Évaluation des diplômes de l`Institut régional d`art visuel de

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Évaluation des diplômes de l`Institut régional d`art visuel de
Section des Formations et des diplômes
Évaluation des diplômes de l’Institut
régional d'art visuel de la Martinique
 DNSEP
Option : Art
 DNSEP
Option : Design
Novembre 2010
Section des Formations et des diplômes
Évaluation des diplômes de l’ Institut
régional d'art visuel de la Martinique
 DNSEP
Option : Art
 DNSEP
Option : Design
Novembre 2010
Présentation de l’Institut
La première caractéristique de l’Institut Régional d’Art Visuel de la Martinique est d’être une jeune école,
créée en 1984 sous l’impulsion de Jack Lang et d’Aimé Césaire. L’IRAVM est un établissement public. Situé au
carrefour d’un espace de régions riches, la Caraïbe, l’IRAVM bénéficie d’un environnement privilégié : Cuba, Trinidad,
Saint-Domingue, les Amériques. Il s’agit de la seule école d’art française présente au cœur d’une région singulière du
point de vue géopolitique, historique, anthropologique, artistique, culturel et technologique : la Caraïbe.
A l’origine, le projet de l’école prenait en compte ce qui relève du discours général des écoles d’art, mais
aussi sa singularité sur le continent américain au moyen de la distance critique vis-à-vis des arts « d’ailleurs »,
lointain et proche. Cette société martiniquaise est issue de l’économie de plantation, mode économique fondé sur
l’esclavage des hommes et qui a marqué son destin. Cette identité, qui a accompagné l’école au cours des premières
années, connaît une reformulation progressive, particulièrement depuis 2009.
Présentation de l’option Art
La mise en place de la cinquième année du cursus « Art » et la présentation des premiers DNSEP datent de
1989. Le cursus s’est étoffé en termes d’offre pédagogique avec l’introduction en 2009 des enseignements en
multimédia numérique et médias multiples afin de prendre en compte les nouvelles formes d’expression dans le
domaine des Arts Plastiques et de la création contemporaine.
Appréciation générale
Dernièrement, l'école a engagé une structuration importante pour se mettre au diapason de l'enseignement
supérieur artistique. En 2009-2010 l’option « Art » connaît de réelles modifications : la mise en place du livret de
l’étudiant et du dispositif relatif au nouveau mémoire avec soutenance, l’introduction des enseignements en
multimédia numérique et medias multiples ; une réflexion est engagée sur la création d’un post-diplôme.
Depuis, le nombre d’étudiants a considérablement augmenté. Cette évolution très récente peut expliquer la
faiblesse de l'insertion professionnelle. Une réflexion en profondeur a été engagée pour structurer le volet recherche
de son enseignement et doit être poursuivie.
L’école a fait preuve de sa capacité à fédérer des partenaires académiques de qualité autour de
questionnements essentiels sur l’art actuel et doit désormais structurer cet engagement.
Elle a fourni sur ces quinze derniers mois un travail intense pour répondre aux exigences de la réforme LMD. Il
serait souhaitable que le directeur et son équipe puissent assurer le développement de ce projet afin de réussir cette
mutation.

Points forts :
● Un réseau de partenaires institutionnels et culturels intelligemment construit.
● Un dossier très bien rédigé.
● Un mémoire en place et bien encadré (enseignants docteurs et en cours de thèse).
● L’introduction des pratiques multimédias.
● L’introduction d’une méthodologie de la recherche.
● La seule école d'art en Caraïbe française.

Points faibles :
● Une articulation trop faible entre enseignement et recherche.
● Une politique des stages insuffisamment mise en valeur.

