Nouvelles caméras cardiaques à semi

Transcription

Nouvelles caméras cardiaques à semi
Médecine Nucléaire 34 (2010) 473–479
Mise au point
Nouvelles caméras cardiaques à semi-conducteur cadmium–zinc–telluride
(CZT) et scintigraphies myocardiques au thallium 201
New CZT cardiac cameras and myocardial perfusion imaging with thallium 201
B. Songy
Service de médecine et imagerie nucléaire, centre cardiologique du Nord (CCN), 32, rue des Moulins-Gémeaux,
93200 Saint-Denis, France
Reçu le 18 décembre 2009 ; accepté le 20 avril 2010
Résumé
La scintigraphie myocardique occupe une place centrale dans la prise en charge de la maladie coronaire. Elle souffre toutefois de limitations
techniques. L’apparition récente de caméras cardiaques à semi-conducteur cadmium–zinc–telluride (CZT) permet d’améliorer les résolutions
spatiale (2), énergétique (2) et l’efficacité de comptage (6). Nous décrivons ici la caméra General Electric GE Discovery NM 530c et
rapportons les études de validation avec les agents technétiés, le thallium 201, les procédures de diminution de doses, les protocoles rapides et les
perspectives offertes par cette nouvelle technologie.
# 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Scintigraphie myocardique ; Détecteurs CZT ; Thallium 201 ; Dosimétrie
Abstract
Myocardial perfusion imaging is widely used for management of coronary artery disease. However, it suffers from technical limitations. New
cardiac cameras using CZT detectors are now available and increase spatial (2) and energy (2) resolutions and photons sensitivity (5). We
describe here the General Electric Discovery NM 530c new camera and summarize the validation studies with technetium agents and with thallium
201, protocols to reduce doses, ultrafast protocols and perspectives offered with this new technology.
# 2010 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
Keywords: Myocardial perfusion imaging; CZT detectors; Thallium 201; Dosimetry
1. Introduction
La scintigraphie myocardique est devenue depuis 25 ans un
examen clé dans le diagnostic de l’ischémie myocardique et le
suivi des coronariens chroniques. Hors syndrome coronaire
aigu, elle est devenue indispensable dans de nombreux cas pour
juger de la nécessité d’une revascularisation et de ses
conditions. Elle est ensuite un élément clé de la surveillance
de ces patients. Elle apporte des informations pronostiques et
décisionnelles essentielles [1–7]. Neuf millions de scintigraphies myocardiques sont réalisées chaque année aux ÉtatsUnis, chiffre qui continue à augmenter.
Adresse e-mail : [email protected].
Cet examen utilisait jusqu’à maintenant des gammacaméras double tête de type Anger, effectuant une rotation
de 180 degrés autour du thorax du patient. La technologie de
détection, développée dans les années 1970, reposait sur une
collimation parallèle, un cristal d’iodure de sodium et une
électronique complexe de détection, amplification, localisation
utilisant des photomultiplicateurs.
Les limites de cette technologie sont connues : une faible
efficacité de comptage entraînant des examens longs (environ
15 minutes par acquisition, après l’effort puis au repos),
responsables d’artéfacts de mouvements, une dosimétrie élevée
(plus de 10 mSv avec le technétium 99 m [99mTc] et de 20 mSv
avec le thallium 201), une résolution spatiale limitée (8 mm
environ), une résolution énergétique médiocre laissant passer
beaucoup de rayonnement diffusé et limitant l’usage simultané
0928-1258/$ – see front matter # 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.mednuc.2010.05.005
474
B. Songy / Médecine Nucléaire 34 (2010) 473–479
de traceurs différents et des capacités de détection insuffisantes
pour autoriser une quantification de la réserve coronaire.
Les industriels ont développé de nombreux outils visant à
limiter ou corriger ces inconvénients : caméras et collimateurs à
la géométrie adaptée aux examens cardiaques, systèmes de
correction d’atténuation et de diffusé, logiciels de reconstruction permettant de diminuer le temps d’acquisition [8–11].
