sommaire - Les papiers de presse

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sommaire - Les papiers de presse
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N° 2615
9,15 €
Cette phrase de Julien Green illustre la situation des éditeurs de presse aujourd’hui.
Nous marchons dans la nuit.
Le grenelle de la presse a suivi celui de l’environnement. La planète presse est en
danger. « les Geeks », « les blogueurs », « les homo mobilus » ne sont pas des extraterrestres, tout au plus des mutants de moins en moins lecteurs et de plus en plus
connectés.
2013 verra s’accentuer le règne des High-Tech sur fond de crise économique.
La chute de la publicité risque de nécessiter de nouveaux plans d’économie. Peutêtre, n’est-ce pas pire qu’une grosse tempête pendant la « route du Rhum » ou du
« Vendée globe ». Il faut voir d’où vient le vent, garder le cap et réduire la voilure.
En espérant qu’il n’y ait pas trop de casse.
éditorial
« La vie est un roman qui s’écrit dans la nuit ».
Une crise ne se vit pas forcément dans un climat anxiogène. Elle est parfois le creuset
de grandes réussites et découvertes. Dans un monde en perpétuel changement,
cela peut être l’occasion de privilégier la créativité et la réactivité face aux lourdeurs
de l’habitude.
sommaire
Aujourd’hui, nos rédactions n’ont plus le monopole de l’information. Pourtant, il
serait dangereux que celle-ci ne soit plus assurée par des professionnels.
Éditorial de Benoit Leclerc
Evolution du Groupe
Les Papiers de Presse
L’activité du labeur
s’est dégradée sur les huit
premiers mois de 2012
« La Presse au Futur » :
un déjeuner des Papiers de
Presse pour préparer l’avenir
Remise des Trophées
de l'innovation Presse
organisés par « La Presse
au Futur »
1
A l’heure où la mondialisation entraine une certaine uniformisation et une perte des
repères, la singularité de nos contenus évite une déconstruction et un déracinement
de la société.
2
Le travail des journalistes permet de restituer les évènements dans leur contexte et
de les mettre en perspective. Les professionnels canalisent le flux incessant des
infos en leur donnant un sens. Leur première motivation n’est pas de faire le « buzz »
mais d’être au plus près des réalités.
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Malgré cette course permanente à l’innovation et malgré l’invasion du virtuel, les
entreprises de presse par leurs contenus font mentir Karl Marx quand il dit : « les
hommes font leur histoire sans savoir l’histoire qu’ils font ».
Même si nous peinons à trouver les clefs de notre avenir avec un modèle économique,
il est évident que nous serons toujours plus forts dans l’union que dans la division.
Plus que jamais dans ce maelström que nous vivons, les structures professionnelles,
comme « les Papiers de Presse », sont des points d’appui nécessaires, précieux et
même indispensables pour construire le futur.
Au moment où un passage de relais va avoir lieu à la tête de cet organisme qui a
bien servi les intérêts de la Presse, il faut saluer le rôle déterminant qu’a joué Jean
Claude Brognaux ces 25 dernières années. Grâce à son travail et à son talent, il nous
laisse une maison solide et performante. Longue vie à la SPPP !
Excellente année 2013.
Benoit LECLERC
Président Directeur Général
La Manche Libre
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Evolution du Groupe Les Papiers de Presse
à compter du 1er janvier 2013
A l'occasion des Conseils de Surveillance
de la SPPP et de la CFPP qui se sont
tenus le mercredi 21 novembre 2012,
M. Jean-Claude Brognaux a proposé que
le Directoire, qui prendra ses fonctions à
compter du 1er janvier 2013, soit composé
comme suit :
M. Eric Debry, Président du Directoire,
M. Thierry Allamachère, Directeur Financier,
M. Olivier Derville, Directeur des Achats
et M. Hervé Pelletanche, Directeur des
Ventes. Cette proposition a été acceptée à
l'unanimité.
M. Pierre Domenech prendra la présidence des Conseils de Surveillance de
la SPPP et de la CFPP. M. Jean-Claude
Brognaux, qui continuera à siéger aux
Conseils de Surveillance des deux sociétés, a été nommé Président d’Honneur.
Mme Marie-Odile Amaury a été nommée
Vice-Président de la SPPP et M. Jacques
Saint-Cricq reste Vice-Président de la
CFPP.
organigramme
Par ailleurs, M. Jacques Vernier, précédemment Directeur Général et Membre
du Directoire de la SPPP et de la CFPP,
quittera ses fonctions à cette date.