NOTATION GLOBALE (A+, A, B ou C) : A
3
Présentation de l’option Design
L’option « Design » est crée en 1996, initialement centrée sur l’objet. Depuis 2009, sous une nouvelle
direction, ont été mises en place des orientations « espace paysager » et « architecture d’intérieur ».
Cette nouvelle formulation du cursus design est motivée par une augmentation du nombre d’étudiants depuis
l’année 2009-2010. S’est alors imposée à l’école la nécessité de répondre à un besoin de formation adapté aux
évolutions constatées dans le design contemporain. Pour autant, elle ne renonce pas au développement d’identités
singulières liées à son histoire et sa situation géopolitique : construire des écritures design singulières à partir de la
Caraïbe, ouvertes et articulées aux pratiques historique et contemporaine du design universel.
Appréciation générale
L’option « Design » bénéficie de la mutualisation de moyens et d’enseignements avec l’option « Art » avec
laquelle elle partage un positionnement clair, la revendication d’une situation géopolitique, anthropologique
particulière posée comme a priori et qui doit permettre des propositions artistiques singulières et adaptées. L’option
a récemment reconfiguré son enseignement au regard des attendus du cursus LMD. La phase projet est construite sur
un modèle recherche ou les constructions théoriques sont accompagnées au même titre que la conduite du projet
plastique.
Il apparait que l’élargissement des objectifs de l’option au design d’espace n’est pas encore doté de tous les
moyens pour soutenir cette ambition (enseignements, réseaux collaboratifs et professionnels) bien que certains outils
soient en construction (laboratoire de matériaux), de même que l’intention d’étendre cette formation à d’autres
territoires du design (culinaire, bijoux…). Le dynamisme de l’école est avéré (partenariats, réseaux nationaux et
internationaux) et on peut imaginer une évolution très positive de cette école jeune, dont le projet pour le design
doit être mieux soutenu et clarifié avec des objectifs peut-être plus ciblés eu égard à sa taille. Une étude plus précise
sur l’évolution à deux ans des étudiants peut fournir des résultats précieux pour ce positionnement.
Points
forts :
● Une option sans rival dans sa sphère géographique.
● De nombreux partenariats (académiques notamment) régionaux, nationaux et internationaux, malgré
une situation d’insularité.
● Un vrai effort pour trouver des partenaires institutionnels en vue de la structuration de la recherche.
● Un positionnement géopolitique singulier et contextuel au service du questionnement design.
● Une adaptation de l’offre de formation aux exigences d’une construction LMD : mémoire et
méthodologie de la recherche.
Points
faibles :
● Des statistiques d’insertion professionnelle insuffisantes, ne permettant pas une vision claire de l’option
et son évaluation
● Un manque d’enseignants plasticiens dans le champ du design et de l’espace.
● Une mobilité des étudiants à améliorer.
● La confrontation des étudiants avec les milieux professionnels est courte au regard du niveau
d’enseignement et des objectifs recherchés, de même, le réseau professionnel est insuffisant dans le
champ du design et de l’espace.

