mente plus - de SES Alpuente

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mente plus - de SES Alpuente
Art, culture, voyages, mode
Notre nouveau
supplément mensuel
Uniquement en France métropolitaine
Jeudi 5 mars 2009 - 65e année - N˚19940 - 1,30 ¤ - France métropolitaine - www.lemonde.fr ---
Alliance
germano-russe
dans le nucléaire
Coentreprise Le groupe
allemand Siemens et le groupe
public russe Rosatom ont
signé un protocole d’alliance
dans le domaine du nucléaire.
Siemens a mis fin, il y a peu,
à sa coopération avec
le groupe français Areva. P. 15
Devoirs scolaires :
le marché de la
triche s’organise
sur Internet
Cancres Maths, français,
philo… Un site propose
de faire les devoirs des élèves
à leur place, moyennant
finance. Scandale. P. 23 et
l’éditorial p. 2
Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Eric Fottorino
Les salaires d’embauche
des cadres diminuent
t Les prévisions d’un cabinet spécialisé : moins 15 % par rapport à 2008
t Augmentations : beaucoup de sociétés affichent un souci d’égalité entre salariés
D
ifficile pour la plupart des salariés,
l’année 2009 risque de marquer
une rupture particulièrement violente pour de nombreux cadres français.
Uneétude du cabinet de conseil en recrutement Robert Walters prévoit pour ces derniers une baisse de 15 %, en moyenne, par
rapport à 2008, des salaires d’embauche.
Cette nouvelle tendance succède à une
période qui a duré dix ans pendant lesquels les salaires des cadres avaient aug-
menté plus rapidement que l’inflation.
Ce n’est pas le seul aspect de la fragilisation de la situation d’une partie des
cadres. Parmi les mesures d’économie
envisagéesou déjà mises en œuvre par certaines entreprises : la baisse des augmentations salariales. Elle est à l’ordre du jour,
pour les cadres aussi, dans la majorité des
grandes sociétés, indique une autre étude,
du cabinet de ressources humaines
Towers Perrin, réalisée en France auprès
UK price £ 1,50
Collectivités locales
Dans « Le Monde », Edouard
Balladur presse l’Elysée de
lancer sa réforme des régions.
Bertrand Delanoë défend son
idée du « Grand Paris ».
Page 9 et Débats p. 19
C
’est l’héritage chéri de l’Empire britannique des Indes. Le cricket est
sacré en Asie du Sud. Ivresse des stades, il scelle surtout une confrérie sans
frontières. Il compose une lingua franca
enjambant les haines ethniques ou les
fanatismes religieux qui fracturent le
sous-continent. Les Etats ont souvent
appelé la « diplomatie du cricket » à la rescousse. Est-ce ce dangereux ressort de fraternitéque les terroristes ontcherché à bri-
ser, lundi 4 mars, en s’attaquant, au cœur
de Lahore, à l’équipe nationale du Sri Lanka en tournée au Pakistan ?
Sans précédent dans les annales politico-sportives de la région, l’attaque a fait
huit morts, six policiers et deux civils. Les
joueurs sri-lankais, dont le bus a été
mitraillé lors d’une embuscade de type
guérilla urbaine tendue par une douzaine
d’hommes surarmés, en ont miraculeusement réchappé. Les assaillants, eux, ont
disparu sans laisser de traces, au nez et à la
barbe d’une police interdite, confirmant
l’impression déjà bien établie que le terro-
A
risme peut frapper au Pakistan là et
quand il l’entend.
C’est le « Munich d’Asie du Sud », ont
réagi nombre de commentateurs, en référence à la prise d’otages des Jeux olympiques de 1972 qui avait coûté la vie à onze
athlètes israéliens. Le problème est qu’on
voit mal ce que les terroristes pourraient
vouloir au Sri Lanka, à moins d’épouser la
thèse peu vraisemblable que les Tigres
séparatistes tamouls aient sous-traité un
assaut en terre étrangère.
Frédéric Bobin
a Lire la suite page 5
a Lire la suite page 6
de 67 sociétés qui emploient 1,7 million de
salariés. Autre évolution qui interrompt,
elle aussi, une séquence de dix années :
une majorité de sociétés françaises (75 %,
selon Towers Perrin) prévoient d’appliqueren 2009 les mêmes taux d’augmentation à tous leurs salariés, cadres et noncadres, dans un double souci de préservation de la cohésion sociale et d’affichage
d’un souhait d’équité. p
Lire page 14
Au Pakistan, l’attaque terroriste
de Lahore déstabilise davantage le pays
New Delhi
Correspondant en Asie du Sud
Washington
Correspondante
troisjours delarencontre dela secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, avec
son homologue russe, Sergueï
Lavrov, vendredi 6 mars, à Genève, Washington et Moscou ont échangé des signes
de réchauffement de leurs relations, qui
s’étaient considérablement détériorées
depuis la guerre en Géorgie.
Le président Barack Obama a démenti,
mardi, avoir proposé un marché à la Russie, selon lequel les Etats-Unis renonceraient au déploiement de leur bouclier
antimissile en Pologne et en République
tchèque si Moscou aidait à faire pression
sur l’Iran pour obtenir l’arrêt de son programme nucléaire. Mais il a reconnu que
l’idée d’un lien entre les deux questions
faisait partie de la réflexion américaine.
Opposée au déploiement de ce système
antimissile, la Russie a une importante
coopération nucléaire civile avec l’Iran.
Comme l’ont révélé le New York Times
et le journal russe Kommersant, M. Obama
a confirmé avoir envoyé une lettre il y a
trois semaines à son homologue, Dmitri
Medvedev – qui semble l’interlocuteur privilégié de Washington, alors que Vladimir
Poutine était celui de George Bush. Non
pas pour proposer un « marchandage »,
a-t-il dit, mais pour rappeler que « le système de défense antimissile dont nous avons
parlé en Europe est dirigé non contre la Russie,mais contrel’Iran ». M. Obama, qui s’exprimait lors d’une conférence de presse
avec Gordon Brown, le premier dirigeant
européen reçu à la Maison Blanche depuis
le 20 janvier, a précisé le contenu de sa
« longue » lettre.
Corine Lesnes
t L’attentat contre une équipe de cricket illustre un climat de violence généralisée
Réforme Balladur :
« Il y a urgence
à décider »
Signes de
rapprochement
entre Moscou
et Washington
Nouvelles
menaces contre
des responsables
de l’UMP
Le regard de Plantu
L
Demain dans 0123
« Le Monde des livres »
Portrait Ramon Fernandez,
Nouvelle biographie de Mauriac ; directeur du Trésor, fils de
correspondance Freud- Eitingon l’écrivain Dominique Fernandez
e parquet antiterroriste de
Paris a ouvert une enquête
sur les menaces de mort
adressées ces derniers jours par
courrier au président Nicolas
Sarkozy et à d’autres personnalités appartenant toutes à l’UMP.
Les ministres de la justice,Rachida Dati, de l’intérieur, Michèle
Alliot-Marie, de la culture, Christine Albanel, mais aussi le maire de
Bordeaux,l’ancien chef du gouvernement Alain Juppé, et au moins
trois députés de la majorité ont
fait l’objet de ces menaces.
A chaque fois, il s’agit d’une lettre anonyme postée depuis le
département de l’Hérault. Elle
contient une balle de calibre 38 ou
9 mm et des menaces proférées
dans un français approximatif,
ponctuées de remarques racistes.
L’appartenance à l’UMP, la formation du président de la République, est le premier élément commun à tous les responsables visés.
Le ou les « corbeaux » les désignent, dans ces envois, comme
« les pourvoyeurs de lois liberticides et fascistes ». La première lettre
a été reçue le 9 février. p
Vous êtes unique, vous êtes
La nouvelle Eau de Toilette
Lire page 10
Algérie 80 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,40 ¤, Cameroun 1 500 F CFA, Canada 3,95 $, Côte d’Ivoire 1 500 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 25 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,50 ¤, Gabon 1 500 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 650 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,00 ¤, Luxembourg 1,40 ¤, Malte 2,50 ¤,
Maroc 10 DH, Norvège 25 KRN, Pays-Bas 2,00 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 500 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 28 KRS, Suisse 2,90 FS, Tunisie 1,9 DT, Turquie 2,20 ¤, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 500 F CFA,
2 0123
Editorial
Scandale.com
Jeudi 5 mars 2009
L’actualité sur lemonde.fr
L’interdiction
de l’alcool
en questions
A
nxiété des parents pour l’avenir de leurs enfants et peur de
l’échec scolaire ont favorisé le
développement d’un véritable
marché du soutien aux élèves –
depuis l’école jusqu’au baccalauréat – pour les
aider à faire leurs devoirs à la maison.
Ce « business » est de plus en plus florissant. On estime qu’un collégien ou lycéen sur
six suit des cours particuliers, à la maison ou,
de plus en plus, dans des entreprises de soutien scolaire, dont le chiffre d’affaires explose
depuis une dizaine d’années. Au total, 40 millions d’heures de cours particuliers seraient
ainsi dispensées, soit un marché annuel estimé entre 1 et 2 milliards d’euros.
Nicolas Sarkozy avait d’ailleurs annoncé,
durant sa campagne, des mesures vigoureuses pour développer le soutien scolaire : dès
l’automne 2007, le ministre de l’éducation
nationale, Xavier Darcos, fustigeait « les marchands de leçons particulières qui se nourrissent de l’angoisse des parents » et mettait en
place de nouveaux dispositifs de soutien hors
temps scolaire, assurés dans les établissements par les enseignants eux-mêmes. Plus
d’un million d’élèves de collège bénéficient
aujourd’hui de cette aide personnalisée.
Cela rend encore plus ahurissante et scandaleuse l’initiative de deux jeunes diplômés
d’écoles de commerce qui viennent de lancer
sur le Net le site « Faismesdevoirs.com ».
L’idée est simple comme un rêve : l’élève
envoie le sujet de son problème de mathématiques, de sa dissertation de philosophie ou de
son exposé d’histoire, et reçoit sous 24 à 72 heures un corrigé supposé impeccable, réalisé par
des élèves de grandes écoles, voire des enseignants. Le business plan a été soigneusement
pensé (pour les modes de paiement notamment), et la campagne de publicité est brillante, puisque l’indignation provoquée assure sa
quasi-gratuité. Cet éditorial en témoigne.
Mais au risque d’apparaître passablement
ringards – ou ignorants des possibilités infinies qu’offre déjà Internet pour « copier-coller » les réponses à la plupart des sujets de
cours –, disons simplement que « Faismesdevoirs.com » pousse le consumérisme scolaire très au-delà de l’acceptable. Non seulement
en creusant un peu plus les inégalités sociales
et financières devant l’école, mais en vidant
l’éducation de son principe même : celui de
l’apprentissage, de ses rigueurs et de ses satisfactions. On ose espérer qu’il ne se trouvera
aucun enseignant pour cautionner cette arnaque intellectuelle. On espère, de même, que
les pouvoirs publics ne resteront pas sans réaction. p
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0123
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Un autre débat en direct jeudi 5 mars, à partir de 11 heures,
avec Philippe Batel, psychiatre
alcoologue : « Interdiction de
la vente d’alcool aux mineurs :
une mesure efficace ? »
Le projet de loi « Hôpital,
patients, santé, territoire », en
discussion à l’Assemblée, prévoit l’interdiction de la vente
d’alcool aux mineurs de moins
de 18 ans et dans les stationsservice.
AFP
Huchon défend sa région
Lors d’un débat en direct, jeudi 5 mars, à partir de 16 heures,
Jean-Paul Huchon, président du conseil régional d’Ile-de-France,
répondra aux questions des internautes sur le thème « Réforme
Balladur : quel avenir pour l’Ile-de-France ? », alors que les compétences de la région sont menacées par un « Grand Paris ».
La carte
d’Europe
des OGM
Quels pays ont demandé une
clause de sauvegarde, quels
produits sont autorisés, et où :
la réponse se trouve dans l’infographie « Les restrictions à
la production et la commercialisation d’OGM en Europe »,
qui recense également les
plus gros producteurs d’OGM
dans le monde.
La toile
d’Aubry
Sur son blog « Puzzle socialiste », Jean-Michel Normand
détaille, à travers la composition des listes pour les européennes, la nouvelle stratégie
de la première secrétaire du
PS. Car, « à mesure que sa
majorité d’origine se morcelle,
Martine Aubry tisse peu à peu
sa propre toile et constitue son
réseau personnel » au sein du
parti, les alliés d’hier devenant des « aubrystes » militants. Jusqu’à toucher les partisans de Ségolène Royal.
La lune de miel entre M. Sarkozy
me
et M Parisot tourne court
F
inie la lune de miel ! Jusque-là fort
amèneenversle chefdel’Etat,Laurence Parisot, la présidente du Medef, a
durci le ton. Et son organisation, en rechignant à signer l’accord sur les salaires en
Guadeloupe, a compliqué la sortie de crise
aux Antilles. C’est à la suite du sommet
social du 18 février à l’Elysée, où elle ne fut
pas à la fête, que Laurence Parisot a laissé
paraître ses « inquiétudes » au sujet des
dernières propositions de Nicolas Sarkozy.
A l’en croire, les chefs d’entreprise
avaient cru aux promesses d’allégements
des contraintes du candidat de l’UMP à
l’élection présidentielle. Ils s’inquiéteraient désormais de voir l’exécutif recréer,
avec lacrise,de nouvelles« rigidités ». C’est
ce que Mme Parisot a confié, dimanche
22 février, au « Grand Rendez-vous » Euro-
Alors que la crise incite
à innover, la présidente
du Medef retrouve les
accents du vieux patronat
pe 1-Le Parisien, en réaffirmant avec fermetéqu’on neprotégerapasl’emploisanspréserver les entreprises. « La solution à tous
les problèmes économiques passe par l’entreprise. La France ne gagnera pas sans l’entreprise », avait-elle déjà insisté le 5 février
lors de l’assemblée générale du Medef.
Quelaprésidente de la premièreorganisation patronale française se plaigne du
niveau des prélèvements obligatoires,
qu’elle veuille « sécuriser » les licenciements économiques, qu’elle soit hostile à
l’interventionnisme de l’Etat, il n’y a là rien
que de très banal. Le Medef, depuis sa création en 1998, et le CNPF, avant lui, n’ont
jamais dit autre chose.
Plus surprenants, en revanche, sont la
tonalité de son intervention et le moment
choisi pour réaffirmer le credo patronal.
Ainsi, alors que la crise, par son caractère
inédit, incite à innover, c’est avec les
accents du vieux patronat qu’elle a fustigé
Analyse
Claire Guélaud
Service Europe-France
la possibilité donnée au comité d’entreprise d’émettre un avis consultatif en cas
d’aide publique. « Le communiste Robert
Hue n’aurait pas renié une telle initiative »,
pointe, incisif, son entourage. C’est « vraiment beaucoup, beaucoup de bureaucratie
en plus », a-t-elle déploré.
« La présidente du Medef s’en tient à la
défense de l’entreprise patrimoniale au
sens le plus étroit du terme. Elle est moins
ouverte que ses propres troupes, regrette
Marcel Grignard, secrétaire national de la
CFDT. Nicolas Sarkozy et elle ont le même
problème : le besoin de régulation actuel
prend à contre-pied leur libéralisme. Mais le
présidentdelaRépublique vaplus vitequ’elle dans la compréhension des enjeux politiques de la crise. » Pour Maryse Dumas,
secrétaire de la CGT, « elle donne une image caricaturale du patronat. »
Cette image est en total décalage avec la
volonté de modernisation affichée par
Mme Parisot. « Nous voulons construire un
Medef différent, un Medef moderne », n’a
de cesse de déclarer la dirigeante, qui a mis
son sens de la communication, son style
direct et son look juvénile au service de cet
objectif. Mais la crise, dans laquelle les
chefs d’entreprise se sentent parfois ravalés au rang de boucs émissaires, lui complique la tâche. « Nous nous battons comme
jamais. Avec l’angoisse aux tripes comme
jamais. Face à des défis d’une complexité
inimaginable il y a encore un an. Et dans un
brouillard d’une épaisseur inquiétante »,
témoignait-elle le 5 février.
Comme présidente de l’IFOP, Mme Parisot sait que l’image des chefs d’entreprise
– et en premier lieu des banquiers – a souffert depuis l’automne 2008. Comme dirigeanteduMedef,elletémoigne deleursdifficultés et doit les défendre. Dans un pays
quia du mal avec ses patrons, cette défense
asouventprisuntourcaricatural.Enl’assumant et s’en prenant à un exécutif qu’elle
juge plus critique à l’égard des dirigeants
économiquesdepuis lamobilisationsociale du 29 janvier, Mme Parisot espère ressouder ses troupes.
Laurence Parisot veut refaire l’unité du
Medef, éprouvée par les tensions entre
banquiers et industriels, entre grandes et
petites entreprises, entre donneurs d’ordres et sous-traitants, et y affirmer son
autorité. D’autant que, depuis son élection en 2005, une partie du patronat de la
métallurgie lui reste hostile. Mme Parisot a
lavé en public son linge sale avec l’Union
des industries et métiers de la métallurgie
(UIMM), dans la caisse de laquelle l’ancien
président prélevait de l’argent liquide
pour, disait-il, « fluidifier les relations
sociales ». L’industrie lui sait gré d’avoir
mis fin à ces turpitudes, mais a du mal à
lui pardonner sa plainte pour diffamation
contre Daniel Dewavrin, ancien président
de l’UIMM, pour laquelle elle a été
déboutée le 2 mars.
Autre sujet de tensions, l’élaboration
d’un code éthique, pourtant peu contraignant, lui a valu de solides inimitiés chez
les grands patrons et dans les services.
Enfin, elle entretient de mauvaises relations avec l’Union professionnelle artisanale (UPA) et la CGPME. Ce qui peut avoir
joué dans la crise aux Antilles et accentue
une certaine forme d’isolement.
En quelques mois, Mme Parisot s’est
séparée de plusieurs collaborateurs, dont
certains, comme l’ancien directeur général Jacques Creyssel, avaient la mémoire
de l’organisation. Son prédécesseur,
Ernest-Antoine Seillière s’appuyait sur
l’inventivité de Denis Kessler pour affiner
sa vision de l’économique et du social. L’actuelle présidente du Medef n’a pas l’équivalent d’un Kessler pour penser l’aprèscrise. Ce sera un handicap si elle persiste
dans sa volonté d’être candidate à sa propre succession en 2010. p
Courriel : [email protected]
Il y a 50 ans dans 0123
Un robot doué de facultés mentales
LE DÉPARTEMENT d’anatomie de l’une
des universités londoniennes vient de
recevoir un don de 95 200 dollars destiné
à la construction d’un étrange appareil
reproduisant le système nerveux de la
pieuvre. Il découle des observations
minutieuses poursuivies par le professeur Young que cet animal est capable de
reconnaître, de classer et de retenir tout
ce qu’il voit d’une façon particulièrement
remarquable. Cette possibilité de reconnaître les formes différentes dépend de
deux groupes de neurones qui se réactivent constamment l’un l’autre. Si l’un de
ces groupes est détruit, la pieuvre perd la
mémoire des faits récents et ne peut plus
apprendre de nouvelle classification que
très lentement et très difficilement. Au
contraire, la mémoire pour les formes
connues de longue date reste intacte.
Il semble donc que l’un des groupes de
neurones constitue le « magasin de la
mémoire » où sont conservés les souvenirs, tandis que l’autre est le « système
d’inscription » par lequel sont apportés
les éléments nouveaux. Les voies par lesquelles ces deux groupes entrent en
connexion sont à présent connues avec
précision : elles comprennent plusieurs
réseaux de fibres nerveuses disposées de
telle façon que chaque point d’un groupe
neuronal puisse être connecté avec tous
les points du groupe opposé. C’est pour
vérifier cette disposition que va être
construit le nouvel appareil robot, qui se
composera de 4 000 unités identiques,
chacune d’entre elles étant l’équipement
électronique d’un neurone et de ses
fibres de connexion. La conception de ces
unités électroniques est telle qu’elles doivent se comporter strictement comme le
neurone et, par conséquent, douer d’une
mémoire réelle la machine dont elles
font partie. p
(5 mars 1959.)
Chronique
La vie, les gènes
et la crise
C
’est un petit plaisir sans cesse renouvelé pour l’habituée
que je suis du tri « santé »
des dépêches d’agence. Un peu partout dans le monde, des chercheurs croisent des critères, étudient des cohortes pour tenter de
découvrir ce qui peut nuire à notre
développement personnel, ce qui
peut nous rendre malades ou
accroître notre risque de mortalité.
Leurs travaux sont publiés dans
des revues scientifiques, et certai-
Vie moderne
Sandrine Blanchard
nes font l’objet d’une dépêche.
Tout ça est très sérieux, mais, mis
bout à bout, parfois franchement
drôle. Voici un petit florilège de ces
deux dernières semaines.
Combien faisiez-vous de gestes
quand vous étiez bébé pour tenter
de communiquer avec les adultes ?
Vos parents vous disaient-ils :
« Oui, c’est une poupée » quand
vous leur montriez avec vos petits
doigts une poupée ? Eh bien,
sachez que, à l’âge de 14 mois, plus
l’éventail de gestes est large, plus
l’enfant dispose d’un vocabulaire
élargi à 4 ans et demi, et plus il a de
chances de réussir à l’école.
Ce sont deux psychologues de
l’université de Chicago qui l’assurent, dans une étude publiée par
Science. Et c’est très précis : les
bébés de 14 mois des familles
Ces enfants seront-ils
des optimistes
ou des pessimistes ?
aisées utilisent 24 gestes différents
pour s’exprimer contre 13 chez les
bébés des milieux défavorisés. Plus
tard, si ces enfants restent vautrés
plus de deux heures par jour
devant la télé, ils présenteront
davantage de risque de faire… de
l’asthme ! Ce sont des médecins britanniques qui ont eu l’idée de croiser usage du petit écran et maladie
respiratoire, nous apprend la revue
Thorax.
A l’âge adulte, ces enfants
seront-ils des optimistes ou des
pessimistes ? Cela dépendra de la
variante de leur gène 5-HTTLPR.
Ceux qui ont des allèles (versions
particulières d’un gène) longs réagiront mieux au stress de la vie,
tandis que ceux qui ont des allèles
courts seront plus vulnérables à
l’anxiété. Selon les chercheurs britanniques qui ont projeté une
série d’images à 97 personnes
pour aboutir à ce résultat – et dont
les travaux ont été publiés dans la
revue Proceedings of the Royal
Society B –, cette variation génétique pourrait expliquer les différences de regard sur la vie.
Mais c’est la crise, et les gènes
ne peuvent rien y faire. Plus d’un
quart des Américains dorment
mal à cause de la crise économique, constate la Fondation nationale du sommeil. L’étude, qui porte sur 1 000 adultes, certifie qu’un
quart d’entre eux peinent à s’endormir parce qu’ils sont inquiets
de leur situation financière (16 %),
de l’économie de leur pays (15 %),
du chômage (10 %) et des dépenses de santé (8 %).
Il ne faudrait pas qu’arrivés à
l’âge de la retraite ils se mettent à
somnoler pour récupérer le sommeil perdu. Car une étude française parue dans la revue Stroke de
l’American Heart Association nous
indique que les personnes âgées de
65 ans et plus qui ont des épisodes
de somnolence excessive pendant
la journée ont un risque de mortalité augmenté de 33 %. Et je ne vous
parle même pas des personnes en
surpoids qui fument dix cigarettes
par jour… Vivre tue. p
Courriel : [email protected]
Page trois
0123
Jeudi 5 mars 2009
Les marins du golfe de Gascogne ont vu disparaître leur ressource
principale, victime de la surpêche. Et les réserves tardent à se reconstituer
Les orphelins de l’anchois
La Turballe (Loire-Atlantique)
Envoyée spéciale
L
es marins ne sont pas de grands
bavards, en particulier quand
les temps sont durs. Une tablée
de matelots installée au bar La
Marine, sur les quais du port de
La Turballe, préfère s’éparpiller
subitement plutôt que de raconter ce que
tous ici appellent « la crise », sans éprouver
le besoin de préciser laquelle. La pêche à
l’anchois du golfe de Gascogne est fermée
depuis 2005. Auparavant, elle fut miraculeuse pour le petit port. Les anciens se souviennent des « belles années », entre 1980
etledébutdes années2000, quandon pouvait pêcher « 10 tonnes en cinq minutes »,
payéesà bonprixparlesconserveries espagnoles. Les matelots ramenaient – selon les
sources – entre 3 000 et 5 000 euros par
mois, pour cinq jours par semaine en mer.
C’était un métier risqué, mais « l’économie marchait bien, on n’était pas malheu-
« Nous ne voyons pas
le stock repartir,
et nous n’arrivons pas
à expliquer pourquoi »
Pierre Petitgas
Chercheur en biologie marine
reux », disent ceux qui ont connu l’âge
d’or. L’anchois représentait 70 % du chiffre d’affaires du port, autrefois au premier
rang français pour le poisson bleu
(anchois, maquereau, sardine). Il ne reste
aujourd’hui qu’une vingtaine d’anchoyeurs : la moitié des bateaux, avec
leurs équipages, a disparu. Saint-GillesCroix-de-Vie (Vendée), deuxième port
français pour l’anchois, fait le même bilan.
Certains tentent de se reconvertir. Mais
ce n’est pas simple de changer de métier ni
d’obtenir des droits de pêche pour
d’autres espèces, répartis en fonction de
l’antériorité. Tous sont attentifs aux résultats des campagnes de mesures effectuées
chaque année par l’Institut français de
recherche pour l’exploitation de la mer
(Ifremer). Si la quantité d’anchois évaluée
au printemps dans le golfe dépasse les
33 000 tonnes, la pêche rouvrira. Mais
sous l’eau quelque chose semble s’être
détraqué. Dans leurs bureaux de Nantes,
les chercheurs de l’Ifremer reconnaissent
leurslimites. « Les modèles que nous avions
construits ne fonctionnent plus, explique
Pierre Petitgas, chercheur en biologique
marine. Nous ne voyons pas le stock repartir, et nous n’arrivons pas à expliquer pourquoi pour l’instant, nous y travaillons. »
Il y a toujours eu de bonnes et de mauvaises années. « La survie de l’anchois
dépend fortement de l’environnement : la
Argent
B o u r s e
I m m o b i l i e r
Manifestation à Saint-Gilles-Croix-de-Vie (Vendée), en 2007, pour le maintien de la pêche à l’anchois. DANIEL STAQUET/FEDEPHOTO
température, la nourriture disponible, la
présence d’espèces compétitrices », poursuit le chercheur. Mais les scientifiques
n’avaient jamais connu autant d’années
catastrophiques d’affilée. Alors que le
stock moyen s’élève à 80 000 tonnes, en
2004 il a chuté à 35 000 tonnes, puis à
15 000 en 2005. Scientifiques et pêcheurs
tablaient sur une amélioration en 2008 et
une réouverture de la pêche en décembre.
Mais le niveau reste trop bas. A ce stade, les
scientifiques parlent d’effondrement.
Le réchauffement climatique est-il en
cause ? Les spécialistes en doutent. Une
hausse de la température de l’eau n’est a
priori pas défavorable à ce poisson. « Les
pêcheurs disent qu’ils en voient de plus en
plus en Manche, mais on les voit mieux parce qu’on les cherche, commente Jacques
Massé, le responsable des campagnes de
mesures de l’Ifremer. Peut-être qu’ils peuvent se développer plus au nord aujourd’hui, mais cela n’explique pas la situation
dans le golfe. »
E p a r g n e
A s s u r a n c e
Reste la pêche. Le sujet étant très sensible, les scientifiques pèsent leurs mots.
« Elle a forcément un impact, l’homme est
l’un des prédateurs de ces poissons, avancent-ils. Elle peut être à l’origine d’une chute des stocks, mais pas toujours. Dans le cas
de l’anchois, la pêche n’est pas responsable
quand de mauvaises conditions naturelles
produisent un stock faible. Mais si elle se
poursuit dans de telles conditions, elle
devient un facteur très aggravant. »
Les politiques, de leur côté, n’ont rien
vu ou voulu voir venir. Dès 2002, les scientifiques avaient donné l’alerte et recommandé la fermeture de certaines zones de
pêche. Avis non suivi lors des négociations annuelles de Bruxelles, où l’enjeu
pour chaque ministre est d’arracher les
plus gros quotas pour « ses » pêcheurs.
L’anchois a été maintenu à 33 000 tonnes.
Un quota « politique », disent beaucoup,
garant de la paix sociale dans les ports, et
de la concorde entre la France et l’Espagne,
qui se partagent cette manne.
vorables. » « Crier n’a pas abouti, explique
Ludovic Le Roux, anchoyeur à La Turballe
et président de la commission anchois du
Comité national des pêches. Aujourd’hui,
on discute avec les scientifiques. »
Certains pêcheurs disent, du bout des
lèvres, qu’ils ont peut-être « trop pêché ».
Aujourd’hui, un petit quota leur suffirait.
Il leur permettrait de préserver leur filière,
avant que les anchois de Méditerranée ou
du Pérou ne prennent leur marché. Mais
des prélèvements, même limités, risqueraient de compromettre définitivement
les chances de survie de l’espèce dans le
golfe de Cascogne. Même si la pêche reste
fermée, les scientifiques n’osent formuler
aucun pronostic. Les autres exemples d’effondrement – le cabillaud au Canada, l’anchois au Pérou, la sardine en Californie ou
en Namibie – n’incitent pas à l’optimisme.
Dans le meilleur des cas, les espèces
concernées ont mis plusieurs décennies à
recoloniser leur ancien territoire. p
Gaëlle Dupont
I m p ô t s
a Numéro spécial immobilier :
• Les gagnants et les perdants de la crise
• Comment financer une acquisition ?
• Les nouveautés de l’investissement locatif
• Rendre sa maison « écolo »
Dans les ports concernés, il y a eu des
grèves, des marches silencieuses. Certains
rugissent toujours contre les politiques et
les scientifiques « incapables », contre les
Espagnols soupçonnés d’attendre la mort
de la pêche française, ou contre Bruxelles
accusé de vouloir réduire leur métier à du
« folklore ». Toute la pêche se sent prise
dans le même étau. Pendant des décennies, les subventions européennes ont
encouragé le développement des flottes –
et des surcapacités de pêche. Aujourd’hui,
c’est la casse des navires qui est subventionnée, à mesure que les ressources
halieutiques faiblissent.
Mais à la colère des débuts succède la
conscience que les temps changent.
Pêcheurs et scientifiques mènent désormais conjointement les campagnes de
mesures. « Pour nous, c’est formidable,
commentent les chercheurs de l’Ifremer.
Leur présence rend nos résultats moins discutables pour les professionnels qui les
contestaientsouvent lorsqu’ilsétaient défa-
a Marché de l’art :
Le grand retour du dessin
a Grands prix Eurofonds :
« Le Monde Argent » récompense les meilleurs
fonds et gestionnaires européens
4 Planète
0123
Jeudi 5 mars 2009
La France compte
toujours 647 sites
industriels à haut risque
Sept ans après l’explosion d’AZF, associations
et syndicats déplorent un assouplissement des règles
L
a sécurité des 1 204 installations industrielles à risque
s’est-elle dégradée, plus de
sept ans après la catastrophe
d’AZF ? On pourrait le croire, après
le coup d’éclat des associations
environnementales,
mardi
3 mars : elles ont boycotté la réunion du Conseil supérieur des installations classées, dénonçant une
réforme assouplissant le régime
d’autorisation de ces installations.
« La réforme en cours, qui a été
avalisée par le plan de relance, est
inacceptable, affirme Marc
Sénant, expert du risque industriel chez France Nature Environnement (FNE). Elle supprime dans
un grand nombre de cas les enquêtes publiques et les études d’impact
ou de danger. » Les associations
dénoncent aussi le retard de réalisation des plans de prévention des
risques technologiques (PPRT) :
seulement cinq de ces plans ont
été adoptés, bien que 421 étaient
censés l’être avant juillet 2008 !
Cette polémique se produit
alors qu’au procès de l’explosion
de l’usine AZF, qui s’est ouvert le
23 février, les témoins ont com-
mencé à raconter les instants qui
ont suivi la catastrophe. Le 21 septembre 2001, celle-ci avait fait
31 morts et des milliers de blessés.
Pour lesassociations environnementales, les leçons d’AZF n’ont
pas été tirées : « En 2003, une loi,
dite Bachelot, a été adoptée, dit
Marc Sénant. Sur le papier, elle
représentait un vrai progrès en
matière de prévention des risques
technologiques. Sauf que, pour l’essentiel, elle est restée sur le papier. »
Seulement cinq
plans de prévention
ont été adoptés,
bien que 421 étaient
censés l’être avant
juillet 2008
Le cas des PPRT est exemplaire :
la loi prévoyait que les installations les plus dangereuses, dites
« Seveso seuil haut », en référence
à la directive européenne sur les
usines à risque, devaient mettre
au point ces plans, comprenant les
Le 10 juillet 1976, un nuage de dioxines sur Seveso
Bien malgré elle, la commune italienne de Seveso, située dans la
région de Milan, a donné son
nom à un terme générique, qualifiant les sites de production à risque et les textes les concernant.
Le 10 juillet 1976, un réacteur
explosait à l’usine chimique
Icmesa, sur la commune lombarde de Meda. Un nuage se formait, poussé par le vent vers quatre villes voisines, dont Seveso.
L’usine ne sera fermée que huit
jours plus tard, après que plusieurs morts d’animaux et quelques intoxications ont été
constatées. Le nuage était chargé en dioxines.
Environ 70 000 têtes de bétail
durent être abattues, mais
aucun décès humain ne fut à
déplorer. Des troubles endocriniens ont cependant été relevés
des années plus tard chez des
enfants de mères ayant vécu
dans la zone contaminée.
scénarios d’accident, les mesures
de prévention, les aménagements
urbanistiquesnécessaires – et pouvant aller jusqu’à l’expropriation
des riverains les plus exposés.
« C’est que la démarche est très
complexe, se défend-on au service
des risques technologiques du
ministère de l’écologie. On s’est
rendu compte qu’il fallait mettre
au point une nouvelle méthodologie, examiner une foule de détails,
et élaborer des référentiels communs pour des installations comparables. Tout cela a pris beaucoup
plus de temps que prévu. On n’en
est sorti que depuis environ un
an. » En janvier, le ministre JeanLouis Borloo a écrit aux préfets
pour leur demander d’accélérer
ces PPRT, avec pour objectif d’en
avoir adopté environ 300 fin 2010.
Mais il faudra aussi passer à la
caisse : le coût global de ces plans
devrait atteindre 3 milliards
d’euros. Dont une partie servira à
financer les expropriations des
riverains, la dépense étant partagée entre l’Etat, les industriels et
les collectivités locales. Dans
d’autres cas, les PPRT imposeront
des mesures de précaution chez
des riverains plus éloignés (renforcement des cadres de fenêtre, par
exemple), ces frais restant à la charge de ceux-ci.
Les associations dénoncent aussi l’effectif insuffisant d’inspecteurs des installations classées : ils
ne seront que 1 210 fin 2009, alors
que toutes les parties s’accordent
pour reconnaître qu’il en faudrait
au moins 1 500.
Mais c’est sur une autre réforme que se focalise le courroux des
écologistes : le changement du
régime d’autorisation concernant
1 204 établissements classés Seveso, dont 647 à haut risque
NOMBRE DE SITES SEVESO EN 2006
62 (maximum)
12 (moyenne)
0 (minimum)
pas de site
Etablissements
à risque
à haut risque
Densité de population
en 2005 (hab/km2)
130 à 21 000
80 à 130
60 à 80
moins de 60
Guadeloupe
Martinique
Guyane
Réunion
Source : Meeddat (ministère de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de l'aménagement du territoire), 2008
les installations classées. Si
1 204 sites industriels sont considérés comme potentiellement
dangereux, on compte environ
51 000 usines, carrières, décharges ou gros entrepôts présentant
un risque bien moindre, mais qui
requièrent une autorisation préfectorale. Par ailleurs, environ
450 000 installations sont simplement soumises à déclaration.
Unesimplification des procédures a été votée dans le cadre du
plan de relance : « Il s’agit, pour
environ 10 000 installations parmi les 51 000, de remplacer des études au cas par cas par la vérification que la réglementation est bien
respectée, explique-t-on au ministère. Par exemple, les entrepôts suivent des normes assez standardisées, et il n’est pas vraiment utile de
suivre pour chacun une procédure
détaillée, avec enquête publique. »
L’argument ne convainc pas les
écologistes : pour Gilles Huet, de
l’association Eaux et rivières de
Bretagne, « nous ne pouvons accepter un tel recul de la concertation,
de l’information et de l’évaluation
des risques sanitaires et environnementaux ».
La gestion du risque industriel
n’est donc toujours pas consensuelle. Le nombre d’accidents semble pourtant assez stable : la base
de données Aria, tenue par le
ministère de l’écologie, recense
1 216 événements en 2007, dont
une quinzaine ont entraîné des
morts. Mais ce dernier chiffre est
reparti à la hausse depuis 2005,
quand dix décès avaient été recensés. Une dégradation n’est donc
pas à exclure.
L’évolution des conditions de
travail peut également jouer un
rôle, comme le soulignent les syn-
dicats : « La sécurité est très liée à la
compression des effectifs, au
recours à la sous-traitance, au
stress », assure Jean-Noël Colas, de
la Fédération CGT de la chimie.
« La question du risque est souvent abordée du strict point de vue
technologique, alors qu’il faut aussi analyser l’organisation du travail au quotidien, confirme
Raphaël Thaller, du cabinet d’expertise Cidecos. On a, par exemple,
assisté à une montée régulière de la
sous-traitance dans l’industrie
chimique, ce qui génère des risques
spécifiques. Et il est clair que les
conditions de travail se sont dégradées dans les années récentes. »
De l’utilité des procès : prévu
pour durer quatre mois, celui
d’AZF devrait relancer le débat sur
la prévention des risques industriels et technologiques. p
Hervé Kempf
A Décines, les cuves de l’usine pharmaceutique sont placées sous haute surveillance
Reportage
Décines (Rhône)
Correspondance
Avant d’accéder aux installations
classées « Seveso seuil haut » (soit
à haut risque) de l’usine GifrerBarbezat, installée à Décines, dans
le Rhône, il faut pointer au poste
de sécurité, puis longer une allée
d’arbres centenaires.
On y croise des essences rares,
une maisonnette de gardien et
son poulailler, ainsi que des
demeures bourgeoises reconverties en locaux administratifs. Si le
site, bâti en 1907, ne recelait pas
au fond de son parc de seize hectares un lieu de stockage de liquides
inflammables, il se prêterait
volontiers à la flânerie.
Mais à l’écart des entrepôts de
fabrication et de conditionnement de produits pharmaceutiques, huit cuves d’éther et d’alcool éthylique sont surveillées de
très près. Principal risque : une fuite, et le dégagement de vapeurs
explosives.
La zone est très sensible. Une
barrière empêche son accès aux
personnes non autorisées. Depuis
la catastrophe d’AZF, en 2001, la
sécurité y a été considérablement
renforcée. « On a doublé les parois
des cuves et intégré des capteurs
pour déceler le moindre incident.