Par ailleurs, à compter du 1er janvier, la composition des Conseils de Surveillance de la
CFPP et de la SPPP se composera :
Conseil de Surveillance CFPP :
• M. Pierre Domenech,
Président du Conseil de Surveillance,
• M. Jacques Saint-Cricq,
Vice-Président du Conseil de Surveillance,
Président du Conseil de Surveillance de
La Nouvelle République du Centre Ouest,
• M. Pierre d’Harcourt,
Membre du Directoire,
Groupe Sud Ouest,
• Mme Marie-Odile Amaury,
Président Directeur Général,
Editions P. Amaury,
• M. François-Régis Hutin,
Président-Directeur Général,
Ouest-France,
• M. Edouard Coudurier,
Président-Directeur Général,
Le Télégramme,
• M. Pierre Jeantet,
Représentant Midi Libre,
• M. Louis Dreyfus,
Président du Directoire, Le Monde,
• M. Benoît Leclerc,
Président-Directeur Général,
La Manche Libre.
Conseil de Surveillance SPPP :
• M. Pierre Domenech,
Président du Conseil de Surveillance,
• Mme Marie-Odile Amaury,
Vice-Président du Conseil de
Surveillance, Président Directeur
Général, Editions P. Amaury,
• M. Jean-Claude Brognaux,
Président d’Honneur du Conseil
de Surveillance et Président CAPMHP,
• M. Benoît Leclerc,
Président Directeur Général,
La Manche Libre,
• M. Louis de Broissia,
Ancien Sénateur, Membre du Conseil
Général de la Côte d’Or
• M. Jacques Camus,
Représentant La République du Centre,
• M. Alain Plombat,
Président du Directoire de Midi Libre,
• M. Arnould Thénard,
Président de la CNAQ.
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Eric DEBRY : Président
Thierry ALLAMACHÈRE : Directeur financier
Olivier DERVILLE : Directeur des Achats
Hervé PELLETANCHE : Directeur des Ventes
Logistique :
Jean-Pierre CATEZ
Technique :
Laurent FAVIER
Achats :
Olivier DERVILLE
LAFORÊT LOGISTIQUE :
Patrick MAILLOT
BERNON TRANSPORT
Philippe BAERT
2
• M. Jean-Claude Brognaux,
Président d’Honneur du Conseil
de Surveillance et Président CAPMHP,
Ventes :
Hervé PELLETANCHE
Marketing &
Communication :
Dominique PIN
Finances
& Comptabilité :
Thierry ALLAMACHÈRE
AXXOR INFORMATIQUE
Jean-Marc MAILLY
Secrétariat général :
Jean-Pierre DELIVET
L’activité du labeur s’est dégradée
sur les huit premiers mois de 2012
En tendance annuelle,
seule la production des
hebdomadaires reste positive
Après une relative stabilisation de l’activité en 2011, la situation de l’imprimerie
de labeur s’est dégradée sur les huit
premiers mois de cette année. Selon la
dernière « Lettre économique » de l’Observatoire des marchés, parue en octobre
dernier, l’activité de l’imprimerie en juillet,
et surtout en août, affiche des résultats
inférieurs aux mêmes mois de l’année précédente, alors que l’industrie manufacturière, dans son ensemble, est en légère
progression.
De janvier à août 2012, le tonnage
imprimé a reculé de 1,7 % pour une facturation en baisse de 0,9 %. Ceci, par rapport à la même période de 2011. En cumul,
depuis le début de l’année, la production
est en baisse sur la quasi-totalité des marchés à l’exception des imprimés publicitaires adressés, des affiches et des hebdomadaires. Le recul le plus significatif
concerne les imprimés publicitaires non
adressés et les livres. En tendance
annuelle, seule la production d’hebdomadaires reste positive. (Tableau 1 et 2).
En Allemagne, pays de référence, la production cumulée à fin août était inférieure
de 1,5 % à celle enregistrée sur la même
période de 2011. En juin et juillet, elle
avait dépassée le niveau de l’année précédente mais, en août, elle a à nouveau
chuté. En Italie, pays avec lequel nous
entretenons des relations commerciales
fortes, le tonnage imprimé a baissé de prés
de 12 %, de janvier à août. (Tableau 3).