2. Caméras à semi-conducteurs
Le véritable progrès est constitué par l’apparition des
détecteurs à semi-conducteurs [8]. Il s’agit de cadmium–zinc–
telluride (CZT). Il s’agit d’un semi-conducteur opérant à
température ambiante. Il transforme directement le photon
gamma ou X en une impulsion électrique, sans recours à un
photon lumineux intermédiaire et à la technologie complexe
des photomultiplicateurs, ce qui permet d’améliorer résolutions
spatiale et énergétique.
À titre d’exemple, un photon de 140 KeV est converti en
5000 photons lumineux par un cristal de NaI. L’efficacité de
transmission de la lumière est de 50 % et l’efficacité photoélectrique de 25 %. Sept cents électrons environ vont donc être
générés et amplifiés dans le photomultiplicateur. La résolution
énergétique, qui est inversement proportionnelle à la racine
carrée du nombre d’électrons disponibles, va être médiocre
(largeur à mi-hauteur du pic entre 9 et 10 %).
Avec le détecteur CZT, le photon de 140 KeV est converti
directement en charge électrique, à savoir 33 000 électrons, qui
sont collectés par les anodes avant d’être amplifiés par des
circuits intégrés. La résolution énergétique n’est plus
conditionnée par la perte statistique, mais par le bruit du
système amplificateur. Au final, la résolution énergétique est
améliorée d’un facteur 2 (largeur à mi-hauteur égale à 4,5 %).
Avec les gamma-caméras classiques, la résolution spatiale
est limitée par le faible nombre de photons lumineux utiles aux
photomultiplicateurs correspondants. Avec les caméras CZT, la
résolution spatiale est déterminée par la taille de l’anode
collectant la charge. La pixellisation est optimisée avec une
fréquence de Nyquist correspondant à la taille des pixels.
L’utilisation de pixels de 2,46 mm 2,46 mm entraîne une
amélioration de la résolution spatiale d’un facteur 2,4 (Fig. 1).
Un autre point important est l’extrême compacité des
détecteurs
CZT, dix fois moins épais que les détecteurs
[(Fig._1)TD$IG]
Fig. 1. Cristal cadmium–zinc–telluride (CZT) pixellisé avec ses anodes collectrices. Dimensions : 4 cm 4 cm 5 mm.
Pixellized CZT crystal with its patterned anodes. Size: 4 cm 4 cm 5 mm.
classiques, autorisant des géométries de détection plus proches
du corps.
Deux nouvelles caméras cardiaques utilisant cette technologie de détection à semi-conducteurs ont été présentées ces
dernières années et sont commercialisées en Europe depuis
quelques mois :
la D-SPECT, développée par la compagnie Spectrum
Dynamics, utilise neuf détecteurs mobiles balayant l’aire
cardiaque, l’acquisition étant effectuée en position assise ou
allongée [12,13] ;
la Discovery NM 530c (DNM), objet du présent article,
développée par la société General Electric, utilise 19 détecteurs fixes, l’acquisition étant effectuée en décubitus dorsal
ou ventral.
3. Caméra GE Discovery NM 530c
La caméra développée par GE (DNM) associe 19 détecteurs
CZT et une géométrie de détection convergente focalisée sur le
myocarde, permettant une acquisition stationnaire sans
mouvement des détecteurs (Fig. 2 et 3).
La compacité de la technologie CZT a permis de réaliser un
système compact, avec 19 détecteurs fixes associés à une
collimation pinhole capables d’acquérir simultanément
l’ensemble des données nécessaires à une reconstruction
tomographique (Fig. 4).
Chaque détecteur est formé de quatre modules élémentaires
disposés en carré et comporte 32 32 éléments CZT de
2,5 mm (Fig. 1).
Les 19 détecteurs sont disposés en trois rangées sur
180 degrés (cinq détecteurs dans la rangée du haut, neuf dans
celle du milieu, cinq dans celle du bas) et sont associés à
19 collimateurs pinhole en tungstène et convergent sur le cœur
(Fig. 2).
L’imagerie pinhole permet d’augmenter l’efficacité de
comptage sans dégrader la résolution spatiale, en optimisant
la distance pinhole-détecteur, le diamètre d’ouverture du
pinhole (5,1 mm), le nombre de pixels (32 32) et la taille des
[(Fig._2)TD$IG]
Fig. 2. Caméra GE Discovery NM 530c (DNM).