Des systèmes d’extinction de feu
ont aussi complété le dispositif »,
explique Ivan Breuillot, le responsable de la sécurité.
Alarmes et portables
A quelques mètres des cuves,
des cliquetis réguliers se font
entendre. Ils proviennent de
détecteurs infrarouges qui
balaient la zone. Sensibles à la formation au sol de poches gazeuses,
« ils sont reliés à des alarmes et à
des portables », poursuit Ivan
Breuillot. « En cas de fuite, cela
coupe toutes les énergies électri-
ques pour éviter une source d’inflammation. »
Depuis le drame de Toulouse,
l’usine rhodanienne a vu la réglementation se durcir et tout un
arsenal préventif se constituer :
arrivée de nouvelles signalétiques, création à la direction régionale de l’industrie, de la recherche
et de l’environnement (Drire)
d’un pôle d’inspecteurs dédiés, fiabilisation des équipements de
sécurité, études de danger plus
étoffées…
« Désormais, on examine toutes les probabilités et toutes les gravités afin d’analyser la sécurité et
d’identifier les améliorations possi-
bles », explique Pierre Beauchaud,
responsable du pôle risque accidentel à la Drire Rhône-Alpes. A
Décines, l’application de ces protocoles passe notamment par la formation des 230 salariés et la simulation de plans d’urgence et de cellule de crise.
La dernière étude de danger
remonte à 2008. Selon les
experts, un « incident majeur »
sur le site n’aurait pas
d’« impact » sur les populations
environnantes. « Les dégâts se
limiteraient à l’enceinte de l’entreprise », assure Ivan Breuillot. A
proximité des installations, se
trouvent un collège, un terrain de
Face à la sécheresse, l’état d’urgence est décrété en Californie
La crise est « aussi sévère qu’un tremblement de terre ou des incendies violents », assure le gouverneur Schwarzenegger
Los Angeles
Correspondance
P
our répondre au manque
d’eau, Arnold Schwarzenegger, le gouverneur de Californie, a décrété l’état d’urgence dans
tout l’Etat, vendredi 27 février.
« C’est une crise aussi sévère qu’un
tremblement de terre ou des incendies violents, et nous devons réagir
avec la même urgence », a-t-il
déclaré, poursuivant : « La Californie subit sa troisième année consécutive de sécheresse, et nous
devons nous préparer au pire – une
quatrième, une cinquième ou
même une sixième année. »
Il a pourtant beaucoup plu en
février, la couche de neige du mas-
sifde la Sierra Nevada s’est épaissie,
et les météorologistes prévoient
d’autres précipitations avant la fin
de la saison des pluies. Mais les
autorités ont préféré « se préparer
au pire, en espérant le meilleur »,
explique Lester Snow, directeur de
l’Agence californienne des ressources en eau, où l’on estime que les
réserves ne retrouveront pas leur
niveau normal cette année.
A l’heure actuelle, les réservoirs
et les grands lacs sont descendus à
leurs plus bas niveaux historiques, provoquant une baisse de la
production d’électricité. Celle-ci a
pu atteindre 62 % dans le cas du lac
Oroville, au nord de Sacramento,
entre le 1er octobre et le 31 janvier.
La sécheresse a aussi des consé-
quences graves pour les exploitations agricoles, qui fournissent la
moitié des fruits et légumes
consommés par les Américains.
Réduire la consommation
En juin 2008, Arnold Schwarzenegger avait déjà proclamé l’état
d’urgence dans plusieurs comtés
agricoles sinistrés par l’insuffisance d’irrigation. En créant une sorte
de « banque d’eau pour temps de
sécheresse », sa directive facilite
les transferts du bassin de Sacramento, au nord de la Californie,
vers les régions agricoles de la Vallée centrale ou les zones urbaines
du sud, qui ont besoin d’eau.Le texte prévoit également une simplification des procédures d’obtention
de permis pour les usines de recyclage des eaux usées et les installations de dessalement.
Pour le moment, le gouverneur
incite simplement tous les Californiens à réduire de 20 % leur
consommation en eau, à commencer par les agences gouvernementales, qui montreront l’exemple
en réduisant l’arrosage des plantations aux bords des routes et autoroutes, par exemple. Mais il envisage des mesures de rationnement si
les conclusions d’un rapport sur la
crise de l’eau, qui doit lui être
remis le 30 mars, l’imposent.
Certaines municipalités contrôlent la consommation d’eau de
leursrésidents.La ville deLosAngelesaainsidéterminésixniveaux de
restrictions, et en est actuellement
au premier, qui instaure des mesures légères (l’arrosage est interdit
entre 9 heures et 16 heures, les restaurants ne fournissent un verre
d’eau qu’à la demande du client…).
Mais le maire, Antonio Villaraigosa, prévoyant un été dangereusement sec, recommande un passage
auniveau3,qui réserveraitl’arrosage à deux jours de la semaine.
La compagnie locale des eaux
pratique déjà un plan tarifaire
pénalisant les utilisateurs dont la
consommation dépasse un certain seuil, et envisage d’adopter
des tarifs encore plus dissuasifs,
dans le but d’encourager les Angelenos à économiser l’eau. p
Claudine Mulard
football et une ligne de tramway.
Depuis AZF, les riverains d’installations Seveso sont sensibilisés
aux risques industriels au travers
de Comités locaux d’information
et de concertation (Clic) ou de
plans communaux de sauvegarde. Une campagne de prévention
a d’ailleurs été menée en novembre sur la commune.
« Il n’y a pas d’inquiétude particulière, relève Jean-Luc Arnaud,
directeur des services techniques
à la mairie de Décines. On a distribué des plaquettes présentant l’entreprise et les procédures à accomplir en cas d’incident. » p
Arnaud Guiguitant
Santé Les plus de 50 ans
sont aussi touchés
par le virus du sida
Le nombre de personnes âgées de
plus de 50 ans atteintes du VIH, le
virus responsable du sida, est
« étonnamment élevé », selon une
étude publiée, début mars, par l’Organisation mondiale de la santé
(OMS). Aux Etats-Unis, la proportion de personnes de plus 50 ans
dans la population de séropositifs
est passée de 20 à 25 % entre 2003
et 2006. En Europe, cette proportion est de 8 %. Les plus de 50 ans
n’étant pas considérés comme
une catégorie à risque, les informations manquent sur ce phénomène. Or « plus une personne est
âgée, plus vite l’infection au VIH
donne lieu au développement du
sida », selon l’étude. Les auteurs
relèvent que les personnes plus
âgées sont « moins enclines que les
jeunes générations à avoir des rapports protégés ». – (AFP.)
International 5
0123
Jeudi 5 mars 2009
L’instabilité du Pakistan sape les plans américains
Les prémices d’une nouvelle crise politique intérieure se dessinent après l’attaque terroriste de Lahore
Au-delà des spéculations – les théoriciens du complot au Pakistan
vont jusqu’à mettre en cause l’Inde – la réaction la plus significative
est venue de Washington. « Nous
sommes profondément inquiets »,
a déclaré le président américain
Barack Obama. Si le commentaire
paraît convenu, il doit être entendu comme tel.
L’Amérique de M. Obama est
réellement « profondément inquiète » de ce que le Pakistan instable,
structurellement volatile, incurablement convulsif, sape la stratégie antiterrroriste de la Maison
Blanche dans cette région identifiée comme le véritable berceau
Une démocratie fragile
27 décembre 2007 Assassinat
de l’ex-premier ministre Benazir
Bhutto à Rawalpindi.
18 février 2008 Victoire du PPP,
parti du clan Bhutto, aux élections législatives.
18 Août Démission du général
Pervez Musharraf de la présidence de la République.
9 septembre Election à la tête de
l’Etat par le Parlement d’Asif Ali
Zardari, veuf de Mme Bhutto.
25 février 2009 Jugement de la
Cour suprême écartant Nawaz
Sharif, chef de l’opposition.
du djihadisme international.
M. Obama avait étrenné son mandat en prônant une approche intégrée de l’Afghanistan et du Pakistan – désormais regroupés sous le
label « Af-Pak » – puisqu’il était établi que les insurgés talibans se
moquaient de la frontière entre les
deux pays. La nomination du
diplomate Richard Holbrooke
comme représentant spécial « AfPak » a donné un visage à cette
nouvelle stratégie. Or le pari de stabiliser l’Afghanistan par le Pakistan commence sous de fort mauvais auspices. Le dernier attentat
de Lahore n’est qu’un symptôme.
Il illustre un mal qui se nourrit
autant de connexions internationales que de l’incurie du système
politique pakistanais.
Washington a bien des raisons
de s’« inquiéter » de la tournure
que prend, à Islamabad, la présidence d’Asif Ali Zardari, le veuf de
Benazir Bhutto (assassinée fin
2007) qui dirige depuis six mois le
seul Etat nucléaire du monde
musulman.
Le Parti du peuple pakistanais
(PPP) du clan Bhutto a pris les commandes du Pakistan en 2008 dans
le sillage d’une lame de fond populaire aspirant à clore les neuf
années de pouvoir autocratique
du général Pervez Musharraf. Bien
des doutes planaient sur l’intégritémorale de M.Zardari, jadis impliqué dans des affaires de corruption, mais les esprits optimistes ne
manquaient pas pour célébrer une
ère nouvelle, en rupture avec les
OUZB.
TURKM.
Lahore
PAKISTAN
300 km
errements du passé. C’est ce climat
qui vient de changer. Comme si le
Pakistan renouait avec ses vieux
démons. Comme s’il rechutait
dans l’atavisme des affrontements politiciens stériles qui
avaient jadis conforté le militarisme au sommet de l’Etat et dopé l’islamisme à la base de la société, ces
deux recours à une introuvable
démocratie.
Ainsi l’arrêt du 25 février de la
Coursuprême frappant d’inéligibilité Nawaz Sharif et son frère Shabaz, les deux chefs de la Ligue
musulmane du Pakistan (PML-N),
principal parti d’opposition, est-il
en train de replonger le Pakistan
dans une crise qui évoque irrésistiblement le chaos politique
qu’avait dû affronter l’ex-président Musharraf à la veille de sa disgrâce. Le PPP et le PML-N avaient
jadis fait cause commune contre la
« dictature militaire ».
Ils s’étaient ensuite séparés
après l’arrivée au pouvoir du PPP,
Nawaz Sharif incarnant l’opposition mais sur un mode discret et
modéré. Un consensus tacite unissait les deux formations autour
d’un partage du pouvoir : le PPP
administrait le pays à Islamabad
tandis que la PML-N régnait sur le
Penjab, la province la plus influente du pays. Cet équilibre vient
d’être rompu. Evincé du pouvoir
dans le Penjab, dont le chef-lieu est
Lahore, la PML-N descend désormais dans la rue orchestrer l’agitation contre le président Zardari.
Un air de déjà vu ? Nawaz Sharif
veut réactiver le mouvement
populaire qui avait mis à bas le
général Musharraf. Il dispose à cette fin d’un levier qui a déjà prouvé
toute son efficacité : le mouvement des avocats. Les « robes noires » du Pakistan n’ont en effet pas
désarmé. Après avoir été le fer de
lance des groupes de la société civile qui s’étaient dressés contre le
pouvoir militaire en 2007, les avocats s’étaient estimés trahis par
M. Zardariqui avait refusé de réinstituer dans ses fonctions le juge
Le pari américain
de stabiliser
l’Afghanistan par
le Pakistan
commence sous de
fort mauvais auspices
Iftikhar Chaudhry, l’ex-président
de la Cour suprême limogé par le
général Musharaf. Ils n’ont cessé
de maintenir la pression, exigeant
sans relâche la réhabilitation du
juge Chaudhry, mais l’absence de
relais politique avait quelque peu
essoufflé leur combat. Maintenant que la PML-N annonce qu’elle
se joindra à leurs rassemblements,
la donne change radicalement.
Une grande manifestation est prévue pour le 16 mars à Islamabad.
Cette évolution peut également
être lourde de conséquences pour
l’efficacité de la lutte antiterroriste au Pakistan que les Américains
promeuvent avec insistance.
« Pour mener efficacement la lutte
contre le terrorisme, décode à Islamabad l’analyste Ershad Mahmud, il faut impérativement que le
PPP et la PML-N soient partie prenante du système. Il faut que les
deux partis soient à bord. Or avec
les affrontements politiques qui
s’annoncent, qui aura le temps et
l’énergie de se consacrer à ce combat antiterroriste ? »
« Nous ne négocierons pas avec
les extrémistes talibans », a déclaré, pour sa part, M. Zardari dans le
Wall Street Journal du 4 mars. Mais
aura-t-il le « temps » et l’« énergie » de les combattre efficacement ? p
Frédéric Bobin
n Sur lemonde. fr
La vidéo « L’équipe de cricket du Sri
Lanka attaquée au Pakistan ».
AUGMENTATION
DE CAPITAL DE SAINT-GOBAIN
Investissez
dans le Groupe
Saint-Gobain
ment sur le plan militaire ». Selon
lui, l’action des représentants spéciaux devrait permettre d’harmoniser l’engagement des forces
armées mais également de coordonner les très nombreuses
actions civiles entreprises par la
communauté internationale en
Afghanistan.
« Gagner la population »
« Quand les Américains sont
partis pour l’Irak, après la chute
des talibans en Afghanistan, explique-t-il, ils n’ont laissé que
7 000 hommes dans ce pays. La
sécurité a été sous-traitée à des
chefs de guerre plus ou moins
mafieux et le système sécuritaire
s’est dégradé alors que les talibans
reconstituaient leur force dans les
zones tribales pakistanaises. »
Résultat, selon lui, un cafouillage d’organisations internationales qui s’engagent sans concertation, et des ministres afghans qui
ignorent nombre de réalisations
effectuées dans leur secteur.
« C’est la cacophonie au sein
même des pays étrangers présents
en Afghanistan, ajoute-t-il. Les secteurs militaire, civil, agricole ou de
la santé étant déconnectés alors
que le cœur de cette guerre insurrectionnelle c’est la réunion de toutes ces approches qui permettra de
gagner l’adhésion de la population afghane. »
Pour M. Lellouche, la France et
ses alliés mènent bien « une
guerre » en Afghanistan et non
une « opération de police internationale », comme l’avait indiqué,
à l’automne 2008, le ministre de
la défense, Hervé Morin. « La preuve, assure le représentant spécial,
la France dépense près de 200 millions d’euros par an pour son
armée dans ce pays », alors qu’elle
ne verse que 11 millions d’euros
pour l’aide civile. « La partie n’est
pas perdue, dit-il, les études montrent que, s’il y a un problème d’adhésion au gouvernement du président Karzaï, la population ne souhaite pas pour autant le retour au
pouvoir des talibans. »p
Jacques Follorou
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sur les marchés de l’habitat. Le Groupe produit et distribue des matériaux
destinés à rendre les bâtiments plus économes en énergie.
Partout dans le monde, les gouvernements ont placé l’habitat et les économies
d’énergie au cœur de leurs politiques. Présent dans 59 pays, Saint-Gobain
est idéalement placé pour bénéficier de cette croissance verte.
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LE DÉPUTÉ de Paris (UMP) Pierre
Lellouche a découvert, mardi
3 mars, ses locaux de représentant spécial de la France pour
l’Afghanistan et le Pakistan au
ministère des affaires étrangères.
Alors que les bureaux de ses collaborateurs étaient encore vides et
qu’une odeur de peinture fraîche
imprègne les couloirs, M. Lellouche a accordé au Monde son premier entretien.
Son cadre de travail a été défini
par le chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy, dans une lettre de mission qui
précise qu’il doit « renforcer le rôle
de la France dans la définition et la
mise en œuvre de l’engagement
international ». Il disposera des
moyens des ministères concernés
par le dossier afghan tels que les
affaires étrangères, la défense,
l’économie ou l’intérieur.
Enfin, il consultera les autorités pakistanaises et participera à
des discussions avec les alliés, en
particulier avec ses homologues,
les représentants spéciaux américain, Richard Holbrooke, britannique, Sherard Cowper-Coles, et allemand, Bernd Mützelburg. Ce qui
peut présager l’ébauche d’un
futur groupe de contact.
« Il est normal que nous soyons
à même de copiloter la stratégie
internationale en Afghanistan. Il
ne faut pas retomber dans les dérives de l’unilatéralisme américain
de la précédente administration
Bush qui a provoqué une profonde
cassure entre les Etats-Unis et ses
alliés au sein de l’OTAN », assure
M. Lellouche qui ajoute : « on va
tester le dialogue proposé par le
nouveau président Obama. Souhaitons que cela marche, l’enjeu
est trop grave, il faut que ce pays
retrouve la stabilité. Nous ne resterons pas indéfiniment en Afghanistan ».
Alors rapporteur de la mission
parlementaire française sur
l’Afghanistan, Pierre Lellouche
avait déclaré, mi-septembre 2008, qu’il existait, sur le terrain, « un problème de commande-
CHINE
Karachi
M. Lellouche veut renforcer
le rôle de la France à Kaboul
Rencontre
TADJ.
AFGHANISTAN
Islamabad
IRAN
aaa Suite de la première page
Fort d’une structure financière solide, notre ambition est d’être toujours
plus innovant pour inventer les matériaux de la maison du futur.
Afin de poursuivre son développement et de renforcer sa flexibilité financière,
Saint-Gobain propose une augmentation de capital – à bons de souscription
d’actions – de 1,5 milliard d’euros pour associer en priorité ses actionnaires
à son développement.
Un prospectus ayant reçu de l’Autorité des marchés financiers (« AMF ») le visa n° 09-042 en date du 19 février 2009 est disponible
sans frais au siège social de Saint-Gobain, auprès des chefs de file teneurs de livre associés ainsi que sur les sites Internet de Saint-Gobain
(« www.saint-gobain.com ») et de l’AMF (www.amf-france.org). Ce prospectus est composé du document de référence déposé auprès
de l’AMF le 8 avril 2008 sous le numéro D.08-0214, de l’actualisation de ce document de référence déposée auprès de l’AMF le 19 février 2009
sous le numéro D.08-0214-A01 et d’une note d’opération (incluant le résumé du prospectus).
Saint-Gobain attire l’attention du public sur les sections relatives aux facteurs de risque figurant dans le prospectus visé par l’AMF.
*20 février 2009 - ** les BSA peuvent être également cédés sur le marché pendant la période indiquée.
STGo_LEMONDE_190x260_Q.indd 1
24/02/09 13:17:40
6 International
0123
Jeudi 5 mars 2009
Washington veut Le Kremlin s’acharne contre l’ancien
relancer le dialogue patron du groupe pétrolier Ioukos
Le second procès Khodorkovski s’est ouvert mardi 3 mars, à Moscou. L’homme d’affaires, accuavec Moscou
sé de « détournement de fonds et blanchiment », risque 21 années de prison supplémentaires
La secrétaire d’Etat américaine doit rencontrer
vendredi, à Genève, son homologue russe
aaa Suite de la première page
« Ce que j’ai dit, c’est que, dans la
mesure où nous réduisons la détermination de l’Iran à posséder des
armes nucléaires, cela diminue
aussi la pression ou la nécessité
d’avoir un système de défense antimissile », a expliqué Barack Obama.
Le président russe Dmitri Medvedev, en visite à Madrid, a lui aussi rejeté l’idée d’un marchandage,
le jugeant « non constructif ». Mais
il s’est toutefois félicité de ce que
l’administration américaine soit
« enfin disposée à discuter » du projet de bouclier antimissile, « ce qui
est déjà bien parce qu’il y a encore
quelques mois nous recevions des
signaux différents ».
M. Medvedev a réaffirmé que
Moscou était prêt à participer à
une défense antimissile s’il s’agissait d’un projet « global » et non
d’un « morceau » situé « près de la
frontière russe ».
Selonles informations du Washington Post, l’administration Obama a préparé un catalogue de propositions pour tenter de relancer
la coopération avec la Russie et
remettre les compteurs à zéro,
Les Etats-Unis envoient
une délégation en Syrie
La secrétaire d’Etat américaine,
Hillary Clinton, en visite en
Israël, a réaffirmé mardi 3 mars
l’attachement des Etats-Unis
à la solution des deux Etats
(la création d’une Palestine au
côté d’Israël) qu’elle a jugée
« inévitable ».
Par ailleurs, Mme Clinton
a annoncé l’envoi en Syrie
d’une délégation de haut rang,
composée de Jeffrey Feltman,
du département d’Etat, et de
Dan Shapiro, du Conseil national
de sécurité, pour examiner
« un certain nombre de questions qui se posent entre les
Etats-Unis et la Syrie ». Les
contacts entre les deux pays
sont au point mort depuis des
années. – (AFP.)
selon l’expression du vice-président Joe Biden, il y a quelques
semaines, à Munich.
M. Obama devrait présenter ces
propositionsà son homologue russe à l’occasion de leur entretien
lors du sommet du G20 à Londres,
le 2 avril. De la même façon, il a prévu de rendre public l’état de la révision en cours sur l’Afghanistan,
pour faire connaître les « souhaits » des Etats-Unis avant de rencontrer les alliés à l’occasion du
sommet de l’OTAN.
S’il n’a pas évoqué l’Iran, Dmitri Medvedev a souligné la bonne
volonté du gouvernement russe
pour apporter son aide au sujet de
l’Afghanistan (un premier transport américain transitant par la
Russie est en route).
Relation « constructive »
Barack Obama, lui, n’est pas
obnubilé par l’élargissement de
l’OTAN.Il considère qu’il est difficile de positionner une force antimissile en Europe de l’Est sans en
discuter avec les Russes.
Selon Hervé Morin, le ministre
français de la défense, qui a rencontré son homologue Robert
Gates et le conseiller à la sécurité
nationale Jim Jones, mardi 2 mars,
à Washington, les positions se
sont rapprochées et les Américains ne sont pas loin de considérer que les étapes vers un élargissement ont été trop rapides.
Parmi les initiatives envisagées
par Washington figurent des pourparlers sur le désarmement stratégique, une priorité pour M. Obama, alors que le traité de 1991 vient
à expiration à la fin de l’année, et la
relance du comité OTAN-Russie,
réduit à néant par la guerre de
Géorgie en août 2008. Dans sa lettre à M. Medvedev, M. Obama a
abordé « un large éventail de questions, a-t-il précisé, de la prolifération nucléaire à la façon de gérer
une série d’inquiétudes communes
au niveau de la sécurité le long de
la frontière afghane et sur le terrorisme », espérant parvenir à une
relation « constructive ». p
Corine Lesnes
Mikhaïl Khodorkovski est escorté à sa sortie du tribunal moscovite Khamovnitcheski, mardi 3 mars. MIKHAÏL METZEL/AP
Moscou
Correspondance
C
ondamné en 2005 à huit ans
de réclusion pour escroquerie et évasion fiscale, l’ancien
patron de la compagnie pétrolière
Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski,
doit désormais répondre à de nouvelles accusations de détournement de fonds et de blanchiment
d’argent. Rapatrié de sa geôle sibériennedeTchitale24février, l’homme de 45 ans a assisté à l’ouverture
de son procès,mardi 3 mars,derrière une vitre blindée du tribunal
moscovite de Khamovnitcheski.
Des centaines de policiers ont
été mobilisées à l’occasion de la
première journée d’audience,
consacréeà des questionsde procédure. Une dizaine de militants
réclamant « la libération des pri-
sonniers politiques » ont été interpellés devant le tribunal avant
l’ouverture du procès.
Mikhaïl Khodorkovski est accusé d’avoir détourné 892 milliards
de roubles (20 milliards d’euros)
issus de la vente de pétrole en provenance de trois filiales de Ioukos,
ainsi que d’avoir blanchi l’équivalent de 10 milliards d’euros. Selon
le code pénal russe, vingt et une
années supplémentaires de prison pourraient être ajoutées aux
neuf qu’il a commencé à purger.
« Iln’yapasdepreuves »,adéploré Vadim Kliouvgant, l’avocat principal de la défense, qui a demandé
le renvoi de l’un des procureurs.
« Ils ne cherchent pas à respecter la
loi, mais tentent plutôt d’obtenir à
toutprixcepourquoiilsontétémandatés. » Selon les avocats de Khodorkovski, l’acte d’accusation n’est
pas crédible : la quantité de pétrole
que l’ancien patron de Ioukos est
accusé d’avoir détourné dépasse la
production totale de ses trois filiales pour la période concernée.
Entreprise dépecée
Arrêté en 2003 et condamné en
2005 à l’occasion d’un procès jugé
« politique », l’ancien riche oligarque opposé à Vladimir Poutine, ne
faisait pas mystère à l’époque de
ses ambitions politiques. Après son
arrestation, Ioukos a été dépecée, et
ses différentes structures reprises
par des sociétés fidèles au Kremlin.
Le nouveau procès de Mikhaïl
Khodorkovski, qui se déroule alors
queDmitriMedvedevcélèbrelepremieranniversairedel’électionprésidentielle qui l’a porté au pouvoir,
aura-t-il lieu sous les mêmes auspices ? Lundi, M. Khodorkovski vou-
lait croire que des « changements
institutionnels positifs » étaient en
cours, notamment pour la justice,
« qui commence à agir comme une
brancheindépendantedupouvoir ».
« Il y a certainement des divergences entre les différentes factions
au Kremlin concernant Khodorkovski, estime le politologue Vladimir Pribylovski. Mais rien de suffisant pour ébranler le duo en place
au sommet de l’Etat, même s’il y a
fort à parier que Medvedev aurait
souhaiténepasressasser cetteaffaire. Sauf que Medvedev n’est pas un
homme politique indépendant, le
numéro un reste Poutine. »
M. Khodorkovski a commenté
lundi le procès qui débute, disant
que « le spectacle ne sera pas inintéressant ». Vu les 3 500 pages de l’accusation, il sera de longue durée. p
Alexandre Billette
Hugo Chavez veut lutter contre l’inflation Au Japon, une affaire de financement
par un contrôle accru sur l’économie
politique affaiblit l’opposition
Les Vénézuéliens sont confrontés à une hausse des produits alimentaires Le bras droit du chef du Parti démocrate du Japon (PDJ) a été arrêté
Bogota
Correspondante
M
oins de riz ? Plus d’Etat.
C’est la réponse du président vénézuélien Hugo
Chavez, qui vient de prendre le
contrôle de deux usines de production de riz pour faire face aux
menaces de pénurie et à la hausse
des prix. La firme Alimentos Polar,
une des plus connues, a annoncé,
mardi 3 mars, son intention de porter l’affaire devant les tribunaux.
Depuis dimanche, les militaires
contrôlent son usine Primor. Lundi, l’armée a investi une fabrique
appartenant à l’entreprise Mary.
L’opposition et le patronat dénoncent « une atteinte à la propriété
privée et à la liberté d’entreprise ».
« Il était temps que le gouvernement fassequelque chose. La semaine dernière, j’ai payé 7 bolivars [2,5
euros] un kilo de riz », explique,
indignée, Katy, qui vit à La Vega,
un quartier pauvre deCaracas. Normalement, elle achète son riz dans
un supermarché Mercal, le réseau
de distribution à prix subventionnés mis en place par le gouvernement Chavez. Mercal compte
15 000 points de vente. Le riz y
vaut 0,99 bolivars. Mais il vient
parfois à manquer. Plus grave aux
yeux de Katy, ni Mercal ni le
contrôle des prix – instauré en
2003 – n’ont suffi à juguler l’inflation.En 2008, lahausse des prixalimentairesa atteint 41 %. Les autorités accusent les producteurs de
contourner la législation et de provoquer à l’occasion des pénuries.
« Se moquer du peuple »
Selon le gouvernement, l’usine
Primor n’opérait qu’à 40 % de sa
capacité. Elle ne produisait que
9 % de riz blanc, dont le prix est
contrôlé (le reste étant constitué
de riz parfumés non soumis à régulation). Un décret publié dans le
Journal officiel du 3 mars oblige
désormais tous les producteurs
du pays à produire au moins 80 %
de riz blanc.
Luis Carmona, gérant des opérations d’Alimentos Polar, a confirmé que Primor ne tournait pas à
pleine capacité, invoquant le manque de matière première. La production de riz est, selon lui, insuffisante et les importations trop
contrôlées. Le coût de production
d’un kilo de riz blanc est de 4,41
bolivars, soit plus du double du
prix de vente maximum autorisé.
« Obliger les entreprises à produire
du riz à perte ne va pas résoudre le
problèmedes pénuries, il va l’aggraver », note M. Carmona. Selon la
direction de Polar, l’usine Primor
ne détient que 6 % du marché,
l’Etat en contrôle, lui, 46 %.
M. Chavez avait menacé, le
28 février, d’exproprierles producteurs de riz coupables de n’avoir
pas respecté les prix régulés, en
accusant les industriels de « se
moquer du peuple ». Plusieurs secteurs-clés de l’économie, tels que
les télécommunications, l’énergie
et le ciment, ont déjà fait l’objet de
nationalisations partielles. Le
ministre de l’alimentation, Felix
Osorio, a néanmoins précisé que le
contrôle des usines de riz était une
mesure « provisoire », destinée à
faire comprendre au secteur privé
« que les aliments ne sont pas une
marchandise comme les autres ».
Selon le journaliste d’opposition Roberto Giusti, « la crise du riz
n’est que la première manifestation de la récession qui vient ». p
Marie Delcas
Tokyo
Correspondant
D
ans le climat de fin de règne
du gouvernement Aso, l’arrestation du secrétaire particulier du chef de l’opposition,
Ichiro Ozawa, donné comme futur
premier ministre en cas de victoire du Parti démocrate du Japon
(PDJ) aux élections législatives
attendues avant septembre, porte
un rude coup à une formation en
hausse dans les sondages.
L’arrestation de Takanori Okubo, bras droit de M. Ozawa,et la perquisition dans les bureaux de ce
dernier, mardi 3 mars, entament
l’image de l’homme qui semblait
répondre aux attentes de l’opinion
alors que le pays est entré dans sa
plus grave récession depuis la
guerre avec des centaines de milliers de pertes d’emplois.
M. Okubo est soupçonné
d’avoir violé les règlements sur le
financement des partis politiques
en acceptant en 2003-2004 des
dons d’un montant de 21 millions
deyens (200 000 euros) de l’entreprise de construction Nishimatsu,
dont deux dirigeants ont été égale-
ment arrêtés. M. Okubo était responsable de l’une des organisations, Rikuzankai,chargées de drainer des fonds politiques pour
M. Ozawa. Nishimatsu est aussi
impliquée dans des affaires peu
claires de transferts de fonds.
Zèle de la police financière ou
« coup bas » du parti gouverne-
Généralement,
lorsqu’ilyadérapage,
c’estlesecrétairede
l’hommepolitiquemis
encausequidevient
boucémissaire
mental, libéral-démocrate (PLD)
afin d’enrayer la montée du PDJ ?
Cette dernière thèse est retenue
par les fidèles de M. Ozawa qui, au
cours d’une conférence de presse,
le 4 mars, a déclaré qu’il n’avait
aucune intention de démissionner pour cette affaire.
Les scandales de financements
politiques illégaux sont fréquents
au Japon. Généralement, lorsqu’il
ya dérapage, le secrétaire de l’hom-
me politique devientbouc émissaire et son patron s’en tire après
s’être platement excusé de ne pas
avoir été assez vigilant. Si les montants en jeu peuvent sembler peu
importants, cette affaire n’en touche pas moins, indirectement, la
personnalité politique la plus en
vue du moment.
Dans le climat délétère actuel,
sacrifier le bras droit de M. Ozawa
ne sera peut-être pas suffisant
pour calmer les esprits. Et déjà des
appels à la démission de ce dernier
de la présidence du PDJ se font
entendre de la part de libérauxdémocrates, mais aussi de membres de son propre parti.
Même si M. Ozawa demeure à la
tête du PDJ, celui-ci risque d’être
affaibli et pourrait être moins
pugnace dans sa bataille pour forcer le premier ministre Taro Aso à
appeler des élections anticipées.
L’affaire pourrait aussi aviver les
dissensions internes au sein du
PDJ dans laquelle M. Ozawa ne fait
pas l’unanimité. « Conspiration »
ou non, les déboires de M. Ozawa
donnent un peu d’oxygène au
PLD, qui en a bien besoin. p
Philippe Pons
International 7
0123
Jeudi 5 mars 2009
Questions sur les rapports de M. Kouchner pour Omar Bongo
Les propositions sur l’assurance-maladie au Gabon rédigées en 2004, dont « Le Monde » a pris connaissance, n’ont pas été concrétisées
B
ernard Kouchner a-t-il compromis la figure du « French
Doctor », en rédigeant des
rapports généreusement financés
par des potentats africains ? La
question posée par le livre du journaliste Pierre Péan, Le Monde
selon K (Fayard, 324 p., 19 euros), est
éclairée par les deux études sur le
système de santé du Gabon dont Le
Monde a pris connaissance.
Conduits par M. Kouchner, à une
époque où il n’exerçait pas de responsabilités politiques, ces travaux ont été commandés en 2003
par le président Omar Bongo à la
société Imeda.
Les deux rapports de 107 et
24 pages ne relèvent ni d’une compilation de documents existants ni
de l’analyse complaisante. Rédigés
en quelques mois par quatre personnes,ilscontiennentunedescription alarmante d’hôpitaux où
« l’écoulement des eaux souillées
traverse les cloisons ». Ils rapportentla« chutedramatiquedelacouverturevaccinale »et décriventune
population dépourvue à 71 % de
protection sociale.
Les documents, remis contre
une rémunération de 216 000
euros net sur trois ans à Bernard
Kouchner, révèlent la fréquence
des contacts entre l’actuel ministre
des affaires étrangères et Omar
Bongo, à la tête depuis 42 ans d’un
Etat pétrolier connu pour l’opacité
de ses finances et la pauvreté de sa
population. Interrogé le 4 février
sur France 2, M. Kouchner a indiqué qu’il tutoyait l’inamovible président gabonais.
Alors que M. Kouchner affirme
n’avoir été à l’époque qu’« un des
consultants »employésparlasociété Imeda, le premier rapport intitulé « Le système de santé au Gabon.
Un besoin de solidarité nationale »,
précise être une commande de
M. Bongo « à Imeda et à M. Bernard
Kouchner, ancien ministre français
de la santé ».
Les pages de couverture portent
le nom de M. Kouchner, détaché
typographiquement de la mention
de ses coauteurs. Seul, M. Kouchner
a signé les deux lettres de synthèse
datées de février et juin 2004 adressées au président Bongo, lui expri-
mant à chaque fois sa « plus haute
considération »etson« profondrespect ». Le rapport final, où figure le
logo de « BK consultant », précise
qu’« après avoir profité de trois longues entrevues présidentielles, nous
avons ramassé nos propositions
dans une lettre que nous avons présentéeauprésidentdelaRépublique
Le document semble
oublier son propre
constat : les hôpitaux
gabonais sont
délabrés parce que
l’argent public
s’évapore
gabonaise le 4 juillet 2004 à Paris ».
Pour appuyer ses propositions
favorablesàune« couverturemaladiedespauvres »,le document indique que « certains » de ses auteurs
ont été « à l’origine de Médecins
sans frontières » et veulent « compléter » ce concept par celui de
« malades sans frontières ». Tout en
décrivant un système de santé « au
bord du gouffre », il qualifie le
Gabon de « pays (…) de volonté
exemplaire », et salue « une gestion
plus sérieuse que ses voisins ».
Le second rapport intitulé « Les
propositions de réforme » suggère
de financer un nouveau système
par « redéploiement budgétaire ».
Mais le document semble oublier
son propre constat : les hôpitaux
gabonais sont délabrés parce que
l’argent public s’évapore avant d’y
parvenir, et que plusieurs projets
de réforme sont restés lettre morte
« fauted’adhésionetdesoutienpolitique ». Le budget de la santé fait
l’objet de « réductions et annulations répétées ». Ainsi, « 70 % des
crédits d’investissement » de 2000
ont disparu, précise le document.
A la même époque, un gros rapport du… Quai d’Orsay sur le bilan
de l’aide française à la santé au
Gabon prend moins de gants.
« Manifestement,
la
santé
“publique” n’est pas une priorité et
l’Etat ne manifeste aucune volonté
d’y remédier », indique ce docu-
ment qui qualifie de « virtuel » le
budget consacré à la vaccination.
Les deux « rapports Kouchner »
ont inspiré l’ordonnance « instituant un régime obligatoire d’assurance-maladie » votée par le Parlementgabonaisen2007.Mais laréalité semble figée, comme en témoigne un rapport du Fonds des
Nations unies pour l’enfance de
2008qui déplore la stagnation à un
niveau élevé du taux de mortalité
infantile gabonais.
Selonplusieurssourcesgabonaises, les conclusions de M. Kouchner
reprennent des revendications
anciennes. « Nous n’avions pas
besoin de donner des milliards de
francs CFA à M. Kouchner pour
savoir ce que tous les professionnels
de santé crient depuis des années »,
ditledéputé Jean-Valentin Leyama.
« Nous ne sommes pas confrontés à
un problème de diagnostic mais de
financement », estime un autre élu.
Avant M. Kouchner, le ministère
gabonais de la santé avait mené
une « réflexion » sur une future
« couverture maladie obligatoire et
universelle », en vain.
Un système de santé
publique « à l’abandon »
« JE SUIS TRÈS FIER et très moralement sûr de moi d’avoir au Gabon
travaillé pendant trois ans à faire
une caisse d’assurance-maladie »,
a déclaré Bernard Kouchner, le
4 février sur France 2, en riposte
aux accusations de mercantilisme contenues dans Le Monde
selon K., livre de Pierre Péan. Il a
ajouté : « J’ai toujours été du côté
des victimes. » Or, selon plusieurs
sources gabonaises, le nouveau
système de sécurité sociale dont
se prévaut le ministre français
« n’existe que sur le papier ».
« On a distribué quelques cartes
d’assuré devant des caméras de la
télévision d’Etat, explique un élu
local. Mais elles ne donnent droit à
rien, tant l’indigence des hôpitaux
est dramatique et les financements absents. »
Dans l’entourage du ministre,
on explique que M. Kouchner ne
peut être tenu pour responsable
du sort réservé à ses propositions.
« L’expert qu’est M. Kouchner ne
peut ignorer que le budget affiché
par l’Etat gabonais en matière de
santé est virtuel : faute de transparence, il ne parvient pas jusqu’au
malade, assure, à Libreville, un
opposant. Au Gabon, si vous êtes
malade et sans ressource, vous
mourez. »
L’ordonnance votée en 2007 au
parlement gabonais prévoit le
financement d’une « Caisse natio-
nale d’assurance-maladie et de
garantie sociale » ouverte aux
indigents par l’instauration d’une
« redevance obligatoire ». Une
taxe sur la téléphonie mobile a
été instaurée dans ce but, mais,
selon un responsable politique,
elle ne fournit que la moitié des
ressources nécessaires.
Aujourd’hui, les maux du système de santé publique gabonais ne
sont pas guéris. Depuis le 12 janvier, il est paralysé par une grève
générale. « On a laissé le secteur à
l’abandon depuis de nombreuses
années », explique Serghes Mickala Moundanga, du syndicat des personnels de santé gabonais. Le
17 février le gouvernement a
annoncé la « suspension » des salaires de février.
Aux revendications salariales
s’ajoute la dénonciation d’une situation de « dégradation générale ».