La production de papiers
graphiques en net recul
Le malaise de l’imprimerie de labeur est
directement perceptible dans les chiffres
publiés par Copacel (Confédération française de l’industrie des papiers, cartons et
celluloses) et cités par l’Observatoire des
marchés. De janvier à fin septembre dernier, la production française de papiers à
Evolution du tonnage imprimé par grands marchés.
Janvier- août 2012 versus janvier-août 2011.
Affiches
02 %
+ 1,6 %
Imprimés
admin. & commerciaux
non personnalisés
Imprimés
publicitaires
non adressés
01 %
0%
-01 %
- 1,0 %
- 02 %
- 1,8 %
- 2,6 % Périodiques
- 03 %
- 04 %
- 3,5 %
- 3,4 %
Livres
+ 0,1 %
Imprimés
publicitaires
- 0,8 % adressés
- 1,7 %
Catalogues
TOTAL
LABEUR
Imprimés
de gestion
personnalisés
Tableau 1. Source : Observatoire des Marchés et de la Communication Graphique (OMCG).
Evolution de la facturation par grands marchés.
Janvier-août 2012 versus janvier-août 2011.
Affiches
02 %
+ 1,3 %
Imprimés
admin. & commerciaux
non personnalisés
Imprimés
publicitaires
non adressés
01 %
0%
- 0,6 %
-01 %
- 0,9 %
- 02 %
- 03 %
- 04 %
-2%
- 2,7 %
Livres
- 2,1 % Périodiques
- 0,1 %
- 0,5 %
Catalogues Imprimés
publicitaires
adressés
- 0,9 %
TOTAL
LABEUR
Imprimés
de gestion
personnalisés
Tableau 2. Source : Observatoire des Marchés et de la Communication Graphique (OMCG).
Evolution du tonnage imprimé (France, Allemage, Italie).
Janvier-août 2012 versus janvier-août 2011.
00 %
- 01 %
- 02 %
- 03 %
- 04 %
- 05 %
- 06 %
- 07 %
- 08 %
- 09 %
- 10 %
- 11 %
- 12 %
- 13 %
- 1,7 %
- 1,5 %
France
Allemagne
- 12 %
Italie
Tableau 3. Source : Observatoire des Marchés et de la Communication Graphique (OMCG).
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usages graphiques a reculé de 11,2 % par
rapport à la même période de 2011. Mais
si la production des papiers de presse
(journal et LWC) a baissé de 4,1 %, celle
des papiers d’impression écriture a chuté
de 16 % avec un effondrement des non
couchés, avec et sans bois.
Selon Kantar Média, également repris par
l’Observatoire des marchés, « après une
rentrée en berne, le marché plurimédia
est resté fragile en octobre (- 0,8 %)
mais il s’est stabilisé en valeur brute sur
les dix premiers mois de l'année (+ 0,9 %).
Sur cette période, la publicité n’a pas été
favorable à la croissance de l’imprimé ».
Dans la presse, la baisse a persisté en
octobre avec un recul de 2,3 % des recettes brutes et une pagination réduite de
7,8 %. Les quotidiens nationaux sont en
difficultés avec un déficit de 10,8 % en
valeur et de 13,6 % en volume. Les magazines s'en sortent mieux malgré des
résultats encore négatifs tant en valeur
(- 2,3 %) qu'en volume (- 3,4 %). En cumul
annuel, la presse est dans le rouge avec un
recul de 2,4 % des recettes brutes et de
6,3 % de la pagination.
Les investissements en publicité extérieure ont aussi décru, « même si un changement de périmètre de la veille menée par
Kantar, rend ces résultats délicats à interpréter ». Selon ce cabinet d’études, le mois
d'octobre se traduit par une activité en
repli de 4,6 %, soit une baisse de 7,1 % en
cumul annuel (toujours sur les dix premiers mois de l’année).
La plupart des grands secteurs économiques, dont la distribution qui a pourtant
augmenté ses investissements plurimédia, ont moins recouru à la publicité extérieure. Parmi les secteurs, les plus en
retrait, ceux des boissons et des télécommunications alors que l’automobile, troisième secteur utilisateur, a bien résisté.
