler le rachat de son concurrent Continental, dont elle a pris le contrôle à l’été 2008. Endettée jus- qu’au cou, elle est au bord du dépôt de bilan. Berlin a pour l’instant refusé de payer : pas question de laisser le contribuable assumer les erreurs stratégiques des dirigeants. Mais là aussi, la pression sociale est forte. A eux deux, Schaeffler et Conti- Grève des ouvriers de l’usine Opel, à Rüsselsheim, jeudi 26 février. HANS CHRISTIAN PLAMBECK/LAIF-REA General Motors menace de supprimer des postes chez Opel Le président de General Motors (GM) Europe, Carl-Peter Forster, a indiqué, dans un entretien au quotidien Bild, mercredi 4 mars, que 3 500 emplois au moins pourraient être supprimés chez Opel si rien n’était fait pour son sauvetage. Le constructeur fait travailler 50 000 personnes en Europe, mais ce sont jusqu’à 300 000 emplois qui sont sur la sellette, en cas de faillite d’Opel, a fait valoir la direction de GM mardi, en marge du Salon de l’automobile à Genève. Selon GM, Opel connaîtra de sérieux problèmes de liquidités dès le mois d’avril. Le groupe américain réclame 3,3 milliards d’euros pour sa filiale allemande aux gouvernements des pays européens qui abritent des sites de production. « Tout le monde doit donner pour que certaines usines ne soient pas fermées », a déclaré M. Forster à Genève. nental emploient 75 000 personnes en Allemagne. Mi-février, une manifestation pour la sauvegarde du groupe a réuni des milliers de salariés de Schaeffler. Angela Merkel est prise entre deux feux. « Elle hésite, comme si souvent », fait remarquer l’hebdomadaire Der Spiegel du lundi 2 mars. La chancelière redoute que « les milliards versés par l’Etat ne puissent, en fin de compte, empêcher les faillites », note le magazine. Les milieux économiques, d’où provient une partie de l’électorat conservateur, ont déjà tiré la sonnette d’alarme : la survie de ces entreprises dépend d’investisseurs privés, elle n’est pas du ressort des pouvoirs publics. Certains n’hésitent pas à comparer l’intervention de l’Etat à la « résurrection » de l’ancienne Allemagne de l’Est communiste. Sans compter une multitude d’autres questions que ne manquerait pas de susciter un tel soutien : n’y a-t-il pas danger d’une distorsion de la concurrence ? Dans le cas d’Opel, l’argent ne risque-t-il pas d’atterrir aux Etats-Unis, dans l’escarcelle de General Motors ? La chancelière voit bien que la peur du chômage grandit, de même que le mécontentement social. Les syndicats rappellent que le gouvernement a déjà consacré plusieurs milliards d’euros pour venir au secours du secteur bancaire et renflouer Hypo Real Estate, Commerzbank ou IKB. « Mais pour son noyau industriel, il ne veut pas donner un centime », a critiqué le président du syndicat IG Metall, Berthold Huber, au côté des salariés d’Opel. Plusieurs organisations de gauche et altermondialistes ont appelé à des manifestations le 28 mars, à Berlin et Francfort. Le mot d’ordre : « Nous ne payons pas pour votre crise. » p Marie de Vergès Grèce En Italie, la police protège Un groupe anarchiste revendique les « rondes citoyennes » l’attaque d’une rame de métro destinées à suppléer… la police E change d’insultes et de gifles à Padoue (Vénétie). Des insultes encore, des gifles aussi et un doigt cassé à Plaisance (Emilie-Romagne). Le bilan des « rondes citoyennes », samedi 28 février et dimanche 1er mars en Italie, ne dépasse pas celui d’une rencontre de rugby mais il témoigne d’une certaine tension entre les promoteurs de cette initiative et leurs adversaires, que la police, à Padoue comme à Plaisance, a dû séparer. Autorisées par un décret-loi du gouvernement le 21 février, après une série de viols commis aux portes de Rome, les rondes citoyennes officialisent de fait les rondes padanes introduites en 2006 dans le nord-est du pays par le parti populiste et xénophobe de la Ligue du Nord. Elles sont en théorie placées sous le contrôle des maires et des préfets. Les volontaires doivent s’inscrire sur un registre de la police afin de repérer les éléments extrémistes ou violents. Ils ne sont pas armés et sont équipés de téléphones portables, de talkies-walkies, de torches et de sifflets. Les initiatives ont fusé. Vendredi 27 février, à Padoue, une dizaine de volontaires baptisés « Veneto sicuro » (Vénétie sûre) ont patrouillé dans les quartiers sensibles de la ville. Accoutrés d’un gilet jaune à bandes fluorescentes qui leur donne des allures d’égoutiers, ils ont trouvé sur leur passage un groupe de jeunes gens issus de la mouvance alternative opposés aux rondes. Le lendemain à Plaisance, ce sont des militants de Refondation communiste portant des masques de carnaval qui ont joué les empêcheurs de tourner en rond… Les policiers qui ont dû intervenir n’ont pas apprécié de devoir assurer la sécurité de ceux qui prétendent la rétablir à leur place, et mieux qu’eux. « Ils le savent, au gouvernement, que nous avons dû utiliser trois policiers et trois carabiniers pour protéger cette initiative dangereuse et inutile ? » s’énerve le syndicat autonome de la police padouan. Le principal syndicat des carabiniers, le Cocer, soutient que des « actions de ce type sont irréalisables » et demande à rencontrer Silvio Berlusconi pour le lui expliquer. Selon les représentants des forces de l’ordre, il manque plusieurs milliers de postes pour assurer la sécurité des Italiens. A plusieurs reprises, le gouvernement a fait appel à l’armée pour aider la police et les carabiniers à lutter contre le crime organisé ou les violences urbaines. Face à cette confusion, le ministre de l’intérieur, Ignazio La Russa, a demandé aux maires d’attendre la parution du règlement sur les patrouilles citoyennes avant de les organiser. p Philippe Ridet (Rome, correspondant) ATHÈNES. Un groupe anarchiste grec a revendiqué par Internet l’attaque d’une rame de métro d’Athènes, commise dans la nuit de lundi 2 au mardi 3 mars, dédiant cette action à une syndicaliste bulgare agressée en décembre 2008 et au « camarade français Julien Coupat », en détention provisoire dans l’affaire des sabotages contre des lignes TGV. Une vingtaine de jeunes cagoulés ont incendié neuf wagons avec des cocktails Molotov et des bidons d’essence. Huit wagons ont été totalement détruits et la station a subi des dégâts, mais il n’y a pas eu de victimes. Dans un texte publié sur le site Internet Indymedia Athènes, le groupe intitulé « Bandes de conscience-Extrémistes de Pérama » revendique l’action en rendant hommage à la syndicaliste Constantina Kouneva, 42 ans, vitriolée par des inconnus et hospitalisée depuis, à Athènes, dans un état grave. Les syndicats grecs et les proches de la victime ont imputé son agression à son action syndicale à la tête de l’Union grecque des employés de nettoyage et travailleurs domestiques. – (AFP.) p Union européenne Une initiative contre la pédophilie sur Internet BRUXELLES. La Commission européenne a annoncé, mardi 3 mars, qu’elle financera une coalition européenne luttant contre la diffusion sur Internet de contenus à caractère pédopornographique. Bruxelles mettra jusqu’à 427 000 euros pour soutenir ce groupe informel, dirigé par Child Exploitation and Online Protection Center, une organisation policière britannique. Des fournisseurs d’accès, des opérateurs financiers, des ONG et des services de police sont membres de la coalition, au côté d’entreprises privées (Visa Europe, Mastercard, Microsoft, PayPal, etc.). L’initiative vise à fédérer tous les acteurs de la lutte contre la pédopornographie sur la Toile. La coalition entend aider à l’identification et la protection des victimes, à la confiscation des images ainsi qu’à la localisation et l’interpellation des criminels, vendeurs comme consommateurs d’images. p Jean-Pierre Stroobants Restauration. L’Allemagne d’accord pour une TVA réduite pour la restauration Peer Steinbrück, le ministre allemand des finances, a déclaré que l’Allemagne est prête à ce que les taux réduits de TVA concernent les « secteurs à forte intensité de main-d’œuvre » ainsi que « la restauration », à l’issue d’une rencontre à Paris avec Christine Lagarde, la ministre française de l’économie. La France demande depuis des années de pouvoir appliquer les taux réduits de TVA (5,5 %) à la restauration. Elle s’était jusqu’ici heurtée à l’opposition de l’Allemagne. – (AFP.) France 9 0123 Jeudi 5 mars 2009 Edouard Balladur : « Il est temps de décider » L’ancien premier ministre remet jeudi au chef de l’Etat son rapport sur la réforme des collectivités locales J Les élus de gauche vous accusent de vouloir mettre les collectivités locales sous tutelle. Dans le contexte actuel, croyezvous vraiment possible d’engager la réforme des collectivités territoriales ? Mais,quejesache, la France n’est pas une association de collectivités locales indépendantes ! Elle est une nationdémocratiqueoùlaprérogative de lever l’impôt appartient au Parlement, comme dans toute démocratie. Toute rationalisation des dépenses publiques serait-elle illicite dans un pays qui leur consacre plus de 50 % de sa richesse ? eudi 5 mars, l’ancien premier ministre Edouard Balladur (UMP) devait remettre à Nicolas Sarkozy le rapport du comité pour la réforme des collectivités locales. Le chef de l’Etat dira alors ce qu’il retientdeses propositionsderéforme qui, à peine connues, ont suscité une vive opposition, notamment dans les rangs de la gauche. Le rapport est intitulé « Il est temps de décider ». Dans la crise économique que nous connaissons, deux réformes permettront de préparer l’avenir : celles de l’entreprise et des collectivités locales. N’oublions pas que 75 % des investissements publics sont réalisés par les collectivités locales. Avoir une organisation locale fondée sur une quinzaine de grandes régions, dotées de pouvoirs économiques élargis, onze métropoles dynamiques et un regroupement de communes, qui évite la dissémination que nous connaissons, contribuera à ce dynamisme. La France doit-elle continuerà vivre avec 36 000 communes de plein exercice, alors qu’il n’y en a pas 10 000 dans chacun des pays voisins ? J’entends bien ceux qui disent que le rapport constituerait une bonne base de réflexion… pour le prochain quinquennat, mais attendre, c’est ce que l’on fait depuis vingt ans ! Il est temps de décider. Concrètement, qu’allez-vous demander à Nicolas Sarkozy ? En même temps que le rapport, je remets au président de la République deux projets de loi : l’un sur l’organisation territoriale de notre pays, l’autre sur l’Ile-de-France. Je souhaite que l’on commence par le premier texte. La concertation avec les partis, les groupes parlementaires et les associations d’élus prendra sans doute plusieurs mois, mais il faudrait que l’examen du projet de loi puisse commencer au Sénat au cours de la session d’automne. dépense publique locale. Pierre Mauroy, qui a participé aux travaux du comité, vous reproche de tourner le dos à l’esprit de la décentralisation. Des pouvoirs supplémentaires aux régions, des métropoles puissantes, des communes nouvelles plus efficaces : où sont les reculs de la décentralisation ? Votre proposition de créer un Grand Paris en regroupant les quatre départements du cœur de l’Ile-de-France n’est-elle pas avant tout provocatrice ? Edouard Balladur, mardi 3 mars à Paris. OLIVIER ROLLER POUR « LE MONDE » la loi. En revanche, le regroupement des régions ou des départements est fondé sur le volontariat. Le procès qu’on a fait au comité est sur ce point infondé. Quant à l’émergence des « communes nouvelles » issues de l’intercommunalité, elle se fera, elle aussi, sur la base du volontariat, mais avec des mécanismes fortement incitatifs. Qu’est-ce qui vous semble le plus important à réaliser ? Le rapport repose sur deux idées directrices : les régions doivent être reconnues comme pôles de développement économique et les communautés de communes comme pôles d’action de proximité. C’est dans ces deux directions qu’il faut progresser. Qu’est-ce qui, dans vos propositions, relève de la loi ? N’aurait-il pas été plus lisible de supprimer certains échelons, comme le département ? La création de onze métropoles [Lyon, Lille, Marseille, Bordeaux, Toulouse, Nantes, Nice, Strasbourg, Rouen, Toulon, Rennes] qui disposeraient aussi des compétences du département relève forcément de Une telle proposition n’aurait eu aucune chance d’aboutir. Mieux vaut agir progressivement. Faire élire sur la même liste les élus des départements et des régions comme nous le proposons devrait faire peu à peu émerger une conscience régionale mieux enracinée dans les territoires. Vous voulez supprimer les cantons et créer de nouvelles circonscriptions électorales plus larges. La gauche vous accuse de tripatouillage… Faux procès ! Nous ne proposons pas de modifier le scrutin régional pour 2010, mais à l’horizon de 2014. En outre, je ne vois pas enquoil’imbricationentredépartement et région est plus favorable à la droite qu’à la gauche. Le gouvernement ne semble pas vraiment disposé à se lancer dans l’institution d’un scrutin de liste par circonscriptions intradépartementales, qui remplaceraient les cantons… Techniquement, il n’y a pourtant pas d’autres solutions si l’on veut mettre en œuvre ce que préconise le comité : faire siéger les premiers de liste au conseil régional et au conseil départemental et les suivants exclusivement au conseil départemental. Le gouvernement se taille la part du lion dans l’ordre du jour du Parlement M. Accoyer réclame la levée de l’« urgence » sur la réforme pénitentiaire D es chronomètres digitaux de chaque côté du « perchoir » de l’Assemblée nationale pendant la séance des questions au gouvernement, des interventions limitées à deux minutes : l’« an I de la Ve Républiquebis », selon l’expression du président du groupe UMP, Jean-François Copé, a débuté mardi 3 mars. L’entrée en vigueur – depuis le 1er mars – des nouvelles dispositions constitutionnelles concernant le Parlement n’a pas encore bouleversé, loin s’en faut, la tutelle exercée par l’exécutif. Ainsi l’ordre du jour du mois de mars n’estil guère « partagé ». A l’issue d’une conférence des présidents – chargée d’organiser les travaux de l’Assemblée – plus longue qu’à l’accoutumée, le programme a été arrêté. Comme prévu, les deux premières semaines, sur lesquelles le gouvernement a la priorité, verront se succéder le projet de loi sur la réforme de l’hôpital et celui sur la protection de la création sur Internet. Pour la semaine suivante, dite d’« initiative parlementaire », le gouvernement a obtenu que soit inscrit – le 17 mars – un débat sur le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN. Les séances des 18 et 19 seront consacrées à l’examen du collectif budgétaire présenté mercredi en conseil des ministres. C’est une loi de finances : le gouvernement exerce donc sa priorité. L’initiative parlementaire ? Seule une proposition de loi de l’UMP sur l’accès au crédit des PME a réussi à se glisser entre les mailles du filet. La dernièresemaine, ditede « contrôle », verra le retour en deuxième lecture de la loi organique sur le travail législatif, les textes en « navette » étant également prioritaires. « C’est encore balbutiant », concède M. Copé, qui invoque l’« absence de propositions de loi en stock ». « C’est la preuve que tout cela ne change pas grand-chose », s’insurge le président du groupe socialiste, Jean-Marc Ayrault. Le groupe de travail de l’Assemblée sur la réforme du règlement devrait reprendre ses discussions. M. Ayrault a transmis, mercredi 4 mars, un mémorandum de 12 pages. Parmi les « 14 propositions pour réformer la procédure législative » qu’il énumère, il souhaite notamment qu’un « contrerapporteur » de l’opposition soit nommé sur les textes importants et que soit garanti le passage à la discussion des articles des propositions de loi déposées par l’opposition, ce qui est rarement le cas. Il demande aussi que les présidents de groupe aient un droit de veto sur l’application du « tempslégislatif programmé » – limitant la durée des débats – et que cette procédure soit « interdite en cas de mise enœuvre de la procédureaccélérée par le gouvernement ». Cette dernière se substitue à la « procédure d’urgence » limitant à une lecture par chambre l’examen d’un texte. Elle est au cœur d’un imbroglio sur le projet de loi pénitentiaire examiné depuis mardi au Sénat. Les sénateurs PS s’élèvent contre son examen « en urgence ». Le gouvernement invoque le fait qu’elle a été demandée avant l’entrée en vigueur des nouvelles dispositions constitutionnelles. Critiquant une « dérive », M. Accoyer a également réclamé que l’urgence soit levée. p Patrick Roger Faut-il passer par un référendum pour lever les blocages ? Mieux vaut procéder par la discussion parlementaire. Avez-vous chiffré les économies que dégageraient vos propositions ? Il est difficile de le faire avec honnêteté et précision. L’organisation que nous proposons est plus claire, plus efficace. Donc, à terme, elle devrait être moins coûteuse. Evidemment, à condition que tout le monde joue le jeu. Il appartiendra au Parlement d’y veiller avec le débat annuel sur l’évolution de la Quelle autre solution ? Qu’on demande aux habitants s’ils sont satisfaits ! Il y a, au centre de l’Ilede-France, un ensemble naturel où vivent 6 millions de personnes qui ont les mêmes besoins en matière de logements, de transports, d’urbanisme et où la coopération intercommunale est la moins développée. Comment résoudre le problème autrement qu’on associant très étroitement ces quatre départements ? p Propos recueillis par Françoise Fressoz et Béatrice Jérôme Liste de vérification pour voyager aux États-Unis Passeport Réservations vol et hôtel Enregistrement en ligne auprès d’ESTA S’ENREGISTRER AUJOURD’HUI à : https://esta.cbp.dhs.gov Les voyageurs sous le programme d’exemption de visa (VWP) pour les Etats-Unis doivent obligatoirement s’enregistrer en ligne auprès d’ESTA avant le départ 10 France 0123 Jeudi 5 mars 2009 Les lettres adressées avec des balles à dix personnalités UMP sont très confuses Les propos sont particulièrement injurieux à l’encontre du président de la République, Nicolas Sarkozy, qualifié de « sale hongrois », et de sa famille T outes les lettres, anonymes et menaçantes, accompagnées de balles, reçues par plusieurspersonnalités politiques, ont été postées depuis le département de l’Hérault, et plus particulièrement d’un bureau de poste de Montpellier. S’agit-il de la « boîte M » citée par le ou lesauteurs ? Le bureau de Bédarieux, une commune toute proche, a également été utilisé. De là, en tout cas, sont parties les missives destinées au chef de l’Etat, à trois ministres et à plusieurs parlementaires, tous UMP. « La haine que vous avez distillée depuisdes annéesseretourne maintenant contre vous », écrit le corbeau dans l’un de ces courriers dont Le Monde a eu connaissance dans son intégralité. Il poursuit : « Le mépris total de vous envers le peuple nous impose d’agir dès maintenant. (…) Le dispositif de surveillance nous a permis de vous cibler, vous et les vôtres dans vos déplacements.Donc vous êtes ciblés et verrouillés. » La série débute le 9 février avec Raymond Couderc, maire de Béziers,etsénateur.Dansl’enveloppe kraft, ouverte par son secrétariat, figure une balle de calibre 38. A l’intérieur, l’élu découvre des menaces explicites : « On allait me loger une balle dans la tête », dit-il, au milieu de « divagations diverses dans un français approximatif ». Il se souvient aussi d’une « diatribe » raciste à l’encontre de Nicolas Sarkozy traité de « sale hongrois ». Le président de la République rece- M. Sarkozy menacé une demi-douzaine de fois par mois Les services de la correspondance présidentielle, à l’Elysée, font le tri. Chaque mois, ils transmettent à la police les lettres et messages Internet jugés menaçants à l’encontre du chef de l’Etat. La brigade criminelle de la police judiciaire de la préfecture de police, chargée de centraliser et d’enquêter sur toutes les menaces institutionnelles qui visent le président de la République, les ministres, ou le Sénat par exemple, ouvre une demi-douzaine de dossiers par mois concernant le seul chef de l’Etat. C’est un peu plus que sous Jacques Chirac. Pour ce policier spécialisé, chacun de ces dossiers fait l’objet d’une enquête minutieuse et il n’est pas rare, selon lui, de retrouver les auteurs qui laissent des traces… ou qui signent. Un retraité de Louvroil, dans le Nord, en a fait l’expérience à ses dépens. Le 22 janvier, Zéphir Brassart, 67 ans, accusé d’avoir envoyé une lettre de menaces et d’insultes à M. Sarkozy, a été placé en garde à vue sept heures par des policiers de la brigade criminelle. Son identité, qui figurait sur le courrier, aurait été usurpée. vraunelettreen tout pointsemblable, contenant également une balle de calibre 38. Une enquête préliminaire est alors ouverte au parquet antiterroriste de Paris, qui a saisi la brigade criminelle. Mais la liste s’allonge et l’affaire mobilise davantage de policiers. Les directions interrégionales de la police judiciaire de Marseille, de Montpellier et la sous-direction de la lutte antiterroriste (SDAT) sont co – saisies. Une deuxième salve de courriers est en effet adressée fin février à Jacques Blanc, sénateur de Lozère, aux ministres de l’intérieur, Michèle Alliot-Marie, et de la justice, Rachida Dati, puis début mars, à l’ancien premier ministre Alain Juppé, maire de Bordeaux, et à la ministre de la culture, Christine Albanel. Il s’agit d’une lettre-type, tapée à l’ordinateur, sans aucune ponctuation, recto verso, et qui reprend, dans un sabir confus et mal orthographié, les mêmes menaces et insultes. Mais petit changement : toutes ces personnes reçoivent cette fois une balle de 9 mm – calibre d’arme de poing largement répandu. « Vous n’êtes que des morts en sursis, des morts verrouillés (…) Vous êtes dans les starting blocs de la mort », est-il écrit. « Vous voulez nous mettre au pas, en coupe réglée par vos amis et au bon vouloir du Roy et vous croyez disposer de nos viesehbienbonc’est nous quidisposons des vôtres ». Les propos sont particulièrement injurieux à l’égard de M. Sarkozy, qualifié de « sale hongrois dignede la pire figure du fascisme hitlérien », et de sa famille,qui« auraletempsdeméditer à l’état létal ». Trois autres personnes font également partie des politiques cités dans ces courriers, Frédéric Lefebvre, député des Hauts-de-Seine, Christian Vanneste, député du « Vous êtes desmorts verrouillés.Vous êtes dansles starting blocs dela mort » Extrait de l’une des lettres anonymes Nord et Jean-Paul Alduy, maire de Perpignan et sénateur des Pyrénées-Orientales.Mardi 3 mars dans la soirée, M. Vanneste, confirmait à son tour avoir reçu la lettre. Quel lien établir entre ces dix personnalités ? L’appartenance à l’UMP constitue le premier élémentcommun.Le corbeaules désigne comme les « pourvoyeurs de loisliberticidesetfascistes. »Au passage, il cite dans une formule fourre-tout le « Nouveau centre FN et autres collaboscentristes etsocialos collabos ». Aucune revendication, aucune signature ne figurent sur les lettres, hormis une vague référence, dans la deuxième vague d’envoi, à une « cellule 34 » – numéro du département de l’Hérault – et à un Une balle 9 mm, du même calibre que celles reçues par les destinataires des missives. LUIS ALVAREZ/AP groupe de « 1 000 combattants ». « Tout est délirant et incohérent », commente Jacques Blanc. Neuropsychiatre de profession, le sénateur de Lozère estime que le contenu est « un signe fort de maladie mentale ». Un sentiment partagé par les enquêteurs, qui n’en prennent pas moins les menaces au sérieux. Ces derniers étudient les balles de deux calibres assez proches. Celles de 38 mm adressées à M.Sarkozy et à M. Couderc sontutilisées dans le tir sportif. En conclusion, le corbeau affirme qu’il a pris ses précautions et qu’il n’y aura pas de suite mais « le black out silence radio total ». p Sophie Landrin et Isabelle Mandraud Tarifs 01/01/09 Bonnes Adresses AUTOMOBILES DIVERS Particulier vend SOCIÉTÉ ÉTUDES DE MITSUBISHI PAJERO 4x4 Année 2002 3,2 DID, 81 000 km Très bon état. Contrôle technique OK. Prix : 14.700€ Tel : 06.60.87.45.70 COURS AMÉRICAINE, PROF. À L’ÉCOLE POLYTECHNIQUE, spécialisée Finances et Litt., propose COURS D’ANGLAIS pr ts les ages. PRÉPA. AUX EXAMENS D’ENTRÉE AUX GRDES ÉCOLES. MARCHÉ SANTÉ, RECH. PERS. POUR DISCUSSIONS INDIVIDUELLES DÉDOMMAGÉES : Personne diagnostiquée comme ayant une Sclérose en plaques : expérience de la maladie, traitements, soins etc. Contactez S. Sabir au 01.46.03.96.88 avec la référence E3940. 