« Les plateaux techniques sont obsolètes et nous manquons de tout,
matériels et médicaments. Cela fait
vingt ans que nous répétons la
même chose, peste le docteur Sylvie
Mbot, présidente du syndicat Hippocrate des médecins. Bernard Kouchner a fait son travail. Il est passé à
la télé avec le chef de l'Etat mais son
rapport n’a jamais été rendu public.
Qu’il ne prétende pas avoir créé une
assurance-maladie universelle : elle
n’existe pas ! » p
Ph. B.
Mexique
Florence Cassez reste en prison
MEXICO. La justice mexicaine a réduit, mardi 3 mars, la peine infligée
à la Française Florence Cassez de 96 à 60 ans de prison. Interpellée en
2005 dans une ferme où son fiancé mexicain, Israel Vallarta a avoué
avoir séquestré plusieurs personnes, elle avait été condamnée, en 2008,
pour quatre enlèvements. « On m’a retiré mon dernier espoir », a-t-elle
murmuré à l’annonce de la sentence. En appel, le juge n’a retenu que
trois enlèvements, le dernier n’ayant été qu’une tentative. En France,
les sénateurs Alain Fouché et Jean-René Lecerf, ainsi que le conseiller
régional Jean-Luc Roméro, ont demandé au président Nicolas Sarkozy
« de reporter, voire d’annuler » le voyage qu’il doit entamer au Mexique
le 8 mars, dénonçant « l’affront » de la justice mexicaine. – (AFP.) p
Argentine Accord entre gouvernement et agriculteurs
BUENOS AIRES. Les principales fédérations agricoles argentines et le
gouvernement ont signé, mardi 3 mars, un accord qui prévoit l’élimination des impôts sur les exportations des produits laitiers, des compensations pour les minoteries, des projets de loi concernant le secteur
de la viande et des améliorations de la commercialisation. Le texte ne
mentionne pas l’impôt sur les exportations de soja, dont la hausse avait
provoqué des grèves et blocages de routes en 2008. – (AFP.)
Guinée-Bissau Le président par intérim prête serment
BISSAU. Conformément à la Constitution, le président de l’Assemblée
nationale, Raimundo Pereira, a prêté serment, mardi 3 mars, comme
chef d’Etat par intérim, au lendemain de l’assassinat du président, Joao
Bernardo Vieira. Dans son discours, M. Pereira a confirmé l’organisation d’élections et appelé la communauté internationale à « ne pas
abandonner » son pays, rappelant que tous ses prédécesseurs avaient
été assassinés ou renversés. – (AFP.)
LesraisonsquiontconduitleprésidentBongoàfaireappelàM. Kouchner pourraient tenir davantage à
la nécessité où se trouvait en 2004
le Gabon, aux prises avec une énorme dette extérieure, d’obtenir des
Etats-Unis qu’ils lèvent leur veto à
l’attribution d’un crédit du Fonds
monétaire international (FMI).
M. Kouchner note dans son rapport qu’il a « rencontré à plusieurs
reprises les spécialistes de la santé
(…), de la Banque mondiale (…), et eu
de nombreux contacts avec les techniciensduFMI ».Unsystèmed’assurance-maladie « serait apprécié des
autoritésinternationales(…) »,insiste-t-il. D’autant que, conformémentauxcanonslibéraux,ilpropose d’« en finir une fois pour toutes
avec l’un des dogmes les plus difficiles à combattre, celui de la gratuité
des soins ».
En mai 2004, peu après l’entrée
en scène du « French Doctor » au
Gabon et au lendemain d’une rencontre à Washington entre Omar
Bongo et George Bush, Libreville
recevra le chèque du FMI. p
Philippe Bernard
RÉSULTATS 2008
Un modèle économique
solide et résistant
“ VINCI a tenu le cap en 2008 en réalisant un
excellent exercice. Le Groupe poursuivra en 2009
sa politique de distribution de 50 % de son résultat
net. Je proposerai donc à l’assemblée générale du
14 mai 2009 le versement d’un dividende de
1,62 euro par action.”
Yves-Thibault de Silguy,
président du conseil d’administration
“ Dans un environnement difficile, notre modèle
économique démontre sa résistance : nous avions
annoncé une croissance de notre chiffre d’affaires
proche de 10 %, son augmentation est de 10,3 %.
Nos marges opérationnelles restent à un niveau
très proche des records historiques. La croissance
du résultat net est en ligne avec celle du chiffre
d’affaires. Notre carnet de commandes se maintient
à un haut niveau. L’endettement net du Groupe
diminue de plus de 900 millions d’euros. Nous
restons vigilants mais demeurons sereins compte
tenu des conditions satisfaisantes dans lesquelles
nous abordons le nouvel exercice.”
Xavier Huillard,
administrateur – directeur général
Chiffre d’affaires*
33,5 milliards €
+10,3 %
Résultat opérationnel
sur activité
3,4 milliards €
+8,3%
Résultat net
1,6 milliard €
+9,4%
Carnet de commandes
au 31 décembre 2008
23,2 milliards €
+8 %
**
Capacité
d’autofinancement
4,9 milliards €
+7,9 %
Dividende
1,62 €/action
+6,6 %
* hors chiffre d’affaires construction externe des filiales concessionnaires (application IFRIC 12)
** sur 12 mois
Service actionnaires
www.vinci.com
8 Europe
0123
Jeudi 5 mars 2009
Le plus
L’Allemagne hésite à aider ses grands
i n t e r n a t i o n a l groupes industriels en difficulté
des
journaux
français
• 25 langues • 73 éditions étrangères
• 2 400 000 exemplaires
Au sommaire du numéro
de mars 2009
CULTURE
La bibliothèque universelle,
de Voltaire à Google
.
DOSSIER
Le retour du protectionnisme
et la fureur de ses ennemis
.
PROCHE-ORIENT
Nécessaire inculpation
des responsables de l’agression
contre Gaza
.
STRATÉGIE
Comment les armées
se préparent au combat urbain
CHEZ VOTRE MARCHAND
DE JOURNAUX. – 4,50 euros
Les menaces pour l’emploi pèsent dans la campagne pour les législatives de septembre
Berlin
Correspondance
A
près les banques, les entreprises ? L’Allemagne s’interroge sur l’opportunité d’un
soutien financier aux grands groupes en difficulté, en première ligne
au constructeur automobile Opel.
La filiale allemande de l’américain General Motors (GM) souhaite s’émanciper de sa maison mère,
au bord de la faillite, et réclame
d’être soutenue à coups de milliards d’euros de fonds publics. Le
gouvernement d’Angela Merkel a
fait savoir qu’il prendrait le temps
d’étudier le plan de sauvetage présenté par l’entreprise avant de
prendre sa décision.
A moins de sept mois des élections législatives de septembre, le
dossier est délicat. Opel fait travailler quelque 26 000 personnes
sur ses quatre sites de production
outre-Rhin. Et même près du double si l’on tient compte des
emplois qui en dépendent indirectement.
Forte pression sociale
Aucun des deux partis partenaires de la grande coalition, les
Unions chrétiennes CDU-CSU et le
Parti social-démocrate (SPD), ne
veut se faire taxer d’indifférence
quant au sort de ces salariés. Le
chef de la diplomatie, Frank-Walter Steinmeier, candidat du SPD
pour la chancellerie, s’est
d’ailleurs affiché au côté des « Opelaner » qui manifestaient pour la
défense de leurs emplois, le
26 mars. « Opel, c’est vous, et c’est
pour cela qu’Opel doit vivre », a-t-il
lancé à la foule, à Rüsselsheim, où
siège la marque à l’éclair.
Il n’empêche. La question d’un
tel sauvetage pose un dilemme au
gouvernement. En accordant une
subvention au constructeur, ne risque-t-on pas de voir une ribambelle d’autres groupes se présenter au
guichet de l’Etat ? Opel n’est
d’ailleurs pas le premier à solliciter des fonds publics. Depuis deux
mois, l’équipementier automobile Schaeffler appelle lui aussi à
l’aide. L’entreprise familiale peine
à boucler le rachat de son concurrent Continental, dont elle a pris le
contrôle à l’été 2008. Endettée jus-
qu’au cou, elle est au bord du
dépôt de bilan.
Berlin a pour l’instant refusé de
payer : pas question de laisser le
contribuable assumer les erreurs
stratégiques des dirigeants. Mais
là aussi, la pression sociale est forte. A eux deux, Schaeffler et Conti-
Grève des ouvriers de l’usine Opel, à Rüsselsheim,
jeudi 26 février. HANS CHRISTIAN PLAMBECK/LAIF-REA
General Motors menace de supprimer des postes chez Opel
Le président de General Motors
(GM) Europe, Carl-Peter Forster,
a indiqué, dans un entretien au
quotidien Bild, mercredi 4 mars,
que 3 500 emplois au moins
pourraient être supprimés chez
Opel si rien n’était fait pour son
sauvetage. Le constructeur fait
travailler 50 000 personnes en
Europe, mais ce sont jusqu’à
300 000 emplois qui sont sur la
sellette, en cas de faillite d’Opel,
a fait valoir la direction de GM
mardi, en marge du Salon de
l’automobile à Genève. Selon
GM, Opel connaîtra de sérieux
problèmes de liquidités dès le
mois d’avril. Le groupe américain réclame 3,3 milliards
d’euros pour sa filiale allemande
aux gouvernements des pays
européens qui abritent des sites
de production. « Tout le monde
doit donner pour que certaines
usines ne soient pas fermées », a
déclaré M. Forster à Genève.
nental emploient 75 000 personnes en Allemagne. Mi-février, une
manifestation pour la sauvegarde
du groupe a réuni des milliers de
salariés de Schaeffler.
Angela Merkel est prise entre
deux feux. « Elle hésite, comme si
souvent », fait remarquer l’hebdomadaire Der Spiegel du lundi
2 mars. La chancelière redoute
que « les milliards versés par l’Etat
ne puissent, en fin de compte,
empêcher les faillites », note le
magazine.
Les milieux économiques, d’où
provient une partie de l’électorat
conservateur, ont déjà tiré la sonnette d’alarme : la survie de ces
entreprises dépend d’investisseurs privés, elle n’est pas du ressort des pouvoirs publics. Certains
n’hésitent pas à comparer l’intervention de l’Etat à la « résurrection » de l’ancienne Allemagne de
l’Est communiste. Sans compter
une multitude d’autres questions
que ne manquerait pas de susciter
un tel soutien : n’y a-t-il pas danger d’une distorsion de la concurrence ? Dans le cas d’Opel, l’argent
ne risque-t-il pas d’atterrir aux
Etats-Unis, dans l’escarcelle de
General Motors ?
La chancelière voit bien que la
peur du chômage grandit, de
même que le mécontentement
social. Les syndicats rappellent
que le gouvernement a déjà consacré plusieurs milliards d’euros
pour venir au secours du secteur
bancaire et renflouer Hypo Real
Estate, Commerzbank ou IKB.
« Mais pour son noyau industriel, il
ne veut pas donner un centime », a
critiqué le président du syndicat
IG Metall, Berthold Huber, au côté
des salariés d’Opel.
Plusieurs organisations de gauche et altermondialistes ont appelé à des manifestations le 28 mars,
à Berlin et Francfort. Le mot d’ordre : « Nous ne payons pas pour
votre crise. » p
Marie de Vergès
Grèce
En Italie, la police protège
Un groupe anarchiste revendique
les « rondes citoyennes »
l’attaque d’une rame de métro
destinées à suppléer… la police
E
change d’insultes et de
gifles à Padoue (Vénétie).
Des insultes encore, des
gifles aussi et un doigt cassé à
Plaisance (Emilie-Romagne). Le
bilan des « rondes citoyennes »,
samedi 28 février et dimanche
1er mars en Italie, ne dépasse pas
celui d’une rencontre de rugby
mais il témoigne d’une certaine
tension entre les promoteurs de
cette initiative et leurs adversaires, que la police, à Padoue comme à Plaisance, a dû séparer.
Autorisées par un décret-loi du
gouvernement le 21 février, après
une série de viols commis aux
portes de Rome, les rondes
citoyennes officialisent de fait les
rondes padanes introduites en
2006 dans le nord-est du pays
par le parti populiste et xénophobe de la Ligue du Nord. Elles sont
en théorie placées sous le contrôle des maires et des préfets. Les
volontaires doivent s’inscrire sur
un registre de la police afin de
repérer les éléments extrémistes
ou violents. Ils ne sont pas armés
et sont équipés de téléphones portables, de talkies-walkies, de torches et de sifflets.
Les initiatives ont fusé. Vendredi 27 février, à Padoue, une dizaine de volontaires baptisés « Veneto sicuro » (Vénétie sûre) ont
patrouillé dans les quartiers sensibles de la ville. Accoutrés d’un
gilet jaune à bandes fluorescentes qui leur donne des allures
d’égoutiers, ils ont trouvé sur
leur passage un groupe de jeunes
gens issus de la mouvance alternative opposés aux rondes. Le lendemain à Plaisance, ce sont des
militants de Refondation communiste portant des masques de carnaval qui ont joué les empêcheurs de tourner en rond…
Les policiers qui ont dû intervenir n’ont pas apprécié de devoir
assurer la sécurité de ceux qui
prétendent la rétablir à leur place, et mieux qu’eux. « Ils le
savent, au gouvernement, que
nous avons dû utiliser trois policiers et trois carabiniers pour protéger cette initiative dangereuse
et inutile ? » s’énerve le syndicat
autonome de la police padouan.
Le principal syndicat des carabiniers, le Cocer, soutient que des
« actions de ce type sont irréalisables » et demande à rencontrer Silvio Berlusconi pour le lui expliquer. Selon les représentants des
forces de l’ordre, il manque plusieurs milliers de postes pour
assurer la sécurité des Italiens. A
plusieurs reprises, le gouvernement a fait appel à l’armée pour
aider la police et les carabiniers à
lutter contre le crime organisé ou
les violences urbaines.
Face à cette confusion, le ministre de l’intérieur, Ignazio La Russa, a demandé aux maires d’attendre la parution du règlement sur
les patrouilles citoyennes avant
de les organiser. p
Philippe Ridet
(Rome, correspondant)
ATHÈNES. Un groupe anarchiste grec a revendiqué par Internet l’attaque d’une rame de métro d’Athènes, commise dans la nuit de lundi 2 au
mardi 3 mars, dédiant cette action à une syndicaliste bulgare agressée
en décembre 2008 et au « camarade français Julien Coupat », en détention provisoire dans l’affaire des sabotages contre des lignes TGV. Une
vingtaine de jeunes cagoulés ont incendié neuf wagons avec des cocktails Molotov et des bidons d’essence. Huit wagons ont été totalement
détruits et la station a subi des dégâts, mais il n’y a pas eu de victimes.
Dans un texte publié sur le site Internet Indymedia Athènes, le groupe
intitulé « Bandes de conscience-Extrémistes de Pérama » revendique
l’action en rendant hommage à la syndicaliste Constantina Kouneva,
42 ans, vitriolée par des inconnus et hospitalisée depuis, à Athènes,
dans un état grave. Les syndicats grecs et les proches de la victime ont
imputé son agression à son action syndicale à la tête de l’Union grecque
des employés de nettoyage et travailleurs domestiques. – (AFP.) p
Union européenne
Une initiative
contre la pédophilie sur Internet
BRUXELLES. La Commission européenne a annoncé, mardi 3 mars, qu’elle financera une coalition européenne luttant contre la diffusion sur
Internet de contenus à caractère pédopornographique. Bruxelles mettra jusqu’à 427 000 euros pour soutenir ce groupe informel, dirigé par
Child Exploitation and Online Protection Center, une organisation policière britannique. Des fournisseurs d’accès, des opérateurs financiers,
des ONG et des services de police sont membres de la coalition, au côté
d’entreprises privées (Visa Europe, Mastercard, Microsoft, PayPal, etc.).
L’initiative vise à fédérer tous les acteurs de la lutte contre la pédopornographie sur la Toile. La coalition entend aider à l’identification et la protection des victimes, à la confiscation des images ainsi qu’à la localisation et l’interpellation des criminels, vendeurs comme consommateurs
d’images. p Jean-Pierre Stroobants
Restauration. L’Allemagne d’accord pour
une TVA réduite pour la restauration
Peer Steinbrück, le ministre allemand des finances, a déclaré que l’Allemagne est prête à ce que les taux réduits de TVA concernent les « secteurs à forte intensité de main-d’œuvre » ainsi que « la restauration », à
l’issue d’une rencontre à Paris avec Christine Lagarde, la ministre française de l’économie.
La France demande depuis des années de pouvoir appliquer les taux
réduits de TVA (5,5 %) à la restauration. Elle s’était jusqu’ici heurtée à
l’opposition de l’Allemagne. – (AFP.)
France 9
0123
Jeudi 5 mars 2009
Edouard Balladur : « Il est temps de décider »
L’ancien premier ministre remet jeudi au chef de l’Etat son rapport sur la réforme des collectivités locales
J
Les élus de gauche vous accusent de vouloir mettre les collectivités locales sous tutelle.
Dans le contexte actuel, croyezvous vraiment possible d’engager la réforme des collectivités
territoriales ?
Mais,quejesache, la France n’est
pas une association de collectivités
locales indépendantes ! Elle est une
nationdémocratiqueoùlaprérogative de lever l’impôt appartient au
Parlement, comme dans toute
démocratie. Toute rationalisation
des dépenses publiques serait-elle
illicite dans un pays qui leur consacre plus de 50 % de sa richesse ?
eudi 5 mars, l’ancien premier
ministre Edouard Balladur
(UMP) devait remettre à Nicolas
Sarkozy le rapport du comité pour
la réforme des collectivités locales.
Le chef de l’Etat dira alors ce qu’il
retientdeses propositionsderéforme qui, à peine connues, ont suscité une vive opposition, notamment dans les rangs de la gauche.
Le rapport est intitulé « Il est
temps de décider ». Dans la crise
économique que nous connaissons, deux réformes permettront
de préparer l’avenir : celles de l’entreprise et des collectivités locales.
N’oublions pas que 75 % des investissements publics sont réalisés
par les collectivités locales. Avoir
une organisation locale fondée sur
une quinzaine de grandes régions,
dotées de pouvoirs économiques
élargis, onze métropoles dynamiques et un regroupement de communes, qui évite la dissémination
que nous connaissons, contribuera
à ce dynamisme. La France doit-elle
continuerà vivre avec 36 000 communes de plein exercice, alors qu’il
n’y en a pas 10 000 dans chacun
des pays voisins ? J’entends bien
ceux qui disent que le rapport
constituerait une bonne base de
réflexion… pour le prochain quinquennat, mais attendre, c’est ce
que l’on fait depuis vingt ans ! Il est
temps de décider.
Concrètement, qu’allez-vous
demander à Nicolas Sarkozy ?
En même temps que le rapport,
je remets au président de la République deux projets de loi : l’un sur
l’organisation territoriale de notre
pays, l’autre sur l’Ile-de-France. Je
souhaite que l’on commence par
le premier texte. La concertation
avec les partis, les groupes parlementaires et les associations
d’élus prendra sans doute plusieurs mois, mais il faudrait que
l’examen du projet de loi puisse
commencer au Sénat au cours de
la session d’automne.
dépense publique locale.
Pierre Mauroy, qui a participé
aux travaux du comité, vous
reproche de tourner le dos à l’esprit de la décentralisation.
Des pouvoirs supplémentaires
aux régions, des métropoles puissantes, des communes nouvelles
plus efficaces : où sont les reculs de
la décentralisation ?
Votre proposition de créer un
Grand Paris en regroupant les
quatre départements du cœur
de l’Ile-de-France n’est-elle pas
avant tout provocatrice ?
Edouard Balladur, mardi 3 mars à Paris. OLIVIER ROLLER POUR « LE MONDE »
la loi. En revanche, le regroupement des régions ou des départements est fondé sur le volontariat.
Le procès qu’on a fait au comité est
sur ce point infondé. Quant à
l’émergence des « communes nouvelles » issues de l’intercommunalité, elle se fera, elle aussi, sur la
base du volontariat, mais avec des
mécanismes fortement incitatifs.
Qu’est-ce qui vous semble le
plus important à réaliser ?
Le rapport repose sur deux
idées directrices : les régions doivent être reconnues comme pôles
de développement économique et
les communautés de communes
comme pôles d’action de proximité. C’est dans ces deux directions
qu’il faut progresser.
Qu’est-ce qui, dans vos propositions, relève de la loi ?
N’aurait-il pas été plus lisible de
supprimer certains échelons,
comme le département ?
La création de onze métropoles
[Lyon, Lille, Marseille, Bordeaux,
Toulouse, Nantes, Nice, Strasbourg,
Rouen, Toulon, Rennes] qui disposeraient aussi des compétences du
département relève forcément de
Une telle proposition n’aurait
eu aucune chance d’aboutir.
Mieux vaut agir progressivement.
Faire élire sur la même liste les
élus des départements et des
régions comme nous le proposons
devrait faire peu à peu émerger
une conscience régionale mieux
enracinée dans les territoires.
Vous voulez supprimer les cantons et créer de nouvelles circonscriptions électorales plus
larges. La gauche vous accuse
de tripatouillage…
Faux procès ! Nous ne proposons pas de modifier le scrutin
régional pour 2010, mais à l’horizon de 2014. En outre, je ne vois pas
enquoil’imbricationentredépartement et région est plus favorable à
la droite qu’à la gauche.
Le gouvernement ne semble pas
vraiment disposé à se lancer
dans l’institution d’un scrutin de
liste par circonscriptions intradépartementales, qui remplaceraient les cantons…
Techniquement, il n’y a pourtant pas d’autres solutions si l’on
veut mettre en œuvre ce que préconise le comité : faire siéger les premiers de liste au conseil régional et
au conseil départemental et les suivants exclusivement au conseil
départemental.
Le gouvernement se taille la part du lion
dans l’ordre du jour du Parlement
M. Accoyer réclame la levée de l’« urgence » sur la réforme pénitentiaire
D
es chronomètres digitaux
de chaque côté du « perchoir » de l’Assemblée
nationale pendant la séance des
questions au gouvernement, des
interventions limitées à deux
minutes : l’« an I de la Ve Républiquebis », selon l’expression du président du groupe UMP, Jean-François Copé, a débuté mardi 3 mars.
L’entrée en vigueur – depuis le
1er mars – des nouvelles dispositions constitutionnelles concernant le Parlement n’a pas encore
bouleversé, loin s’en faut, la tutelle
exercée par l’exécutif. Ainsi l’ordre du jour du mois de mars n’estil guère « partagé ».
A l’issue d’une conférence des
présidents – chargée d’organiser
les travaux de l’Assemblée – plus
longue qu’à l’accoutumée, le programme a été arrêté. Comme prévu, les deux premières semaines,
sur lesquelles le gouvernement a
la priorité, verront se succéder le
projet de loi sur la réforme de l’hôpital et celui sur la protection de la
création sur Internet.
Pour la semaine suivante, dite
d’« initiative parlementaire », le
gouvernement a obtenu que soit
inscrit – le 17 mars – un débat sur le
retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN.
Les séances des 18 et 19 seront
consacrées à l’examen du collectif
budgétaire présenté mercredi en
conseil des ministres. C’est une loi
de finances : le gouvernement
exerce donc sa priorité. L’initiative
parlementaire ? Seule une proposition de loi de l’UMP sur l’accès au
crédit des PME a réussi à se glisser
entre les mailles du filet. La dernièresemaine, ditede « contrôle », verra le retour en deuxième lecture
de la loi organique sur le travail
législatif, les textes en « navette »
étant également prioritaires.
« C’est encore balbutiant »,
concède M. Copé, qui invoque
l’« absence de propositions de loi
en stock ». « C’est la preuve que
tout cela ne change pas grand-chose », s’insurge le président du groupe socialiste, Jean-Marc Ayrault.
Le groupe de travail de l’Assemblée sur la réforme du règlement
devrait reprendre ses discussions.
M. Ayrault a transmis, mercredi
4 mars, un mémorandum de
12 pages. Parmi les « 14 propositions pour réformer la procédure
législative » qu’il énumère, il souhaite notamment qu’un « contrerapporteur » de l’opposition soit
nommé sur les textes importants
et que soit garanti le passage à la
discussion des articles des propositions de loi déposées par l’opposition, ce qui est rarement le cas. Il
demande aussi que les présidents
de groupe aient un droit de veto
sur l’application du « tempslégislatif programmé » – limitant la
durée des débats – et que cette procédure soit « interdite en cas de
mise enœuvre de la procédureaccélérée par le gouvernement ».
Cette dernière se substitue à la
« procédure d’urgence » limitant à
une lecture par chambre l’examen
d’un texte. Elle est au cœur d’un
imbroglio sur le projet de loi pénitentiaire examiné depuis mardi
au Sénat. Les sénateurs PS s’élèvent contre son examen « en
urgence ». Le gouvernement invoque le fait qu’elle a été demandée
avant l’entrée en vigueur des nouvelles dispositions constitutionnelles. Critiquant une « dérive »,
M. Accoyer a également réclamé
que l’urgence soit levée. p
Patrick Roger
Faut-il passer par un référendum pour lever les blocages ?
Mieux vaut procéder par la discussion parlementaire.
Avez-vous chiffré les économies
que dégageraient vos propositions ?
Il est difficile de le faire avec
honnêteté et précision. L’organisation que nous proposons est plus
claire, plus efficace. Donc, à terme,
elle devrait être moins coûteuse.
Evidemment, à condition que tout
le monde joue le jeu. Il appartiendra au Parlement d’y veiller avec le
débat annuel sur l’évolution de la
Quelle autre solution ? Qu’on
demande aux habitants s’ils sont
satisfaits ! Il y a, au centre de l’Ilede-France, un ensemble naturel
où vivent 6 millions de personnes
qui ont les mêmes besoins en
matière de logements, de transports, d’urbanisme et où la coopération intercommunale est la
moins développée. Comment
résoudre le problème autrement
qu’on associant très étroitement
ces quatre départements ? p
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10 France
0123
Jeudi 5 mars 2009
Les lettres adressées avec des balles
à dix personnalités UMP sont très confuses
Les propos sont particulièrement injurieux à l’encontre du président de la République,
Nicolas Sarkozy, qualifié de « sale hongrois », et de sa famille
T
outes les lettres, anonymes et
menaçantes, accompagnées
de balles, reçues par plusieurspersonnalités politiques, ont
été postées depuis le département
de l’Hérault, et plus particulièrement d’un bureau de poste de
Montpellier. S’agit-il de la « boîte M » citée par le ou lesauteurs ? Le
bureau de Bédarieux, une commune toute proche, a également été
utilisé. De là, en tout cas, sont parties les missives destinées au chef
de l’Etat, à trois ministres et à plusieurs parlementaires, tous UMP.
« La haine que vous avez distillée
depuisdes annéesseretourne maintenant contre vous », écrit le corbeau dans l’un de ces courriers
dont Le Monde a eu connaissance
dans son intégralité. Il poursuit :
« Le mépris total de vous envers le
peuple nous impose d’agir dès
maintenant. (…) Le dispositif de surveillance nous a permis de vous
cibler, vous et les vôtres dans vos
déplacements.Donc vous êtes ciblés
et verrouillés. »
La série débute le 9 février avec
Raymond Couderc, maire de
Béziers,etsénateur.Dansl’enveloppe kraft, ouverte par son secrétariat, figure une balle de calibre 38. A
l’intérieur, l’élu découvre des
menaces explicites : « On allait me
loger une balle dans la tête », dit-il,
au milieu de « divagations diverses
dans un français approximatif ». Il
se souvient aussi d’une « diatribe »
raciste à l’encontre de Nicolas
Sarkozy traité de « sale hongrois ».
Le président de la République rece-
M. Sarkozy menacé une demi-douzaine de fois par mois
Les services de la correspondance présidentielle, à l’Elysée, font
le tri. Chaque mois, ils transmettent à la police les lettres et messages Internet jugés menaçants
à l’encontre du chef de l’Etat.
La brigade criminelle de la police
judiciaire de la préfecture de
police, chargée de centraliser et
d’enquêter sur toutes les menaces institutionnelles qui visent
le président de la République,
les ministres, ou le Sénat par
exemple, ouvre une demi-douzaine de dossiers par mois concernant le seul chef de l’Etat. C’est
un peu plus que sous Jacques
Chirac. Pour ce policier spécialisé, chacun de ces dossiers fait
l’objet d’une enquête minutieuse et il n’est pas rare, selon lui,
de retrouver les auteurs qui laissent des traces… ou qui signent.
Un retraité de Louvroil, dans le
Nord, en a fait l’expérience à ses
dépens. Le 22 janvier, Zéphir
Brassart, 67 ans, accusé d’avoir
envoyé une lettre de menaces et
d’insultes à M. Sarkozy, a été placé en garde à vue sept heures
par des policiers de la brigade
criminelle. Son identité, qui figurait sur le courrier, aurait été
usurpée.
vraunelettreen tout pointsemblable, contenant également une balle
de calibre 38. Une enquête préliminaire est alors ouverte au parquet
antiterroriste de Paris, qui a saisi la
brigade criminelle.
Mais la liste s’allonge et l’affaire
mobilise davantage de policiers.
Les directions interrégionales de la
police judiciaire de Marseille, de
Montpellier et la sous-direction de
la lutte antiterroriste (SDAT) sont
co – saisies. Une deuxième salve de
courriers est en effet adressée fin
février à Jacques Blanc, sénateur de
Lozère, aux ministres de l’intérieur, Michèle Alliot-Marie, et de la
justice, Rachida Dati, puis début
mars, à l’ancien premier ministre
Alain Juppé, maire de Bordeaux, et
à la ministre de la culture, Christine Albanel.
Il s’agit d’une lettre-type, tapée à
l’ordinateur, sans aucune ponctuation, recto verso, et qui reprend,
dans un sabir confus et mal orthographié, les mêmes menaces et
insultes. Mais petit changement :
toutes ces personnes reçoivent cette fois une balle de 9 mm – calibre
d’arme de poing largement répandu. « Vous n’êtes que des morts en
sursis, des morts verrouillés (…)
Vous êtes dans les starting blocs de
la mort », est-il écrit. « Vous voulez
nous mettre au pas, en coupe réglée
par vos amis et au bon vouloir du
Roy et vous croyez disposer de nos
viesehbienbonc’est nous quidisposons des vôtres ». Les propos sont
particulièrement injurieux à
l’égard de M. Sarkozy, qualifié de
« sale hongrois dignede la pire figure du fascisme hitlérien », et de sa
famille,qui« auraletempsdeméditer à l’état létal ».
Trois autres personnes font également partie des politiques cités
dans ces courriers, Frédéric Lefebvre, député des Hauts-de-Seine,
Christian Vanneste, député du
« Vous êtes desmorts
verrouillés.Vous êtes
dansles starting blocs
dela mort »
Extrait de l’une
des lettres anonymes
Nord et Jean-Paul Alduy, maire de
Perpignan et sénateur des Pyrénées-Orientales.Mardi 3 mars dans
la soirée, M. Vanneste, confirmait à
son tour avoir reçu la lettre.
Quel lien établir entre ces dix
personnalités ? L’appartenance à
l’UMP constitue le premier élémentcommun.Le corbeaules désigne comme les « pourvoyeurs de
loisliberticidesetfascistes. »Au passage, il cite dans une formule fourre-tout le « Nouveau centre FN et
autres collaboscentristes etsocialos
collabos ».
Aucune revendication, aucune
signature ne figurent sur les lettres, hormis une vague référence,
dans la deuxième vague d’envoi, à
une « cellule 34 » – numéro du
département de l’Hérault – et à un
Une balle 9 mm, du même calibre que celles reçues
par les destinataires des missives. LUIS ALVAREZ/AP
groupe de « 1 000 combattants ».
« Tout est délirant et incohérent »,
commente Jacques Blanc. Neuropsychiatre de profession, le sénateur de Lozère estime que le contenu est « un signe fort de maladie
mentale ». Un sentiment partagé
par les enquêteurs, qui n’en prennent pas moins les menaces au
sérieux. Ces derniers étudient les
balles de deux calibres assez proches. Celles de 38 mm adressées à
M.Sarkozy et à M. Couderc sontutilisées dans le tir sportif.
En conclusion, le corbeau affirme qu’il a pris ses précautions et
qu’il n’y aura pas de suite mais « le
black out silence radio total ». p
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12 France
Elections européennes
Jean-François Kahn (MoDem)
craint un « retour au sol, au sang,
aux tribus, aux intégrismes »
LILLE. Sur le campus de l’Edhec,
l’école de commerce de Lille, mardi
3 mars, les quatre bretteurs réunis
pour l’un des premiers « Eurodébat » organisé en vue des élections de juin, ont parlé de la crise.
Devant 500 personnes, Fabienne
Keller (UMP), Jean-François Kahn
(MoDem), Pierre Moscovici (PS) et
Daniel Cohn-Bendit (Verts) n’ont
pas caché leurs inquiétudes. L’ancienne maire de Strasbourg et sénatrice a souligné « sa crainte de voir
les électeurs se replier sur leurs problèmes nationaux ». M. Kahn a rappelé la montée des extrémismes en Europe après la crise de 1929. « Si on
ne remplace pas d’urgence l’injustice économique par l’humanisme, cela
sera un retour au sol, au sang, à la race, aux tribus et aux intégrismes religieux. Y compris en Scandinavie où je m’attends à une poussée de l’extrême droite. » M. Moscovici a quitté le débat avant la fin, pressé de rejoindre Paris et l’Assemblée nationale pour un autre débat – sur l’hôpital. Il
a eu juste le temps d’évoquer son refus de laisser l’Europe de l’Est payer
cash la crise, et de charger le président de la Commission européenne
José Manuel Barroso. « Que l’on vire Barroso de la présidence de la Commission européenne, pour sa lourde responsabilité sur les blocages », a
embrayé M. Cohn-Bendit. p Geoffroy Deffrennes
(PHOTO : BERTRAND LANGLOIS/AFP)
Conseil constitutionnel
La loi sur l’audiovisuel public validée
Le Conseil constitutionnel a validé, mardi 3 mars, l’essentiel de la loi sur
l’audiovisuel public adoptée, le 3 février, à l’Assemblée nationale et, le 4,
au Sénat. S’il a approuvé la procédure de nomination et de révocation
des présidents des sociétés de l’audiovisuel public – désormais nommés en conseil des ministres –, le Conseil a toutefois jugé contraire à la
Constitution le doit de veto à la majorité des trois-cinquièmes des commissions parlementaires sur la révocation. Il a aussi apporté une précision en ce qui concerne la compensation financière par l’Etat de la perte
de recettes publicitaires de France Télévisions. Il incombera à chaque
loi de finances d’en fixer le montant. La ministre de la culture, Christine
Albanel, a vu dans cette décision « la preuve que les accusations lancées
par l’opposition étaient sans fondement ». Les sénateurs socialistes estiment que « le Conseil constitutionnel vient de cautionner la mise sous
tutelle de France Télévisions par le pouvoir ». p Patrick Roger
Précarité
Mal-logés : les associations
dénoncent le bilan gouvernemental
Le Collectif des associations unies pour une nouvelle politique du logement a présenté, mercredi 4 mars, son troisième « baromètre » des
engagements du gouvernement en faveur des personnes sans abri et
mal logées. En janvier 2008, le premier ministre annonçait 100 mesures faisant de la lutte contre le mal-logement un « chantier national
prioritaire ». Seules 45 ont été engagées. Et encore s’agit-il souvent de
mesures techniques, dont peu sont appliquées. « Il n'y a toujours pas de
véritable mobilisation reposant, sur chaque territoire, sur un diagnostic
partagé des priorités à donner », déplore Nicole Maestracci, présidente
de la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion
sociale. Nombre de personnes continuent de retourner à la rue, faute de
prise en charge adaptée dans la durée. Les associations s’alarment aussi
de l’« explosion des expulsions » et dénoncent le choix de ramener dans
la loi le délai d’expulsion de trois à un an. Le plan de relance, qui prévoit
la construction de 100 000 logements supplémentaires, ne fait selon
elles que rattraper la restriction qui affecte le budget de la Ville et du
logement pour 2009. Ce plan comportera « moins de 50 % de véritables
logements sociaux, faisant une nouvelle fois la part belle aux logements
intermédiaires », déplore le Collectif. p Laetitia Van Eeckhout
Social
Service minimum : l’UMP partagée
sur l’opportunité d’une nouvelle loi
Dans un rapport remis mercredi 4 mars au président de l’Assemblée
nationale, le député Jacques Kossowski (UMP, Hauts-de-Seine) estime
qu’il est « inutile » de modifier la loi sur le service minimum dans les
transports terrestres. Ce rapport lui avait été commandé au lendemain
de la fermeture de la gare Saint-Lazare à Paris, le 13 janvier, suite à une
grève des agents SNCF. Dans ce rapport, cosigné par le député PS Maxime Bono (Charente-Maritime), M. Kossowski juge que la réquisition des
agents serait « une option ni praticable ni souhaitable ». Les parlementaires proposent plus de « dialogue social », notamment sur les questions de sécurité et suggèrent l’interdiction de tout « nouveau préavis »
de grève avant « l’expiration des négociations engagées sur le premier ».
Le député UMP des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, a annoncé qu’il déposerait une proposition de loi visant à « permettre plus facilement des réquisitions des moyens de transport lors de grèves spontanées ». p
Rémi Barroux
Le Monde des livres sur LCI
« Bienvenue dans le western aquatique du futur »
Florence Noiville reçoit Enki Bilal
Diffusion :
jeudi 5 mars à 13 h 40
Rediffusions :
vendredi 6 mars à 15 heures,
samedi 7 mars à 16 h 30 et
dimanche 8 mars à 13 h 10
l’intégrale des émissions est consultable sur
http://www.wat.tv/explorer/2000960
0123456
0123
Jeudi 5 mars 2009
Le gouvernement face à l’enjeu de
la parité dans la sphère professionnelle
Avant la Journée de la femme du 8 mars, proposition de loi et mission confiée à l’IGAS
Les femmes ont du mal à accéder aux responsabilités
ÉVOLUTION DE LA POPULATION ACTIVE
LES NEUF MÉTIERS LES PLUS FÉMINISÉS
en millions
en %
Hommes
16
Femmes
Assistants maternels 99,4
98
Aides à domicile
12
8
4
0
1971
SOURCE : INSEE
C
’est une courte phrase qui
pourrait, un jour, bouleverser l’équilibrehommes-femmes dans le monde du travail :
« La loi favorise l’égal accès des femmeset deshommes aux responsabilités professionnelles et sociales »,
proclame la Constitution depuis la
réforme de l’été 2008. Calqué sur
la petite révolution que fut la parité politique, le nouvel article autorise le législateur à user de la
contrainte pour que les femmes
accèdent aux responsabilités dans
le monde du travail.
Mais depuis son adoption, cette
phrase est restée une proclamation de principe : aucune loi n’est
venue préciser comment garantir
dans la réalité un « égal accès » des
femmes et des hommes aux postes dirigeants. Faut-il, comme en
Norvège, imposer 40 % de femmesdans les conseils d’administration ? Serait-il judicieux de prévoir
une alternance hommes-femmes
sur les listes syndicales aux élections prud’homales ? L’Etat doit-il
imposer la parité dans les jurys de
la fonction publique ?