GE Discovery NM 530c camera (DNM).
[(Fig._3)TD$IG]
B. Songy / Médecine Nucléaire 34 (2010) 473–479
475
partie du bruit de fond environnant. La reconstruction des
images utilise un algorithme itératif 3D. En définitive (données
constructeur), la détection des photons en provenance du
myocarde est multipliée par plus de cinq, la résolution
énergétique à mi-hauteur du pic de 99mTc est de 5,4 % et la
résolution spatiale de l’ordre de 4,3 mm.
4. Validation de la caméra Discovery NM 530c avec les
agents technétiés
Fig. 3. Géométrie de détection de la caméra GE Discovery NM 530c (DNM) :
détection multipinhole et volume reconstruit.
GE Discovery NM 530c camera (DNM) detection geometry: stationary acquisition and focused collimation.
[(Fig._4)TD$IG]
pixels (2,5 mm). L’acquisition est complètement stationnaire,
sans aucun mouvement des détecteurs.
Le volume reconstruit n’est plus l’ensemble du thorax, mais
un volume cible de 19 cm de diamètre. Ce volume cible inclut
largement le cœur normal ou dilaté, mais s’affranchit de la
plupart des structures adjacentes et, de ce fait, de la plus grande
La caméra DNM a été validée avec les agents technétiés par
une étude multicentrique (Rambam Hospital, Haifa, Israël ;
Mayo Clinic, Rochester, Minnnesota ; Emory University,
Atlanta, Georgie) portant sur 168 patients [14].
La tétrofosmine marquée au 99mTc a été utilisée selon un
protocole « un jour » avec une faible dose au repos (370 MBq
pour moins de 90 kg, jusqu’à 555 MBq au-dessus de 140 kg) et
une forte dose à l’effort ou sous test pharmacologique
(1110 MBq pour moins de 90 kg, jusque 1665 MBq au-dessus
de 140 kg). L’effort a été réalisé sur tapis roulant (protocole de
Bruce) ; un test pharmacologique (adénosine ou dipyridamole)
a été réalisé quand l’effort n’était pas réalisable ou n’était pas
maximal.
Les patients ont eu le même jour les acquisitions sous une
caméra conventionnelle tomographique double tête (CC) et
sous la caméra DNM, à savoir successivement les acquisitions
DNM repos (4 minutes), CC repos (14 minutes), DNM effort
(deux minutes) et CC effort (12 minutes).
Fig. 4. Acquisition des données sur les 19 détecteurs et reconstruction itérative du volume cible.
Data acquisition with 19 detectors and iterative reconstruction of the target volume.
[(Fig._5)TD$IG]476
B. Songy / Médecine Nucléaire 34 (2010) 473–479
Fig. 5. Examen normal. Noter la définition de la cavité ventriculaire gauche, la visualisation des piliers de la valve mitrale et la visualisation du ventricule droit.
Image obtenue en six minutes avec 74 MBq de thallium 201 chez un homme de 1 m 75 et 70 kg.
Normal scan. Look at the left ventricular cavity delineation, good visualization of papillar muscles and visualization of right ventricle. Image obtained with a 6 min
acquisition with 74 MBq of 201-thallium in a 1.75 m height and 70 kg weight male.
[(Fig._6)TD$IG]
Fig. 6. Image d’effort d’une ischémie inférieure ; image obtenue en six minutes avec 55 MBq de thallium 201 chez une femme de 1 m 60et 50 kg.
Stress scan with inferior wall ischemia. Image obtained with a 6 min acquisition with 55 MBq of 201-thallium in a 1.60 m height and 50 kg weight female.
B. Songy / Médecine Nucléaire 34 (2010) 473–479
Les performances de la DNM ont été comparées à celles de
la CC patient par patient. La concordance était de 91,9 % en cas
de défect perfusionnel et de 92,5 % en l’absence de défect. La
qualité des images a été considérée comme supérieure avec la
DNM. Les auteurs soulignent l’augmentation du nombre de
photons détectés, malgré l’importante diminution du temps
d’acquisition et insistent sur l’amélioration, non seulement de
la résolution spatiale, mais surtout du contraste de l’image.