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Devant 500 personnes, Fabienne Keller (UMP), Jean-François Kahn (MoDem), Pierre Moscovici (PS) et Daniel Cohn-Bendit (Verts) n’ont pas caché leurs inquiétudes. L’ancienne maire de Strasbourg et sénatrice a souligné « sa crainte de voir les électeurs se replier sur leurs problèmes nationaux ». M. Kahn a rappelé la montée des extrémismes en Europe après la crise de 1929. « Si on ne remplace pas d’urgence l’injustice économique par l’humanisme, cela sera un retour au sol, au sang, à la race, aux tribus et aux intégrismes religieux. Y compris en Scandinavie où je m’attends à une poussée de l’extrême droite. » M. Moscovici a quitté le débat avant la fin, pressé de rejoindre Paris et l’Assemblée nationale pour un autre débat – sur l’hôpital. Il a eu juste le temps d’évoquer son refus de laisser l’Europe de l’Est payer cash la crise, et de charger le président de la Commission européenne José Manuel Barroso. « Que l’on vire Barroso de la présidence de la Commission européenne, pour sa lourde responsabilité sur les blocages », a embrayé M. Cohn-Bendit. p Geoffroy Deffrennes (PHOTO : BERTRAND LANGLOIS/AFP) Conseil constitutionnel La loi sur l’audiovisuel public validée Le Conseil constitutionnel a validé, mardi 3 mars, l’essentiel de la loi sur l’audiovisuel public adoptée, le 3 février, à l’Assemblée nationale et, le 4, au Sénat. S’il a approuvé la procédure de nomination et de révocation des présidents des sociétés de l’audiovisuel public – désormais nommés en conseil des ministres –, le Conseil a toutefois jugé contraire à la Constitution le doit de veto à la majorité des trois-cinquièmes des commissions parlementaires sur la révocation. Il a aussi apporté une précision en ce qui concerne la compensation financière par l’Etat de la perte de recettes publicitaires de France Télévisions. Il incombera à chaque loi de finances d’en fixer le montant. La ministre de la culture, Christine Albanel, a vu dans cette décision « la preuve que les accusations lancées par l’opposition étaient sans fondement ». Les sénateurs socialistes estiment que « le Conseil constitutionnel vient de cautionner la mise sous tutelle de France Télévisions par le pouvoir ». p Patrick Roger Précarité Mal-logés : les associations dénoncent le bilan gouvernemental Le Collectif des associations unies pour une nouvelle politique du logement a présenté, mercredi 4 mars, son troisième « baromètre » des engagements du gouvernement en faveur des personnes sans abri et mal logées. En janvier 2008, le premier ministre annonçait 100 mesures faisant de la lutte contre le mal-logement un « chantier national prioritaire ». Seules 45 ont été engagées. Et encore s’agit-il souvent de mesures techniques, dont peu sont appliquées. « Il n'y a toujours pas de véritable mobilisation reposant, sur chaque territoire, sur un diagnostic partagé des priorités à donner », déplore Nicole Maestracci, présidente de la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale. Nombre de personnes continuent de retourner à la rue, faute de prise en charge adaptée dans la durée. Les associations s’alarment aussi de l’« explosion des expulsions » et dénoncent le choix de ramener dans la loi le délai d’expulsion de trois à un an. Le plan de relance, qui prévoit la construction de 100 000 logements supplémentaires, ne fait selon elles que rattraper la restriction qui affecte le budget de la Ville et du logement pour 2009. Ce plan comportera « moins de 50 % de véritables logements sociaux, faisant une nouvelle fois la part belle aux logements intermédiaires », déplore le Collectif. p Laetitia Van Eeckhout Social Service minimum : l’UMP partagée sur l’opportunité d’une nouvelle loi Dans un rapport remis mercredi 4 mars au président de l’Assemblée nationale, le député Jacques Kossowski (UMP, Hauts-de-Seine) estime qu’il est « inutile » de modifier la loi sur le service minimum dans les transports terrestres. Ce rapport lui avait été commandé au lendemain de la fermeture de la gare Saint-Lazare à Paris, le 13 janvier, suite à une grève des agents SNCF. Dans ce rapport, cosigné par le député PS Maxime Bono (Charente-Maritime), M. Kossowski juge que la réquisition des agents serait « une option ni praticable ni souhaitable ». Les parlementaires proposent plus de « dialogue social », notamment sur les questions de sécurité et suggèrent l’interdiction de tout « nouveau préavis » de grève avant « l’expiration des négociations engagées sur le premier ». Le député UMP des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, a annoncé qu’il déposerait une proposition de loi visant à « permettre plus facilement des réquisitions des moyens de transport lors de grèves spontanées ». p Rémi Barroux Le Monde des livres sur LCI « Bienvenue dans le western aquatique du futur » Florence Noiville reçoit Enki Bilal Diffusion : jeudi 5 mars à 13 h 40 Rediffusions : vendredi 6 mars à 15 heures, samedi 7 mars à 16 h 30 et dimanche 8 mars à 13 h 10 l’intégrale des émissions est consultable sur http://www.wat.tv/explorer/2000960 0123456 0123 Jeudi 5 mars 2009 Le gouvernement face à l’enjeu de la parité dans la sphère professionnelle Avant la Journée de la femme du 8 mars, proposition de loi et mission confiée à l’IGAS Les femmes ont du mal à accéder aux responsabilités ÉVOLUTION DE LA POPULATION ACTIVE LES NEUF MÉTIERS LES PLUS FÉMINISÉS en millions en % Hommes 16 Femmes Assistants maternels 99,4 98 Aides à domicile 12 8 4 0 1971 SOURCE : INSEE C ’est une courte phrase qui pourrait, un jour, bouleverser l’équilibrehommes-femmes dans le monde du travail : « La loi favorise l’égal accès des femmeset deshommes aux responsabilités professionnelles et sociales », proclame la Constitution depuis la réforme de l’été 2008. Calqué sur la petite révolution que fut la parité politique, le nouvel article autorise le législateur à user de la contrainte pour que les femmes accèdent aux responsabilités dans le monde du travail. Mais depuis son adoption, cette phrase est restée une proclamation de principe : aucune loi n’est venue préciser comment garantir dans la réalité un « égal accès » des femmes et des hommes aux postes dirigeants. Faut-il, comme en Norvège, imposer 40 % de femmesdans les conseils d’administration ? Serait-il judicieux de prévoir une alternance hommes-femmes sur les listes syndicales aux élections prud’homales ? L’Etat doit-il imposer la parité dans les jurys de la fonction publique ? A la veille de la Journée internationale des femmes, le 8 mars, la rapporteure générale de l’Observatoire de la parité, Marie-JoZimmermann, suggère que la France suive le modèle volontariste inauguré par la Norvège. « Je ne fais pas partie des fanatiques de la contrainte mais, dans ce domaine, c’est le seul moyen d’avancer, affirme la députée UMP. Sinon, le temps passe, les bonnes volontés s’émoussent et rien ne bouge. » Mme Zimmermann, qui présente une proposition de loi, souhaite que les conseils d’administration des entreprises privées comprennent au minimum 40 % de fem- PART DES FEMMES DANS LES CONSEILS D’ADMINISTRATION DES SOCIÉTÉS DU CAC 40 10,2 % Secrétaires 97,9 Aides-soignants 92,5 Infirmiers 88,9 Employés adm. 78,9 Vendeurs 75,8 Employés adm. FP* 72,9 Agents d’entretien 72,1 2004 8% 2006 8,5 % 2007 * FP : fonction publique (catégorie C) mes. Dans le secteur public, qui doit « donner l’exemple », la parité totale devra, selon elle, être atteinte dans un délai de trois ans. Enfin, la députée plaide pour des listes syndicales paritaires pour les prud’hommes, les commissions administratives paritaires et les comités d’entreprise. « Egalité de fait » Le gouvernement partage le constat de Mme Zimmermann sur la persistance du « plafond de verre » : le ministre du travail, Brice Hortefeux, regrette ainsi que parmi les sociétés du CAC 40, vingttrois n’aient aucune femme dans leursinstances dirigeantes et aucune ne soit dirigée par une femme. Mais il souhaite poursuivre la réflexion : mercredi 4 mars, le ministre du travail et la secrétaire d’Etat à la solidarité, Valérie Létard, ont confié à l’inspection générale des affaires sociales une mission sur l’égalité professionnelle. Inégalités salariales, conciliation travail-famille, présence des femmes dans la gouvernance de l’entreprise : la mission, dirigée par l’inspectrice générale des affaires sociales Brigitte Grésy, se pen- chera sur les obstacles à l’égalité dans le travail. Ses propositions seront rendues publiques en juin et serviront de base à une concertation prévue au deuxième semestre. Il est temps, affirme M. Hortefeux, de passer de l’« égalité de droit » à l’« égalité de fait ». Car si la féminisation du salariat est l’une des révolutions de la fin du XXe siècle, le monde du travail est loin d’être égalitaire. « Le fait que les femmes constituent désormais près de la moitié des forces laborieuses est une mutation sociale majeure, constate la sociologue Margaret Maruani dans Travail et genre, un ouvrage collectif paru en 2008 (La Découverte). Mais la question des inégalités de sexe, de leurs habits neufs et de leurs vieux restes demeure. » En France, plus de 80 % des femmes de 25 à 49 ans travaillent mais leurs salaires restent inférieurs à celui des hommes et elles demeurent cantonnées dans les secteurs traditionnellement féminins,comme le secrétariat ou l’entretien. Loin de s’atténuer, ce mouvement semble s’accentuer depuis une dizaine d’années. « Les six catégories socioprofessionnelles les plus féminisées rassemblaient 52 % Les salaires des femmes restent bien plus faibles Malgré trois textes de loi depuis 1983, les salaires des femmes restent nettement plus faibles que ceux des hommes. Une étude de la direction des études et des statistiques (Dares) du ministère du travail, publiée en octobre 2008, constate qu’en 2006 dans les entreprises de plus de dix salariés du secteur concurrentiel, la rémunération brute totale moyenne des femmes était inférieure de 27 % à celle des hommes. L’écart se réduit à 16 % si l’on se réfère au salaire horaire. « Les différences de caractéristiques propres aux salariés, aux entreprises ou aux emplois, n’expliquent qu’un peu plus du tiers de l’écart salarial entre les hommes et les femmes », souligne la Dares. 2008 SOURCE : CAPITALCOM des femmes en 1983 et 61 % en 2002 », note Mme Maruani. Une fois que les couples ont des enfants, la charge de la conciliation famille/travail repose sur les femmes : alors que le taux d’activité des pères ne descend jamais au-dessous de 90 %, celui des mères chute à 60 % lorsqu’elles ont deux enfants et à 37 % lorsqu’elles en ont trois ou plus. Beaucoup s’éloignent du marché du travail contre leur gré : un tiers des femmes en congé parental déclarent avoir fait ce choix parce qu’elles n’avaient trouvé aucune solution de garde. Enfin, bien que les filles aient rattrapé, puis dépassé le niveau d’éducation des garçons – depuis 1971,les bachelières sont plus nombreuses que les bacheliers et, depuis 1975, les étudiantes plus nombreuses que les étudiants –, les postes à responsabilités restent l’apanage des hommes. Selon une étude de l’association Action de femmes, 26 % des 500 plus grosses sociétés françaises n’ont ainsi aucune femme dans leurs instances décisionnelles. Pour la présidente d’Action de femme, Tita Zeitoun, le partage desresponsabilités dans l’entreprise se heurte à des blocages culturels. « Pendant des années, j’ai pensé que la lente évolution des mentalités suffirait à ouvrir progressivement la porte aux femmes, souligne-t-elle. Mais ce mouvement se heurte à des problèmes de culture : les hommes font naturellement appel aux hommes. C’est absurde : si la France a ouvert les grandes écoles aux femmes, il y a trente-cinq ans, ce n’est pas pour les laisser sur le bord du chemin. » p Anne Chemin Le débat sur l’homoparentalité est relancé Le projet de loi sur le statut des beaux-parents doit être présenté courant mars C hristine Boutin, qui avait bataillé avec ferveur contre le pacte civil de solidarité il y a dix ans, vient de lancer une offensive contre le projet de statut des beaux-parents,quidoitêtre présenté courant mars en conseil des ministres par la secrétaire d’Etat à lafamille,NadineMorano.« Jen’accepterai pas que l’on reconnaisse l’homoparentalité et l’adoption par les couples homosexuels de façon détournée », a déclaré, mardi 3 mars, la ministre du logement. Mme Boutin fait allusion au projet de loi sur l’autorité parentale et les droits des tiers, en cours d’examen au Conseil d’Etat, qui met en musique l’une des promesses de campagne de Nicolas Sarkozy. Ce texte ne modifie en rien les règles de la filiation, mais il offre des droits aux « tiers qui ont résidé avec l’enfantet l’unde sesparents, etavec lesquels il a noué des liens affectifs étroits ». Les beaux-parents des famillesrecomposées etles parents « sociaux » des familles homoparentales pourront ainsi faire homologuer par le juge une convention de partage de l’autorité parentale. Pour Mme Morano, ce texte adapte le droit à une société qui a profondément changé : sur 17 millions d’enfants, 1,6 million (9,4 %) vivent dans une famille recomposée et 2,4 millions (14 %) dans un foyer monoparental. L’INED estime que l’homoparentalité concerne 30 000 enfants ; l’Association desparents gayset lesbiensles évalue à plus de 300 000. Aujourd’hui, beaucoup de couples homosexuels souhaitent avoir des enfants. Les couples de femmes ont recours à des inséminationsartificiellesréaliséesenBelgique ou aux Pays-Bas et les cou- ples d’hommes – plus rarement – à la gestation pour autrui à l’étranger. D’autres inventent des « coparentalités » à quatre – un couple d’hommes,un couple de femmes –, ou adoptent à l’étranger en tant que célibataires. « Premier pas » Quelle que soit la configuration, l’un des parents bénéficie pleinement des droits attachés à la filiation alors qu’aux yeux de la loi l’autre reste un étranger pour l’enfant. Ce parent « social » ne peut adopter l’enfant : en 2007, la Cour de cassation a estimé qu’une adoption simple au sein d’un couple d’homosexuels serait « contraire à l’intérêt de l’enfant ». Les couples se tournent donc vers la délégation d’autorité parentale. Créée en 2002 par Ségolène Royal, cette mesure ne crée pas de lien de filiation, mais elle autorise un« tiers,membredelafamille,proche digne de confiance », à accomplir les actes de la vie quotidienne. La Cour de cassation a précisé en 2006 que l’homosexualité n’interdisait en rien cette pratique, mais les juges continuent à se montrer réticents. Le projet de loi devrait faciliter cette procédure en remplaçant les requêtes soumises à l’appréciation desjugespar desimpleshomologations. L’Inter-LGBT (lesbienne, gay, bi et trans) salue ce « premier pas » mais regrette que le texte n’autorise pas l’adoption. « Seule l’inscription dans la loi de l’égalité pleine et entière entre les couples homosexuelset hétérosexuels mettrait fin auxdifficultésjuridiques vécuespar les familles homoparentales », souligne-t-elle. p A. Ch. du Jazz La sélection de la rédaction Jupiterimages VIBREZ AVEC LES GÉANTS DU JAZZ DÈS LE VENDREDI 6 MARS, LOUIS ARMSTRONG LE DOUBLE CD-LIVRET n° 1 OFFRE DE LANCEMENT 2 € * en plus du Monde et du Monde 2 « Le Monde du Jazz », la collection mythique des 20 plus grands jazzmen, sélectionnés par la rédaction du Monde. 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Jazz Characters 14 Economie 0123 Jeudi 5 mars 2009 En hausse Eurotunnel En baisse Les ventes de mobiles Pour la première fois depuis sa création en 1986, l’exploitant du tunnel sous la Manche versera un dividende à ses 500 000 actionnaires cette année. Celui-ci sera de 4 centimes par action. Les ventes mondiales de téléphones mobiles ont chuté de 4,6 % au quatrième trimestre 2008, une tendance qui va se poursuivre en 2009, avec un recul attendu de 4 %, selon l’Institut Gartner. C’est le nombre de Toyota invendues que le constructeur japonais a été obligé de stocker surun cargo loué pour l’occasion, dans le port de Malmij, en Suède, dont les parkings sont saturés en raison de l’effondrement des ventes en Europe. 2500 Les salaires d’embauche des cadres pourraient baisser de 15 % en 2009 L’impact de la crise provoque une rupture après dix ans de hausses supérieures à l’inflation C onfrontées à une crise financière violente, qui déstabilise l’économie réelle, les entreprises durcissent leurs politiques salariales. Deux études ont été publiées, lundi 2 et mardi 3 mars, qui annoncent une année 2009 tendue, pour toutes les catégories de salariés, en France et dans le reste du monde, qu’ils soient déjà en poste ou nouvellement embauchés. La première étude, réalisée par le cabinet international de conseil en recrutement Robert Walters, prévoit une baisse de 15 % en moyenne des salaires d’embauche des cadres cette année, par rapport à 2008, à des postes équivalents, tous secteurs d’activités confondus. Cela constitue une rupture, après dix années pendant lesquelles les salaires des cadres ont augmenté plus vite que l’inflation. « C’est la première fois depuis 1993 que l’on constateune telle baisse, souligne Antoine Morgaut, directeur de Robert Walters en Europe. Une alerte avait eu lieu en 2002-2003, au moment de l’éclatement de la bulle Internet. Mais elle n’était pas d’une telle ampleur et n’avait pas duré. » « Les sociétés anticipent les risques d’aggravation de la situation économique », explique M. Morgaut, tandis qu’en France, mardi, le ministère de l’économie a annoncé un budget modifié, intégrant un recul de 1,5 % du produit inté- rieur brut (PIB) français. Pour la première fois depuis 1993, la France va entrer en récession. Mais selon cet expert, la baisse des salaires à l’embauche résulte aussi des « excès des trois dernières années, marquées par de fortes hausses de salaires liées à une croissance économique planétaire, à une pénurie de compétences due à la pyramide des âges et au manque de jeunes diplômés, ainsi qu’à la mobilité des cadres d’un pays à l’autre ». « Dans certains cas, la progression des salaires était supérieure à la création de valeur ajoutée, cela ne pouvait durer toujours », estime M. Morgaut. Au cours des cinq dernières années, les revenus globaux des cadres – outre le salaire fixe, le Le recrutement se tasse Comptabilité et finance La baisse est sensible depuis octobre, mais la demande pour les auditeurs et contrôleurs est plus forte. Services financiers Le déclin est général, hormis dans la banque de détail où la pyramide des âges minimise l’impact de la crise. Immobilier Le recrutement a fléchi au second semestre 2008. Intérim C’est un mode de recrutement de plus en plus fréquent pour les cadres (source Robert Walters). bonus,les participationset intéressement ainsi que les stock-options et avantages en nature – ont doublé en Grande-Bretagne, en Irlande et aux Etats-Unis. Au RoyaumeUni, en Irlande, au Luxembourg et en Espagne, le salaire fixe a doublé depuis dix ans. La hausse a été plus modérée en France, où les salaires fixes ont quand même progressé de 35 %. La France moins touchée « L’impact de la crise sera moins fort en France, où l’inflation des salaires a été moindre pendant la période faste », observe, en conséquence, M. Morgaut. L’enquêteducabinetRobertWalters est corroborée par une étude du cabinet de ressources humaines Towers Perrin, publiée lundi. Celleci a été réalisée entre le 28 janvier et le 6 février auprès de 67 sociétés françaises du CAC 40 et du « SBF 80 » employant 1,7 million desalariés.Interrogéessurleurpolitique salariale vis-à-vis des jeunes diplômés, 4 % d’entre elles ont répondu qu’elles allaient réduire les salaires à l’embauche, et 10 % qu’elles « envisageaient de le faire ». « Les grandes entreprises françaises ajustent leurs politiques salariales au développement de la crise économique internationale », constate Eric Wuithier, directeur associé de Towers Perrin. Centrée sur les salariés déjà en poste, l’étude montre, en effet, que la majorité des grandes entreprises françaises revoient à la baisse leurs augmentations salariales. Les salaires, qui devaient progresser de 3 % cette année, d’après des déclarations recueillies en novembre 2008, n’augmenteraient plus que de 2,5 %. Ce taux reste satisfaisant en regard de l’accumulation des mauvaises nouvelles économiques, notamment de la multiplication des plans sociaux. Mais il pourrait être encore abaissé au printemps, si la crise devait s’intensifier et imposer des politiques salariales plus restrictives. Déjà, 82 % des sociétés interrogéesparTowersPerrinsesontengagées dans cette révision générale de leur politique de salaires : celles qui licencient dans des secteurs déjà fragilisés (l’automobile, l’immobilier, la finance, etc.) comme celles qui résistent encore à la crise dans des secteurs à ce jour préservés (la distribution, les télécommunications, etc.). Les mesures d’économie diffèrent d’une entreprise à l’autre, allant du report des décisions de révision (décidé par 21 % des entreprises sondées et envisagé par11 %),au gel dessalaires (décidé par 18 % des sociétés et envisagé par 10 %), la mesure la plus brutale. Dans une crise qui entraînera une dégradation des conditions de vie des populations les plus fragiles, ces restrictions de salaires s’accompagnentd’une« volontéd’équi- té », assez inédite, de la part des entreprises. Pour la première fois depuisdix ans, faitainsiremarquer M. Wuithier,les mêmestaux d’augmentation s’appliquent à l’ensemble des salariés, dans 75 % des sociétés. « Les entreprises veulent préserverunbonniveaudecohésionsociale, estime l’expert. Face au flot de licenciements, il s’agit de ne pas désespérer ceux qui restent. » Jusqu’à présent, les cadres bénéficiaient souvent des hausses les plus élevées, au détriment des non cadres, « avec des écarts de plus de 1 % ». En 2008, les non cadres ont été augmentés de 2,8 %, en valeur médiane, mais les cadres de 3 % et les cadres de direction de 4 %.p Anne Michel La part de l’industrie dans l’économie La déconfiture des fonds spéculatifs française continuera de reculer d’ici à 2010 accélère la chute des marchés financiers L’assureur-crédit Euler Hermes livre deux scénarios sur la crise mondiale Piégés par la crise, les hedge funds sont obligés de brader leurs actifs D ans une étude publiée mercredi 4 mars, les prévisionnistes de la société d’assurance-crédit Euler Hermes SFAC ne croientpasqu’unrebonddelacroissance française soit à attendre du côté de la production industrielle, qui chuterait de 9 % en 2009 et de 2 % en 2010. « La part de l’industrie dans l’économie française va baisser de façon permanente de trois points de PIB », pensent les auteurs. Ils prévoient qu’en France, c’est le secteur automobile qui sera le plus durement touché, avec une baisse de la production de 25 % en 2009. La production de biens intermédiaires recule aussi fortement, suivie de celle du secteur du bâtiment et des travaux publics. Sans surprise, la société d’assurance-crédit prévoit donc une augmentationdesdéfaillancesd’entreprises. Elles seront particulièrement nombreuses dans les régions les plus touchées par la crise automobile : Nord-Pas-de- Calais, Alsace, Auvergne, Bretagne, Lorraine, Normandie, Picardie, Rhône-Alpes et Limousin. « Dans certaines régions, la filière agroalimentaire soutient l’activité », notent les auteursde l’étude. La Bourgogne, le Centre, la Bretagne et la Champagne-Ardenne seraient ainsi moins touchés. L’étude d’Euler-Hermes ne porte pas que sur la France. Elle offre aussi deux scénarios à l’échelle mondiale pour 2009 et 2010. Ainsi, elle estime que le PIB mondial va reculer de 1,3 % en 2009, puis progresser de 1,6 % en 2010. Le scénario alternatif verrait la croissance reculer encore plus fortement, à 1,9 % en 2009, et une quasi-stagnation (+ 0,4 % de croissance) en 2010. Les auteurs veulent encore croire à une sortie de crise de l’économie mondiale en 2010. « Mais la reprise sera lente et fragile », prévient Karine Berger, directrice des études. Les plans de relance nationaux ne permettront pas de mieux faire, estiment les économistes. Malgré les énormes sommes dépensées danscebut. « En cumulé,les besoins de financement de l’OCDE [Organisation de coopération et de développement économiques] en 2009 dépasseront 2 300 milliards de dollars. Ils étaient de 450 milliardsde dollars en2005 », estiment les auteurs de l’étude. Les pays émergents n’amortiront que faiblement la chute des pays développés. Le taux de croissance des pays n’appartenant pas à l’OCDE devrait s’établir à 2,1 % en 2009 et se redresser à 3,6 % en 2010, selon le scénario central. Les entreprises des pays de l’OCDE vont fortement réduire leurs investissements productifs en 2009 (– 10 %). Le même niveau se maintiendra en 2010. Cette réduction va provoquer une haus- se du taux de chômage dans la plupart des pays de l’OCDE. L’emploi devrait régresser de 0,4 % (ou 0,6 % selon le scénario pessimiste)en2009,poursestabiliser en 2010 (ou continuer de chuter de 0,9 %, selon le second scénario). Ce qui ne va faire qu’aggraver la baisse de la consommation (– 1,4 % en 2009 dans les pays de l’OCDE). Salaires en progression La France serait plus durement touchée que la moyenne des pays de l’OCDE, avec une baisse du PIB de 1,8 % en 2009 et une quasi-stagnation (+ 0,5 %) en 2010, selon le scénariocentral, mais unepoursuite de la glissade (– 1,1 %)selon le scénario alternatif, plus pessimiste. Or, comme le rappelle Mme Berger, « une croissance du PIB inférieure à 1,5 % provoque des destructions d’emplois ». Le taux de chômage, qui s’établirait à 9,8 % en France, en 2009, continuerait donc d’augmenter en 2010. Selon le scénario central, les personnes ayant gardé leur emploi verront leur salaire continuer de progresser (+ 2,1 % en 2009 et + 2 % en 2010). Ce qui permettra à la consommation de se maintenir en France (+ 0,6 % en 2009 et + 0,8 % en 2010). Les investissements des entreprises devraient chuter de plus de 4 % en 2009 et se maintenir en 2010. p Annie Kahn L es fonds spéculatifs (hedge funds) vont-ils disparaître de laplanète financière et entraîner dans leur chute les marchés boursiers ? Depuis le début de la crise, la situation de ces investisseurs spécialisés dans les stratégies risquées devient explosive. En 2008, un tiers d’entre eux a mis la clé sous la porte, et selon les économistes, la moitié pourrait disparaître d’ici à la fin 2009. La déconfiture de ces financiers réputés pour leur opacité et leurs stratégies parfois déstabilisantes fondées, notamment, sur le recours massif à l’emprunt pour doper leurs performances (via un « effet de levier ») est préoccupante car elle est en train d’accélérer la chute des marchés. « Ils font peser une forte pression à la baisse », confirme-t-on chez Morgan Stanley, aggravant ainsi les difficultés d’autres financiers. Comment ? D’une part, les clients de ces fonds, grandes fortunes ou investisseurs institutionnels, paniqués, parfois ruinés par la crise, retirent brusquement leur épargne de ces placements risqués. Selon une étude de Morgan Stanley, ces retraits représentaient 20 % de la valeur des actifs des hedge funds au second semestre de 2008. En 2009, ils pourraient atteindre encore 15 % à 30 % de leur capital, soit 945 milliards de dollars (755 milliards d’euros) en moyenne et 1 200 milliards dans le pire des scénarios. En voyant la valeur des actifs des fonds se réduire, les créanciers prennent peur et réclamentdavantagede garanties, voire leremboursement de leurs dettes. Les fonds vendent alors leurs actifs dans l’urgence, quitte à les brader. Ceci expliquerait en partie la chute continue de la Bourse, mais aussi des marchés des matières premières, de l’immobilier etc., dans lesquels ces fonds ont investi. L’ampleur du phénomène est difficile à chiffrer mais « il est d’autant plus net que les volumes sur les marchés sont de plus en plus faibles », indique Guillaume Monarcha, responsable de la recherche hedge funds chez Natixis. Jusqu’où cela peut-il aller ? En 1998, la faillite du fonds LTCM Un hedge fund sur trois n’a pas survécu à la crise Le poids du secteur Cette activité pesait 1 400 à 1 500 milliards de dollars fin 2008, contre 2 200 milliards un an plus tôt. Début 2008, les fonds spéculatifs étaient environ 10 000. Un tiers d’entre eux ont disparu depuis. Les performances En 2008, la moyenne des rendements des hedge