A la veille de la Journée internationale des femmes, le 8 mars, la
rapporteure générale de l’Observatoire de la parité, Marie-JoZimmermann, suggère que la France suive
le modèle volontariste inauguré
par la Norvège. « Je ne fais pas partie des fanatiques de la contrainte
mais, dans ce domaine, c’est le seul
moyen d’avancer, affirme la députée UMP. Sinon, le temps passe, les
bonnes volontés s’émoussent et
rien ne bouge. »
Mme Zimmermann, qui présente une proposition de loi, souhaite
que les conseils d’administration
des entreprises privées comprennent au minimum 40 % de fem-
PART DES FEMMES DANS LES CONSEILS
D’ADMINISTRATION DES SOCIÉTÉS
DU CAC 40
10,2 %
Secrétaires
97,9
Aides-soignants
92,5
Infirmiers
88,9
Employés adm.
78,9
Vendeurs
75,8
Employés adm. FP*
72,9
Agents d’entretien
72,1
2004
8%
2006
8,5 %
2007
* FP : fonction publique (catégorie C)
mes. Dans le secteur public, qui
doit « donner l’exemple », la parité
totale devra, selon elle, être atteinte dans un délai de trois ans. Enfin,
la députée plaide pour des listes
syndicales paritaires pour les
prud’hommes, les commissions
administratives paritaires et les
comités d’entreprise.
« Egalité de fait »
Le gouvernement partage le
constat de Mme Zimmermann sur
la persistance du « plafond de verre » : le ministre du travail, Brice
Hortefeux, regrette ainsi que parmi les sociétés du CAC 40, vingttrois n’aient aucune femme dans
leursinstances dirigeantes et aucune ne soit dirigée par une femme.
Mais il souhaite poursuivre la
réflexion : mercredi 4 mars, le
ministre du travail et la secrétaire d’Etat à la solidarité, Valérie
Létard, ont confié à l’inspection
générale des affaires sociales une
mission sur l’égalité professionnelle.
Inégalités salariales, conciliation travail-famille, présence des
femmes dans la gouvernance de
l’entreprise : la mission, dirigée
par l’inspectrice générale des affaires sociales Brigitte Grésy, se pen-
chera sur les obstacles à l’égalité
dans le travail. Ses propositions
seront rendues publiques en juin
et serviront de base à une concertation prévue au deuxième semestre. Il est temps, affirme M. Hortefeux, de passer de l’« égalité de
droit » à l’« égalité de fait ».
Car si la féminisation du salariat est l’une des révolutions de la
fin du XXe siècle, le monde du travail est loin d’être égalitaire. « Le
fait que les femmes constituent
désormais près de la moitié des forces laborieuses est une mutation
sociale majeure, constate la sociologue Margaret Maruani dans Travail et genre, un ouvrage collectif
paru en 2008 (La Découverte).
Mais la question des inégalités de
sexe, de leurs habits neufs et de
leurs vieux restes demeure. »
En France, plus de 80 % des femmes de 25 à 49 ans travaillent mais
leurs salaires restent inférieurs à
celui des hommes et elles demeurent cantonnées dans les secteurs
traditionnellement féminins,comme le secrétariat ou l’entretien.
Loin de s’atténuer, ce mouvement semble s’accentuer depuis
une dizaine d’années. « Les six catégories socioprofessionnelles les
plus féminisées rassemblaient 52 %
Les salaires des femmes restent bien plus faibles
Malgré trois textes de loi depuis
1983, les salaires des femmes
restent nettement plus faibles
que ceux des hommes. Une étude de la direction des études et
des statistiques (Dares) du
ministère du travail, publiée en
octobre 2008, constate qu’en
2006 dans les entreprises de
plus de dix salariés du secteur
concurrentiel, la rémunération
brute totale moyenne des femmes était inférieure de 27 % à
celle des hommes. L’écart se
réduit à 16 % si l’on se réfère au
salaire horaire. « Les différences
de caractéristiques propres aux
salariés, aux entreprises ou aux
emplois, n’expliquent qu’un peu
plus du tiers de l’écart salarial
entre les hommes et les femmes », souligne la Dares.
2008
SOURCE : CAPITALCOM
des femmes en 1983 et 61 % en
2002 », note Mme Maruani.
Une fois que les couples ont des
enfants, la charge de la conciliation famille/travail repose sur les
femmes : alors que le taux d’activité des pères ne descend jamais
au-dessous de 90 %, celui des
mères chute à 60 % lorsqu’elles
ont deux enfants et à 37 % lorsqu’elles en ont trois ou plus. Beaucoup s’éloignent du marché du travail contre leur gré : un tiers des
femmes en congé parental déclarent avoir fait ce choix parce qu’elles n’avaient trouvé aucune solution de garde.
Enfin, bien que les filles aient
rattrapé, puis dépassé le niveau
d’éducation des garçons – depuis
1971,les bachelières sont plus nombreuses que les bacheliers et,
depuis 1975, les étudiantes plus
nombreuses que les étudiants –,
les postes à responsabilités restent
l’apanage des hommes. Selon une
étude de l’association Action de
femmes, 26 % des 500 plus grosses sociétés françaises n’ont ainsi
aucune femme dans leurs instances décisionnelles.
Pour la présidente d’Action de
femme, Tita Zeitoun, le partage
desresponsabilités dans l’entreprise se heurte à des blocages culturels. « Pendant des années, j’ai pensé que la lente évolution des mentalités suffirait à ouvrir progressivement la porte aux femmes, souligne-t-elle. Mais ce mouvement se
heurte à des problèmes de culture :
les hommes font naturellement
appel aux hommes. C’est absurde :
si la France a ouvert les grandes écoles aux femmes, il y a trente-cinq
ans, ce n’est pas pour les laisser sur
le bord du chemin. » p
Anne Chemin
Le débat sur l’homoparentalité est relancé
Le projet de loi sur le statut des beaux-parents doit être présenté courant mars
C
hristine Boutin, qui avait
bataillé avec ferveur contre
le pacte civil de solidarité il y
a dix ans, vient de lancer une offensive contre le projet de statut des
beaux-parents,quidoitêtre présenté courant mars en conseil des
ministres par la secrétaire d’Etat à
lafamille,NadineMorano.« Jen’accepterai pas que l’on reconnaisse
l’homoparentalité et l’adoption par
les couples homosexuels de façon
détournée », a déclaré, mardi
3 mars, la ministre du logement.
Mme Boutin fait allusion au projet de loi sur l’autorité parentale et
les droits des tiers, en cours d’examen au Conseil d’Etat, qui met en
musique l’une des promesses de
campagne de Nicolas Sarkozy. Ce
texte ne modifie en rien les règles
de la filiation, mais il offre des
droits aux « tiers qui ont résidé avec
l’enfantet l’unde sesparents, etavec
lesquels il a noué des liens affectifs
étroits ». Les beaux-parents des
famillesrecomposées etles parents
« sociaux » des familles homoparentales pourront ainsi faire homologuer par le juge une convention
de partage de l’autorité parentale.
Pour Mme Morano, ce texte adapte le droit à une société qui a profondément changé : sur 17 millions d’enfants, 1,6 million (9,4 %)
vivent dans une famille recomposée et 2,4 millions (14 %) dans un
foyer monoparental. L’INED estime que l’homoparentalité concerne 30 000 enfants ; l’Association
desparents gayset lesbiensles évalue à plus de 300 000.
Aujourd’hui, beaucoup de couples homosexuels souhaitent
avoir des enfants. Les couples de
femmes ont recours à des inséminationsartificiellesréaliséesenBelgique ou aux Pays-Bas et les cou-
ples d’hommes – plus rarement – à
la gestation pour autrui à l’étranger. D’autres inventent des « coparentalités » à quatre – un couple
d’hommes,un couple de femmes –,
ou adoptent à l’étranger en tant
que célibataires.
« Premier pas »
Quelle que soit la configuration,
l’un des parents bénéficie pleinement des droits attachés à la filiation alors qu’aux yeux de la loi
l’autre reste un étranger pour l’enfant. Ce parent « social » ne peut
adopter l’enfant : en 2007, la Cour
de cassation a estimé qu’une adoption simple au sein d’un couple
d’homosexuels serait « contraire à
l’intérêt de l’enfant ».
Les couples se tournent donc
vers la délégation d’autorité parentale. Créée en 2002 par Ségolène
Royal, cette mesure ne crée pas de
lien de filiation, mais elle autorise
un« tiers,membredelafamille,proche digne de confiance », à accomplir les actes de la vie quotidienne.
La Cour de cassation a précisé en
2006 que l’homosexualité n’interdisait en rien cette pratique, mais
les juges continuent à se montrer
réticents.
Le projet de loi devrait faciliter
cette procédure en remplaçant les
requêtes soumises à l’appréciation
desjugespar desimpleshomologations. L’Inter-LGBT (lesbienne, gay,
bi et trans) salue ce « premier pas »
mais regrette que le texte n’autorise pas l’adoption. « Seule l’inscription dans la loi de l’égalité pleine et
entière entre les couples homosexuelset hétérosexuels mettrait fin
auxdifficultésjuridiques vécuespar
les familles homoparentales », souligne-t-elle. p
A. Ch.
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Jazz Characters
14 Economie
0123
Jeudi 5 mars 2009
En hausse
Eurotunnel
En baisse
Les ventes de mobiles
Pour la première fois depuis sa création en 1986,
l’exploitant du tunnel sous la Manche versera
un dividende à ses 500 000 actionnaires cette
année. Celui-ci sera de 4 centimes par action.
Les ventes mondiales de téléphones mobiles ont
chuté de 4,6 % au quatrième trimestre 2008,
une tendance qui va se poursuivre en 2009, avec
un recul attendu de 4 %, selon l’Institut Gartner.
C’est le nombre de Toyota
invendues que le constructeur
japonais a été obligé de stocker
surun cargo loué pour l’occasion, dans le port
de Malmij, en Suède, dont les parkings sont saturés
en raison de l’effondrement des ventes en Europe.
2500
Les salaires d’embauche
des cadres pourraient
baisser de 15 % en 2009
L’impact de la crise provoque une rupture
après dix ans de hausses supérieures à l’inflation
C
onfrontées à une crise financière violente, qui déstabilise l’économie réelle, les
entreprises durcissent leurs politiques salariales. Deux études ont
été publiées, lundi 2 et mardi
3 mars, qui annoncent une année
2009 tendue, pour toutes les catégories de salariés, en France et
dans le reste du monde, qu’ils
soient déjà en poste ou nouvellement embauchés.
La première étude, réalisée par
le cabinet international de conseil
en recrutement Robert Walters,
prévoit une baisse de 15 % en
moyenne des salaires d’embauche
des cadres cette année, par rapport
à 2008, à des postes équivalents,
tous secteurs d’activités confondus. Cela constitue une rupture,
après dix années pendant lesquelles les salaires des cadres ont augmenté plus vite que l’inflation.
« C’est la première fois depuis
1993 que l’on constateune telle baisse, souligne Antoine Morgaut,
directeur de Robert Walters en
Europe. Une alerte avait eu lieu en
2002-2003, au moment de l’éclatement de la bulle Internet. Mais elle
n’était pas d’une telle ampleur et
n’avait pas duré. »
« Les sociétés anticipent les risques d’aggravation de la situation
économique », explique M. Morgaut, tandis qu’en France, mardi, le
ministère de l’économie a annoncé un budget modifié, intégrant
un recul de 1,5 % du produit inté-
rieur brut (PIB) français. Pour la
première fois depuis 1993, la France va entrer en récession.
Mais selon cet expert, la baisse
des salaires à l’embauche résulte
aussi des « excès des trois dernières
années, marquées par de fortes
hausses de salaires liées à une croissance économique planétaire, à
une pénurie de compétences due à
la pyramide des âges et au manque
de jeunes diplômés, ainsi qu’à la
mobilité des cadres d’un pays à
l’autre ». « Dans certains cas, la progression des salaires était supérieure à la création de valeur ajoutée,
cela ne pouvait durer toujours »,
estime M. Morgaut.
Au cours des cinq dernières
années, les revenus globaux des
cadres – outre le salaire fixe, le
Le recrutement se tasse
Comptabilité et finance La baisse est sensible depuis octobre,
mais la demande pour les auditeurs et contrôleurs est plus forte.
Services financiers Le déclin est
général, hormis dans la banque
de détail où la pyramide des âges
minimise l’impact de la crise.
Immobilier Le recrutement a
fléchi au second semestre 2008.
Intérim C’est un mode de recrutement de plus en plus fréquent pour
les cadres (source Robert Walters).
bonus,les participationset intéressement ainsi que les stock-options
et avantages en nature – ont doublé en Grande-Bretagne, en Irlande et aux Etats-Unis. Au RoyaumeUni, en Irlande, au Luxembourg et
en Espagne, le salaire fixe a doublé
depuis dix ans. La hausse a été plus
modérée en France, où les salaires
fixes ont quand même progressé
de 35 %.
La France moins touchée
« L’impact de la crise sera moins
fort en France, où l’inflation des
salaires a été moindre pendant la
période faste », observe, en conséquence, M. Morgaut.
L’enquêteducabinetRobertWalters est corroborée par une étude
du cabinet de ressources humaines
Towers Perrin, publiée lundi. Celleci a été réalisée entre le 28 janvier et
le 6 février auprès de 67 sociétés
françaises du CAC 40 et du
« SBF 80 » employant 1,7 million
desalariés.Interrogéessurleurpolitique salariale vis-à-vis des jeunes
diplômés, 4 % d’entre elles ont
répondu qu’elles allaient réduire
les salaires à l’embauche, et 10 %
qu’elles « envisageaient de le faire ». « Les grandes entreprises françaises ajustent leurs politiques salariales au développement de la crise
économique
internationale »,
constate Eric Wuithier, directeur
associé de Towers Perrin.
Centrée sur les salariés déjà en
poste, l’étude montre, en effet, que
la majorité des grandes entreprises
françaises revoient à la baisse leurs
augmentations salariales. Les salaires, qui devaient progresser de 3 %
cette année, d’après des déclarations recueillies en novembre 2008, n’augmenteraient plus
que de 2,5 %.
Ce taux reste satisfaisant en
regard de l’accumulation des mauvaises nouvelles économiques,
notamment de la multiplication
des plans sociaux. Mais il pourrait
être encore abaissé au printemps,
si la crise devait s’intensifier et
imposer des politiques salariales
plus restrictives.
Déjà, 82 % des sociétés interrogéesparTowersPerrinsesontengagées dans cette révision générale
de leur politique de salaires : celles
qui licencient dans des secteurs
déjà fragilisés (l’automobile, l’immobilier, la finance, etc.) comme
celles qui résistent encore à la crise
dans des secteurs à ce jour préservés (la distribution, les télécommunications, etc.). Les mesures d’économie diffèrent d’une entreprise à
l’autre, allant du report des décisions de révision (décidé par 21 %
des entreprises sondées et envisagé par11 %),au gel dessalaires (décidé par 18 % des sociétés et envisagé
par 10 %), la mesure la plus brutale.
Dans une crise qui entraînera
une dégradation des conditions de
vie des populations les plus fragiles, ces restrictions de salaires s’accompagnentd’une« volontéd’équi-
té », assez inédite, de la part des
entreprises. Pour la première fois
depuisdix ans, faitainsiremarquer
M. Wuithier,les mêmestaux d’augmentation s’appliquent à l’ensemble des salariés, dans 75 % des sociétés. « Les entreprises veulent préserverunbonniveaudecohésionsociale, estime l’expert. Face au flot de
licenciements, il s’agit de ne pas
désespérer ceux qui restent. »
Jusqu’à présent, les cadres bénéficiaient souvent des hausses les
plus élevées, au détriment des non
cadres, « avec des écarts de plus de
1 % ». En 2008, les non cadres ont
été augmentés de 2,8 %, en valeur
médiane, mais les cadres de 3 % et
les cadres de direction de 4 %.p
Anne Michel
La part de l’industrie dans l’économie
La déconfiture des fonds spéculatifs
française continuera de reculer d’ici à 2010 accélère la chute des marchés financiers
L’assureur-crédit Euler Hermes livre deux scénarios sur la crise mondiale Piégés par la crise, les hedge funds sont obligés de brader leurs actifs
D
ans une étude publiée mercredi 4 mars, les prévisionnistes de la société d’assurance-crédit Euler Hermes SFAC ne
croientpasqu’unrebonddelacroissance française soit à attendre du
côté de la production industrielle,
qui chuterait de 9 % en 2009 et de
2 % en 2010. « La part de l’industrie
dans l’économie française va baisser de façon permanente de trois
points de PIB », pensent les auteurs.
Ils prévoient qu’en France, c’est
le secteur automobile qui sera le
plus durement touché, avec une
baisse de la production de 25 % en
2009. La production de biens intermédiaires recule aussi fortement,
suivie de celle du secteur du bâtiment et des travaux publics.
Sans surprise, la société d’assurance-crédit prévoit donc une augmentationdesdéfaillancesd’entreprises. Elles seront particulièrement nombreuses dans les régions
les plus touchées par la crise automobile : Nord-Pas-de- Calais, Alsace, Auvergne, Bretagne, Lorraine,
Normandie, Picardie, Rhône-Alpes
et Limousin. « Dans certaines
régions, la filière agroalimentaire
soutient l’activité », notent les
auteursde l’étude. La Bourgogne, le
Centre, la Bretagne et la Champagne-Ardenne seraient ainsi moins
touchés.
L’étude d’Euler-Hermes ne porte pas que sur la France. Elle offre
aussi deux scénarios à l’échelle
mondiale pour 2009 et 2010. Ainsi,
elle estime que le PIB mondial va
reculer de 1,3 % en 2009, puis progresser de 1,6 % en 2010. Le scénario alternatif verrait la croissance
reculer encore plus fortement, à
1,9 % en 2009, et une quasi-stagnation (+ 0,4 % de croissance) en
2010. Les auteurs veulent encore
croire à une sortie de crise de l’économie mondiale en 2010. « Mais la
reprise sera lente et fragile », prévient Karine Berger, directrice des
études.
Les plans de relance nationaux
ne permettront pas de mieux faire,
estiment les économistes. Malgré
les énormes sommes dépensées
danscebut. « En cumulé,les besoins
de financement de l’OCDE
[Organisation de coopération et de
développement économiques] en
2009 dépasseront 2 300 milliards
de dollars. Ils étaient de 450 milliardsde dollars en2005 », estiment
les auteurs de l’étude.
Les pays émergents n’amortiront que faiblement la chute des
pays développés. Le taux de croissance des pays n’appartenant pas à
l’OCDE devrait s’établir à 2,1 % en
2009 et se redresser à 3,6 % en
2010, selon le scénario central.
Les entreprises des pays de
l’OCDE vont fortement réduire
leurs investissements productifs
en 2009 (– 10 %). Le même niveau
se maintiendra en 2010. Cette
réduction va provoquer une haus-
se du taux de chômage dans la plupart des pays de l’OCDE.
L’emploi devrait régresser de
0,4 % (ou 0,6 % selon le scénario
pessimiste)en2009,poursestabiliser en 2010 (ou continuer de chuter
de 0,9 %, selon le second scénario).
Ce qui ne va faire qu’aggraver la
baisse de la consommation (– 1,4 %
en 2009 dans les pays de l’OCDE).
Salaires en progression
La France serait plus durement
touchée que la moyenne des pays
de l’OCDE, avec une baisse du PIB
de 1,8 % en 2009 et une quasi-stagnation (+ 0,5 %) en 2010, selon le
scénariocentral, mais unepoursuite de la glissade (– 1,1 %)selon le scénario alternatif, plus pessimiste.
Or, comme le rappelle Mme Berger, « une croissance du PIB inférieure à 1,5 % provoque des destructions d’emplois ». Le taux de chômage, qui s’établirait à 9,8 % en
France, en 2009, continuerait
donc d’augmenter en 2010.
Selon le scénario central, les personnes ayant gardé leur emploi
verront leur salaire continuer de
progresser (+ 2,1 % en 2009 et
+ 2 % en 2010). Ce qui permettra à
la consommation de se maintenir
en France (+ 0,6 % en 2009 et
+ 0,8 % en 2010). Les investissements des entreprises devraient
chuter de plus de 4 % en 2009 et se
maintenir en 2010. p
Annie Kahn
L
es fonds spéculatifs (hedge
funds) vont-ils disparaître de
laplanète financière et entraîner dans leur chute les marchés
boursiers ? Depuis le début de la
crise, la situation de ces investisseurs spécialisés dans les stratégies risquées devient explosive. En
2008, un tiers d’entre eux a mis la
clé sous la porte, et selon les économistes, la moitié pourrait disparaître d’ici à la fin 2009.
La déconfiture de ces financiers
réputés pour leur opacité et leurs
stratégies parfois déstabilisantes
fondées, notamment, sur le
recours massif à l’emprunt pour
doper leurs performances (via un
« effet de levier ») est préoccupante car elle est en train d’accélérer la
chute des marchés. « Ils font peser
une forte pression à la baisse »,
confirme-t-on chez Morgan Stanley, aggravant ainsi les difficultés
d’autres financiers.
Comment ? D’une part, les
clients de ces fonds, grandes fortunes ou investisseurs institutionnels, paniqués, parfois ruinés par
la crise, retirent brusquement leur
épargne de ces placements risqués. Selon une étude de Morgan
Stanley, ces retraits représentaient 20 % de la valeur des actifs
des hedge funds au second semestre de 2008. En 2009, ils pourraient atteindre encore 15 % à 30 %
de leur capital, soit 945 milliards
de dollars (755 milliards d’euros)
en moyenne et 1 200 milliards
dans le pire des scénarios.
En voyant la valeur des actifs
des fonds se réduire, les créanciers
prennent peur et réclamentdavantagede garanties, voire leremboursement de leurs dettes. Les fonds
vendent alors leurs actifs dans l’urgence, quitte à les brader. Ceci
expliquerait en partie la chute
continue de la Bourse, mais aussi
des marchés des matières premières, de l’immobilier etc., dans lesquels ces fonds ont investi. L’ampleur du phénomène est difficile à
chiffrer mais « il est d’autant plus
net que les volumes sur les marchés
sont de plus en plus faibles », indique Guillaume Monarcha, responsable de la recherche hedge funds
chez Natixis.
Jusqu’où cela peut-il aller ? En
1998, la faillite du fonds LTCM
Un hedge fund sur trois
n’a pas survécu à la crise
Le poids du secteur Cette activité pesait 1 400 à 1 500 milliards
de dollars fin 2008, contre
2 200 milliards un an plus tôt.
Début 2008, les fonds spéculatifs
étaient environ 10 000. Un tiers
d’entre eux ont disparu depuis.
Les performances En 2008, la
moyenne des rendements des
hedge funds, calculée par l’indice
HFRI composite, a été de – 19 %.
avait fait planer un « risque systémique », une mise en péril de tout
le système financier obligeant la
Réserve fédérale américaine à
intervenir.
« Loi de Darwin »
Un tel scénario peut-il se répéter ? « C’est peu probable », rassure
M. Monarcha. Selon lui, ce risque
était réel au début de la crise mais
s’est estompé. Avec le credit
crunch (raréfaction du crédit), ces
fonds empruntent moins, ce qui
limite les effets multiplicateurs de
leur banqueroute. Ils sont aussi
devenus bien moins puissants.
Selon le Hedge Funds Research, ils
pèsent aujourd’hui 1 400 milliards de dollars, contre 2 100 milliards début 2008. Ce qui fait dire à
Bernard Lozé, du fonds de hedge
funds Lozé et Associés : « Prétendre qu’ils font chuter les marchés
est absurde : ils représentent à peine 1,2 % de l’industrie financière. »
Infine,« ladisparition d’unepartie des hedge funds est même plutôt
saine, enchérit son collaborateur
Frédéric Neefs. Les plus faibles disparaissent, ne restent que les
gérants les plus talentueux, c’est la
loi de Darwin. »Mieux, pour retenir
les clients, les fonds s’obligeraient à
plus de transparence. « Y compris
lesplussecrets, assureM. Lozé,comme le fonds de M. Tudor ! », l’une
des stars du marché. p
Claire Gatinois
Economie 15
0123
Jeudi 5 mars 2009
L’Allemagne et la Russie
s’associent pour créer
un concurrent d’Areva
M. Bolloré : « Nos voitures électriques
seront louées 330 euros par mois »
Siemens va lancer avec Rosatom une entreprise Le patron du groupe diversifié a annoncé, mercredi 4 mars au Salon de Genève, qu’il ouvrait
le carnet de réservations pour la Blue Car, qui sera disponible à partir de 2010
présente sur toute la chaîne du nucléaire civil
A
reva a sans doute trouvé son
grand concurrent de
demain. Un mois et demi
après avoir rompu son partenariat
avec le groupe nucléaire français, le
conglomérat allemand Siemens a
annoncé, mardi 3 mars, la signature avec l’Agence fédérale russe de
l’énergie atomique (Rosatom) d’un
protocole d’accord pour créer une
entreprise commune. Elle sera présente sur toute la chaîne de l’atome
civil, depuis la fabrication du combustible jusqu’au démantèlement
des centrales, un modèle intégré
dont Areva était jusqu’à présent le
champion mondial.
Lepremierministre russe,Vladimir Poutine, avait fortement poussé à une alliance germano-russe
dans le nucléaire civil (Le Monde du
5 février). Les choses se sont accélérées en quelques semaines. Mais il
est évident que Siemens avait préparé le terrain avec ses partenaires
russes avant sa rupture avec Areva,
qui souhaitait le maintient d’un
partenariat franco-allemand.
Guérilla juridique
Le groupe russe devrait contrôler la coentreprise avec 50 % du
capitalplusuneaction.Celle-cis’appuiera sur la technologie russe du
réacteur à eau pressurisée (VVER).
Depuis l’explosion du réacteur
numéro quatre de Tchernobyl, en
1986, les centrales russes souffrent
d’unlourd déficitd’image. Même si
leurs réacteurs sont différents de
ceux de la centrale ukrainienne et
si des études indépendantes ont
démontré « la fiabilité des réacteurs russes », rappelle Siemens.
La coentreprise va construire de
nouvelles centrales dotées de réacteurs VVER et moderniser des tranches anciennes. « Nous voulons
devenirleleadermondialsurlemarché de l’énergie nucléaire », a souligné Sergueï Kirienko, patron de
Rosatom. Pour Peter Löscher, président du directoire de Siemens, cet
accord avec « un partenaire fort et
expérimenté » signifie que sa société n’a pas renoncé à ses ambitions
dans un secteur prometteur. « En
2030, il y aura environ 400 nouveaux réacteurs dans le monde, ce
qui représente un investissement de
plus de 1 000 milliards d’euros »,
estiment les deux groupes.
L’émergence d’un axe germanorusse est vécue comme un échec
– tant politique qu’industriel – par
les dirigeants du groupe français.
L’heure semble à la guérilla juridique. Areva rappelle que Siemens
détient, jusqu’en 2012, 34 % de sa
filiale qui construit les réacteurs
(Areva NP). En outre, le pacte d’actionnaires de 2001 prévoit une
« clausedenon-concurrence »interdisant à Siemens toute activité
nucléairejusqu’en2020.« Ilyarupture des obligations contractuelles et nous ferons valoir nos droits »,
prévient Jacques-Emmanuel Saulnier, porte-parole d’Areva.p
Jean-Michel Bezat
Entretien
Genève
Envoyée spéciale
V
incent Bolloré, le patron du
groupe du même nom, a
annoncé, mercredi 4 mars
lors du Salon de l’automobile de
Genève, qu’on pouvait désormais
réserver la voiture électrique qu’il
compte vendre à partir de 2010.
Votre projet a connu un retard
important et est entouré d’un
certain mystère, au point de susciter du scepticisme de la part
des constructeurs automobile.
Comment réagissez-vous ?
Je peux rassurer ceux qui font
preuve de scepticisme à notre
égard : nous ne sommes pas là
pour faire de la figuration. Nous
avons dépensé 1 milliard d’euros
depuis quatorze ans. Seul un groupe diversifié et familial comme le
nôtre pouvait le faire. Enfin, je
constate qu’il y a trois ans aucun
constructeur ne croyait à la voiture
électrique. Tout le monde me disait
« ça ne marchera jamais ». Maintenant,« c’est le trop-plein ! », comme
disait le général de Gaulle. Tous les
constructeurs veulent en faire une.
Ce scepticisme s’explique sans
doute par le fait que beaucoup ont
du mal à comprendre qu’un groupe comme Bolloré puisse produire
des batteries électriques. Or, pour
nous, c’est totalement naturel.
C’est juste un prolongement de ce
que l’on sait faire. Nous sommes
numéro un mondial des condensateurs et cela fait trente ans que l’on
travaille sur le problème de stockage d’électricité. Aujourd’hui, nous
avons les usines pour les batteries
et nous avons la voiture.
Nos deux sites, à Quimper et au
Canada, vont entrer en production
le 15 juin. Ils produiront des batteries pour 10 000 voitures en 2010,
20 000 en 2011 et 30 000 en 2012.
Pour nous, la clé c’est la batterie. On
annonce une autonomie de
250 km. Dans nos tests, elle atteint
294 km.Nosvoituresserontproduites à Turin chez notre partenaire
Pininfarina et livrées dix à douze
mois après leur commande. Elles
seront louées 330 euros par mois.
Quel est le poids de ces investissements sur vos autres activités ?
Nous dégageons 350 millions
d’euros de bénéfices tous les ans.
Nous investissons chaque année
environ un tiers de nos résultats
dans la batterie électrique. Cela
peut paraître à certains un pari
audacieux, mais nous préférons
investir que verser d’importants
dividendes.
Il y a quelques semaines, vous
avez rencontré le président bolivien, Evo Morales. Pensez-vous
aboutir à un accord pour exploiter les gisements boliviens de
lithium, nécessaires à la fabrication des batteries ?
Nouslui avonsprouvé quenotre
voiture était une réalité. L’enjeu
pour nous est simple : pour chaque
batterie, nous allons avoir besoin
de 40 kg de lithium (sur un poids
Un groupe qui va de la logistique à la télévision
Bolloré est un groupe qui, à partir
de son activité historique, les
papiers fins, s’est diversifié dans
quatre secteurs ayant réalisé globalement en 2008 un chiffre d’affaires de 7,3 milliards, en hausse
de 14,5 % par rapport à 2007.
Industrie Ce pôle – qui comprend
les films plastiques, les papiers
minces ou des systèmes spécialisés comme les batteries utilisées
pour la voiture électrique – réalise
4,5 % du chiffre d’affaires et
emploie 2 369 personnes.
Transport et logistique Ce pôle,
qui réalise 61 % du chiffre d’affaires du groupe, emploie
26 863 personnes.
Autres activités Cette branche
(médias, télécoms, plantations,
holdings) réalise 1,3 % du chiffre
d’affaires et emploie 2 102 personnes. Ce pôle comprend notamment la chaîne de télévision
Direct 8 et les quotidiens gratuits
Direct Matin (dont Le Monde
détient 30 %) et Direct Soir.
Distribution d’énergie Cette
activité, qui génère 32,5 % du
chiffre d’affaires, emploie
900 personnes.
total de 300 kg). Or, la Bolivie
détient un tiers des réserves mondiales. Je suis persuadé qu’un groupe comme Bolloré peut intéresser
les Boliviens. Nous sommes une
grande entreprise avec des moyens
financiers, mais en même temps
nous ne sommes pas une multinationale. Dans ce dossier, nous nous
sommesassociés avec Eramet pour
exploiter les réserves situées dans
le Salar d’Uyuni [sud-ouest de la
Bolivie]. Si tout se passe bien, cela
pourrait déboucher en 2010. Cela
dit, nous sommes en face de grands
groupes asiatiques qui sont aussi
très actifs pour pouvoir exploiter le
lithium bolivien.
Pourquoi avez-vous choisi la technologie du lithium polymère plutôt que du lithium-ion, privilégiée
par nombre de constructeurs ?
Tout simplement à cause des
problèmesdesurchauffe quecause
le lithium-ion dès que l’on dépasse
un certain poids de batteries. C’est
une très bonne technologique
pour les téléphones portables et les
ordinateurs. Pas pour les voitures
électriques. Avec le polymère, il n’y
apas desurchauffe.C’estlameilleuretechnologiesurleplandelasécurité. Autre avantage : cela coûte
moins cher à fabriquer. Nous sommes d’ailleurs en relation avec des
constructeurs étrangers.
Lesquels ?
Je ne peux pas vous le dire pour
le moment. p
Propos recueillis par
Nathalie Brafman
16 Economie
0123
Jeudi 5 mars 2009
Le point de vue de l’agence économique et financière
Breakingviews.com
Le marché des PC se dirige
vers une mort certaine
L
a dernière décennie restera
probablement comme celle
de l’âge d’or des fabricants
d’ordinateurs personnels (personal computers, PC). Selon les prévisions du cabinet d’études Gartner,
les ventes mondiales de PC
devraient en effet baisser de 12 %
en volume cette année, soit un
recul quatre fois plus important
que le précédent « record ». Les
prix étant, eux aussi, orientés à la
baisse, on devine sans peine ce que
l’on va trouver sur la ligne de résultat de ces entreprises. Et, plus
inquiétant encore, l’évolution vers
la virtualisation et la commercialisation de modèles bon marché
vont sûrement faire durer la crise.
Quand la bulle liée aux nouvelles technologies a éclaté en 2001, le
volume des ventes mondiales de
PC a reculé de 3,2 %. Une chute qui
paraît bien modeste en comparaison à la contraction de 12 % attendue aujourd’hui. Les ventes dans
les pays émergents pourraient
même baisser, elles, de 10 %. Jusque-là, leur plus mauvaise performance remontait à 2002 : les ventes de PC dans ces pays n’avaient
alors progressé « que » de 11 %.
La crise n’explique pas tout. Les
progrès de la virtualisation, technique qui permet à plusieurs systèmes d’exploitation de tourner sur
le même serveur, ont permis à des
entreprises en difficulté de réduire
facilement leur budget informatique. De fait, Goldman Sachs estime que cette année, un tiers des
serveurs utilisés par les entreprises du palmarès Fortune 1 000
seront virtualisés. Toutes les entreprises cherchant à placer des serveurs coûteux – comme IBM, Dell
ou Hewlett-Packard – verront leur
marché se rétrécir durablement.
La baisse des prix est une double malédiction. Cela fait des
années que le prix des PC diminue,
au rythme du progrès technologique qui a rendu les composants
moins onéreux. Cela ne posait
aucun problème tant que les ventes s’en trouvaient stimulées. Or,
aujourd’hui, la chute des prix n’a
plus d’effet sur le nombre d’unités
vendues, ce qui laisse augurer
d’une catastrophe.
Le segment connaissant la croissance la plus dynamique est celui
des « netbooks », ces petits ordinateurs portables très simples et
extrêmement bon marché qui
s’achètent environ 500 euros. Les
ventes devraient doubler cette
année et la part de marché atteindre 10 %. Mais la marge unitaire
est plus faible sur ces appareils
que sur les PC traditionnels, et l’on
s’attend à ce que le prix du « netbook » moyen recule de 11 % d’ici à
la fin de l’année : voilà qui va encore grignoter les bénéfices.
L’économie dans
son ensemble se
remettra de la crise.
Mais pas le marché
des ordinateurs
L’avenir s’annonce sombre
pour les fabricants de PC. Les plus
grands inventeront peut-être des
produits nouveaux pour combler
les manques à gagner. Le marché
semble y compter, puisque la cotation de ces entreprises reste supérieure à leurs plus bas historiques.
Pourtant, il y a peu de chances
que cela se produise, parce que le
marché du PC a visiblement
atteint sa maturité, et parce que
les fabricants ont considérablement réduit leur budget de recherche et développement (R&D). L’économie dans son ensemble se
remettra de la crise. Selon toute
vraisemblance, ce ne sera pas le
cas du marché des ordinateurs. p
Jeff Segal
L
La période 1996-2007
ne serait finalement
qu’une très longue
bulle
A la clôture du 5 décembre
1996, l’indice Standard & Poor’s
500 s’élevait à 744,38 points. Le
soir même, Alan Greenspan, alors
président de la Réserve fédérale
américaine, dénonçait « l’euphorie
irrationnelle » du marché. Mardi,
l’indice a terminé la séance à
696,33 points : l’époque de l’euphorie est bel et bien révolue.
Ce niveau n’est cependant pas
particulièrement bas. Le 23 février
1995, le Dow Jones avait franchi
pour la première fois le cap des
4 000 points. Comme le PIB américain a augmenté depuis de 95 % en
valeur courante, ces 4 000 points
correspondraient aujourd’hui à
7 800 points. Le niveau actuel de
l’indice ne se situerait donc que
légèrement au-dessous de sa ten-
Finance Le président
d’UBS quitte ses fonctions
Le président de la première banque suisse, UBS, Peter Kurer, ne se
présentera pas à sa réélection lors
de l’assemblée du 15 avril, le groupe proposant l’ancien ministre
des finances Kaspar Villiger pour
lui succéder, a annoncé la banque,
mercredi 4 mars. Cette décision
suit celle du directeur général,
Marcel Rohner, le 26 février, après
des pertes massives et un scandale fiscal aux Etats-Unis. – (AFP.)
Le résultat de Munich Re
plonge de 62 % en 2008
Le numéro deux mondial de la
réassurance, l’allemand Munich
Re, a publié, mardi 3 mars, un
résultat net de 1,5 milliard d’euros
en 2008, en recul de 62 % sur un
an. Son président, Nikolaus von
Bomhard, a déclaré : « Nous partons du principe que nous ne tomberons pas dans le rouge en
2009. » – (AFP.)
Le bénéfice de Scor
recule de 22 %
Le bénéfice net du réassureur français Scor a baissé en 2008 de 22 %
à 315 millions d’euros, en raison
de la dépréciation de la valeur de
ses portefeuilles d’actions, selon
un communiqué publié mercredi
4 mars. La dégradation des marchés financiers a pesé sur le résultat à hauteur de 260 millions
d’euros. – (AFP.)
L’hémorragie continue
pour AIG
L’hémorragie financière continue
au premier trimestre pour le groupe américain d’assurances d’AIG,
dance de long terme, et la période
1996-2007 ne serait finalement
qu’une très longue bulle.
Les prévisions 2009 de Standard & Poor’s donnent un dividende moyen de 48,10 dollars
(38,40 euros) par action sur le périmètre des sociétés figurant au S
& P 500. Depuis vingt ans, l’indice
valorise les sociétés à 19,4 fois
leurs bénéfices. L’indice devrait
donc valoir 933,14 points. Mais ces
vingt années comprennent les douze ans qu’a durés la bulle. Si l’on
retient un multiplicateur de 15,
plus proche de la tendance de
fond, on obtient une valeur théorique de 721,5 points. Là encore, l’indice d’aujourd’hui n’est que très
peu inférieur à cette projection.
Cette analyse ne vaut cependant qu’à perspectives de croissance et de bénéfice égales. Et sur ce
point, le doute s’installe. En effet,
ces perspectives seront bien moins
bonnes qu’en longue période si,
d’une part, le plan de relance
exceptionnel mis en œuvre depuis
septembre 2008 favorise l’inflation et si, d’autre part, les déficits
budgétaires sans précédent attendus pour 2009 et 2010 empêchent
le secteur privé de se financer.