Les valeurs de fraction d’éjection de repos et de post-stress
apparaissent également bien corrélées, avec des coefficients de
corrélation mesurés à 0,87 au repos et 0,90 en post-stress
( p < 0,01).
5. Validation de la caméra Discovery NM 530c avec le
thallium 201
Nous avons validé la caméra DNM avec le thallium 201 par
une étude mono-site ayant inclus prospectivement 153 patients
adressés pour scintigraphie myocardique d’effort en juillet
2009 [15].
Après injection de 111 à 148 MBq de thallium 201, nous
avons réalisé successivement une scintigraphie sur caméra
conventionnelle double tête (CC) en 13 2 minutes puis sur la
caméra CZT (DNM) en cinq minutes, et interprétés les résultats
à l’aveugle.
Les enseignements de cette étude de validation sont les
suivants :
tous les patients sauf un ont pu être positionnés correctement
sous la caméra ;
le confort des patients est grandement amélioré ;
le taux de comptage est trois fois plus élevé avec la DNM
(3,5 à 5 Kc/s versus 1 à 1,5 Kc/s) ;
la statistique de comptage myocardique est 6 à 8 fois plus
élevée avec la DNM (400 à 600 Kc acquis en 5 minutes au
lieu de 150 à 200 Kc en 10 à 15 minutes) ;
la qualité des images est considérée comme meilleure avec la
DNM dans 38 % des cas, identique dans 59 % et plus
mauvaise dans seulement 3 % des cas ;
les conclusions diagnostiques sont identiques dans 94 % des
cas ;
les discordances relevées ont été attribuées à des artéfacts dans
trois cas seulement (deux artéfacts CC et un artéfact DNM) et
aux phénomènes de redistribution dans les autres cas.
6. Comparaison décubitus dorsal et décubitus ventral
Nous avons comparé au cours de l’étude de validation précitée
les acquisitions ventrales et dorsales. La qualité des images
ventrales est meilleure dans 41 % des cas, identique dans 34 % et
moins bonne dans 25 % des cas. Nous avons observé deux fois
plus d’artéfacts en dorsal (14 %) qu’en ventral (7 %).
7. Réduction de doses avec le thallium 201
Le thallium 201 a par rapport aux agents technétiés
l’avantage d’une meilleure extraction myocardique [16] Il a
477
en revanche l’inconvénient d’une dosimétrie patient élevée [17]
et d’une qualité d’image souvent jugée moins avantageuse.
Mais, alors que pour ces raisons et surtout pour des raisons de
coût et d’organisation, son utilisation avait diminué au profit
des agents technétiés au cours des dernières années, il fait
actuellement un « come-back » du fait de la pénurie mondiale
en 99mTc.
L’apparition des détecteurs à semi-conducteur permet de
diminuer la dose administrée et d’obtenir des images de
meilleure qualité qu’avec les caméras conventionnelles
(Fig. 5 et 6). Il nous a donc semblé que ces caméras étaient
une excellente opportunité d’utiliser le thallium 201 dans de
meilleures conditions.
Nous avons donc cherché à valider la diminution des doses
de thallium 201. Pour cela, nous avons inclus prospectivement
en octobre 2009 137 patients consécutifs adressés pour
scintigraphie myocardique et ayant déjà eu cet examen dans
notre service au cours des cinq dernières années [18]. Il
s’agissait de patients coronariens connus dans 85 % des cas,
chez qui la scintigraphie a retrouvé au moins un infarctus dans
38 % des cas et une ischémie dans 20 % des cas.
