aujourd`hui, sachez que est assurée ! hier, les lycéens et

Transcription

aujourd`hui, sachez que est assurée ! hier, les lycéens et
AUJOURD'HUI, SACHEZ QUE
HIER, LES LYCÉENS ET ÉTUDIANTS COMMUNISTES ÉCRIVAIENT
LA RELEVE
EST ASSURÉE !
O
T
I
D
E
«Étudiant de France. Le 11 novembre est resté pour toi jour de Fête nationale. Malgré l’ordre des autorités
opprimantes, il sera Jour de recueillement. Tu n’assisteras à aucun cours. Tu iras honorer le Soldat inconnu à 17 h
30. Le 11 novembre 1918 fut le jour d’une grande victoire. Le 11 novembre 1940 sera le signal d’une plus grande
encore. Tous les étudiants sont solidaires pour que vive la France. Recopie ces lignes et diffuse-les.».
C'est ce qu'écrivent les lycéens et étudiants communistes. Cette première grande manifestation rassemblera
près de 3 000 lycéens et étudiants qui se sont retrouvés face à l'armée allemande. Cet épisode aura comme
conséquence immédiate la répression et l'arrestation de responsables communistes. Qu'est-ce qui permet alors à ces
jeunes, alors que tout semble désespéré, de voir dans cette manifestation, à laquelle ils participent au péril de leur
vie, un espoir, le signal de la victoire, de la libération du joug nazi ?
Cette première provocation marque le début d'un rassemblement chaque jour grandissant d'étudiants et de lycéens,
s'organisant en comités contre la déportation, en comités d'autodéfense, organisant des manifestations, des
provocations et des mouvements insurrectionnels.
Plus de 70 ans après, nous sommes là, debout comme eux,
ce n’est plus la barbarie nazie, mais la menace d’une droite et d’une
La Relève était le journal des étudiants
extrême droite populistes, le manque de moyens pour vivre
communistes, paru pour la première fois en
1937, alors que le Secrétariat national des
dignement, ce n’est plus l’occupation militaire de notre pays, mais
Étudiants Communistes de France, les « E.C. »
la main-mise d'une poignée de patrons et de financiers sur nos vies
rassemble différents groupes d'étudiants et de
qui nous font descendre dans les rues ! En ce mois de novembre,
lycéens qui luttent contre le fascisme. Ceux-ci
commémorons ces jeunes lycéens et étudiants. Commémorons
s'uniront au début de la guerre, et donc dans la
pour nous réapproprier notre mémoire, à l'heure où ce
clandestinité, au sein de l'Union des Étudiants
gouvernement se l'accapare, voulant la vider de tout contenu
et Lycéens communistes de France (l'UELCF).
d'émancipation. Commémorons pour mieux résister aujourd'hui !
C'est dès 1939, que paraît de nouveau La
Relève. Distribués sous le manteau puis
Continuons le combat contre cette réforme des lycées
détruits immédiatement après avoir été lus, il
injuste, continuons le combat contre la répression de l'engagement
nous reste aujourd'hui très peu d'exemplaires
politique et syndical, contre les inégalités de classe à l'Université, et
du seul journal étudiant clandestin paru sous
ces politiques qui font de nos lieux d'étude des usines à travailleurs
l'occupation.
précaires, continuons le combat pour l'accès de tous à un savoir
d'émancipation. Nous voulons connaître le combat de nos
Si nous la faisons reparaître
camarades, car résister, ce n’est pas s’arc-bouter sur l’existant, ce
aujourd'hui, ce n'est pas par nostalgie. Nos
n’est pas avoir un boulot à n’importe quel prix. C’est refuser
Camarades qui l'ont écrite et diffusée au péril
de leur vie ont écrit l'histoire du peuple de
l’avenir qu’on nous prépare fait d’injustices, d’inégalités et de
France. Cette histoire, c'est un siècle de
précarité généralisée. Faire vivre la Résistance aujourd’hui, ce n’est
combats contre l'oppression, pour le pain, la
pas courber l’échine face au recul de civilisation qu'on nous impose.
paix et la liberté. Aujourd'hui le gouvernement
On a sans doute raison de penser qu’en 2011 les étudiants et
s'approprie leur mémoire pour les vider de tout
lycéens de France s’appellent toujours résistants ; c’est bien pour ça
leur contenu de résistance, les faisant marcher
qu’ils sont toujours plus dans la rue, chaque jour davantage
à contre-courant de toute leur vie. À nous de
mobilisés pour défendre leur avenir !
