PPrama 313 - La préfecture de Police

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PPrama 313 - La préfecture de Police
PPrama : le panorama hebdomadaire de la préfecture de police
PPrama N°313 - 23 avril 2014
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Brigade de répression du proxénétisme
Chargée d’enrayer la prostitution et le proxénétisme
sous toutes ses formes, la brigade de répression du
proxénétisme (BRP) combat l’esclavage moderne dans
les rues, les hôtels de passes, ou les palaces parisiens.
L’exploitation de la prostitution prend aussi parfois des
formes plus détournées, comme avec certains salons
de massages asiatiques qui proposent à leur clientèle
des prestations sexuelles.
La BRP possède également le contrôle administratif et
judiciaire des établissements qui règnent sur le monde
de la nuit, à la fois pour enrayer la prostitution et le
proxénétisme, mais aussi pour lutter contre les trafics
de stupéfiants ou faire du travail de renseignement sur
de possibles activités illicites.
Habituée à œuvrer dans l’ombre, la « Mondaine », dont le surnom remonte à sa création en 1901,
a accepté de se livrer pour ce numéro spécial.
PROSTITUTION, PROXÉNÉTISME, MONDE DE
LA NUIT… ÉTAT DES LIEUX
CHIFFRES
Interview de M. Christian Kalck, commissaire divisionnaire
chef de service de la BRP et de son adjoint, le commissaire
Christophe Hirschmann.
• Pouvez-vous rappeler en quelques mots les missions de
la BRP ?
internationales.
M. Kalck :
La
brigade
lutte
principalement contre la traite des
êtres humains et la lutte contre le
proxénétisme, qu’il s’agisse de
prostitution de voie publique, ou
dissimulée, de filles seules ou «
prisonnières » de réseaux aux
ramifications
très
souvent
M. Hirschmann : Nous assurons également avec notre groupe des
« cabarets » un contrôle sur le monde secret de la nuit, soit plus
de 500 établissements parisiens : discothèques, restaurants, bars
à ambiance musicale, cabarets ou clubs aux thématiques
beaucoup plus restreintes et spécifiques.
• Agissez-vous sur tous les fronts ?
M. Hirschmann : Nous sommes
présents aussi bien sur la voie
publique que dans les obscurs hôtels
de passes ou les palaces les plus
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La BRP en 2013, ce sont :
- 50 affaires réussies (démantèlement
de réseaux de prostitution de voie
publique dans les bois de Vincennes et
de Boulogne ainsi que dans le secteur
de
Belleville,
de
réseaux
de
prostitution discrète via Internet, de
salons de massage, interpellations de
prostituées implantées sur le ressort
de la ZSP18...);
- 298 prostituées victimes entendues;
- 390 319 € d’avoirs saisis;
PPrama : le panorama hebdomadaire de la préfecture de police
luxueux de la capitale, en passant par
les réseaux d’escortes girls organisés
sur Internet.
M. Kalck : Notre présence dans le
monde de la nuit ne se limite pas à
l’instruction
des
demandes
d’ouvertures tardives de nuit ou des
sanctions décidées par le préfet de
police, nous recueillons également
des renseignements dans tous les
domaines de la criminalité organisée.
- 26 fermetures
massages;
de
salons
de
- 7 fermetures de KTV (bars,
restaurants ou entrepôts transformés
en salle de karaokés masquant des
activités de prostitution, de jeux
clandestins, de trafics divers et
d'usage de drogue);
- 1 452 dossiers administratifs
instruits par le groupe « Cabarets ».
• Quelles sont les évolutions des réseaux que vous traquez
? Quelles nationalités sont victimes de ces trafics ?
M. Kalck : La physionomie des
réseaux exploitant la prostitution de
voie publique reflète l’évolution de
cette dernière. En effet, plus de 80%
des victimes sont de nationalité
étrangère : Chinoises, Nigérianes,
Roumaines pour la majorité d’entre
elles et exploitées au sein de réseaux
animés par certains de leurs compatriotes.
M. Hirschmann : Poussées par la misère, des jeunes filles
originaires du Nigeria vont se voir proposer par d’anciennes
prostituées : « les Mamas », l’avance du prix du voyage de l’ordre
de quelques milliers d’euros. Elles devront ensuite rembourser
cette dette, majorée à hauteur de 65 000€, par le produit de leur
prostitution !