L’injection initiale (effort ou dipyridamole) était réduite entre
1 et 1,2 MBq/kg (55 MBq pour 50 kg, 74 MBq pour 70 kg,
111 MBq pour 100 kg ou plus). La réinjection avant les images
de redistribution n’était réalisée qu’en cas d’hypofixation
lacunaire sur les images initiales ou d’antécédent d’infarctus
du myocarde. L’acquisition scintigraphique a été réalisée en cinq
à sept minutes selon l’index de masse corporelle (au lieu de
13 2 minutes avec la CC) Les images DNM ont été comparées
aux images CC réalisées lors de l’examen précédent. La
statistique de comptage est meilleure avec la caméra DNM (plus
d’un million de coups dans l’aire cardiaque). La qualité des
images DNM a été considérée comme meilleure (cavité mieux
définie, piliers visibles, analyse de l’épaississement facilitée)
dans 70 %, identique dans 24 % et moins bonne dans 6 % des cas
(artéfacts : six, contamination digestive : deux). À noter la
disparition des artéfacts précédemment observés dans 50 % des
cas. Surtout, aucune image pathologique n’a été « manquée » par
rapport à l’examen précédent ; en revanche, cinq diagnostics ont
été redressés avec la DNM.
La dosimétrie patient obtenue est diminuée. Ainsi, pour un
patient de 70 kg :
l’activité conventionnelle administrée est de 111 MBq à
l’effort et 37 MBq en redistribution ;
la dose effective, à savoir 0,16 mSv/MBq est de 24 mSv [17] ;
l’activité administrée avec la DNM est de 74 MBq à l’effort
conduisant à une dose effective de 12 mSv en l’absence de
réinjection et de 18 mSv en cas de réinjection (37 MBq).
Ces proportions dosimétriques sont respectées pour
l’ensemble du groupe étudié, l’activité administrée ayant été
proportionnelle au poids, avec une réduction moyenne
d’activité injectée de 30 % à l’effort (88 MBq versus
125 MBq) et de 25 % en cas de réinjection (112 MBq versus
150 MBq) pour un poids moyen de 79 kg et un index de masse
corporel moyen de 27.
[(Fig._7)TD$IG]478
B. Songy / Médecine Nucléaire 34 (2010) 473–479
Fig. 7. Comparaison des doses standard et des faibles doses en fonction du
poids.
Comparison of regular doses and low doses in relationship with weight.
dipyridamole, dobutamine) semblent réalisables en imagerie
monophotonique [21,22].
Les caméras à semi-conducteur, de par leur haute efficacité
de détection, autorisent des temps d’acquisition courts, une
haute statistique de comptage et l’acquisition d’études
dynamiques de débit en mode liste. L’évaluation du débit
sanguin myocardique et de la réserve coronaire apparaissent
donc comme une perspective à moyen terme avec ces nouvelles
caméras.
Le thallium 201 semble actuellement l’agent de choix pour
l’étude de la réserve coronaire, du fait de sa captation
myocardique élevée et de l’assez bonne linéarité entre sa
captation et l’augmentation du débit coronaire [23,24].
10. Conclusion
Ainsi, la caméra DNM autorise avec le thallium 201 une
importante diminution dosimétrique (environ 30 %) avec une
qualité d’image accrue et une statistique de comptage
avantageuse. Celle-ci autorise une diminution des doses plus
importante, jusqu’à 0,8 MBq/kg, permettant ainsi de réduire la
dose efficace à moins de 10 mSv [18,19]. (Fig. 7). Une même
démarche de réduction de dose peut également être envisagée
avec les agents technétiés.
8. Protocoles rapides
Un protocole rapide double isotope en 20 minutes a été décrit
avec la caméra D-SPECT chez 374 patients [20] : injection de
74 MBq de thallium 201 (pour les patients de moins de 100 kg)
au maximum de l’effort ou sous adénosine, image d’effort en six
minutes (éventuellement en deux positions), injection de
296 MBq de 99mTc-sestamibi ou tétrofosmine et image précoce
de repos en quatre minutes. La qualité des images et la dosimétrie
sont équivalentes à celles de l’imagerie conventionnelle.
La résolution énergétique améliorée d’un facteur 2 permet
de plus d’envisager de remplacer ces deux acquisitions
successives par une acquisition simultanée en double spectrométrie. Cela peut être également envisagé avec la séquence
thallium au repos – agent technétié à l’effort.
Les performances de la caméra permettent d’envisager à la
fois une réduction du temps total d’examen et de la dosimétrie.