L’indice tel qu’il est actuellement serait alors encore surévalué. Les plans de sauvetage et de
relance ont ceci de paradoxal
qu’ils peuvent à la fois créer les
conditions d’une amélioration à
court terme et compromettre la
croissance sur le long terme.p
Martin Hutchinson
(Traduction de Christine Lahuec)
n Breakingviews.com
Plus de commentaires sur l’actualité
économique et financière.
Services aux collectivités
Suez Environnement résiste à la crise
et prévoit de nouvelles embauches
Jean-Louis Chaussade, le PDG de Suez Environnement, a présenté, mercredi 4 mars, les résultats 2008 du groupe spécialisé dans la distribution et
le traitement de l’eau, ainsi que la collecte et le recyclage des déchets.
Avec un chiffre d’affaires de 12,4 milliards d’euros et un résultat de
533 millions d’euros, l’activité a crû au rythme de 5,4 % sur l’année, mais
seulement de 3,9 % au quatrième trimestre. « C’est surtout dans les
déchets industriels que nous avons ressenti la fermeture des usines de nos
grands clients, au cours des derniers mois de l’année », reconnaît M. Chaussade. Le groupe a dû accélérer son plan de réduction des coûts, passé de
125 à 180 millions d’euros, sans suppression de postes. Suez Environnement a recruté 5 000 personnes en 2008 et compte bien continuer à
embaucher, mais à un rythme moindre. « Pour 2009, nous prévoyons une
croissance positive, mais nos investissements seront réduits de 25 %, par
rapport au 1,7 milliard d’euros de 2008 », note M. Chaussade.
Suez Environnement va, cette année, distribuer 118 millions d’euros, soit
60 % de son résultat, sous forme de dividende, ce qui équivaut à
0,65 euro par action. Il s’agit du premier exercice pour cette entreprise
entrée en Bourse le 22 juillet 2008. Elle est le fruit du rapprochement de
GDF et de Suez, cette dernière se délestant de ses activités « environnement », en gardant 35 % de la nouvelle entité. p Isabelle Rey-Lefebvre
menacé de perdre encore des milliards de dollars, affirmait, mardi
3 mars le Financial Times sur son
site Internet. Le quotidien a analysé un document financier montrant que le groupe conservait
« 12 milliards de dollars [9,6 milliards d’euros] d’exposition à des
assurances de crédit sur des positions impliquant principalement
des prêts hypothécaires de type
subprime ».
Casinos MGM Mirage
pourrait déposer le bilan
Le groupe de casinos MGM Mirage, propriété du milliardaire Kirk
Kirkorian, a annoncé, mardi
3 mars, qu’il ne publierait pas ses
résultats annuels à la date prévue.
4 mars, devant le Tribunal de grande instance de Paris, au nom de
100 000 salariés en contrat à
durée déterminée (CDD) ou intérimaires. Elle réclame l’intégration
de l’ancienneté dans le calcul des
rémunérations de ces postiers,
dont 90 % ont été embauchés par
La Poste. Selon la CFTC, le préjudice collectif pourrait se chiffrer à
200 millions d’euros.
Capgemini : accord sur
les départs volontaires
Il évoque même la possibilité de
déposer le bilan en 2009. – (AP.)
Les cinq syndicats du groupe de
services informatiques Capgemini ont signé avec la direction
un protocole d’accord permettant
la mise en œuvre du plan de
départs volontaires. Portant sur
149 départs, ce plan avait été suspendu, le 19 janvier, par le juge
des référés du Tribunal de grande
instance de Nanterre à la demande des syndicats et du comité central d’entreprise. Ceux-ci estiment
avoir obtenu, dans le nouveau
plan, des garanties.
Transport Kuehne + Nagel
va supprimer au moins
4 000 emplois
Médias Le groupe belge
De Persgroep prend 51 %
du Néerlandais PCM
Le groupe suisse de logistique Kuehne + Nagel, troisième logisticien
européen qui a racheté, en octobre 2008, le français Alloin, a
annoncé mardi 3 mars qu’il allait
supprimer entre 4 000 et 4 500
emplois. Le groupe affiche un
bénéfice net en hausse de 9,1 % à
395,2 millions d’euros. – (AFP.)
Le groupe d’édition néerlandais
PCM, qui publie notamment les
quotidiens De Volkskrant, NRC
Handelsblad, Algemeen Dagblad
et Trouw est passé, mardi 3 mars,
sous le contrôle du groupe flamand De Persgroep, éditeur du
premier quotidien belge, Het
Laatste Nieuws, et du journal De
Morgen. De Persgroep est déjà propriétaire de Het Parool, à Amsterdam. Il a déboursé 100 millions
d’euros pour acquérir 51 % des
parts de PCM. – (Corresp.)
Social La Poste assignée
en justice pour
100 000 salariés en CDD
La CFTC assigne La Poste, jeudi
Marchés
LES BOURSES DANS LE MONDE 4/3, 9h56
Pays
Indice
FRANCE
(Traduction de Christine Lahuec)
La parenthèse enchantée
du Dow Jones est bel et bien close
’indice Dow Jones de la Bourse de New York est passé, lundi 2 mars, sous le seuil des
7 000 points, avant de baisser
encore mardi pour s’établir à
6 726,02 points. Il est maintenant
inférieur à son niveau de début
1995, compte tenu de la valeur
actualisée du produit intérieur
brut (PIB). La Bourse américaine
serait donc bon marché, si les perspectives de croissance étaient les
mêmes qu’en 1995. Mais si les
mesures de relance par la fiscalité
et la dépense publique vont trop
loin, la croissance risque d’être
laminée par l’inflation.
La vie des entreprises
JAPON
2580,59 4/3
Maxi
2009
Mini
2009
PER
1,02
3426,04 6/1
2552,31 3/3
CAC Mid100
3911,71 4/3
1,40
4754,64 7/1
3854,14 3/3
CAC Small 90
3487,91 3/3
-0,94
4035,54 12/1
3487,91 3/3
SBF 250
Erreu
-
-
3734,87 4/3
1,20
5111,02 6/1
3667,86 3/3
9,80
3552,96 4/3
1,16
4675,68 6/1
3497,27 3/3
8,40
Swiss market
4363,06 4/3
0,12
5881,47 6/1
4357,00 3/3
9,40
Dow Jones ind.
6726,02 4/3
-0,55
9088,06 6/1
6705,63 3/3
11,50
Nasdaq composite
1321,01 4/3
-0,14
1665,63 6/1
1312,98 3/3
15,80
Nikkei 225
7290,96 4/3
0,85
9325,35 7/1
7088,47 3/3
25,50
PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercice courant. PER : FactSet JCF Estimates ; données : la Cote Bleue.
n/d : valeur non disponible.
COURS DE L'EURO
OR
Achat
Vente
MERCREDI 4 MARS 9h56
Cours
% var.
dollar us ................................1,2521...........1,2523
yen .......................................124,2800 ......124,3500
ONCE D'OR EN DOLLAR .................924,75.......-2,61
couronne tchèque.............27,8370.........27,8570
PÉTROLE
couronne danoise ...............7,4505...........7,4515
livre sterling.........................0,8900...........0,8901
forint hongrois...............307,9800 ......308,9800
MERCREDI 4 MARS 9h56
Cours
% var.
LIGHT SWEET CRUDE.......................42,27 ........1,49
zloty polonais ......................4,7370...........4,7470
couronne suédoise ............11,5574.........11,5634
couronne slovaque ..........30,1260.........30,1260
franc suisse ...........................1,4786...........1,4793
couronne norvég. ...............9,0249...........9,0309
TAUX
TAUX D'INTÉRÊT LE 4/3
rouble...................................45,2860.........45,3860
Mercredi 4 mars 9h45
Valeur
8,60
DAX Index
ROYAUME UNI
ETATS-UNIS
CAC 40
VALEURS DU CAC40
% var.
FTSE 100 index
ALLEMAGNE
SUISSE
Dernier
cours
Taux
j.le j.
Taux
3 mois
Taux
10 ans
Taux
30 ans
livre turque...........................2,1618...........2,1718
france
1,28
1,80
3,63
4,30
dollar australien ................1,9623...........1,9633
royaume-uni
1,09
2,03
3,41
4,52
dollar canadien...................1,6176...........1,6186
italie
1,28
1,80
4,43
5,51
yuan chinois..........................8,5632...........8,5732
won sud-coréen ............1941,5000 ....1942,5000
allemagne
1,28
1,80
3,10
3,90
japon
0,18
0,63
1,36
2,02
dollar néo-zéland...............2,5057...........2,5157
états-unis
0,32
1,27
2,97
3,98
rand sud-africain .............13,1845.........13,1945
suisse
0,17
0,49
2,22
2,45
SICAV ET FCP
ECUREUIL SECURIPREMIERE C
2588,65
ECUREUIL SENSIPREMIERE C
3487,60
ECUREUIL TRESORERIE C
66,60
ECUR.OBLI REVEN.D(EX-EC.TRIMD) 268,39
ACCOR ............................◗
AIR FRANCE-KLM .............◗
AIR LIQUIDE ......................◗
ALCATEL-LUCENT .............◗
ALSTOM.............................◗
ARCELORMITTAL................
AXA....................................◗
BNP PARIBAS ....................◗
BOUYGUES........................◗
CAP GEMINI ......................◗
CARREFOUR ......................◗
CREDIT AGRICOLE ............◗
DANONE............................◗
DEXIA ..................................
EADS ..................................◗
EDF .....................................◗
ESSILOR INTL.....................◗
FRANCE TELECOM ............◗
GDF SUEZ ..........................◗
LAFARGE............................◗
LAGARDERE ......................◗
L'OREAL .............................◗
LVMH MOET HEN.............◗
MICHELIN ..........................◗
PERNOD RICARD ..............◗
PEUGEOT ...........................◗
PPR .....................................◗
RENAULT ...........................◗
SAINT-GOBAIN.................◗
SANOFI-AVENTIS .............◗
SCHNEIDER ELECTRIC.......◗
SOCIETE GENERALE ..........◗
STMICROELECTRONICS ...◗
SUEZ ENV. .........................◗
TOTAL ................................◗
UNIBAIL-RODAMCO ........◗
VALLOUREC.......................◗
VEOLIA ENVIRON. ............◗
VINCI..................................◗
VIVENDI.............................◗
Dernier
cours
Cours
préc.
% var. % var.
/préc. 31/12
Plus
haut
Plus
bas
27,89
6,97
57,46
0,97
35,70
15,47
6,98
23,73
22,55
22,55
24,79
6,86
35,09
1,55
10,77
28,23
27,41
17,58
23,29
30,87
24,95
48,83
45,38
25,21
41,40
13,63
46,26
11,00
18,46
40,63
47,46
22,69
3,31
10,35
35,38
94,80
57,85
16,30
26,60
19,25
27,56
6,87
56,56
0,96
34,90
14,41
6,87
23,40
22,22
22,03
25,25
7,09
35,44
1,58
10,59
28,25
27,40
17,41
22,82
30,50
24,75
49,25
44,00
25,05
41,45
13,32
45,49
10,56
17,88
41,07
45,71
22,16
3,34
10,36
34,55
95,28
57,35
16,18
24,86
19,11
1,20 -20,56
1,50 -23,96
1,58 -12,21
1,05 -36,99
2,29 -14,96
7,36 -9,00
1,62 -55,95
1,43 -21,54
1,46 -25,35
2,36 -18,00
-1,84 -9,94
-3,24 -14,21
-0,97 -18,72
-1,96 -51,50
1,65 -10,52
-0,07 -31,98
0,05 -18,33
0,95 -11,92
2,04 -34,08
1,21 -28,79
0,79 -13,97
-0,86 -21,63
3,14 -5,00
0,66 -32,90
-0,13 -21,84
2,29 12,18
1,68 -0,73
4,12 -40,70
3,27 -39,48
-1,07 -10,51
3,83 -10,45
2,37 -36,97
-1,02 -30,84
-0,10 -14,15
2,40 -9,07
-0,50 -10,99
0,87 -28,57
0,71 -26,60
7,00 -11,33
0,73 -17,26
37,50
10,24
68,90
1,81
45,12
22,91
17,35
35,83
34,60
29,94
29,50
10,05
45,81
3,83
14,40
44,15
35,26
20,83
36,00
52,34
31,91
65,39
50,62
40,62
56,00
15,54
52,75
21,93
33,35
49,93
58,00
38,17
5,29
13,29
42,47
118,18
98,18
23,09
31,97
24,00
27,23
6,85
55,02
0,95
33,38
14,25
6,72
20,66
21,77
21,66
24,73
6,80
35,02
1,52
10,54
27,91
26,85
16,77
22,70
30,17
24,75
48,72
39,08
24,11
41,32
11,43
36,25
10,16
16,65
39,82
41,30
21,78
3,28
10,05
34,25
89,50
56,11
15,08
24,60
18,28
Divid.
net
3,15
0,58
2,25
0,16
1,60
0,16
1,20
3,35
1,50
1,00
1,08
1,20
1,10
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0,10
0,64
0,62
0,60
0,80
4,00
1,30
1,38
0,35
1,60
0,69
1,50
3,45
3,80
2,05
2,07
3,30
0,90
0,08
n/d
1,14
1,75
7,00
1,21
0,52
1,30
T
T
T
T
T
A
T
T
T
T
T
T
T
T
T
A
T
A
A
T
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S
T
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T
T
A
A
A
T
T
A
T
Code
ISIN
FR0000120404
FR0000031122
FR0000120073
FR0000130007
FR0010220475
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FR0000120628
FR0000131104
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FR0000120271
FR0000124711
FR0000120354
FR0000124141
FR0000125486
FR0000127771
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Valeur
Cours
date
en euro valeur
Fonds communs de placements
ECUREUIL BENEFICESRESPONSABLES 26,82
ECUREUIL ACTIONS EUROP. C
9,55
ECUREUIL CAPIPREMIERE C
2821,43
ECUR.OBLI CAPI C(EX-EC.CAPI C)
58,80
ECUR.PROFIL 90 D(EX.EC-DYN.+D) 22,47
ECUR.PROFIL 75 D(EX.EC-ENER.D)
28,09
ECUREUIL EURIBOR
1245,34
ECUREUIL EXPANSION C
18285,15
ECUREUIL INVESTISSEMENT D
30,03
ECUREUIL MONEPREMIERE C
2380,83
2/3
2/3
2/3
2/3
2/3
2/3
2/3
3/3
2/3
2/3
Multi-promoteurs
CM-CIC EUROPE
14,69
2/3
12,59
4,95
12,33
145,21
22,92
20,96
52,90
17,67
137,45
19,90
2/3
2/3
2/3
2/3
2/3
2/3
2/3
2/3
3/3
2/3
57,59
14,24
2/3
2/3
Fonds communs de placements
CM-CIC EURO ACT C
CM-CIC SELECT PEA
CM-CIC MID EUROPE
CM-CIC TEMPERE
CM-CIC DYN.EUROPE
CM-CIC FRANCE
CM-CIC EQUILIBRE
CM-CIC DYN.INTERN.
CM-CIC OBLI C.T.
CM-CIC MID FRANCE
GMO ACTIONS
LBPAM ACTIONS AMERIQUE C
LBPAM ACTIONS DEVELDURABLE C
LBPAM ACTIONS DEVELDURABLE D
LBPAM ACTIONS DEVELDURABLE S
LBPAM ACTIONS EURO R
LBPAM ACTIONS FRANCE C
LBPAM ACTIONS FRANCE D
LBPAM ACTIONS INDICE FRANCE
LBPAM ACTIONS INDICE EURO R
LBPAM ACTIONS MIDCAP C
LBPAM ACTIONS MIDCAP D
LBPAM ACTIONS MONDE C
LBPAM ACTIONS MONDE D
LBPAM ACTIONS PACIFIQUE C
LBPAM MONETAIRE C
LBPAM MONETAIRE D
LBPAM OBLI LONG TERME D
LBPAM OBLI MOYEN TERME C
LBPAM OBLI REVENUS
LBPAM PROFIL 100 C
LBPAM PROFIL 100 D
LBPAM PROFIL 100 S
LBPAM PROFIL 15 C
LBPAM PROFIL 15 D
LBPAM PROFIL 50 C
LBPAM PROFIL 50 D
LBPAM PROFIL 80 C
LBPAM PROFIL 80 D
LBPAM PROFIL 80 PEA C
LBPAM PROFIL 80 PEA D
73,02 2/3
67,15 2/3
48,28 2/3
16,45 2/3
58,36 2/3
51,55 2/3
21,31 2/3
48,11 2/3
64,02 2/3
60,06 27/2
127,34 2/3
106,96 2/3
12,22 2/3
126,02 2/3
111,06 1/3
124,33 8/10
229,75 2/3
744,62 2/3
45,53 27/2
39,36 2/3
52,63 2/3
208,47 1/3
187,34 2/3
181,04 1/3
162,66 2/3
167,01 1/3
148,65 2/3
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LBPAM PROFIL 80 PEA S
LBPAM TRESORERIE P
LBPAM TRESORERIE E
VIVACCIO ACTIONS
61,65
3179,06
6923,68
57,84
2/3
3/3
1/3
2/3
Fonds communs de placements
LBPAM ACTIONS TELECOM R
LBPAM ACTIONS EUROPE C
LBPAM ACTIONS FINANCE
LBPAM ACTIONS SANTE
LBPAM OBLI EUROPE D
35,88 2/3
40,20 2/3
28,44 2/3
68,00 27/2
107,44 2/3
FCP Multi-gestion
CM-CIC DYN.INTERN.
17,67 2/3
CM-CIC OBLI C.T.
137,45 3/3
CM-CIC OBLIGATIOND
25,10 3/3
CM-CIC MID FRANCE
19,90 2/3
CM-CIC USA
4,18 27/2
CM- CIC JAPON
2,75 27/2
CM-CIC PLAN BOURSE
14,32 2/3
CM-CIC TEMPERE
145,21 2/3
CM-CIC EURO ACT C
12,59 2/3
CM-CIC FRANCE
20,96 2/3
......................................................................................
......................................................................................
......................................................................................
......................................................................................
Economie & Médias 17
0123
Jeudi 5 mars 2009
France Télécom se maintient dans
un secteur de plus en plus concurrentiel
L’opérateur historique a dégagé un résultat net de 4,1 milliards d’euros en 2008.
Un plan de réduction des coûts de 1,5 milliard d’euros par an est envisagé
N
ous ne sommes pas déconnectés de l’environnement
extérieur », a reconnu Gervais Pélissier, directeur général
adjoint de France Télécom, mercredi 4 mars, lors de la présentation
des résultats annuels du groupe.
« Mais le ralentissement est plus faible pour nous du fait de la structure
de nos activités », ajoute-t-il.
Déjà, en 2008, l’impact était
mesurable. « La croissance a été
divisée par deux entre le premier et
le second semestre, passant de 4 % à
2 %. Les effets sont plus ou moins
forts selon les pays. Ils le sont plus en
Espagne qu’en France. La facture
télécoms représente environ 2,4 %
de la dépense moyenne des ménages français », souligne M. Pélissier.
Pour 2009, France Télécom ne
se risque pas à des prévisions.Seule
orientation fixée pour l’évolution
du chiffre d’affaires : faire mieux
quelePIB (– 1 %prévus)dansles différents pays où l’entreprise opère.
France Télécom ne donne pas non
plus de précision sur l’évolution de
la marge, même si elle concède
qu’elle devrait s’éroder. Seul objectif chiffré : maintenir des flux de
trésorerie (cash flow) de 8 milliards
d’euros, soit le niveau record
atteint en 2008. De quoi satisfaire
les actionnaires, dont l’Etat, car le
niveau de distribution sera d’au
moins 45 %.
Les difficultés pour France Télécom ne sont pas uniquement économiques, mais aussiréglementaires et concurrentielles. Pour 2008,
Un groupe devenu très international
RÉPARTITION DU CHIFFRE D’AFFAIRES 2008
PAR ACTIVITÉS...
...PAR SECTEUR GÉOGRAPHIQUE
Téléphone
mobile
Téléphone fixe
et Internet pour
particuliers
49 %
Royaume-Uni
11 %
France
Pologne
10 %
43 %
38 %
Autres*
29 %
Services
aux entreprises 13 %
Espagne
7%
Total : 53,49 milliards d’euros
* Reste du monde et services aux entreprises
SOURCE : SOCIÉTÉ ET LE MONDE
l’opérateur chiffre à plus de
800 millions d’euros l’impact de la
baisse imposée sur les terminaisons d’appel mobiles. Surtout, l’entreprise a subi ces derniers mois les
attaques de ses concurrents en
France. Elle s’est vu privée de son
exclusivité sur la vente de l’iPhone,
dont elle a écoulé 810 000 exemplaires. Elle s’est vu interdire de
réserver la diffusion de sa chaîne
Orange Sport à ses abonnés ADSL.
France Télécom estime avoir
conquis 300 000 abonnés à ses
chaînes sport et cinéma fin février.
Dernière attaque, Vivendi, associé
à Iliad, a annoncé lundi 2 mars qu’il
allait porter plainte à Bruxelles
pour abus de position dominante.
Or Iliad, maison mère de Free, est
candidat à la quatrième licence de
téléphonie mobile.
France Télécom bénéficie d’une
structure solide. A l’issue du Plan
Next lancé parDidier Lombard, son
PDG, il y a trois ans, l’opérateur a
renforcé sa position financière. La
dette a encore décru en 2008, passant de 38 milliards à 35,9 milliards
d’euros. A taux de change et périmètre comparables, le chiffre d’affaires a progressé de 2,9 % à
53,48 milliards d’euros. Quant au
bénéfice net, il est en baisse mais
reste confortable, passant de
6,3 milliards à 4,1 milliards d’euros.
France Télécom justifie cette diminution par l’absence de cession de
filiales en 2008 et par la dépréciation de certains actifs. Elle a déprécié pour 140 millions d’euros ses
activités fixe et Internet en Espagne, et pour un montant équivalent ses filiales spécialisées dans le
e-commerce.
Investissement soutenu
A l’issue du Plan Next, M. Lombard s’était dit peu enclin à relancer uneopération similaire. Il a toutefois dévoilé mercredi une feuille
de route, baptisée Orange 2012, qui
exclut toute acquisition majeure.
Elle s’articule autour de trois axes :
simplifier l’accès aux services et la
technologie, développerla réactivité du groupe et maintenir un cash
flow à 8 milliards d’euros, hors
coût d’acquisition des fréquences.
Ce dernier objectif doit être
atteint avec un investissement
soutenu, compris entre 12 % et
13 % du chiffre d’affaires, même si
l’opérateur se dit prêt à réagir à la
baisse si les conditions économiques se dégradent. Un plan de
réduction des coûts pouvant
atteindre 1,5 milliard d’euros par
an est envisagé. Il n’est pas
détaillé. Le groupe ne souhaite pas
s’exprimer sur l’évolution des
effectifs, sachant que les départs à
la retraite touchent 1 500 à
2 000 personnes par an. p
Laurence Girard
Immobilier
Les loyers d’habitation se stabilisent
Selon l’observatoire Clameur, les
loyers des baux d’habitation
conclus en janvier et février 2009
en %
se sont quasiment stabilisés, avec
+ 5,1
une hausse de 0,2 % par rapport à la
+ 4,5
+
4,7
4
même période de 2008 et un prix
moyen pour la France entière de
12 euros le mètre carré mensuel,
2
confirmant le ralentissement enta+ 1,6
+ 0,2 mé depuis 2006. Clameur constate
que, sur les 680 villes observées,
0
44 % voient leurs loyers baisser,
05
09
2001
comme Toulouse (– 1 %), Bordeaux
Janv. fév.
(– 0,6 %), Rennes (– 0,9 %), Angers
SOURCE : CLAMEUR
(– 3,4 %), et 56 % progresser, en particulier en Provence-Alpes-Côte d’Azur. A Paris, les loyers baissent
(– 1,8 %) plus sensiblement dans les arrondissements du nord et de l’est
(– 6 % dans les 10e et 19e). p I. R.-L.
VARIATION ANNUELLE
DU PRIX MOYEN DES LOYERS
Commerce Tensions entre l’Union européenne
et les Etats-Unis
L’Union européenne va imposer des taxes antidumping contre des
fabricants américains de biodiesel soupçonnés de subventionner de
manière déloyale leurs exportations. A partir de mi-mars, les produits
concernés seront taxés entre 23 et 41 euros pour 100 kg.
La grande distribution prévoit une baisse
des prix en 2009
Les prix des produits alimentaires vendus dans la grande distribution
seront « plutôt en baisse » en 2009, malgré les hausses de tarifs de l’ordre de 4 % réclamées par les industriels. Mardi 3 mars, le président de la
Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD), Jérôme Bédier, a précisé que « l’objectif des commerçants est de contenir
cette hausse (de 4 %) entre 1 % et 1,5 % en moyenne ».
Exportations
Le gouvernement incite les grandes
entreprises à aider les PME à l’export
Anne-Marie Idrac, secrétaire d’Etat chargée du commerce extérieur, a
annoncé, mardi 3 mars, le lancement de l’association Pacte PME International, qui a pour objectif d’inciter les grands groupes à entraîner leurs
fournisseurs et partenaires sur leurs marchés étrangers. Cette association, présidée par Henri Lachmann, président du conseil de surveillance de Schneider Electric, sera animée par le Comité Richelieu. Vingttrois grands groupes ont annoncé leur adhésion à cette association. Les
PME ainsi « portées » bénéficieront de financements publics et de soutien de la part d’organismes d’aides à l’exportation tels Ubifrance ou la
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GEO Un nouveau monde : la Terre
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18 Décryptages Enquête
0123
Jeudi 5 mars 2009
Marie Jégo
Le monument
à la gloire des héros
de la seconde guerre
mondiale et
des travailleurs
de Magnitogorsk.
Magnitogorsk (Russie)
Envoyée spéciale
I
ci, les gens lisent leur avenir dans la
fumée âcre et noire crachée par le
combinat sidérurgique, le MMK.
Relique de l’industrialisation à marche forcée de l’époque stalinienne,
ce monstre de ferraille et la trentaine d’usines qui lui sont rattachées dominent un territoire énorme sur la berge
orientale du fleuve Oural. Tant que le ventre industriel de Magnitogorsk, ville de
l’Oural à deux heures de vol de Moscou,
ronfle, crache et s’active, 70 000 habitants, soit 30 % de la population en âge de
travailler, ont un emploi assuré.
Lorsqu’à l’automne 2008, la fumée rejetée par les hauts-fourneaux a commencé à
se raréfier, l’inquiétude a surgi. « On ne s’y
attendait vraiment pas », explique Viktoria. La jeune femme blonde, la trentaine,
avaitgoûté auxjoiesdu « miracleéconomique » des années Poutine (2000-2008),
acquérant une voiture étrangère à crédit,
faisant ses premiers pas de rédactrice en
chef pour le site d’informations municipales Mgorsk.ru. En octobre 2008, le site a
fermé. Viktoria a perdu son emploi et ses
illusions.
Située sur la rive occidentale du fleuve,
face au combinat, la ville, 409 000 habitants, porte les traces du boom économi-
IGOR STARKOV/KARTA
Ici, il n’y a ni syndicat
indépendant, ni partis
d’opposition, ni société
civile, ni association
de protection
de l’environnement
que des dix dernières années. Salons de
beauté, restaurants, centres commerciaux
ontfleurilelongdestroisavenues principales aux noms inchangés depuis l’époque
soviétique : la « Karl-Marx », la « Lénine »,
la « Soviétique ». « Toute la région nous
enviait !, raconte Viktoria. Les salaires de
nos ouvriers étaient les plus élevés : 15 000
roubles [428 euros avant la dévaluation de
35 % du rouble]. La crise nous est tombée
dessus alors que nous commencions tout
juste à redresser la tête. »
En octobre 2008, le rêve de bien-être et
de stabilité s’est écroulé. L’activité du combinat a décliné. Les commandes se sont
taries, la production d’acier et de fonte a
chuté de plus de moitié – 420 000 tonnes
en décembre contre 1 100 000 tonnes en
juillet. Quatre hauts-fourneaux sur huit
ont cessé de fonctionner.
Desmilliersd’ouvriers se sont retrouvés
au repos forcé, leurs salaires amputés de
20 % à 50 %. La direction de l’entreprise
affirme que les licenciements massifs ont
été évités. « Depuis quatre-vingts ans, le
combinatest l’employeurnuméroun decette ville, s’il s’arrête, tout s’arrête », résume
Elena Azovtseva, la porte-parole de l’entreprise. Les déboires du combinat ont quand
même fait tache d’huile. Chantiers, commerces, usines ont licencié de façon plus
ou moins avouée.
Vitali, la trentaine, vient de perdre son
travail de fraiseur à l’usine de boulons
Metiz, filiale du combinat. Non il n’a pas
été licencié, il est parti volontairement,
sans indemnités, comme le lui suggérait la
direction. Pour ne pas se mettre mal avec
l’usine, il est parti sans faire d’histoires, les
mains vides, « comme ça, si l’activité
reprend, ils feront de nouveau appel à
moi », espère-t-il.
Enattendant des joursmeilleurs, ilse dit
prêt à prendre « n’importe quel travail ».
UnpetittourauCentrepourl’emploile laisse sans voix. Une centaine de personnes
ont envahi le petit local. Avec 6 000 chômeurs inscrits, le centre n’a que 300 postes
àproposer,engénéraldes emploispeuqualifiés – cantonniers, vigiles, manutentionnaires, femmes de ménage – faiblement
rémunérés (entre 4 000 et 5 000 roubles
mensuels, soit 87 à 109 euros).
Vitali est inquiet. Avec un salaire aussi
bas, comment rembourser le crédit – en
dollars – de sa Wolkswagen, payer la pension alimentaire de son fils, assurer les
dépenses de gaz et d’électricité de son logement ? Fiodor, 24 ans, n’est pas moins
inquiet. Fraîchement diplômé de la faculté
de droit, il sait qu’il ne trouvera pas de travail dans sa spécialité : « On a formé trop de
juristes en Russie. » C’est décidé, il sera
conducteur d’autobus. La formation coûte
14 000 roubles (307 euros), le centre est
prêt à en assumer la moitié, Fiodor n’est
pas sûr de pouvoir avancer le reste.
Le Centre pour l’emploi peine à faire
face. Les gens font la queue pour s’inscrire,
reçoiventunticketnuméroté,doiventrevenir pour un entretien. En quatre mois, le
nombre des demandeurs d’emploi à
Plus dure la vie
dans l’Oural
Depuis une dizaine d’années, les habitants de Magnitogorsk,
une ville mono-industrielle, profitaient pleinement du boom
économique russe. Mais, avec la crise, nombreux sont ceux qui
voient s’écrouler leurs rêves de bien-être et de stabilité financière
Magnitogorsk a été multiplié par cinq. Et
pourtant, les 6 000 personnes inscrites ne
représentent que 11 % du nombre total des
chômeurs.
« La plupart des personnes au chômage
ne se font pas enregistrer », explique Viktoria. Elle-même n’a pas jugé bon de le faire.
Pourquoi ? Elle ne court pas après l’indemnité de chômage offerte (5 600 roubles,
soit 123 euros). Son mari, petit entrepreneur, fait bouillir la marmite. Le couple a
finiderembourserlestraites dupetit deuxpiècesacheté avantlacrise. Reste à honorer
le crédit de la Ford, heureusement Viktoria
avaitoptépour un remboursementenroubles. Entre janvier et février, la monnaie
russe s’est dépréciée de 35 % face au
« panier » de devises (euros-dollars) qui lui
sert de référence.
Pas facile, à Magnitogorsk, d’obtenir des
informations. La « verticale du combinat »
est à l’œuvre. La chape de plomb est aussi
épaisse que les volutes de fumée sorties
des hauts-fourneaux. A la vue d’une journaliste, étrangère de surcroît, les officiels
se font inquisiteurs. « Dites-moi qui vous
avez vu pendant votre séjour et ce qu’ils
vous ont dit », assène, sur un ton qui n’ad-
met pas de répliques, Elena Azovtseva, la
porte-parole du combinat.
Ici, il n’y a ni syndicat indépendant, ni
partisd’opposition,nisociétécivile,niassociation de protection de l’environnement
alors que la ville est très polluée. « Personne ne veut se risquer à proférer une seule critique contre le combinat qui nourrit toute
la ville », explique Viktor, un métallo à la
retraite. Le combinat veille à tout : au bienêtre et à lasanté des ouvriers, auplacement
de leurs enfants, aux loisirs de leurs
familles et bien sûr à l’écologie. Il contribue
à70 % aubudget delaville,fournitle chauffage et l’eau chaude, entretient l’équipe de
hockey sur glace, a construit les deux stationsdeski ultramodernesàunesoixantaine de kilomètres de là.
L
e maire de Magnitogorsk, Evgueni
Karpov, est un ex-directeur financier
de l’entreprise, tandis que la plupart
des commerces en ville sont la propriété
d’Andreï Morozov, un ancien directeur
adjoint du combinat. « La ville fonctionne
comme une petite principauté », résume
Rosalia Belochapko, femme d’affaires et
membre du conseil municipal. Cette brune
à l’allure décidée, coiffure impeccable et
manteau de vison, s’est lancée dans le
« business », en 2003, avec la construction
de deux centres commerciaux.
« Quand j’ai demandé les permis de
construire, la municipalité m’a suggéré de
construire d’abord et que les permis viendraient après, mais j’attends toujours »,
raconte-t-elle. Les bâtiments à peine achevés, une série de contrôles s’est abattue sur
sasociété:fisc,sécurité,hygiène.Lamunicipalité a exigé la démolition des centres.
Rosalia était menacée d’en perdre la propriété. Elle a dû aller plaider sa cause à Moscou, a trouvé une oreille complaisante
auprès de députés de Russie unie, le parti
pro-Kremlin qui, depuis la crise,ne cesse de
vanter la diversification de l’économie et le
développement des PME.
« Si chaque entrepreneur doit monter à
Moscou pour implorer le tsar dès qu’il a des
problèmes, on peut comprendre pourquoi
les PME ne se développent pas », conclutelle. Viktor Barabanov, qui dirige l’association locale des petits entrepreneurs, déplore la monopolisation de l’économie.
« Magnitogorsk est une ville mono-industrielle semblable à bien d’autres en Russie.
Son modèle de développement est axé sur le
règne d’une corporation peu intéressée à
voir la concurrence se développer. »
Alexeï Odintsev, propriétaire de l’Hôtel
Avrora, le plus coquet de la ville, est amer.
Le « miracle » économique russe, il y a cru.
Fortdesesexportationsdepétrole,le paysa
affiché pendant des années une croissance
d’environ 10 % par an et des ambitions géopolitiques démesurées. Or Alexeï se « fiche
pas mal que la Russie soit une grande puissance », son principal souci « c’est que l’économie soit solide. On nous a bassinés avec la
stabilité du rouble, résultat il a perdu 35 % ».
Touràtour,ilfustigeleslenteursbureaucratiques – deux ans pour obtenir les preuvesquel’hôtelestbiensa propriété –,la corruption – 1 million d’euros de pots-de-vin à
verser pour être relié au réseau électrique –
et le règne du monopole. Une seule compagnie d’avions dessert Magnitogorsk depuis
la capitale russe. Le billet aller-retour coûte
14 000 roubles (307 euros). « C’est l’équivalentd’un mois de salaire d’un ouvrier. Forcément, à ce prix-là, des tas de gens de chez
nous ne sont jamais allés à Moscou », rapporte Alexeï. Son fils aîné, étudiant à Londres, s’y rend en avion pour sensiblement
la même somme, 16 000 roubles
(351 euros).
Les ouvriers du combinat ont d’autres
préoccupations. Ils guettent la fumée. Elle
est redevenue plus dense depuis que des
créditssontarrivésdeMoscou.Deuxhautsfourneaux se sont remis à fonctionner en
janvier. L’espoir revient. Et puis il y a le
hockey sur glace. L’équipe du cru, Metallourg, est la deuxième du championnat de
Russie.
Les soirs de fête, les gens de Magnitogorsk convergent vers le grand stade tout
neuf construit aux frais du combinat. La
bièrecouleàflots,l’excitationestàsoncomble. « Tue-le ! », lance un spectateur à un
joueur en bisbille avec un attaquant de
l’équipe adverse, le CSKA de Moscou.
Ovationné, le Metallourg l’emporte. « Le
combinat aussi gagnera. Il en a vu d’autres
et nous aussi », affirme Dmitri, un ouvrier
qui assiste au match en famille. Au-dessus
de la patinoire, une banderole publicitaire
proclame : « Avec le combinat MMK tout est
plus sûr. » p
Débats Décryptages 19
0123
Jeudi 5 mars 2009
Paris Métropole doit s’étoffer pour dessiner le XXIe siècle francilien
Oui à une démarche fédératrice, non à un « Grand Paris » anonyme
L
’avenirdelamétropoleparisienne est au cœur de l’actualité.
Loindetouteconsidération abstraite ou politicienne, cet enjeu
appelle des réponses originales
aux vrais besoins des citoyens.
Aujourd’hui de quoi nous parlent-ils ? De
leurs difficultés à se loger, à se déplacer, ils
nous interpellent aussi sur leur qualité de
vie et sur leur environnement urbain.
Quant aux entreprises, elles le savent
depuis longtemps : le territoire parisien,
plusétroit que les autres grandes métropoles mondiales, implique de renforcer les
liensentrelespôlesdedéveloppementéconomique de petite et de grande couronne.
Les collectivités locales enfin, et notamment les communes, appellent à juste titre
à une véritable solidarité financière au sein
de l’espace métropolitain. Précisément.
Conscients de l’ampleur de ces défis, de
nombreux élus franciliens, de droite comme de gauche, se sont engagés depuis
trois ansdansunedémarcheinédite.Impliquant près de 200 collectivités (communes, intercommunalités, conseils généraux mais aussi la région Ile-de-France),
Paris Métropole dessine les contours d’une
gouvernance innovante : elle est le lieu où,
démocratiquement, s’inventent de nouveaux rapports entre collectivités, selon
unelogiquedeprojets,assumantderechercher une voie qui ne se réduise pas aux
schémas institutionnels classiques.
Faut-il aujourd’hui aller plus loin ? Clairement, je réponds oui. A ce stade, Paris
Métropole n’est pas un aboutissement
mais un socle, dont nous devons partir
Bertrand Delanoë
Maire (PS) de Paris
pour dessiner des perspectives volontaristes. Il faut imaginer collectivement les
conditions d’une étape nouvelle, à partir
de notre vision commune du XXIe siècle
francilien. Et en déduire un instrument
fédérateur qui coordonne, impulse et renforce ainsi les dynamiques nécessaires
autour des vrais enjeux stratégiques.
Bien loin d’une telle approche, la proposition récente de la commission Balladur
est passée à côté du sujet : son périmètre
restauremécaniquementl’ancien département de la Seine, là où l’attractivité de
notre métropole implique évidemment
d’y intégrer des sites aussi décisifs que
Saclay,lesvillesnouvellesouleszonesaéroportuaires. De plus, cette fusion des quatre
départements centraux au sein d’un
« Grand Paris » serait synonyme d’impuissance pour cette institution mastodonte.