NOTATION GLOBALE : B
4
Recommandations éventuelles pour l’établissement
En ce qui concerne l’option « Art » :
Au-delà de la convention avec l'université de Paris 1, la constitution d'un comité scientifique pour faire avancer
la démarche de réflexion sur les questions cruciales d'identité et de métissage serait bienvenue. Il pourrait associer
des personnalités artistiques ayant intégré cette problématique au cœur de leur pratique et des chercheurs en
sciences humaines ayant publié sur ces questions. A ce titre, les ressources intellectuelles sur ces questions ne
manquent pas en Caraïbe et aux États-Unis. La création du post-diplôme pourrait par ailleurs fixer le socle du volet
artistique de cet axe de recherche.
En ce qui concerne l’option « Design » :
Au regard de la nouvelle définition de ses objectifs pour le design, étendus aux problématiques de l’espace,
l’école devra sans doute:
● Renforcer l’option en enseignants et enseignements spécifiques aux champs du design et de l’espace.
● Développer les réseaux, les partenariats et l’adossement à la recherche dans le champ spécifique de
l’option.
● Poursuivre le développement singulier de la posture design, liée à la situation géographique,
géopolitique, historique et socio-économique, tout en restant connectée à l’univers du design
contemporain.
● Renforcer ses liens et échanges avec le tissu professionnel.
● Mettre en œuvre un vrai travail statistique sur l’option (suivi de l’insertion des diplômés) et
l’autoévaluation des enseignements.
● Redéfinir précisément le champ du design (objet, espace, culinaire, bijoux) ; l’énumération déclinée au
fil du dossier parait difficile à soutenir pédagogiquement.
Avis détaillé de l’option Art
1  OBJECTIFS (scientifiques, artistiques et professionnels) :
Les objectifs artistiques et pédagogiques sont très bien formulés par l'école qui revendique une formation
pensée « à travers la diversité et la transversalité des enseignements, qui apporte à l’étudiant des outils d’analyse
critique, méthodologiques et pratiques au service d’un projet personnel inscrit dans les champs des pratiques
artistiques les plus actuelles. »
Comme dans la grande majorité des écoles supérieures d'art, la dimension scientifique peine à trouver sa
formulation, elle est pourtant explicitée de façon convaincante dans les axes de recherche que l'école s'est définie.
Les objectifs professionnels sont parfaitement énoncés sur une palette de métiers traditionnellement dédiés
aux étudiants formés au sein des établissements supérieurs d'art.
2  CONTEXTE (positionnement, adossement recherche, adossement aux milieux socioprofessionnels,
liens pédagogiques avec d’autres écoles et instituts, ouverture
internationale) :
Socle de l’école depuis l’origine, 1988-1989 étant la date de la mise en place de la cinquième année du cursus
« Art » et de la présentation des premiers DNSEP, le département Art se présente comme la ligne de force de l’IRAVM.
Il s’agit de la seule école d’art française existante au cœur de la Caraïbe. Pour l'établissement, cette singularité se
retrouve dans la nature de l’accompagnement des jeunes créateurs qu’elle forme et qui a favorisé l’émergence d’une
scène artistique innovante et pertinente au regard des enjeux actuels.
Par ailleurs, l'offre universitaire en arts plastiques n'est pas présente sur le territoire, ce qui élargit la prise en
charge de l'établissement à des étudiants en provenance de la Martinique, mais également de la Guadeloupe et de la
Guyane. Il existe un rayonnement régional au-delà des seuls départements français.
L'école a déjà fait la démonstration de sa capacité à collaborer avec un certain nombre de partenaires. Par
ailleurs, en vue de répondre aux exigences du diplôme valant grade de master et conformément à l’évaluation
prescriptive de l’AERES, l’IRAVM a mis en place dès l’année 2009-2010 un dispositif relatif au nouveau mémoire avec
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soutenance. Ce mémoire est encadré par trois enseignantes, doctorantes, d’histoire et théorie des arts de l’école et
par le directeur, HDR.
Des collaborations ont été opérantes avec les partenaires suivants sur des projets ponctuels:
● LaDéHis, Laboratoire de Démographie et d’Histoire sociale, EHESS/ CNRS UMR8558 Centre de recherches
historiques, Ecole des hautes études en sciences sociales, Paris/ CNRS.
● Laboratoire CNTD/ Culture, nouvelles technologies et développement, Unité de recherche ISR/ Tunis,
Unité de recherche initiée en 2001. La collaboration est structurée sur la participation des enseignants à
des activités de recherche, sur la base de la mutualisation de compétences pour la recherche.
● L’IDEAC (Institut d'esthétique des arts contemporains), CNRS/ Université de Paris 1 Panthéon – Sorbonne.
● L'UMR Textes et Cultures, Laboratoire de recherche, Université d’Artois -L’AIHP-GEODE (Archéologie
Industrielle, Histoire, Patrimoine/Géographie- Développement Environnement de la Caraïbe), EA 929,
Université des Antilles et de la Guyane.
● Le CEMAF (Centre d’Etudes des Mondes Africains), UMR quadripartite : Université Paris I, EPHE,
Université de Provence, CNRS.
Avec le CÉRAP / Centre d’études et de recherche en arts plastiques, Equipe d’accueil 2479, université Paris 1
Panthéon Sorbonne et Le CRAV (Cellule de recherche en arts visuels-équipe d'accueil), Université Paris 1 Panthéon
Sorbonne, un projet de convention est en cours en vue d’un programme de recherche commun et un accueil postdiplôme des étudiants en vue d’un doctorat. Avec Le CRAV, en particulier, une publication est en préparation autour
de la thématique "Les origines et les arts", qui sera suivie de la publication des actes du colloque (Arts, Mutation et
Sociétés) à l’IRAVM qui s'est déroulé en avril dernier.
L'établissement tente de rassembler diverses contributions sur les questions qui lui sont propres (métissage,
identités, ...) et a déterminé ses territoires de recherche.
Concernant l'adossement aux milieux socio-professionnels, l’option « Art » travaille principalement avec des
institutions culturelles, de diffusion ou d’enseignements présents sur le territoire.
Au titre des institutions culturelles, les collaborations sont envisagées au niveau local avec les acteurs
essentiels de la création artistique :
 Le CMAC / Atrium (Scène nationale/Centre martiniquais/Action culturelle).
 Le Centre culturel de rencontre de Fonds Saint-Jacques (Culture et tradition).
