Rapport - Région Rhône

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Rapport - Région Rhône
DARESSE Marie
6ème année de Médecine
Faculté de Médecine Jacques Lisfranc
Université Jean Monnet
RAPPORT DE STAGE A L'ETRANGER
Juin-Juillet 2015
Cameroun
Hôpital de M'Bouo
I. Vie pratique
1. Logement
Nous avons été logées dans la maison de l'association Biagne, qui est située à 200 mètres de l'hôpital.
Cette maison est disponible pour accueillir tous les bénévoles de Biagne qui viennent travailler à
l'hôpital de M'Bouo : Médecins Français ou Camerounais, Kinésithérapeutes, Ingénieurs...
Nous avons atterri à Yaoundé, capitale Camerounaise. C'est le directeur de l'hôpital qui est venu
nous récupérer, accompagné de l'ambulancier de l'hôpital. Le trajet pour atteindre M'Bouo (Ouest
Cameroun) a duré 6h de nuit. Nous avons été également raccompagnées jusqu'à Yaoundé pour le
voyage retour.
Nous étions considérées comme bénévoles de l'association franco-camerounaise BIAGNE donc nous
n'avons pas payé de loyer ni de caution.
Pour ordre d'idée, une nuitée à l'hôtel varie entre 5 et 10 euros par personne. Il est aussi envisageable de
loger chez l'habitant.
2. Argent
La monnaie Camerounaise est le Franc CFA. 1 Euro correspond à 656 Francs CFA.
Nous avons échangé notre argent à l'hôpital, c'est le comptable de l’hôpital qui s'en est chargé. Le
taux de change était de 650 F CFA pour 1 euros, donc pour 100 euros changés, la commission était
de moins d'un euro.
Le seul moyen de payement au Cameroun pour les étrangers est le cash. En effet, les frais bancaires
de carte bleue sont très élevés, et il est déconseillé d'apporter sa carte bleue pour retirer aux bornes.
Aussi, la plupart des achats sont réalisés dans les marchés, où seule la monnaie est acceptée.
Il est possible de se faire envoyer de l'argent si besoin, depuis la France, par des agences de transfert
comme Money Gram ou Express Union.
3. Santé
Le Cameroun ne dispose pas de sécurité sociale et les mutuelles se font très rares. C'est donc aux
familles et au patient de payer tous les soins (médicaments, examens complémentaires, chirurgie,
journée à l'hôpital...).
Il est important de souscrire à une assurance tout risque et rapatriement en cas de problème de santé
ou autre, car le manque de moyens dans les hôpitaux au Cameroun est important (exemple :
Mondial Assistance).
Nous conseillons, quelques mois avant le départ, de consulter un service de maladies tropicales pour
la prescription des vaccins obligatoires (DTP, Fièvre Jaune) et de certains médicaments
indispensables (chimio-prophylaxie antipaludéenne, antibiotiques, anti-diarrhéiques, antalgiques...)
4. Télécommunication
On nous avait prêté avant notre départ un téléphone avec une puce d'opérateur du Cameroun, ainsi
qu'une clé 3G.
Nous avions apporté un ordinateur portable, et pour 15 euros par mois de recharge internet, nous
avons facilement pu Skyper, envoyer nos mails...
La recharge du téléphone nous a coûté 5000 F CFA, soit 7,5 euros, et cela nous a suffi pour les 2
mois de stage. Il est important d'avoir un téléphone local pour appeler médecins, membres de
l'association, amis rencontrés...
Il est aussi possible de recevoir des appels venant de France via Skype, sur ce téléphone. Le prix est
de 0.25 centimes d'euros la minute pour ceux qui appellent, et la communication est de bonne
qualité.
5. Vie universitaire
Le stage que nous avons effectué au Cameroun était notre dernier stage validant pour l'externat de
médecine. Par conséquent nous n'avions pas de cours universitaires.
Nous avons rencontré plusieurs étudiants sur l'hôpital de M'Bouo, provenant de différentes filières
et de différentes universités alentours (infirmiers, biologistes, kiné...). Il a été intéressant de partager
nos connaissances avec eux, d'autant plus que les maladies et les prises en charges ne sont pas les
même dans nos deux pays.
Au Cameroun, les étudiants passent le probatoire en fin de première, le baccalauréat en fin de
terminale, puis les études supérieures ont sensiblement le même plan que celles en France : Licence,
Master, puis Doctorat.