M. Kalck : Dans le même ordre d’idée, des ouvrières chinoises
ayant perdu leur emploi se voient avancer par leur famille le
montant de leur passage en Europe ; venues travailler
clandestinement dans la confection ou la restauration et
confrontées à l’importance de la dette contractée par leur famille,
elles se résignent à se prostituer sur la voie publique ou au sein de
salons de massage. Ces femmes sont souvent la proie d’un
proxénétisme de soutien exercé par d’autres membres de la
communauté et victimes de racket de la part de groupes mafieux
chinois.
DES SALONS DE MASSAGES
TRÈS PARTICULIERS
Lorsqu’on évoque le sujet des salons
de massage, on associe fréquemment
à tort cette activité à une forme de
prostitution. Bon nombre de ces
établissements
proposent
des
prestations de détente traditionnelle
dénuées
de
toute
connotation
sexuelle. Un autre lieu commun serait
de penser que tous les salons
connaissant
une
dérive
prostitutionnelle sont tenus par des
Chinois.
M. Hirschmann : … C’est aussi la misère qui sert de terreau à la
prostitution de jeunes femmes roumaines ou bulgares exploitées
par des structures claniques. Séduites ou enlevées dans leur pays,
violées et battues par les chefs de clans et leur famille, elles
seront conduites au bois de Boulogne ou sur les boulevards des
Maréchaux pour s’y prostituer.
• Pouvez-vous aborder la question de la prostitution «
discrète » ?
M. Kalck : A côté des réseaux
classiques type « madame Claude »
dans lesquels le proxénète joue un
rôle central entre les riches clients et
la prostituée, se sont développées
des organisations s’appuyant sur
Internet pour proposer une offre
variée à des clients plus nombreux.
M. Hirschmann :
Ces
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réseaux
associent
informaticiens
et
A côté de ceux proposant
massages chinois, on recense
salons thaïlandais, aussi bien que
spas ou autres saunas qui ne sont
des
des
des
pas
PPrama : le panorama hebdomadaire de la préfecture de police
proxénètes pour fournir aux escortes girls l’assistance nécessaire à
l’exercice de leur activité. Implantées à l’étranger, ces
organisations diffusent sur des sites spécialisés et partout dans le
monde des annonces. Des tournées de jeunes femmes originaires
d’Amérique du Sud ou de pays de l’Est sont assurées « clef en
main » dans des palaces ou appartements loués à la semaine dans
les capitales européennes.
M. Kalck : Il n’en demeure pas moins que la prostitution sur
Internet n’est en rien un univers idéal. L’indépendance proclamée
des travailleuses du sexe affranchie des structures du
proxénétisme est utopique. La personne qui désire se livrer seule
à la prostitution aura l’obligation de prendre un appartement au
risque d'être victime de racket, de violences ou de viol. Elle n’a
dès lors d’autre alternative que de s’en remettre à une structure.
M. Hirschmann : Ce réseau fournit toutes les prestations
(confection du site, prêt de téléphones dédiés, recherche
d’appartements), moyennant la réversion de 50% du prix des
passes. A ce sujet, nous assistons à l’arrivée de nouveaux acteurs
dans l’univers de l’escorting, détournés d’un marché des
stupéfiants saturé et dissuadés des attaques à main armées par
des systèmes de sécurité de plus en plus sophistiqués. Ces jeunes
proxénètes recrutent dans les cités, les collèges ou via les réseaux
sociaux de très jeunes filles encore mineures auxquelles ils font
miroiter des gains faciles, rapides et conséquents.
animés par des Asiatiques.
Sous couvert de leur activité officielle
de massage de détente, certains
d’entre eux offrent des prestations
sexuelles tarifées.
Le client paye le
prix du massage à la caisse entre 80
et 150€, puis verse directement à la
masseuse « le pourboire » qui lui
donne accès à la prestation sexuelle.
Les masseuses ont ce pourboire pour
seul salaire, dont seulement une partie
est déclarée. Ces salons peuvent
générer des profits allant jusqu'à 10
000 € par mois. BRP et GIR (avec des
agents de l’URSSAF et des impôts...)
trouvent ainsi un champ d’action à la
hauteur de leurs compétences
croisées.
Ces salons fonctionnent
pratiquement toujours en réseau : la
gérante n’est en fait qu’une masseuse
servant de couverture aux véritables
animateurs dont le rôle se limite à la
collecte des profits.
• Vous agissez aussi sur le gel des avoirs criminels avec les
groupements d’interventions régionaux. De quoi s’agit-il ?
M. Kalck : Le proxénétisme et la
traite des êtres humains sont des
activités très lucratives. Un des
moyens pour lutter efficacement
contre les réseaux réside en la
confiscation de leur patrimoine. A
cette
fin,
les
groupements
d’intervention
régionaux
sont
régulièrement cosaisis avec le
service.