Stagnation pour les
imprimés publicitaires
adressés (IPA)
Comme dans chaque édition de sa « Lettre
économique », l’Observatoire fait le point
sur la situation des grands marchés du
labeur. Sur le marché des imprimés publicitaires et des affiches, les résultats
varient selon les types de produits. En
cumul sur les huit premiers mois de cette
année, la production des imprimés
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publicitaires adressés (IPA) a stagné
(+ 0,1 %) par rapport à la même période
de 2011 pour une facturation en recul de
0,5 %. Par ailleurs, le chiffre d’affaires par
tonne recule de 0,6 %. Alors qu’elle était
encore croissance en juin, l’activité de ce
secteur a fortement baissé en juillet et
août.
La production d’imprimés publicitaires
non adressés a, en revanche, continué de
baisser par rapport à 2011 avec, en
cumul à fin août, une production en
recul de 3,4 %, soit un résultat nettement
plus défavorable que celui de l’ensemble
du secteur. La facturation diminue de 2 %
mais le chiffre d’affaires par tonne progresse de 1,5 %. C’est sur ce marché que
les mois de juillet et août ont été les plus
difficiles avec des baisses de production
respectives de 6,5 et 9 %.
L’affiche en bonne forme
Selon l’Observatoire des marchés, « la pige
menée par Kantar Media affiche, à l’inverse, une stabilité des volumes de prospectus distribués en boite aux lettres et
une baisse du nombre de mailings adressés. Outre les différences liées aux nomenclatures et à l’indicateur mesuré (nombre
de plis distribués dans un cas, pouvant
contenir des documents plus ou moins
nombreux, et tonnage imprimé dans l’autre), cet écart entre la tendance de la production en France et celle des plis effectivement distribués s’explique sans doute,
en partie, par un recours accru aux importations pour les prospectus non adressés
qui sont imprimés en volumes importants
et souvent confiés à des plateformes de
production». Ce dont témoignent les
résultats du commerce extérieur au premier semestre, avec + 4 % d’imprimés
publicitaires importés (en volume).
En revanche, la production d’affiches a
incontestablement progressé sur les huit
premiers mois de cette année avec un
tonnage en hausse de 1,6 % et une facturation en augmentation de 1,3 % pour
un chiffre d’affaires/tonne en recul de
0,3 %.
Le marché du catalogue
a mieux résisté
Sur les huit premiers mois de 2012, la production de catalogues commerciaux a
reculé de 0,8 %, même si ce type d’imprimés a mieux résisté que la moyenne.
La facturation est stable à - 0,1 % et le
chiffre d’affaires par tonne en hausse de
0,8 %. Contrairement à ce que l’on
observe sur la plupart des autres marchés,
juillet et août ont été meilleurs et ont permis d’améliorer légèrement le résultat
annuel cumulé.
Sur le marché des périodiques, la production cumulée en tonnes a diminué de 1,8 %
pour une facturation en recul de 0,9 % et
un chiffre d'affaires par tonne en hausse
de 0,8 %. Ces imprimés ont enregistré
leurs plus mauvaises performances en janvier et en août. Mais la production d’hebdomadaires reste positive à + 1,7 %.
Comme nous l’avons vu précédemment,
les magazines s’en sortent mieux, sur le
plan de la publicité que l’ensemble des
titres. Ils ont bénéficié du soutien des secteurs de l’habillement et du textile. D’autres secteurs comme l’automobile et l’alimentation ont également porté ce média.
Les livres traversent
une mauvaise passe
Selon l’Observatoire des marchés, en
cumul de janvier à août, les volumes de
livres imprimés ont reculé de 3,5 %, soit
une baisse nettement supérieure à celle
enregistrée en moyenne. Le mois de mai a
été particulièrement difficile avec une
baisse de 8 %. Globalement, la facturation
a diminué de 2,7 % avec un chiffre d’affaires à la tonne en hausse de 0,8 %.
Dernier marché passé en revue par
l’Observatoire, celui des imprimés administratifs et de gestion. La production des
imprimés administratifs et de gestion
« non personnalisés » affichait une
baisse de 1 % à fin août, un résultat
meilleur qu’en juin, « le dernier bimestre
ayant été plutôt positif ». Sur ce marché, la
facturation recule de 0,6 % et le chiffre
d’affaires par tonne de 0,4 %. Les imprimés de gestion personnalisés ont été
plus affectés ave une baisse de 2,6 % en
volume et de 2,1 % en valeur pour un
chiffre d’affaires à la tonne en hausse de
0,5 %.
« La Presse au Futur » : un déjeuner
des Papiers de Presse pour préparer l’avenir
Les Papiers de Presse avaient convié les
représentants de cinq grands éditeurs à
présenter leurs solutions pour sortir du
modèle économique traditionnel des
journaux.
