HUIT MONOLOGUES FEMININS pour le théâtre

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HUIT MONOLOGUES FEMININS pour le théâtre
HUIT MONOLOGUES FEMININS
pour le théâtre
GARDE À VUE
LES JUMELLES
BETTY
CHATTE HONNETE
LA JOURNEE DE LA FEMME
LES MADELEINES
MISS FIV
VOISIN, VOISINE
Durée totale approximative: 40 minutes
Les didascalies sont laissées à la discrétion de la comédienne
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Garde à vue
Monologue femme – Durée approximative : 5 minutes
Une femme hautaine et déjantée, se retrouve en garde à vue après avoir agressé une rivale
professionnelle, mannequin de son état.
« Je vais rester ici encore longtemps ?
Eh inspecteur Harry ! Ça fait des heures que j’ poireaute dans cette taule.
J’ai soif. Quelqu’un peut m’apporter une bouteille d’eau ? Un verre ? Un dé à coudre ?
Répondez pas tous à la fois les bolosses, je n’ voudrais pas vous surmener surtout.
Vous m’entendez les limités du bulbe ?
Silence (écoute ce qu’on lui dit)
Ouais oh ça va hein c’est pas la peine de crier non plus, parce que je vous rappelle que je n’ai rien
à faire ici, ok ?
Évidemment que j’ suis énervée vous m’avez embarquée comme une vulgaire voleuse, moi ! Non
mais de quel droit !
Comment ça je suis folle, non je n’ suis pas folle je suis juste, décoiffée.
Eh lieutenant Columbo, rendez-moi mon sac à main parce que là j’ai vraiment besoin de m’
refaire une beauté.
Comment ? Je suis en garde à vue et en garde à vue on n’a rien à demander ?
Non mais je rêve ! Vous savez ce que j’ faisais quand vous m’avez arbitrairement arrêtée, hein,
vous l’ savez ?
Je m’en doute un peu que c’ n’est pas votre problème, vous êtes là pour me surveiller, bla-blabla, eh ben tant pis car je vais vous l’ dire quand même.
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Je me rendais chez Christian Lacroix, oui monsieur rien que ça, et vous savez pourquoi gros naze,
parce que je suis sa prochaine égérie.
Qu’est-ce que vous dites ? Et j’ai ri, et bien ri ! Très drôle. J’ savais pas qu’on avait de l’humour
dans la police.
Soyez sympa inspecteur Clouseau, donnez-moi mon sac à main maint’nant.
Vous dites ? En prison ça n’ me servira à rien, mais pourquoi voulez-vous que je reste en prison ?
Pour c’ que j’ai fait ! Mais enfin soyons réalistes, je ne vais pas être incarcérée pour avoir jeté au
visage de ma principale rivale un peu de Vitrex.
C’est quoi le Vitrex ? C’est bien une question de mec ça, si vous faisiez le ménage chez vous
vous l’ sauriez.
Vous faite du ménage dans votre job et ça vous suffit, oui bien sûr que j’ comprends ça. Pour qui
y m’ prend l’autre !
Mais bon, tout le monde connait le lave vitres Vitrex monsieur l’inspecteur la bavure, vous vivez
sur quelle planète ?
Vous préférez le Karcher, ah, vous aussi !
Bon allez, assez parlé chiffon, ce qui m’intéresse avant tout c’est moi et j’aimerais savoir
pourquoi vous me gardez là.
Après tout le mal que j’ai fait ? Oh là là la belle affaire ! Tout ça pour un peu de produit lancé à la
figure d’une pouffe, vous n’avez donc pas de voyous à arrêter ma parole !
Pourquoi j’ai fait ça ? Non mais vraiment, vous m’ posez vraiment la question ?
Eh bien la police n’est plus c’ qu’elle était.
Silence (écoute ce qu’on lui dit)
Oui oh ça va, j’ vais vous répondre. Quelles brutes ces mecs j’ vous jure !
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J’ peux avoir un avocat ? Ok d’accord ! Je n’ suis pas qu’un mannequin, je suis LE mannequin,
pigé commissaire Moulin ? Je suis LA perfection, l’idéal féminin c’est moi, LA beauté suprême.
J’ai menti tout à l’heure quand j’ai dit que j’allais être la future égérie de Christian Lacroix, c’est
elle qui a été choisie, cette pouffe qui se prend pour une star.