 La Fondation Clément.
Au titre de la recherche, les partenaires (énoncés plus haut) attestent de la capacité de l'école à dialoguer au
travers de divers projets avec des interlocuteurs variés. Sur le volet de la pédagogie, des relations se sont nouées
avec Radiotélévision Française d’Outremer (RFO) et le centre des métiers d’art de la Guadeloupe. Dans le réseau des
écoles d’art françaises, l’IRAVM entretient des rapports plus spécifiques avec :
 L’Ecole nationale supérieure des beaux-arts (ENSBA) de Paris, en vue de l’échange d’enseignants.
 L’Ecole supérieure des beaux-arts d’Angers, en vue de l’approfondissement des projets en design
d’espace, pouvant également concerner des étudiants de l’option « Art ».
 L’Ecole supérieure d’art d’Aix-en-Provence : échange de programmes dans le domaine de la recherche
en art interactif et en robotique.
 L’Ecole supérieure d’art du Havre : échanges dans le cadre de recherches autour des problématiques
liées au littoral.
 L’Ecole d’art de la Réunion, échanges liés aux questions de l’insularité de l’identité.
Il existe un réseau intelligemment construit de partenaires caribéens : l’Ecole d’art de la Jamaïque pour des
projets liés à l’espace (art et design), l’Ecole d’art de Cuba, l’Institut supérieur de l’audio visuel de la Havane et
l'Ecole d’art de Porto Rico. Il convient également d’évoquer les ouvertures nouvelles vers l’Afrique noire, lesquelles
peuvent aboutir à des projets intéressants.
3  ORGANISATION GLOBALE DE L’OPTION (structure de la formation et de son
organisation pédagogique, politique des stages, mutualisation et co-habilitations,
pilotage de la formation) :
La formation propose un socle traditionnel d'enseignement : la pratique du dessin (modèle vivant, morphologie,
paysage, nature morte ou encore croquis), la sculpture sur bois et sur pierre, la céramique, l'enseignement de la
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couleur, de la gravure, les ateliers de bois et métal sont autant de situations d'apprentissages et de pratiques
artistiques proposées aux étudiants.
Cette offre s'est nouvellement enrichie de l'introduction de deux orientations qu'il faut saluer comme très
positives. Il s'agit, d'une part, de l’orientation multimédia qui vise à offrir aux étudiants « l’accès aux nouveaux modes
de productions artistiques dans un contexte en forte mutation et porte sur le questionnement de l’image
numérique ». Les fondamentaux sont abordés dans un programme articulant l’art et la technologie, l’art de l’image et
l’informatique... La pédagogie, qui s’appuie sur des apprentissages liés à l’appareillage numérique, trouve par ailleurs
un aboutissement dans les ateliers de création et de recherche, lieux d’une expérimentation tant conceptuelle que
formelle et de façon plus élargie, dans les projets des étudiants. D'autre part, l’orientation « médias multiples »
favorise quant à elle l'émergence de projets personnels ou collectifs en associant à leur conception les modalités de
leur diffusion.
L'option propose un enseignement et une pratique des langues (anglais, espagnol), de la première à la
quatrième année, en phase avec les pratiques linguistiques de la zone caraïbe, les Amériques et l’international.
Les équipes sont spécialisées dès la phase programme dans chacune des options. L'école indique que dans le
cadre du Séminaire d’analyse de projet, commun pour les options « Art » et « Design » en semestres 7, 8, 9,10, les
équipes, à compétences diversifiées selon les options, assurent la confrontation des points de vue critiques autour des
projets des étudiants, prenant en compte l’évolution du projet présenté par chacun.
Les grands enseignements théoriques (esthétique, histoire des arts et civilisations) sont communs aux deux
options, ainsi que les cours de langues. En revanche, les enseignements théoriques liés aux pratiques spécifiques des
options ainsi que les enseignants qui les dispensent sont différents dans chacune des options.
Concernant la politique des stages, elle mériterait d’être mieux mise en valeur dans le livret de l’étudiant. Au
cours du semestre 7, chaque étudiant doit effectuer au moins trois semaines à un mois de stage en entreprise,
association ou institution culturelle. Les stages, qui peuvent être effectués à l’international, explorent des questions
de création, permettent la découverte d’autres pédagogies, de nouvelles expérimentations et des confrontations avec
le monde professionnel de la création.
Il existe un projet de master communication avec l'université des Antilles.
L'école est dirigée à ce jour par un enseignant universitaire dépositaire d'une habilitation à diriger des
recherches (HDR) qui a visiblement donné une grande cohérence et une belle dynamique d'ouverture à l'établissement
tant sur la dimension d'une pédagogie de projet que sur celle de l'adossement à la recherche. L’établissement compte
quelques docteurs parmi ses enseignants.
4  BILAN DE FONCTIONNEMENT (origines géographiques constatées des étudiants, flux,
taux de réussite, auto-évaluation, analyse à 2 ans du devenir des diplômés, bilan
prévisionnel pour la prochaine période) :
Les étudiants proviennent majoritairement de la Martinique, Guadeloupe et Guyane. Les concours sur place en
Guadeloupe et en Guyane ont été relancés depuis 2009. On note quelques circulations d'étudiants en provenance
également du cursus universitaire local (université Antilles Guyane), de la Région Caraïbe (Dominique), des Amériques
(Colombie) et des pays d’Europe.
À l’issue d’une période de crise, le nombre d'étudiants sur l'ensemble du cursus a chuté de 119 à 60 étudiants
en 2007-2008.
Actuellement, à la rentrée 2010-2011, le nombre total d’étudiants s’élève à 120 sur tout le cursus, mais reste
faible en second cycle art.
Une enquête menée par le bureau chargé des stages de l’école et de l’insertion professionnelle en direction
des anciens étudiants permet de constater que de nombreux diplômés de l’option « Art » de l’IRAVM exercent en
majorité des activités dans des domaines qui correspondent à leur formation.
L'école est en reconstruction pédagogique avec les projets intéressants d'un programme de post-diplôme et de
résidence avec la Fondation Clément.
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Avis détaillé de l’option Design
1  OBJECTIFS (scientifiques, artistiques et professionnels) :
La singularité revendiquée de cette formation repose sur deux postulats :