funds, calculée par l’indice HFRI composite, a été de – 19 %. avait fait planer un « risque systémique », une mise en péril de tout le système financier obligeant la Réserve fédérale américaine à intervenir. « Loi de Darwin » Un tel scénario peut-il se répéter ? « C’est peu probable », rassure M. Monarcha. Selon lui, ce risque était réel au début de la crise mais s’est estompé. Avec le credit crunch (raréfaction du crédit), ces fonds empruntent moins, ce qui limite les effets multiplicateurs de leur banqueroute. Ils sont aussi devenus bien moins puissants. Selon le Hedge Funds Research, ils pèsent aujourd’hui 1 400 milliards de dollars, contre 2 100 milliards début 2008. Ce qui fait dire à Bernard Lozé, du fonds de hedge funds Lozé et Associés : « Prétendre qu’ils font chuter les marchés est absurde : ils représentent à peine 1,2 % de l’industrie financière. » Infine,« ladisparition d’unepartie des hedge funds est même plutôt saine, enchérit son collaborateur Frédéric Neefs. Les plus faibles disparaissent, ne restent que les gérants les plus talentueux, c’est la loi de Darwin. »Mieux, pour retenir les clients, les fonds s’obligeraient à plus de transparence. « Y compris lesplussecrets, assureM. Lozé,comme le fonds de M. Tudor ! », l’une des stars du marché. p Claire Gatinois Economie 15 0123 Jeudi 5 mars 2009 L’Allemagne et la Russie s’associent pour créer un concurrent d’Areva M. Bolloré : « Nos voitures électriques seront louées 330 euros par mois » Siemens va lancer avec Rosatom une entreprise Le patron du groupe diversifié a annoncé, mercredi 4 mars au Salon de Genève, qu’il ouvrait le carnet de réservations pour la Blue Car, qui sera disponible à partir de 2010 présente sur toute la chaîne du nucléaire civil A reva a sans doute trouvé son grand concurrent de demain. Un mois et demi après avoir rompu son partenariat avec le groupe nucléaire français, le conglomérat allemand Siemens a annoncé, mardi 3 mars, la signature avec l’Agence fédérale russe de l’énergie atomique (Rosatom) d’un protocole d’accord pour créer une entreprise commune. Elle sera présente sur toute la chaîne de l’atome civil, depuis la fabrication du combustible jusqu’au démantèlement des centrales, un modèle intégré dont Areva était jusqu’à présent le champion mondial. Lepremierministre russe,Vladimir Poutine, avait fortement poussé à une alliance germano-russe dans le nucléaire civil (Le Monde du 5 février). Les choses se sont accélérées en quelques semaines. Mais il est évident que Siemens avait préparé le terrain avec ses partenaires russes avant sa rupture avec Areva, qui souhaitait le maintient d’un partenariat franco-allemand. Guérilla juridique Le groupe russe devrait contrôler la coentreprise avec 50 % du capitalplusuneaction.Celle-cis’appuiera sur la technologie russe du réacteur à eau pressurisée (VVER). Depuis l’explosion du réacteur numéro quatre de Tchernobyl, en 1986, les centrales russes souffrent d’unlourd déficitd’image. Même si leurs réacteurs sont différents de ceux de la centrale ukrainienne et si des études indépendantes ont démontré « la fiabilité des réacteurs russes », rappelle Siemens. La coentreprise va construire de nouvelles centrales dotées de réacteurs VVER et moderniser des tranches anciennes. « Nous voulons devenirleleadermondialsurlemarché de l’énergie nucléaire », a souligné Sergueï Kirienko, patron de Rosatom. Pour Peter Löscher, président du directoire de Siemens, cet accord avec « un partenaire fort et expérimenté » signifie que sa société n’a pas renoncé à ses ambitions dans un secteur prometteur. « En 2030, il y aura environ 400 nouveaux réacteurs dans le monde, ce qui représente un investissement de plus de 1 000 milliards d’euros », estiment les deux groupes. L’émergence d’un axe germanorusse est vécue comme un échec – tant politique qu’industriel – par les dirigeants du groupe français. L’heure semble à la guérilla juridique. Areva rappelle que Siemens détient, jusqu’en 2012, 34 % de sa filiale qui construit les réacteurs (Areva NP). En outre, le pacte d’actionnaires de 2001 prévoit une « clausedenon-concurrence »interdisant à Siemens toute activité nucléairejusqu’en2020.« Ilyarupture des obligations contractuelles et nous ferons valoir nos droits », prévient Jacques-Emmanuel Saulnier, porte-parole d’Areva.p Jean-Michel Bezat Entretien Genève Envoyée spéciale V incent Bolloré, le patron du groupe du même nom, a annoncé, mercredi 4 mars lors du Salon de l’automobile de Genève, qu’on pouvait désormais réserver la voiture électrique qu’il compte vendre à partir de 2010. Votre projet a connu un retard important et est entouré d’un certain mystère, au point de susciter du scepticisme de la part des constructeurs automobile. Comment réagissez-vous ? Je peux rassurer ceux qui font preuve de scepticisme à notre égard : nous ne sommes pas là pour faire de la figuration. Nous avons dépensé 1 milliard d’euros depuis quatorze ans. Seul un groupe diversifié et familial comme le nôtre pouvait le faire. Enfin, je constate qu’il y a trois ans aucun constructeur ne croyait à la voiture électrique. Tout le monde me disait « ça ne marchera jamais ». Maintenant,« c’est le trop-plein ! », comme disait le général de Gaulle. Tous les constructeurs veulent en faire une. Ce scepticisme s’explique sans doute par le fait que beaucoup ont du mal à comprendre qu’un groupe comme Bolloré puisse produire des batteries électriques. Or, pour nous, c’est totalement naturel. C’est juste un prolongement de ce que l’on sait faire. Nous sommes numéro un mondial des condensateurs et cela fait trente ans que l’on travaille sur le problème de stockage d’électricité. Aujourd’hui, nous avons les usines pour les batteries et nous avons la voiture. Nos deux sites, à Quimper et au Canada, vont entrer en production le 15 juin. Ils produiront des batteries pour 10 000 voitures en 2010, 20 000 en 2011 et 30 000 en 2012. Pour nous, la clé c’est la batterie. On annonce une autonomie de 250 km. Dans nos tests, elle atteint 294 km.Nosvoituresserontproduites à Turin chez notre partenaire Pininfarina et livrées dix à douze mois après leur commande. Elles seront louées 330 euros par mois. Quel est le poids de ces investissements sur vos autres activités ? Nous dégageons 350 millions d’euros de bénéfices tous les ans. Nous investissons chaque année environ un tiers de nos résultats dans la batterie électrique. Cela peut paraître à certains un pari audacieux, mais nous préférons investir que verser d’importants dividendes. Il y a quelques semaines, vous avez rencontré le président bolivien, Evo Morales. Pensez-vous aboutir à un accord pour exploiter les gisements boliviens de lithium, nécessaires à la fabrication des batteries ? Nouslui avonsprouvé quenotre voiture était une réalité. L’enjeu pour nous est simple : pour chaque batterie, nous allons avoir besoin de 40 kg de lithium (sur un poids Un groupe qui va de la logistique à la télévision Bolloré est un groupe qui, à partir de son activité historique, les papiers fins, s’est diversifié dans quatre secteurs ayant réalisé globalement en 2008 un chiffre d’affaires de 7,3 milliards, en hausse de 14,5 % par rapport à 2007. Industrie Ce pôle – qui comprend les films plastiques, les papiers minces ou des systèmes spécialisés comme les batteries utilisées pour la voiture électrique – réalise 4,5 % du chiffre d’affaires et emploie 2 369 personnes. Transport et logistique Ce pôle, qui réalise 61 % du chiffre d’affaires du groupe, emploie 26 863 personnes. Autres activités Cette branche (médias, télécoms, plantations, holdings) réalise 1,3 % du chiffre d’affaires et emploie 2 102 personnes. Ce pôle comprend notamment la chaîne de télévision Direct 8 et les quotidiens gratuits Direct Matin (dont Le Monde détient 30 %) et Direct Soir. Distribution d’énergie Cette activité, qui génère 32,5 % du chiffre d’affaires, emploie 900 personnes. total de 300 kg). Or, la Bolivie détient un tiers des réserves mondiales. Je suis persuadé qu’un groupe comme Bolloré peut intéresser les Boliviens. Nous sommes une grande entreprise avec des moyens financiers, mais en même temps nous ne sommes pas une multinationale. Dans ce dossier, nous nous sommesassociés avec Eramet pour exploiter les réserves situées dans le Salar d’Uyuni [sud-ouest de la Bolivie]. Si tout se passe bien, cela pourrait déboucher en 2010. Cela dit, nous sommes en face de grands groupes asiatiques qui sont aussi très actifs pour pouvoir exploiter le lithium bolivien. Pourquoi avez-vous choisi la technologie du lithium polymère plutôt que du lithium-ion, privilégiée par nombre de constructeurs ? Tout simplement à cause des problèmesdesurchauffe quecause le lithium-ion dès que l’on dépasse un certain poids de batteries. C’est une très bonne technologique pour les téléphones portables et les ordinateurs. Pas pour les voitures électriques. Avec le polymère, il n’y apas desurchauffe.C’estlameilleuretechnologiesurleplandelasécurité. Autre avantage : cela coûte moins cher à fabriquer. Nous sommes d’ailleurs en relation avec des constructeurs étrangers. Lesquels ? Je ne peux pas vous le dire pour le moment. p Propos recueillis par Nathalie Brafman 16 Economie 0123 Jeudi 5 mars 2009 Le point de vue de l’agence économique et financière Breakingviews.com Le marché des PC se dirige vers une mort certaine L a dernière décennie restera probablement comme celle de l’âge d’or des fabricants d’ordinateurs personnels (personal computers, PC). Selon les prévisions du cabinet d’études Gartner, les ventes mondiales de PC devraient en effet baisser de 12 % en volume cette année, soit un recul quatre fois plus important que le précédent « record ». Les prix étant, eux aussi, orientés à la baisse, on devine sans peine ce que l’on va trouver sur la ligne de résultat de ces entreprises. Et, plus inquiétant encore, l’évolution vers la virtualisation et la commercialisation de modèles bon marché vont sûrement faire durer la crise. Quand la bulle liée aux nouvelles technologies a éclaté en 2001, le volume des ventes mondiales de PC a reculé de 3,2 %. Une chute qui paraît bien modeste en comparaison à la contraction de 12 % attendue aujourd’hui. Les ventes dans les pays émergents pourraient même baisser, elles, de 10 %. Jusque-là, leur plus mauvaise performance remontait à 2002 : les ventes de PC dans ces pays n’avaient alors progressé « que » de 11 %. La crise n’explique pas tout. Les progrès de la virtualisation, technique qui permet à plusieurs systèmes d’exploitation de tourner sur le même serveur, ont permis à des entreprises en difficulté de réduire facilement leur budget informatique. De fait, Goldman Sachs estime que cette année, un tiers des serveurs utilisés par les entreprises du palmarès Fortune 1 000 seront virtualisés. Toutes les entreprises cherchant à placer des serveurs coûteux – comme IBM, Dell ou Hewlett-Packard – verront leur marché se rétrécir durablement. La baisse des prix est une double malédiction. Cela fait des années que le prix des PC diminue, au rythme du progrès technologique qui a rendu les composants moins onéreux. Cela ne posait aucun problème tant que les ventes s’en trouvaient stimulées. Or, aujourd’hui, la chute des prix n’a plus d’effet sur le nombre d’unités vendues, ce qui laisse augurer d’une catastrophe. Le segment connaissant la croissance la plus dynamique est celui des « netbooks », ces petits ordinateurs portables très simples et extrêmement bon marché qui s’achètent environ 500 euros. Les ventes devraient doubler cette année et la part de marché atteindre 10 %. Mais la marge unitaire est plus faible sur ces appareils que sur les PC traditionnels, et l’on s’attend à ce que le prix du « netbook » moyen recule de 11 % d’ici à la fin de l’année : voilà qui va encore grignoter les bénéfices. L’économie dans son ensemble se remettra de la crise. Mais pas le marché des ordinateurs L’avenir s’annonce sombre pour les fabricants de PC. Les plus grands inventeront peut-être des produits nouveaux pour combler les manques à gagner. Le marché semble y compter, puisque la cotation de ces entreprises reste supérieure à leurs plus bas historiques. Pourtant, il y a peu de chances que cela se produise, parce que le marché du PC a visiblement atteint sa maturité, et parce que les fabricants ont considérablement réduit leur budget de recherche et développement (R&D). L’économie dans son ensemble se remettra de la crise. Selon toute vraisemblance, ce ne sera pas le cas du marché des ordinateurs. p Jeff Segal L La période 1996-2007 ne serait finalement qu’une très longue bulle A la clôture du 5 décembre 1996, l’indice Standard & Poor’s 500 s’élevait à 744,38 points. Le soir même, Alan Greenspan, alors président de la Réserve fédérale américaine, dénonçait « l’euphorie irrationnelle » du marché. Mardi, l’indice a terminé la séance à 696,33 points : l’époque de l’euphorie est bel et bien révolue. Ce niveau n’est cependant pas particulièrement bas. Le 23 février 1995, le Dow Jones avait franchi pour la première fois le cap des 4 000 points. Comme le PIB américain a augmenté depuis de 95 % en valeur courante, ces 4 000 points correspondraient aujourd’hui à 7 800 points. Le niveau actuel de l’indice ne se situerait donc que légèrement au-dessous de sa ten- Finance Le président d’UBS quitte ses fonctions Le président de la première banque suisse, UBS, Peter Kurer, ne se présentera pas à sa réélection lors de l’assemblée du 15 avril, le groupe proposant l’ancien ministre des finances Kaspar Villiger pour lui succéder, a annoncé la banque, mercredi 4 mars. Cette décision suit celle du directeur général, Marcel Rohner, le 26 février, après des pertes massives et un scandale fiscal aux Etats-Unis. – (AFP.) Le résultat de Munich Re plonge de 62 % en 2008 Le numéro deux mondial de la réassurance, l’allemand Munich Re, a publié, mardi 3 mars, un résultat net de 1,5 milliard d’euros en 2008, en recul de 62 % sur un an. Son président, Nikolaus von Bomhard, a déclaré : « Nous partons du principe que nous ne tomberons pas dans le rouge en 2009. » – (AFP.) Le bénéfice de Scor recule de 22 % Le bénéfice net du réassureur français Scor a baissé en 2008 de 22 % à 315 millions d’euros, en raison de la dépréciation de la valeur de ses portefeuilles d’actions, selon un communiqué publié mercredi 4 mars. La dégradation des marchés financiers a pesé sur le résultat à hauteur de 260 millions d’euros. – (AFP.) L’hémorragie continue pour AIG L’hémorragie financière continue au premier trimestre pour le groupe américain d’assurances d’AIG, dance de long terme, et la période 1996-2007 ne serait finalement qu’une très longue bulle. Les prévisions 2009 de Standard & Poor’s donnent un dividende moyen de 48,10 dollars (38,40 euros) par action sur le périmètre des sociétés figurant au S & P 500. Depuis vingt ans, l’indice valorise les sociétés à 19,4 fois leurs bénéfices. L’indice devrait donc valoir 933,14 points. Mais ces vingt années comprennent les douze ans qu’a durés la bulle. Si l’on retient un multiplicateur de 15, plus proche de la tendance de fond, on obtient une valeur théorique de 721,5 points. Là encore, l’indice d’aujourd’hui n’est que très peu inférieur à cette projection. Cette analyse ne vaut cependant qu’à perspectives de croissance et de bénéfice égales. Et sur ce point, le doute s’installe. En effet, ces perspectives seront bien moins bonnes qu’en longue période si, d’une part, le plan de relance exceptionnel mis en œuvre depuis septembre 2008 favorise l’inflation et si, d’autre part, les déficits budgétaires sans précédent attendus pour 2009 et 2010 empêchent le secteur privé de se financer. L’indice tel qu’il est actuellement serait alors encore surévalué. Les plans de sauvetage et de relance ont ceci de paradoxal qu’ils peuvent à la fois créer les conditions d’une amélioration à court terme et compromettre la croissance sur le long terme.p Martin Hutchinson (Traduction de Christine Lahuec) n Breakingviews.com Plus de commentaires sur l’actualité économique et financière. Services aux collectivités Suez Environnement résiste à la crise et prévoit de nouvelles embauches Jean-Louis Chaussade, le PDG de Suez Environnement, a présenté, mercredi 4 mars, les résultats 2008 du groupe spécialisé dans la distribution et le traitement de l’eau, ainsi que la collecte et le recyclage des déchets. Avec un chiffre d’affaires de 12,4 milliards d’euros et un résultat de 533 millions d’euros, l’activité a crû au rythme de 5,4 % sur l’année, mais seulement de 3,9 % au quatrième trimestre. « C’est surtout dans les déchets industriels que nous avons ressenti la fermeture des usines de nos grands clients, au cours des derniers mois de l’année », reconnaît M. Chaussade. Le groupe a dû accélérer son plan de réduction des coûts, passé de 125 à 180 millions d’euros, sans suppression de postes. Suez Environnement a recruté 5 000 personnes en 2008 et compte bien continuer à embaucher, mais à un rythme moindre. « Pour 2009, nous prévoyons une croissance positive, mais nos investissements seront réduits de 25 %, par rapport au 1,7 milliard d’euros de 2008 », note M. Chaussade. Suez Environnement va, cette année, distribuer 118 millions d’euros, soit 60 % de son résultat, sous forme de dividende, ce qui équivaut à 0,65 euro par action. Il s’agit du premier exercice pour cette entreprise entrée en Bourse le 22 juillet 2008. Elle est le fruit du rapprochement de GDF et de Suez, cette dernière se délestant de ses activités « environnement », en gardant 35 % de la nouvelle entité. p Isabelle Rey-Lefebvre menacé de perdre encore des milliards de dollars, affirmait, mardi 3 mars le Financial Times sur son site Internet. Le quotidien a analysé un document financier montrant que le groupe conservait « 12 milliards de dollars [9,6 milliards d’euros] d’exposition à des assurances de crédit sur des positions impliquant principalement des prêts hypothécaires de type subprime ». Casinos MGM Mirage pourrait déposer le bilan Le groupe de casinos MGM Mirage, propriété du milliardaire Kirk Kirkorian, a annoncé, mardi 3 mars, qu’il ne publierait pas ses résultats annuels à la date prévue. 4 mars, devant le Tribunal de grande instance de Paris, au nom de 100 000 salariés en contrat à durée déterminée (CDD) ou intérimaires. Elle réclame l’intégration de l’ancienneté dans le calcul des rémunérations de ces postiers, dont 90 % ont été embauchés par La Poste. Selon la CFTC, le préjudice collectif pourrait se chiffrer à 200 millions d’euros. Capgemini : accord sur les départs volontaires Il évoque même la possibilité de déposer le bilan en 2009. – (AP.) Les cinq syndicats du groupe de services informatiques Capgemini ont signé avec la direction un protocole d’accord permettant la mise en œuvre du plan de départs volontaires. Portant sur 149 départs, ce plan avait été suspendu, le 19 janvier, par le juge des référés du Tribunal de grande instance de Nanterre à la demande des syndicats et du comité central d’entreprise. Ceux-ci estiment avoir obtenu, dans le nouveau plan, des garanties. Transport Kuehne + Nagel va supprimer au moins 4 000 emplois Médias Le groupe belge De Persgroep prend 51 % du Néerlandais PCM Le groupe suisse de logistique Kuehne + Nagel, troisième logisticien européen qui a racheté, en octobre 2008, le français Alloin, a annoncé mardi 3 mars qu’il allait supprimer entre 4 000 et 4 500 emplois. Le groupe affiche un bénéfice net en hausse de 9,1 % à 395,2 millions d’euros. – (AFP.) Le groupe d’édition néerlandais PCM, qui publie notamment les quotidiens De Volkskrant, NRC Handelsblad, Algemeen Dagblad et Trouw est passé, mardi 3 mars, sous le contrôle du groupe flamand De Persgroep, éditeur du premier quotidien belge, Het Laatste Nieuws, et du journal De Morgen. De Persgroep est déjà propriétaire de Het Parool, à Amsterdam. Il a déboursé 100 millions d’euros pour acquérir 51 % des parts de PCM. – (Corresp.) Social La Poste assignée en justice pour 100 000 salariés en CDD La CFTC assigne La Poste, jeudi Marchés LES BOURSES DANS LE MONDE 4/3, 9h56 Pays Indice FRANCE (Traduction de Christine Lahuec) La parenthèse enchantée du Dow Jones est bel et bien close ’indice Dow Jones de la Bourse de New York est passé, lundi 2 mars, sous le seuil des 7 000 points, avant de baisser encore mardi pour s’établir à 6 726,02 points. Il est maintenant inférieur à son niveau de début 1995, compte tenu de la valeur actualisée du produit intérieur brut (PIB). La Bourse américaine serait donc bon marché, si les perspectives de croissance étaient les mêmes qu’en 1995. Mais si les mesures de relance par la fiscalité et la dépense publique vont trop loin, la croissance risque d’être laminée par l’inflation. La vie des entreprises JAPON 2580,59 4/3 Maxi 2009 Mini 2009 PER 1,02 3426,04 6/1 2552,31 3/3 CAC Mid100 3911,71 4/3 1,40 4754,64 7/1 3854,14 3/3 CAC Small 90 3487,91 3/3 -0,94 4035,54 12/1 3487,91 3/3 SBF 250 Erreu - - 3734,87 4/3 1,20 5111,02 6/1 3667,86 3/3 9,80 3552,96 4/3 1,16 4675,68 6/1 3497,27 3/3 8,40 Swiss market 4363,06 4/3 0,12 5881,47 6/1 4357,00 3/3 9,40 Dow Jones ind. 6726,02 4/3 -0,55 9088,06 6/1 6705,63 3/3 11,50 Nasdaq composite 1321,01 4/3 -0,14 1665,63 6/1 1312,98 3/3 15,80 Nikkei 225 7290,96 4/3 0,85 9325,35 7/1 7088,47 3/3 25,50 PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercice courant. PER : FactSet JCF Estimates ; données : la Cote Bleue. n/d : valeur non disponible. COURS DE L'EURO OR Achat Vente MERCREDI 4 MARS 9h56 Cours % var. dollar us ................................1,2521...........1,2523 yen .......................................124,2800 ......124,3500 ONCE D'OR EN DOLLAR .................924,75.......-2,61 couronne tchèque.............27,8370.........27,8570 PÉTROLE couronne danoise ...............7,4505...........7,4515 livre sterling.........................0,8900...........0,8901 forint hongrois...............307,9800 ......308,9800 MERCREDI 4 MARS 9h56 Cours % var. LIGHT SWEET CRUDE.......................42,27 ........1,49 zloty polonais ......................4,7370...........4,7470 couronne suédoise ............11,5574.........11,5634 couronne slovaque ..........30,1260.........30,1260 franc suisse ...........................1,4786...........1,4793 couronne norvég. ...............9,0249...........9,0309 TAUX TAUX D'INTÉRÊT LE 4/3 rouble...................................45,2860.........45,3860 Mercredi 4 mars 9h45 Valeur 8,60 DAX Index ROYAUME UNI ETATS-UNIS CAC 40 VALEURS DU CAC40 % var. FTSE 100 index ALLEMAGNE SUISSE Dernier cours Taux j.le j. Taux 3 mois Taux 10 ans Taux 30 ans livre turque...........................2,1618...........2,1718 france 1,28 1,80 3,63 4,30 dollar australien ................1,9623...........1,9633 royaume-uni 1,09 2,03 3,41 4,52 dollar canadien...................1,6176...........1,6186 italie 1,28 1,80 4,43 5,51 yuan chinois..........................8,5632...........8,5732 won sud-coréen ............1941,5000 ....1942,5000 allemagne 1,28 1,80 3,10 3,90 japon 0,18 0,63 1,36 2,02 dollar néo-zéland...............2,5057...........2,5157 états-unis 0,32 1,27 2,97 3,98 rand sud-africain .............13,1845.........13,1945 suisse 0,17 0,49 2,22 2,45 SICAV ET FCP ECUREUIL SECURIPREMIERE C 2588,65 ECUREUIL SENSIPREMIERE C 3487,60 ECUREUIL TRESORERIE C 66,60 ECUR.OBLI REVEN.D(EX-EC.TRIMD) 268,39 ACCOR ............................◗ AIR FRANCE-KLM .............◗ AIR LIQUIDE ......................◗ ALCATEL-LUCENT .............◗ ALSTOM.............................◗ ARCELORMITTAL................ AXA....................................◗ BNP PARIBAS ....................◗ BOUYGUES........................◗ CAP GEMINI ......................◗ CARREFOUR ......................◗ CREDIT AGRICOLE ............◗ DANONE............................◗ DEXIA .................................. EADS ..................................◗ EDF .....................................◗ ESSILOR INTL.....................◗ FRANCE TELECOM ............◗ GDF SUEZ ..........................◗ LAFARGE............................◗ LAGARDERE ......................◗ L'OREAL .............................◗ LVMH MOET HEN.............◗ MICHELIN ..........................◗ PERNOD RICARD ..............◗ PEUGEOT ...........................◗ PPR .....................................◗ RENAULT ...........................◗ SAINT-GOBAIN.................◗ SANOFI-AVENTIS .............◗ SCHNEIDER ELECTRIC.......◗ SOCIETE GENERALE ..........◗ STMICROELECTRONICS ...◗ SUEZ ENV. .........................◗ TOTAL ................................◗ UNIBAIL-RODAMCO ........◗ VALLOUREC.......................◗ VEOLIA ENVIRON. ............◗ VINCI..................................◗ VIVENDI.............................◗ Dernier cours Cours préc. % var. % var. /préc. 31/12 Plus haut Plus bas 27,89 6,97 57,46 0,97 35,70 15,47 6,98 23,73 22,55 22,55 24,79 6,86 35,09 1,55 10,77 28,23 27,41 17,58 23,29 30,87 24,95 48,83 45,38 25,21 41,40 13,63 46,26 11,00 18,46 40,63 47,46 22,69 3,31 10,35 35,38 94,80 57,85 16,30 26,60 19,25 27,56 6,87 56,56 0,96 34,90 14,41 6,87 23,40 22,22 22,03 25,25 7,09 35,44 1,58 10,59 28,25 27,40 17,41 22,82 30,50 24,75 49,25 44,00 25,05 41,45 13,32 45,49 10,56 17,88 41,07 45,71 22,16 3,34 10,36 34,55 95,28 57,35 16,18 24,86 19,11 1,20 -20,56 1,50 -23,96 1,58 -12,21 1,05 -36,99 2,29 -14,96 7,36 -9,00 1,62 -55,95 1,43 -21,54 1,46 -25,35 2,36 -18,00 -1,84 -9,94 -3,24 -14,21 -0,97 -18,72 -1,96 -51,50 1,65 -10,52 -0,07 -31,98 0,05 -18,33 0,95 -11,92 2,04 -34,08 1,21 -28,79 0,79 -13,97 -0,86 -21,63 3,14 -5,00 0,66 -32,90 -0,13 -21,84 2,29 12,18 1,68 -0,73 4,12 -40,70 3,27 -39,48 -1,07 -10,51 3,83 -10,45 2,37 -36,97 -1,02 -30,84 -0,10 -14,15 2,40 -9,07 -0,50 -10,99 0,87 -28,57 0,71 -26,60 7,00 -11,33 0,73 -17,26 37,50 10,24 68,90 1,81 45,12 22,91 17,35 35,83 34,60 29,94 29,50 10,05 45,81 3,83 14,40 44,15 35,26 20,83 36,00 52,34 31,91 65,39 50,62 40,62 56,00 15,54 52,75 21,93 33,35 49,93 58,00 38,17 5,29 13,29 42,47 118,18 98,18 23,09 31,97 24,00 27,23 6,85 55,02 0,95 33,38 14,25 6,72 20,66 21,77 21,66 24,73 6,80 35,02 1,52 10,54 27,91 26,85 16,77 22,70 30,17 24,75 48,72 39,08 24,11 41,32 11,43 36,25 10,16 16,65 39,82 41,30 21,78 3,28 10,05 34,25 89,50 56,11 15,08 24,60 18,28 Divid. net 3,15 0,58 2,25 0,16 1,60 0,16 1,20 3,35 1,50 1,00 1,08 1,20 1,10 0,68 0,10 0,64 0,62 0,60 0,80 4,00 1,30 1,38 0,35 1,60 0,69 1,50 3,45 3,80 2,05 2,07 3,30 0,90 0,08 n/d 1,14 1,75 7,00 1,21 0,52 1,30 T T T T T A T T T T T T T T T A T A A T T T A T S T T T T T T T A A A T T A T Code ISIN FR0000120404 FR0000031122 FR0000120073 FR0000130007 FR0010220475 LU0323134006 FR0000120628 FR0000131104 FR0000120503 FR0000125338 FR0000120172 FR0000045072 FR0000120644 BE0003796134 NL0000235190 FR0010242511 FR0000121667 FR0000133308 FR0010208488 FR0000120537 FR0000130213 FR0000120321 FR0000121014 FR0000121261 FR0000120693 FR0000121501 FR0000121485 FR0000131906 FR0000125007 FR0000120578 FR0000121972 FR0000130809 NL0000226223 FR0010613471 FR0000120271 FR0000124711 FR0000120354 FR0000124141 FR0000125486 FR0000127771 Cours en euros. ◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant l'objet d'un contrat d'animation. Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2009. n/d : valeur non disponible. A : acompte, S : solde, T : totalité. Retrouvez l’ensemble des cotations sur notre site Internet : http://finance.lemonde.fr (Publicité) SÉLECTION publiée sous la responsabilité de l'émetteur 2/3 2/3 2/3 2/3 Dernier cours connu le 4/3 à 9h Valeur Cours date en euro valeur Fonds communs de placements ECUREUIL BENEFICESRESPONSABLES 26,82 ECUREUIL ACTIONS EUROP. C 9,55 ECUREUIL CAPIPREMIERE C 2821,43 ECUR.OBLI CAPI C(EX-EC.CAPI C) 58,80 ECUR.PROFIL 90 D(EX.EC-DYN.+D) 22,47 ECUR.PROFIL 75 D(EX.EC-ENER.D) 28,09 ECUREUIL EURIBOR 1245,34 ECUREUIL EXPANSION C 18285,15 ECUREUIL INVESTISSEMENT D 30,03 ECUREUIL MONEPREMIERE C 2380,83 2/3 2/3 2/3 2/3 2/3 2/3 2/3 3/3 2/3 2/3 Multi-promoteurs CM-CIC EUROPE 14,69 2/3 12,59 4,95 12,33 145,21 22,92 20,96 52,90 17,67 137,45 19,90 2/3 2/3 2/3 2/3 2/3 2/3 2/3 2/3 3/3 2/3 57,59 14,24 2/3 2/3 Fonds communs de placements CM-CIC EURO ACT C CM-CIC SELECT PEA CM-CIC MID EUROPE CM-CIC TEMPERE CM-CIC DYN.EUROPE CM-CIC FRANCE CM-CIC EQUILIBRE CM-CIC DYN.INTERN. CM-CIC OBLI C.T. CM-CIC MID FRANCE GMO ACTIONS LBPAM ACTIONS AMERIQUE C LBPAM ACTIONS DEVELDURABLE C LBPAM ACTIONS DEVELDURABLE D LBPAM ACTIONS DEVELDURABLE S LBPAM ACTIONS EURO R LBPAM ACTIONS FRANCE C LBPAM ACTIONS FRANCE D LBPAM ACTIONS INDICE FRANCE LBPAM ACTIONS INDICE EURO R LBPAM ACTIONS MIDCAP C LBPAM ACTIONS MIDCAP D LBPAM ACTIONS MONDE C LBPAM ACTIONS MONDE D LBPAM ACTIONS PACIFIQUE C LBPAM MONETAIRE C LBPAM MONETAIRE D LBPAM OBLI LONG TERME D LBPAM OBLI MOYEN TERME C LBPAM OBLI REVENUS LBPAM PROFIL 100 C LBPAM PROFIL 100 D LBPAM PROFIL 100 S LBPAM PROFIL 15 C LBPAM PROFIL 15 D LBPAM PROFIL 50 C LBPAM PROFIL 50 D LBPAM PROFIL 80 C LBPAM PROFIL 80 D LBPAM PROFIL 80 PEA C LBPAM PROFIL 80 PEA D 73,02 2/3 67,15 2/3 48,28 2/3 16,45 2/3 58,36 2/3 51,55 2/3 21,31 2/3 48,11 2/3 64,02 2/3 60,06 27/2 127,34 2/3 106,96 2/3 12,22 2/3 126,02 2/3 111,06 1/3 124,33 8/10 229,75 2/3 744,62 2/3 45,53 27/2 39,36 2/3 52,63 2/3 208,47 1/3 187,34 2/3 181,04 1/3 162,66 2/3 167,01 1/3 148,65 2/3 61,68 1/3 55,28 1/3 LBPAM PROFIL 80 PEA S LBPAM TRESORERIE P LBPAM TRESORERIE E VIVACCIO ACTIONS 61,65 3179,06 6923,68 57,84 2/3 3/3 1/3 2/3 Fonds communs de placements LBPAM ACTIONS TELECOM R LBPAM ACTIONS EUROPE C LBPAM ACTIONS FINANCE LBPAM ACTIONS SANTE LBPAM OBLI EUROPE D 35,88 2/3 40,20 2/3 28,44 2/3 68,00 27/2 107,44 2/3 FCP Multi-gestion CM-CIC DYN.INTERN. 17,67 2/3 CM-CIC OBLI C.T. 137,45 3/3 CM-CIC OBLIGATIOND 25,10 3/3 CM-CIC MID FRANCE 19,90 2/3 CM-CIC USA 4,18 27/2 CM- CIC JAPON 2,75 27/2 CM-CIC PLAN BOURSE 14,32 2/3 CM-CIC TEMPERE 145,21 2/3 CM-CIC EURO ACT C 12,59 2/3 CM-CIC FRANCE 20,96 2/3 ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... ...................................................................................... Economie & Médias 17 0123 Jeudi 5 mars 2009 France Télécom se maintient dans un secteur de plus en plus concurrentiel L’opérateur historique a dégagé un résultat net de 4,1 milliards d’euros en 2008. Un plan de réduction des coûts de 1,5 milliard d’euros par an est envisagé N ous ne sommes pas déconnectés de l’environnement extérieur », a reconnu Gervais Pélissier, directeur général adjoint de France Télécom, mercredi 4 mars, lors de la présentation des résultats annuels du groupe. « Mais le ralentissement est plus faible pour nous du fait de la structure de nos activités », ajoute-t-il. Déjà, en 2008, l’impact était mesurable. « La croissance a été divisée par deux entre le premier et le second semestre, passant de 4 % à 2 %. Les effets sont plus ou moins forts selon les pays. Ils le sont plus en Espagne qu’en France. La facture télécoms représente environ 2,4 % de la dépense moyenne des ménages français », souligne M. Pélissier. Pour 2009, France Télécom ne se risque pas à des prévisions.Seule orientation fixée pour l’évolution du chiffre d’affaires : faire mieux quelePIB (– 1 %prévus)dansles différents pays où l’entreprise opère. France Télécom ne donne pas non plus de précision sur l’évolution de la marge, même si elle concède qu’elle devrait s’éroder. Seul objectif chiffré : maintenir des flux de trésorerie (cash flow) de 8 milliards d’euros, soit le niveau record atteint en 2008. De quoi satisfaire les actionnaires, dont l’Etat, car le niveau de distribution sera d’au moins 45 %. Les difficultés pour France Télécom ne sont pas uniquement économiques, mais aussiréglementaires et concurrentielles. Pour 2008, Un groupe devenu très international RÉPARTITION DU CHIFFRE D’AFFAIRES 2008 PAR ACTIVITÉS... ...PAR SECTEUR GÉOGRAPHIQUE Téléphone mobile Téléphone fixe et Internet pour particuliers 49 % Royaume-Uni 11 % France Pologne 10 % 43 % 38 % Autres* 29 % Services aux entreprises 13 % Espagne 7% Total : 53,49 milliards d’euros * Reste du monde et services aux entreprises SOURCE : SOCIÉTÉ ET LE MONDE l’opérateur chiffre à plus de 800 millions d’euros l’impact de la baisse imposée sur les terminaisons d’appel mobiles. Surtout, l’entreprise a subi ces derniers mois les attaques de ses concurrents en France. Elle s’est vu privée de son exclusivité sur la vente de l’iPhone, dont elle a écoulé 810 000 exemplaires. Elle s’est vu interdire de réserver la diffusion de sa chaîne Orange Sport à ses abonnés ADSL. France Télécom estime avoir conquis 300 000 abonnés à ses chaînes sport et cinéma fin février. Dernière attaque, Vivendi, associé à Iliad, a annoncé lundi 2 mars qu’il allait porter plainte à Bruxelles pour abus de position dominante. Or Iliad, maison mère de Free, est candidat à la quatrième licence de téléphonie mobile. France Télécom bénéficie d’une structure solide. A l’issue du Plan Next lancé parDidier Lombard, son PDG, il y a trois ans, l’opérateur a renforcé sa position financière. La dette a encore décru en 2008, passant de 38 milliards à 35,9 milliards d’euros. A taux de change et périmètre comparables, le chiffre d’affaires a progressé de 2,9 % à 53,48 milliards d’euros. Quant au bénéfice net, il est en baisse mais reste confortable, passant de 6,3 milliards à 4,1 milliards d’euros. France Télécom justifie cette diminution par l’absence de cession de filiales en 2008 et par la dépréciation de certains actifs. Elle a déprécié pour 140 millions d’euros ses activités fixe et Internet en Espagne, et pour un montant équivalent ses filiales spécialisées dans le e-commerce. Investissement soutenu A l’issue du Plan Next, M. Lombard s’était dit peu enclin à relancer uneopération similaire. Il a toutefois dévoilé mercredi une feuille de route, baptisée Orange 2012, qui exclut toute acquisition majeure. Elle s’articule autour de trois axes : simplifier l’accès aux services et la technologie, développerla réactivité du groupe et maintenir un cash flow à 8 milliards d’euros, hors coût d’acquisition des fréquences. Ce dernier objectif doit être atteint avec un investissement soutenu, compris entre 12 % et 13 % du chiffre d’affaires, même si l’opérateur se dit prêt à réagir à la baisse si les conditions économiques se dégradent. Un plan de réduction des coûts pouvant atteindre 1,5 milliard d’euros par an est envisagé. Il n’est pas détaillé. Le groupe ne souhaite pas s’exprimer sur l’évolution des effectifs, sachant que les départs à la retraite touchent 1 500 à 2 000 personnes par an. p Laurence Girard Immobilier Les loyers d’habitation se stabilisent Selon l’observatoire Clameur, les loyers des baux d’habitation conclus en janvier et février 2009 en % se sont quasiment stabilisés, avec + 5,1 une hausse de 0,2 % par rapport à la + 4,5 + 4,7 4 même période de 2008 et un prix moyen pour la France entière de 12 euros le mètre carré mensuel, 2 confirmant le ralentissement enta+ 1,6 + 0,2 mé depuis 2006. Clameur constate que, sur les 680 villes observées, 0 44 % voient leurs loyers baisser, 05 09 2001 comme Toulouse (– 1 %), Bordeaux Janv. fév. (– 0,6 %), Rennes (– 0,9 %), Angers SOURCE : CLAMEUR (– 3,4 %), et 56 % progresser, en particulier en Provence-Alpes-Côte d’Azur. A Paris, les loyers baissent (– 1,8 %) plus sensiblement dans les arrondissements du nord et de l’est (– 6 % dans les 10e et 19e). p I. R.-L. VARIATION ANNUELLE DU PRIX MOYEN DES LOYERS Commerce Tensions entre l’Union européenne et les Etats-Unis L’Union européenne va imposer des taxes antidumping contre des fabricants américains de biodiesel soupçonnés de subventionner de manière déloyale leurs exportations. A partir de mi-mars, les produits concernés seront taxés entre 23 et 41 euros pour 100 kg. La grande distribution prévoit une baisse des prix en 2009 Les prix des produits alimentaires vendus dans la grande distribution seront « plutôt en baisse » en 2009, malgré les hausses de tarifs de l’ordre de 4 % réclamées par les industriels. Mardi 3 mars, le président de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD), Jérôme Bédier, a précisé que « l’objectif des commerçants est de contenir cette hausse (de 4 %) entre 1 % et 1,5 % en moyenne ». Exportations Le gouvernement incite les grandes entreprises à aider les PME à l’export Anne-Marie Idrac, secrétaire d’Etat chargée du commerce extérieur, a annoncé, mardi 3 mars, le lancement de l’association Pacte PME International, qui a pour objectif d’inciter les grands groupes à entraîner leurs fournisseurs et partenaires sur leurs marchés étrangers. Cette association, présidée par Henri Lachmann, président du conseil de surveillance de Schneider Electric, sera animée par le Comité Richelieu. Vingttrois grands groupes ont annoncé leur adhésion à cette association. Les PME ainsi « portées » bénéficieront de financements publics et de soutien de la part d’organismes d’aides à l’exportation tels Ubifrance ou la Coface.p Annie Kahn GEO.fr Aller plus loin. Leo Burnett - Ebo Fraterman/Imaginativ’ Un numéro exceptionnel LEMONDE_encart_GEO30ANS.indd 1 Depuis 30 ans, GEO vous emmène plus loin dans le voyage et le reportage, à la découverte de terres, d’hommes et d’histoires d’ailleurs. Ce mois-ci un numéro exceptionnel pour redécouvrir le monde au travers de 6 voyages extraordinaires avec en cadeau une carte de Titouan Lamazou. GEO Un nouveau monde : la Terre 26/02/09 11:20:06 18 Décryptages Enquête 0123 Jeudi 5 mars 2009 Marie Jégo Le monument à la gloire des héros de la seconde guerre mondiale et des travailleurs de Magnitogorsk. Magnitogorsk (Russie) Envoyée spéciale I ci, les gens lisent leur avenir dans la fumée âcre et noire crachée par le combinat sidérurgique, le MMK. Relique de l’industrialisation à marche forcée de l’époque stalinienne, ce monstre de ferraille et la trentaine d’usines qui lui sont rattachées dominent un territoire énorme sur la berge orientale du fleuve Oural. Tant que le ventre industriel de Magnitogorsk, ville de l’Oural à deux heures de vol de Moscou, ronfle, crache et s’active, 70 000 habitants, soit 30 % de la population en âge de travailler, ont un emploi assuré. Lorsqu’à l’automne 2008, la fumée rejetée par les hauts-fourneaux a commencé à se raréfier, l’inquiétude a surgi. « On ne s’y attendait vraiment pas », explique Viktoria. La jeune femme blonde, la trentaine, avaitgoûté auxjoiesdu « miracleéconomique » des années Poutine (2000-2008), acquérant une voiture étrangère à crédit, faisant ses premiers pas de rédactrice en chef pour le site d’informations municipales Mgorsk.ru. En octobre 2008, le site a fermé. Viktoria a perdu son emploi et ses illusions. Située sur la rive occidentale du fleuve, face au combinat, la ville, 409 000 habitants, porte les traces du boom économi- IGOR STARKOV/KARTA Ici, il n’y a ni syndicat indépendant, ni partis d’opposition, ni société civile, ni association de protection de l’environnement que des dix dernières années. Salons de beauté, restaurants, centres commerciaux ontfleurilelongdestroisavenues principales aux noms inchangés depuis l’époque soviétique : la « Karl-Marx », la « Lénine », la « Soviétique ». « Toute la région nous enviait !, raconte Viktoria. Les salaires de nos ouvriers étaient les plus élevés : 15 000 roubles [428 euros avant la dévaluation de 35 % du rouble]. La crise nous est tombée dessus alors que nous commencions tout juste à redresser la tête. » En octobre 2008, le rêve de bien-être et de stabilité s’est écroulé. L’activité du combinat a décliné. Les commandes se sont taries, la production d’acier et de fonte a chuté de plus de moitié – 420 000 tonnes en décembre contre 1 100 000 tonnes en juillet. Quatre hauts-fourneaux sur huit ont cessé de fonctionner. Desmilliersd’ouvriers se sont retrouvés au repos forcé, leurs salaires amputés de 20 % à 50 %. La direction de l’entreprise affirme que les licenciements massifs ont été évités. « Depuis quatre-vingts ans, le combinatest l’employeurnuméroun decette ville, s’il s’arrête, tout s’arrête », résume Elena Azovtseva, la porte-parole de l’entreprise. Les déboires du combinat ont quand même fait tache d’huile. Chantiers, commerces, usines ont licencié de façon plus ou moins avouée. Vitali, la trentaine, vient de perdre son travail de fraiseur à l’usine de boulons Metiz, filiale du combinat. Non il n’a pas été licencié, il est parti volontairement, sans indemnités, comme le lui suggérait la direction. Pour ne pas se mettre mal avec l’usine, il est parti sans faire d’histoires, les mains vides, « comme ça, si l’activité reprend, ils feront de nouveau appel à moi », espère-t-il. Enattendant des joursmeilleurs, ilse dit prêt à prendre « n’importe quel travail ». UnpetittourauCentrepourl’emploile laisse sans voix. Une centaine de personnes ont envahi le petit local. Avec 6 000 chômeurs inscrits, le centre n’a que 300 postes àproposer,engénéraldes emploispeuqualifiés – cantonniers, vigiles, manutentionnaires, femmes de ménage – faiblement rémunérés (entre 4 000 et 5 000 roubles mensuels, soit 87 à 109 euros). Vitali est inquiet. Avec un salaire aussi bas, comment rembourser le crédit – en dollars – de sa Wolkswagen, payer la pension alimentaire de son fils, assurer les dépenses de gaz et d’électricité de son logement ? Fiodor, 24 ans, n’est pas moins inquiet. Fraîchement diplômé de la faculté de droit, il sait qu’il ne trouvera pas de travail dans sa spécialité : « On a formé trop de juristes en Russie. » C’est décidé, il sera conducteur d’autobus. La formation coûte 14 000 roubles (307 euros), le centre est prêt à en assumer la moitié, Fiodor n’est pas sûr de pouvoir avancer le reste. Le Centre pour l’emploi peine à faire face. Les gens font la queue pour s’inscrire, reçoiventunticketnuméroté,doiventrevenir pour un entretien. En quatre mois, le nombre des demandeurs d’emploi à Plus dure la vie dans l’Oural Depuis une dizaine d’années, les habitants de Magnitogorsk, une ville mono-industrielle, profitaient pleinement du boom économique russe. Mais, avec la crise, nombreux sont ceux qui voient s’écrouler leurs rêves de bien-être et de stabilité financière Magnitogorsk a été multiplié par cinq. Et pourtant, les 6 000 personnes inscrites ne représentent que 11 % du nombre total des chômeurs. « La plupart des personnes au chômage ne se font pas enregistrer », explique Viktoria. Elle-même n’a pas jugé bon de le faire. Pourquoi ? Elle ne court pas après l’indemnité de chômage offerte (5 600 roubles, soit 123 euros). Son mari, petit entrepreneur, fait bouillir la marmite. Le couple a finiderembourserlestraites dupetit deuxpiècesacheté avantlacrise. Reste à honorer le crédit de la Ford, heureusement Viktoria avaitoptépour un remboursementenroubles. Entre janvier et février, la monnaie russe s’est dépréciée de 35 % face au « panier » de devises (euros-dollars) qui lui sert de référence. Pas facile, à Magnitogorsk, d’obtenir des informations. La « verticale du combinat » est à l’œuvre. La chape de plomb est aussi épaisse que les volutes de fumée sorties des hauts-fourneaux. A la vue d’une journaliste, étrangère de surcroît, les officiels se font inquisiteurs. « Dites-moi qui vous avez vu pendant votre séjour et ce qu’ils vous ont dit », assène, sur un ton qui n’ad- met pas de répliques, Elena Azovtseva, la porte-parole du combinat. Ici, il n’y a ni syndicat indépendant, ni partisd’opposition,nisociétécivile,niassociation de protection de l’environnement alors que la ville est très polluée. « Personne ne veut se risquer à proférer une seule critique contre le combinat qui nourrit toute la ville », explique Viktor, un métallo à la retraite. Le combinat veille à tout : au bienêtre et à lasanté des ouvriers, auplacement de leurs enfants, aux loisirs de leurs familles et bien sûr à l’écologie. Il contribue à70 % aubudget delaville,fournitle chauffage et l’eau chaude, entretient l’équipe de hockey sur glace, a construit les deux stationsdeski ultramodernesàunesoixantaine de kilomètres de là. L e maire de Magnitogorsk, Evgueni Karpov, est un ex-directeur financier de l’entreprise, tandis que la plupart des commerces en ville sont la propriété d’Andreï Morozov, un ancien directeur adjoint du combinat. « La ville fonctionne comme une petite principauté », résume Rosalia Belochapko, femme d’affaires et membre du conseil municipal. Cette brune à l’allure décidée, coiffure impeccable et manteau de vison, s’est lancée dans le « business », en 2003, avec la construction de deux centres commerciaux. « Quand j’ai demandé les permis de construire, la municipalité m’a suggéré de construire d’abord et que les permis viendraient après, mais j’attends toujours », raconte-t-elle. Les bâtiments à peine achevés, une série de contrôles s’est abattue sur sasociété:fisc,sécurité,hygiène.Lamunicipalité a exigé la démolition des centres. Rosalia était menacée d’en perdre la propriété. Elle a dû aller plaider sa cause à Moscou, a trouvé une oreille complaisante auprès de députés de Russie unie, le parti pro-Kremlin qui, depuis la crise,ne cesse de vanter la diversification de l’économie et le développement des PME. « Si chaque entrepreneur doit monter à Moscou pour implorer le tsar dès qu’il a des problèmes, on peut comprendre pourquoi les PME ne se développent pas », conclutelle. Viktor Barabanov, qui dirige l’association locale des petits entrepreneurs, déplore la monopolisation de l’économie. « Magnitogorsk est une ville mono-industrielle semblable à bien d’autres en Russie. Son modèle de développement est axé sur le règne d’une corporation peu intéressée à voir la concurrence se développer. » Alexeï Odintsev, propriétaire de l’Hôtel Avrora, le plus coquet de la ville, est amer. Le « miracle » économique russe, il y a cru. Fortdesesexportationsdepétrole,le paysa affiché pendant des années une croissance d’environ 10 % par an et des ambitions géopolitiques démesurées. Or Alexeï se « fiche pas mal que la Russie soit une grande puissance », son principal souci « c’est que l’économie soit solide. On nous a bassinés avec la stabilité du rouble, résultat il a perdu 35 % ». Touràtour,ilfustigeleslenteursbureaucratiques – deux ans pour obtenir les preuvesquel’hôtelestbiensa propriété –,la corruption – 1 million d’euros de pots-de-vin à verser pour être relié au réseau électrique – et le règne du monopole. Une seule compagnie d’avions dessert Magnitogorsk depuis la capitale russe. Le billet aller-retour coûte 14 000 roubles (307 euros). « C’est l’équivalentd’un mois de salaire d’un ouvrier. Forcément, à ce prix-là, des tas de gens de chez nous ne sont jamais allés à Moscou », rapporte Alexeï. Son fils aîné, étudiant à Londres, s’y rend en avion pour sensiblement la même somme, 16 000 roubles (351 euros). Les ouvriers du combinat ont d’autres préoccupations. Ils guettent la fumée. Elle est redevenue plus dense depuis que des créditssontarrivésdeMoscou.Deuxhautsfourneaux se sont remis à fonctionner en janvier. L’espoir revient. Et puis il y a le hockey sur glace. L’équipe du cru, Metallourg, est la deuxième du championnat de Russie. Les soirs de fête, les gens de Magnitogorsk convergent vers le grand stade tout neuf construit aux frais du combinat. La bièrecouleàflots,l’excitationestàsoncomble. « Tue-le ! », lance un spectateur à un joueur en bisbille avec un attaquant de l’équipe adverse, le CSKA de Moscou. Ovationné, le Metallourg l’emporte. « Le combinat aussi gagnera. Il en a vu d’autres et nous aussi », affirme Dmitri, un ouvrier qui assiste au match en famille. Au-dessus de la patinoire, une banderole publicitaire proclame : « Avec le combinat MMK tout est plus sûr. » p Débats Décryptages 19 0123 Jeudi 5 mars 2009 Paris Métropole doit s’étoffer pour dessiner le XXIe siècle francilien Oui à une démarche fédératrice, non à un « Grand Paris » anonyme L ’avenirdelamétropoleparisienne est au cœur de l’actualité. Loindetouteconsidération abstraite ou politicienne, cet enjeu appelle des réponses originales aux vrais besoins des citoyens. Aujourd’hui de quoi nous parlent-ils ? De leurs difficultés à se loger, à se déplacer, ils nous interpellent aussi sur leur qualité de vie et sur leur environnement urbain. Quant aux entreprises, elles le savent depuis longtemps : le territoire parisien, plusétroit que les autres grandes métropoles mondiales, implique de renforcer les liensentrelespôlesdedéveloppementéconomique de petite et de grande couronne. Les collectivités locales enfin, et notamment les communes, appellent à juste titre à une véritable solidarité financière au sein de l’espace métropolitain. Précisément. Conscients de l’ampleur de ces défis, de nombreux élus franciliens, de droite comme de gauche, se sont engagés depuis trois ansdansunedémarcheinédite.Impliquant près de 200 collectivités (communes, intercommunalités, conseils généraux mais aussi la région Ile-de-France), Paris Métropole dessine les contours d’une gouvernance innovante : elle est le lieu où, démocratiquement, s’inventent de nouveaux rapports entre collectivités, selon unelogiquedeprojets,assumantderechercher une voie qui ne se réduise pas aux schémas institutionnels classiques. Faut-il aujourd’hui aller plus loin ? Clairement, je réponds oui. A ce stade, Paris Métropole n’est pas un aboutissement mais un socle, dont nous devons partir Bertrand Delanoë Maire (PS) de Paris pour dessiner des perspectives volontaristes. Il faut imaginer collectivement les conditions d’une étape nouvelle, à partir de notre vision commune du XXIe siècle francilien. Et en déduire un instrument fédérateur qui coordonne, impulse et renforce ainsi les dynamiques nécessaires autour des vrais enjeux stratégiques. Bien loin d’une telle approche, la proposition récente de la commission Balladur est passée à côté du sujet : son périmètre restauremécaniquementl’ancien département de la Seine, là où l’attractivité de notre métropole implique évidemment d’y intégrer des sites aussi décisifs que Saclay,lesvillesnouvellesouleszonesaéroportuaires. De plus, cette fusion des quatre départements centraux au sein d’un « Grand Paris » serait synonyme d’impuissance pour cette institution mastodonte. Car il faut être clair : des politiques comme l’insertion, le handicap ou les personnes âgées, actuellement gérées à l’échelle pertinente des départements, ne se traitent certainement pas à 6 millions d’habitants ! Dissoudre conseils généraux et intercommunalitééloigneraitdangereusement le citoyen du lieu de décision, nuisant à la qualité même du service rendu. Le souci d’efficacité suggère un autre modèle. Plutôt que de transférer de telles mis- sionsdeproximitéà unéchelon métropolitain, nous proposons de concentrer l’intervention de Paris Métropole sur ce qui est mal, voire pas géré, pour en faire le lieu de règlement légitime de carences que chacun identifie. Concrètement, cela signifie que Paris Métropole puisse, progressivement, hériter de compétences reconnues dans des domaines où le besoin de cohérence est profond. Dès ce stade, je veux donc évoquer les missions qui pourraient lui être attribuées. D’abord, la politique du logement, ce qui intègre bien entendu le combat contre l’habitat insalubre. Impossible de citer ici tous les textes législatifs qui, sur ce sujet, ont abouti à un enchevêtrement des niveaux de décision rendant l’action publique particulièrement difficile. C’est pourquoi le financement et la répartition des logements sociaux devraient désormais se concevoir à l’échelle adaptée de Paris Métropole. De même, l’attractivité économique, le renforcement des réseaux universitaires et de recherche constituent des priorités essentielles et invitent à des décisions qu’il faut concevoir et mettre en œuvre ensemble, dans un cadre de juste dimension. Bien entendu, la réussite d’une telle entreprise ne peut se concevoir sans l’apport de la dynamique régionale. C’est précisément pour cette raison que la région est au cœur de la gouvernance de Paris Métropole. Autre prérogative que notre structure pourrait prendre en charge : la solidarité financière. Le dispositif actuel se limite, pour l’essentiel, à un Fonds régional mis en place par l’Etat et qui porte sur un montant spectaculairement insuffisant (177 millions d’euros). Curieusement, le rapport surle« GrandParis » n’enparlepas. Orpenser l’avenir de notre espace commun, c’est aussi définir les conditions d’un partage des moyens financiers, source évidente de solidarité et de réduction des inégalités sociales et territoriales. L’enjeudel’urbanismeimplique,luiaussi, une mise en synergie actuellement introuvable. La récente consultation d’architectesinternationauxapourtant confirmé l’importance stratégique de ce sujet. L’organisation physique du territoire, Autre prérogative que notre structure pourrait prendre en charge : la solidarité financière » l’évolution de l’espace, de ses formes, de ses équilibres, désignent autant de défis qui influent directement sur la vie de chaque habitant. Il faut donc un acteur central,Paris Métropole,pour mettreles initiativesen cohérence et extirper notremétropole d’une conception trop étriquée. Quant à la question des déplacements, c’est