Je voulais juste qu’elle soit indisponible pour prendre sa place dans l’espoir de ne plus jamais lui
rendre. Voilà, vous savez tout, vous voyez que c’ n’est pas bien grave tout ça.
Eh capitaine Flam, j’ peux avoir de l’eau parce que ma langue est tellement sèche qu’elle va finir
par tomber.
Vous dites ? Ce n’est rien en comparaison de mon crime ! Quel crime ?
Silence (écoute ce qu’on lui dit)
Si j’ai bien compris cette pouffe est défigurée et aveugle parce que le produit n’était pas du lave
vitres mais du vitriol, c’est ça ?
Silence
Oups ! Je suis vraiment désolée, j’ai dû m’ tromper d’ flacon !
Dommage, fini pour elle les défilés.
Bon alors vous me l’apportez ce sac à main, Christian Lacroix m’attend, et là j’ai vraiment besoin
de m’ refaire une beauté. »
Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction, intégrale ou partielle réservés pour tous pays.
ISBN : 978-1-326-16324-2
Dépôt légal : Janvier 2015
© Daniel Pina Lulu.com Éditeur Standard Copyright License
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Les jumelles
Monologue pour femme - Durée approximative : 4 minutes 40
« Nous sommes deux sœurs jumelles. Nées sous le signe dé-sastreux. Line et Sarah. Et moi à
votre avis, je suis laquelle ?
De toute façon c’est toujours pareil c’est ma sœur que vous allez choisir.
Mais si, je connais le résultat. Vous voulez parier ? Allez, faites votre choix.
Vous avez une chance sur deux vous me direz, et pourtant je suis sûre de la réponse. Alors, je
suis Line ou Sarah, je suis Sarah ou bien Line ?
Eh bien non c’est pas d’ bol, moi c’est Sarah pas Line. Vous voyez ce que je vous disais !
Mais je ne suis pas la Sarah qui chasse les ours en Alaska, non ! Moi je suis l’autre, je suis Sarah
la discrète, l’effacée, celle dont on ne parle pas.
La jumelle sans objectif, je ne suis pas celle sur qui on se focalise.
C’est comme ça depuis la naissance, il y a Line la divine, et moi. Line la blanche colombe et
Sarah, le crapaud.
Line l’in-ébranlable et Sarah, l’in-efficace. En d’autres mots Line est branlable et Sarah est
ébranlée. Je sais, ce n’est pas beau la jalousie.
Mais tout lui réussit, elle aime tout le monde et tout le monde l’adore. Voilà pourquoi j’ai les
boules.
J’ai grandi sans bisou, sans compliment, sans réconfort, c’est ma sœur qui a tout pris.
Nous sommes des sœurs jumelles, ça veut dire que je suis née d’une grossesse stéréozygote. Mais
avec ce qu’elle me fait subir ça fait belle burette que je fonctionne en mono.
Pourtant j’avais tout pour faire la paire, je poursuivais un objectif, je portais des lentilles, mais
tout ce que je fais, je loupe.
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Vous pensez que je n’ suis pas fute-fute, ben oui, c’est ma sœur qui a tout pris.
Elle est le Yin et moi le Yang, elle est le rouge et moi le noir, elle est la tête et moi les jambes,
bref, ma jumelle et moi sommes les meilleures ennemies du monde.
D’ailleurs ma sœur ce n’est pas une jumelle, c’est un périscope.
Rien ne lui échappe, elle voit tout, entend tout, et surtout elle comprend tout.
Elle a une sacrée mémoire vous savez, elle n’oublie rien, c’est l’in-altérable. Je vous le dit, c’est
un micro pro cette sœur.
Elle est tout mon contraire, elle est belle, drôle, sexy, intelligente… salope ! C’est l’in-oubliable
quoi !
Alors que moi je suis envieuse, stressée, vieux jeu et parfaitement stupide. La ratée de la famille,
l’œuf non couvé, le mouton noir, le corbeau blanc.
Elle a muri et moi je suis restée une enfant, Sarah gosse.
Je suis la jumelle qu’on ne voie pas, qu’on ne veut pas voir. Je connais la musique hé ! À force de
subir le chromatisme mon champ de vision à diminué.
Que me reste-t-il alors ? Rien, c’est ma sœur qui a tout pris.
J’avais des rêves et des ambitions, j’aurais pu faire un métier d’avenir, j’aurais pu devenir je sais
pas moi, star académicienne.