prendre la relève !
par Marion Guenot, Secrétaire Nationale de l'UEC
et Guénolé Fournet, responsable lycéen du Conseil National du MJCF
« Aucun peuple ne peut être libre s'il en opprime un autre », Karl Marx
LA MANIFESTATION DU 11 NOVEMBRE
La manifestation des lycéens et étudiants du 11 novembre 1940 est un événement majeur de l'Histoire de la
Résistance : premier geste d'opposition public aux Allemands, moment fondateur de l'activité résistante des lycéens
et étudiants parisiens. Sarkozy a tenté l'année dernière de s'en emparer et de récupérer la mémoire de ceux qui se
sont levés contre l'Occupation et la collaboration.
Une manifestation organisée.
Début novembre, Paul Langevin, professeur au Collège de France, fondateur du Comité de vigilance des
intellectuels antifascistes, est arrêté par les Allemands. Les étudiants, notamment l'Union des étudiants et lycéens
communistes, organisent une manifestation place de la Sorbonne pour protester contre cette arrestation.
Il faut souligner que l'occupation allemande et la collaboration ont bouleversé l'Université avec le départ de
professeurs, refusant d'être les enseignants du régime de Vichy. Le secrétaire d’État à l'instruction publique veut faire
du 11 novembre une journée comme une autre, les étudiants ne devant pas être présents pour les cérémonies pour
éviter tout trouble éventuel.
A l'issue de la manifestation du 8 novembre en soutien au professeur
Langevin, les étudiants communistes et d'autres envisagent d'organiser un
défilé trois jours plus tard à l'Arc de Triomphe.
Le tract d'appel à la manifestation s'adresse à tous : il affirme que
« tous les étudiants sont solidaires pour que vive la France ! ».
Le rôle de la direction des étudiants communistes y est déterminant.
En faisant circuler l'information – sous le manteau – la manifestation est un
succès en terme de mobilisation : plus de 3 000 étudiants et lycéens
principalement convergent vers la place de l’Étoile
A 17h, la manifestation bat son plein. L'effet de surprise a fonctionné
car à 16h tout semblait calme.
La Marseillaise retentit dans la foule, des cris de soutien à De Gaulle,
au professeur Langevin également.
La France : un pays toujours en guerre...
Si la situation ne peut en rien être comparée à celle de l’occupation nazie de 1945, et n’est pas la même que celle
de grands affrontements, la réalité est bien là : notre armée est engagée dans de nombreux conflits partout sur la
planète.
Outre les guerres coloniales, ou les conflits menés dans l'OTAN, l’engagement militaire de la France ne s’est pas
arrêté en 1945. Ainsi aujourd’hui, près de 30 000 soldats sont déployés dans le monde, et les buts ne sont pas nobles : il
s’agit dans la plupart des cas de servir l’impérialisme, de défendre les intérêts économiques des capitalistes notamment
français au détriment d'autres peuples.
Héritage de la colonisation, la Françafrique, constitue un des premiers facteurs de participation de la France à de
véritables conflits, souvent maquillés en « opérations de maintien de la paix ». Ainsi, plus de 2 000 soldats sont engagés
en Afrique (Côte d’Ivoire, Tchad …). Outre ces missions dites « temporaires », la France possède également de très
importantes bases à Djibouti, au Sénégal … en tout plus de 5 000 soldats. L’armée française y sert les intérêts des grandes
multinationales et des dirigeants corrompus contre l’intérêt des peuples africains. Elle participe à des opérations de
combats, et interfère directement dans les affaires politiques de ces pays comme par exemple en Côte d'Ivoire.
De même, près de 4000 hommes combattent actuellement en Afghanistan où l’armée française constitue une
force d’occupation. De jeunes soldats meurent pour une guerre qui n’est pas la leur.
Que dire enfin de la Libye : prétextant vouloir installer la démocratie
Nicolas Sarkozy a engagé 3800 hommes au large des côtes libyenne, l’armée
française a bombardé sans relâche la population, utilisant un arsenal
impressionnant, mobilisant un porte-avion et une grande partie de notre flotte
aérienne.