le Syndicat des transports d’Ile-deFrance (STIF) qui, sous l’autorité de la région, en assume l’organisation. C’est un vraiprogrès, que nous pouvons sans doute renforcer:àcet effet, ParisMétropolepour- rait, par exemple, contribuer à mobiliser des investissements structurants directement liés aux besoins en transports au cœur de notre agglomération. Pour élaborer cet espace opérationnel qui permette de comprendre, de décider et d’agir collectivement, sachons tirer les enseignements de ce qui se passe à l’étranger.Cartouteslesgrandesmétropolesmondiales sont confrontées à une gestion complexe de leur territoire. A chaque fois, elles tententd’y répondreavecpragmatisme, en inventant des outils souples et adaptés à leur histoire. C’est le cas du « Grand Londres », qui s’appuie sur plusieurs agences spécialisées, pour agir sur un espace de 8 millions d’habitants. C’est également le cas de l’Allemagne, qui a conçu des méthodes de projet originales, les Internationale Bauausstellung (IBA), pour penser les reconversions urbaines : une approche flexible, qui privilégie un traitement ciblé dechaque dossier,sur unpérimètre donné. Nousnousinspironsdirectementde telles pratiques : un instrument adapté à la dimension et à la nature de chaque enjeu. Paris Métropole est en marche. Je souhaite que,dansleurdiversité,ses acteursdémontrent, au cours des prochains mois, leur volonté d’accélérer le processus engagé, en portant un projet dont la force, nullement imposée « d’en haut », découlera d’abord de leur légitimité. Paris Métropole est le symbole d’un territoire qui se saisit de son propre destin. Loin de tout Meccano anachronique, partons plutôt du réel, assumons une vision audacieuse et posons des actes, ensemble. p Evitons les pièges du congé parental Travail, famille... et parité Afin d’aider les ménages modestes, un service Faut-il une loi sur l’égalité des sexes dans l’entreprise ? public de la petite enfance s’impose L e président de la République vient de faire une sériede propositions sur la politique familiale. Il a notamment proposé de raccourcir le congé parental et, plus précisément, la durée du versement de l’allocation compensant l’arrêt d’activité lié à la naissance d’un enfant. Cette proposition rejoint les revendications formulées depuis longtemps par des chercheurs(e)s spécialisé(e)set des féministes. Mais elle ne semble pas pouvoir être mise en œuvre selon le processus proposé. Toutes les études montrent qu’en France ce que l’on appelle le congé parental – en fait le versement d’une allocation condition par l’arrêt ou à la diminution d’activité – est défavorable à l’activité féminine, et plus encore à celle des femmes peu diplômées ou exposées au risque de la précarité dans l’emploi. Long, rémunéré faiblement et de façon forfaitaire, ce dispositif incite en effet les femmes dont les salaires sont peu élevés et l’emploi peu gratifiant à se retirer du marché du travail. D’une part parce qu’il est « plus intéressant » (si cette expression a un sens !) pour elles de rester à la maison pour garder leur enfant plutôt que de payer une assistante maternelle ou une crèche et de faire face à tous les frais engendrés par le fait de travailler. D’autre part aussi parce que leurs conditions de travail sont le plus souvent incompatibles avec leurs contraintes familiales. Une enquête réalisée auprès d’un échantillon de 1 000 femmes s’étant arrêtées de travailler à la naissance d’un enfant a ainsi mis en évidence que plus de la moitié d’entre elles auraient souhaité continuer à travailler mais que presque autant étaient soumises à des horaires atypiques, inconciliables avec les rythmes de la vie familiale. Rester à la maison pour s’occuper de son enfant est certes un plaisir mais aussi une obligation, tant les conditions de travail sont mal adaptées aux contraintes de la vie familiale. Dès lors, le congé parental, pris à 98 % par les mères, devient un cadeau empoisonné qui incite celles-ci à rompre les liens avec l’entreprise et, pour la moitié d’entre elles, à ne pouvoir revenir sur le marché du travail que sur des postes moins bien payés et-ou avec des conditions de travail dégradées par rapport à la situation antérieure à la naissance. Comme l’a confirmé la dernière enquê- te de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) sur le sujet, ce sont les femmes aux revenus les plus modestes qui restent à la maison pour garder leurs enfants à l’aide de cette allocation et qui se retrouvent donc privées de l’indépendance à laquelle l’emploi donne accès. Oui, il est donc souhaitable de réduire la durée d’indemnisation du congé et de rendre l’allocation proportionnelle au salaire (à l’instar des pays nordiques) pour éviter de n’inciter queles femmes les plus modestes à se retirer du marché du travail. Faut-il pour autant en faire la mesure phare d’une réforme de la politique familiale ? Non ! La démarche qui consiste à raccourcir le congé avant la mise en œuvre d’autres mesures de soutien ou d’accompagnement fait, en effet, furieusement penser à Rester à la maison pour s’occuper de son enfant est certes unplaisir mais aussi une obligation, tant les conditions de travail sont mal adaptées aux contraintes de la vie familiale » quel emploi, à n’importe quelle condition, sous peine de tomber dans la pauvreté. Cela permet aussi de faire des économies… Sommes-nous si loin du workfare anglosaxon ? Un autre scénario est possible. Il consisterait à mettre en œuvre la promesse solennelle, lancée pendant la campagne présidentielle, d’un droit de garde opposable. Cela supposerait le développement d’un service public de la petite enfance et la programmation puis la mise en chantier de 400 000 places d’accueil sur cinq ans, gisement de bons emplois non délocalisables, élément-clé d’un plan de relance écologiquement durable axé sur la qualité de l’emploi et les besoins sociaux non satisfaits. C’est alors seulement que le congé parentalpourrait être profondémentréformé :plus court, rémunéré proportionnellement au salaire antérieur et surtout totalement partagé entre le père et la mère – ce qui constitue la seule manière d’impliquer vraiment les hommes dans la vie familiale et de permettre donc aux femmes de s’investir pleinement dans la vie professionnelle. Il faudrait enfin remettre en chantier la question de l’articulation des temps permettant aux hommes et aux femmes de menervraiment de front vieprofessionnelle et vie familiale. Cespropositionsontétédétailléesetchiffrées dans Le Deuxième Age de l’émancipation (Seuil, « La République des idées », 2007) : donner à tous les enfants de moins de 3 ans une place dans un mode d’accueil de qualité ou la possibilité d’être gardé par le père ou la mère grâce à un congé parental de 42 semaines entièrement partagé (la moitié non prise par l’autre parent étant perdue) conduirait à faire passer les sommes consacrées à l’accueil des jeunes enfantsde1,32 %à1,65 %duPIB…alorsqu’elles représentent 2,7 % du PIB au Danemark. Oui, nous savons ce qu’il faut faire. Mais tout sepasse décidémentcomme si les bonnes idées venues du Nord ne pouvaient être transposées dans notre pays que d’une manière parcellaire et sans vision d’ensemble, alors que ces politiques n’ont de véritable portée que si elles sont menées de façon cohérente et globale. p ce qui s’est passé dans notre pays au nom de la « flexicurité » : les dispositifs visant à flexibiliser le marché du travail ont été développés avant que les mesures promises en termes de sécurisation soient mises en place. Raccourcir la durée de versement des aides sans développer les modes de garde revient en quelque sorte à obliger les personnes à rejoindre le marché du travail et à accepter un emploi – y compris un emploi de mauvaise qualité, avec un très faible nombre d’heures. Cela aboutit – comme lorsqu’on recule l’âge de la retraite à taux plein sans améliorer les conditions de travail ou qu’on exige des bénéficiaires de minima sociaux de rechercher un emploi sans prendre en considération les contraintes objectives qui les en empêchent – à « inciter » les per- Dominique Méda, sociologue du travail, sonnes concernées à prendre n’importe Jeanne Fagnani, sociologue de la famille E n Espagne, la nouvelle loi sur l’égalitéentrelessexes,approuvée par le Parlement en mars 2007, va au-delà de la directive communautaire et impose 40 % de membres de chaque sexe sur les listes électorales et dans les comités de direction des grandes entreprises. Elle y ajoute l’obligation d’implémenter des plans d’égalité entre les sexes dans les négociations entre syndicats et entreprises. Le volontarisme espagnol dans le champ du marché du travail est contesté par ceux qui considèrent que l’on ne devraitpasinterféreraveclemarchéauprétexte que les entreprises maximisent leurs profits. Ainsi, le traitement des femmes et deshommesserait optimalauvudescaractéristiques spécifiques de ces deux catégories d’individus. La création de ce type de loiempêcheraitparailleurslebonfonctionnement des firmes et aurait pour effet de réduire les revenus des hommes comme ceux des femmes. Lesnouvellesthéories sur lefonctionnementdumarché dutravailpourles minorités se fondent sur l’idée que les entreprises « anticipent »lescomportementsdeshommesetdesfemmes,demêmequelesménages anticipent les comportements des entreprises. Prenonsl’exempledelaformationcontinue, déterminant fondamental pour les évolutions de carrière et, par conséquent, les salaires. Les entreprises investissent dans la formation continue de leurs travailleurs, espérant en tirer bénéfice par le travail à venir de leurs employés. En ce domaine, les femmes seraient moins bien loties que les hommes, les entreprises anticipantleurmoindreparticipation àl’activité économique future en raison des charges qui leur incombent dans le ménage (maternité, accouchement, etc.). Il en résulteraitunerétributionmoinsélevéequecelle des hommes. Les recherches empiriques montrent que les femmes bénéficient d’un moindre accès à la formation et perçoivent des salairesplusfaibles queleshommes.Cettedifférence, en moyenne, apparaît entre deux groupes de travailleurs répondant aux mêmes caractéristiques. En France, le salaire horaire des hommes est 11 % plus élevé que celui des femmes, en Espagne la diffé- Cecilia García-Peñalosa Chercheur au CNRS Groupement de recherche en économie quantitative d’Aix-Marseille (Greqam) rence est de 12 % et en Suède de 9 %. Dans le même temps, la différence en volume horaire de formation reçue par les hommes et les femmes est substantielle : 5 % en Espagne, 4,5 % en France et 3 % en Suède. Le comportement des ménages témoigne aussi d’anticipations, parfois inconscientes d’ailleurs. Un ménage « produit » certains biens qui demandent du temps, tels que la cuisine ou la garde des enfants, et impliquent une réduction du temps de travail. Deux cas sont envisageables. Soit les ménages optent pour une répartition plus égalitaire de ces tâches, car cela diminued’autant l’effortde chacun, soit il apparaîtra préférable de privilégier le travail de l’individu au sein du couple ayant le salaire horaire le plus élevé. Ce qui revient à l’exempter de sa participation aux tâches ménagères. Il en résulte que, si les ménages anticipent un salaire plus faible pour les femmes,ils décideront d’attribuer à la femme une proportion plus élevée de tâches ménagères. Ces décisions confirment ainsi les anticipations des entreprises. Dans ce contexte, une politique qui changerait les anticipations dans la sphère professionnellepeutmodifierlecomportement des entreprises et des ménages. En particulier si la loi exige la participation égale d’hommes et de femmes dans certainstypesd’activités,lesentreprisesadopteront un même comportement en matière de formation et cela aboutira à l’égalité salariale. Mais cette égalité salariale implique une division égalitaire du travail domestique. Au final, un nouvel équilibre peut apparaître tant sur le plan du traitement salarial que sur celui de la répartition des tâches au sein de la famille. L’instauration d’une contrainte législative serait de nature à créer de nouveaux équilibres entre les sexes. p 20 Décryptages Portrait 0123 Jeudi 5 mars 2009 L’ancien international de rugby Jean Gachassin est devenu le nouveau patron du tennis français. Derrière le personnage truculent se cache un bûcheur qui déborde de projets, dont l’extension de Roland-Garros La vie à contre-pied D epuis son élection triomphale à la tête de la Fédération française de tennis (FFT),le8 février,les félicitations pleuvent sur Jean Gachassin. Sur le central désert de Roland-Garros, où il pose pour la photographe, il jette un œil méfiant sur son téléphone portable, avant de décrocher : « Jean-Loup, mon petit poulet ! Tu es sélectionné pour le prochain match, et après on boira un coup, ou même deux, tiens ! » Il a la courtoisie de préciser : « C’est Dabadie, il est à l’Académie française. » De réception en opération VIP, de parrainage en soirée dans tous les milieux influents, l’ancien demi d’ouverture du XV de France est devenu expert en relations publiques. Cela ne date pas d’hier. Le général de Gaulle lui a serré la main, Georges Pompidou lui a écrit une lettre d’encouragements, vantant son inspiration et sa créativité, alors qu’il venait de se faire virer de l’équipe nationale : une passe interceptée et la victoire s’envolait. « C’est un petit coq, mais avec les qualités d’un gros coq », résume Jean-Pierre Garuet, l’un de ses principaux complices. « Jeannot apporte partout un enthousiasme extraordinaire et c’est le roi du contrepied », précise l’ancien pilier lourdais avec l’accent roulant des gaves pyrénéens. 1,61 m, le sourcil dru, l’air très concentré lorsqu’il lui arrive de se taire, Jean Gachassin porte allégrement ses 67 ans avec sa démarche trotte-menu. Trublion truculent et virevoltant, ainsi le voient ses innombrables amis. Sportif complet, Jean Gachassin a été champion des Pyrénées de slalom géant, en cadets, et du 100 mètres, en juniors (10 sec. 8). Il a même participé à un stage d’espoirs du tennis organisé par Henri Cochet, l’un des quatre Mousquetaires, qu’il a quitté en route pour honorer sa première sélection en équipe de France junior de rugby. « J’ai dit à Cochet : “Je m’en vais, le tennis, j’en ai que foutre.” » Le ballon ovale y a gagné un joueur remarqué par sa vivacité et son goût de l’attaque développés au long des années 1960. Champion de France, en 1968, avec le FC Lourdes, 32 fois international, les exploits de « Jeannot » sont légion. Un match en Rhodésie, en 1964, a contribué à asseoir sa légende. Il était dans son en-but et, au lieu de dégager, il fait un crochet sur le joueur en face de lui. « Le gars se détend, m’arrache le short et je me retrouve les fesses à l’air. Avant, on ne portait pas de slip mais des coquilles tenues avec juste deux ficelles derrière. Et je marque un essai de 100 mètres ! Le lendemain, on ne connaissait que mes fesses, en Rhodésie. » Jean Gachassin semble faire l’unanimité. « Celui qui ne l’aimerait pas passerait pour suspect », tranche Jo Maso, le mana- « On a fait le match et on a gagné. Oui, je suis heureux, et maintenant je vais m’éclater » geur du XV de France qui le connaît depuis la fin des années 1950. Le nouveau président de la FFT fait toujours rire ses copains, un peu moins ses opposants dans le milieu tennistique où sa percée a fait quelque bruit. Celui que Roger Couderc surnommait Peter Pan fait plutôt figure de Capitaine Crochet aux yeux de certains qui frémissent lorsqu’il exprime sa volonté d’introduire la fameuse troisième mi-temps dans le tennis. « Ces sont des déclarations à l’emporte-pièce, il faut avoir des positions réfléchies. Je suis très inquiet sur la suite », estime Patrick Proisy, finaliste à RolandGarros en 1972 et candidat malheureux à la présidence de la FFT, en 2004. Elles&ils Olivier Schmitt Entreprises Gérard Errera Cet ancien ambassadeur de France rejoindra, le 1er avril, le groupe Blackstone, importante société de conseil finan- cier, au poste de conseiller spécial et de membre du conseil consultatif international. Basé à Paris, celui qui était jusqu’ici secrétaire général du ministère français des affaires étrangères aura pour mission la recherche d’opportunités de transactions, en France et en Europe. Isabelle Duval, 35 ans, vient d’être nommée directrice Europe chargée du pilotage des sites Tgv-europe.com. Diplômée de l’université de Stuttgart en management international et d’un DESS de psychologie en entreprise de l’Université catholique de Paris, elle était directrice générale de Rushcollection, filiale Internet de La Redoute. Takashi Tsukamoto, 58 ans, actuellement numéro deux de Mizuho Financial Group, a été nommé, le 2 mars, présidentdirecteur général de la deuxième banque japonaise. Passée dans le rouge au cours des neuf premiers mois de 2008-2009, celle-ci compte toutefois terminer son exercice annuel, fin mars, avec un bénéfice de 100 milliards de yens (830 millions d’euros). Social Hilda Solis, secrétaire américaine au tra- vail dans le gouvernement de Barack Obama, s’est taillé un beau succès public, cinq jours après son entrée en fonction. Dans son premier discours prononcé le 2 février devant une assemblée de syndicalistes, cette fille d’immigrés, issue d’un milieu modeste, a lancé : « Nous sommes là pour aider à la protection des gens sur leur lieu de travail. Vous pouvez être sûrs qu’il y a un nouveau shérif en ville. » Applaudissements nourris. Institutions Raymond Benjamin a été nommé, le 27 février, secrétaire général de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) pour un mandat de trois ans, qui débutera le 1er août. Ce Français succédera à Taïeb Chérif (Algérie) à la tête de cette institution des Nations unies, créée en 1944 pour « promouvoir le développement sûr et ordonné de l’aviation civile internationale dans le monde ». Sports David Lappartient Jeannot s’est forgé une réputation de sacré fêtard au cours de sa carrière. Certaines anecdotes sur ses troisièmes mi-temps ne franchissent pas le cercle des témoins directs. « Il peut aller très loin dans la déconnade, mais tout le monde lui passe tout », témoigne Jo Maso. L’intéressé confesse avec pudeur une tendance à l’espièglerie. Selon Jean-Pierre Garuet, l’un de ses jeux favoris consiste à monter sur une table, à faire un petit discours puis à se jeter sur son auditoire où il passe de bras en bras, comme un ballon de rugby. Pour Jean Gachassin, la troisième mi-temps n’est pourtant rien d’autre qu’un état d’esprit. L’occasion de se retrouver pour continuer les matches, victorieux ou non, et se dire les quatre vérités. « Le milieu du tennis est un peu pincé parce que personne n’a apporté cette touche, explique-t-il. Ce n’est pas forcément picoler toute la nuit mais, si on rentre se coucher à 5 heures de l’après-midi, ce n’est pas la fête. » Le programme du président ne s’arrête cependant pas là. A peine élu, il promet une victoire française en Coupe Davis dès cette année. Il compte également doter Roland-Garros d’un nouveau stade couvert en grappillant quelques terrains dans le 16e arrondissement. Pour cela, il prévoit de faire cause commune avec les présidents du Paris-Saint-Germain, en football, du Stade français, en rugby, et Arnaud Lagardère, créateur du Team sportif du même nom. « Mettons-nous à table », suggère-t-il avec gourmandise. Parcours 1941 Naissance à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées). 1961 Première sélection en équipe de France de rugby. 1968 Champion de France de rugby avec le FC Lourdes. 1973 Devient huissier de justice. 1993 Président de la ligue Midi-Pyrénées de tennis. 2009 Président de la Fédération française de tennis. Malgré ses nouvelles fonctions, Jean Gachassin n’a pas prévu de quitter sa ville natale, Bagnères-de-Bigorre. « Un provincial à la tête du tennis, ce n’est pas forcément une mauvaise chose », estime JeanPierre Dartevelle, l’un de ses colistiers. Et à ceux qui lui reprochent de ne pas être du sérail ni à la hauteur, Peter Pan déroule un CV longcomme un jour de matchsans troisième mi-temps. Cela fait trente-deux ans qu’il arpente les courts de tennis, en tant que président du club – il dit « cleupp » – de Bagnères, où il a créé un tournoi, puis vice-président et président de la ligue Midi-Pyrénées. A cela s’ajoutent divers mandats électifs à la mai- rie de Bagnères, la responsabilité de l’office de tourisme de cette ville, et la présidence du centre régional d’éducation physique et sportive (Creps) de Toulouse. Sur le plan professionnel, Jean Gachassin a d’abord été professeur d’éducation physique avant de devenir huissier de justice, comme son père. Il a aussi été courtier en assurances et propriétaire d’un magasin de sport. Il aurait pu aussi gravir les échelons dans le rugby, mais il a tout quitté en 1981 – présidence du club de Bagnères et viceprésidence du comité Armagnac-Bigorre – sur un coup de tête, à la suite d’un différend avec Jacques Fouroux, alors entraîneur et sélectionneur du XV de France. Pour expliquer son riche parcours, Jean Gachassin revendique « deux personnages : le plaisantin et le gros bosseur ». A 67 ans, il aurait pu s’en tenir là, mais qu’y faire, il avait encore du punch, beaucoup de passion et d’enthousiasme. Armé de son bâton de maréchal acquis « après avoir fait tomber la citadelle », selon les termes de Jean-Pierre Garuet, Jeannot ne cache pas sa joie. « Avec mes amis, on s’est entraînés, on a monté des trucs, on s’est déplacés, on a fait le match et on a gagné. Oui, je suis heureux et maintenant je vais m’éclater », savoure le président, les bras grands ouverts sur son bureau tout en boiseries claires, surplombant le court central de Roland-Garros. « Il est pas beau, mon bureau ? » p Jean-Louis Aragon Photo Lea Crespi pour « Le Monde Le jeune maire de Sarzeau (Morbihan), 35 ans, a été élu le 28 février à la présidence de la Fédération française de cyclisme (FFC) pour un mandat de quatre ans. Géomètre de formation, le plus jeune président de fédération olympique en France ne s’interdit pas, dans un sport toujours gangrené par le dopage, de recourir à la justice pour « frapper au portefeuille » ceux qui favorisent les pratiques illicites, et portent ainsi préjudice à l’image du cyclisme. Médias Liz Smith, 86 ans, signera, le 5 mars, sa der- nière chronique « people » pour le quotidien américain The New York Post, après trente-trois ans de bons et loyaux services dans différents titres de la presse newyorkaise. Le journal, propriété de Rupert Murdoch, n’a pas souhaité renouveler son contrat de 125 000 dollars (99 000 euros) pour des raisons d’économie. Gastronomie Heston Blumenthal, chef de cuisine qui préside aux fourneaux du Fat Duck, trois étoiles au Michelin, à Bray, dans le Berkshire (ouest de Londres), a volontairement fermé les portes de son restaurant jusqu’à nouvel ordre. Quelque 40 clients ont été indisposés ces dernières semaines après un repas pris à sa table. Les enquêtes des autorités sanitaires locales et la sienne propre n’ont donné aucun résultat à ce jour. Cinéma L’acteur espagnol Antonio Banderas pourrait jouer au côté de l’Indienne Freida Pinto, héroïne de Slumdog Millionaire, dans le prochain film de Woody Allen, dont le tournage est prévu, cet été, à Londres. Courriel : [email protected] Culture 21 0123 Jeudi 5 mars 2009 Ils sont grassouillets, enrobés, gros, et ils dansent Rencontre avec plusieurs danseurs et chorégraphes à l’affiche, qui évoquent leur corpulence Danse osetout.Quitteàsecouerleshabitudes du public, autant le provoquer. Il a souvent recours à des ruses comiques. I ls sont danseurs et chorégraphes. Ils sont enrobés, grassouillets ou gros, et ils assument. Ils courent, bondissent, et fonttoutce qu’exécuteundanseur. Il leur arrive de se mettre nus sur scène, de montrer leurs rondeurs, d’évoquer leurs kilos en trop. Et ça marche,pasàcausedeleursurcharge pondérale, mais de leur talent. Plusieurs spectacles en témoignent. Et d’abord, du 5 au 10 mars, l’opération « Danser en rond », à Lyon, accueille les chorégraphes bien en chair – le Français Thomas Lebrun et l’Autrichienne Doris Uhlich – pour lever ce qui ressemble encore à un tabou. « Il y a quelque chose de transgressif dans le fait d’être un danseur corpulent et de se montrer sur un plateau, commente David Le Breton, sociologue, auteur de L’Adieu au corps (éd. Métailié). La danse est aujourd’hui associée à la minceur. L’apparition d’interprètes différents est contraireauxusages.Celaentraîneuntrouble du spectateur, une attraction, mais parfois aussi un rejet. » Devenir danseur, intégrer une école de danse « devient un combat », se souvient DorisUhlich, seuleinterprètedesoncoursauconservatoire de Vienne (Autriche) à être devenue professionnelle. Même son de cloche chez Eugénie Rebetez, 24 ans, à l’affiche du spectacle ÖperÖpis,de MartinZimmermann et Dimitri de Perrot : « Entre 15 ans et 18 ans, mes professeurs de danse me disaient tous les jours qu’il fallait que je maigrisse. Ça m’a marquée. » Elle se rappelle, encore, qu’en 2005 un gala de danse a été annulé aux Pays-Bas à cause de son physique. La vie d’un danseur non conforme ressemble à une longue liste de conseils de nutritionnistes, de régimes à gogo, d’humiliations petites etgrandes :« Vousn’avezpaslephysique », « pas le profil », « vous avez trop de personnalité », etc. « “Enrobé”, “boudiné”… J’ai tout entendu », raconte le chorégraphe Thomas Lebrun, 35 ans, qui se met Eugénie Rebetez dans « Öper Öpis », de Martin Zimmermann et Dimitri de Perrot, au Théâtre Vidy-Lausanne. MARIO DEL CURTO/STRATES en scène dans Itinéraire d’un danseur grassouillet. J’ai pourtant commencétard, à 17 ans.Je voulais devenir professeur – les bourrelets passent mieux –, et puis j’ai fini par passer des auditions. » Secouer les habitudes Laminceurn’apourtantpastoujours été l’apanage des danseurs. Au XIXe siècle, les danseuses de l’Opéra avaient des silhouettes charnues. Il était de bon ton, en société, d’avoir du ventre pour montrer son importance. Au regard des normes actuelles, les pionnièresde la dansemoderne, au début du XXe siècle, comme Isadora Duncan (1877-1927), affichaient des formes opulentes. Ce sont simplement les codes esthétiques du ballet, comme les canons de la beauté, qui ont évolué. La danse classique reste la plus raide. Elle n’intègre que des anatomiescalibrées. La dansecontemporaine est donc le seul créneau pour les corps hors normes. Depuis le Plusieurs spectacles Itinéraire d’un