M. Hirschmann : Les saisies portent
sur tous les biens que possèdent les
mis en cause : véhicules, espèces,
biens
immobiliers,
comptes
bancaires... Dans chaque service, des
correspondants spécialisés dans
l’évaluation des avoirs criminels ont
été récemment formés. Leur rôle étant de s’assurer que tout est
mis en œuvre pour effectuer les saisies patrimoniales, y compris
dans leurs aspects techniques et juridiques.
• En septembre 2012, les premières zones de sécurité
prioritaires voient le jour, comme dans le quartier
Barbès/Château-Rouge/Goutte d'Or, touché notamment
par la prostitution. Quel bilan tirez-vous deux ans plus tard
?
M. Kalck : Pas moins de 11 affaires sur 50 réalisées au cours de
l'année 2013 l'ont été sur le ressort des ZSP. Une attention toute
particulière ayant portée sur la ZSP du 18e arrondissement au
sein de laquelle sept affaires portant sur des réseaux nigérians de
traite des êtres humains ont été réalisées, notamment grâce à une
étroite collaboration avec les directions du renseignement et de la
sécurité de proximité de l’agglomération parisienne.
LES NUITS PARISIENNES SOUS CONTRÔLE
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En dehors de ces salons, apparaît un
nouveau
genre
d’établissement
typiquement chinois : « les karaokés
TV ou KTV ». Il s’agit de bars,
restaurants ou entrepôts transformés
en salle de karaoké masquant des
activités de prostitution, de jeux
clandestins, de trafics divers et
d’usage de drogue.
PPrama : le panorama hebdomadaire de la préfecture de police
Composé de neuf fonctionnaires, le groupe des « Cabarets » a en charge le contrôle et la surveillance du monde
de la nuit de la capitale. Il gère actuellement 502 établissements de nuit.
Qu’il s’agisse de discothèques, restaurants, bars à ambiance musicale, cabarets ou clubs aux thématiques
beaucoup plus restreintes et spécifiques.
Chaque soir, une vingtaine de contrôles administratifs ou judiciaires sont effectués.
Parmi ces missions, persistent la lutte contre le proxénétisme, même si ce
phénomène a été éradiqué de la plupart des établissements, ainsi que la détection
du trafic de stupéfiants.
Pour les hommes du groupe, il s’agit surtout de veiller à l’application des
différentes réglementations des débits de boissons, respects des règles relatives à
la vente d’alcool, à l’interdiction de fumer dans des lieux recevant du public, aux
horaires d’ouverture et de fermeture des établissements par exemple. Ils se
déplacent encore sur tous les incidents qui peuvent survenir dans l’un des établissements dont la direction
régionale de la police judiciaire a la surveillance. Ils œuvrent pour que les noctambules puissent se détendre,
sans que soit remises en cause la tranquillité et la sécurité publique.
Le groupe des « Cabarets » représente également les yeux et les oreilles de la
police judiciaire dans le monde de la nuit. La recherche du renseignement est une
mission importante du groupe. La nuit, les langues se délient plus facilement et la
présence de ces policiers sur le terrain, toujours au plus près des établissements,
peut permettre d’obtenir des informations cruciales dans des affaires judiciaires en
cours. Dans ce petit monde très verrouillé de la nuit, la BRP apporte quelquefois
son aide à la Crim', aux Stups ou à tout service qui en a besoin.
administratives.
La mission de ce groupe ne se limite pas à la nuit, en journée, elle
consiste principalement dans le traitement de dossiers administratifs concernant ces
établissements de nuit. En effet, la BRP travaille via l’état-major de la police judiciaire en
étroite collaboration avec la direction des transports et de la protection du public (DTPP) qui est
amenée à intervenir sur les questions juridiques et techniques concernant les établissements
recevant du public. L’avis de la BRP sera ainsi sollicité pour effectuer des enquêtes sur
l'opportunité d'accorder des dérogations d'ouverture de nuit, proposer et notifier des sanctions
Le groupe des Cabarets participe à différents contrôles d’établissements en assistance à d’autres services
comme le GIR 75, l'URSSAF, les douanes, les services vétérinaires, le CNAPS (conseil national des activités
privées de sécurité : établissement public administratif chargé de l'agrément, du contrôle et du conseil des
professions de sécurité privées) dans le cadre d’actions répressives. Il est également associé à des actions de
prévention de l’alcoolémie avec la direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC) et s'investit dans la lutte
contre les discriminations.
L'infolettre PPrama est réalisée et diffusée par le service communication de la préfecture de police.
Directeur de la publication : Xavier Castaing, Chef du service de la communication, Cabinet du préfet de police.
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