Réponse de la liste « Lutte ouvrière

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Réponse de la liste « Lutte ouvrière
R ponse de la liste « Lutte ouvri re »
Sandra Torremocha
Liste « Lutte Ouvrière, Faire entendre le camp des travailleurs »
Le 29 novembre 2015
à Collectif Roosevelt
Madame, Monseiur
J’ai bien reçu votre courrier du 19 novembre, me demandant si « mon projet » se fonde
autour de vos deux préoccupations : la lutte contre le dérèglement climatique et une
vraie pratique de la démocratie et de la citoyenneté. Vous me demandez en préambule
ma position sur la déclaration de notre région « Zone hors TTIP/TAFTA ».
Vous n’ignorez pas que je représente un courant minoritaire et qu’il y a peu de chance
que je sois élue. Je ne vous abreuverais pas de promesses, comme en sont friands les
politiciens chasseurs de voix qui une fois élus oublient leurs engagements. J’ai
cependant une opinion sur les problèmes qui motivent l’action de votre collectif.
Sur les négociations TAFTA ma position est celle d’une communiste.
Comme tout ce que concoctent les États capitalistes au service de leurs multinationales,
tout ce qui pourra sortir de ces tractations se fera sur le dos des exploités et des couches
populaires en général, de part et d'autre de l'Atlantique, et même au-delà. D’autant plus
que la volonté de garder à ce point secrètes les tractations entre trusts européens et
américains ne peut évidemment rien augurer de bon pour les populations des deux côtés
de l’Atlantique. Mais elle n’est jamais qu’à l’image de cette société capitaliste où, du secret
commercial au secret bancaire en passant par le secret des affaires, sans oublier les
accords diplomatiques et militaires entre grandes puissances, tout ce qui touche au capital
et aux magouilles de ceux qui le contrôlent est soigneusement caché aux populations.
Dans cette économie capitaliste où la bourgeoisie décide de tout et dicte à son État sa
politique, il ne peut pas en être autrement.
En réalité, les trusts des pays capitalistes du monde entier imposent fréquemment ce qui
leur convient sans le moindre traité, sans la moindre autorisation, simplement par la raison
du plus fort, car c'est comme cela que fonctionne l'économie capitaliste. Les traités et
toutes les lois, nationales et internationales, ne viennent en réalité bien souvent que
consacrer le rapport des forces et ce qui en découle dans les relations entre états au plan
économique.
En fait ce n’est pas avec un traité ou une absence de traité, ce n’est pas avec plus ou
moins de barrières douanières ou règlementaires, que les populations protègeront leurs
conditions de vie. Le monde capitaliste, ses rapports de forces, ses guerres économiques
(et ses guerres tout court) c’est cela qu’il faut renverser, et pas se focaliser sur les
stratégies commerciales du moment de certaines fractions de la bourgeoisie.
D’ailleurs il n’est pas surprenant que contre ce traité on trouve également une partie de la
droite et l'extrême droite, avec Marine Le Pen et quelques souverainistes. Cela devrait être
un signal d'alarme pour tous ceux qui à gauche ou à gauche de la gauche font de la lutte
contre ce traité un objectif essentiel.
Focaliser l’attention sur TAFTA, en faire un objectif de lutte pour les travailleurs, c'est, à
mon avis, les orienter vers de faux débats, c'est finalement leur demander de prendre parti
entre différentes politiques plus ou moins protectionnistes de la bourgeoisie. C'est faire
diversion par rapport aux intérêts des exploités.
.
Si une frontière hermétique protégeait de ses concurrents la bourgeoisie française, cela
pourrait aller mieux pour la classe ouvrière ? Forte de ce monopole, l’exploitation,
présentée comme un devoir national, serait encore renforcée sur les lieux de travail.
De même, si les services publics sont mis à mal, les responsables ne sont pas hors
hexagone. La bourgeoisie pense depuis longtemps que les caisses de l'État lui sont
acquises. Les investissements publics ont toujours joué le rôle de commandes assurées
et très chèrement payées aux entreprises privées. Mais avec l'approfondissement de la
crise, pour continuer d'accroître leurs profits, les capitalistes ont besoin de puiser plus
immédiatement et plus directement dans les caisses publiques, quelles qu'en soient les
conséquences.
Je pense qu’avant tout, accord TAFTA ou pas, il faut défendre les exigences vitales du
monde du travail : l’interdiction des licenciements, la répartition du travail entre tous sans
diminution de salaire, l’échelle mobile des salaires, le contrôle des comptes des
entreprises. Dans cette société divisée en classes sociales, toute illusion nationaliste est
dangereuse pour le monde du travail.
C’est pour faire entendre les intérêts immédiats des travailleurs que nous nous
présentons dans cette élection régionale. Le sens de la campagne de la liste « Lutte
Ouvrière-Faire entendre le camp des travailleurs » est également de montrer qu’il y a
des travailleurs qui ont compris que les grands partis ne représentent pas leur camp et
qu’ils sont conscients d’avoir des intérêts de classe à défendre.
Il s’agit pour nous d’affirmer également notre conviction communiste, que l’avenir ne peut
pas être ce monde hérissé de frontières et parsemé de dictatures féroces, ce monde où
une minorité richissime emprisonne l’essentiel de l’humanité dans un océan de misère et
de souffrances.
Quant à mes préoccupations sur le dérèglement climatique, je vous renvoie au
texte qui a fait l’objet d’une réunion publique de notre courant le 9 octobre 2015 à
Paris sur le thème : « Le réchauffement climatique, un révélateur de
l’irresponsabilité du capitalisme », consultable sur notre site lutte-ouvrière.org
rubrique « nos publications » : « Cercle Léon Trotsky ».
Je vous dirais simplement qu’il faut avant tout enlever le contrôle et la possession
des moyens de production aux actionnaires privés ou aux banquiers qui les
possèdent et les mettent en œuvre pour leur seul profit. Cela implique de mettre
un terme à cette économie de marché, de concurrence, de spéculations, de plus
en plus transformée en économie de casino, qui n’est pas nuisible seulement pour
la planète et l’environnement mais pour l’humanité dans une multitude de
domaines.
C’est le combat de mon courant, celui du communisme révolutionnaire, dont je
porte les idées et le programme à l’occasion de cette élection régionale.
Quant à « une vraie pratique de la démocratie et de la citoyenneté » je dois vous
dire que ces termes de « démocratie » et de « citoyenneté », repris à l’envie par
l’ensemble des courants politiques, ne sont pas les miens. Pour moi, il y a deux
classes fondamentales aux intérêts opposés dans la société, la classe bourgeoise
et la classe ouvrière, et c’est du point de vue des intérêts de la classe ouvrière que
je me place. A ce titre je combats la « démocratie bourgeoisie » qui n’est que la
dictature des intérêts capitalistes parasitaires. Et dans notre circulaire nous ne
nous adressons pas aux « citoyens » (ni aux « français ») mais aux nôtres, les
travailleurs.
En m’excusant du retard pris pour vous répondre,
recevez mes salutations
Sandra Torremocha

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