Comment pérenniser des quotidiens fragilisés par la rupture de leur modèle économique ? Quels relais de croissance,
print ou numérique, imaginer pour leur
assurer un nouvel équilibre ? Comment
arbitrer entre concentration et diversification ? Fin novembre, Les Papiers de
Presse ont profité du salon parisien, « La
Presse au Futur » pour se pencher sur le
sujet à l’occasion du déjeuner conférence
qu’ils avaient organisé en marge de cette
manifestation. Etaient conviés, leurs partenaires, éditeurs, imprimeurs et annonceurs, Vincent Peyrègne, Directeur Général
de Wan-Ifra, et les représentants de cinq
grands éditeurs européens, invités à
exposer leur stratégie. Le débat était
animé par Jean Clément Texier, Président
de Ringier France et de la Compagnie
financière de Communication.
Eric Debry, Président du Directoire du Groupe Les Papiers
de Presse.
La diffusion et
la publicité en danger
En ouverture de ce déjeuner, Eric Debry,
Président du Directoire du Groupe
« Les Papiers de Presse » a souligné que
« les principales sources de revenus des
journaux (la diffusion et la publicité),
sont en danger. » Avant de poursuivre :
« Le comportement de nos lecteurs
change et l’évolution, peut-être la plus
marquante, est l’érosion progressive du
rendez-vous périodique que la presse
avait su, au fil de années, construire avec
ses lecteurs. Sur le print, le phénomène
est bien connu : il y a trente ans, six personnes sur dix lisaient chaque jour un
journal. Aujourd’hui, à peine trois personnes sur dix ouvrent quotidiennement
un journal, soit moins de la moitié ».
« Ce phénomène est encore plus vrai
chez les lecteurs numériques » a-t-il
poursuivi. « Aux Etats-Unis, par exemple,
sur dix internautes qui visitent régulièrement des sites de presse, on en
compte à peine deux qui effectuent
cette visite quotidiennement. Quel que
soit le support, donc, nos lecteurs
deviennent plus nomades et plus volages
et ils attachent, d'ailleurs, de moins en
moins de valeur à l'information. » Et
d’interroger la salle : « Savez vous combien de livres numériques sont abandonnés au bout de dix minutes de lecture ?
Un ? Deux ? Trois ? Eh bien non ! La
réponse, aux Etats Unis, est très exactement sept sur dix. C'est un peu
comme si nos grands-pères décidaient
subitement de se séparer des deux tiers
de leurs bibliothèques ! Nous le voyons,
nos lecteurs changent profondément et
durablement et cela n'est pas sans
conséquence sur le modèle économique
de nos journaux ».
Dans son intervention, Eric Debry est
aussi revenu sur un phénomène qui a
récemment affecté plusieurs quotidiens
français : l’abandon partiel ou définitif
de la publication sur papier. « Au delà
des nombreuses disparitions de titres
de presse que nous connaissons tous
- la dernière en date étant le dépôt de
bilan du Frankfurter Rundschau - on
voit, aux Etats-Unis, un nombre grandissant de journaux abandonner la parution papier, le lundi, le mardi, jours traditionnellement faibles en publicité.
Certains titres vont même jusqu'à ne
conserver que l'édition dominicale
papier, laissant au web l'exclusivité de
l'information le reste de la semaine ».
Le print ne tient pas
ses promesses
Autre sujet brûlant abordée par Eric
Debry : le déséquilibre entre les recettes
générées par le print et les revenus tirés
du Web. « Les éditeurs réussiront-ils à
gagner la course poursuite engagée
entre, d'un côté, la baisse des recettes
publicitaires sur le print et, de l'autre, le
développement des revenus de la publicité numérique ? Au vu des derniers chiffres disponibles, il est permis de s'interroger. Reprenons l'exemple des EtatsUnis. En 2011, la presse américaine a
perdu deux milliards de dollars de
revenus publicitaires sur le print. En
face, quels revenus publicitaires additionnels a t-elle générée sur le numérique ? 200 millions ; 200 millions
seulement. On le voit, le décalage est
immense entre ce qui est gagné d'un
côté et perdu de l'autre.
Plus grave, le fossé continue à se creuser.