La construction de l’offre pédagogique fondée sur une exigence d’objectivité, de précision, de méthodes
issues des sciences humaines et sociales mais aussi des sciences exactes au sens technique et
technologique (matériaux et industrie).

La nécessité d’inscrire l’acte de création d’objets et d’espaces dans une histoire et une géographie
garantes de la pertinence et de la singularité des problématiques développées. La situation géopolitique
de l’institut est envisagée comme un positionnement a priori qui oriente le choix des intervenants, des
thématiques proposées dans les séminaires transversaux, dans les différents ARCs et les colloques.
Cette formation est conçue comme un laboratoire qui apporte à l’étudiant des outils d’analyse critique,
méthodologiques et pratiques au service d’un projet personnel inscrit dans les champs des pratiques du design les plus
actuelles.
Ces objectifs s’appliquent aux trois champs de compétence revendiqués par l’école pour son option design :

Objet, bijoux…

Architecture d’intérieur ; la question du réaménagement de l’espace pose ici la problématique du lieu et
de l’espace insulaire. L’approche pédagogique s’organise par rapport aux modes de fonctionnement
sociologique, culturel et anthropologique du territoire en vue d’une meilleure connaissance du milieu et
d’une certaine forme d’appropriation.

Espace paysager ; cette orientation concerne l’organisation de l’espace urbain, mais aussi tout espace
public et privatif du point de vue de l’espace vert et de l’environnement.
L’objectif professionnel principal de cette option consiste à stimuler la constitution et l’émergence de talent
singulier et à former des personnalités créatives (designers, auteurs, créateurs). Il permet d’envisager aujourd’hui
une ouverture de la formation à l’architecture d’intérieur et à l’espace paysager.
Cet objectif repose sur une politique de stage dynamique et une formation associant le monde de l’entreprise,
deux instruments importants de professionnalisation.
Un système de crédits valide les actions de nature professionnelle. Cette palette des débouchés comprend les
activités proprement artistiques en travailleur indépendant ou au sein de groupes d’artistes/auteurs ayant créé leur
structure, collectif, cabinet, agence ou studio (selon une pratique dont on note le développement dans le contexte de
la Caraïbe) : concepteur-créateur en design, designer, auteur, consultants designers auprès de fabricants, designers
produits, objets, mobilier, bijoux, packaging, la responsabilité de projets au sein d’une équipe (chef de projet,
directeur artistique).
2  CONTEXTE (positionnement, adossement recherche, adossement aux milieux socioprofessionnels,
liens pédagogiques avec d’autres écoles et instituts, ouverture
internationale) :
L'IRAVM, par sa position géographique, propose une spécificité dans son offre pédagogique, tant par sa
localisation géopolitique que par son histoire. Le DNSEP en tient compte, notamment par sa redéfinition récente, dans
le cadre du projet global de l'école, avec les trois orientations (objet, espace paysager et architecture d'intérieur).
Il n’existe pas non plus, dans la Caraïbe française, d’unité de recherche et de formation universitaire axée sur
la formation à une pratique artistique, ce qui l’amène à prendre en charge les étudiants de la Martinique, de la
Guadeloupe, et de la Guyane.
La réflexion de l’IRAVM porte d’abord sur l’engagement et la potentialisation de la recherche à travers la
production artistique de l’étudiant.
Les quatrième et cinquième années doivent être aussi considérées comme des années d’initiation à la
recherche pour ceux des étudiants qui souhaiteraient poursuivre un cursus après le diplôme. Parmi les actions
pédagogiques conduites au sein de l’école jusqu’au DNSEP, un certain nombre remplissent plus précisément cette
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fonction : les Ateliers de recherche et de création (ARCs), les séminaires d’analyse du projet, les workshops, le suivi
de colloques.
L’école développe un certains nombre d’outils et de conventions de nature à favoriser le développement et la
communication des projets des étudiants :

