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biblio-opinion Biblio-Opinion Synthèse thématique d’articles commentés Actualités sur le diagnostic et la prise en charge des neuropathies périphériques P.F. Pradat* La biopsie cutanée : un outil prometteur dans le bilan des neuropathies sensitives L tions médicales (phlébologue, dermatologue, rhumatologue…). C’est souvent une situation frustrante pour le neurologue, car l’examen clinique et l’électromyogramme, qui ne mesure que la conduction des fibres myélinisées, sont souvent mis en échec. Dans cette situation, l’article de Perriquet et coll. démontre de façon tout à fait convaincante la valeur de la découverte d’anomalies à la biopsie cutanée pour affirmer le diagnostic de neuropathies à petites fibres. Les auteurs ont étudié de façon prospective une cohorte de 117 patients présentant comme symptôme prédominant des douleurs des extrémités, en l’absence d’anomalies claires à l’examen neurologique, notamment de déficit moteur et sans cause déterminée. Lorsque l’EMG était normal, une biopsie cutanée distale était systématiquement réalisée. Les auteurs ont étudié dans chaque cas la rentabilité du bilan très complet de neuropathie périphérique (figure 1). On retiendra que lorsque l’électromyogramme était normal, une neuropathie des petites fibres était détectée par la biopsie cutanée dans 77 % des cas. Dans une minorité de ces cas, une étiologie a pu être déterminée (gammapathie monoclonale, myopathie proximale myotonique ou PROMM, neuropathie héréditaire). Lorsque la biopsie cutanée était normale (11 %), aucune étiologie de neuropathie périphérique n’a pu être retrouvée. En revanche, dans deux cas, les douleurs ont pu être rattachées à une origine centrale (sclérose en plaques). Finalement, on retiendra de cette étude que la biopsie peut permettre de confirmer le diagnostic de neuropathie à petite a littérature internationale concernant les neuropathies périphériques est parfois difficile d’accès, car dominée par des aspects fondamentaux (génétique, immunologie) ou électrophysiologiques. Au-delà de cette littérature pour initiés, il serait dommage de méconnaître des travaux plus pragmatiques susceptibles d’améliorer le diagnostic ou la prise en charge des neuropathies périphériques. La biopsie cutanée, qui était jusqu’à maintenant l’apanage exclusif des dermatologues, pourrait devenir un outil fort utile pour le neurologue, dans la prise en charge des neuropathies sensitives à petites fibres. C’est du moins ce que semblent indiquer deux articles produits par des équipes nordaméricaines, parus dans le numéro de novembre 1999 de Neurology. Ces articles ont d’ailleurs semblé suffisamment intéressants pour justifier un commentaire relativement enthousiaste, cosigné par Kennedy et Saïd (1), dont l’expertise dans le domaine est reconnue internationalement. Le principe est relativement simple, puisqu’il s’agit d’analyser les fibres sensitives épidermiques qui, comme le bon sens populaire le laissait entendre, sont “à fleur de peau”. Il ne s’agit pas, bien entendu, de n’importe quelles fibres nerveuses mais seulement des fibres sensitives amyéliniques. On savait qu’il existait des terminaisons intra-épidermiques de ces fibres associées aux cellules de Merkel, aux récepteurs au froid et aux mécano-récepteurs. Toutefois, la visualisation de ces fibres était rendue très dif- * Service de neurologie, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris. Act. Méd. Int. - Neurologie (1) n° 1, avril 2000 ficile du fait de leur diamètre extrêmement faible, nécessitant d’avoir recours pour les identifier à la microscopie électronique ou à des colorations spéciales, techniques peu applicables à une utilisation en routine. Le progrès technique permet maintenant de mettre en évidence ces fibres de façon beaucoup plus simple par l’utilisation d’un immunomarquage afin de révéler un marqueur axonal, l’antigène PGP9.5. Le geste pratique consiste en une simple biopsie cutanée de 3 mm, ne nécessitant pas de suture, prélevée en règle à la distalité d’un membre. L’index utilisé est l’analyse quantitative du nombre de fibres marquées. Nous parlerons très brièvement de l’article de Hermann et coll. (2) (Rochester, États-Unis), au demeurant d’une grande qualité méthodologique, qui démontre que la biopsie cutanée est plus sensible que la biopsie de nerf sural pour identifier