En 2010, la presse américaine avait
perdu sur le print sept fois plus que ce
qu'elle avait gagné sur le numérique. En
2011, les pertes se sont creusées: Elles
étaient, sur le print, dix fois plus importantes que les gains sur le numérique. On
voit bien, à la lumière de cet exemple,
l'ampleur des défis économiques auxquels nos éditeurs sont et seront
confrontés.
Le monde financier, d'ailleurs, ne s'y
trompe pas. En mai 2011, nous avions
tous crû apercevoir une lueur d'espoir et
peut être la fin du tunnel en apprenant
que Warren Buffet - dont on sait qu'il
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est un investisseur avisé - venait de
racheter pour 142 millions de dollars,
soixante-trois journaux américains. Au
même moment, paraissait une étude
d'un cabinet américain passée relativement inaperçue. Celle-ci analysait à
partir d'un échantillon de cessions de
titres de presse l'évolution sur dix ans
de la valeur des journaux.
La conclusion est sans appel : En dix
ans la valeur moyenne des journaux
américains a été divisée par dix, un des
exemples les plus emblématiques
étant bien sûr la cession pour un dollar, en 2010, par le Washington Post,
de l'hebdomadaire « Newsweek » à un
milliardaire californien ».
Et Eric Debry de s’interroger : « Faut il
désespérer de notre avenir? Non car
les exemples d'évolutions positives
sont nombreux : Il y a des pays où la
presse se porte très bien, comme au
Brésil, où, au premier semestre de cette
année, la diffusion des journaux a augmenté de 2,3 %. Il y a des titres qui - y
compris sur des marchés difficiles gagnent de l'audience. Aux Etats Unis,
“The Week”, qui est une compilation
hebdomadaire d'information, a quasiment triplé son audience print en sept
ans, passant de 180 000 à 520 000 lecteurs. Il y a donc, nous en sommes persuadés, des stratégies gagnantes pour
relever les défis de la presse du futur ».
la Presse ne saurait être une « nouvelle
sidérurgie ». Le Directeur Général de
Wan-Ifra a rappelé que, selon les chiffres présentés au dernier congrès de
son organisation, le monde comptait
2,5 milliards de lecteurs mais seulement 600 millions d’internautes.
Vincent Peyrègne a ensuite évoqué le
projet Next Media, conduit en Finlande
par le groupe européen de médias
Sanoma. Ce programme que la Suède et
la Norvège ont rejoint est un programme de recherche, largement doté,
sur les solutions à mettre en œuvre pour
utiliser les médias numériques, définir
de nouveaux concepts et construire
de nouveaux modèles économiques.
Vincent Peyrègne a aussi conseillé aux
groupes de presse de se tourner vers
l’Europe pour bénéficier des programmes cadres européens et de financements spécifiques. Enfin, il a prôné une
meilleure collaboration entres les éditeurs en matière de recherche et développement. Une collaboration qui leur
permettrait de pouvoir mieux répondre
aux offres de soutien à l’innovation.
Même optimisme chez Vincent Peyrègne
qui, au nom de Wan-Ifra, a expliqué que
« Il faut savoir regarder ce qui se passe
dans les pays étrangers » a observé
Jean-Clément Texier avant de passer la
parole à Tibère Adler, administrateur
du Groupe Tamedia et ancien Président d’Edipresse. Tamédia est né, en
2011, de la fusion de deux groupes de
médias suisses à forte culture familiale,
Edipresse et Tamedia. Le nouvel ensemble a opté pour une stratégie originale :
respecter l’identité de tous ses titres en
encourageant une concurrence sévère
entre eux. Cette fusion qui a permis de
mutualiser les moyens sur le plan indus-
Vincent Peyrègne : Directeur Général de WAN-IFRA.
Jean-Clément Texier : Président Ringier France.
Profiter des programmes
d’aide
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triel, logistique et informatique « sera
créatrice de valeur et débouchera sur un
succès » a souligné Tibère Adler qui a
indiqué qu’avec quelque 920 millions
d’euros de chiffre d’affaires et 20 %
de marge opérationnelle, Tamédia se
classerait, en France, au troisième rang,
derrière les groupes Ouest France et
Lagardère Active. « La presse suisse se
porte bien », a-t-il ajouté et ce « sans
subvention de l’Etat ».