danseur grassouillet, de Thomas Lebrun. Plus qu’il n’en faut-Glanz, de Doris Uhlich. Les Subsistances, 8 bis, quai Saint-Vincent, Lyon-1er. Tél. : 04-78-39-10-02. Du 5 au 10 mars, à 19 h 30. De 6 ¤ à 20 ¤. Les 11 et 12 mars à La Rose des vents, à Villeneuve-d’Ascq. Faune(s), d’Olivier Dubois. Le 5 mars au Triangle, à Rennes. Ashes, d’Augustijnen. Jusqu’au 14 mars aux Abbesses, Paris-18e. Öper Öpis, de Zimmermann et de Perrot. Les 13 et 14 mars au Théâtre Arc-en-Ciel, à Rungis. Les 17 et 18 mars au Théâtre Jean-Vilar, à Saint-Quentin. En Zambie, l’éducation par les masques Le Festival de l’imaginaire, à Paris, présente le rituel « gule wamkulu » Reportage Mkaika (Zambie) Envoyé spécial I l a le corps enduit de terre rouge,desplumescouvrententièrement son visage, des feuilles et des fibres enserrent ses anches et ses chevilles. Il avance vers les tambours. Quatre peaux frappées avec une énergie rendant absurde toute idée de silence ou de chant d’oiseau. L’étrange créature s’agite, racle le sol nerveusement, pousse des cris aigus et gémit. Face à lui, près des tambours, les femmes et les enfants forment un arcdecercleetchantent. Noussommes loin du goudron et du béton, de l’agitation et des centres commerciaux de Lusaka, la capitale de la Zambie (ex-Rhodésie du Nord), indépendantedepuis1964.Auvillage chewa de Mkaika, à l’est du pays, une fin d’après-midi de janvier, le gule wamkulu commence. Cerituelquiutilise desmasques, sortis uniquement pour l’occasion, célébré par le peuple chewa, groupe ethnique répartientre la Zambie orientale, le Malawi et le Mozambique, a été proclamé « chef-d’œuvre du Patrimoine oral et immatériel de l’humanité » par l’Unesco en 2005. Il sera présenté pour la première fois en Europe en ouverture de la 13e édition du Festival de l’imaginaire, proposé, du 5 mars au 10 avril, par la Maison des cultures du monde, à Paris. Le gule wamkulu marque la fin Rituel du « gule wamkulu » chez les Chewa, à l’est de la Zambie. MCM/FLORABELLE SPIELMANN d’une moisson, le passage à l’âge adulte des adolescents initiés. Il accompagne mariages et cérémonies de funérailles, honore un chef élu ou disparu. Exécuté par les membres de la confrérie Nyau, société secrète d’hommes initiés, il remonterait au XVIIe siècle et existe toujours. Il a survécu à l’administration coloniale britannique et aux missionnaires, qui ont voulu l’interdire, y voyant une émanation du diable. Sagesse et enseignement Après la créature aux plumes d’oiseau, à Mkaika, d’autres masques arrivent. Ils dansent, inventent des chemins à l’imaginaire, transportentl’espritau-delàdel’or- dinaire, terrifient les enfants, autant qu’ils les amusent. A chaque masque, fait de bois peint, raphia, plumes, végétaux ou tissus, correspond un chant, expliquent Douglas Phiri et Joseph Chikuta Mbewe, membres de la société secrète Nyau. Un chant, parfois satirique, portant sagesse et enseignement. Les masques et les voix qui y sont associées, bien au-delà du divertissement visuel ou auditif, ont un rôle décisif. Passeursdemessagesquicimentent la communauté chewa, ils transmettent des valeurs morales et sociales, éduquent et interpellent, visent à rectifier des attitudes. En matière de précautions d’hygiène notamment. Le propos est d’importance, dansun paysoù17 % despersonnes entre 15 ans et 49 ans sont porteurs duvirusdusida–d’aprèslesstatistiques du programme de l’organisation Unaids (Uniting the World Against Sida) – et où l’épidémie de choléra,décimantleZimbabwevoisin, a touché récemment la population. p Patrick Labesse « Gule wamkulu ». Maison des cultures du monde, 101, boulevard Raspail, Paris-6e. Mos Notre-Dame-des-Champs ou Saint-Placide. Du 5 au 8 mars, à 20 h 30 ; le 8 mars à 17 heures. De 11 ¤ à 21 ¤. Festival de l’imaginaire. En différents lieux, dont la Maison des cultures du monde. Jusqu’au 10 avril. Programme complet sur www.mcm.asso.fr/ débutdesannées1980,ellerevendique d’aimer tous les gabarits. Mais, dans les faits, les danseurs corpulents sont très peu nombreux et font vite figure de cas. Les chorégraphes José Montalvo et Dominique Hervieu travaillent, depuis quinze ans, avec l’Antillaise Chantal Loïal, « la danseuse aux fesses de diamants ». Cette dernière explique : « Aux Antilles et en Afrique, les critères de beauté ne sont pas les mêmes qu’ailleurs. Ce n’était donc pas gagné pour moi de deve- nir danseuse. » Chantal Loïal est à l’affiche de Ashes, de Koen Augustijnen. « Je suis d’abord danseuse avant d’avoir de grosses fesses. Je saute, jecours et j’épate toutle monde. On ne peut pas me rater sur scène et je fais même des jalouses. » Etre différent et isolé devient un atout. Les propositions de travail nemanquentpaspourcesinterprètes, par ailleurs pourvus d’un apprentissage technique impeccable. Sur scène, le danseur, ou le chorégraphe, en surcharge pondérale Discuter nue au téléphone Si l’actrice enrobée est souvent cantonnée aux rôles de boniche, le danseurgrassouilletendosse lecostume d’amuseur public. Jusqu’à un certain point. « Le bon gros qui fait rire, ça va un temps », glisse Thomas Lebrun. Ce dernier, qui dit que « [son] physique, c’est [son] artistique », a fondé sa compagnie en 2000 et se taille, comme Olivier Dubois ou Doris Uhlich, des rôles sur mesure. Le public applaudit et rit devant la fellinienne et burlesque Eugénie Rebetez. En minijupe rouge dans Öper Öpis, elle fait claquer ses cuisses l’une contre l’autre avec un micro entre les jambes. Sur un autre ton, dans Plus qu’il n’en faut, Doris Uhlich discute nue au téléphone avec un ami des raisons artistiques pour lesquelles un critique a évoqué « sa corpulence ». Des femmes de tous les âges viennent complimenter Rebetez et Uhlich à la sortie de leurs spectacles. « On leur fait du bien, tant mieux », confient-elles. Olivier Dubois en revanche s’insurge : « Je ne sers pas de thérapie aux spectateurs. Je ne fais pas la mienne non plussurscène.Jesuisdanseur, chorégraphe, bon vivant, j’ai les cheveux châtains, les yeux verts… Gros ? C’est vous qui le dîtes. Si je dansais avec mon image, je ne bougerais plus. » p Rosita Boisseau 22 Culture 0123 Jeudi 5 mars 2009 Belles histoires et petites misères au Festival de Cannes, selon Gilles Jacob Le président, depuis trente ans, de ce rendez-vous mondial du cinéma publie « La vie passera comme un rêve », un livre de souvenirs, à paraître le 9 mars. Instructif et caustique Cinéma E n 1997, le Festival de Cannes fêtaitses 50ans. La réussitede cette célébration dépend en partie de la présence du président de la République, Jacques Chirac en l’occurrence. La direction de la plus grandemanifestationcinématographique du monde déploie des prodiges de diplomatie en direction de l’Elysée, où officie une tribu de conseillerschezlesquelsonsubodore des frictions. ChristineAlbanel,alorsconseillère pour la culture auprès du président, est pour la venue du chef de d’Etat sur la Croisette. Claude Chirac,responsabledelacommunication,estcontre.Derépliqueselliptiques en entrevue clandestine, la victoire se profile. Chirac vient pour un déjeuner éclair avec le jury et les Palmes d’or. Il n’y aura pas un invité de plus. Partie délicate : comment éconduire ceux qui ne sont pas du déjeuner royal ? Comment, aussi, régler le problème Jane Campion ? La cinéaste néo-zélandaise refusedes’asseoiràlatableduprésident à cause des essais nucléaires français à Mururoa, en Polynésie. C’est ainsi que l’auteur de La Leçon de piano (1993) est remplacée par l’actrice chinoise Gong Li. Lorsque, soudain, un brouhaha. Une porte s’ouvre à la volée. « Un trublion, un attentat, un marmiton en quête d’autographe ? » Juste Gérard Depardieu qui a entendu parler de Jacques Chirac se fiche Gilles Jacob, président du Festival de Cannes. J.-F. ROBERT/FIGAROPHOTO comme de l’an quarante de n’être pas invité, et entre en tornade, se précipite sur « mon Jacquot…. » « Mémoires inattendues de l’homme le plus secret de la planète cinéma », annoncent les éditions Robert Laffont, qui publient, le 9 mars, La vie passera comme un rêve, délectable livre de souvenirs de Gilles Jacob, qui dirige le Festival de Cannes depuis plus de trente ans. Ceux qui craignaient que ce diplomate-né ne rejoigne la cohor- 0123 te des beaux parleurs du « ne-riendire » sont pris en flagrant délit de procès d’intention. Jacob ouvre ses dossiers, ceux de sa vie biologique, de son parcours privé et de ses rêves. Et ceux de son job, de l’une des plus célèbres foires aux vanités de la planète. Toujours tissées d’un indéfectible amour du cinéma, ses anecdotes couvrent un champ assez large. L’histoire familiale, la tradition du complot qui entoure les nomina- vous invite… ... au cinéma pour assister à l’avant-première du film de Jia Zhang Ke 24 CITY Scorsese et Coppola alimentent certains des grands moments de ce livre qui aura lieu au cinéma MK2 Beaubourg 50, rue Rambuteau 75003 Paris P endant près de vingt ans, alors qu’elle était installée à Londres, la célèbre photographe américaine Lee Miller (1908-1977), connue pour ses reportages de guerre et ses images surréalistes, a été surveillée par les services de renseignement britanniques. Des documents des archives nationales, rendus publics mardi 3 mars, font état de cette enquête dont Christopher Andrew, l’historien officiel du M15, les services de renseignement intérieur, juge aujourd’hui qu’elle était « totalement inutile ». Arrivée en Grande-Bretagne en 1939, la jeune femme blonde, qui fascinait par sa grande beauté classique, a très vite suscité l’intérêt du M15 et de la branche spéciale de la police. Et ce jusqu’à la fin des années 1950, même s’il semblait avéré, dès le début des années 1940, qu’elle ne représentait pas une menace pour la sécurité du Royaume. Muse et amante de Man Ray Lee Miller s’installe à Londres après un bref séjour à Paris, au cours duquel elle fut la muse et l’amante de Man Ray. Elle est très vite suspectée d’amitiés soviétiques, alors qu’elle ne cache pas son affection pour Wilfred McCartney, un communiste britannique emprisonné en 1925 pour avoir été un espion de Moscou. Son deuxième mari, Roland Penrose, est par ailleurs vu comme un sympathisant communiste. Enfin, un collègue bienveillant du magazine Vogue, dont elle est devenue la photographe après en avoir été un mannequin vedette, jugeait qu’elle était une « communiste convaincue ». Filatures, courriers interceptés, amis surveillés… Malgré toute l’attention qui lui fut portée, les services britanniques n’ont jamais pu établir un lien entre Lee Miller et une organisation communiste. Un rapport de 1941 la décrit comme « une communiste intellectuelle », mais note qu’elle est avant tout « une excentrique qui affectionnait la nourriture bizarre et les vêtements bizarres ». Son patron de l’époque la décrivait également comme « violemment antinazie ». Ses photos de survivants squelettiques des camps de Dachau et de Buchenwald, mais aussi de tas d’ossements humains et de cadavres empilés les uns sur les autres, restent célèbres. « Son communisme est plus une position morale qu’autre chose », peuton lire dans un autre rapport de 1941, « et je n’ai pas pu prouver qu’elle ait été en relation avec une quelconque organisation politique subversive », écrit l’auteur. Après la seconde guerre mondiale, Lee Miller abandonne la photo et se retire, avec son mari, dans la campagne anglaise, où elle finira sa vie, alcoolique et dépressive. Les services de renseignement britanniques poursuivent néanmoins leur surveillance, alors que l’amie de Pablo Picasso et du sculpteur Henry Moore collectionne les livres de recettes – plus de 4 000 – et reçoit ses amis artistes autour de dîners surréalistes, composés de spaghettis bleus ou de chouxfleurs cuisinés dans une sauce rose. Mais « l’idéaliste d’extrême gauche », comme la qualifie un rapport du M15 en 1956, n’est toujours pas une activiste…p Virginie Malingre (Londres, correspondante) Polémique Je suis conscient que le préjudice sera important pour ma réputation », a admis, le collectionneur chinois Cai Mingchao, qui a révélé, le 2 mars, être l’acheteur des deux bronzes lors de la vente aux enchères Saint Laurent-Bergé, par Christie’s, à Paris le 25 février, mais qu’il ne les paierait pas. D’abord présenté comme « un héros » dans son pays, l’enchérisseur est désormais critiqué. La presse et des internautes l’ont qualifié de « personnage sans crédibilité », voire « un peu louche », et qui a porté atteinte à la réputation de la Chine. Zhao Yu, haut responsable du ministère de la culture, interrogé par le Beijing Times, a déploré que « Cai Mingchao [ait] nui à la crédibilité dont jouissaient les Chinois dans les ventes aux enchères internationales ». Même le ministère des affaires étrangères a dû expliquer n’avoir aucun lien « avec cette personne ». La thèse selon laquelle le collectionneur a agi sur les ordres de Pékin semble désormais peu probable. Dans un entretien publié par le quotidien Fazhi Wanbao, Cai Mingchao a reconnu que sa réputation était en jeu sans dire s’il allait payer les sculptures. p – (AFP.) Musées le lundi 9 mars à 20 h 30 en présence du réalisateur Pour recevoir votre invitation* valable pour deux personnes, téléphonez au 0 892 690 700 (0,34 €/mn, hors surcoût éventuel opérateur) tionsaupostedeprésidentduFestival,ouencorel’atmosphèredeparanoïa qui entoure les négociations avec les Soviétiques pour obtenir un film (« “Etes-vous un anticommuniste primaire ?”, me demande un apparatchik au bout de deux jours de visionnage »). Ainsi que, les palabres pour convaincre un grand réalisateur américain et son studio de présenter sa dernière création, les tapis rouges à dérouler pour débaucher un président du jury, les grandes manœuvres des délibérations en vue de l’élaboration du palmarès. Martin Scorsese et Francis Ford Coppola alimentent certains des grandsmomentsdecelivre.Dupremier, Gilles Jacob n’est pas parvenu à obtenir Les Affranchis (1990), roulé dans la farine par le patron de la Warner. Les discussions nécessairespourinviter Scorsese,peuaprès, à présider le jury, en dépit des exigences de son agent, lui en ont fait voir « de toutes les couleurs ». Pour le second, c’est autour de la sélection d’Apocalypse Now, en 1979, que se prennent les douches écossaises, avec la réflexion finale du maestro qui descend de sa limousine noire pour glisser : « Je n’ai eu qu’une demi-Palme. » Parce qu’il a dû la partager avec Le Tambour, de l’Allemand Volker Schlöndorff. Il y a d’autres moments d’anthologie dans ce livre. Le récit de la conjuration des jurés présidés par Roberto Rossellini contre le prédécesseur de Jacob, Robert Favre Le Bret, qui veut manipuler les votes.Laprésidenced’IsabelleAdjani, qui trie ses membres avec une minutie maniaque et leur impose un menu radis et poivrons. La fureur d’Alain Delon que l’on n’est pas venu chercher à l’aéroport et qui monte directement au bureau de Jacob. Patrice Chéreau mauvais perdant pour La Reine Margot (1994). La présidence de Roman Polanski, qui n’aime aucun film et murmure chaque soir en haut des marches à l’oreille de Jacob : « C’est tout ce que vous avez trouvé ? », avantd’imposertroisprixpourBarton Fink (1991) des frères Coen, seule œuvre à trouver grâce à ses yeux en dépit de la présence du Van Gogh de Pialat, d’un Angelopoulos, d’un Kieslowski… Lee Miller agent communiste ? Impossible à prouver ! Au cinéma le 18 mars le jeudi 5 mars, à partir de 15 heures. *25 invitations offertes aux premiers appelants, conformément au règlement du jeu. Offre gratuite, sans obligation d’achat, jusqu’à concurrence du nombre de places disponibles. Le règlement du jeu déposé chez Me Augel huissier de justice à Paris, est adressé gratuitement sur demande à : Jeu Les Offres Culturelles du Monde - 80, boulevard Auguste-Blanqui - 75013 Paris. Les demandes de remboursement des frais de participation (selon modalités définies dans le règlement) doivent parvenir à la même adresse. Les informations recueillies à cette occasion sont exclusivement destinées au Monde et à ses partenaires. Vous disposez d’un droit d’accès, de rectification et de suppression des données vous concernant (art. 27 de la loi informatique et libertés). Tant d’autres mesquineries à raconter. Entre autres, celle-ci qui nousramène àl’intrusiondupolitique dans l’artistique. Nous sommes à Paris, en 1991, le téléphone sonne Rue de Valois. Monique Lang demandeàvoirladirectionduFestival. « Je dois vous dire que le ministre n’est pas du tout content. Mais pas du tout. – Que se passe-t-il donc ? – Il sepasse qu’il y a eu plus de mécontents que d’habitude, que les billets pour le dîner d’ouverture [depuis l’arrivée de Jack Lang, c’est le ministre qui invite] ont été livrés trop tard… » Et puis le film d’ouverture « était sinistre », il pleuvait, Michèle Rocard, la femme du premier ministre, a perdu sa cape… « Bref, la honte ! », ironise Gilles Jacob, qui consacre cinq pages à la furie de la « pie-grièche ». Dérobades de Woody Allen, portraitsd’amis,déclarationsd’amour, obsèques de Fellini, tremblement de terre à Hollywood avec Clint Eastwood : le générique est digne dela manifestationprésidéeparcet homme qui, ancien critique, a de la plume. p Jean-Luc Douin « La vie passera comme un rêve », de Gilles Jacob. Editions Robert Laffont, 386 pages, 21 ¤. Guerre de territoires entre musées à Londres L’exposition Picasso, présentée à la National Gallery jusqu’au 7 juin, a ravivé les tensions entre ce musée d’art ancien, situé à Trafalgar Square, sorte de Louvre britannique, et la Tate Modern, ancienne centrale électrique désaffectée transformée, en 1996, en temple de l’art moderne et contemporain. Il était alors décidé que les deux gros musées de Londres devaient se partager l’art de la manière suivante : avant 1900, pour la National Gallery, après pour la Tate Modern. Suivant cette logique, Picasso aurait dû revenir à la Tate Modern. Mais Nicholas Penny, le directeur de la National Gallery, a manifesté à plusieurs reprises son désaccord avec cette coupure à 1900. Et Picasso déborde largement… Les deux musées affirment être de nouveau parvenus à un accord, comparable à celui de 1996 mais plus souple, sans pour autant en avoir dévoilé le contenu.p V. Ma. Musique Michael Jackson en concert à Londres ? Le chanteur américain Michael Jackson fera une « annonce spéciale », le 5 mars à Londres, lors d’une conférence à l’O2, salle de spectacle de 20 000 personnes. Le roi de la pop devrait annoncer son retour sur scène cet été à Londres pour une trentaine de concerts. Le chanteur de Thriller pourrait obtenir un cachet de 1,5 million de livres (1,7 million d’euros) par concert, ce qui contribuerait à éponger ses dettes. Il s’agirait du premier vrai retour sur scène depuis son acquittement en 2005 pour attouchements sur un garçon de 13 ans. p – (AFP.) Piratage La loi création et Internet ne sera pas examinée avant le 10 mars Le projet de loi création et Internet, visant à lutter contre le piratage des musiques et films, sera examiné au mieux à partir du 10 mars à l’Assemblée, après la fin des débats sur le texte santé-hôpital, a-t-on appris, le 3 mars. Christine Albanel, ministre de la culture, a rencontré les députés du Nouveau Centre pour leur présenter le texte déjà voté en première lecture, fin octobre 2008, par le Sénat. p – (AFP.) & Vous 23 0123 Jeudi 5 mars 2009 Edifices verts en Suède Réputée pour son modèle social, la Suède est aussi une terre pionnière pour les architectes soucieux d’environnement. Le centre culturel du pays, à Paris, met en lumière, sous la forme de photos, de conférences, de films, nombre d’édifices déjà réalisés ou de projets à venir, dans l’exposition « Archi Durable », jusqu’au 19 avril. « Le modèle politique suédois du folkhemmet, littéralement “foyer du peuple”, fondé dans les années 1930 sur des rapports harmonieux entre tous les éléments de la société, a fait son chemin », avec l’idée d’une « responsabilité envers les générations futures, avec une place accordée à la culture… doublée d’une vision écologique », indique Marie Kraft, chargée de l’exposition. Ci-contre, en photo, le projet porté par la société suédoise Sandell Sandberg, d’un ensemble immobilier édifié autour de bains publics (Kallbadhus), dans le centre-ville de Stockholm. Sélectionné en 2007 lors d’un concours, l’ouvrage, conçu sur l’eau, a suscité une polémique et pourrait être édifié dans un autre lieu. p P. Sa. Centre culturel suédois, 11, rue Payenne, 75003 Paris. Du mardi au dimanche de 12 heures à 18 heures. www.ccs.si.se PHOTO : SANDELL SANDBERG Nostalgie hippie dans les montagnes argentines CHILI San Marcos Sierras SUPLEMENTO TURISMO LA VOZ DEL INTERIOR Buenos Aires URUGUAY OCÉAN ATLANTIQUE ARGENTINE 500 km La renommée du massif date des débuts du péronisme, lorsque les syndicats firent construire des centres de vacances destinés à leurs adhérents. Rares étaient alors les visiteurs qui poussaient jusqu’à San Marcos, réputé pour accueillir une colonie naturiste depuis les années 1930. Quelques adeptes de Krishna débarquèrentdans le village à lafin des années 1960. « Ils méditaient à l’ombre des noyers et se nourrissaient de régimes “désintoxicants” àbase deraisin », relate Méry, originairede BuenosAires et propriétaire de l’auberge Villa Luz. Aujourd’hui, à quelques exceptions près, « les hippies des premièresannées sontrepartisdepuislong- Carnet de route S’y rendre Vol quotidien direct Paris-Buenos Aires, à partir de 955 ¤ aller-retour sur Air France ; vols avec escale à partir de 570 ¤, hors saison. Vols Buenos AiresCordoba, à partir de 188 ¤ allerretour sur Aerolineas Argentinas. Des bus, depuis la capitale argentine, permettent aussi un voyage de nuit jusqu’à Cordoba, en couchette intégrale, pour moins de 50 ¤ aller (www.omnilineas.com.ar). Par la route De Cordoba, trois heures de route conduisent à San Marcos Sierras. Chaque jour, plusieurs bus desservent San Marcos Sierras au départ de Cruz del Eje, un bourg accessible de Cordoba. Se loger Tous types d’hébergement sont disponibles, de l’auberge de jeunesse à l’hôtel. Retenons l’Hosteria Villa Luz, à 25 ¤ la chambre double, la maison d’hôte Kailash, qui offre une « thérapie alternative » permettant de « retrouver son bien-être grâce à l’équilibre corps-esprit », et, en plein centre, l’Hosteria La Merced. Sites Internet : www.hosteriavillaluz.com.ar ; ww.kailashsanmarcos.com.ar ; www.lamercedhosteria.com.ar Se renseigner En espagnol : www.sanmarcossierras.com Office du tourisme (en saison). Tél. : 0054-3549-49-61-37. temps. Ils ont la soixantaine et dirigent des entreprises florissantes à Buenos Aires… », sourit Marcelo, un professeur d’histoire de la capitale qui vient se ressourcer chaque été à San Marcos. Mais l’atmosphère est restée. Sur la place principale, dont les limites furent tracées en 1806 par un marquisespagnol, déambulent, au milieu des chiens errants, des jeunes gens torse nu, cheveux en bataille, barbe hirsute, parfois sac au dos. On les retrouve en fin d’après-midi au bord du rio, le petit filet d’eau qui traverse le village. Les heureux propriétaires d’une Peugeot 504, d’une Fiat 1 500 ou d’un autre de ces véhicules apparemment indestructibles partent quelques kilomètres plus loin sur les berges du rio Quilpo, au débit plus rapide, pour se baigner dans un paysage sauvage. Chaquegroupe apportesaguitare, éventuellement quelques joints et une Thermos d’eau chaude pour alimenter le maté que l’on absorbe régulièrement en écoutant la rivière qui s’écoule. « C’est le paradis », commente Caroline, une Belge de passage dans le village. « Les touristes se partagent entre amateurs de vacances paisibles, naturistes et adeptes de la méditation, raconte Mery. A San Marcos, il n’y a ni hypermarché, ni distributeur automatique, ni macadam, et cela attire les visiteurs. » « Capitale du miel » Au soir, la place du village s’anime. Des musiciens tapent sur des tambours. A la bibliothèque, on projette un reportage sur la Palestine, suivi d’un débat. Un marché artisanal s’installe dans un angle, proposant colliers et bracelets, tableaux aux couleurs éclatantes, herbes médicinales et miel du pays.Car lalocalitése veutla« capitale du miel », un succulent nectar forcément naturel, depuis que la municipalité a déclaré le lieu « zone sans OGM », en 2005. Dans toutesles échoppes,lemiel,présenté comme un « remède pour de nombreuses maladies », est vendu au prix imbattable de 7 pesos (1,5 euro) les 500 grammes. Les bijoux fantaisie sont fabriqués par les artisans du pays. Assis sur un muret, Luque, cheveux longs et bracelets en tissu aux poi- Marre des devoirs ? Achetez les solutions sur Internet ! U n problème de trigonométrie insoluble, un exposé d’histoire ancienne à rallonge, ou une obscure dissertation philosophique… Faismesdevoirs.com, qui devrait ouvrir officiellement le jeudi 5 mars, le promet : « Si tu n’y arrives pas… Nous sommes là ». Ce site Internet, toutefois, ne s’occupe pas de savoir s’il s’agit d’aider un élève en difficulté ou un authentique fainéant… Le fondateur, Stéphane Boukris, reconnaît que le principe de Faismesdevoirs.com est « choquant », mais la provocation est surtout un bel outil marketing que cet ancien élève d’une grande école de commerce manipule sans complexe : « S’il y a une demande, c’est qu’il y a un marché », récite-t-il. Les cancres de France peuvent se réjouir, mais encore faut-il qu’ils soient fortunés. Les tarifs varient en fonction du temps passé sur les copies. La résolution d’un simple exercice est facturée 5 euros. Un exposé complexe comprenant une dizaine de pages et de quoi tenir trente minutes à l’oral coûtera 80 euros. Faismesdevoirs.com n’a eu aucun problème à trouver des auteurs. « Nous avons recruté des étudiants au sein des meilleures écoles : HEC, Essec, Ponts et chaussées. Nous avons même reçu des offres de collaborations de la part de professeurs de l’éducation nationale », affirme M. Boukris. Le site s’engage à rendre sa copie entre 24 et 72 heures après la commande. Les adolescents n’étant généralement pas dotés d’une carte bancaire, la difficulté a été de mettre en place des systèmes de paiement susceptibles de drainer argent de poche et étrennes des collégiens. Des cartes prépayées sont disponibles dans plusieurs boutiques parisiennes (dont des salles de jeux en réseau), les forfaits de téléphonie mobile peuvent servir de mode de paiement en utilisant des SMS surtaxés, l’ar- gent de poche liquide est également bienvenu via les mandats postaux. Le compte Paypal de papa et maman peut également faire