6. Stage
Je désirais partir en Afrique faire un stage humanitaire depuis longtemps, et c'est par le biais de
l'association BIAGNE que j'ai pu partir. Cette association cherche des stagiaires bénévoles pour
qu'ils apportent leur aide là-bas, au niveau du travail à effectuer, mais aussi pour donner de
nouvelles idées et approches pour faire avancer la remise sur pied de l'hôpital.
J'ai donc passé mes 2 mois de stage à M'Bouo, dans la région de l'Ouest, dans le service de
maternité.
Mes horaires étaient 08h-12h et 15h-18h. J'étais aussi de garde les nuits sur tout l'hôpital, une
semaine sur deux. En effet, j'étais appelée s'il y avait des nouvelles entrées, pour l'examen clinique
et les prescriptions.
Je n'ai pas été rémunérée pour ce stage, car j'étais considérée comme une bénévole.
Le service de maternité comprend 15 lits répartis en 4 chambres pour les femmes après
l'accouchement, une salle d'accouchement avec 3 box, une salle pour les prématurés et un cabinet
pour les consultations pré-natales.
La salle des prématurés, où sont disposé des couveuses, accueille les bébés nés par césarienne, ainsi
que les nouveau-nés de petit poids de naissance ou nécessitant des soins intensifs.
La prise en charge des mamans et des nouveau-nés est tout à fait différente de ce que j'avais
l'habitude de voir en France, du fait du manque de moyen mais aussi du fait du manque de
formation continue du personnel infirmier. En effet, il n'y a pas d'examen clinique du nouveau-né
avant la sortie de maternité. Nous avons donc décidé, avec ma collègue, de former les infirmières à
faire cet examen systématiquement, et nous avons affiché des fiches récapitulatives de l'examen
dans les salles de maternité.
Mon rôle au sein de ce service a été :
– Faire la ronde les matins à 08h : Examiner les nouveau-nés à J1 de vie, prescrire leurs
traitements, puis examiner les mamans et faire le relais « per-os » du traitement postcésarienne.
– Durant la journée, et pendant les gardes de nuit, examiner les femmes en travail, afin de
décider entre une césarienne en urgence ou un accouchement normal par voie basse.
– S'occuper des bébés présentant des anomalies cliniques et paracliniques et leur prescrire le
traitement et les examens adéquats.
L'ambiance au sein du service était très bonne et la communication avec le personnel facile. J'ai
beaucoup apprécié l’expérience des sages-femmes et des infirmières en termes d'examen
gynécologique.
7. Vie quotidienne
Climat : En Afrique centrale, les deux différentes périodes sont la saison des pluies et la saison
sèche. La saison des pluies s'étale de juin à septembre. Les périodes d'averses y sont fréquentes et
intenses mais de courte durée. Nous avons eu beaucoup de très belles journées ensoleillées durant
notre période de stage. La saison des pluies offre un paysage très riche et verdoyant.
Rythme de vie : La vie là-bas est beaucoup moins « stressante » qu'en Occident. Les Camerounais
font plus d'heures de travail mais le rythme est moins soutenu.
Les samedis sont réservés aux célébrations des deuils, et les dimanches à la messe. Le christianisme
est très présent dans ce pays et fait partie intégrante du quotidien des habitants.
Horaires d'ouverture : La plupart des achats du quotidien se font dans les marchés de chaque
village. Les horaires ne sont donc pas précis. Souvent, les maraîchers rentrent à la tombée de la nuit,
c'est à dire vers 18h30. Les supermarchés de ville, c'est çà dire à Bafoussam pour nous, sont ouvert
tard le soir, jusqu'à 23h.
Transport : Le transport est assez simple grâce aux taxis. Pour un court trajet, par exemple 15
minutes entre M'Bouo et Bafoussam, le trajet coûte 250 F CFA par personne, c'est à dire moins de
50 centimes d'euro. Il faut savoir qu'un taxi man peut prendre jusqu'à 6 à 7 personnes en même
temps, dans une voiture de normalement 5 places Les taxis moto sont déconseillés car très
dangereux.
Pour les trajets plus long de 5 à 6 heures, jusqu'à Douala ou Yaoundé, les agences de car de voyage
sont nombreuses, et le tarif est d’environ 6euros par trajet.