Tibère Adler a estimé que la consolidation du secteur, un terme qu’il préfère à
celui de concentration, était positive, à
condition « de proposer des produits leaders sur leur marché ». Cette stratégie se
vérifie notamment dans la politique de
diversification de Tamédia qui a fortement élargi son offre, soit en éradiquant
la concurrence, comme dans les gratuits
avec « 20 minutes », soit en payant le
prix fort pour acquérir un groupe leader
sur les annonces classées dans l’immobilier et l’emploi. Dans ce cas, Tamédia a
su s’allier avec son concurrent, le
groupe Ringier, pour « mettre sur le marché l’offre la plus puissante » et s’assurer
ainsi des marges plus importantes.
S’allier pour
résister et innover
Patrice Le Hodey, Vice-Président du
groupe belge IPM (éditeur de « La Libre
Belgique » et « La Dernière heure ») a
confirmé tout l’intérêt de cette collaboration entre concurrents. Son groupe
s’est associé avec un autre groupe
belge, Rossel, pour développer un produit commercial commun et, il y a six
Tibère Adler : Administrateur du Groupe Tamedia
– ancien Président d’’Edipresse.
ans, s’opposer aux pratiques de Google.
IPM ne s’est pas arrêté là. Il a choisi de
collaborer avec des groupes internationaux et signé des accords de joint venture pour éditer de nouveaux titres.
Ainsi, IPM publie t-il désormais « Paris
Match Belgique » et « Courrier International Belgique ».
Patrice Le Hodey, dont le groupe a
notamment misé sur les paris sportifs, a
insisté sur le fait que les éditeurs doivent être ouverts à l’innovation : « J’ai
l’impression que certains éditeurs sont
comme des compagnies qui affrétaient
des paquebots pour faire Paris-New York
et qui n’avaient pas compris que les gens
allaient préférer prendre l’avion. Les
paquebots existent toujours pour faire
des croisières car les gens ont envie d’y
aller. La presse doit donner l’envie d’être
achetée ». Le vice-président d’IPM a
aussi conseillé aux éditeurs de diversifier leur recrutement.
Pour Philippe Montjolin, senior VicePrésident opérations du Groupe
New York Times-International Herald
Tribune, la diversification à l’international passe par le rapprochement des
deux titres. (Le Groupe New York Times
a racheté l’International Herald Tribune
(IHT) en 2003). « Ces deux titres sont très
différents » a expliqué Philippe Montjolin
« et nous avons fait en sorte qu’avec leur
rapprochement, on obtienne l’équation
1 + 1 = 3 ».
Contrairement au « New York Times »
(NYT), l’IHT, édité à Paris depuis 125 ans
et lu dans 170 pays, a un lectorat très
diplômé, masculin à 76 % et composé à
61 % de dirigeants. Le revenu annuel
moyen d’un lecteur est de 400 000 dol-
Patrice Le Hodey : Vice-Président du Groupe Belge IPM.
lars. A l’inverse, le « New York Times »
est lu à 55 % par des femmes. Son lectorat est plus simple. Il ne compte que
11 % de managers et le revenu moyen
par lecteur est de 100 000 dollars.
Ces différences ont conduit le groupe à
mener des « stratégies numériques »
radicalement différentes pour les deux
titres. « Nous avons beaucoup investi sur
la gestion des contenus via des outils de
CRM (Customer Relationship Management) et, avec la mise en place du paywall sur le site Web, nous avons fait
migrer les lecteurs papiers du NYT vers le
Net alors que pour les lecteurs de l’IHT, le
papier reste primordial ». Pour résumer,
pour le NYT, le Web passe avant le
papier ; pour l’IHT, le papier prime, suivi
par les mobiles et les tablettes. A terme,
ces outils numériques devraient générer
10 % du chiffre d’affaires de l’IHT, l’objectif étant d’atteindre entre 600 000 et
700 000 acheteurs sur plateforme
numérique.
En Espagne, le groupe El Mundo
(« El Mundo », « Marca » et « Expansion »)
a, comme l’a souligné Ignacio Gil Vasquez,
Directeur Général délégué, créé un kiosque numérique, Orbyt, qui regroupe
soixante-dix publications et fonctionne
comme « un club d’élite ». Mais Orbyt
offre aussi des services complémentaires : fourniture de places pour assister à
un match du Real Madrid ou à une
représentation à l’Opéra, promotion de
produits.
Ignacio Gil Vasquez : Directeur Général Délégué
du Groupe El Mundo.
actif dans le Sud de la France), dans
l’imprimerie (avec Occitane Imprimerie
qui est ouvert à d’autres titres comme
« Le Monde »), gestion de parcs d’exposition ou d’événements (avec Dépêche
Events).