Tout le monde aurait pu ainsi me voir en vert, moi, la jumelle de « la » jumelle. Star
académicienne en vert, mais surtout contre tous oui !
Personne ne m’aime. Mais pourtant j’aime ma sœur, pas comme la prunelle de mes yeux, non,
mais je l’aime… bien… quand elle est loin… à perte de vue, comme une jumelle quoi !
Ma sœur est une tête d’ange dans un corps de démon. Moi je suis terne et elle brille, elle est la
jumelle… et moi alors, gémellaire de quoi ?
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Elle est blonde et moi brune, elle a les yeux bleus les miens sont noirs. Ma poitrine ! Quoi ma
poitrine ? Ben non je n’ai pas de seins, c’est ma sœur qui a tout pris !
Pour ma sœur je demeure non pas sa jumelle mais rien qu’une sœur. Jamais je ne serai Line, je ne
suis que Sarah, et reste persuadée que je suis et resterai son boulet, son brouillon, son jouet et sa
bête noire, pour ma sœur je ne suis que Sarah, sa racaille. »
ISBN : 978-1-291-98543-6
Lulu.com Editeur
Dépôt légal : Août 2014
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Betty
Monologue – femme – durée approximative 4.30 minutes
(Entre dans un bar et s’assied sur un tabouret. S’adresse à un homme assis là.)
« Salut, j’suis la petite amie de …, ben il est où encore ? Je vais finir par croire qu’il me fuit.
Il est de Mauléon, c’est sans doute pour cette raison qu’il ne veut pas que je lui colle aux basques.
Ça m’ soule, ça m’ gave !
Pourtant il n’est pas malheureux avec moi, un vrai coq sur pattes.
Ah bon ! Vous ne connaissez pas mon… vous n’êtes pas le…
Comment ? Vous voulez m’offrir un verre ? Non ça va, j’en ai plein mes placards. Ah, un
apéritif ! C’est quand même non.
Ce n’est pas du tout une question d’argent mais de principe, je ne bois pas le premier soir, c’est
tout.
De toute façon je n’ suis pas libre. Ça n’engage à rien, c’est vous qui le dites !
Je connais les hommes, vous demandez notre main et après vous l’ignorez pour ne vous occupez
que du reste.
Je sais que l’argent n’a pas d’odeur… en chuchotant alors c’est lui qui pue.
Pardon ? Moi c’est Betty. Mais tout l’ monde m’appelle Betty.
Non c’ n’est pas une plaisanterie ! Croix de bois croix de fer, parce que si je mens, j’ vais m’en
faire…
Si je viens souvent ? Seulement quand c’est ouvert. Y a du monde ce soir hein !
C’que j’aime dans la vie ? Euh ! Parcourir le monde, ouais, j’suis comme on dit une grosse
trotteuse.
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Hier à Lafourguette, demain au Capitole, j’ai tellement la tête dans les nuages que je peux voir
Washington d’ici. Toujours sur les casquettes de roues.
Absolument, je voyage en avion… et bien non, perdu, je ne suis pas hôtesse de l’air, je suis… je
suis… Betty !
Je sais, j’aime bien rigoler, on me dit tout l’ temps que j’ai beaucoup d’humeur.
Mais non ce n’est pas dangereux de voyager, de toute façon on vit en permanence avec au-dessus
de nous une épée de Périclès.
Bon il fait quoi mon mec là, je n’ vais pas passer la soirée à l’attendre, je travaille moi.
Bon d’accord je vous le dit, je suis pilote... de lignes. Sur quel appareil ? Brosse, peigne, pinceau,
blush, fond de teint.
Bien sûr que c’est vrai, je suis pilote DE lignes DE produits DE beauté. Vous êtes marrant les
mecs, et d’un curieux !
Je suis comme qui ? Commerciale ! Je n’ sais pas j’ l’a connais pas.
J’adore ce que je fais, je suis comme une fée qui transforme la grisaille en lumières et paillettes.
Avec mes produits de beauté je produis de la beauté, c’est pas beau ça !
À force d’avoir la tête dans les nuages je fais des rêves cosmétiques.
Je vends de l’espoir, de la magie. Pour faire profiter davantage les nuances de couleurs il faudrait
que j’ouvre un bar à teint. Il serait joli oui, avec une belle enseigne, ce serait un beau bar.
Pour le moment, je ne suis qu’un petit caillou mais qui sait, peut-être qu’un jour je deviendrai
rocher, et mon but serait atteint.