les neuropathies à petites fibres et donc confirme la validité de la technique. L’article de Perriquet et coll. (3) (Colombus, États-Unis) a un intérêt beaucoup plus pratique, puisqu’il s’intéresse à la valeur de la biopsie cutanée dans la prise en charge des neuropathies sensitives douloureuses (burning feet). On sait qu’il s’agit d’un motif fréquent de consultation en neurologie, souvent d’ailleurs au terme de longues pérégrina- 12 biblio-opinion Biblio-Opinion fibres, ce qui justifie alors un bilan étiologique complet, même si sa rentabilité s’avère faible, du moins dans cette étude. Lorsque la biopsie cutanée est négative, bien que le faible nombre de sujets soit insuffisant pour conclure définitivement, le neurologue peut sans doute écarter une neuropathie périphérique et doit se poser la question de douleurs d’origine centrale, notamment une sclérose en plaques, où la discrétion des signes objectifs contrastant avec l’importance de la symptomatologie sensitive subjective est bien connue. On peut s’interroger à la lecture de cet article sur l’utilité de la biopsie surale, geste invasif, dans les neuropathies sensitives dont la clinique évoque une atteinte des petites fibres. En fait, la limite de la biopsie cutanée réside dans son impossibilité de détecter un processus de vascularite des vasa nervorum ou encore des dépôts amyloïdes. Par conséquent, comme l’indiquent Kennedy et Saïd (1), lorsqu’il existe des symptômes persistants et un déficit sensitif franc à l’examen, la biopsie nerveuse garde son indication dans le bilan étiologique. Outre le manque de recul, il est clair que la limite principale de l’étude des fibres amyéliniques par biopsie cutanée reste le manque de laboratoires rompus à cette technique. Les polyradiculonévrites chroniques associées à un diabète : effet additif plus qu’une entité distincte ? Le diabète insulino-dépendant de type 1 et la polyradiculonévrite démyélinisante chronique (ou CIDP dans son acronyme anglo-saxon pour chronic inflammatory demyelinating polyneuropathy) ont en commun la participation de phénomènes dysimmunitaires dans leur physiopathologie. L’idée séduisante, suggérée par Patients (n = 117) EMG Anormal 60 (51 %) Normal 57 (49 %) Étiologie Inconnue : 42/60 (70 %) Connue : 18/60 (30 %) Biopsie cutanée Anormale 44/55 (77 %) Étiologie Inconnue : 41/44 (93 %) Connue : 3/44 (7 %) Normale 13/57 (23 %) Étiologie Inconnue : 11/13 (85 %) Connue : 2/13 (15 %) : SEP Figure 1. Démarche diagnostique dans les neuropathies sensitives douloureuses. Tableau I. Comparaison de patients souffrant de PRNC en fonction de l’existence ou non d’un diabète. PRNC sans diabète PRNC et diabète Clinique Idem Idem Abolition du potentiel sensitif du nerf sural 41 % 100 % p < 0,0001 38 % 12,5 % 89 % 22 % p = 0,01 NS (p = 0,59) + 0,8 -1 + 0,2 - 0,3 p = 0,002 p = 0,007 Biopsie nerveuse - Perte axonale - Infiltration inflammatoire Réponse au traitement - Changement au testing - Changement au Rankin certains auteurs, est que la coexistence de ces deux pathologies chez un même patient pourrait ne pas être le fruit du hasard. Il faut bien reconnaître que les arguments avancés en faveur de cette théorie restent du domaine spéculatif. La présence d’infiltrats inflammatoires sur les biopsies nerveuses de patients diabétiques insulino-dépendants souffrant de neuropathie a été avancée comme un argument pour la participation de méca- 13 Seuil de significativité nismes dysimmunitaires (4). Gorson K.C et coll. (5) (Boston), dans un article Muscle and Nerve de janvier 2000, ont eu la bonne idée de comparer deux populations souffrant de polyradiculonévrites chroniques : un groupe de 14 patients porteurs également d’un diabète insulino-dépendant et un groupe de 60 patients sans diabète (Tableau I). Le résultat de cette étude est que rien ne distinguait cliniquement ces deux popula- biblio-opinion Biblio-Opinion tions sur le plan clinique. La seule différence électrophysiologique était, comme on pouvait s’y attendre, que les amplitudes motrices et sensitives étaient plus faibles dans la population diabétique ; et de la même façon, la perte axonale à la biopsie nerveuse était plus importante dans ce groupe. Par ailleurs, on ne trouvera rien de surprenant à ce que le degré de récupération fût moins important dans ce groupe, tant au niveau du testing que d’un score fonctionnel (Rankin Score). Bref, sur la