Car il faut être clair : des politiques comme l’insertion, le handicap ou les personnes âgées, actuellement gérées à l’échelle
pertinente des départements, ne se traitent certainement pas à 6 millions d’habitants ! Dissoudre conseils généraux et
intercommunalitééloigneraitdangereusement le citoyen du lieu de décision, nuisant à la qualité même du service rendu. Le
souci d’efficacité suggère un autre modèle. Plutôt que de transférer de telles mis-
sionsdeproximitéà unéchelon métropolitain, nous proposons de concentrer l’intervention de Paris Métropole sur ce qui est
mal, voire pas géré, pour en faire le lieu de
règlement légitime de carences que chacun identifie. Concrètement, cela signifie
que Paris Métropole puisse, progressivement, hériter de compétences reconnues
dans des domaines où le besoin de cohérence est profond.
Dès ce stade, je veux donc évoquer les
missions qui pourraient lui être attribuées. D’abord, la politique du logement,
ce qui intègre bien entendu le combat
contre l’habitat insalubre. Impossible de
citer ici tous les textes législatifs qui, sur
ce sujet, ont abouti à un enchevêtrement
des niveaux de décision rendant l’action
publique particulièrement difficile. C’est
pourquoi le financement et la répartition
des logements sociaux devraient désormais se concevoir à l’échelle adaptée de
Paris Métropole.
De même, l’attractivité économique, le
renforcement des réseaux universitaires
et de recherche constituent des priorités
essentielles et invitent à des décisions qu’il
faut concevoir et mettre en œuvre ensemble, dans un cadre de juste dimension. Bien
entendu, la réussite d’une telle entreprise
ne peut se concevoir sans l’apport de la
dynamique régionale. C’est précisément
pour cette raison que la région est au cœur
de la gouvernance de Paris Métropole.
Autre prérogative que notre structure
pourrait prendre en charge : la solidarité
financière. Le dispositif actuel se limite,
pour l’essentiel, à un Fonds régional mis en
place par l’Etat et qui porte sur un montant
spectaculairement insuffisant (177 millions d’euros). Curieusement, le rapport
surle« GrandParis » n’enparlepas. Orpenser l’avenir de notre espace commun, c’est
aussi définir les conditions d’un partage
des moyens financiers, source évidente de
solidarité et de réduction des inégalités
sociales et territoriales.
L’enjeudel’urbanismeimplique,luiaussi, une mise en synergie actuellement
introuvable. La récente consultation d’architectesinternationauxapourtant confirmé l’importance stratégique de ce sujet.
L’organisation physique du territoire,
Autre prérogative
que notre structure
pourrait prendre
en charge : la solidarité
financière »
l’évolution de l’espace, de ses formes, de
ses équilibres, désignent autant de défis
qui influent directement sur la vie de chaque habitant. Il faut donc un acteur central,Paris Métropole,pour mettreles initiativesen cohérence et extirper notremétropole d’une conception trop étriquée.
Quant à la question des déplacements,
c’est le Syndicat des transports d’Ile-deFrance (STIF) qui, sous l’autorité de la
région, en assume l’organisation. C’est un
vraiprogrès, que nous pouvons sans doute
renforcer:àcet effet, ParisMétropolepour-
rait, par exemple, contribuer à mobiliser
des investissements structurants directement liés aux besoins en transports au
cœur de notre agglomération.
Pour élaborer cet espace opérationnel
qui permette de comprendre, de décider et
d’agir collectivement, sachons tirer les
enseignements de ce qui se passe à l’étranger.Cartouteslesgrandesmétropolesmondiales sont confrontées à une gestion complexe de leur territoire. A chaque fois, elles
tententd’y répondreavecpragmatisme, en
inventant des outils souples et adaptés à
leur histoire. C’est le cas du « Grand Londres », qui s’appuie sur plusieurs agences
spécialisées, pour agir sur un espace de
8 millions d’habitants. C’est également le
cas de l’Allemagne, qui a conçu des méthodes de projet originales, les Internationale
Bauausstellung (IBA), pour penser les
reconversions urbaines : une approche
flexible, qui privilégie un traitement ciblé
dechaque dossier,sur unpérimètre donné.
Nousnousinspironsdirectementde telles pratiques : un instrument adapté à la
dimension et à la nature de chaque enjeu.
Paris Métropole est en marche. Je souhaite
que,dansleurdiversité,ses acteursdémontrent, au cours des prochains mois, leur
volonté d’accélérer le processus engagé, en
portant un projet dont la force, nullement
imposée « d’en haut », découlera d’abord
de leur légitimité. Paris Métropole est le
symbole d’un territoire qui se saisit de son
propre destin. Loin de tout Meccano anachronique, partons plutôt du réel, assumons une vision audacieuse et posons des
actes, ensemble. p
Evitons les pièges du congé parental
Travail, famille... et parité
Afin d’aider les ménages modestes, un service Faut-il une loi sur l’égalité
des sexes dans l’entreprise ?
public de la petite enfance s’impose
L
e président de la République
vient de faire une sériede propositions sur la politique familiale. Il a notamment proposé de
raccourcir le congé parental et,
plus précisément, la durée du
versement de l’allocation compensant l’arrêt d’activité lié à la naissance d’un enfant.
Cette proposition rejoint les revendications formulées depuis longtemps par des
chercheurs(e)s spécialisé(e)set des féministes. Mais elle ne semble pas pouvoir être
mise en œuvre selon le processus proposé.
Toutes les études montrent qu’en France ce que l’on appelle le congé parental – en
fait le versement d’une allocation condition par l’arrêt ou à la diminution d’activité – est défavorable à l’activité féminine, et
plus encore à celle des femmes peu diplômées ou exposées au risque de la précarité
dans l’emploi. Long, rémunéré faiblement
et de façon forfaitaire, ce dispositif incite
en effet les femmes dont les salaires sont
peu élevés et l’emploi peu gratifiant à se
retirer du marché du travail. D’une part
parce qu’il est « plus intéressant » (si cette
expression a un sens !) pour elles de rester
à la maison pour garder leur enfant plutôt
que de payer une assistante maternelle ou
une crèche et de faire face à tous les frais
engendrés par le fait de travailler. D’autre
part aussi parce que leurs conditions de travail sont le plus souvent incompatibles
avec leurs contraintes familiales.
Une enquête réalisée auprès d’un échantillon de 1 000 femmes s’étant arrêtées de
travailler à la naissance d’un enfant a ainsi
mis en évidence que plus de la moitié d’entre elles auraient souhaité continuer à travailler mais que presque autant étaient
soumises à des horaires atypiques, inconciliables avec les rythmes de la vie familiale.
Rester à la maison pour s’occuper de son
enfant est certes un plaisir mais aussi une
obligation, tant les conditions de travail
sont mal adaptées aux contraintes de la vie
familiale. Dès lors, le congé parental, pris à
98 % par les mères, devient un cadeau
empoisonné qui incite celles-ci à rompre
les liens avec l’entreprise et, pour la moitié
d’entre elles, à ne pouvoir revenir sur le
marché du travail que sur des postes
moins bien payés et-ou avec des conditions de travail dégradées par rapport à la
situation antérieure à la naissance.
Comme l’a confirmé la dernière enquê-
te de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques
(Drees) sur le sujet, ce sont les femmes aux
revenus les plus modestes qui restent à la
maison pour garder leurs enfants à l’aide
de cette allocation et qui se retrouvent
donc privées de l’indépendance à laquelle
l’emploi donne accès.
Oui, il est donc souhaitable de réduire la
durée d’indemnisation du congé et de rendre l’allocation proportionnelle au salaire
(à l’instar des pays nordiques) pour éviter
de n’inciter queles femmes les plus modestes à se retirer du marché du travail. Faut-il
pour autant en faire la mesure phare d’une
réforme de la politique familiale ? Non !
La démarche qui consiste à raccourcir le
congé avant la mise en œuvre d’autres
mesures de soutien ou d’accompagnement fait, en effet, furieusement penser à
Rester à la maison
pour s’occuper
de son enfant est certes
unplaisir mais aussi
une obligation, tant
les conditions de travail
sont mal adaptées
aux contraintes
de la vie familiale »
quel emploi, à n’importe quelle condition,
sous peine de tomber dans la pauvreté.
Cela permet aussi de faire des économies…
Sommes-nous si loin du workfare anglosaxon ?
Un autre scénario est possible. Il consisterait à mettre en œuvre la promesse
solennelle, lancée pendant la campagne
présidentielle, d’un droit de garde opposable. Cela supposerait le développement
d’un service public de la petite enfance et
la programmation puis la mise en chantier de 400 000 places d’accueil sur cinq
ans, gisement de bons emplois non délocalisables, élément-clé d’un plan de relance
écologiquement durable axé sur la qualité
de l’emploi et les besoins sociaux non
satisfaits.
C’est alors seulement que le congé
parentalpourrait être profondémentréformé :plus court, rémunéré proportionnellement au salaire antérieur et surtout totalement partagé entre le père et la mère – ce
qui constitue la seule manière d’impliquer
vraiment les hommes dans la vie familiale
et de permettre donc aux femmes de s’investir pleinement dans la vie professionnelle. Il faudrait enfin remettre en chantier
la question de l’articulation des temps permettant aux hommes et aux femmes de
menervraiment de front vieprofessionnelle et vie familiale.
Cespropositionsontétédétailléesetchiffrées dans Le Deuxième Age de l’émancipation (Seuil, « La République des idées »,
2007) : donner à tous les enfants de moins
de 3 ans une place dans un mode d’accueil
de qualité ou la possibilité d’être gardé par
le père ou la mère grâce à un congé parental
de 42 semaines entièrement partagé (la
moitié non prise par l’autre parent étant
perdue) conduirait à faire passer les sommes consacrées à l’accueil des jeunes
enfantsde1,32 %à1,65 %duPIB…alorsqu’elles représentent 2,7 % du PIB au Danemark.
Oui, nous savons ce qu’il faut faire. Mais
tout sepasse décidémentcomme si les bonnes idées venues du Nord ne pouvaient
être transposées dans notre pays que
d’une manière parcellaire et sans vision
d’ensemble, alors que ces politiques n’ont
de véritable portée que si elles sont
menées de façon cohérente et globale. p
ce qui s’est passé dans notre pays au nom
de la « flexicurité » : les dispositifs visant à
flexibiliser le marché du travail ont été
développés avant que les mesures promises en termes de sécurisation soient mises
en place. Raccourcir la durée de versement
des aides sans développer les modes de garde revient en quelque sorte à obliger les
personnes à rejoindre le marché du travail
et à accepter un emploi – y compris un
emploi de mauvaise qualité, avec un très
faible nombre d’heures.
Cela aboutit – comme lorsqu’on recule
l’âge de la retraite à taux plein sans améliorer les conditions de travail ou qu’on exige
des bénéficiaires de minima sociaux de
rechercher un emploi sans prendre en
considération les contraintes objectives
qui les en empêchent – à « inciter » les per- Dominique Méda, sociologue du travail,
sonnes concernées à prendre n’importe Jeanne Fagnani, sociologue de la famille
E
n Espagne, la nouvelle loi sur
l’égalitéentrelessexes,approuvée par le Parlement en
mars 2007, va au-delà de la
directive communautaire et
impose 40 % de membres de
chaque sexe sur les listes électorales et
dans les comités de direction des grandes
entreprises. Elle y ajoute l’obligation d’implémenter des plans d’égalité entre les
sexes dans les négociations entre syndicats
et entreprises.
Le volontarisme espagnol dans le
champ du marché du travail est contesté
par ceux qui considèrent que l’on ne
devraitpasinterféreraveclemarchéauprétexte que les entreprises maximisent leurs
profits. Ainsi, le traitement des femmes et
deshommesserait optimalauvudescaractéristiques spécifiques de ces deux catégories d’individus. La création de ce type de
loiempêcheraitparailleurslebonfonctionnement des firmes et aurait pour effet de
réduire les revenus des hommes comme
ceux des femmes.
Lesnouvellesthéories sur lefonctionnementdumarché dutravailpourles minorités se fondent sur l’idée que les entreprises
« anticipent »lescomportementsdeshommesetdesfemmes,demêmequelesménages anticipent les comportements des
entreprises.
Prenonsl’exempledelaformationcontinue, déterminant fondamental pour les
évolutions de carrière et, par conséquent,
les salaires. Les entreprises investissent
dans la formation continue de leurs travailleurs, espérant en tirer bénéfice par le
travail à venir de leurs employés. En ce
domaine, les femmes seraient moins bien
loties que les hommes, les entreprises anticipantleurmoindreparticipation àl’activité économique future en raison des charges qui leur incombent dans le ménage
(maternité, accouchement, etc.). Il en résulteraitunerétributionmoinsélevéequecelle des hommes.
Les recherches empiriques montrent
que les femmes bénéficient d’un moindre
accès à la formation et perçoivent des salairesplusfaibles queleshommes.Cettedifférence, en moyenne, apparaît entre deux
groupes de travailleurs répondant aux
mêmes caractéristiques. En France, le salaire horaire des hommes est 11 % plus élevé
que celui des femmes, en Espagne la diffé-
Cecilia
García-Peñalosa
Chercheur au CNRS
Groupement de recherche
en économie quantitative
d’Aix-Marseille (Greqam)
rence est de 12 % et en Suède de 9 %. Dans le
même temps, la différence en volume
horaire de formation reçue par les hommes et les femmes est substantielle : 5 % en
Espagne, 4,5 % en France et 3 % en Suède.
Le comportement des ménages témoigne aussi d’anticipations, parfois inconscientes d’ailleurs. Un ménage « produit »
certains biens qui demandent du temps,
tels que la cuisine ou la garde des enfants,
et impliquent une réduction du temps de
travail. Deux cas sont envisageables. Soit
les ménages optent pour une répartition
plus égalitaire de ces tâches, car cela diminued’autant l’effortde chacun, soit il apparaîtra préférable de privilégier le travail de
l’individu au sein du couple ayant le salaire
horaire le plus élevé. Ce qui revient à
l’exempter de sa participation aux tâches
ménagères. Il en résulte que, si les ménages
anticipent un salaire plus faible pour les
femmes,ils décideront d’attribuer à la femme une proportion plus élevée de tâches
ménagères. Ces décisions confirment ainsi
les anticipations des entreprises.
Dans ce contexte, une politique qui
changerait les anticipations dans la sphère
professionnellepeutmodifierlecomportement des entreprises et des ménages. En
particulier si la loi exige la participation
égale d’hommes et de femmes dans certainstypesd’activités,lesentreprisesadopteront un même comportement en matière de formation et cela aboutira à l’égalité
salariale.
Mais cette égalité salariale implique
une division égalitaire du travail domestique. Au final, un nouvel équilibre peut
apparaître tant sur le plan du traitement
salarial que sur celui de la répartition des
tâches au sein de la famille. L’instauration
d’une contrainte législative serait de nature à créer de nouveaux équilibres entre
les sexes. p
20 Décryptages Portrait
0123
Jeudi 5 mars 2009
L’ancien international de rugby Jean Gachassin
est devenu le nouveau patron du tennis français.
Derrière le personnage truculent se cache un bûcheur
qui déborde de projets, dont l’extension de Roland-Garros
La vie à contre-pied
D
epuis son élection triomphale à la tête de la Fédération française de tennis
(FFT),le8 février,les félicitations pleuvent sur Jean
Gachassin. Sur le central
désert de Roland-Garros, où il pose pour la
photographe, il jette un œil méfiant sur
son téléphone portable, avant de décrocher : « Jean-Loup, mon petit poulet ! Tu es
sélectionné pour le prochain match, et
après on boira un coup, ou même deux,
tiens ! » Il a la courtoisie de préciser : « C’est
Dabadie, il est à l’Académie française. »
De réception en opération VIP, de parrainage en soirée dans tous les milieux
influents, l’ancien demi d’ouverture du
XV de France est devenu expert en relations publiques. Cela ne date pas d’hier. Le
général de Gaulle lui a serré la main, Georges Pompidou lui a écrit une lettre d’encouragements, vantant son inspiration et
sa créativité, alors qu’il venait de se faire
virer de l’équipe nationale : une passe
interceptée et la victoire s’envolait.
« C’est un petit coq, mais avec les qualités d’un gros coq », résume Jean-Pierre
Garuet, l’un de ses principaux complices.
« Jeannot apporte partout un enthousiasme extraordinaire et c’est le roi du contrepied », précise l’ancien pilier lourdais avec
l’accent roulant des gaves pyrénéens.
1,61 m, le sourcil dru, l’air très concentré
lorsqu’il lui arrive de se taire, Jean Gachassin porte allégrement ses 67 ans avec sa
démarche trotte-menu. Trublion truculent et virevoltant, ainsi le voient ses
innombrables amis.
Sportif complet, Jean Gachassin a été
champion des Pyrénées de slalom géant,
en cadets, et du 100 mètres, en juniors
(10 sec. 8). Il a même participé à un stage
d’espoirs du tennis organisé par Henri
Cochet, l’un des quatre Mousquetaires,
qu’il a quitté en route pour honorer sa première sélection en équipe de France
junior de rugby. « J’ai dit à Cochet : “Je
m’en vais, le tennis, j’en ai que foutre.” » Le
ballon ovale y a gagné un joueur remarqué par sa vivacité et son goût de l’attaque
développés au long des années 1960.
Champion de France, en 1968, avec le
FC Lourdes, 32 fois international, les
exploits de « Jeannot » sont légion. Un
match en Rhodésie, en 1964, a contribué à
asseoir sa légende. Il était dans son en-but
et, au lieu de dégager, il fait un crochet sur
le joueur en face de lui. « Le gars se détend,
m’arrache le short et je me retrouve les fesses à l’air. Avant, on ne portait pas de slip
mais des coquilles tenues avec juste deux
ficelles derrière. Et je marque un essai de
100 mètres ! Le lendemain, on ne connaissait que mes fesses, en Rhodésie. »
Jean Gachassin semble faire l’unanimité. « Celui qui ne l’aimerait pas passerait
pour suspect », tranche Jo Maso, le mana-
« On a fait le match
et on a gagné.
Oui, je suis heureux,
et maintenant
je vais m’éclater »
geur du XV de France qui le connaît depuis
la fin des années 1950. Le nouveau président de la FFT fait toujours rire ses
copains, un peu moins ses opposants dans
le milieu tennistique où sa percée a fait
quelque bruit.
Celui que Roger Couderc surnommait
Peter Pan fait plutôt figure de Capitaine
Crochet aux yeux de certains qui frémissent lorsqu’il exprime sa volonté d’introduire la fameuse troisième mi-temps
dans le tennis. « Ces sont des déclarations à
l’emporte-pièce, il faut avoir des positions
réfléchies. Je suis très inquiet sur la suite »,
estime Patrick Proisy, finaliste à RolandGarros en 1972 et candidat malheureux à
la présidence de la FFT, en 2004.
Elles&ils Olivier Schmitt
Entreprises
Gérard Errera
Cet ancien ambassadeur de France
rejoindra, le 1er avril, le groupe Blackstone, importante société de conseil finan-
cier, au poste de conseiller spécial et de
membre du conseil consultatif international. Basé à Paris, celui qui était jusqu’ici
secrétaire général du ministère français
des affaires étrangères aura pour mission
la recherche d’opportunités de transactions, en France et en Europe.
Isabelle Duval, 35 ans, vient d’être nommée directrice Europe chargée du pilotage des sites Tgv-europe.com. Diplômée
de l’université de Stuttgart en management international et d’un DESS de psychologie en entreprise de l’Université
catholique de Paris, elle était directrice
générale de Rushcollection, filiale Internet de La Redoute.
Takashi Tsukamoto, 58 ans, actuellement numéro deux de Mizuho Financial
Group, a été nommé, le 2 mars, présidentdirecteur général de la deuxième banque
japonaise. Passée dans le rouge au cours
des neuf premiers mois de 2008-2009,
celle-ci compte toutefois terminer son
exercice annuel, fin mars, avec un bénéfice de 100 milliards de yens (830 millions
d’euros).
Social
Hilda Solis, secrétaire américaine au tra-
vail dans le gouvernement de Barack Obama, s’est taillé un beau succès public, cinq
jours après son entrée en fonction. Dans
son premier discours prononcé le
2 février devant une assemblée de syndicalistes, cette fille d’immigrés, issue d’un
milieu modeste, a lancé : « Nous sommes
là pour aider à la protection des gens sur
leur lieu de travail. Vous pouvez être sûrs
qu’il y a un nouveau shérif en ville. »
Applaudissements nourris.
Institutions
Raymond Benjamin a été nommé, le
27 février, secrétaire général de l’Organisation de l’aviation civile internationale
(OACI) pour un mandat de trois ans, qui
débutera le 1er août. Ce Français succédera
à Taïeb Chérif (Algérie) à la tête de cette
institution des Nations unies, créée en
1944 pour « promouvoir le développement sûr et ordonné de l’aviation civile
internationale dans le monde ».
Sports
David
Lappartient
Jeannot s’est forgé une réputation de
sacré fêtard au cours de sa carrière. Certaines anecdotes sur ses troisièmes
mi-temps ne franchissent pas le cercle des
témoins directs. « Il peut aller très loin
dans la déconnade, mais tout le monde lui
passe tout », témoigne Jo Maso. L’intéressé confesse avec pudeur une tendance à
l’espièglerie. Selon Jean-Pierre Garuet,
l’un de ses jeux favoris consiste à monter
sur une table, à faire un petit discours puis
à se jeter sur son auditoire où il passe de
bras en bras, comme un ballon de rugby.
Pour Jean Gachassin, la troisième
mi-temps n’est pourtant rien d’autre
qu’un état d’esprit. L’occasion de se retrouver pour continuer les matches, victorieux ou non, et se dire les quatre vérités.
« Le milieu du tennis est un peu pincé parce
que personne n’a apporté cette touche,
explique-t-il. Ce n’est pas forcément picoler toute la nuit mais, si on rentre se coucher à 5 heures de l’après-midi, ce n’est pas
la fête. »
Le programme du président ne s’arrête
cependant pas là. A peine élu, il promet
une victoire française en Coupe Davis dès
cette année. Il compte également doter
Roland-Garros d’un nouveau stade couvert en grappillant quelques terrains dans
le 16e arrondissement. Pour cela, il prévoit
de faire cause commune avec les présidents du Paris-Saint-Germain, en football,
du Stade français, en rugby, et Arnaud
Lagardère, créateur du Team sportif du
même nom. « Mettons-nous à table », suggère-t-il avec gourmandise.
Parcours
1941 Naissance à Bagnères-de-Bigorre
(Hautes-Pyrénées).
1961 Première sélection en équipe
de France de rugby.
1968 Champion de France de rugby
avec le FC Lourdes.
1973 Devient huissier de justice.
1993 Président de la ligue Midi-Pyrénées
de tennis.
2009 Président de la Fédération
française de tennis.
Malgré ses nouvelles fonctions, Jean
Gachassin n’a pas prévu de quitter sa ville
natale, Bagnères-de-Bigorre. « Un provincial à la tête du tennis, ce n’est pas forcément une mauvaise chose », estime JeanPierre Dartevelle, l’un de ses colistiers. Et à
ceux qui lui reprochent de ne pas être du
sérail ni à la hauteur, Peter Pan déroule un
CV longcomme un jour de matchsans troisième mi-temps.
Cela fait trente-deux ans qu’il arpente
les courts de tennis, en tant que président
du club – il dit « cleupp » – de Bagnères, où
il a créé un tournoi, puis vice-président et
président de la ligue Midi-Pyrénées. A cela
s’ajoutent divers mandats électifs à la mai-
rie de Bagnères, la responsabilité de l’office de tourisme de cette ville, et la présidence du centre régional d’éducation physique et sportive (Creps) de Toulouse. Sur le
plan professionnel, Jean Gachassin a
d’abord été professeur d’éducation physique avant de devenir huissier de justice,
comme son père. Il a aussi été courtier en
assurances et propriétaire d’un magasin
de sport.
Il aurait pu aussi gravir les échelons
dans le rugby, mais il a tout quitté en 1981
– présidence du club de Bagnères et viceprésidence du comité Armagnac-Bigorre –
sur un coup de tête, à la suite d’un différend avec Jacques Fouroux, alors entraîneur et sélectionneur du XV de France.
Pour expliquer son riche parcours, Jean
Gachassin revendique « deux personnages : le plaisantin et le gros bosseur ». A
67 ans, il aurait pu s’en tenir là, mais qu’y
faire, il avait encore du punch, beaucoup
de passion et d’enthousiasme.
Armé de son bâton de maréchal acquis
« après avoir fait tomber la citadelle »,
selon les termes de Jean-Pierre Garuet,
Jeannot ne cache pas sa joie. « Avec mes
amis, on s’est entraînés, on a monté des
trucs, on s’est déplacés, on a fait le match et
on a gagné. Oui, je suis heureux et maintenant je vais m’éclater », savoure le président, les bras grands ouverts sur son
bureau tout en boiseries claires, surplombant le court central de Roland-Garros. « Il
est pas beau, mon bureau ? » p
Jean-Louis Aragon
Photo Lea Crespi pour « Le Monde
Le jeune maire de Sarzeau (Morbihan),
35 ans, a été élu le 28 février à la présidence de la Fédération française de cyclisme
(FFC) pour un mandat de quatre ans. Géomètre de formation, le plus jeune président de fédération olympique en France
ne s’interdit pas, dans un sport toujours
gangrené par le dopage, de recourir à la
justice pour « frapper au portefeuille »
ceux qui favorisent les pratiques illicites,
et portent ainsi préjudice à l’image du
cyclisme.
Médias
Liz Smith, 86 ans, signera, le 5 mars, sa der-
nière chronique « people » pour le quotidien américain The New York Post, après
trente-trois ans de bons et loyaux services dans différents titres de la presse newyorkaise. Le journal, propriété de Rupert
Murdoch, n’a pas souhaité renouveler
son contrat de 125 000 dollars
(99 000 euros) pour des raisons d’économie.
Gastronomie
Heston Blumenthal, chef de cuisine qui
préside aux fourneaux du Fat Duck, trois
étoiles au Michelin, à Bray, dans le
Berkshire (ouest de Londres), a volontairement fermé les portes de son restaurant
jusqu’à nouvel ordre. Quelque 40 clients
ont été indisposés ces dernières semaines
après un repas pris à sa table. Les enquêtes des autorités sanitaires locales et la
sienne propre n’ont donné aucun résultat à ce jour.
Cinéma
L’acteur espagnol Antonio Banderas
pourrait jouer au côté de l’Indienne Freida Pinto, héroïne de Slumdog Millionaire,
dans le prochain film de Woody Allen,
dont le tournage est prévu, cet été, à Londres.
Courriel : [email protected]
Culture 21
0123
Jeudi 5 mars 2009
Ils sont grassouillets, enrobés, gros, et ils dansent
Rencontre avec plusieurs danseurs et chorégraphes à l’affiche, qui évoquent leur corpulence
Danse
osetout.Quitteàsecouerleshabitudes du public, autant le provoquer.
Il a souvent recours à des ruses
comiques.
I
ls sont danseurs et chorégraphes. Ils sont enrobés, grassouillets ou gros, et ils assument. Ils courent, bondissent, et
fonttoutce qu’exécuteundanseur.
Il leur arrive de se mettre nus sur
scène, de montrer leurs rondeurs,
d’évoquer leurs kilos en trop. Et ça
marche,pasàcausedeleursurcharge pondérale, mais de leur talent.
Plusieurs spectacles en témoignent. Et d’abord, du 5 au 10 mars,
l’opération « Danser en rond », à
Lyon, accueille les chorégraphes
bien en chair – le Français Thomas
Lebrun et l’Autrichienne Doris
Uhlich – pour lever ce qui ressemble encore à un tabou. « Il y a quelque chose de transgressif dans le
fait d’être un danseur corpulent et
de se montrer sur un plateau, commente David Le Breton, sociologue,
auteur de L’Adieu au corps (éd.
Métailié). La danse est aujourd’hui
associée à la minceur. L’apparition
d’interprètes différents est contraireauxusages.Celaentraîneuntrouble du spectateur, une attraction,
mais parfois aussi un rejet. »
Devenir danseur, intégrer une
école de danse « devient un combat », se souvient DorisUhlich, seuleinterprètedesoncoursauconservatoire de Vienne (Autriche) à être
devenue professionnelle. Même
son de cloche chez Eugénie Rebetez, 24 ans, à l’affiche du spectacle
ÖperÖpis,de MartinZimmermann
et Dimitri de Perrot : « Entre 15 ans
et 18 ans, mes professeurs de danse
me disaient tous les jours qu’il fallait que je maigrisse. Ça m’a marquée. » Elle se rappelle, encore,
qu’en 2005 un gala de danse a été
annulé aux Pays-Bas à cause de son
physique.
La vie d’un danseur non conforme ressemble à une longue liste de
conseils de nutritionnistes, de régimes à gogo, d’humiliations petites
etgrandes :« Vousn’avezpaslephysique », « pas le profil », « vous avez
trop de personnalité », etc.
« “Enrobé”, “boudiné”… J’ai tout
entendu », raconte le chorégraphe
Thomas Lebrun, 35 ans, qui se met
Eugénie Rebetez dans « Öper Öpis », de Martin Zimmermann et Dimitri de Perrot, au Théâtre Vidy-Lausanne. MARIO DEL CURTO/STRATES
en scène dans Itinéraire d’un danseur grassouillet. J’ai pourtant commencétard, à 17 ans.Je voulais devenir professeur – les bourrelets passent mieux –, et puis j’ai fini par passer des auditions. »
Secouer les habitudes
Laminceurn’apourtantpastoujours été l’apanage des danseurs.
Au XIXe siècle, les danseuses de
l’Opéra avaient des silhouettes
charnues. Il était de bon ton, en
société, d’avoir du ventre pour
montrer son importance. Au
regard des normes actuelles, les
pionnièresde la dansemoderne, au
début du XXe siècle, comme Isadora
Duncan (1877-1927), affichaient des
formes opulentes. Ce sont simplement les codes esthétiques du ballet, comme les canons de la beauté,
qui ont évolué.
La danse classique reste la plus
raide. Elle n’intègre que des anatomiescalibrées. La dansecontemporaine est donc le seul créneau pour
les corps hors normes. Depuis le
Plusieurs spectacles
Itinéraire d’un danseur
grassouillet, de Thomas Lebrun.
Plus qu’il n’en faut-Glanz,
de Doris Uhlich.
Les Subsistances, 8 bis, quai
Saint-Vincent, Lyon-1er. Tél. :
04-78-39-10-02. Du 5 au 10 mars,
à 19 h 30. De 6 ¤ à 20 ¤.
Les 11 et 12 mars à La Rose
des vents, à Villeneuve-d’Ascq.
Faune(s), d’Olivier Dubois.
Le 5 mars au Triangle, à Rennes.
Ashes, d’Augustijnen. Jusqu’au
14 mars aux Abbesses, Paris-18e.
Öper Öpis, de Zimmermann et de
Perrot. Les 13 et 14 mars au Théâtre Arc-en-Ciel, à Rungis. Les 17 et
18 mars au Théâtre Jean-Vilar, à
Saint-Quentin.
En Zambie, l’éducation par les masques
Le Festival de l’imaginaire, à Paris, présente le rituel « gule wamkulu »
Reportage
Mkaika (Zambie)
Envoyé spécial
I
l a le corps enduit de terre rouge,desplumescouvrententièrement son visage, des feuilles et
des fibres enserrent ses anches et
ses chevilles. Il avance vers les tambours. Quatre peaux frappées avec
une énergie rendant absurde toute
idée de silence ou de chant
d’oiseau. L’étrange créature s’agite,
racle le sol nerveusement, pousse
des cris aigus et gémit.
Face à lui, près des tambours, les
femmes et les enfants forment un
arcdecercleetchantent. Noussommes loin du goudron et du béton,
de l’agitation et des centres commerciaux de Lusaka, la capitale de
la Zambie (ex-Rhodésie du Nord),
indépendantedepuis1964.Auvillage chewa de Mkaika, à l’est du pays,
une fin d’après-midi de janvier, le
gule wamkulu commence.
Cerituelquiutilise desmasques,
sortis uniquement pour l’occasion,
célébré par le peuple chewa, groupe ethnique répartientre la Zambie
orientale, le Malawi et le Mozambique, a été proclamé « chef-d’œuvre
du Patrimoine oral et immatériel
de l’humanité » par l’Unesco en
2005. Il sera présenté pour la première fois en Europe en ouverture
de la 13e édition du Festival de
l’imaginaire, proposé, du 5 mars
au 10 avril, par la Maison des cultures du monde, à Paris.
Le gule wamkulu marque la fin
Rituel du « gule wamkulu »
chez les Chewa, à l’est de la
Zambie. MCM/FLORABELLE SPIELMANN
d’une moisson, le passage à l’âge
adulte des adolescents initiés. Il
accompagne mariages et cérémonies de funérailles, honore un chef
élu ou disparu. Exécuté par les
membres de la confrérie Nyau,
société secrète d’hommes initiés,
il remonterait au XVIIe siècle et
existe toujours. Il a survécu à l’administration coloniale britannique et aux missionnaires, qui ont
voulu l’interdire, y voyant une
émanation du diable.
Sagesse et enseignement
Après la créature aux plumes
d’oiseau, à Mkaika, d’autres masques arrivent. Ils dansent, inventent des chemins à l’imaginaire,
transportentl’espritau-delàdel’or-
dinaire, terrifient les enfants,
autant qu’ils les amusent.
A chaque masque, fait de bois
peint, raphia, plumes, végétaux ou
tissus, correspond un chant, expliquent Douglas Phiri et Joseph
Chikuta Mbewe, membres de la
société secrète Nyau. Un chant, parfois satirique, portant sagesse et
enseignement. Les masques et les
voix qui y sont associées, bien
au-delà du divertissement visuel
ou auditif, ont un rôle décisif.
Passeursdemessagesquicimentent la communauté chewa, ils
transmettent des valeurs morales
et sociales, éduquent et interpellent, visent à rectifier des attitudes.
En matière de précautions d’hygiène notamment.
Le propos est d’importance,
dansun paysoù17 % despersonnes
entre 15 ans et 49 ans sont porteurs
duvirusdusida–d’aprèslesstatistiques du programme de l’organisation Unaids (Uniting the World
Against Sida) – et où l’épidémie de
choléra,décimantleZimbabwevoisin, a touché récemment la population. p
Patrick Labesse
« Gule wamkulu ». Maison des cultures
du monde, 101, boulevard Raspail,
Paris-6e. Mos Notre-Dame-des-Champs
ou Saint-Placide. Du 5 au 8 mars, à
20 h 30 ; le 8 mars à 17 heures. De 11 ¤
à 21 ¤.
Festival de l’imaginaire. En différents
lieux, dont la Maison des cultures du
monde. Jusqu’au 10 avril. Programme
complet sur www.mcm.asso.fr/
débutdesannées1980,ellerevendique d’aimer tous les gabarits. Mais,
dans les faits, les danseurs corpulents sont très peu nombreux et
font vite figure de cas.
Les chorégraphes José Montalvo
et Dominique Hervieu travaillent,
depuis quinze ans, avec l’Antillaise
Chantal Loïal, « la danseuse aux fesses de diamants ». Cette dernière
explique : « Aux Antilles et en Afrique, les critères de beauté ne sont
pas les mêmes qu’ailleurs. Ce n’était
donc pas gagné pour moi de deve-
nir danseuse. » Chantal Loïal est à
l’affiche de Ashes, de Koen Augustijnen. « Je suis d’abord danseuse
avant d’avoir de grosses fesses. Je
saute, jecours et j’épate toutle monde. On ne peut pas me rater sur scène et je fais même des jalouses. »
Etre différent et isolé devient un
atout. Les propositions de travail
nemanquentpaspourcesinterprètes, par ailleurs pourvus d’un
apprentissage technique impeccable. Sur scène, le danseur, ou le chorégraphe, en surcharge pondérale
Discuter nue au téléphone
Si l’actrice enrobée est souvent
cantonnée aux rôles de boniche, le
danseurgrassouilletendosse lecostume d’amuseur public. Jusqu’à
un certain point. « Le bon gros qui
fait rire, ça va un temps », glisse
Thomas Lebrun. Ce dernier, qui dit
que « [son] physique, c’est [son]
artistique », a fondé sa compagnie
en 2000 et se taille, comme Olivier
Dubois ou Doris Uhlich, des rôles
sur mesure.
Le public applaudit et rit devant
la fellinienne et burlesque Eugénie
Rebetez. En minijupe rouge dans
Öper Öpis, elle fait claquer ses cuisses l’une contre l’autre avec un
micro entre les jambes. Sur un
autre ton, dans Plus qu’il n’en faut,
Doris Uhlich discute nue au téléphone avec un ami des raisons
artistiques pour lesquelles un critique a évoqué « sa corpulence ».
Des femmes de tous les âges
viennent complimenter Rebetez et
Uhlich à la sortie de leurs spectacles. « On leur fait du bien, tant
mieux », confient-elles. Olivier
Dubois en revanche s’insurge : « Je
ne sers pas de thérapie aux spectateurs. Je ne fais pas la mienne non
plussurscène.Jesuisdanseur, chorégraphe, bon vivant, j’ai les cheveux
châtains, les yeux verts… Gros ?
C’est vous qui le dîtes. Si je dansais
avec mon image, je ne bougerais
plus. » p
Rosita Boisseau
22 Culture
0123
Jeudi 5 mars 2009
Belles histoires et petites misères
au Festival de Cannes, selon Gilles Jacob
Le président, depuis trente ans, de ce rendez-vous mondial du cinéma publie « La vie
passera comme un rêve », un livre de souvenirs, à paraître le 9 mars. Instructif et caustique
Cinéma
E
n 1997, le Festival de Cannes
fêtaitses 50ans. La réussitede
cette célébration dépend en
partie de la présence du président
de la République, Jacques Chirac en
l’occurrence. La direction de la plus
grandemanifestationcinématographique du monde déploie des prodiges de diplomatie en direction de
l’Elysée, où officie une tribu de
conseillerschezlesquelsonsubodore des frictions.
ChristineAlbanel,alorsconseillère pour la culture auprès du président, est pour la venue du chef de
d’Etat sur la Croisette. Claude
Chirac,responsabledelacommunication,estcontre.Derépliqueselliptiques en entrevue clandestine, la
victoire se profile. Chirac vient
pour un déjeuner éclair avec le jury
et les Palmes d’or. Il n’y aura pas un
invité de plus. Partie délicate : comment éconduire ceux qui ne sont
pas du déjeuner royal ? Comment,
aussi, régler le problème Jane Campion ? La cinéaste néo-zélandaise
refusedes’asseoiràlatableduprésident à cause des essais nucléaires
français à Mururoa, en Polynésie.