L’efficacité de détection (statistique de comptage myocardique
multipliée par quatre à cinq) permet d’imaginer aussi des
protocoles rapides avec les seuls agents technétiés.
Un protocole rapide utilisant les agents technétiés est
actuellement en cours d’évaluation par certains service avec la
DNM, les résultats n’ayant pas été publiés pour l’instant :
injection de 250 MBq au repos, image de repos en cinq minutes
une demi-heure plus tard, puis épreuve d’effort ou test
pharmacologique, injection de 750 MBq, image d’effort
immédiate en trois minutes.
9. Perspectives
La mesure du débit sanguin myocardique et de la réserve
coronaire à l’effort ou avec test pharmacologique (adénosine,
Cette nouvelle caméra cardiaque, associant détecteurs fixes,
technologie à semi-conducteur CZT et collimation convergente
multi-pinhole, autorise une diminution importante de la
dosimétrie, permet des acquisitions rapides, précises, sans
artéfact de mouvement et fournit des images de haute qualité et
de haute valeur diagnostique.
Elle ouvre des perspectives de protocoles courts, en simple
ou en double spectrométrie, mais aussi de mesure du débit
sanguin myocardique et de la réserve coronaire.
Pour toutes ces raisons, cette nouvelle technologie apparaît
comme un tournant et un progrès important en cardiologie
nucléaire.
Conflit d’intérêt
Aucun.
Remerciements
Aux docteurs David Lussato, Mohamed Guernou, Mathieu
Queneau et Ricardo Geronazzo, ainsi qu’aux cardiologues et à
l’équipe paramédicale du service de médecine nucléaire du
centre cardiologique du Nord.
Références
[1] Iskandrian AS, Chae SC, Heo J, Stanberry CD, Wasserleben V, Cave V.
Independent and incremental prognostic value of exercise single-photon
emission computed tomographic (SPECT) thallium imaging in coronary
artery disease. J Am Coll Cardiol 1993;22:665–70.
[2] Iskander S, Iskandrian AE. Risk assessment using single-photon emission
computed tomographic technetium-99m sestamibi imaging. J Am Coll
Cardiol 1998;32:57–62.
[3] Vanzetto G, Ormezzano O, Fagret D, Comet M, Denis B, Machecourt J.
Long-term additive prognostic value of thallium-201 myocardial perfusion imaging over clinical and exercise stress test in low to intermediate
risk patients: study in 1137 patients with 6-year follow-up. Circulation
1999;100:1521–7.
[4] Hachamovitch R, Berman DS, Kiat H, Cohen I, Friedman JD, Shaw LJ.
Value of stress myocardial perfusion single photon emission computed
tomography in patients with normal resting electrocardiograms: an evaluation of incremental prognostic value and cost-effectiveness. Circulation
2002;105:823–9.
B. Songy / Médecine Nucléaire 34 (2010) 473–479
[5] Mahmarian JJ, Dakik HA, Filipchuk NG, Shaw LJ, Iskander SS, Ruddy
TD, et al. INSPIRE Investigators. An initial strategy of intensive medical
therapy is comparable to that of coronary revascularization for suppression
of scintigraphic ischemia in high-risk but stable survivors of acute
myocardial infarction. J Am Coll Cardiol 2006;48:2458–67.
[6] Boden WE, O’Rourke RA, Teo KK, Hartigan PM, Maron DJ, Kostuk WJ,
et al. Optimal medical therapy with or without PCI for stable coronary
disease. N Engl J Med 2007;356:1503–16.
[7] Shaw LJ, Berman DS, Maron DJ, Mancini GB, Hayes SW, Hartigan PM,
et al. Optimal medical therapy with or without percutaneous coronary
intervention to reduce ischemic burden: results from the clinical outcomes
utilizing revascularization and aggressive drug evaluation (COURAGE)
trial nuclear substudy. Circulation 2008;117:1283–91.
[8] Slomka PJ, Patton JA, Berman DS, Germano G. Advances in technical
aspects of myocardial perfusion SPECT imaging. J Nucl Cardiol 2009;
16:255–76.