l’affaire. En cas d’usage régulier de ce nouveau service à la personne, il est peu probable que les professeurs restent dupes à la vue des écarts entre les devoirs surveillés et ceux réalisés à la maison. Toutefois, un joli 20/20, pour terminer l’année lorsque la moyenne est tangente, pourrait tenter du monde. Sollicité par Le Monde, le ministère de l’éducation nationale n’a pas souhaité faire de commentaires. p Eric Nunès gnets, martèle une tige en métal qui se torsade peu à peu. Après avoirforgéunevingtaine deminuscules spirales, il les assemble et pla- ce en leur centre un coquillage aux reflets moirés. Garni d’un pendentif, le bijou rejoindra l’étal où sa copine vend les productions maison aux touristes. Lorsque la saison d’été se termine à San Marcos, le couple parcourt le continent, jusqu’en Bolivie ou au Pérou, où l’on trouve, raconte Luque, « des pierres aux formes étranges ou des morceaux d’ambre des Caraïbes » qui viendront enrichir leurs créations. A l’automne, à partir d’avril, le village retrouve sa tranquillité, et les pluies subtropicales s’éloignent pourlaisserla place àun soleil frais. « Les activités ne manquent pas pour autant, assure Mery. On pratique les cours de théâtre et de danse arabe. Les ateliers littéraires rouvrent leurs portes et le soir on admire le ciel étoilé. » p Olivier Razemon Evasio Ev E aasio sio ion Publicités PORTUGAL SPÉCIAL VACANCES DE PÂQUES PALACIO ESTORIL HOTEL & SPA 5* LUXE 8 jours - 7 nuits 799€ TTC * VOL AIR FRANCE DE PARIS + HÔTEL PETIT DEJEUNER INCLUS Encore moins cher en Mars : 685€ TTC www.directours.com - Tél. : 01 45 62 62 62 90, Champs-Elysées - Paris Départs province possibles : nous consulter H ébergement végétarien ». Les lettres, peintes sur le mur, resplendissent au soleil sur la place du village de San Marcos Sierras, dans la province de Cordoba, en Argentine. Végétarien ? Etrange, dans un pays où ceux qui ne mangent pas de viande ont plutôt mauvaise presse et où l’asado (le barbecue) demeure le symbole des réjouissances familiales et amicales. A San Marcos, certes, on dévore aussi à pleines dents la carne, la viande de bœuf, dès que l’occasion se présente. Mais, ici, personne ne demandera au végétarien de justifier ses pratiques alimentaires. Car San Marcos Sierras fut un village hippie, le premier d’Amérique latine, dit-on, cultivant toujours ses valeurs alternatives. La petite localité, construite autour de quelques rues en terre battue qui se croisent à angle droit, est située au cœur des montagnes de Cordoba, un massif culminant à 2 000 mètres d’altitude. Tout au long de l’été austral, de novembre à mars, lorsque les températures sont insupportables en ville, la région, irriguée par de petites rivières,constitueunedestinationprivilégiée du tourisme argentin. San Marcos Sierras, construit autour de quelques rues en terre battue, est situé au cœur des montagnes à trois heures de route de Cordoba. BOLIVIE BRÉSIL PAR AGUAY Lic : 075 04 0001 * Prix /personne à ce jour, sous réserve de disponibilités, valable au mois d’Avril. Toutes taxes, redevances et frais dossier inclus San Marcos Sierras (Argentine) Envoyé spécial OCÉAN PACIFIQUE San Marcos Sierras, dans la province de Cordoba, fut un rendez-vous de pionniers naturistes, puis baba cool. Le village entretient cette tradition 24 Disparitions 0123 Jeudi 5 mars 2009 Pionnier du rein artificiel Président de la Guinée-Bissau Willem Kolff C ’est un inventeur médical hors de pair, sans cesse attelé à de nouveaux projets, qui vient de disparaître en la personne de « Pim » (diminutif de Willem) Johan Kolff. Formé à la médecine interne, ce touche-à-tout a mis au point le premier rein artificiel, puis a travaillé au premier cœur artificiel, sans compter des recherches sur un œil, une oreille ou encore un bras artificiels. Il était né en 1911 aux Pays-Bas. Médecin,son père, Jakob Kolff, dirigeait un sanatorium, à une époque où il n’y avait pas encore d’antibiotiques pour soigner la tuberculose. « Quand j’étais très jeune, je ne voulais pas devenir médecin parce que je ne voulais pas voir mourir les gens, confiait-il. C’est intéressant que, plus tard dans ma vie, l’objectif principal de toutes ces machines que j’ai faites soit d’empêcher les gens de mourir. Mais je tiens à dire que je ne veux pas prolonger la vie quand elle n’est plus faite que de misères. Je veux la prolonger lorsque c’est une vie dont on peut profiter. » Willem Kolff reconnaissait qu’il n’avait pas été un très bon élève. Comme beaucoup de gens de sa famille, il était dyslexique. « Je lis lentement, mais je connais parfaitement bien la littérature sur les reins et les cœurs artificiels », s’amusait-il. Il termine ses études de médecine à l’université de Leyde, en 1938. L’un de ses professeurs, Polak Daniels, l’impressionnait : contrairement aux autres enseignants, qui privilégiaient leurs propres centres d’intérêt, il encourageait ses élèves à travailler sur les sujets qui les passionnaient. Plus tard, il mettra à profit cette leçon. Willem Kolff obtint son doctorat en 1946 à l’université de Groningue. Il avait passé une bonne partie de la secondeguerre mondiale dans la petite ville de Kampen, où il organisa la première banque du sang en Europe. A l’hôpital universitaire de Groningue, il avait vécu difficilement le décès, « dans des conditions misérables », d’un jeune homme de 22 ans des suites d’une insuffisance rénale aiguë. De là date son idée d’épurer le sang de ses substances toxiques, fonction que le rein ne peut plus accomplir. Lorsqu’il fait part à l’un des responsables de son service de son idée de mettre au point un rein artificiel, celui-ci entre dans une fureur noire et lui rappelle qu’il n’a qu’à faire ce qu’on lui dit. A l’époque, l’insuffisance rénale aiguë est mortelle, à de rares exceptions près. Willem Kolff est tenace ; il bricole un dispositif rotatif où le sang, fluidifié par Joao Bernardo Vieira L a mort de Joao Bernardo Vieira, le président de la Guinée-Bissau, assassiné à l’aube du lundi 2 mars à son domicile de Bissau par des militaires, aura été à l’image de sa vie, rythmée par les coups d’Etat. Il est le trentième chef d’Etat ou de gouvernement africain assassiné depuis les indépendances. Son assassinat résulte probablement d’une vengeance liée à l’attentat qui, la veille, avait tué le chef d’état-major de l’ar- 14 février 1911 Naissance à Leyde (Pays-Bas) 1943 Traite un premier patient avec le rein artificiel qu’il a développé 1950 Emigre aux Etats-Unis 1957 Travaille sur un projet de cœur artificiel 1982 Participe aux travaux conduisant à la pose du premier cœur artificiel 11 février 2009 Mort à Newton Square (Pennsylvanie) 27 avril 1939 Naissance à Bissau 1980 Prend le pouvoir par les armes 1999 Renversé par un putsch, il s’exile 2005 Elu à la présidentielle 2 mars 2009 Assassiné à Bissau de l’héparine, est filtré par de la cellophane servant à la fabrication des saucisses, plongée dans de l’eau salée. Il fait fabriquer les premiers appareils, en grande partie sur ses propres deniers. « L’idée de filtrer le sang avait déjà été testée, mais rapidement abandonnée, une vingtaine d’années auparavant, raconte le néphrologue Claude Jacobs, qui a connu Willem Kolff. L’état d’esprit de Kolff était : s’il y a un problème, il faut trouver comment le résoudre. » Des quinze premiers malades traités à Kampen, un seul survit en 1945. Ironie du sort, il s’agit d’une femme, Sofia Schafstadt, qui avait collaboré avec les nazis, à l’époque où son sauveur prenait des risques de plus en plus grands vis-à-vis de l’occupant. Prix Lasker en 2002 « Les caciques académiques ont très mal accueilli l’innovation de Kolff. Certains sont allés jusqu’à écrire qu’il n’y avait pas besoin d’un rein artificiel », rappelle le docteur Jacobs. Willem Kolff laisse dire. Plus d’un demi-siècle plus tard, en septembre 2002, il sera honoré d’un prix Lasker en recherche médicale clinique pour ses travaux sur le rein artificiel. En 1950, il émigre aux Etats-Unis avec son épouse Janke et leurs cinq enfants. Il a obtenu un poste à la Cleveland Clinic, à la fois dans le service de recherche et dans celui de chirurgie. A partir de 1957, il entreprend de mettre au point un cœur artificiel et développe des recherches sur d’autres organes. Il poursuivra ces travaux à l’université de l’Utah à Salt Lake City, qu’il rejoint en 1967, comme directeur du département des organes artificiels et de l’institut d’ingénierie biomédicale. L’un de ses principaux collaborateurs de la Cleveland Clinic, Tetsuzo Akutsu, l’a suivi à Salt Lake City. Ensemble, ils multiplient les projets. Parmi ceux qui rejoignent l’équipe figure, en 1971, un chirurgien cardiaque, Robert Jarvik. Bien qu’il MAARTEN HARTMAN/HOLLANDSE HOOGTE/REA s’agisse d’un travail collectif, c’est le nom de ce dernier qui restera attaché au prototype de cœur artificiel qui est, pour la première fois au monde, implanté, le 1er décembre 1982, dans la poitrine d’un dentiste âgé de 61 ans, Barney Clark, qui ne survit que cent douze jours. « Même si cela n’a pas été un grand succès clinique, Kolff avait compris que ce que son équipe avait accompli était la première démonstration quel’on pouvait prendreen charge une partie du flux sanguin lorsque le cœur est défaillant, commente le professeur Alain Carpentier, chirurgien cardiaque impliqué dans la mise au point d’un cœur artificiel implantable. L’ère de l’assistance ventriculaire pour permettre de passer un cap en attendant la transplantation cardiaque était ouverte. » Auteur de plus de 600 publications scientifiques, « Pim » Kolff jouissait d’un grand prestige dans la communauté des chercheurs. « Il avait une idée à la minute. Il était extrêmement exigeant à l’égard de ses collaborateurs, mais savait se montrer extrêmement affable, souligne le docteur Jacobs. Il était la preuve que les méthodes révolutionnaires sont souvent critiquées par les gens établis. » A de nombreuses reprises, il prit publiquement position contre la politique de l’administration américaine, notamment contre la guerre au Vietnam, contre l’ampleur des dépenses militaires au regard de l’insuffisance des budgets sociaux, ou encore pour défendre le droit à l’avortement. Même après sa retraite officielle, en 1983, Willem Kolff continua des recherches. « Il n’est pas nécessairement vrai que l’on cesse d’être inventif lorsque l’on vieillit », affirmait-il. p Paul Benkimoun Résistant communiste, ancien des Bataillons de la jeunesse Gilbert Brustlein I l était l’un des derniers survivants d’une génération de militants communistes qui avaient 20 ans en 1940 et s’étaient engagés de toutes leurs forces – souvent en y laissant la vie – dans la résistance armée contre l’occupation allemande. Gilbert Brustlein est mort, mercredi 25 février, à Braine (Aisne). Il avait 89 ans. Né le 20 mars 1919, orphelin de père à l’âge de six mois, le jeune homme est élevé par sa mère tapissière dans le quartier de la Bastille, au cœur d’un Paris populaire Nommé responsable du groupe de l’Est parisien,Gilbert Brustlein est l’un des deux militants à qui Pierre Georges donne rendez-vous le 21 août 1941 à la station BarbèsRochechouart pour venger la mort de deux camarades, fusillés l’avant-veille par les Allemands. Vers 8 heures, les trois jeunes gens repèrent un officier de la Kriegsmarine (la marine de guerre allemande) qui s’apprête à monter dans le métro. Pierre Georges tire deux coups de feu, Alfons Moser s’effondre, les Bataillons de la jeunesse entrent dans l’Histoire. 20 mars 1919 Naissance à Paris 1941-1942 Membre des Bataillons de la jeunesse 25 février 2009 Mort à Braine (Aisne) auquel il restera attaché toute sa vie. Après guerre, il fera d’ailleurs une grande partie de sa carrière comme chef comptable chez un fabricant de meubles du faubourg Saint-Antoine. C’est à l’été 1941 qu’il s’engage dans la lutte armée. A cette date, l’Allemagne vient d’entrer en guerre contre l’URSS et la direction du Parti communiste français (PCF) fait le choix de la résistance. Des « Bataillons de la jeunesse » sont consti- FRANCK PERRY/AFP tués. Il y a là des étudiants, des lycéens et beaucoup d’ouvriers. A leur tête, deux fortes personnalités, jeunes mais déjà aguerries. Le chef, Albert Ouzoulias, a 26 ans et déjà presque dix ans de militantisme derrière lui. Son adjoint a 22 ans et a combattu en Espagne dans lesBrigades internationales : il s’appelle Pierre Georges mais restera célèbre sous le nom de « colonel Fabien ». Sanglantes représailles Sabotages, attaques de camions militaires, explosions de bombes dans des hôtels ou des restaurants : pendant plus de six mois, les Allemandsseront harcelés par ces quelquesdizainesdejeunes militantscommunistes. Le 20 octobre 1941, Gilbert Brustlein, assisté de Marcel Bourdarias, 17 ans, et Spartaco Guisco, 20 ans, tue Karl Hotz, le chef de la Kommandantur de Nantes. Les représailles sont sanglantes : le surlendemain, cinq otages sont exécutés au mont Valérien, près de Paris, seize à Nantes et vingt-sept dans la ville voisine de Châteaubriant. Parmi eux, l’ancien député Charles Michels, le syndicaliste Jean-Pierre Timbaud et le jeune Guy Môquet. Traqués par les brigades spéciales de la préfecture de police de Paris, les Bataillons de la jeunesse sont décimés dès le début de 1942. Pour l’exemple, les Allemands montent deux procès à grand spectacle, l’un au Palais-Bourbon, en mars 1942, l’autre à la Maison de la chimie le mois suivant. Plus de trente jeunes gens sont exécutés. Gilbert Brustlein, qui se sait en danger, décide quant à lui de quitter la France. Il finira par rejoindre l’Afrique du Nord après avoir transité par l’Espagne – où il fut détenu dans le camp de Miranda –, Gibraltar et Londres. Restée à Paris, sa mère sera arrêtée puis déportée à Auschwitz. Elle y meurt début 1943. Discret mais répondant volontiers aux questions des historiens, l’ancien militant communiste – il quitta le parti en 1952 – fit une sortie retentissante le 20 octobre 1991, à l’occasion du cinquantième anniversaire de la fusillade de Châteaubriant. Ce jour-là, Gilbert Brustlein s’en prit publiquement à Georges Marchais devant une foule de 15 000 personnes. « C’est une ordure. Il a lancé des bombes contre nous », cria-t-il pendant la sonnerie aux morts, en faisant allusion au passé du secrétaire général du PCF, qui avait travaillé chez l’avionneur allemand Messerschmitt pendant la guerre. Le service d’ordre l’éconduisit surle-champ. p Thomas Wieder mée, et dont des militaires ont attribué la responsabilité au président. Né le 27 avril 1939 dans la capitale de la Guinée portugaise, le futur chef de l’Etat reçoit une formation d’électricien. Il a adhéré jeune au Parti pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) d’Amilcar Cabral, futur parti unique. Actif dans la guérilla contre les Portugais dans lesannées 1960, qui débouchera sur l’indépendance de 1974, il y gagne ses galons et son nom de guerre, « Nino ». Le général de division Vieira est « commissaire principal » (premier ministre) du gouvernement lorsqu’il prend le pouvoir par les armes en 1980. Le putsch renverse le premier président du pays, Luis Cabral, demi-frère d’Amilcar Cabral. Vingt-neuf années plus tard, le président Vieira vient de périr par les armes, après un total de vingt-trois années à la tête de ce petit pays pauvre et corrompu, aujourd’hui considéré comme une plaque tournante du trafic de la cocaïne colombienne vers l’Europe. Entre-temps, son parcours, scandé par lescoupsd’Etatetlesélections,aurasymboliséla marche difficile ou improbable,selon lespays,del’Afriqueversladémocratie.Réélu à deux reprises dans les années 1990, alors que le multipartisme s’impose dans le pays, l’ex-putschiste Vieira est renversé en 1999 après onze mois de guerre civile qui s’achèvent par son exclusion du PAIGC et son exil au Portugal puis en France. KumbaYala, le leader del’ethnie majoritaire des Balante, succède alors au pouvoir à « Nino » Vieira, qui est issu de la minorité papel. En 2003, un nouveau coup d’Etat sanctionne la gestion calamiteuse de son successeur. L’insubmersible « Nino » attend encore deux ans pour se poser en hélicoptère sur un stade de Bissau et participer en tant que candidat « indépendant » à l’élection présidentielle de 2005, qu’il remporte au second tour. Soutenu par la France, le lusophone Joao Bernardo Vieira rejoint la zone du franc CFA. Mais, isolé de la population, soupçonné d’être mêlé au trafic de cocaïne, l’ancien guérillero est contesté par l’armée. Les avertissements se multiplient. Après sa défaite aux législatives de novembre 2008, un groupe de soldats avait déjà tenté de l’éliminer, en vain. p Philippe Bernard Claudie Pierlot A la tête de la maison de mode du même nom, qu’elle avait fondée en 1984, Claudie Pierlot est morte à Paris d’une longue maladie, mercredi 25 février. Née le 29 novembre 1947, originaire de Troyes, Claudie Pierlot a évolué depuis son enfance dans la bonneterie. Après une école de style et de modélisme, elle devient l’assistante de Jacqueline Jacobson chez Dorothée Bis, avant de parcourir le monde en tant que styliste du secteur junior du Printemps. Elle a également travaillé dans le bureau de style Mafia, avant de créer sa propre société et de développer des collections simples et élégantes destinées aux jeunes femmes. Souvent inspirée par les rayures et les vêtements des marins, elle a créé une marque attachante, qui a rapidement connu un succès international. Le 6 février, se sachant malade, Claudie Pierlot avait vendu sa société aux actionnaires de Sandro et Maje pour garantir la pérennité de sa marque. p Carnet 25 0123 Jeudi 5 mars 2009 Paris. 0123 Le Carnet cette semaine ---------------------------------------------------------- 1 Découvrez le nouveau supplément mensuel du Monde Mercredi 4 mars daté jeudi 5 mars En couverture Claude Lanzmann par Serge July Archives André Malraux : une certaine idée de la culture Faites part de vos événements par e-mail : [email protected] par fax : 01 57 28 21 36 au journal ou par courrier : Le Monde - Le Carnet 80 boulevard Auguste Blanqui 75707 Paris cedex 13 Tarifs 2009 (prix à la ligne) Naissances, Anniversaires de naissance, Mariages, Fiançailles… : 18 g TTC Décès, remerciements, Avis de messe, Anniversaires de décès, Souvenirs : 24 g TTC Thèses : 15 g TTC Portfolio Tourisme sexuel à Madagascar Les collections ------------------------------------------------------- Réduction abonnés Un justificatif d’identité sera demandé. 01 57 28 28 28 AU CARNET DU «MONDE» Anniversaires de naissance Bon anniversaire Je suis aussi morgan de toi! Que ce message te donne de lélan dans tes projets! Bisous doux, Pour tes cinquante + un mois, Joyeux anniversaire, Pascal. Laurence et le CLAN OP. Mariages Philippe et Pascale GALLIARD, Maurice et Eliane MINIER, sont heureux de faire part du mariage de leurs enfants, Linhumation aura lieu le même jour, à 16 h 30, au cimetière de lEst, à Montluçon, place Troubat le Houx. Antoine, Edouard et Charles Benoit, ses fils, et leur mère, Laurence Benoit-Hontarrede, Mme Pierre Benoit, sa mère, Marc Benoit, Catherine Escaillas, Anne Benoit, ses frère et surs ainsi que leurs enfants Et la famille ont la tristesse de faire part du décès de Robert BENOIT, survenu à Paris, le 28 février 2009, dans sa cinquante-cinquième année. Linhumation aura lieu le même jour, à 17 heures, au cimetière du Montparnasse, 3, boulevard Edgar-Quinet, Paris 14e. Cécile Cury et Annie Vinokur, ses belles-surs, Armance, Olivier, Emmanuel et Nadia, Jérôme, Agathe, ses neveux et nièces, Clara et Nicolas, Eléonore, Francesco, Gabriel, Jean-Baptiste, Nicolas, ses petits-neveux et petites-nièces, Raphaël et Amélie, ses arrière-petits-neveu et nièce, née BRUN, Décès La sélection de la rédaction La cérémonie religieuse sera célébrée le jeudi 5 mars, à 9 h 45, en léglise SaintChristophe de Créteil, place de lÉglise. Mme Margaret CURY MURCY, à Grenoble, le 14 février 2009. 0123 du Jazz survenu le 1er mars 2009, à lâge de soixante-douze ans. ont la douleur de faire part du décès de Camille et Vincent, Les Contes drolatiques neuropsychiatre, Michel Cury, son époux, TOME 8 - ART ET LITTÉRATURE Volume 2, dès le jeudi 5 mars ------------------------------------ docteur Jean-Charles BELLOT, 5, rue Jean-du-Bellay, 75004 Paris. Béa. TOME 26 - BALZAC ont la douleur de faire part du décès du La cérémonie religieuse sera célébrée le jeudi 5 mars, à 15 h 30, en léglise SaintLouis-en-lîle, 19 bis, rue Saint-Louis-enlîle, Paris 4e. Eric! Dès le mardi 3 mars ------------------------------------ Chantal Bellot Deries, son épouse, Catherine et Laurence, ses filles, Jean et Christophe, ses gendres, Juliette, Lola et Marie, ses petites-filles, Marguerite et André Jauneau, sa tante, son oncle et leurs enfants Ainsi que ses beaux-enfants et leurs enfants, me Le docteur et M Jacques Boyer, ses parents, M. et Mme André Boyer, ses grands-parents, Perrine et Nicolas Desbos, sa sur et son beau-frère, Thomas Boyer, son frère, Les familles Boyer, Domeyne, Duvergey Et tous ses amis et proches, ont la douleur de faire part du décès de Ivan BOYER, diplômé dHEC et de Sciences-Po Paris, survenu à lâge de vingt-six ans. Les obsèques auront lieu en la cathédrale de Vienne (Isère), le vendredi 6 mars 2009, à 10 heures. survenu le 28 février 2009. Les obsèques auront lieu le samedi 7 mars, à 11 h 20, au crématorium du cimetière du Père-Lachaise, 71, rue des Rondeaux, Paris 20e. Cet avis tient lieu de faire-part. Pompertuzat. M. Régis Hébraud, son époux, Anne, Emmanuelle, Jean-Baptiste, ses enfants, Sa mère, Son frère et ses surs, Parents et amis, ont la douleur de faire part du décès de me M Raymonde HÉBRAUD-CARASCO. Jean Shelton Jaffray, son épouse, Marc et Benjamin, ses fils, Et Priska Faustin, Joëlle et Gérard sa sur et son beau-frère, Alain et Françoise, Patrick et Randa, ses frères et belles-surs Ainsi que sa belle-famille américaine Stuart Shelton, Terry et Arthur Rosenberg, Alvin et Becky Shelton ont limmense douleur de faire part du décès de Jean-Yves JAFFRAY, survenu à Paris, le 26 février 2009. Ses obsèques auront lieu le 6 mars, à 14 heures, au cimetière parisien dIvry. Ses amis se réuniront au 4, rue Froidevaux, Paris 14e, après la cérémonie. La rectitude, la générosité, lamour, et le courage incarnés, Jean-Yves Jaffray laissera le souvenir dun être exceptionnel. Ses proches, ses amis sont infiniment plus riche de lavoir connu. Le Groupe parisien de théorie de la décision a la tristesse de faire part de la disparition de son fondateur, Jean-Yves JAFFRAY, le 26 février 2009. Jean-Yves Jaffray, ami chaleureux et scientifique profond, restera un modèle et une source dinspiration. Les membres du Groupe partagent le chagrin de son épouse, Jeanie et de ses enfants, Marc et Benjamin. Les membres du Laboratoire dinformatique de luniversité Pierre et Marie Curie ont la tristesse de faire part de la disparition du professeur Jean-Yves JAFFRAY, le 26 février 2009. Jean-Yves Jaffray restera dans la mémoire de ses collègues et de ses étudiants comme un enseignant et un chercheur passionné. Ses collègues partagent le chagrin de son épouse et de ses enfants. Pierre-Yves Hénin, président de luniversité Paris I PanthéonSorbonne, Frédérique Matonti, directrice de lUFR de science politique, Isabelle Sommier, directrice du Centre de recherches politiques de la Sorbonne (CRPS), Daniel Gaxie, directeur de lÉcole doctorale de science politique Le personnel administratif et les enseignants-chercheurs en science politique de luniversité Paris I Panthéon-Sorbonne Et tous ceux qui ont eu un jour la chance de suivre ses enseignements sassocient à la douleur de la famille de Jacques LAGROYE, professeur émérite de science politique, fondateur du CRPS, mort le 1er mars 2009. Mme Jean Le Mounier, son épouse, Marine et Erwan, Mélodie, Gaëlle et Jean-Baptiste, Jean-Baptiste, Maxime, Tanguy et Valérie, Marie, Morvan et Clémence, ses petits-enfants, Tudy, Malo et Marin, Bianca et Graham, Ninon, ses arrière-petits-enfants, Et toute la famille, votre magasin www.lemonde.fr/kiosque K Le Carnet du Monde Tél. : 01-57-28-28-28 Professionnels K Service des ventes Tél. : 0-805-05-01-46 La cérémonie religieuse sera célébrée le vendredi 6 mars, à 10 h 30, en léglise Saint-Pierre de Montrouge, 82, avenue du Général Leclerc, Paris 14e. Lincinération aura lieu le même jour à 14 h 45, au crématorium du cimetière du Père-Lachaise, Paris 20e. Ni fleurs ni couronnes. ont la tristesse de faire part du décès de Jean-Christophe LE MOUNIER, ingénieur général des Ponts et Chaussées honoraire, chevalier de la Légion dhonneur, officier de lordre national du Mérite, chevalier des Palmes académiques, survenu en son domicile, le 2 mars 2009, dans sa quatre-vingt-douzième année. Des dons peuvent être adressés à lAssociation pour le don dorganes et de tissus humains (ADOT), BP 35, 75462 Paris Cédex 10. Nathalie Van Landeghem, 4, rue Dareau, 75014 Paris. La famille nous prie de faire part du décès de Une bénédiction sera donnée le vendredi 6 mars, à 16 heures, en léglise Saint-Léon, place du Cardinal Amette, Paris 15e. Linhumation aura lieu le samedi 7 mars, à Hillion (Côtes-dArmor). Ni fleurs ni couronnes. 106, boulevard de Grenelle, 75015 Paris. Françoise Miermont, son épouse, Sur Anne, sa sur, Eric Miermont et Joanne Danquigny, Gilles Miermont et Caroline LaurentMiermont, ses enfants, Samuel, Lucie, Nathan, Ellen et Salomé Miermont, ses petits-enfants Ainsi que sa famille Et ses amis, ont la douleur de faire part du décès de Jacques Philippe MIERMONT, survenu le 28 février 2009, dans sa soixante-sixième année. M. Ludovic PLAQUEVENT, chevalier des Palmes académiques, chevalier des Arts et des Lettres, survenu le 27 février 2009, à lâge de soixante-dix-huit ans, muni des sacrements de lÉglise. La cérémonie religieuse sera célébrée le vendredi 6 mars, à 10 heures, en léglise Saint-Honoré dEylau, 66 bis, avenue Raymond Poincaré, à Paris 16e. Cet avis tient lieu de faire-part. 18, rue Duret, 75116 Paris. Remerciements Pierre Surbled, Ses enfants et petits-enfants, très touchés des marques de sympathie que vous leur avez témoignées, lors du décès, du docteur Alberte SURBLED vous adressent leurs sincères remerciements. Anniversaires de décès Les obsèques auront lieu en léglise de Le Gallet, le samedi 7 mars, à 10 h 30. Serge BOURGEADE, 13 août 1925 - 5 mars 1999. 