282 P58-60 CLIFF RICHARD

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282 P58-60 CLIFF RICHARD
CLIFF RICHARD
THÉATRE
MARIGNY
L
’événement se produit au théâtre Marigny,
à Paris, près du rond-point des ChampsElysées, lors d’une soirée de gala, uniquement sur invitation, pour la Nuit du Cinéma, ayant
lieu chaque automne depuis une quinzaine d’années à l’époque, à laquelle sont conviées toutes
les vedettes du cinéma français. Cette soirée représente alors ce qui allait devenir la cérémonie
des Césars dans les années 70. Pour chaque
édition, un artiste international de la chanson est
choisi par les organisateurs, pour un tour de
chant d’après remise des récompenses du cinéma français, qui ne se matérialisent pas encore
par la statuette sculptée par César. Cliff Richard
et les Shadows s’y produisent donc ce 28 octobre 1965. Leur précédente apparition ensemble
à Paris remonte à mai 1964, à l’Olympia, pendant
plusieurs jours, clôturant leur tournée européenne, où John Rostill a intégré le groupe
quelques mois plus tôt, après le départ du bassiste Brian Licorice Locking. Pratiquement,
aucun fan authentique n’a eu le privilège d’assister à ce gala mémorable que j’ai eu la chance de
pouvoir vivre assis au premier rang !
Voici pourquoi et comment. D’abord, il faut rappeler que je suis batteur, semi-pro à la fin de mes
études secondaires, et pro, dès la fin de mon service militaire en août 1968. Bien sûr, comme à
peu près tous les musiciens qui ont débuté dans
les années 60, je commence par jouer le répertoire des Shadows dans les surprise-parties. On
reprend leurs morceaux avec mon premier
groupe, les Gladiateurs, en 1963, au sein duquel
figure Hervé Cristiani à la guitare rythmique, qui
est mon copain de lycée à Janson-de-Sailly. A
quinze ans, je participe avec ce groupe à la Guitare d’Or à l’Olympia, en mai 1963. Lors de ce
formidable jamboree du rock et du twist, nom
que Bruno Coquatrix et Lucien Morisse ont
donné à ce concours gigantesque de groupes
amateurs, on joue « Shazam » et gagne le droit
de passer à nouveau en finale le lundi, qui réunit
les 16 meilleurs groupes ; parce qu’on est les
plus jeunes et non parce qu’on fait partie des 16
meilleurs ! Il faut savoir rester humble,
même 47 ans après !
Retour donc à ce 28
octobre 1965, alors
que ma carrière de
batteur a avancé en
écoutant, tous les
jours, mon idole,
Brian Bennett, cela
m’aidant à progresser. Je fais alors partie du Cap’tain Michel
Group qui a enregisBernard Bayoux premier à gauche.
tré deux super 45
tours, fin 1964 et début 1965, chez Pathé, antenne française de Columbia, la maison de
disques des Shadows et de Cliff en Angleterre.
SYSTÈME D
Monsieur Léon Agi connaît très bien les Shadows
et travaille en collaboration avec leur directeur artistique en Angleterre. Au cours d’une de nos
séances chez Pathé, il m’annonce que Cliff Ri58
chard et les Shadows seront à cette fameuse
Nuit du Cinéma. Mon sang ne fait qu’un tour et
je le supplie de m’obtenir une place pour cette
soirée. Il me répond qu’il n’y a pas d’entrées
payantes, que c’est un spectacle sur invitation
et, qui plus est, avec tenue de soirée exigée,
c’est à dire en smoking ! Mais, qu’à cela ne
tienne, s’il peut m’avoir une invitation, je lui garantis que j’aurais le smoking pour entrer. Du
coup, il fait mieux que m’obtenir une invitation,
Brian Bennett en répèt’.
John Rostill et Hank Marvin.
Le 28 octobre 1965 est
une date somme toute
anodine pour les fans de
Cliff Richard et des
Shadows, que peu ont
conservée dans leur
agenda ou leur mémoire.
j’ai un laissez-passer de photographe, pour le
fan-club, dont il connaît très bien la présidente.
Rien que ça ! Je n’ai que 17 ans et je suis un batteur débutant dans un petit groupe chez Pathé
Hank Marvin durant la
balance, devant l’imprésario
Johnny Stark.
Hank Marvin, guitariste soliste
et élément moteur des Shadows.
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