base de ces données, il ressort que les polyradiculonévrites démyélinisantes chroniques associées au diabète ne semblent pas constituer un sous-groupe particulier, du moins sur le plan clinique, électrophysiologique et de la biopsie nerveuse. En effet, les différences observées ne semblent traduire que l’effet additif de lésions axonales liées au diabète. Sur le plan pratique, on retiendra que les sujets diabétiques qui présentent une polyradiculonévrite démyélinisante chronique ont un moins bon pronostic fonctionnel de récupération. Il est clair que cette étude ne permet pas de rejeter l’hypothèse d’une plus grande prévalence des polyradiculonévrites chroniques dans le diabète insulino-dépendant. En effet, seule une étude épidémiologique prospective de grande ampleur pourrait répondre à cette question. Diplégie brachiale amyotrophiante : une forme très lentement évolutive de maladie motoneuronale Devant un déficit amyotrophiant progressif des membres supérieurs, en l’absence de troubles de la sensibilité, on est naturellement conduit à envisager le diagnostic de sclérose latérale amyotrophique. Un article du mois de septembre de Neurology permet de jetter un regard tout à fait différent et surtout beaucoup plus Act. Méd. Int. - Neurologie (1) n° 1, avril 2000 optimiste sur ce type de tableau. Katz et coll. (6) (Palo Alto, États-Unis) ont étudié une série de 10 patients présentant un tableau stéréotypé caractérisé par un déficit moteur amyotrophiant bilatéral des membres supérieurs d’installation progressif, en l’absence de syndrome pyramidal. Le déficit était à prédominance proximale, aboutissant au tableau décrit sous le terme évocateur de l’“homme dans le tonneau” (man-in-the-barrel). Le début avait été unilatéral dans 7 cas, avec bilatérisation au bout d’un délai allant jusqu’à 2 ans. Le résultat essentiel de cette étude est qu’avec un suivi de 3 à 11 ans, seulement 3 patients développèrent une atteinte des membres inférieurs et aucun des 10 patients ne développa une atteinte respiratoire ou bulbaire ni une perte de l’ambulation. Sur le plan pratique, devant un tableau de diplégie brachiale amyotrophiante, l’interrogatoire permet généralement d’éliminer une cause secondaire (infarctus bilatéral jonctionnel, myélopathie cervicarthrosique, neuropathie postradique…). Le diagnostic d’affection motoneuronale étant établi, il est malheureusement impossible de prédire l’évolution. En effet, chez 5 à 10 % des patients souffrant de sclérose latérale amyotrophie typique, le signe révélateur avait été une diplégie brachiale. Certains signes peuvent orienter contre une sclérose latérale amyotrophique, même si aucun n’est évidemment formel : – la prédominance proximale du déficit ; – l’absence de signes pyramidaux ; – l’absence de signes neurogènes en dehors des membres supérieurs à l’EMG. Cet article a le mérite de souligner qu’il existe des formes extrêmement lentes de maladies motoneuronales. Il incite le clinicien à proscrire tout discours catastrophiste devant une affection motoneuronale, surtout lorsqu’il s’agit d’une forme atypique comme celle décrite dans cet article. D’autre part, cet article montre une nouvelle fois que le spectre des maladies du 14 motoneurone est beaucoup plus étendu qu’on ne le pensait. Autour d’un noyau central, correspondant à la forme classique de sclérose latérale amyotrophique, définie par une atteinte combinée du motoneurone central et périphérique, existe tout un ensemble de variantes dont le pronostic est complètement pour chacune différent. Le démembrement clinique des affections du motoneurone n’en est encore qu’à son début, et l’on peut espérer que dans l’avenir, aidé par une meilleure compréhension des mécanismes physiologiques, on soit capable de mieux isoler des tableaux particuliers afin d’en prédire l’évolution. Mise au point sur les indications pour les immunoglobulines polyvalentes intraveineuses dans les neuropathies périphériques Le traitement par immunoglobulines polyvalentes intraveineuses (IgPV IV) des affections neurologiques a longtemps suscité des réactions souvent passionnées et polémiques, sans doute attisées par des considérations économiques en rapport avec le coût très élevé de ces traitements. Il est vrai que le scepticisme de certains était encouragé par la méconnaissance du mode d’action de ce traitement, dont l’utilisation restait largement