7, rue du Pressoir, 60360 Le Gallet. Un an aujourdhui que Chantal Barat, sa compagne, Marianne Philippe, Michel Philippe et Sandrine Caulet, ses enfants, Vanessa, Valérian, Laudine et Emmanuelle, ses petits-enfants, Sa famille et ses amis, ont la tristesse de faire part du décès de Jean-Jacques PHILIPPE, ancien élève de lENA, administrateur civil, ancien sous-directeur au ministère des Finances, ancien conservateur des hypothèques du cinéma, officier de la Légion dhonneur, survenu le 3 mars 2009. Bernard PENNACCHIONI nous a quittés. Il nous manque tant ! Sa famille et ses amis. Conférences Le Service protestant de mission et la Faculté de Théologie protestante de Paris organisent cinq conférences sur : « Identités et dynamismes des protestantismes africains », les 7, 14, 21, 28 mars et 4 avril 2009, de 10 heures à 13 heures, 83, boulevard Arago, Paris 14e. Tél. : 01 43 31 61 64. www.defap.fr Communications diverses Les obsèques auront lieu le vendredi 6 mars, à 14 heures, au crématorium du Val-de-Bièvre, 8, rue du Ricardo, 94110 Arcueil. Ni fleurs ni couronnes. Chantal Barat, 19, rue Charles Fourier, 75013 Paris. Le Carnet Institut universitaire détudes juives Elie Wiesel. Prix Haim Zafrani 2009. Liste des prix : 1. Prix décerné à une uvre littéraire, scientifique ou artistique. 2. Prix couronnant une thèse. 3. Allocation recherche doctorale. 4. Allocation recherche Master 2. Dossiers de candidature sur www.iuej.net IUEJ, 119, rue La Fayette, Paris 10e. Tél. : 01 53 20 52 61. (prix de vente au numéro) BULLETIN (01) Une rubrique dédiée à vos Colloques, Conférences, Séminaires… ! A compléter et à renvoyer avec votre règlement sous enveloppe affranchie à : Le Monde Service abonnement - B1200 - 60732 Ste-Geneviève Cedex Oui, je souhaite profiter de cette offre spéciale : je reçois le journal Le Monde pendant 10 semaines 3 (soit 60 numéros et tous leurs suppléments) + chaque week-end le magazine Le Monde 2. Je paie 36 € au lieu de 90 € (prix de vente au numéro). Je réalise une économie de 54 €. J’ai bien noté qu’ensuite je n’aurai aucune obligation d’aucune sorte. 91BMQNF N335 Nom : __________________________________________ Prénom :_____________________________________ Adresse : ____________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________________ Code postal : ___________________________ Ville : _______________________________________________ K Boutique du Monde 80, boulevard Auguste-Blanqui, 75013 Paris M° Glacière ou Corvisart Tél. : 01-57-28-29-85 www.lemonde.fr/boutique survenu le 28 février 2009, à Paris, à lâge de soixante-douze ans. € K Abonnements K L’actualité dans dit PARAY, 60 N°POUR 36€ SEULEMENT AU LIEU DE 90 -------------------------------------------------------------Lecteurs www.lemonde.fr/abojournal Jean-Marie PAUWAERT, Offre d’abonnement Spéciale Découverte Nos services (0,15 € TTC/min) ont la tristesse de faire part du décès de Danielle et Alain Bechennec, Jean-François et Catherine Le Mounier, Anne et Yann Le Cocguic, ses enfants, Louis Armstrong - Double CD-livret n°1 dès le 6 mars Tél. : 0-825-000-778 Sa famille, Ses amis Tél. : ________________________________ E-mail : _______________________________________________ MODE DE PAIEMENT Tarif 2009 : 29 € TTC Abonnés et associations : - 20 % Prix à la ligne Vous pouvez nous faire parvenir vos textes par : Tél. : 01 57 28 28 28 Fax : 01 57 28 21 36 e-mail : [email protected] q Chèque bancaire ou postal de 36 € (à l’ordre de la Société éditrice du Monde) q Carte bancaire : q Visa q Mastercard q American Express N° Expire fin Je note les 3 derniers chiffres du numéro figurant au dos de ma carte, près de la signature : Plus pratique, plus rapide, abonnez-vous via Internet sur www.lemonde.fr/journal Date et signature obligatoires : Offre valable pour un premier abonnement en France métropolitaine jusqu’au 30/04/2009. Société éditrice du Monde - 80, boulevard Auguste-Blanqui 75707 Paris Cedex 13. Société par actions simplifiée au capital de 149 017 497 € RCS Paris B 433 891 850 - TVA FR 67 433 891 850. Vous vous abonnez au Monde : vos nom, prénom et adresse sont communiqués à nos services internes et, le cas échéant, à quelques publications partenaires, sauf avis contraire de votre part. Si vous ne souhaitez pas recevoir de propositions de ces publications, merci de cocher la case ci-contre 26 Météo&Jeux < -10° - 5 à 0° -10 à -5° 0 à 5° Ecrans 5 à 10° 10 à 15° A Jeudi 5 mars 2009 Régime de giboulées à l’ouest 50 km/h 65 km/h 995 0 7 Châlonsen-champagne Rouen 0 7 Brest -1 8 7 1 Metz 10 5 2 06 1 8 0 7 Limoges 1 5 5 Lyon 4 8 Montpellier 3 4 10 7 7 12 4 11 70 km/h 5 11 Ajaccio 9 12 Lever 11h34 Coucher 03h58 Lever 07h23 Coucher 18h39 Vendredi 3 Alors que la perturbation de la veille stationnera sur la façade est du pays avec de faibles pluies, un régime d'averses s'imposera de la Normandie et de la Bretagne aux Pyrénées. Les précipitations seront plus fréquentes et continues vers l'ouest de la chaîne pyrénéenne. Il neigera à basse voire très basse altitude dans toutes ces régions. Front froid Occlusion Thalweg 2 7 8 2 8 2 11 2 2 5 6 3 11 2 5 2 9 5 12 Amsterdam Athènes Barcelone Belgrade Berlin Berne Bruxelles Budapest Bucarest Copenhague Dublin Edimbourg Helsinki Istanbul Kiev La Valette Lisbonne Ljubljana Londres Luxembourg Madrid Moscou Nicosie Oslo Prague Reykjavik très nuageux averses modérées couvert forte pluie averses éparses pluie et neige très nuageux pluvieux pluvieux pluie éparse averses éparses très nuageux très nuageux très nuageux éclaircies éclaircies averses éparses forte pluie éclaircies pluie et neige faible pluie très nuageux éclaircies neigeux averses modérées faible neige Jours suivants Samedi Dimanche Lundi Nord-Ouest 4 11 7 13 7 11 Ile-de-France 4 10 4 11 7 10 2 7 3 9 5 9 Sud-Ouest 5 12 7 15 7 14 Sud-Est 5 12 6 15 6 16 Nord-Est Ankara 100 5 Tripoli Tripoli Jérusalem Le Caire Tok y o PA RI S AU DÉ PA RT DE air france.fr 2 14 8 8 6 1 2 6 5 4 1 -3 -1 5 -5 12 13 7 3 1 3 -4 11 1 2 -4 9 18 13 14 10 2 8 8 10 7 8 6 0 19 4 15 14 6 7 4 7 1 19 2 7 -2 Riga Rome Sofia Stockholm Tallin Tirana Varsovie Vienne Vilnius Zagreb éclaircies pluvieux faible pluie éclaircies éclaircies forte pluie pluie et neige pluvieux éclaircies forte pluie Dans le monde Alger pluvieux Amman éclaircies Bangkok ensoleillé Beyrouth éclaircies Brasilia ensoleillé Buenos Aires averses modérées Dakar beau temps Djakarta très nuageux Dubai beau temps Hongkong forte pluie Jérusalem éclaircies Kinshasa averses éparses Le Caire éclaircies Mexico beau temps Montréal beau temps Nairobi beau temps 0 14 6 0 -1 12 0 7 -2 8 2 15 11 2 1 14 5 9 2 14 13 10 24 12 19 14 18 25 16 16 8 24 13 6 -17 13 15 22 36 21 28 25 25 30 26 26 22 33 29 20 -5 29 New Delhi New York Pékin Pretoria Rabat Rio de Janeiro Séoul Singapour Sydney Téhéran Tokyo Tunis Washington Wellington beau temps ensoleillé beau temps beau temps averses éparses éclaircies averses de neige averses éparses beau temps éclaircies averses modérées pluie éparse ensoleillé fortes averses 21 32 -11 2 -4 6 9 21 13 15 22 34 -6 8 25 32 15 23 1 9 6 10 12 15 -6 7 16 19 Cayenne Fort-de-Fr. Nouméa Papeete Pte-à-Pitre St-Denis averses éparses éclaircies ensoleillé averses éparses beau temps averses éparses 24 23 21 24 21 24 Outremer 28 27 28 30 27 30 Météorologue en direct au 0899 700 703 1,34 € l’appel + 0,34 € la minute 7 jours/7 de 6h30-18h 27 V O LS PA R SE M A IN E Sudoku no 09-055 Solution du n˚09-054 Volontaires Série. Avec Véronique Genest, Jennifer Lauret, Guillaume Gabriel (Fr., 2008) d. 22.20 Volte-face a Film John Woo. Avec John Travolta, Nicolas Cage, Joan Allen (EU, 1997, 145 min) 2 d. FRANCE 2 FRANCE 2 20.35 La Cour des grands. 20.35 Envoyé spécial. Enzo et Simon. Lucas Série (S2, 3 et 4/6) d. 22.30 Ça se discute. Kidnappés, séquestrés : ils racontent l’enfermement Magazine d. 0.40 Journal, Météo. 1.00 Des mots de minuit (90 min). Magazine. Au sommaire : Les Cosmétiques bio, le bonheur est-il dans le pot ? ; Bébés made in India ; Minimum vieillesse d. 22.45 Infrarouge. Nos années. Années 70 : Les insouciantes d. 23.50 L’Actrice et le Danseur. Documentaire. 0.20 Le Chanteur baroque et l’Ecuyère d. 0.50 Journal, Météo (15 min). FRANCE 3 20.45 Football. Coupe de France (huitièmes de finale) : Lille - Lyon. 22.40 Soir 3. 23.10 Ce soir (ou jamais !) La Crise sociale en Outre-Mer Invités : Yves Jégo, Marie-José Alie, Daniel Maximin... (70 min). CANAL + FRANCE 3 20.35 Louis la Brocante. Louis et la chorale Série. Avec Victor Lanoux, Annik Alane, Michel Vuillermoz (Fr., 2004) d. 22.10 et 23.00 Ce soir (ou jamais !). Magazine présenté par Frédéric Taddeï d. 22.30 et 2.00 Soir 3. 0.10 Des racines et des ailes (165 min). 20.45 Hairspray Film Adam Shankman. Avec Nicole Blonsky, John Travolta (EU, 2007) d. 22.40 Emergences. Storytelling, la machine à raconter des histoires 0. 23.30 Cœurs perdus Film Todd Robinson. Avec John Travolta, James Gandolfini (EU - All., 2006, v.o., 105 min) 2 d. ARTE 20.45 Les Mercredis de l’Histoire. Le Fascisme italien en couleurs [1 et 2/2]. La Conquête du pouvoir. Mussolini au pouvoir d. 22.25 Zoom Europa. Magazine. 23.10 Le Coq décapité a Film Radu Gabrea. Avec David Zimmerschied, Alicja Bachleda-Curus (Roum. - Autr., 2007, v.o.) d. 0.45 Arte culture. Magazine (15 min). CANAL + 20.45 Dexter. L’Appel du large. Vouloir, c’est pouvoir Série (S3, 5-6/12, inédit). Avec Michael C. Hall 2. 22.25 The Shield. Délit de fuite Série (S7, 10/13, 2008) 2. 23.10 Poker. World Poker Tour (95 min) d. ARTE 20.45 Les Virtuoses a a Film Mark Herman. Avec Pete Postlethwaite, Tara Fitzgerald, Ewan McGregor (GB, 1996) d. 22.25 Explorer les « Zones humides ». Charlotte Roche et ses lecteurs. Documentaire. 23.20 Au cœur de la nuit. Documentaire. 0.15 Arte culture. Magazine (15 min). M6 20.40 66 minutes. 20.40 Double Zéro Alimentation : quand les Français se serrent la ceinture ! Présenté par Aïda Touihri d. 22.50 Enquête exclusive. Magazine. Policiers : la dure loi du terrain ; Jeunes de cités : entre espoir et révolte (175 min) d. Film Gérard Pirès. Avec Eric Judor, Ramzy Bedia, Edouard Baer, François Chattot (Fr., 2004) d. 22.20 Wallander : Jeu de piste. Téléfilm. Peter Flinth. Avec Krister Henriksson. [6/13] (Suède, 2005, 110 min) 2 d. 3 4 5 6 7 Mercredi 4 mars FRANCE CULTURE Retrouvez nos grilles sur www.lemonde.fr 2 Miroir, miroir. En mission spéciale ; De pièces en pièces Série (S4, 5-6/16, inédit ; S3, 12/24) 0 d. 23.15 Life. Enfin libre. Mariage sans lendemain 0 Série (S1, 1 et 2/11). Avec Damian Lewis (105 min) d. La sélection radio Mots croisés no 09-055 1 TF 1 20.45 Julie Lescaut. M6 Les jeux Jeudi 5 mars 20.45 Dr House. Athènes CHINE Pluies abondantes prévues sur le sud-est du pays Températures à l’aube 1 22 l’après-midi Aujourd’hui D Dépression Front chaud Istanbul Beyrouth Rabat En Europe Perpignan Ste-Olive Coeff. de marée 42 Nice Marseille Bucarest Sofia Rome 9Tunis Tunis 95 Alger Anticyclone Zagreb Belgrade 985 Séville A A 6 8 D Barcelone Barcelone Madrid 1 5 Bordeaux Toulouse 980 Lisbonne Lisbonne Grenoble Biarritz Odessa 1035 0 101 2 6 A Kiev Budapest Berne T Chamonix -2 0 Moscou 1020 Munich Vienne Paris 1025 Riga Copenhague Milan Clermont-Ferrand 80 km/h Londres 1015 St-Pétersbourg 990 Minsk Amsterdam Berlin Varsovie Prague Bruxelles Dublin 2 6 1 7 100 0 Edimbourg 1005 101 5Helsinki Oslo Stockholm 995 2 5 Dijon Poitiers 1 D 1010 Besançon 2 8 70 km/h D 3 6 Orléans Nantes Les soirées télé > 35° TF 1 985 Strasbourg 1000 Rennes 30 à 35° 990 D 0 6 PARIS Caen 4 8 www.meteonews.fr Amiens 25 à 30° Mercredi 4 mars 05.03.2009 12h TU 1005 Reykjavik -1 7 2 7 20 à 25° Europe 15 10En Lille Cherbourg 15 à 20° 0123 Jeudi 5 mars 2009 8 9 10 1 1 12 I II III IV V VI VII 18.30 Du grain à moudre. 19.15 Le Rendez-vous. 20.00 A voix nue. Yazid Sabeg [3/4]. 20.30 Feuilleton. La supplication, Tchernobyl, chroniques du monde après l’apocalypse [2/5]. 20.50 Le Choix des livres. 21.00 L’Avventura. 22.00 Journal. 22.15 Surpris par la nuit. Alain Dister, l’Absolute Beginner. [2/2] L’Homme-Orchestre. 23.30 Du jour au lendemain. 0.10 Studio 168. 1.00 Les Nuits de France Culture. La supplication, Tchernobyl, chroniques du monde après l’apocalypse [4/5]. 20.50 Le Choix des livres. Quand je serai roi, d’Enrique Serna. 21.00 Jeux d’archives. Invité : Nicolas Sainte Fare Garnot. 22.00 Journal. 22.15 Surpris par la nuit. Une sortie d’Egypte. 23.30 Du jour au lendemain. Invité : Serge Margel 0.10 Studio 168. 1.00 Les Nuits de France Culture. 19.30 Open jazz. IX Les résultats du Loto sont publiés dans nos éditions datées dimanche-lundi, mardi, mercredi et vendredi.Tous les jours Mots croisés et Sudoku ; Samedi daté dimanche-lundi Echecs X Horizontalement Verticalement I. Peut se mettre sur la chaise sans s’asseoir. II. En mets plein la vue. III. Fautes avouées, pas forcement pardonnées. Difficile de le rester dans l’agitation générale. IV. Démonstratif. Pour prendre l’air en solitaire. Belle enfant d’Emile. V. Voie de communication. Romains. Petite galette. Vert et droit. VI. Dans le livre. Rarement prise en compte. VII. Hydrocarbure. Possessif. VIII. Ecrivent l’histoire au jour le jour. Démonstratif. IX. Est prêt à repartir. Une fois finie tout va recommencer. X. Vont finir par disparaître petit à petit. 1. Améliore la forme et la lisibilité. 2. Permet une première lecture. Sur l’enveloppe. 3. Ponctuation pour communiquer. Réduisit en surface. 4. Dérangea ses voisins. Chez papa. Reste dans l’ombre. 5. Trouvera toujours un bon moyen de s’en sortir. 6. Européennes de la première heure. 7. Patron en région. Planté pour bien frapper. 8. Bout de luzerne. Résultat d’entreprise. Patronne. 9. Dignitaires turcs. Grande voie. 10. Cubitus. Serré et noué pour maintenir. 11. Deux points. Cours africain. Dame du monde. 12. Agents de transmissions. Philippe Dupuis Solution du n° 09 - 054 Horizontalement Verticalement I. Superstition. II. Erésipèle. Na. III. Mars. Ane. Out. IV. Intentions. V. Lien. Urne. GR. VI. Lu. Tel. Sucra. VII. Amuîtes. Fiel. VIII. Versés. Rai. IX. To. Le. Rusais. X. Scissiparité. 1. Sémillants. 2. Uranium. Oc. 3. Perte. UV. 4. Essentiels. 5. Ri. Etres. 6. Spatules. 7. Tenir. Serp (près). 8. Iléons. Sua. 9. Té. Neuf. Sr. 10. Os. Cirai. 11. ONU. Gréait. 12. Naturalise. Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13 Tél. : 01-57-28-20-00 ; télex : 202806F ; télécopieur : 01-57-28-21-21 Courrier des lecteurs : par télécopie : 01-57-28-21-74 ; Par courrier électronique : [email protected] Médiateur : [email protected] Abonnements : Par téléphone : de France 0-825-000-778 (0,15 TTC/min) ; de l’étranger : (33) 3-44-31-80-48. 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FRANCE MUSIQUE 19.30 Open jazz. Gaël Horellou. 20.00 Le Concert du soir. En direct. Donné au Théâtre du Châtelet, à Paris, par l’Orchestre national de France, dir. Daniele Gatti : Pulcinella (version intégrale), de Stravinsky ; Grande Suite du Chevalier à la Rose, de R. Strauss ; La Valse, de Ravel. Avec Barbara di Castri, mezzosoprano, Francesco Meli, ténor... 22.30 XXe Parallèle. 1.00 France Musique la nuit, avec Vivace. Au sommaire : Stravinsky par Stravinsky (n˚ 4) ; L’art d’Antal Dorati (n˚ 2). FRANCE INTER 19.20 Le Téléphone sonne. 20.00 et 23.00 Flash. 20.10 L’Humeur vagabonde. Invitée : Guadalupe Sanchez Nettel. 21.05 Sur la route. 22.05 C’est Lenoir. Black Session : Loney Dear. 23.15 Allô la planète. RADIO CLASSIQUE FRANCE INTER 19.20 Le Téléphone sonne. 20.00 et 23.00 Flash. 20.10 L’Humeur vagabonde. Invité : Michel Vinaver. 21.05 Sur la route. 22.05 C’est Lenoir. 23.15 Allô la planète. RADIO CLASSIQUE 18.30 L’Invité classique. 18.30 L’Invité classique. Invité : Jean Piat. 20.00 Un dîner en musique. 20.30 La Virtuosité baroque. En direct. Donné Salle Gaveau, à Paris, par I Barocchisti, dir. Diego Fasolis, Max-Emmanuel Cencic, contre-ténor, Xavier Sabata, ténor, Duilio Galfetti, violon : Extraits de Faramondo, de Haendel ; Concertos pour violon, de Vivaldi. 23.00 Patrimoine classique. Bernard Haitink, chef d’orchestre. 0.00 Radio Classique de nuit. Présenté par Olivier Bellamy. Invité : Tchéky Karyo. 20.00 Un dîner en musique. Le Meilleur de la musique classique. 21.00 La Vie baroque. Présenté par Philippe Venturini. Invités : Jean-Marc Aymes, Hélène Schmitt. 23.00 Patrimoine classique. Présenté par Francis Drésel. Emission spéciale autour de Bernard Haitink. 0.00 Radio Classique de nuit. 0123 27 Jeudi 5 mars 2009 Le juge et le charbon Lettre d’Amérique du Nord Corine Lesnes Q uelques mois avant les élections de 2008, dans la brève période de doute et d’introspection qui avait saisi les Etats-Unis, le New York Times avait publié une série de dix articles sur l’« exception » américaine dans le domaine judiciaire. Les lecteurs avaient pu découvrir à quel point leur système est différent du reste du monde. Le taux d’incarcération a atteint des records (les Etats-Unis comptent moins de 5 % de la population du monde, mais presque 25 % de ses prisonniers) ; les adolescents peuvent être condamnés à perpétuité. Les propos racistes ou négationnistes ne sont pas passibles de poursuites. Et les juges sont élus par la population, comme les sénateurs ou les députés. De l’Afghanistan au Zimbabwe, soulignait le quotidien, les magistrats sont nommés par le pouvoir exécutif ou législatif, à moins qu’ils ne soient fonctionnaires, comme au Japon et en Turquie. En France, on impose aux étudiants de passer des concours (l’Ecole nationale de la magistrature) qui n’ont que 5 % de lauréats, admirait le reporter. Aux EtatsUnis, les juges fédéraux sont nommés par le président, mais, à l’échelon des Etats, 87 % sont élus par les justiciables eux-mêmes. Si on essaie, dans le reste du monde, de maintenir les juges en dehors de l’agitation publique, en Amérique, on les plonge dans le chaudron des campagnes électorales, des publicités négatives, des collecteurs de fonds et des bagarres à coups de millions. A part dans le Wisconsin, qui a adopté un mode de financement public pour les campagnes électorales, les juges doivent donc lever des fonds, comme le vulgum pecus de la vie politique. Depuis quelques années, les lobbies et les groupes d’intérêts ont compris l’avantage qu’ils pouvaient trouver à éliminer les juges les plus contrariants en finançant leur adversaire. L’argent coule à flot – les sommes dépensées ont doublé en huit ans –, grâce à quoi les magistrats peuvent s’accuser les uns les autres en prime time d’avoir remis en liberté un pédophile ou d’être « le candidat des dealers de drogue ». Dans certains Etats, ils doivent afficher leur couleur politique. Dans d’autres, ils ont obligation de rester neutres et ne font campagne que sur leur « bilan » (généralement le pourcentage de condamnations). A l’approche des élections, les juges ont une fâcheuse tendance à augmenter la longueur des peines, a montré une étude réalisée en Pennsylvanie. L’élection des juges est devenue suffisamment préoccupante pour que la Cour suprême fédérale à Washington ait accepté de se saisir du sujet. Le 3 mars, elle a entendu une affaire particulièrement frappante de « justice à vendre », selon l’expression de l’éditorial du Washington Post. L’histoire a déjà fait l’objet d’un roman de John Grisham, The Appeal (Doubleday Books), paru il y a un an. Il y est question d’une compagnie qui « s’achète » un candidat à la Cour suprême du Mississippi pour renverser un verdict qui ne lui a pas plu en appel. Elle recrute, finance et manipule un jeune juriste, qu’elle porte jusqu’à la Haute Cour. « La politique a toujours été un jeu pourri. Maintenant, la justice l’est aussi », énonce le résumé. Dans la vraie vie (et dans le cas examiné par la Cour), l’histoire oppose deux industriels des mines de charbon de Virginie-Occidentale. Hugh Caperton, le « petit », a obtenu réparation en justice Si on essaie, dans le reste du monde, de maintenir les juges en dehors de l’agitation publique, en Amérique, on les plonge dansle chaudron des campagnes électorales et des bagarres à coups de millions contre les manœuvres du « gros », Massey Coal, qui a réussi à l’évincer du secteur. La mine Massey a été condamnée à payer 50 millions de dollars par la justice. Avant même de faire appel, son président, Don Blankenship, décide de faire campagne contre le juge, qu’il juge trop radical. En 2004, il va consacrer 3 millions de dollars à financer la candidature d’un magistrat concurrent, Brent Benjamin. Une fois élu, celui-ci va renvoyer l’ascenseur, dit l’accusation. A une voix de majorité, les indemnités vont être annulées. A aucun moment, le juge Benjamin n’a envisagé de se récuser, bien que plus de 60 % de ses fonds de campagne aient été assurés par la compagnie minière. La Cour suprême a eu l’air choquée par la contribution de 3 millions de dollars, un tarif de sénateur, mais elle s’est surtout interrogée sur la définition à donner au mot « partialité ». A partir de quelle somme doit-on considérer que les juges portent des jugements biaisés ? Trois millions, c’est beaucoup, mais quid de 100 000 dollars ? Le magistrat le plus conservateur, Antonin Scalia, a assuré qu’il ne fallait pas voir le mal partout et que la « dette de gratitude » du magistrat à la personne qui l’a propulsé à sa place n’engage que celui qui le veut bien. « En fait, cette personne a contribué financièrement à mon élection parce qu’elle s’attend à ce que je sois un juge impartial. Je n’ai aucune raison de penser qu’elle s’attend à ce que je mente. Donc je montre ma gratitude en étant un bon juge », a-t-il déclaré. Paradoxalement, c’est un groupe d’entreprises (Wal-Mart, Lockheed Martin, Pepsi) qui a demandé à la Cour de montrer au public que « les décisions de justice ne peuvent être ni achetées ni vendues ». p Courriel : [email protected] Billet Robert Solé En crise LA CRISE, la crise, la crise, la crise, la crise… Mais encore ? La crise ! Il n’est question que de cela, du matin au soir, dans les informations, les discours, les commentaires. Même des crimes lui sont attribués. « La crise favorise les comportements déviants », expliquent des spécialistes. Et quand on ne parle pas de la crise, c’est pour aborder les stratégies anticrise. Industriels et commerçants s’ingénient à retenir les clients. Même Rolls Royce casse les prix : au Salon de Genève, des rabais de 100 000 euros sont consentis sur certains modèles. Il y a des occasions à saisir. Notre confrère La Tribune proposait mardi un « kit de survie » aux salariés, cadres ou chefs d’entreprise menacés par la crise. Beaucoup d’autres conseils ont déjà été prodigués : aux familles, pour qu’elles achètent autrement ; aux automobilistes, pour qu’ils conduisent différemment… Bientôt, on apprendra aux amoureux le meilleur moyen de s’embrasser en temps de crise. Mais des voix rassurantes nous disent que la tempête finit toujours par accoucher d’un ciel bleu. Que la fragilité est une force, que la crise est une chance. Il faut la bénir. C’est une crise anticrise. p Supplément à la Comédie humaine de Balzac La vanité Le livre du jour Une réforme en trompe-l’œil La Constitution Sarkozy Bastien François Ed. Odile Jacob, 188 p., 19,50 ¤ principaux candidats à l’élection présidentielle de 2007 s’inscrivaient peu ou prou dans un cadre identique, qu’il résume d’une simple formule : « Le changement dans la continuité. » La réforme des institutions devait répondre à trois objectifs : responsabiliser le pouvoir présidentiel, renforcer le Parlement et donner de nouveaux droits aux citoyens. L’auteur s’avoue « perplexe » quant à leur réalisation. De quelle responsabilité parle-t-on quand le président de la République pourra venir s’exprimer quand il le voudra, sur le thème qu’il aura choisi, devant Lavidité TOME 26 LES CONTES DROLATIQUES, VOLUME II un Parlement devant lequel, à aucun moment, il n’aura à répondre à la question de confiance, alors qu’il conserve par-devers lui l’« arme disciplinaire » de la dissolution de l’Assemblée ? « Drôle de responsabilité qui s’apparente au bon plaisir, tranche Bastien François. Le président de la République, chef réel du gouvernement quoi qu’en dise le texte de la Constitution, continuera à n’être responsable devant personne. » L’actualité quotidienne ne fait qu’en apporter la preuve. En ce qui concerne le fonctionnement du Parlement, l’auteur ne mésestime pas l’importance de la réforme. Il applaudit à la volonté des constituants de 2008 de « ressusciter un espace délibératif ». Mais il redoute que ces espoirs ne soient rapidement douchés tant, à ses yeux, « le président de la République et ses conseillers sont d’exceptionnels joueurs de bonneteau, des as du trompe-l’œil ». En effet, et c’est là probablement le principal vice de forme de cette révision, les principales dispositions n’entreront en vigueur qu’après l’adoption des textes – lois organiques, lois ordinaires, règlement des assemblées – en précisant les modalités. A cet égard, l’architecture de la révision voulue par l’exécutif s’apparente, aux yeux de Bastien François, à « une série de chèques en blanc ». La seconde partie de l’ouvrage consiste en une lecture commentée des 89 articles de la Constitution Sarkozy. p Patrick Roger pTirage du Monde daté mercredi 4 mars 2009 : 384 909 exemplaires. La tyrannie 123 P aillards, obscènes et bouffons, Les Contes drolatiques s’inscrivent dans la grande veine des contes pour rire. Balzac rend hommage aux conteurs du XVIe siècle parmi lesquels trône son maître et modèle : Rabelais. Balzac s’amuse dans Les Contes drolatiques. Il peuple ses récits de personnages réels et fictifs : papes, rois de France et cardinaux se retrouvent côte à côte avec des femmes gaiement infidèles, des avocats cocus et des amants enfermés dans des bahuts… dès le jeudi 5 M A R S Plus d’informations : www.lemonde.fr/balzac ou téléphonez au 0825 120 219 (0,15 €/minute) Offre réservée à la France métropolitaine, sans obligation d’achat du Monde et dans la mesure des stocks disponibles. TOME 26 en plus du AVEC la révision adoptée le 21 juillet 2008 à Versailles, la moitié des articles de la Constitution ont certes été remaniés. Cette modernisation des institutions n’a pas, pour autant, modifié la structure des pouvoirs dans la Ve République. Dès lors, l’« accroissement » des pouvoirs du Parlement qu’elle est censée favoriser « n’est qu’une forme de compensation de la reconnaissance du rôle gouvernant du président de la République », estime Bastien François. Professeur de science politique et coauteur de La Constitution de la VIe République, il propose une analyse circonstanciée de ce qu’il nomme la « Constitution Sarkozy ». En ce domaine, rappelle-t-il, les trois Lavarice € 9,90