Nourriture : Les nombreux champs de fruits, légumes et maïs offre au Cameroun des aliments très
variés, notamment pendant la saison des pluies. Les bananes, mangues, avocats, tomates et maïs
grillé ou en couscous sont souvent retrouvés. Nous avons aussi découvert les beignets koki à partir
de haricots blancs, les différentes sauces épicées...La nourriture est très bon marché, par exemple 5
bananes pour 100 F CFA, un repas dans un petit restaurant pour 500 F CFA ( moins d'un euro).
Tourisme : Le Cameroun est souvent considéré comme une Afrique en miniature. En effet, l'on y
trouve l'océan, la zone montagneuse dans l'Ouest, le désert dans l’extrême nord. Nous avons visité
la région de l'Ouest, Yaoundé, Foumban, Dschang (villes artisanales) ainsi que Douala, deuxième
plus grande ville après Yaoundé. Nous sommes aussi allées à Limbe, ville du littoral très touristique,
qui offre de très jolis panoramas.
I. Bilan et suggestions
Ce voyage de 2 mois au Cameroun aura été très enrichissant à tout point de vue.
Au niveau médical, j'ai pu découvrir la médecine tropicale et ses maladies locales : Le paludisme et
la fièvre typhoïde notamment. J'ai compris que l'accès au soin de la population était très différent de
chez nous.
Sur le plan humain, j'ai rencontré de nombreuses personnes avec des ouvertures d'esprit différentes
et intéressantes. Nous avons vécu la vie locale en profondeur, les soignants de l’hôpital nous ont
bien imprégnés dans leur quotidien. Ma vision de la médecine et de l'Afrique sera différente
dorénavant.
Les difficultés rencontrées pendant mon stage à l'hôpital ont été de comprendre le manque de
moyen financier des patients, et donc l'absence de traitement par l'hôpital en cas d'impossibilité de
payer les soins. Certaines prises en charge nous ont aussi beaucoup étonnés, et nous en avons parlé
avec le médecin senior. La réalité du nombre de décès, notamment en pédiatrie, a aussi été difficile
à encaisser.
Les difficultés pendant le séjour en général se sont faites lors des achats au marché, où nous étions
très sollicitées par les vendeurs, et souvent trompées sur les prix des aliments et autres. En effet
aucun prix n'est fixé d'avance, et il faut toujours négocier.
Mon choix de faire de la médecine générale n'a pas changé pendant mon séjour. C'est un souhait
que j'ai depuis quelques années. J'ai apprécié durant le stage la relation qui s'est créée entre médecin
et malade, relation de confiance et de simplicité.
L'envie de partir au Cameroun nous a été donnée par deux étudiants qui y étaient parti il y a 2 ans.
Leur séjour s'était bien passé et la formation leur avait beaucoup plu. C'est en nous racontant leur
voyage que l'on a décidé de partir à M'Bouo.
Pour préparer notre séjour, nous avons été guidés par le président de l'association francocamerounaise BIAGNE, qui nous a accueillis chez lui plusieurs fois avant notre départ. Il nous a
préparé à la vie là-bas, et nous a prêté un portable local ainsi qu'une clé 3G.
Pendant le séjour, les membres de l'association et le personnel de l'hôpital ont été très accueillants,
et nous ont guidées, voire accompagné pour les visites du week-end. Ils pouvaient répondre à toutes
nos questions, et nous étions très à l'aise avec toutes ces personnes.
Je conseille aux étudiants qui souhaiteraient partir à M'Bouo, où dans un autre hôpital du
Cameroun, de contacter le président de l'association BIAGNE Hervé MOGTO. Il nous a très bien
guidées quant à la préparation du séjour. Il est intéressant aussi de lire les impressions des
précédents étudiants sur le site de Biagne, où de nombreux rapports de stage ont été publiés.
En somme, le Cameroun est un pays très diversifié, qu'on appelle souvent « Afrique en miniature »,
où les habitants sont chaleureux et accueillants. Le stage et la vie quotidienne auprès d'eux m'aura
beaucoup apporté humainement. Les visites des villes de l'Ouest Cameroun ont aussi été très
enrichissantes sur l'histoire du pays et les traditions. La vie là-bas est simple, l'échange d'argent
facile, et les marchés et supermarchés à proximité.
Je conseille fortement aux étudiants, peu importe leur branche d'étude, de partir faire un stage dans
ce pays, où dans un autre pays d'Afrique Centrale.