empirique, sans être appuyée pendant longtemps par des essais contrôlés. À l’évidence, tous les éléments étaient présents pour que les fidèles du dogme de l’evidence based medicine jettent l’anathème sur ce type de traitement. Un dossier de Dalakas et coll. (7) (Bethesda, États-Unis), publié dans Muscle and Nerve de novembre 1999, aborde les aspects fondamentaux et pratiques du traitement des affections neuromusculaires par IgPV IV. Il illustre que biblio-opinion Biblio-Opinion les mécanismes d’action des IgPV IV sont multiples et que tous ne sont sans doute pas impliqués dans une pathologie donnée. L’effet thérapeutique principal des IgPV IV concerne leur action sur les différents composants du système immunitaire. Un second effet, peut-être moins connu, est qu’il existe maintenant des arguments expérimentaux en faveur d’une action des IGPV IV sur la remyélinisation. Les indications et les modalités de traitement (doses utilisées, durées…) sont clairement explicitées. À chaque fois, le traitement par IgPV IV est comparé aux autres thérapeutiques (par exemple, immunoglobulines PV IV versus plasmaphérèses dans le syndrome de Guillain Barré). Il est également précisé si, dans une pathologie donnée, le traitement par IgPV IV a fait l’objet d’un essai A B O contrôlé et les résultats obtenus. L’article fait également le point sur les complications du traitement et, notamment, l’important problème de la sécurité virale. Bref, cette revue générale est extrêmement complète en même temps qu’accessible. Elle constitue sans nul doute, à ce jour, la meilleure synthèse sur le sujet. 3. Periquet M.I., Novak V., Collins M.P. et coll. Painful sensory neuropathy. Prospective evaluation using skin biopsy. Neurology 1999 ; 53 : 1641-7 Références 6. Katz J.S., Wolfe G.I., Andersson P.B. et coll. Brachial amyotrophic diplegia. A slowly progressive motor neuron disease. Neurology 1999 ; 53 : 1071-6. 4. Krendel D.A., Costigan D.A., Hopkins L.C. Successful treatment of neuropathies in patients with diabetes mellitus. Arch Neurol 1995 ; 52 : 1053-61. 5. Gorson K.C., Ropper A.H., Adelman L.S., Weinberg D.H. Influence of diabetes mellitus on chronic inflammatory demyelinating neuropathy. Muscle Nerve 2000 ; 23 : 37-43. 1. Kennedy W.R., Said G. Sensory nerves in skin. Answer about painful feet ? Neurology 1999 ; 53 : 1614-5. 7. Dalakas M.C. Intravenous immunoglobulin in the treatment of autoimmune neuromuscular diseases : present status and practical therapeutic guidlines. Muscle Nerve 1999 ; 22 : 1479-97. 2. Hermann D.N., Griffin J.W., Hauer P. et coll. Epidermal nerve fiber density and sural nerve morphometry in peripheral neuropathies. Neurology 1999 ; 53 : 1634-40. N N E Z - V O U ✁ S ! À découper ou à photocopier Merci d’écrire nom et adresse en lettres majuscules Tarif 2000 / 1 an ❏ Collectivité ................................................................................. à l’attention de .............................................................................. ❏ Particulier ou étudiant Dr, M., Mme, Mlle ........................................................................... ent Prénom .......................................................................................... Pratique : ❏ hospitalière e Offr em lanc ❏ libérale de ❏ autre.......................... Adresse.......................................................................................... FRANCE / DOM-TOM / Europe ÉTRANGER (autre qu’Europe) ❐ 580 F collectivités (88,42 €) ❐ 700 F collectivités (127 $) ❐ 460 F particuliers (70,12 €) ❐ 580 F particuliers (105 $) ❐ 290 F étudiants (44,21 €) ❐ 410 F étudiants joindre la photocopie de la carte rentiel Tarif unique préfé 29 0 FF (75 $) rentiel Tarif unique préfé 41 0 FF POUR RECEVOIR LA RELIURE ...................................................................................................... Code postal ................................................................................... ❐ 70 F avec un abonnement ou un réabonnement ❐ 140 F par reliure supplémentaire (franco de port et d’emballage) (10,67 €, 13 $) (21,34 €, 26 $) MODE DE PAIEMENT Pays................................................................................................ Tél.................................................................................................. 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