Renater, mis en place grâce à la collaboration avec l’université des Antilles et de la Guyane (UAG),
réseau internet au service de la recherche scientifique et de l’enseignement supérieur.

Studios son, grâce au partenariat avec l’école de musique Schœlcher.

Les Archives départementales, collaboration.

RFO Martinique, convention de partenariat.

Le CRDP Martinique, convention de partenariat.
Outre l’institution d’une coordination spécifique, cette pratique de la recherche se traduit depuis 2009 par la
définition d’un axe de recherche Cultures et Pratiques des arts. Celui-ci questionne deux grands champs liés aux
identités et aux origines ainsi qu’aux mutations et sociétés : d’une part « Identités, Origines, Créations », d’autre part
« Sociétés, Mutations, Créations »
Ces travaux de recherche font l’objet d’une publication scientifique en partenariat avec le Centre de
recherche en arts visuel/IDEAC (Institut d’esthétiques des arts contemporains) de l’Université Paris 1 et l’Ecole
nationale supérieure des beaux-arts de Paris.
Sans que des conventions ne soient encore formalisées, des collaborations sont engagées avec :

Le CERAP (Centre d’étude et de recherche en art plastique, Université de Paris I),

Le CRAV (Centre de recherche en art visuels, Paris I Panthéon-Sorbonne),

Le CNTD, université de Tunis.
Il convendrait pour autant de spécifier un axe de recherche spécifique au design.
En dehors de leur production artistique et théorique personnelle, les enseignants de l’IRAVM participent à des
activités de recherche, de publication et d’organisation de colloques dans divers cadres.
L’IRAVM a institué le Forum des filières et métiers d’art et culture, manifestation annuelle dont la première
édition s’est tenue cette année à l’Atrium. Cette rencontre a pour objectif de mettre en contact des jeunes diplômés
avec des professionnels sensibilisés aux questions de la formation et à l’emploi des jeunes dans le domaine de l’art et
de la culture. Elle doit également permettre de préparer le premier salon, dans ce domaine, en Martinique.
Des liens sont entretenus principalement avec des institutions culturelles. Il n’est pas fait mention de
collaborations pérennes avec les milieux professionnels directement liés à la production (objet, espaces).
Sans doute, du fait de son caractère insulaire, l’école a développé de nombreux liens avec des partenaires
régionaux (Caraïbe) nationaux et internationaux. On note pour l’option design des liens avec :

L’Ecole d’art de la Jamaïque, pour des projets liés à l’espace (art et design),

Le Centre des métiers d’art de la Guadeloupe.
En ce qui concerne les écoles étrangères, les relations de l’IRAVM concernent surtout l’Afrique : Ecole des
beaux-arts de Bamako ; Ecole des beaux-arts de Dakar ; Ecole des beaux-arts d’Abidjan.
Pour