Ainsi, en ce début du XXIème siècle, à l’heure où les conflits armés ont
changé de visage, méfions-nous des idées préconçues. Que ce soit dans de
véritables guerres assumées, où dans des « missions d’intervention ou de
stabilisation » l’État français est engagé dans de multiples guerres. Ces conflits ne
sont pas justes et encore moins légitimes. Ils ne servent pas nos intérêts mais ceux
des puissants, souvenons-nous à titre d’exemple qui suite à la guerre en Libye, les
grandes compagnies pétrolières françaises ont obtenu 35% de l’exploitation des
gisements de pétrole libyen.
En ce début de XXIème siècle, il nous faut plus que jamais combattre la guerre, lutter contre l’impérialisme pour
construire un monde de paix et de justice.
par Alexis Coskun, étudiant à Strasbourg
Une répression féroce.
Les manifestants n'arriveront pas à la place de l’Étoile à cause de
l'intervention de la police française, puis de la police allemande et des
mouvements de jeunes pro-nazis.
Claude Lalet, membre des
étudiants communistes,
emprisonné à la suite de la
manifestation puis fusillé à
Chateaubriant avec Guy Môquet
Plusieurs dizaines de manifestants seront arrêtés, torturés et condamnés. Aucun mort n'est à signaler.
Dès les jours qui suivent la manifestation, les autorités accusent les étudiants communistes. François Lescure,
alors responsable de l'UELCF est arrêté, interrogé pour ses activités.
François Lescure, responsable des
étudiants communistes.
L'activité des étudiants communistes dans la région parisienne se
poursuit tout au long de la guerre. Présents dans tous les lycées, universités,
écoles …, ils représentent la plus grande force résistante de la jeunesse.
Diffusion de tracts, croix de lorraine sur les murs, ils sont de tous les
combats contre l'occupant et la collaboration. Ils paieront d'un lourd tribut
leurs activités : nombre d'entre eux seront fusillés, arrêtés, internés, déportés
dans les camps nazis.
Alors que la droite tente de récupérer l'Histoire de la Résistance,
soyons dignes d'eux : Claude Lalet, fusillé à Chateaubriant avec les 27, Bob
Kirchen fusillé comme otage, Olivier Souef et Claude Gros morts " Triangles
rouges" (insigne imposé aux déportés politiques) à Auschwitz.
par Eloi Simon, étudiant à Paris
… et où règne un climat sécuritaire.
Désormais, le système met tout en œuvre pour contrôler nos vies. Sarkozy a lancé une guerre nationale à tous
ceux qui ne rentrent pas sa vision de la France. L'objectif du gouvernement est de nous habituer - les jeunes - à un
dispositif ultra sécuritaire tout en faisant passer l'idée que nous sommes potentiellement dangereux pour la société : les
mineurs de plus de 13 ans sont pénalement responsables, le gouvernement supprime des postes dans l'éducation
nationale tout en imposant un policier référent dans les établissements.
« Les syndicalistes nous prennent en otage », « les lycéens profitent des manifs
pour casser dans les rues », « les jeunes enfument nos halls d'immeuble », etc. C'est
autant d'idées fausses que la droite cherche à nous faire intérioriser pour mieux
nous diviser et étouffer toute tentative de solidarité.
La création du ministère de l'immigration et de l'identité nationale en 2007
remet au gout du jour les discours racistes et xénophobes. Hortefeux et Besson ont
lancé la chasse aux immigrés à coup de déclarations odieuses et de lois inhumaines.
Création de zones mobiles et allongement de la durée de rétention, démantèlement
violent de camps de Rom, renvoi des malades étrangers dans des pays où ils ne
pourront pas être soignés sont différentes mesures que cherchent à combattre ces
soit-disant « ennemis de l'insécurité ».
Ces mesures répressives interviennent dans un contexte de casse de
l'éducation et de nos droits au travail, qui plongent dans l'illégalité les plus démunis
d'entre nous.
Les lois et institutions sécuritaires jouent alors le rôle de voiture-balai pour ceux que le système capitaliste laisse sur le
carreau. On nous refuse le droit à une vie digne, et nous interdit de se réunir à l'université et au lycée. Partout, on nous
réprime quand nous nous révoltons. Soyons unis pour combattre toute stigmatisation, face aux casseurs... d'avenir !
par Arthur Scetbon, lycéen à Rouen