C’est ainsi que l’auteur de La
Leçon de piano (1993) est remplacée
par l’actrice chinoise Gong Li. Lorsque, soudain, un brouhaha. Une
porte s’ouvre à la volée. « Un trublion, un attentat, un marmiton en
quête d’autographe ? » Juste
Gérard Depardieu qui a entendu
parler de Jacques Chirac se fiche
Gilles Jacob, président du Festival de Cannes. J.-F. ROBERT/FIGAROPHOTO
comme de l’an quarante de n’être
pas invité, et entre en tornade, se
précipite sur « mon Jacquot…. »
« Mémoires inattendues de
l’homme le plus secret de la planète
cinéma », annoncent les éditions
Robert Laffont, qui publient, le
9 mars, La vie passera comme un
rêve, délectable livre de souvenirs
de Gilles Jacob, qui dirige le Festival
de Cannes depuis plus de trente
ans. Ceux qui craignaient que ce
diplomate-né ne rejoigne la cohor-
0123
te des beaux parleurs du « ne-riendire » sont pris en flagrant délit de
procès d’intention. Jacob ouvre ses
dossiers, ceux de sa vie biologique,
de son parcours privé et de ses
rêves. Et ceux de son job, de l’une
des plus célèbres foires aux vanités
de la planète.
Toujours tissées d’un indéfectible amour du cinéma, ses anecdotes couvrent un champ assez large.
L’histoire familiale, la tradition du
complot qui entoure les nomina-
vous invite…
... au cinéma pour assister à l’avant-première
du film de Jia Zhang Ke
24 CITY
Scorsese et Coppola
alimentent certains
des grands
moments de ce livre
qui aura lieu au cinéma
MK2 Beaubourg
50, rue Rambuteau 75003 Paris
P
endant près de vingt ans,
alors qu’elle était installée à
Londres, la célèbre photographe américaine Lee Miller
(1908-1977), connue pour ses
reportages de guerre et ses images surréalistes, a été surveillée
par les services de renseignement
britanniques. Des documents des
archives nationales, rendus
publics mardi 3 mars, font état de
cette enquête dont Christopher
Andrew, l’historien officiel du
M15, les services de renseignement intérieur, juge aujourd’hui
qu’elle était « totalement inutile ».
Arrivée en Grande-Bretagne en
1939, la jeune femme blonde, qui
fascinait par sa grande beauté classique, a très vite suscité l’intérêt
du M15 et de la branche spéciale
de la police. Et ce jusqu’à la fin des
années 1950, même s’il semblait
avéré, dès le début des années
1940, qu’elle ne représentait pas
une menace pour la sécurité du
Royaume.
Muse et amante de Man Ray
Lee Miller s’installe à Londres
après un bref séjour à Paris, au
cours duquel elle fut la muse et
l’amante de Man Ray. Elle est très
vite suspectée d’amitiés soviétiques, alors qu’elle ne cache pas
son affection pour Wilfred McCartney, un communiste britannique
emprisonné en 1925 pour avoir
été un espion de Moscou. Son
deuxième mari, Roland Penrose,
est par ailleurs vu comme un sympathisant communiste. Enfin, un
collègue bienveillant du magazine Vogue, dont elle est devenue la
photographe après en avoir été
un mannequin vedette, jugeait
qu’elle était une « communiste
convaincue ».
Filatures, courriers interceptés,
amis surveillés… Malgré toute l’attention qui lui fut portée, les services britanniques n’ont jamais pu
établir un lien entre Lee Miller et
une organisation communiste.
Un rapport de 1941 la décrit
comme « une communiste intellectuelle », mais note qu’elle est
avant tout « une excentrique qui
affectionnait la nourriture bizarre
et les vêtements bizarres ». Son
patron de l’époque la décrivait également comme « violemment antinazie ». Ses photos de survivants
squelettiques des camps de
Dachau et de Buchenwald, mais
aussi de tas d’ossements humains
et de cadavres empilés les uns sur
les autres, restent célèbres. « Son
communisme est plus une position morale qu’autre chose », peuton lire dans un autre rapport de
1941, « et je n’ai pas pu prouver
qu’elle ait été en relation avec une
quelconque organisation politique
subversive », écrit l’auteur.
Après la seconde guerre mondiale, Lee Miller abandonne la photo et se retire, avec son mari, dans
la campagne anglaise, où elle finira sa vie, alcoolique et dépressive.
Les services de renseignement britanniques poursuivent néanmoins leur surveillance, alors que
l’amie de Pablo Picasso et du sculpteur Henry Moore collectionne les
livres de recettes – plus de 4 000 –
et reçoit ses amis artistes autour
de dîners surréalistes, composés
de spaghettis bleus ou de chouxfleurs cuisinés dans une sauce
rose. Mais « l’idéaliste d’extrême
gauche », comme la qualifie un
rapport du M15 en 1956, n’est toujours pas une activiste…p
Virginie Malingre
(Londres, correspondante)
Polémique
Je suis conscient
que le préjudice sera
important pour ma réputation »,
a admis, le collectionneur chinois Cai Mingchao, qui a révélé, le
2 mars, être l’acheteur des deux bronzes lors de la vente aux enchères
Saint Laurent-Bergé, par Christie’s, à Paris le 25 février, mais qu’il ne les
paierait pas. D’abord présenté comme « un héros » dans son pays, l’enchérisseur est désormais critiqué. La presse et des internautes l’ont qualifié de « personnage sans crédibilité », voire « un peu louche », et qui a
porté atteinte à la réputation de la Chine. Zhao Yu, haut responsable du
ministère de la culture, interrogé par le Beijing Times, a déploré que
« Cai Mingchao [ait] nui à la crédibilité dont jouissaient les Chinois dans
les ventes aux enchères internationales ». Même le ministère des affaires étrangères a dû expliquer n’avoir aucun lien « avec cette personne ».
La thèse selon laquelle le collectionneur a agi sur les ordres de Pékin
semble désormais peu probable. Dans un entretien publié par le quotidien Fazhi Wanbao, Cai Mingchao a reconnu que sa réputation était en
jeu sans dire s’il allait payer les sculptures. p – (AFP.)
Musées
le lundi 9 mars à 20 h 30
en présence du réalisateur
Pour recevoir
votre invitation*
valable pour
deux personnes,
téléphonez au
0 892 690 700
(0,34 €/mn, hors surcoût éventuel opérateur)
tionsaupostedeprésidentduFestival,ouencorel’atmosphèredeparanoïa qui entoure les négociations
avec les Soviétiques pour obtenir
un film (« “Etes-vous un anticommuniste primaire ?”, me demande
un apparatchik au bout de deux
jours de visionnage »). Ainsi que, les
palabres pour convaincre un grand
réalisateur américain et son studio
de présenter sa dernière création,
les tapis rouges à dérouler pour
débaucher un président du jury, les
grandes manœuvres des délibérations en vue de l’élaboration du
palmarès.
Martin Scorsese et Francis Ford
Coppola alimentent certains des
grandsmomentsdecelivre.Dupremier, Gilles Jacob n’est pas parvenu
à obtenir Les Affranchis (1990), roulé dans la farine par le patron de la
Warner. Les discussions nécessairespourinviter Scorsese,peuaprès,
à présider le jury, en dépit des exigences de son agent, lui en ont fait
voir « de toutes les couleurs ». Pour
le second, c’est autour de la sélection d’Apocalypse Now, en 1979,
que se prennent les douches écossaises, avec la réflexion finale du
maestro qui descend de sa limousine noire pour glisser : « Je n’ai eu
qu’une demi-Palme. » Parce qu’il a
dû la partager avec Le Tambour, de
l’Allemand Volker Schlöndorff.
Il y a d’autres moments d’anthologie dans ce livre. Le récit de la
conjuration des jurés présidés par
Roberto Rossellini contre le prédécesseur de Jacob, Robert Favre
Le Bret, qui veut manipuler les
votes.Laprésidenced’IsabelleAdjani, qui trie ses membres avec une
minutie maniaque et leur impose
un menu radis et poivrons. La
fureur d’Alain Delon que l’on n’est
pas venu chercher à l’aéroport et
qui monte directement au bureau
de Jacob. Patrice Chéreau mauvais
perdant pour La Reine Margot
(1994). La présidence de Roman
Polanski, qui n’aime aucun film et
murmure chaque soir en haut des
marches à l’oreille de Jacob : « C’est
tout ce que vous avez trouvé ? »,
avantd’imposertroisprixpourBarton Fink (1991) des frères Coen, seule œuvre à trouver grâce à ses yeux
en dépit de la présence du Van
Gogh de Pialat, d’un Angelopoulos,
d’un Kieslowski…
Lee Miller agent communiste ?
Impossible à prouver !
Au cinéma le 18 mars
le jeudi 5 mars, à partir de 15 heures.
*25 invitations offertes aux premiers appelants, conformément au règlement du jeu.
Offre gratuite, sans obligation d’achat, jusqu’à concurrence du nombre de places disponibles. Le règlement du jeu déposé chez Me Augel huissier
de justice à Paris, est adressé gratuitement sur demande à : Jeu Les Offres Culturelles du Monde - 80, boulevard Auguste-Blanqui - 75013 Paris.
Les demandes de remboursement des frais de participation (selon modalités définies dans le règlement) doivent parvenir à la même adresse.
Les informations recueillies à cette occasion sont exclusivement destinées au Monde et à ses partenaires.
Vous disposez d’un droit d’accès, de rectification et de suppression des données vous concernant (art. 27 de la loi informatique et libertés).
Tant d’autres mesquineries à
raconter. Entre autres, celle-ci qui
nousramène àl’intrusiondupolitique dans l’artistique. Nous sommes à Paris, en 1991, le téléphone
sonne Rue de Valois. Monique Lang
demandeàvoirladirectionduFestival. « Je dois vous dire que le ministre n’est pas du tout content. Mais
pas du tout. – Que se passe-t-il
donc ? – Il sepasse qu’il y a eu plus de
mécontents que d’habitude, que les
billets pour le dîner d’ouverture
[depuis l’arrivée de Jack Lang, c’est
le ministre qui invite] ont été livrés
trop tard… » Et puis le film d’ouverture « était sinistre », il pleuvait,
Michèle Rocard, la femme du premier ministre, a perdu sa cape…
« Bref, la honte ! », ironise Gilles
Jacob, qui consacre cinq pages à la
furie de la « pie-grièche ».
Dérobades de Woody Allen, portraitsd’amis,déclarationsd’amour,
obsèques de Fellini, tremblement
de terre à Hollywood avec Clint
Eastwood : le générique est digne
dela manifestationprésidéeparcet
homme qui, ancien critique, a de la
plume. p
Jean-Luc Douin
« La vie passera comme un rêve »,
de Gilles Jacob. Editions Robert Laffont,
386 pages, 21 ¤.
Guerre de territoires
entre musées à Londres
L’exposition Picasso, présentée à la National Gallery jusqu’au 7 juin, a ravivé les tensions entre ce musée d’art ancien, situé à Trafalgar Square, sorte
de Louvre britannique, et la Tate Modern, ancienne centrale électrique
désaffectée transformée, en 1996, en temple de l’art moderne et contemporain. Il était alors décidé que les deux gros musées de Londres devaient
se partager l’art de la manière suivante : avant 1900, pour la National Gallery, après pour la Tate Modern. Suivant cette logique, Picasso aurait dû
revenir à la Tate Modern. Mais Nicholas Penny, le directeur de la National
Gallery, a manifesté à plusieurs reprises son désaccord avec cette coupure
à 1900. Et Picasso déborde largement… Les deux musées affirment être de
nouveau parvenus à un accord, comparable à celui de 1996 mais plus souple, sans pour autant en avoir dévoilé le contenu.p V. Ma.
Musique Michael Jackson en concert à Londres ?
Le chanteur américain Michael Jackson fera une « annonce spéciale », le
5 mars à Londres, lors d’une conférence à l’O2, salle de spectacle de
20 000 personnes. Le roi de la pop devrait annoncer son retour sur scène
cet été à Londres pour une trentaine de concerts. Le chanteur de Thriller
pourrait obtenir un cachet de 1,5 million de livres (1,7 million d’euros) par
concert, ce qui contribuerait à éponger ses dettes. Il s’agirait du premier
vrai retour sur scène depuis son acquittement en 2005 pour attouchements sur un garçon de 13 ans. p – (AFP.)
Piratage La loi création et Internet ne sera pas examinée
avant le 10 mars
Le projet de loi création et Internet, visant à lutter contre le piratage des
musiques et films, sera examiné au mieux à partir du 10 mars à l’Assemblée, après la fin des débats sur le texte santé-hôpital, a-t-on appris, le
3 mars. Christine Albanel, ministre de la culture, a rencontré les députés
du Nouveau Centre pour leur présenter le texte déjà voté en première lecture, fin octobre 2008, par le Sénat. p – (AFP.)
& Vous 23
0123
Jeudi 5 mars 2009
Edifices verts en Suède
Réputée pour son modèle social, la Suède est aussi
une terre pionnière pour les architectes soucieux
d’environnement. Le centre culturel du pays, à Paris,
met en lumière, sous la forme de photos, de conférences, de films, nombre d’édifices déjà réalisés ou
de projets à venir, dans l’exposition « Archi Durable », jusqu’au 19 avril. « Le modèle politique suédois
du folkhemmet, littéralement “foyer du peuple”, fondé dans les années 1930 sur des rapports harmonieux
entre tous les éléments de la société, a fait son chemin », avec l’idée d’une « responsabilité envers les
générations futures, avec une place accordée à la
culture… doublée d’une vision écologique », indique
Marie Kraft, chargée de l’exposition. Ci-contre, en
photo, le projet porté par la société suédoise Sandell
Sandberg, d’un ensemble immobilier édifié autour
de bains publics (Kallbadhus), dans le centre-ville de
Stockholm. Sélectionné en 2007 lors d’un concours,
l’ouvrage, conçu sur l’eau, a suscité une polémique
et pourrait être édifié dans un autre lieu. p P. Sa.
Centre culturel suédois, 11, rue Payenne, 75003 Paris. Du
mardi au dimanche de 12 heures à 18 heures. www.ccs.si.se
PHOTO : SANDELL SANDBERG
Nostalgie hippie dans les montagnes argentines
CHILI
San Marcos Sierras
SUPLEMENTO TURISMO LA VOZ DEL INTERIOR
Buenos
Aires
URUGUAY
OCÉAN
ATLANTIQUE
ARGENTINE
500 km
La renommée du massif date
des débuts du péronisme, lorsque
les syndicats firent construire des
centres de vacances destinés à
leurs adhérents. Rares étaient alors
les visiteurs qui poussaient jusqu’à
San Marcos, réputé pour accueillir
une colonie naturiste depuis les
années 1930.
Quelques adeptes de Krishna
débarquèrentdans le village à lafin
des années 1960. « Ils méditaient à
l’ombre des noyers et se nourrissaient de régimes “désintoxicants”
àbase deraisin », relate Méry, originairede BuenosAires et propriétaire de l’auberge Villa Luz.
Aujourd’hui, à quelques exceptions près, « les hippies des premièresannées sontrepartisdepuislong-
Carnet de route
S’y rendre Vol quotidien direct
Paris-Buenos Aires, à partir de
955 ¤ aller-retour sur Air France ;
vols avec escale à partir de 570 ¤,
hors saison. Vols Buenos AiresCordoba, à partir de 188 ¤ allerretour sur Aerolineas Argentinas.
Des bus, depuis la capitale argentine, permettent aussi un voyage de
nuit jusqu’à Cordoba, en couchette intégrale, pour moins de 50 ¤
aller (www.omnilineas.com.ar).
Par la route De Cordoba, trois
heures de route conduisent à San
Marcos Sierras. Chaque jour, plusieurs bus desservent San Marcos
Sierras au départ de Cruz del Eje,
un bourg accessible de Cordoba.
Se loger Tous types d’hébergement sont disponibles, de l’auberge de jeunesse à l’hôtel. Retenons
l’Hosteria Villa Luz, à 25 ¤ la chambre double, la maison d’hôte
Kailash, qui offre une « thérapie
alternative » permettant de
« retrouver son bien-être grâce à
l’équilibre corps-esprit », et, en
plein centre, l’Hosteria La Merced.
Sites Internet :
www.hosteriavillaluz.com.ar ;
ww.kailashsanmarcos.com.ar ;
www.lamercedhosteria.com.ar
Se renseigner En espagnol :
www.sanmarcossierras.com
Office du tourisme (en saison).
Tél. : 0054-3549-49-61-37.
temps. Ils ont la soixantaine et dirigent des entreprises florissantes à
Buenos Aires… », sourit Marcelo, un
professeur d’histoire de la capitale
qui vient se ressourcer chaque été à
San Marcos.
Mais l’atmosphère est restée.
Sur la place principale, dont les
limites furent tracées en 1806 par
un marquisespagnol, déambulent,
au milieu des chiens errants, des
jeunes gens torse nu, cheveux en
bataille, barbe hirsute, parfois sac
au dos. On les retrouve en fin
d’après-midi au bord du rio, le petit
filet d’eau qui traverse le village.
Les heureux propriétaires d’une
Peugeot 504, d’une Fiat 1 500 ou
d’un autre de ces véhicules apparemment indestructibles partent
quelques kilomètres plus loin sur
les berges du rio Quilpo, au débit
plus rapide, pour se baigner dans
un paysage sauvage.
Chaquegroupe apportesaguitare, éventuellement quelques joints
et une Thermos d’eau chaude pour
alimenter le maté que l’on absorbe
régulièrement en écoutant la rivière qui s’écoule. « C’est le paradis »,
commente Caroline, une Belge de
passage dans le village.
« Les touristes se partagent entre
amateurs de vacances paisibles,
naturistes et adeptes de la méditation, raconte Mery. A San Marcos, il
n’y a ni hypermarché, ni distributeur automatique, ni macadam, et
cela attire les visiteurs. »
« Capitale du miel »
Au soir, la place du village s’anime. Des musiciens tapent sur des
tambours. A la bibliothèque, on
projette un reportage sur la Palestine, suivi d’un débat. Un marché
artisanal s’installe dans un angle,
proposant colliers et bracelets,
tableaux aux couleurs éclatantes,
herbes médicinales et miel du
pays.Car lalocalitése veutla« capitale du miel », un succulent nectar
forcément naturel, depuis que la
municipalité a déclaré le lieu
« zone sans OGM », en 2005. Dans
toutesles échoppes,lemiel,présenté comme un « remède pour de
nombreuses maladies », est vendu
au prix imbattable de 7 pesos
(1,5 euro) les 500 grammes.
Les bijoux fantaisie sont fabriqués par les artisans du pays. Assis
sur un muret, Luque, cheveux
longs et bracelets en tissu aux poi-
Marre des devoirs ? Achetez les solutions sur Internet !
U
n problème de trigonométrie insoluble, un exposé
d’histoire ancienne à
rallonge, ou une obscure dissertation philosophique…
Faismesdevoirs.com, qui devrait
ouvrir officiellement le jeudi
5 mars, le promet : « Si tu n’y arrives pas… Nous sommes là ». Ce
site Internet, toutefois, ne s’occupe pas de savoir s’il s’agit d’aider
un élève en difficulté ou un
authentique fainéant…
Le fondateur, Stéphane
Boukris, reconnaît que le principe de Faismesdevoirs.com est
« choquant », mais la provocation est surtout un bel outil marketing que cet ancien élève d’une
grande école de commerce manipule sans complexe : « S’il y a une
demande, c’est qu’il y a un marché », récite-t-il. Les cancres de
France peuvent se réjouir, mais
encore faut-il qu’ils soient fortunés. Les tarifs varient en fonction
du temps passé sur les copies. La
résolution d’un simple exercice
est facturée 5 euros. Un exposé
complexe comprenant une dizaine de pages et de quoi tenir trente minutes à l’oral coûtera
80 euros. Faismesdevoirs.com
n’a eu aucun problème à trouver
des auteurs. « Nous avons recruté
des étudiants au sein des meilleures écoles : HEC, Essec, Ponts et
chaussées. Nous avons même reçu
des offres de collaborations de la
part de professeurs de l’éducation
nationale », affirme M. Boukris.
Le site s’engage à rendre sa copie
entre 24 et 72 heures après la commande.
Les adolescents n’étant généralement pas dotés d’une carte bancaire, la difficulté a été de mettre
en place des systèmes de paiement susceptibles de drainer
argent de poche et étrennes des
collégiens. Des cartes prépayées
sont disponibles dans plusieurs
boutiques parisiennes (dont des
salles de jeux en réseau), les forfaits de téléphonie mobile peuvent servir de mode de paiement
en utilisant des SMS surtaxés, l’ar-
gent de poche liquide est également bienvenu via les mandats
postaux. Le compte Paypal de
papa et maman peut également
faire l’affaire.
En cas d’usage régulier de ce
nouveau service à la personne, il
est peu probable que les professeurs restent dupes à la vue des
écarts entre les devoirs surveillés
et ceux réalisés à la maison. Toutefois, un joli 20/20, pour terminer l’année lorsque la moyenne
est tangente, pourrait tenter du
monde. Sollicité par Le Monde, le
ministère de l’éducation nationale n’a pas souhaité faire de commentaires. p
Eric Nunès
gnets, martèle une tige en métal
qui se torsade peu à peu. Après
avoirforgéunevingtaine deminuscules spirales, il les assemble et pla-
ce en leur centre un coquillage aux
reflets moirés. Garni d’un pendentif, le bijou rejoindra l’étal où sa
copine vend les productions maison aux touristes.
Lorsque la saison d’été se termine à San Marcos, le couple parcourt
le continent, jusqu’en Bolivie ou au
Pérou, où l’on trouve, raconte
Luque, « des pierres aux formes
étranges ou des morceaux d’ambre
des Caraïbes » qui viendront enrichir leurs créations.
A l’automne, à partir d’avril, le
village retrouve sa tranquillité, et
les pluies subtropicales s’éloignent
pourlaisserla place àun soleil frais.
« Les activités ne manquent pas
pour autant, assure Mery. On pratique les cours de théâtre et de danse
arabe. Les ateliers littéraires rouvrent leurs portes et le soir on admire le ciel étoilé. » p
Olivier Razemon
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90, Champs-Elysées - Paris
Départs province possibles : nous consulter
H
ébergement végétarien ».
Les lettres, peintes sur le
mur, resplendissent au
soleil sur la place du village de San
Marcos Sierras, dans la province de
Cordoba, en Argentine. Végétarien ? Etrange, dans un pays où
ceux qui ne mangent pas de viande
ont plutôt mauvaise presse et où
l’asado (le barbecue) demeure le
symbole des réjouissances familiales et amicales.
A San Marcos, certes, on dévore
aussi à pleines dents la carne, la
viande de bœuf, dès que l’occasion
se présente. Mais, ici, personne ne
demandera au végétarien de justifier ses pratiques alimentaires. Car
San Marcos Sierras fut un village
hippie, le premier d’Amérique latine, dit-on, cultivant toujours ses
valeurs alternatives.
La petite localité, construite
autour de quelques rues en terre
battue qui se croisent à angle droit,
est située au cœur des montagnes
de Cordoba, un massif culminant à
2 000 mètres d’altitude. Tout au
long de l’été austral, de novembre à
mars, lorsque les températures
sont insupportables en ville, la
région, irriguée par de petites rivières,constitueunedestinationprivilégiée du tourisme argentin.
San Marcos Sierras, construit
autour de quelques rues en
terre battue, est situé au
cœur des montagnes à trois
heures de route de Cordoba.
BOLIVIE
BRÉSIL
PAR AGUAY
Lic : 075 04 0001 * Prix /personne à ce jour, sous réserve de disponibilités, valable au mois d’Avril. Toutes taxes, redevances et frais dossier inclus
San Marcos Sierras
(Argentine)
Envoyé spécial
OCÉAN PACIFIQUE
San Marcos Sierras, dans la province de Cordoba, fut un rendez-vous de pionniers naturistes, puis baba cool. Le village entretient cette tradition
24 Disparitions
0123
Jeudi 5 mars 2009
Pionnier du rein artificiel
Président de
la Guinée-Bissau
Willem Kolff
C
’est un inventeur médical
hors de pair, sans cesse attelé
à de nouveaux projets, qui
vient de disparaître en la personne de « Pim » (diminutif
de Willem) Johan Kolff. Formé à la médecine interne, ce touche-à-tout a mis au point le premier rein
artificiel, puis a travaillé au premier cœur
artificiel, sans compter des recherches
sur un œil, une oreille ou encore un bras
artificiels.
Il était né en 1911 aux Pays-Bas. Médecin,son père, Jakob Kolff, dirigeait un sanatorium, à une époque où il n’y avait pas
encore d’antibiotiques pour soigner la
tuberculose. « Quand j’étais très jeune, je
ne voulais pas devenir médecin parce que
je ne voulais pas voir mourir les gens,
confiait-il. C’est intéressant que, plus tard
dans ma vie, l’objectif principal de toutes
ces machines que j’ai faites soit d’empêcher les gens de mourir. Mais je tiens à dire
que je ne veux pas prolonger la vie quand
elle n’est plus faite que de misères. Je veux
la prolonger lorsque c’est une vie dont on
peut profiter. »
Willem Kolff reconnaissait qu’il n’avait
pas été un très bon élève. Comme beaucoup de gens de sa famille, il était dyslexique. « Je lis lentement, mais je connais parfaitement bien la littérature sur les reins et
les cœurs artificiels », s’amusait-il. Il termine ses études de médecine à l’université
de Leyde, en 1938.
L’un de ses professeurs, Polak Daniels,
l’impressionnait : contrairement aux
autres enseignants, qui privilégiaient leurs
propres centres d’intérêt, il encourageait
ses élèves à travailler sur les sujets qui les
passionnaient. Plus tard, il mettra à profit
cette leçon. Willem Kolff obtint son doctorat en 1946 à l’université de Groningue.
Il avait passé une bonne partie de la
secondeguerre mondiale dans la petite ville de Kampen, où il organisa la première
banque du sang en Europe. A l’hôpital universitaire de Groningue, il avait vécu difficilement le décès, « dans des conditions
misérables », d’un jeune homme de 22 ans
des suites d’une insuffisance rénale aiguë.
De là date son idée d’épurer le sang de ses
substances toxiques, fonction que le rein
ne peut plus accomplir. Lorsqu’il fait part
à l’un des responsables de son service de
son idée de mettre au point un rein artificiel, celui-ci entre dans une fureur noire et
lui rappelle qu’il n’a qu’à faire ce qu’on lui
dit. A l’époque, l’insuffisance rénale aiguë
est mortelle, à de rares exceptions près.
Willem Kolff est tenace ; il bricole un
dispositif rotatif où le sang, fluidifié par
Joao Bernardo
Vieira
L
a mort de Joao Bernardo Vieira, le
président de la Guinée-Bissau, assassiné à l’aube du lundi 2 mars à son
domicile de Bissau par des militaires, aura
été à l’image de sa vie, rythmée par les
coups d’Etat. Il est le trentième chef d’Etat
ou de gouvernement africain assassiné
depuis les indépendances.
Son assassinat résulte probablement
d’une vengeance liée à l’attentat qui, la
veille, avait tué le chef d’état-major de l’ar-
14 février 1911 Naissance à Leyde
(Pays-Bas)
1943 Traite un premier patient avec
le rein artificiel qu’il a développé
1950 Emigre aux Etats-Unis
1957 Travaille sur un projet de cœur
artificiel
1982 Participe aux travaux conduisant
à la pose du premier cœur artificiel
11 février 2009 Mort à Newton Square
(Pennsylvanie)
27 avril 1939 Naissance à Bissau
1980 Prend le pouvoir par les armes
1999 Renversé par un putsch, il s’exile
2005 Elu à la présidentielle
2 mars 2009 Assassiné à Bissau
de l’héparine, est filtré par de la cellophane servant à la fabrication des saucisses,
plongée dans de l’eau salée. Il fait fabriquer les premiers appareils, en grande partie sur ses propres deniers.
« L’idée de filtrer le sang avait déjà été
testée, mais rapidement abandonnée, une
vingtaine d’années auparavant, raconte le
néphrologue Claude Jacobs, qui a connu
Willem Kolff. L’état d’esprit de Kolff était :
s’il y a un problème, il faut trouver comment le résoudre. » Des quinze premiers
malades traités à Kampen, un seul survit
en 1945. Ironie du sort, il s’agit d’une femme, Sofia Schafstadt, qui avait collaboré
avec les nazis, à l’époque où son sauveur
prenait des risques de plus en plus grands
vis-à-vis de l’occupant.
Prix Lasker en 2002
« Les caciques académiques ont très mal
accueilli l’innovation de Kolff. Certains
sont allés jusqu’à écrire qu’il n’y avait pas
besoin d’un rein artificiel », rappelle le docteur Jacobs. Willem Kolff laisse dire. Plus
d’un demi-siècle plus tard, en septembre 2002, il sera honoré d’un prix Lasker
en recherche médicale clinique pour ses
travaux sur le rein artificiel.
En 1950, il émigre aux Etats-Unis avec
son épouse Janke et leurs cinq enfants. Il a
obtenu un poste à la Cleveland Clinic, à la
fois dans le service de recherche et dans
celui de chirurgie. A partir de 1957, il entreprend de mettre au point un cœur artificiel et développe des recherches sur
d’autres organes. Il poursuivra ces travaux
à l’université de l’Utah à Salt Lake City,
qu’il rejoint en 1967, comme directeur du
département des organes artificiels et de
l’institut d’ingénierie biomédicale.
L’un de ses principaux collaborateurs
de la Cleveland Clinic, Tetsuzo Akutsu, l’a
suivi à Salt Lake City. Ensemble, ils multiplient les projets. Parmi ceux qui rejoignent l’équipe figure, en 1971, un chirurgien cardiaque, Robert Jarvik. Bien qu’il
MAARTEN HARTMAN/HOLLANDSE HOOGTE/REA
s’agisse d’un travail collectif, c’est le nom
de ce dernier qui restera attaché au prototype de cœur artificiel qui est, pour la première fois au monde, implanté, le
1er décembre 1982, dans la poitrine d’un
dentiste âgé de 61 ans, Barney Clark, qui ne
survit que cent douze jours. « Même si cela
n’a pas été un grand succès clinique, Kolff
avait compris que ce que son équipe avait
accompli était la première démonstration
quel’on pouvait prendreen charge une partie du flux sanguin lorsque le cœur est
défaillant, commente le professeur Alain
Carpentier, chirurgien cardiaque impliqué dans la mise au point d’un cœur artificiel implantable. L’ère de l’assistance ventriculaire pour permettre de passer un cap
en attendant la transplantation cardiaque
était ouverte. »
Auteur de plus de 600 publications
scientifiques, « Pim » Kolff jouissait d’un
grand prestige dans la communauté des
chercheurs. « Il avait une idée à la minute.
Il était extrêmement exigeant à l’égard de
ses collaborateurs, mais savait se montrer
extrêmement affable, souligne le docteur
Jacobs. Il était la preuve que les méthodes
révolutionnaires sont souvent critiquées
par les gens établis. » A de nombreuses
reprises, il prit publiquement position
contre la politique de l’administration
américaine, notamment contre la guerre
au Vietnam, contre l’ampleur des dépenses militaires au regard de l’insuffisance
des budgets sociaux, ou encore pour
défendre le droit à l’avortement.
Même après sa retraite officielle, en
1983, Willem Kolff continua des recherches. « Il n’est pas nécessairement vrai que
l’on cesse d’être inventif lorsque l’on
vieillit », affirmait-il. p
Paul Benkimoun
Résistant communiste, ancien des Bataillons de la jeunesse
Gilbert Brustlein
I
l était l’un des derniers survivants
d’une génération de militants communistes qui avaient 20 ans en
1940 et s’étaient engagés de toutes
leurs forces – souvent en y laissant
la vie – dans la résistance armée
contre l’occupation allemande. Gilbert
Brustlein est mort, mercredi 25 février, à
Braine (Aisne). Il avait 89 ans.
Né le 20 mars 1919, orphelin de père à
l’âge de six mois, le jeune homme est élevé
par sa mère tapissière dans le quartier de
la Bastille, au cœur d’un Paris populaire
Nommé responsable du groupe de l’Est
parisien,Gilbert Brustlein est l’un des deux
militants à qui Pierre Georges donne rendez-vous le 21 août 1941 à la station BarbèsRochechouart pour venger la mort de
deux camarades, fusillés l’avant-veille par
les Allemands. Vers 8 heures, les trois jeunes gens repèrent un officier de la Kriegsmarine (la marine de guerre allemande)
qui s’apprête à monter dans le métro. Pierre Georges tire deux coups de feu, Alfons
Moser s’effondre, les Bataillons de la jeunesse entrent dans l’Histoire.
20 mars 1919 Naissance à Paris
1941-1942 Membre des Bataillons
de la jeunesse
25 février 2009 Mort à Braine (Aisne)
auquel il restera attaché toute sa vie.
Après guerre, il fera d’ailleurs une grande
partie de sa carrière comme chef comptable chez un fabricant de meubles du faubourg Saint-Antoine.
C’est à l’été 1941 qu’il s’engage dans la
lutte armée. A cette date, l’Allemagne
vient d’entrer en guerre contre l’URSS et la
direction du Parti communiste français
(PCF) fait le choix de la résistance. Des
« Bataillons de la jeunesse » sont consti-
FRANCK PERRY/AFP
tués. Il y a là des étudiants, des lycéens et
beaucoup d’ouvriers. A leur tête, deux fortes personnalités, jeunes mais déjà aguerries. Le chef, Albert Ouzoulias, a 26 ans et
déjà presque dix ans de militantisme derrière lui. Son adjoint a 22 ans et a combattu
en Espagne dans lesBrigades internationales : il s’appelle Pierre Georges mais restera
célèbre sous le nom de « colonel Fabien ».
Sanglantes représailles
Sabotages, attaques de camions militaires, explosions de bombes dans des hôtels
ou des restaurants : pendant plus de six
mois, les Allemandsseront harcelés par ces
quelquesdizainesdejeunes militantscommunistes. Le 20 octobre 1941, Gilbert Brustlein, assisté de Marcel Bourdarias, 17 ans, et
Spartaco Guisco, 20 ans, tue Karl Hotz, le
chef de la Kommandantur de Nantes. Les
représailles sont sanglantes : le surlendemain, cinq otages sont exécutés au mont
Valérien, près de Paris, seize à Nantes et
vingt-sept dans la ville voisine de Châteaubriant. Parmi eux, l’ancien député
Charles Michels, le syndicaliste Jean-Pierre
Timbaud et le jeune Guy Môquet.
Traqués par les brigades spéciales de la
préfecture de police de Paris, les Bataillons
de la jeunesse sont décimés dès le début de
1942. Pour l’exemple, les Allemands montent deux procès à grand spectacle, l’un au
Palais-Bourbon, en mars 1942, l’autre à la
Maison de la chimie le mois suivant. Plus
de trente jeunes gens sont exécutés.
Gilbert Brustlein, qui se sait en danger,
décide quant à lui de quitter la France. Il
finira par rejoindre l’Afrique du Nord
après avoir transité par l’Espagne – où il fut
détenu dans le camp de Miranda –, Gibraltar et Londres. Restée à Paris, sa mère sera
arrêtée puis déportée à Auschwitz. Elle y
meurt début 1943.
Discret mais répondant volontiers aux
questions des historiens, l’ancien militant
communiste – il quitta le parti en 1952 – fit
une sortie retentissante le 20 octobre 1991,
à l’occasion du cinquantième anniversaire
de la fusillade de Châteaubriant. Ce jour-là,
Gilbert Brustlein s’en prit publiquement à
Georges Marchais devant une foule de
15 000 personnes. « C’est une ordure. Il a
lancé des bombes contre nous », cria-t-il
pendant la sonnerie aux morts, en faisant
allusion au passé du secrétaire général du
PCF, qui avait travaillé chez l’avionneur
allemand Messerschmitt pendant la
guerre. Le service d’ordre l’éconduisit surle-champ. p
Thomas Wieder
mée, et dont des militaires ont attribué la
responsabilité au président.
Né le 27 avril 1939 dans la capitale de la
Guinée portugaise, le futur chef de l’Etat
reçoit une formation d’électricien. Il a
adhéré jeune au Parti pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC)
d’Amilcar Cabral, futur parti unique. Actif
dans la guérilla contre les Portugais dans
lesannées 1960, qui débouchera sur l’indépendance de 1974, il y gagne ses galons et
son nom de guerre, « Nino ».
Le général de division Vieira est « commissaire principal » (premier ministre)
du gouvernement lorsqu’il prend le pouvoir par les armes en 1980. Le putsch renverse le premier président du pays, Luis
Cabral, demi-frère d’Amilcar Cabral.
Vingt-neuf années plus tard, le président Vieira vient de périr par les armes,
après un total de vingt-trois années à la
tête de ce petit pays pauvre et corrompu,
aujourd’hui considéré comme une plaque
tournante du trafic de la cocaïne colombienne vers l’Europe.
Entre-temps, son parcours, scandé par
lescoupsd’Etatetlesélections,aurasymboliséla marche difficile ou improbable,selon
lespays,del’Afriqueversladémocratie.Réélu à deux reprises dans les années 1990,
alors que le multipartisme s’impose dans le
pays, l’ex-putschiste Vieira est renversé en
1999 après onze mois de guerre civile qui
s’achèvent par son exclusion du PAIGC et
son exil au Portugal puis en France.
KumbaYala, le leader del’ethnie majoritaire des Balante, succède alors au pouvoir
à « Nino » Vieira, qui est issu de la minorité papel. En 2003, un nouveau coup d’Etat
sanctionne la gestion calamiteuse de son
successeur. L’insubmersible « Nino »
attend encore deux ans pour se poser en
hélicoptère sur un stade de Bissau et participer en tant que candidat « indépendant » à l’élection présidentielle de 2005,
qu’il remporte au second tour. Soutenu
par la France, le lusophone Joao Bernardo
Vieira rejoint la zone du franc CFA.
Mais, isolé de la population, soupçonné
d’être mêlé au trafic de cocaïne, l’ancien
guérillero est contesté par l’armée. Les
avertissements se multiplient. Après sa
défaite aux législatives de novembre 2008, un groupe de soldats avait déjà
tenté de l’éliminer, en vain. p
Philippe Bernard
Claudie Pierlot
A la tête de la maison de mode du même
nom, qu’elle avait fondée en 1984,
Claudie Pierlot est morte à Paris d’une longue maladie, mercredi 25 février.
Née le 29 novembre 1947, originaire de
Troyes, Claudie Pierlot a évolué depuis
son enfance dans la bonneterie. Après une
école de style et de modélisme, elle
devient l’assistante de Jacqueline Jacobson chez Dorothée Bis, avant de parcourir
le monde en tant que styliste du secteur
junior du Printemps. Elle a également travaillé dans le bureau de style Mafia, avant
de créer sa propre société et de développer
des collections simples et élégantes destinées aux jeunes femmes.
Souvent inspirée par les rayures et les
vêtements des marins, elle a créé une marque attachante, qui a rapidement connu
un succès international. Le 6 février, se
sachant malade, Claudie Pierlot avait vendu sa société aux actionnaires de Sandro
et Maje pour garantir la pérennité de sa
marque. p
Carnet 25
0123
Jeudi 5 mars 2009
Paris.
0123
Le Carnet
cette semaine
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Mercredi 4 mars daté jeudi 5 mars
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de décès, Souvenirs : 24 g TTC
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Un justificatif d’identité sera demandé.
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AU CARNET DU «MONDE»
Anniversaires de naissance
Bon anniversaire
Je suis aussi morgan de toi!
Que ce message te donne de l’élan dans
tes projets!
Bisous doux,
Pour tes cinquante + un mois,
Joyeux anniversaire,
Pascal.