la France l’école développe des partenariats privilégiés avec :
L’Ecole supérieure des beaux-arts d’Angers,
L’Ecole supérieure d’art et design d’Amiens,
L’Ecole supérieure d’art d’Aix-en-Provence : échanges de programmes dans le domaine de la recherche
en art interactif et en robotique,
L’Ecole supérieure d’art du Havre : échanges dans le cadre de recherches autour des problématiques
liées au littoral,
L’Ecole d’art de la Réunion, échanges liés aux questions de l’insularité de l’identité.
Ces liens privilégiés s’accompagnent d’une certaine mobilité des étudiants entre l’IRAVM et les écoles de
métropole. Par ailleurs, l’option a participé à une des éditions de la Biennale internationale du design de SaintEtienne.
La mobilité des étudiants à l’international est encore très insuffisante, en raison, entre autres, du retard pris
par l’école dans l’obtention de la charte Erasmus. Aujourd’hui, cette charte est rédigée, approuvée, en voie de
signature.
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3  ORGANISATION GLOBALE DE L’OPTION (structure de la formation et de son
organisation pédagogique, politique des stages, mutualisation et co-habilitations,
pilotage de la formation) :
La structure de la formation et de son organisation pédagogique est construite sur un certain nombre de prérequis. A l’issue du DNAP sont effectués un bilan des acquisitions de savoirs et savoir-faire acquis en trois ans, une
présentation par l’étudiant de travaux exploratoires, d’une ou de plusieurs directions privilégiées de recherche. En
phase projet, l’étudiant doit affirmer son autonomie de créateur avec la soutenance d’un mémoire et la présentation
d’un projet personnel et innovant, conceptuellement maîtrisé, clairement situé dans le champ de la création
contemporaine et tourné vers une dynamique de recherche.
Quatre grands blocs d’enseignement structurent le second cycle : méthodologie de la recherche; méthodologie
technique et sa mise en œuvre, bloc théorique (histoire, théorie des arts et langues étrangères), projet personnel.
Dans la phase projet, pour chaque étudiant, est mise en place la nomination d’un binôme de directeurs de
projet (pour le travail plastique d’une part et le mémoire d’autre part) constitué de professeurs internes à l’école ou
de professionnels extérieurs.
L’école a mis en place une méthodologie propre au mémoire. Un mois avant le diplôme, la soutenance
publique du mémoire est désormais organisée devant un jury désigné par le directeur de l’école faisant appel à
plusieurs enseignants chercheurs ainsi qu’à des artistes ou professionnels du domaine concerné.
Au cours du semestre 7, chaque étudiant doit effectuer au moins trois semaines à un mois de stage en
entreprise, association ou institution culturelle. Ce stage fait l’objet d’une convention, d’un suivi et de la rédaction
d’un rapport. Cette période de stage peut être effectuée à l’international. Cependant, cette période semble un peu
courte pour réaliser une expérience ambitieuse à ce niveau de pratique.
Les mutualisations sont de deux types :