[9] Ali I, Ruddy TD, Almgrahi A, Anstett FG, Wells RG. Half-time SPECT
myocardial perfusion imaging with attenuation correction. J Nucl Med
2009;50:554–62.
[10] Venero CV, Heller GV, Bateman TM, McGhie AI, Ahlberg AW, Katten D,
et al. A multicenter evaluation of a new post-processing method with
depth-dependent collimator resolution applied to full-time and half-time
acquisitions without and with simultaneously acquired attenuation correction. J Nucl Cardiol 2009;16:714–25.
[11] DePuey EG, Bommireddipalli S, Clark J, Thompson L, Srour Y. Wide
beam reconstruction ‘‘quarter-time’’ gated myocardial perfusion SPECT
functional imaging: a comparison to ‘‘full-time’’ ordered subset expectation maximum. J Nucl Cardiol 2009;16:736–52.
[12] Sharir T, Ben-Haim S, Merzon K, Prochorov V, Dickman D, Ben-Haim S,
et al. High-speed myocardial perfusion imaging initial clinical comparison
with conventional dual detector anger camera imaging. JACC Cardiovasc
Imaging 2008;1:156–63.
[13] Gambhir SS, Berman DS, Ziffer J, Nagler M, Sandler M, Patton J, et al. A
novel high-sensitivity rapid-acquisition single-photon cardiac imaging
camera. J Nucl Med 2009;50:635–43.
479
[14] Esteves FP, Raggi P, Folks RD, Keidar Z, Askew JW, Rispler S, et al.
Novel solid-state-detector dedicated cardiac camera for fast myocardial
perfusion imaging: multicenter comparison with standard dual detector
cameras. J Nucl Cardiol 2009;16:927–34.
[15] Songy B, Guernou M, Lussato D, Geronazzo R, Queneau M. Validation
with thallium-201 of a new cadmium-zinc-telluride (CZT) cardiac
camera. J Nucl Med 2010;51(Suppl 2):167P.
[16] Strauss HW, Bailey D. Resurrection of thallium-201 for myocardial
perfusion imaging. JACC Cardiovasc Imaging 2009;2:283–5.
[17] Thomas SR, Stabin MG, Castronovo FP. Radiation-absorbed dose from
201Tl-thallous chloride. J Nucl Med 2005;46:502–8.
[18] Songy B, Geronazzo R, Guernou M, Queneau M, Lussato D. Validation
d’un protocole « thallium faible dose » avec une caméra à semi-conducteur Cadmium-Zinc-Telluride (CZT). Médecine Nucléaire 2010;34:247.
[19] Campbell P, Yap K, Cherk M, Kelly M, Kalff V. Comparison of prone
versus supine left ventricular ejection fraction (LVEF) from gated myocardial perfusion scans (MPS) and gated cardiac blood pool scans
(GCBPS). J Nucl Med 2010;51(Suppl2):167P.
[20] Berman DS, Kang X, Tamarappoo B, Wolak A, Hayes SW, Nakazato R,
et al. Stress thallium-201/rest technetium-99m sequential dual isotope
high-speed myocardial perfusion imaging. JACC Cardiovasc Imaging
2009;2:273–82.
[21] Storto G, Soricelli A, Pellegrino T, Petretta M, Cuocolo A. Assessment of
the arterial input function for estimation of coronary flow reserve by single
photon emission computed tomography: comparison of two different
approaches. Eur J Nucl Med Mol Imaging 2009;36:2034–41.
[22] Marini C, Bezante G, Gandolfo P, Modonesi E, Morbelli SD, Depascale A,
et al. Optimization of flow reserve measurement using SPECT technology
to evaluate the determinants of coronary microvascular dysfunction in
diabetes. Eur J Nucl Med Mol Imaging 2010;37:357–67.
[23] Leppo JA, Meerdink DJ. Comparison of the myocardial uptake of a
technetium-labeled isonitrile analogue and thallium. Circ Res 1989;
65:632–9.
[24] Heller GV. Tracer selection with different stress modalities based on tracer
kinetics. J Nucl Cardiol 1996;3:15–21.

Documents pareils