Marcel Khalifé | e nsemble Al May adine | V endredi 3 juin
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Marcel Khalifé | e nsemble Al May adine | V endredi 3 juin
vendredi 3 juin – 20h Marcel Khalifé, composition, oud, chant Ensemble Al Mayadine Oumaima Khalil, chant Yolla Khalifé, chant Rami Khalifé, piano Peter Herbert, contrebasse Anthony Millet, accordéon Ismail Lumanovski, clarinette Sary Khalifé, violoncelle Bachar Khalifé, percussions (riq, tabla, cajon) Alexandar Petrov, tapan Ce concert s’inscrit dans le cadre du cycle Mare Nostrum à la Cité de la musique. Fin du concert vers 22h. Marcel Khalifé | Ensemble Al Mayadine | Vendredi 3 juin Dans la présence de l’absence Un hommage à Mahmoud Darwish Le souvenir de Mahmoud Darwish Si, en Occident, la poésie a perdu de sa superbe en termes de grand public (on en lit très peu) et n’a dû son salut qu’à la chanson, en Orient, il en va autrement. Certains poètes jouissent même d’une immense popularité et les amateurs attendent, chaque fois avec impatience, leurs nouveaux recueils. Par contre, côté gouvernants, cela incommode, dérange et perturbe, et il n’est pas rare qu’on demande aux poètes leurs papiers quand ils ne sont pas emprisonnés sous l’accusation de port de poèmes prohibés. Mahmoud Darwish, né en 1942 en Galilée, en avait su quelque chose et l’avait vécu, avec dignité, dans sa chair. Jusqu’à sa disparition en août 2009, il fut considéré comme réfugié dans son propre pays. Il avait connu maintes fois les geôles de l’occupant hébreu et l’assignation à résidence, pendant de longues années, à Haïfa (Israël), jusqu’à 1970. Après une période d’errance, du Caire à Beyrouth, où sa veine poétique constituait son unique passeport, il avait fini par s’établir à Ramallah. Ce Palestinien, au cœur en permanence ouvert sur le monde, avait animé Al-Karmel, une importante revue littéraire, et fut l’auteur de nombreux ouvrages. Admiré dans le monde entier, comme en témoignent les vibrants hommages qui lui sont rendus régulièrement un peu partout, ce poète de légende, amoureux de Paris et des bonnes choses de l’existence (les femmes, les bonnes tables, la chanson…), avait toujours refusé une frontière autre qu’imaginaire entre poésie et prose. Poser ses magnifiques poèmes sur des musiques était devenu une sorte de mot d’ordre pour diverses générations, mais le résultat musical n’a pas souvent été à la hauteur de la pertinence des propos. Cependant, il y a quelques exceptions notables, à l’image de Marcel Khalifé, avec la bénédiction de Mahmoud Darwish lui-même, qui appréciait la personnalité artistique et la dimension humaine du grand musicien libanais. Ne disait-il pas à son propos : « Il y a dans la chanson de Marcel Khalifé du pain pour la parole, une certaine évidence d’utilité et de beauté utile » ? On adhère aisément à cette formule pour peu que l’on s’intéresse au parcours de Marcel. Né en 1950 à ‘Amchit, au Mont du Liban, il a étudié la musique au Conservatoire National de Musique de Beyrouth, qui l’intronise justement brillant spécialiste du ‘oud, le luth oriental auquel Marcel consacrera beaucoup de son temps pour lui redonner sa dignité et sa place d’instrument-roi de la musique arabe. Il en fera la démonstration dans un de ses meilleurs albums, Jadal, où un autre excellent joueur de luth, Charbel Rouhana, lui donne la réplique. La partie s’était déroulée à quatre, avec l’introduction d’une basse et d’un riq (percussion circulaire), signes avant-coureurs d’un désir de rénovation, une ambition récurrente dans la carrière de Khalifé. 2 vendredi 3 juin Entre 1970 et 1975, tout en enseignant dans l’établissement qui lui avait octroyé ses premières lettres de noblesse, Marcel s’est produit en solo au pays de ses racines, mais également en France, en Italie, en Belgique et aux États-Unis. Il tourne aussi avec Al Mayadine, un groupe qu’il a fondé en 1976, et sa réputation lui vaudra d’être l’un des représentants attitrés de son sol natal à l’étranger. Cette année-là, il enregistre son premier disque au titre émis comme un avis, Promesses de la tempête, où la poésie de Mahmoud Darwish prend déjà toute sa place, avec des vers luisant de splendeur : « Si je célèbre le chant de la joie/Enfouie sous les paupières craintives/C’est que la tempête m’a promis l’ivresse/Du nectar divin/Des