internes à l’école, entre les options, notamment sous la forme d’ARCs,

externes, mutualisation de moyens et d’enseignements avec l’université des Antilles en particulier dans
le domaine de la communication visuelle.
Il existe une mutualisation plus ponctuelle avec des écoles métropolitaines du réseau des écoles supérieures
d’art françaises, mais pas de co-habilitation à ce jour.
Le pilotage de la formation est assuré par l’équipe pédagogique Design sous la double responsabilité d’une
coordinatrice (designer) et d’un enseignant-chercheur (artiste plasticien) habilité à diriger des recherches (HDR) et
qui assure la responsabilité scientifique.
4  BILAN DE FONCTIONNEMENT (origines géographiques constatées des étudiants, flux,
taux de réussite, auto-évaluation, analyse à 2 ans du devenir des diplômés, bilan
prévisionnel pour la prochaine période) :
Cette partie du dossier reste assez floue et peu relayée par des éléments statistiques.
L’origine majoritaire des étudiants est le réseau de la Caraïbe. Les étudiants reflètent le tissu local. L’école
développe son attractivité auprès des étudiants Haïtien, Cubains, Vénézuéliens et Jamaïcains.
L’option a enregistré une augmentation de son nombre d’étudiants. Le dossier ne détaille pas les données par
option ainsi que les statistiques des taux de réussite.
Il n’existe pas d’évaluation formalisée des enseignements. L’école se base sur les rencontres institutionnelles
étudiants/enseignants/responsables pédagogiques. L’augmentation des effectifs témoigne de l’attractivité
renaissante de l’école.
Concernant l’historique d'insertion et les nouveaux dispositifs de suivi des diplômés, l’option doit objectiver et
améliorer cette information.
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Observations du directeur
Note adressée à l’AERES
Observations sur l’évaluation favorable des diplômes de l’Institut régional d’art visuel de
Martinique par l’AERES, en vue de l’habilitation à délivrer le DNSEP option Art et option Design
au grade de Master
Dès janvier 2009, l'école a engagé une structuration importante pour se mettre au diapason de
l'enseignement supérieur artistique. En 2009-2010 les options Art et Design de l’école connaissent de
réelles modifications : la mise en place du livret de l’étudiant et du dispositif relatif au nouveau
mémoire avec soutenance, l’introduction des enseignements en multimédia numérique et médias
multiples, ainsi que la mise en place progressive des nouvelles orientations en Design.
L’école a fait preuve de sa capacité à fédérer des partenaires académiques de qualité autour de
questionnements essentiels sur l’art actuel et doit désormais structurer cet engagement. Elle a fourni
un travail intense pour répondre aux exigences de la réforme LMD. Un réseau de partenaires
institutionnels et culturels intelligemment construit, un dossier très bien rédigé, un nouveau mémoire
avec soutenance en place et bien encadré (directeur HDR, enseignants docteurs et en cours de thèse),
l’introduction des pratiques multimédias, l’introduction d’une méthodologie de la recherche, voilà
autant d’atouts pour l’Iravm.
Les objectifs artistiques et pédagogiques sont très bien formulés par l'école qui revendique une
formation pensée « à travers la diversité et la transversalité des enseignements », qui apporte à
l’étudiant des outils d’analyse critique, méthodologiques et pratiques au service d’un projet personnel
inscrit dans les champs des pratiques artistiques les plus actuelles.
Comme dans la grande majorité des écoles supérieures d'art, la dimension scientifique peine à trouver
sa formulation, elle est pourtant explicitée de façon convaincante dans les axes de recherche que
l'école s'est définie.
Les objectifs professionnels sont parfaitement énoncés sur une palette de métiers traditionnellement
dédiés aux étudiants formés au sein des établissements supérieurs d'art.
Voilà quelques appréciations qui ressortent du rapport d’évaluation des diplômes de l’Iravm dans le
cadre de la réforme LMD.
L’avis favorable accordée par l’AERES à l’évaluation des diplômes en vue de l’habilitation de l’école
à délivrer le DNSEP au grade de master, est l’occasion, pour la Direction de l’école, de saluer le
travail considérable accompli dans la conception et la mise en œuvre des actions de recherche,
l’insertion professionnelle des étudiants, la réorganisation des enseignements, ainsi que la mise en
place des réseaux de partenariat aux plans régional et international.
Hommage soit aussi rendu à tous les collaborateurs qui m’ont accompagné dans cette mission assez
difficile, mais passionnante que nous avons pu, ensemble, accomplir à l’Iravm.
Je pense tout particulièrement à Eleni Lazidou, coordinatrice de la recherche, pour son engagement
dans le travail immense et de qualité qu’elle a accompli dans la mise en place de la recherche à
l’Iravm et dont la reconnaissance au plus haut niveau scientifique par l’AERES est une belle preuve.
Je pense également à José René-Corail, coordinateur des ateliers, pour son engagement dans la
conception graphique et la parution du livret de l’étudiant. Je pense enfin à Michel Pétris, coordinateur
général des études, pour le travail accompli ensemble au niveau de la réforme des enseignements à
l’Iravm.
1 Leurs efforts, aujourd’hui, sont reconnus à travers l’avis favorable accordé par l’AERES en vue de
l’habilitation de l’Iravm à délivrer le DNSEP au grade de master en option Art et en option Design.
Je salue vivement la mobilisation de l’équipe professorale, des étudiants, des personnels
administratifs, techniques et de service de l’Ecole ainsi que le soutien infaillible de tous nos
partenaires. Le soutien et l’accompagnement des tutelles régionale et ministérielle ainsi que de la Drac
est également à saluer.
La direction de l’Iravm et toute l’équipe apprécient la reconnaissance par l’AERES du travail intense
accompli de janvier 2009 à avril 2010 et qui a été décisif pour le succès de l’Ecole.
L’Iravm s’engage à respecter les recommandations faites par l’AERES ainsi que ses engagements,
notamment la publication de la recherche sur « Les origines et les arts », suivie de la publication du
colloque « Arts, mutations et sociétés ». En définitive, l’Iravm s’engage à poursuivre dans toute la
rigueur scientifique universitaire, la mise en œuvre de son projet de réforme pédagogique et
scientifique favorablement évalué par l’AERES dans le cadre du LMD et à consolider toutes les
nouvelles orientations déjà mises en place, conformément aux projets de formation master option Art
et option Design évalués.
Benjamin Brou
Directeur de l’Institut régional d’art visuel de Martinique
Fort-de-France le 26 novembre 2010

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