Le groupe toulousain a aussi décliné la
marque Midi Olympique avec Ovalie
Communication (activité de marketing
événementiel) et les Brasseries Midol
(ouverture d’un réseau franchisé de
brasseries).
En France, enfin, Bernard Maffre, VicePrésident de La Dépêche du Midi, a
montré comment ce groupe de presse
régionale avait diversifié son activité :
dans la logistique (Dépêche Logistique
Philippe Monjolin : Senior Vice-Président opérations
du Groupe New-York-Times-International Herald Tribune.
Bernard Maffre : Vice-Président du Groupe La Dépêche.
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PAPIERS
DE
PRESSE
INFORMATIONS
Remise des Trophées de l’innovation Presse
organisés par « La Presse au Futur »
Les Trophées de l’innovation Presse,
organisés dans le cadre du salon de la
Presse au Futur à Paris, ont décerné
le 28 novembre dernier les huit prix
suivants : à « France Culture », pour
la meilleure innovation éditoriale
avec « France Culture Papier » ; au
« Télégramme », pour la diversification de sa marque ; à « ePresse » et
« JQ », pour l’innovation digitale et
nomade ; à « Closer », pour l’innovation
commerciale ; aux « Inrockuptibles »,
pour l’innovation marketing, diffusion et promotion ; à « Ascenceo 360 »
(Groupe Fécomme) et « Le Moniteur »,
pour l’innovation technique et industrielle ; et à la délégation « UNDP »
avec le déplacement du papier dans
les Hautes-Alpes, pour l’innovation
de la vente au numéro.
Les Trophées de l’Innovation Presse aspirent à distinguer les initiatives les plus
originales quelle que soit la taille de l’entreprise. La préselection a voulu couvrir
toutes les formes de presse : PQN, PQR,
PHR, Magazine, Presse spécialisée et Presse
électronique et certains nominés touchent
par leur initiative la totalité des familles
de presse.
Cette année, le Prix de la meilleure
innovation technique et Industrielle a
été sponsorisé par le Groupe Les Papiers
de Presse avec la participation du magazine Caractère. Ce prix récompense le
prestataire ou l’éditeur qui auront su
mettre le print au service de la presse,
plus proche du lecteur, mieux ciblé permettant une augmentation du lectorat
ou un ROI publicitaire accru. Le prix
a été décerné à : Ascenceo 360 (Groupe
Fecomme) et Le Moniteur pour l'action
suivante :
Yvon Guémard, Directeur de la rédaction du magazine Caractère, Thierry
Fecomme, Président-Directeur Général de Ascenceo 360 (Groupe Fecomme),
Anton Keil, Éditeur délégué du Groupe Le Moniteur et Eric Debry, Président du
Directoire du Groupe Les Papiers de Presse »
Le Moniteur, leader de la presse professionnelle du Bâtiment a réalisé grâce à
Ascenceo 360, pour leur client Clamens,
une action marketing innovante qui associe pour la première fois dans la Presse
tous les canaux de communication : le
papier, la vidéo, le digital et le marketing
direct. Un concept mis en place sur la
couverture du Moniteur pour offrir à
Clamens une visibilité record grâce à un
magazine papier 100 % personnalisé au
nom de l’abonné accompagné d’un QR
code personnalisé, un magazine interactif, une connexion par Iphone et une
connexion par URL. L’ensemble aboutissant, grâce à un visuel de couverture
décalé par rapport à la profession, à un
retour sur investissement (ROI) immédiat
par la convergence des supports : 4 358
connexions du 13 avril au 7 mai 2012,
11 518 pages lues atteignant un ROI de
taux transformation client de 3,75 %.
Thierry Fecomme, Anton Keil et Eric Debry.
Lettre d’information éditée par SELPI-EDITIONS S.A.R.L. au capital de 305 euros
39, rue de Courcelles 75008 Paris - Tél. 01 56 88 87 00 - www.lespapiersdepresse.fr - R.C.S. Paris B 377 622 410
Principaux associés CFPP/SPPP - Gérante et Directrice de la publication : Dominique Pin
Revue trimestrielle - Mise en page par PLESS Communication - Imprimé par STIPA à Montreuil - Dépôt légal : mois de parution
Numéro de Commission paritaire : 1215 I 87389 - Abonnement au siège de la société : tarif 36,60 € par an.
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