coupes vermeilles et des arcs-en-ciel ». Marcel rappellera à ce sujet : « Depuis longtemps, ma musique s’est trouvée si intimement liée à la poésie de Mahmoud Darwish, dans l’esprit du public à travers le monde, que le nom de l’un est désormais automatiquement associé à celui de l’autre. En effet, quand je pense à mon parcours musical depuis près de trente ans, je le vois jalonné de signes et de repères qui renvoient presque tous à des œuvres de Mahmoud Darwish. Dès mes premières esquisses, bien avant que l’on se rencontre – et qu’on se reconnaisse –, je sentais que sa poésie m’était destinée. » Suivront de multiples opus comme Les Chansons de la pluie, Aux frontières, Que sa lumière est belle ou Le Pont. Au fil des ans, le chant se bonifie, les compositions se font plus exigeantes et l’orchestration emprunte les voies complexes de la sophistication. Miracle, le public suit avec ravissement ce cheminement entamé à partir de 1986. Il produira des eaux musicales fortes, où divers styles, toujours proches du tarab (l’extatique), un peu comme le fameux « it » des jazzmen évoqué par Jack Kerouac dans Sur la route, fraternisent, se chevauchent, alternent et se retrouvent. À l’exemple de l’élégant instrumental Summer Night’s Dream ou de l’envoûtante Symphonie du retour. Taqasim (improvisations en arabe), un de ses derniers enregistrements, où l’on note la présence intéressante de son fils Bachar à la percussion et de Peter Herbert à la contrebasse, amplifie, de manière harmonieusement retentissante, cette tendance, avec toujours cette liberté de ton qui permet à Marcel de s’affranchir de la lourdeur de certaines structures modales trop convenues. Marcel a travaillé aussi pour le cinéma (il a signé toutes les bandes originales des premiers films du regretté Maroun Bagdadi) et des compagnies de danse (notamment la fameuse troupe Caracalla). Pour compléter ce tableau flatteur et justifié, ajoutons que Khalifé est l’auteur de deux ouvrages, l’un autour de l’étude du ‘oud en six volumes, l’autre comportant un recueil de partitions musicales classiques pour instruments orientaux. Lors de cette soirée unique et exceptionnelle, Marcel, en toute légitimité, rend un hommage très appuyé à son ami Mahmoud Darwish, sous l’intitulé Dans la présence de l’absence, ultime et précieux recueil légué par le poète. Fait majeur, Khalifé renoue avec Al Mayadine, l’ensemble de ses débuts, riche de brillantes individualités comme Oumaima Khalil et Yolla Khalifé au chant, Anthony Millet à l’accordéon ou Rami, un autre Khalifé, au piano. Le tout a un de ces airs de famille beau à voir et agréable à entendre. Ce que doit se dire quelque part dans les cieux Mahmoud Darwish. Rabah Mezouane 3 Salle Pleyel | et aussi… LUNDI 21 NOVEMBRE, 20H SAMEDI 25 FÉVRIER, 20H DIMANCHE 3 JUIN, 16H Méditerranée 1 : Espagne Méditerranée 3 : Corse – Sardaigne Méditerranée 5 : Maroc – Andalousie Paco de Lucia, guitare Antonio Sanchez, guitare Antonio Serrano, clavier et harmonica Alain Perez, basse Piranha, percussions Duquende, chant David de Jacoba, chant Farruco, danse Première partie : Canti di a Terra Ensemble Constantinople Quatuor vocal Barbara Furtuna Première partie Esperenza Fernàndez et ses musiciens Esperenza Fernàndez, chant flamenco Seconde partie : Mistico Mediterraneo Ensemble vocal A Filetta Paolo Fresu, trompette et bugle Daniele Di Bonaventura, bandonéon Seconde partie Mohamed Bajeddoub, chant Ensemble Chabab Al Andalous DIMANCHE 8 JANVIER, 16H DIMANCHE 15 AVRIL, 16H Méditerranée 2 : Grèce – Turquie Méditerranée 4 : Proche-Orient La Porte d’or (création) Première partie Françoise Atlan, chant judéo-espagnol Mohamed Briouel et son ensemble Maria Farantouri, chant Ensemble En Chordais Kyriakos Kalaitzidis, direction, oud Chœur orthodoxe byzantin Saint Jean de Damascus Kudsi Erguner, ney Deuxième partie Le Trio Joubran Youssef Hbeisch, percussions Salle Pleyel Président : Laurent Bayle Notes de programme Éditeur : Hugues de Saint Simon Rédacteur en chef : Pascal Huynh Rédactrice : Gaëlle Plasseraud Maquettiste : Ariane Fermont Stagiaires : Delphine Anquetil, Anna Soliman Les partenaires média de la Salle Pleyel Imprimeur FOT |Imprimeur BAF | Licences : 1027391, 1027392, 1027393 Troisième partie Sœur Marie Keyrouz, psaumes et cantiques des Églises orientales Ensemble de la Paix