Une école d`ingénieurs informatique en projet

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Une école d`ingénieurs informatique en projet
L’Écho du Roussillon | mardi 8 avril 2014 | N°0041
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PYRÉNÉES-ORIENTALES
ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
Une école d’ingénieurs
informatique en projet
L’économie du savoir présente des signes de bonne santé en Roussillon. À Perpignan, la société Altena envisage
la création d’une école d’ingénieurs en informatique, pour répondre au marché de l’emploi local.
L
’installation de systèmes informatiques dans les entreprises
et dans l’administration s’est
banalisée dans le département, à
quelques rares exceptions près. Mais
les techniciens chargés de leur installation, leur entretien ou leur développement, sont invariablement formés
à l’extérieur. Pour pallier le manque
d’enseignement local en la matière et
accompagner des besoins croissants,
une école d’ingénieurs informatique
est à l’étude. Depuis son bureau de
Perpignan, le fondateur de la société
Alténa, Éric Anmella considère « aberrant » qu’aucun établissement n’existe
localement et juge « très difficile »
de recruter des ingénieurs dans la
proximité.
Ce chef d’entreprise de 46 ans, dont
les clients sont Rebook, Levi’s ou
encore le conseil général des PyrénéesOrientales, puise dans son expérience:
« Ce n’est pas facile d’envoyer ses
enfants en école d’ingénierie informatique à Toulouse ou Montpellier.
Les garçons de 19 ou 20 ans ne sont
pas prêts mentalement, et le coût est
élevé pour les parents ».
Une demande locale
Rentré en Roussillon en 2008, après
un parcours à Paris, cet entrepreneur
dirige une PME spécialisée dans le
conseil en externalisation des systèmes
informatiques, pour d’autres PME et
des PMI. Ses clients sont installés à
80 % hors département car il s’agit
d’un « business national ». Il constate
que le recrutement d’informaticiens
s’effectue « à Toulouse, Montpellier
ou Paris » et que Perpignan mérite
son école.
Prêt à investir son énergie et un financement, cet entrepreneur discret
affirme qu’avec une école, les futurs
diplômés, préalablement titulaires
d’un BTS, « trouveront un job, car
il existe une demande locale solide ».
Éric Anmella affiche sa connaissance
des attentes des entreprises et des
collectivités en défendant le meilleur
atout de son parcours professionnel,
celui d’avoir « créé un centre d’information Microsoft à Paris ». Un sésame
pour sonder les besoins en Roussillon.
Un projet peu coûteux
Le projet envisagé a l’avantage lié à sa
nature, car les centres de formation
en ingénierie informatique, aussi
pointu que soit ce domaine, exigent
un matériel de plus en plus accessible
et des locaux normalisés. Alténa, qui
Des ingénieurs informatique au travail. PHOTO DR
déploie une activité de montage de
projets de ce type, prépare actuellement, à Dubaï et au Koweït, deux
centres de formation comparables à
celui de Perpignan.
Ce dernier pourrait ouvrir ses portes
dans une proche échéance. Éric Anmella ne tient pas à dévoiler le budget
de mise en œuvre et de fonctionnement de ce dernier établissement,
conçu sur mesure, mais il divulgue
une partie des contenus qu’il souhaite
y voir enseigner. Y seraient dispensés
des cours avec certifications Cisco et
Microsoft, c’est-à-dire labellisés par ces
opérateurs de systèmes informatiques,
largement présents dans les entreprises
et collectivités locales.
Formés par des enseignants, qui
conserveront leur activité en entreprise, les étudiants seront ainsi « certifiés éditeur », un gage pour leurs
employeurs, qui auront la garantie de
leur bonne connaissance des produits.
Un écosystème informatique en Roussillon
L
a logique des filières, qui
renforce la cohérence des
différents secteurs économiques en reliant les entreprises
entre elles, en association avec les
centres de formation, échappe
au domaine de l’informatique
fonctionnelle en pays Catalan.
Participer, grâce à cette nouvelle
école, à la création d’un « pôle
technologique à Perpignan » est
l’idée développée par Éric Anmella, bien conscient de l’enjeu : « y
parvenir serait énorme ».
Cette volonté, adaptée à une agglomération de 300 000 habitants
telle que celle de Perpignan, peut
faire naître un écosystème informa-
tique, mêlant la transmission du
savoir à l’insertion professionnelle.
Recruter de bons éléments
Ce concept repose sur le « recrutement de bons éléments, par
des entreprises partenaires avec
lesquelles nous travaillons », assure
l’entrepreneur, qui déploie une
activité de formation depuis 2010,
mais sans structure d’enseignement
stable, signalée auprès des futurs
étudiants.
Former des collaborateurs certifiés,
donner de l’espoir à l’emploi de
proximité, en défendant la qualité
de la formation, sont les exigences
qui peuvent rendre durable une
telle filière. Dans les PyrénéesOrientales, où existe un potentiel
lié à la généralisation des réseaux
informatiques, cette formule sera
soulignée par cette future école
d’ingénieurs en informatique,
qui pourrait fonctionner sous
statut privé.
Mise en valeur
Cette mise en valeur de l’économie
réelle pourra être confortée par des
professeurs et des ingénieurs aux
compétences élevées, eux-mêmes
pouvant enseigner à leur tour dans
l’école, au sein d’un circuit de
l’emploi dans lequel les entreprises
feront part de leurs besoins.
Les interventions techniques sont légion pour les ingénieurs. PHOTO DR