Laurence et le CLAN OP.
Mariages
Philippe et Pascale GALLIARD,
Maurice et Eliane MINIER,
sont heureux de faire part du mariage
de leurs enfants,
L’inhumation aura lieu le même jour,
à 16 h 30, au cimetière de l’Est, à
Montluçon, place Troubat le Houx.
Antoine, Edouard et Charles Benoit,
ses fils,
et leur mère, Laurence Benoit-Hontarrede,
Mme Pierre Benoit,
sa mère,
Marc Benoit, Catherine Escaillas, Anne
Benoit,
ses frère et sœurs
ainsi que leurs enfants
Et la famille
ont la tristesse de faire part du décès de
Robert BENOIT,
survenu à Paris, le 28 février 2009,
dans sa cinquante-cinquième année.
L’inhumation aura lieu le même jour,
à 17 heures, au cimetière du Montparnasse,
3, boulevard Edgar-Quinet, Paris 14e.
Cécile Cury et Annie Vinokur,
ses belles-sœurs,
Armance, Olivier, Emmanuel et Nadia,
Jérôme, Agathe,
ses neveux et nièces,
Clara et Nicolas, Eléonore, Francesco,
Gabriel, Jean-Baptiste, Nicolas,
ses petits-neveux et petites-nièces,
Raphaël et Amélie,
ses arrière-petits-neveu et nièce,
née BRUN,
Décès
La sélection de la rédaction
La cérémonie religieuse sera célébrée
le jeudi 5 mars, à 9 h 45, en l’église SaintChristophe de Créteil, place de l’Église.
Mme Margaret CURY MURCY,
à Grenoble, le 14 février 2009.
0123 du Jazz
survenu le 1er mars 2009,
à l’âge de soixante-douze ans.
ont la douleur de faire part du décès de
Camille et Vincent,
Les Contes drolatiques
neuropsychiatre,
Michel Cury,
son époux,
TOME 8 - ART ET LITTÉRATURE
Volume 2, dès le jeudi 5 mars
------------------------------------
docteur Jean-Charles BELLOT,
5, rue Jean-du-Bellay,
75004 Paris.
Béa.
TOME 26 - BALZAC
ont la douleur de faire part du décès du
La cérémonie religieuse sera célébrée le
jeudi 5 mars, à 15 h 30, en l’église SaintLouis-en-l’île, 19 bis, rue Saint-Louis-enl’île, Paris 4e.
Eric!
Dès le mardi 3 mars
------------------------------------
Chantal Bellot Deries,
son épouse,
Catherine et Laurence,
ses filles,
Jean et Christophe,
ses gendres,
Juliette, Lola et Marie,
ses petites-filles,
Marguerite et André Jauneau,
sa tante, son oncle
et leurs enfants
Ainsi que ses beaux-enfants
et leurs enfants,
me
Le docteur et M Jacques Boyer,
ses parents,
M. et Mme André Boyer,
ses grands-parents,
Perrine et Nicolas Desbos,
sa sœur et son beau-frère,
Thomas Boyer,
son frère,
Les familles Boyer, Domeyne,
Duvergey
Et tous ses amis et proches,
ont la douleur de faire part du décès de
Ivan BOYER,
diplômé d’HEC et de Sciences-Po Paris,
survenu à l’âge de vingt-six ans.
Les obsèques auront lieu en la
cathédrale de Vienne (Isère), le vendredi
6 mars 2009, à 10 heures.
survenu le 28 février 2009.
Les obsèques auront lieu le samedi
7 mars, à 11 h 20, au crématorium du
cimetière du Père-Lachaise, 71, rue des
Rondeaux, Paris 20e.
Cet avis tient lieu de faire-part.
Pompertuzat.
M. Régis Hébraud,
son époux,
Anne, Emmanuelle, Jean-Baptiste,
ses enfants,
Sa mère,
Son frère et ses sœurs,
Parents et amis,
ont la douleur de faire part du décès de
me
M Raymonde
HÉBRAUD-CARASCO.
Jean Shelton Jaffray,
son épouse,
Marc et Benjamin,
ses fils,
Et Priska Faustin,
Joëlle et Gérard
sa sœur et son beau-frère,
Alain et Françoise,
Patrick et Randa,
ses frères et belles-sœurs
Ainsi que sa belle-famille américaine
Stuart Shelton,
Terry et Arthur Rosenberg,
Alvin et Becky Shelton
ont l’immense douleur de faire part du
décès de
Jean-Yves JAFFRAY,
survenu à Paris, le 26 février 2009.
Ses obsèques auront lieu le 6 mars,
à 14 heures, au cimetière parisien d’Ivry.
Ses amis se réuniront au 4, rue Froidevaux,
Paris 14e, après la cérémonie.
La rectitude, la générosité, l’amour,
et le courage incarnés, Jean-Yves Jaffray
laissera le souvenir d’un être
exceptionnel.
Ses proches, ses amis sont infiniment
plus riche de l’avoir connu.
Le Groupe parisien de théorie
de la décision
a la tristesse de faire part de la disparition
de son fondateur,
Jean-Yves JAFFRAY,
le 26 février 2009.
Jean-Yves Jaffray, ami chaleureux et
scientifique profond, restera un modèle et
une source d’inspiration.
Les membres du Groupe partagent le
chagrin de son épouse, Jeanie et de ses
enfants, Marc et Benjamin.
Les membres du Laboratoire
d’informatique de l’université Pierre
et Marie Curie
ont la tristesse de faire part de la disparition
du
professeur Jean-Yves JAFFRAY,
le 26 février 2009.
Jean-Yves Jaffray restera dans la
mémoire de ses collègues et de ses
étudiants comme un enseignant et un
chercheur passionné.
Ses collègues partagent le chagrin
de son épouse et de ses enfants.
Pierre-Yves Hénin,
président de l’université Paris I PanthéonSorbonne,
Frédérique Matonti,
directrice de l’UFR de science politique,
Isabelle Sommier,
directrice du Centre de recherches
politiques de la Sorbonne (CRPS),
Daniel Gaxie,
directeur de l’École doctorale
de science politique
Le personnel administratif
et les enseignants-chercheurs en
science politique de l’université
Paris I Panthéon-Sorbonne
Et tous ceux qui ont eu un jour
la chance de suivre ses enseignements
s’associent à la douleur de la famille de
Jacques LAGROYE,
professeur émérite de science politique,
fondateur du CRPS,
mort le 1er mars 2009.
Mme Jean Le Mounier,
son épouse,
Marine et Erwan, Mélodie, Gaëlle et
Jean-Baptiste, Jean-Baptiste, Maxime,
Tanguy et Valérie, Marie, Morvan
et Clémence,
ses petits-enfants,
Tudy, Malo et Marin, Bianca
et Graham, Ninon,
ses arrière-petits-enfants,
Et toute la famille,
votre magasin
www.lemonde.fr/kiosque
K Le Carnet du Monde
Tél. : 01-57-28-28-28
Professionnels
K Service des ventes
Tél. : 0-805-05-01-46
La cérémonie religieuse sera célébrée le
vendredi 6 mars, à 10 h 30, en l’église
Saint-Pierre de Montrouge, 82, avenue du
Général Leclerc, Paris 14e.
L’incinération aura lieu le même jour
à 14 h 45, au crématorium du cimetière
du Père-Lachaise, Paris 20e.
Ni fleurs ni couronnes.
ont la tristesse de faire part du décès de
Jean-Christophe
LE MOUNIER,
ingénieur général
des Ponts et Chaussées honoraire,
chevalier de la Légion d’honneur,
officier de l’ordre national du Mérite,
chevalier des Palmes académiques,
survenu en son domicile, le 2 mars 2009,
dans sa quatre-vingt-douzième année.
Des dons peuvent être adressés
à l’Association pour le don d’organes
et de tissus humains (ADOT), BP 35,
75462 Paris Cédex 10.
Nathalie Van Landeghem,
4, rue Dareau,
75014 Paris.
La famille
nous prie de faire part du décès de
Une bénédiction sera donnée le vendredi
6 mars, à 16 heures, en l’église Saint-Léon,
place du Cardinal Amette, Paris 15e.
L’inhumation aura lieu le samedi
7 mars, à Hillion (Côtes-d’Armor).
Ni fleurs ni couronnes.
106, boulevard de Grenelle,
75015 Paris.
Françoise Miermont,
son épouse,
Sœur Anne,
sa sœur,
Eric Miermont et Joanne Danquigny,
Gilles Miermont et Caroline LaurentMiermont,
ses enfants,
Samuel, Lucie, Nathan, Ellen
et Salomé Miermont,
ses petits-enfants
Ainsi que sa famille
Et ses amis,
ont la douleur de faire part du décès de
Jacques Philippe MIERMONT,
survenu le 28 février 2009,
dans sa soixante-sixième année.
M. Ludovic PLAQUEVENT,
chevalier des Palmes académiques,
chevalier des Arts et des Lettres,
survenu le 27 février 2009, à l’âge
de soixante-dix-huit ans, muni des
sacrements de l’Église.
La cérémonie religieuse sera célébrée
le vendredi 6 mars, à 10 heures, en l’église
Saint-Honoré d’Eylau, 66 bis, avenue
Raymond Poincaré, à Paris 16e.
Cet avis tient lieu de faire-part.
18, rue Duret,
75116 Paris.
Remerciements
Pierre Surbled,
Ses enfants et petits-enfants,
très touchés des marques de sympathie que
vous leur avez témoignées, lors du décès,
du
docteur Alberte SURBLED
vous adressent leurs sincères
remerciements.
Anniversaires de décès
Les obsèques auront lieu en l’église
de Le Gallet, le samedi 7 mars, à 10 h 30.
Serge BOURGEADE,
13 août 1925 - 5 mars 1999.
7, rue du Pressoir,
60360 Le Gallet.
Un an aujourd’hui que
Chantal Barat,
sa compagne,
Marianne Philippe,
Michel Philippe et Sandrine Caulet,
ses enfants,
Vanessa, Valérian,
Laudine et Emmanuelle,
ses petits-enfants,
Sa famille et ses amis,
ont la tristesse de faire part du décès de
Jean-Jacques PHILIPPE,
ancien élève de l’ENA,
administrateur civil,
ancien sous-directeur
au ministère des Finances,
ancien conservateur
des hypothèques du cinéma,
officier de la Légion d’honneur,
survenu le 3 mars 2009.
Bernard PENNACCHIONI
nous a quittés.
Il nous manque tant !
Sa famille et ses amis.
Conférences
Le Service protestant de mission
et la Faculté de Théologie protestante
de Paris organisent cinq conférences sur :
« Identités et dynamismes
des protestantismes africains »,
les 7, 14, 21, 28 mars et 4 avril 2009,
de 10 heures à 13 heures,
83, boulevard Arago, Paris 14e.
Tél. : 01 43 31 61 64.
www.defap.fr
Communications diverses
Les obsèques auront lieu le vendredi
6 mars, à 14 heures, au crématorium
du Val-de-Bièvre, 8, rue du Ricardo,
94110 Arcueil.
Ni fleurs ni couronnes.
Chantal Barat,
19, rue Charles Fourier,
75013 Paris.
Le Carnet
Institut universitaire d’études juives
Elie Wiesel. Prix Haim Zafrani 2009. Liste
des prix : 1. Prix décerné à une œuvre
littéraire, scientifique ou artistique.
2. Prix couronnant une thèse. 3. Allocation
recherche doctorale. 4. Allocation
recherche Master 2. Dossiers de
candidature sur www.iuej.net
IUEJ, 119, rue La Fayette, Paris 10e.
Tél. : 01 53 20 52 61.
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Une rubrique dédiée
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N°
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26 Météo&Jeux
< -10°
- 5 à 0°
-10 à -5°
0 à 5°
Ecrans
5 à 10°
10 à 15°
A
Jeudi 5 mars 2009
Régime de giboulées à l’ouest
50 km/h
65 km/h
995
0 7
Châlonsen-champagne
Rouen
0 7
Brest
-1 8
7
1
Metz
10
5
2 06
1
8
0
7
Limoges
1 5
5
Lyon
4 8
Montpellier
3
4 10
7
7 12
4 11
70 km/h
5 11
Ajaccio
9 12
Lever 11h34
Coucher 03h58
Lever 07h23
Coucher 18h39
Vendredi
3
Alors que la perturbation de la veille
stationnera sur la façade est du pays
avec de faibles pluies, un régime
d'averses s'imposera de la
Normandie et de la Bretagne aux
Pyrénées. Les précipitations seront
plus fréquentes et continues vers
l'ouest de la chaîne pyrénéenne. Il
neigera à basse voire très basse
altitude dans toutes ces régions.
Front froid
Occlusion
Thalweg
2 7
8
2 8
2 11
2
2
5
6
3 11
2
5
2 9
5 12
Amsterdam
Athènes
Barcelone
Belgrade
Berlin
Berne
Bruxelles
Budapest
Bucarest
Copenhague
Dublin
Edimbourg
Helsinki
Istanbul
Kiev
La Valette
Lisbonne
Ljubljana
Londres
Luxembourg
Madrid
Moscou
Nicosie
Oslo
Prague
Reykjavik
très nuageux
averses modérées
couvert
forte pluie
averses éparses
pluie et neige
très nuageux
pluvieux
pluvieux
pluie éparse
averses éparses
très nuageux
très nuageux
très nuageux
éclaircies
éclaircies
averses éparses
forte pluie
éclaircies
pluie et neige
faible pluie
très nuageux
éclaircies
neigeux
averses modérées
faible neige
Jours suivants
Samedi
Dimanche Lundi
Nord-Ouest
4
11
7
13
7
11
Ile-de-France
4
10
4
11
7
10
2
7
3
9
5
9
Sud-Ouest
5
12
7
15
7
14
Sud-Est
5
12
6
15
6
16
Nord-Est
Ankara
100
5
Tripoli
Tripoli
Jérusalem
Le Caire
Tok y o
PA RI S
AU DÉ PA RT DE
air france.fr
2
14
8
8
6
1
2
6
5
4
1
-3
-1
5
-5
12
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7
3
1
3
-4
11
1
2
-4
9
18
13
14
10
2
8
8
10
7
8
6
0
19
4
15
14
6
7
4
7
1
19
2
7
-2
Riga
Rome
Sofia
Stockholm
Tallin
Tirana
Varsovie
Vienne
Vilnius
Zagreb
éclaircies
pluvieux
faible pluie
éclaircies
éclaircies
forte pluie
pluie et neige
pluvieux
éclaircies
forte pluie
Dans le monde
Alger
pluvieux
Amman
éclaircies
Bangkok
ensoleillé
Beyrouth
éclaircies
Brasilia
ensoleillé
Buenos Aires averses modérées
Dakar
beau temps
Djakarta
très nuageux
Dubai
beau temps
Hongkong forte pluie
Jérusalem éclaircies
Kinshasa
averses éparses
Le Caire
éclaircies
Mexico
beau temps
Montréal
beau temps
Nairobi
beau temps
0
14
6
0
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12
0
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10
24
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18
25
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8
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-17
13
15
22
36
21
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25
25
30
26
26
22
33
29
20
-5
29
New Delhi
New York
Pékin
Pretoria
Rabat
Rio de Janeiro
Séoul
Singapour
Sydney
Téhéran
Tokyo
Tunis
Washington
Wellington
beau temps
ensoleillé
beau temps
beau temps
averses éparses
éclaircies
averses de neige
averses éparses
beau temps
éclaircies
averses modérées
pluie éparse
ensoleillé
fortes averses
21 32
-11 2
-4 6
9 21
13 15
22 34
-6 8
25 32
15 23
1 9
6 10
12 15
-6 7
16 19
Cayenne
Fort-de-Fr.
Nouméa
Papeete
Pte-à-Pitre
St-Denis
averses éparses
éclaircies
ensoleillé
averses éparses
beau temps
averses éparses
24
23
21
24
21
24
Outremer
28
27
28
30
27
30
Météorologue en direct
au 0899 700 703
1,34 € l’appel + 0,34 € la minute
7 jours/7 de 6h30-18h
27
V O LS
PA R
SE M A IN E
Sudoku no 09-055
Solution du n˚09-054
Volontaires Série. Avec Véronique Genest,
Jennifer Lauret, Guillaume Gabriel (Fr., 2008) d.
22.20 Volte-face a
Film John Woo. Avec John Travolta, Nicolas
Cage, Joan Allen (EU, 1997, 145 min) 2 d.
FRANCE 2
FRANCE 2
20.35 La Cour des grands.
20.35 Envoyé spécial.
Enzo et Simon. Lucas Série (S2, 3 et 4/6) d.
22.30 Ça se discute.
Kidnappés, séquestrés : ils racontent
l’enfermement Magazine d.
0.40 Journal, Météo.
1.00 Des mots de minuit (90 min).
Magazine. Au sommaire : Les Cosmétiques bio,
le bonheur est-il dans le pot ? ; Bébés made in
India ; Minimum vieillesse d.
22.45 Infrarouge.
Nos années. Années 70 : Les insouciantes d.
23.50 L’Actrice et le Danseur. Documentaire.
0.20 Le Chanteur baroque et l’Ecuyère d.
0.50 Journal, Météo (15 min).
FRANCE 3
20.45 Football.
Coupe de France (huitièmes de finale) : Lille - Lyon.
22.40 Soir 3.
23.10 Ce soir (ou jamais !)
La Crise sociale en Outre-Mer Invités : Yves Jégo,
Marie-José Alie, Daniel Maximin... (70 min).
CANAL +
FRANCE 3
20.35 Louis la Brocante.
Louis et la chorale Série. Avec Victor Lanoux,
Annik Alane, Michel Vuillermoz (Fr., 2004) d.
22.10 et 23.00 Ce soir (ou jamais !).
Magazine présenté par Frédéric Taddeï d.
22.30 et 2.00 Soir 3.
0.10 Des racines et des ailes (165 min).
20.45 Hairspray
Film Adam Shankman. Avec Nicole Blonsky,
John Travolta (EU, 2007) d.
22.40 Emergences.
Storytelling, la machine à raconter des histoires 0.
23.30 Cœurs perdus
Film Todd Robinson. Avec John Travolta, James
Gandolfini (EU - All., 2006, v.o., 105 min) 2 d.
ARTE
20.45 Les Mercredis de l’Histoire.
Le Fascisme italien en couleurs [1 et 2/2].
La Conquête du pouvoir. Mussolini au pouvoir d.
22.25 Zoom Europa. Magazine.
23.10 Le Coq décapité a
Film Radu Gabrea. Avec David Zimmerschied,
Alicja Bachleda-Curus (Roum. - Autr., 2007, v.o.) d.
0.45 Arte culture. Magazine (15 min).
CANAL +
20.45 Dexter.
L’Appel du large. Vouloir, c’est pouvoir Série
(S3, 5-6/12, inédit). Avec Michael C. Hall 2.
22.25 The Shield.
Délit de fuite Série (S7, 10/13, 2008) 2.
23.10 Poker. World Poker Tour (95 min) d.
ARTE
20.45 Les Virtuoses a a
Film Mark Herman. Avec Pete Postlethwaite,
Tara Fitzgerald, Ewan McGregor (GB, 1996) d.
22.25 Explorer les « Zones humides ».
Charlotte Roche et ses lecteurs. Documentaire.
23.20 Au cœur de la nuit. Documentaire.
0.15 Arte culture. Magazine (15 min).
M6
20.40 66 minutes.
20.40 Double Zéro
Alimentation : quand les Français se serrent
la ceinture ! Présenté par Aïda Touihri d.
22.50 Enquête exclusive.
Magazine. Policiers : la dure loi du terrain ; Jeunes
de cités : entre espoir et révolte (175 min) d.
Film Gérard Pirès. Avec Eric Judor, Ramzy Bedia,
Edouard Baer, François Chattot (Fr., 2004) d.
22.20 Wallander : Jeu de piste.
Téléfilm. Peter Flinth. Avec Krister Henriksson.
[6/13] (Suède, 2005, 110 min) 2 d.
3
4
5
6
7
Mercredi 4 mars
FRANCE CULTURE
Retrouvez nos grilles sur www.lemonde.fr
2
Miroir, miroir. En mission spéciale ; De pièces en
pièces Série (S4, 5-6/16, inédit ; S3, 12/24) 0 d.
23.15 Life.
Enfin libre. Mariage sans lendemain 0 Série
(S1, 1 et 2/11). Avec Damian Lewis (105 min) d.
La sélection radio
Mots croisés no 09-055
1
TF 1
20.45 Julie Lescaut.
M6
Les jeux
Jeudi 5 mars
20.45 Dr House.
Athènes
CHINE Pluies abondantes prévues sur le sud-est du pays
Températures à l’aube 1 22 l’après-midi
Aujourd’hui
D
Dépression
Front chaud
Istanbul
Beyrouth
Rabat
En Europe
Perpignan
Ste-Olive
Coeff. de marée 42
Nice
Marseille
Bucarest
Sofia
Rome
9Tunis
Tunis
95
Alger
Anticyclone
Zagreb
Belgrade
985
Séville
A
A
6 8
D
Barcelone
Barcelone
Madrid
1 5
Bordeaux
Toulouse
980
Lisbonne
Lisbonne
Grenoble
Biarritz
Odessa
1035
0
101
2 6
A
Kiev
Budapest
Berne
T Chamonix
-2 0
Moscou
1020
Munich Vienne
Paris
1025
Riga
Copenhague
Milan
Clermont-Ferrand
80 km/h
Londres
1015
St-Pétersbourg
990
Minsk
Amsterdam Berlin
Varsovie
Prague
Bruxelles
Dublin
2 6
1 7
100
0
Edimbourg
1005
101
5Helsinki
Oslo
Stockholm
995
2 5
Dijon
Poitiers
1
D
1010 Besançon
2 8
70 km/h
D
3 6
Orléans
Nantes
Les soirées télé
> 35°
TF 1
985
Strasbourg
1000
Rennes
30 à 35°
990
D
0 6
PARIS
Caen
4 8
www.meteonews.fr
Amiens
25 à 30°
Mercredi 4 mars
05.03.2009 12h TU
1005
Reykjavik
-1 7
2 7
20 à 25°
Europe
15
10En
Lille
Cherbourg
15 à 20°
0123
Jeudi 5 mars 2009
8
9
10 1 1 12
I
II
III
IV
V
VI
VII
18.30 Du grain à moudre.
19.15 Le Rendez-vous.
20.00 A voix nue. Yazid Sabeg [3/4].
20.30 Feuilleton.
La supplication, Tchernobyl, chroniques
du monde après l’apocalypse [2/5].
20.50 Le Choix des livres.
21.00 L’Avventura.
22.00 Journal.
22.15 Surpris par la nuit.
Alain Dister, l’Absolute Beginner.
[2/2] L’Homme-Orchestre.
23.30 Du jour au lendemain.
0.10 Studio 168.
1.00 Les Nuits de France Culture.
La supplication, Tchernobyl, chroniques
du monde après l’apocalypse [4/5].
20.50 Le Choix des livres.
Quand je serai roi, d’Enrique Serna.
21.00 Jeux d’archives.
Invité : Nicolas Sainte Fare Garnot.
22.00 Journal.
22.15 Surpris par la nuit.
Une sortie d’Egypte.
23.30 Du jour au lendemain.
Invité : Serge Margel
0.10 Studio 168.
1.00 Les Nuits de France Culture.
19.30 Open jazz.
IX
Les résultats du Loto sont publiés dans nos éditions datées dimanche-lundi, mardi, mercredi et vendredi.Tous les jours Mots croisés
et Sudoku ; Samedi daté dimanche-lundi Echecs
X
Horizontalement
Verticalement
I. Peut se mettre sur la chaise sans
s’asseoir. II. En mets plein la vue.
III. Fautes avouées, pas forcement
pardonnées. Difficile de le rester
dans l’agitation générale. IV.
Démonstratif. Pour prendre l’air
en solitaire. Belle enfant d’Emile.
V. Voie de communication.
Romains. Petite galette. Vert et
droit. VI. Dans le livre. Rarement
prise en compte. VII.
Hydrocarbure. Possessif. VIII.
Ecrivent l’histoire au jour le jour.
Démonstratif. IX. Est prêt à
repartir. Une fois finie tout va
recommencer. X. Vont finir par
disparaître petit à petit.
1. Améliore la forme et la lisibilité.
2. Permet une première lecture. Sur
l’enveloppe. 3. Ponctuation pour
communiquer. Réduisit en surface.
4. Dérangea ses voisins. Chez papa.
Reste dans l’ombre. 5. Trouvera
toujours un bon moyen de s’en
sortir. 6. Européennes de la
première heure. 7. Patron en
région. Planté pour bien frapper.
8. Bout de luzerne. Résultat
d’entreprise. Patronne.
9. Dignitaires turcs. Grande voie.
10. Cubitus. Serré et noué pour
maintenir. 11. Deux points. Cours
africain. Dame du monde.
12. Agents de transmissions.
Philippe Dupuis
Solution du n° 09 - 054
Horizontalement
Verticalement
I. Superstition. II. Erésipèle. Na.
III. Mars. Ane. Out. IV. Intentions.
V. Lien. Urne. GR. VI. Lu. Tel. Sucra.
VII. Amuîtes. Fiel. VIII. Versés.
Rai. IX. To. Le. Rusais. X.
Scissiparité.
1. Sémillants. 2. Uranium. Oc. 3.
Perte. UV. 4. Essentiels. 5. Ri. Etres.
6. Spatules. 7. Tenir. Serp (près). 8.
Iléons. Sua. 9. Té. Neuf. Sr. 10. Os.
Cirai. 11. ONU. Gréait. 12.
Naturalise.
Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13
Tél. : 01-57-28-20-00 ; télex : 202806F ;
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FRANCE CULTURE
18.30 Du grain à moudre.
19.15 Le Rendez-vous.
20.00 A voix nue. Yazid Sabeg [2/4].
20.30 Feuilleton.
FRANCE MUSIQUE
VIII
Jeudi 5 mars
DPZ (Thomas de Pourquery Daniel
et Zimmermann Quintet).
20.00 Couleurs du monde.
22.30 Chant des toiles.
« Pelléas et Mélisande ». Avec la chronique
de Charles-Pierre Vallière. Invités :
Philippe Béziat, François Le Roux.
0.00 Tapage nocturne.
Invité : Gérard Siracusa.
1.00 France Musique la nuit,
avec Vivace. Au sommaire : Stravinsky
par Stravinsky (n˚ 3) ; L’art d’Antal Dorati.
FRANCE MUSIQUE
19.30 Open jazz. Gaël Horellou.
20.00 Le Concert du soir. En direct.
Donné au Théâtre du Châtelet, à Paris, par
l’Orchestre national de France, dir. Daniele Gatti :
Pulcinella (version intégrale), de Stravinsky ;
Grande Suite du Chevalier à la Rose, de R. Strauss ;
La Valse, de Ravel. Avec Barbara di Castri, mezzosoprano, Francesco Meli, ténor...
22.30 XXe Parallèle.
1.00 France Musique la nuit,
avec Vivace. Au sommaire : Stravinsky par
Stravinsky (n˚ 4) ; L’art d’Antal Dorati (n˚ 2).
FRANCE INTER
19.20 Le Téléphone sonne.
20.00 et 23.00 Flash.
20.10 L’Humeur vagabonde.
Invitée : Guadalupe Sanchez Nettel.
21.05 Sur la route.
22.05 C’est Lenoir.
Black Session : Loney Dear.
23.15 Allô la planète.
RADIO CLASSIQUE
FRANCE INTER
19.20 Le Téléphone sonne.
20.00 et 23.00 Flash.
20.10 L’Humeur vagabonde.
Invité : Michel Vinaver.
21.05 Sur la route.
22.05 C’est Lenoir.
23.15 Allô la planète.
RADIO CLASSIQUE
18.30 L’Invité classique.
18.30 L’Invité classique.
Invité : Jean Piat.
20.00 Un dîner en musique.
20.30 La Virtuosité baroque.
En direct. Donné Salle Gaveau, à Paris, par
I Barocchisti, dir. Diego Fasolis, Max-Emmanuel
Cencic, contre-ténor, Xavier Sabata, ténor,
Duilio Galfetti, violon : Extraits de Faramondo,
de Haendel ; Concertos pour violon, de Vivaldi.
23.00 Patrimoine classique.
Bernard Haitink, chef d’orchestre.
0.00 Radio Classique de nuit.
Présenté par Olivier Bellamy.
Invité : Tchéky Karyo.
20.00 Un dîner en musique.
Le Meilleur de la musique classique.
21.00 La Vie baroque.
Présenté par Philippe Venturini.
Invités : Jean-Marc Aymes, Hélène Schmitt.
23.00 Patrimoine classique.
Présenté par Francis Drésel. Emission spéciale
autour de Bernard Haitink.
0.00 Radio Classique de nuit.
0123 27
Jeudi 5 mars 2009
Le juge
et le charbon
Lettre d’Amérique du Nord
Corine Lesnes
Q
uelques mois avant les élections
de 2008, dans la brève période de
doute et d’introspection qui avait
saisi les Etats-Unis, le New York
Times avait publié une série de dix articles sur l’« exception » américaine dans
le domaine judiciaire.
Les lecteurs avaient pu découvrir à
quel point leur système est différent du
reste du monde. Le taux d’incarcération a
atteint des records (les Etats-Unis comptent moins de 5 % de la population du
monde, mais presque 25 % de ses prisonniers) ; les adolescents peuvent être
condamnés à perpétuité. Les propos racistes ou négationnistes ne sont pas passibles de poursuites. Et les juges sont élus
par la population, comme les sénateurs
ou les députés.
De l’Afghanistan au Zimbabwe, soulignait le quotidien, les magistrats sont
nommés par le pouvoir exécutif ou législatif, à moins qu’ils ne soient fonctionnaires, comme au Japon et en Turquie. En
France, on impose aux étudiants de passer des concours (l’Ecole nationale de la
magistrature) qui n’ont que 5 % de lauréats, admirait le reporter. Aux EtatsUnis, les juges fédéraux sont nommés
par le président, mais, à l’échelon des
Etats, 87 % sont élus par les justiciables
eux-mêmes. Si on essaie, dans le reste du
monde, de maintenir les juges en dehors
de l’agitation publique, en Amérique, on
les plonge dans le chaudron des campagnes électorales, des publicités négatives,
des collecteurs de fonds et des bagarres à
coups de millions.
A part dans le Wisconsin, qui a adopté
un mode de financement public pour les
campagnes électorales, les juges doivent
donc lever des fonds, comme le vulgum
pecus de la vie politique. Depuis quelques
années, les lobbies et les groupes d’intérêts ont compris l’avantage qu’ils pouvaient trouver à éliminer les juges les
plus contrariants en finançant leur adversaire. L’argent coule à flot – les sommes
dépensées ont doublé en huit ans –, grâce
à quoi les magistrats peuvent s’accuser
les uns les autres en prime time d’avoir
remis en liberté un pédophile ou d’être
« le candidat des dealers de drogue ».
Dans certains Etats, ils doivent afficher
leur couleur politique. Dans d’autres, ils
ont obligation de rester neutres et ne font
campagne que sur leur « bilan » (généralement le pourcentage de condamnations).
A l’approche des élections, les juges ont
une fâcheuse tendance à augmenter la
longueur des peines, a montré une étude
réalisée en Pennsylvanie.
L’élection des juges est devenue suffisamment préoccupante pour que la Cour
suprême fédérale à Washington ait accepté de se saisir du sujet. Le 3 mars, elle a
entendu une affaire particulièrement
frappante de « justice à vendre », selon
l’expression de l’éditorial du Washington
Post. L’histoire a déjà fait l’objet d’un
roman de John Grisham, The Appeal (Doubleday Books), paru il y a un an. Il y est
question d’une compagnie qui « s’achète » un candidat à la Cour suprême du
Mississippi pour renverser un verdict qui
ne lui a pas plu en appel. Elle recrute,
finance et manipule un jeune juriste,
qu’elle porte jusqu’à la Haute Cour. « La
politique a toujours été un jeu pourri.
Maintenant, la justice l’est aussi », énonce
le résumé.
Dans la vraie vie (et dans le cas examiné par la Cour), l’histoire oppose deux
industriels des mines de charbon de Virginie-Occidentale. Hugh Caperton, le
« petit », a obtenu réparation en justice
Si on essaie, dans le reste
du monde, de maintenir
les juges en dehors
de l’agitation publique,
en Amérique, on les plonge
dansle chaudron
des campagnes électorales
et des bagarres à coups
de millions
contre les manœuvres du « gros », Massey Coal, qui a réussi à l’évincer du secteur. La mine Massey a été condamnée à
payer 50 millions de dollars par la justice.
Avant même de faire appel, son président, Don Blankenship, décide de faire
campagne contre le juge, qu’il juge trop
radical. En 2004, il va consacrer 3 millions
de dollars à financer la candidature d’un
magistrat concurrent, Brent Benjamin.
Une fois élu, celui-ci va renvoyer l’ascenseur, dit l’accusation. A une voix de majorité, les indemnités vont être annulées.
A aucun moment, le juge Benjamin n’a
envisagé de se récuser, bien que plus de
60 % de ses fonds de campagne aient été
assurés par la compagnie minière.
La Cour suprême a eu l’air choquée par
la contribution de 3 millions de dollars,
un tarif de sénateur, mais elle s’est surtout interrogée sur la définition à donner
au mot « partialité ». A partir de quelle
somme doit-on considérer que les juges
portent des jugements biaisés ? Trois millions, c’est beaucoup, mais quid de
100 000 dollars ? Le magistrat le plus
conservateur, Antonin Scalia, a assuré
qu’il ne fallait pas voir le mal partout et
que la « dette de gratitude » du magistrat
à la personne qui l’a propulsé à sa place
n’engage que celui qui le veut bien. « En
fait, cette personne a contribué financièrement à mon élection parce qu’elle s’attend
à ce que je sois un juge impartial. Je n’ai
aucune raison de penser qu’elle s’attend à
ce que je mente. Donc je montre ma gratitude en étant un bon juge », a-t-il déclaré.
Paradoxalement, c’est un groupe d’entreprises (Wal-Mart, Lockheed Martin,
Pepsi) qui a demandé à la Cour de montrer au public que « les décisions de justice
ne peuvent être ni achetées ni vendues ». p
Courriel : [email protected]
Billet Robert Solé
En crise
LA CRISE, la crise, la crise, la crise, la crise… Mais encore ? La crise ! Il
n’est question que de cela, du matin au soir, dans les informations,
les discours, les commentaires. Même des crimes lui sont attribués.
« La crise favorise les comportements déviants », expliquent des spécialistes. Et quand on ne parle pas de la crise, c’est pour aborder les
stratégies anticrise. Industriels et commerçants s’ingénient à retenir
les clients. Même Rolls Royce casse les prix : au Salon de Genève, des
rabais de 100 000 euros sont consentis sur certains modèles. Il y a
des occasions à saisir.
Notre confrère La Tribune proposait mardi un « kit de survie » aux
salariés, cadres ou chefs d’entreprise menacés par la crise. Beaucoup
d’autres conseils ont déjà été prodigués : aux familles, pour qu’elles
achètent autrement ; aux automobilistes, pour qu’ils conduisent différemment… Bientôt, on apprendra aux amoureux le meilleur
moyen de s’embrasser en temps de crise.
Mais des voix rassurantes nous disent que la tempête finit toujours par accoucher d’un ciel bleu. Que la fragilité est une force,
que la crise est une chance. Il faut la bénir. C’est une crise anticrise. p
Supplément à la Comédie humaine de Balzac
La vanité
Le livre du jour
Une réforme en trompe-l’œil
La Constitution Sarkozy
Bastien François
Ed. Odile Jacob, 188 p., 19,50 ¤
principaux candidats à l’élection
présidentielle de 2007 s’inscrivaient peu ou prou dans un cadre
identique, qu’il résume d’une simple formule : « Le changement dans
la continuité. »
La réforme des institutions devait
répondre à trois objectifs : responsabiliser le pouvoir présidentiel,
renforcer le Parlement et donner
de nouveaux droits aux citoyens.
L’auteur s’avoue « perplexe » quant
à leur réalisation. De quelle responsabilité parle-t-on quand le président de la République pourra venir
s’exprimer quand il le voudra, sur
le thème qu’il aura choisi, devant
L’avidité
TOME 26
LES CONTES DROLATIQUES, VOLUME II
un Parlement devant lequel, à
aucun moment, il n’aura à répondre à la question de confiance,
alors qu’il conserve par-devers lui
l’« arme disciplinaire » de la dissolution de l’Assemblée ? « Drôle de responsabilité qui s’apparente au bon
plaisir, tranche Bastien François. Le
président de la République, chef réel
du gouvernement quoi qu’en dise le
texte de la Constitution, continuera
à n’être responsable devant personne. » L’actualité quotidienne ne fait
qu’en apporter la preuve.
En ce qui concerne le fonctionnement du Parlement, l’auteur ne
mésestime pas l’importance de la
réforme. Il applaudit à la volonté
des constituants de 2008 de « ressusciter un espace délibératif ».
Mais il redoute que ces espoirs ne
soient rapidement douchés tant, à
ses yeux, « le président de la République et ses conseillers sont d’exceptionnels joueurs de bonneteau, des
as du trompe-l’œil ». En effet, et
c’est là probablement le principal
vice de forme de cette révision, les
principales dispositions n’entreront en vigueur qu’après l’adoption des textes – lois organiques,
lois ordinaires, règlement des
assemblées – en précisant les modalités. A cet égard, l’architecture de
la révision voulue par l’exécutif
s’apparente, aux yeux de Bastien
François, à « une série de chèques
en blanc ». La seconde partie de
l’ouvrage consiste en une lecture
commentée des 89 articles de la
Constitution Sarkozy. p
Patrick Roger
pTirage du Monde daté mercredi 4 mars 2009 : 384 909 exemplaires.
La tyrannie
123
P
aillards, obscènes et bouffons, Les Contes drolatiques s’inscrivent
dans la grande veine des contes pour rire. Balzac rend hommage
aux conteurs du XVIe siècle parmi lesquels trône son maître
et modèle : Rabelais. Balzac s’amuse dans Les Contes drolatiques. Il peuple
ses récits de personnages réels et fictifs : papes, rois de France et
cardinaux se retrouvent côte à côte avec des femmes gaiement infidèles,
des avocats cocus et des amants enfermés dans des bahuts…
dès le jeudi
5
M A R S
Plus d’informations : www.lemonde.fr/balzac
ou téléphonez au 0825 120 219 (0,15 €/minute)
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et dans la mesure des stocks disponibles.
TOME 26
en plus du
AVEC la révision adoptée le
21 juillet 2008 à Versailles, la moitié des articles de la Constitution
ont certes été remaniés. Cette
modernisation des institutions n’a
pas, pour autant, modifié la structure des pouvoirs dans la Ve République. Dès lors, l’« accroissement »
des pouvoirs du Parlement qu’elle
est censée favoriser « n’est qu’une
forme de compensation de la reconnaissance du rôle gouvernant du
président de la République », estime Bastien François.
Professeur de science politique et
coauteur de La Constitution de la
VIe République, il propose une analyse circonstanciée de ce qu’il nomme la « Constitution Sarkozy ». En
ce domaine, rappelle-t-il, les trois
L’avarice
€
9,90

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