Activité 3. Conflits d`usage autour du Colorado : les enjeux

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Activité 3. Conflits d`usage autour du Colorado : les enjeux
G2. Cours 2. L'eau, ressource essentielle
Activité 3. Conflits d'usage autour du Colorado : les enjeux d'une gestion durable de l'eau
Relever dans les documents suivants quels sont les acteurs (groupes, collectifs, institutions) qui sont en conflit pour l'utilisation
de l'eau du Colorado. Complétez la 3e partie de la légende et terminez le schéma de synthèse.
Document 1. L'eau du Colorado : une ressource menacée, mal partagée
Le fleuve Colorado s’étend sur 2 330 kilomètres des montagnes Rocheuses
jusqu’au Golfe de Californie. Son bassin versant couvre 630 000 kilomètres
carrés. Le long de ce parcours, il fournit une bonne partie de l’eau douce de 7
États états-uniens, 2 États mexicains et 34 tribus indigènes souveraines – près
de 30 millions de personnes actuellement. L’eau du fleuve Colorado alimente
des villes comme Las Vegas, Phoenix, Los Angeles et San Diego. Elle soutient
une production d’électricité suffisante pour couvrir les besoins domestiques
de 3 millions de personnes. Elle sert à irriguer 15 % des cultures étatsuniennes. [...]
Le partage de l’eau du Colorado est marqué par de fortes inégalités, les
principaux bénéficiaires étant au final les Californiens – historiquement dotés
du plus grand poids politique – et les principales lésées les populations
mexicaines situées en aval. En Californie, l’eau du Colorado est utilisée depuis
le XIXe siècle pour l’irrigation (zone de l’Imperial Valley) et, avec un impact
toujours croissant, pour les grandes villes comme Los Angeles et San Diego
[...]
La Californie a fini par prélever à elle seule 6,5 km3 de l’eau du Colorado, soit
40 % du volume disponible réel – et ce alors que le fleuve n’y coule même pas
: il ne fait que former sa frontière avec l’Arizona. 60 % de cette eau est
destinée aux irrigateurs de l’Imperial Valley, et 40 % au Metropolitan Water
District of Southern California, fournisseur d’eau aux villes de la région.
La Californie a poussé à la réalisation de nouveaux réservoirs et de nouvelles
canalisations totalement étanches, visant à empêcher qu’une partie de l’eau
extraite et transportée ne s’infiltre dans le sol et vienne alimenter les
aquifères mexicains, comme c’était le cas jusqu’à présent. La part d’eau
accessible au Sud de la frontière s’en trouve de facto encore réduite.
Document 5. Le recours toujours plus massif aux usines de dessalement
Plusieurs villes accélèrent leurs programmes de désalinisation des eaux du
Pacifique. La plus grande usine de dessalement d’Amérique du Nord est en
construction depuis 2012 sur une lagune côtière dans la ville de Carlsbad.
Suite à son inauguration d’ici à la fin de 2015, elle devrait permettre de
ravitailler en eau potable la région de San Diego.
De l’avis des experts, dessaler l’eau de mer n’est pas une panacée, vu le coût
élevé de la procédure, très gourmande en électricité. « Dessaler reste de loin,
à ce stade, la source la plus chère d'eau potable – cela requiert tant
d’énergie », explique en substance Matt O’Malley, un haut responsable de
San Diego Coastkeeper, une ONG qui milite pour l’accès à l’eau propre dans le
sud de la Californie. L’eau devient plus onéreuse, parce qu’en fait, on paie
pour l’énergie nécessaire à sa production. Et comme cette énergie dégage
des gaz à effet de serre intenses, mieux vaudrait se concentrer davantage sur
les efforts de conservation et de recyclage, souligne M. O’Malley.
Autre souci, selon les écologistes : l’impact du retrait de larges quantités
d’eau de la mer, et les conséquences du rejet de la saumure concentrée dans
l'océan.
Ailleurs en Californie, une quinzaine d’autres usines de dessalement d'eau de
mer sont soit à l’étude, soit en construction. Le comté de Santa Barbara
cherche déjà à moderniser une usine de dessalement construite lors d'une
sécheresse précédente, puis abandonnée lorsque les pluies étaient revenues.
Doc 2. L'usage domestique de l'eau en Californie
Mexique
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Document 3. La Californie, un géant agricole
Environ 15 % des exportations agricoles
américaines sont d’origine californienne. La
majorité des productions agricoles de Californie
est irriguée et totalise une superficie oscillant
autour de 3,64 millions d’hectares.
Observatoire horticole, 6-1, 9.10.2009
Document 4. La menace de l'industrie minière
La région est relativement riche en pétrole (schiste
bitumeux), en gaz naturel et en uranium. [...] Or la
mise en exploitation de ces ressources requiert de
pomper une grande quantité d’eau et de la
restituer totalement polluée. [...] Les acteurs de
ce secteur ont donc émergé comme un nouvel «
utilisateur » de l’eau du Colorado, localisé
principalement dans le bassin amont, doté d’une
influence politique et économique non
négligeable. Un tel développement a logiquement
suscité l’inquiétude des acteurs situés en aval,
comme les irrigateurs et surtout les gestionnaires
de l’eau des villes californiennes.
Document 6. Le delta du Sacramento : danger de
submersion
Le delta, qui constitue le point de rencontre entre
les deux plus gros fleuves californiens (la
Sacramento river et la San Joaquin river) et l'océan
Pacifique, est un système particulièrement fragile.
Ses 1 700 km de digues construites il y a plus d'un
siècle sont particulièrement délabrées et
l'essentiel de la région du delta se situe de 6 à 7
mètres en dessous du niveau de la mer. Si les
digues venaient à rompre, la région serait
totalement inondée et nous nous retrouverions en
présence d'un gigantesque lac intérieur. Or il n'y a
jamais eu en Californie de système de
gouvernance adéquat pour réaménager le delta.
C'est aujourd'hui à l'État californien de décider du
sort du delta.
Peter Wisjman, Terraeco, 23.11.2009
Document 7. L'Etat de Californie renforce son plan sur l'eau pour réduire la consommation
La Californie a annoncé des mesures d'urgence pour réduire de 25 % la consommation d'eau. Les experts estiment qu'une tarification qui décourage l'arrosage aux heures les plus ensoleillées, quand l'eau s'évapore au lieu de pénétrer la terre, ou qui pénalise
la consommation « extérieure » (pelouses, piscines...) par rapport à la consommation « intérieure » (cuisine, douches, bains,
lessives) peut s'avérer efficace. Les agriculteurs dans cet Etat qualifié de « panier de fruits et légumes » de l'Amérique, vont aussi
devoir se restreindre. Un sujet tendu au vu des milliards de dollars de revenus agricoles et des milliers d'emplois en jeu dans cet
industrie.
LeMonde.fr, 01.04.2015