Attendez ! je rêve ou quoi, vous me demandez si je veux vous… oh ! Mais quel goujon ce type !
En colère Vous dites ? Je ne suis pas brillante ! Je ferai bien d’utiliser mes produits à des fins
personnelles !
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Je vais le prendre ce verre… pour vous le mettre dans la tronche. J’ vous jure, les hommes sont
vraiment des buffles.
Tiens ! Mon chéri revient, je vous conseille de ne plus me manquer de respect, car je vous
préviens il est fort comme un truc.
Se lève
On rentre chéri je suis fatiguée. Lui là, ce type ? C’est rien du tout, juste une couleur qui n’existe
pas sur la palette, une minabilité de l’univers de ceux qui ne brillent pas, qui ne brilleront jamais.
Vos odeurs incommodent monsieur, aussi, je vous suggère de mettre l’expression suivante en
pratique, comme on fait son lit, on se douche. »
ISBN : 978-1-4478-7030-2
Lulu.com Editeur
Dépôt légal : Janvier 2013
© Daniel Pina Lulu.com Éditeur Standard Copyright License
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Chatte honnête
Monologue – femme – durée approximative : 3 minutes
« Vous me regardez ? Vous avez raison, j’adore ça. Vous avez vu comme je suis belle ?
Passez la main sur la joue, puis sur l’oreille.
Il faut dire que je fais tout pour ça.
Une de mes principales activités est de plaire.
Je prends un soin tout particulier à sauvegarder mon apparence, qui vous l’aurez constaté, est
tout simplement, magnifique.
Je sais, ma robe est vraiment au poil. Miaou !
Je suis la coqueluche des matous du quartier, mes rivales en font une maladie.
Je suis belle c’est comme ça, je n’y peux rien.
Ça n’a pas toujours été le cas, j’en conviens avec humilité ! Mais que cela reste entre nous.
Le jour de mon arrivée j’étais sale, maigre et affamée.
À vous je peux bien le dire, j’étais à bout de forces et complètement désespérée.
Ça faisait des jours que je marchais en quête de nourriture.
Epuisée, je me suis tapie dans l’herbe mouillée et j’ai fermé les yeux. Je vivais là, c’était évident,
les dernières heures de mon existence.
J’ai senti mon corps se soulever, puis quelque chose le caresser.
J’ai entendu des pas, une porte claquer, des odeurs agréables, de la chaleur.
J’étais au paradis des chats, sans doute.
Je n’osais pas ouvrir les yeux, puis par curiosité, je l’ai fait.
Couchée j’étais sur un coussin hyper confortable, installée devant une cheminée où brûlait un
super feu.
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Un bol de croquettes hyper attirantes était posé à proximité.
Deux humains, un mâle et une femelle me parlaient comme si j’étais attardée.
Mais quand ils se sont approchés pour me caresser, j’ai adoré qu’ils me prennent pour une
chatte débile.
Ils m’ont fait confiance et pour ça, je ronronne au quart de tour.
Depuis ce jour leur maison est la mienne. Accès libre sans restriction aucune.
En retour, je leur donne tout l’amour dont ils font preuve à mon égard. C’est un débit permanent,
et en illimité.
Ils m’ont sauvée et pour toutes les gentillesses qu’ils me prodiguent au quotidien, je les aime.
Miaou !
Bien ! Ce n’est pas que je m’ennuie mais j’ai des activités qui m’attendent.
Ce n’est pas parce que je suis devenue une chatte de bonne famille qu’il faut que je me laisse
aller.
Bon allez je vous lèche. Je vais me dégourdir les pattes.
La déco ici ne me plait pas trop, je vais refaire tout ça en y mettant ma griffe.
Eh oui, en plus je suis une artiste.
Je sais, j’ai toutes les qualités. C’est comme ça quand on est heureux. »
Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction, intégrale ou partielle réservés pour tous pays.
ISBN : 978-1-291-63976-6
Dépôt légal : Novembre 2013
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La journée de la femme
Monologue – femme – durée approximative 6 minutes
« C’est la journée de la femme.
Je pensais avoir tout entendu, mais c’était sans compter sur sa capacité qu’il a depuis des siècles à
détruire ce que nous avons de plus beau.
À qui je fais allusion ? Mais à l’homme pardi ! Qu’a-t-il de mieux dans son existence, hein ? Non
monsieur ce n’est pas sa bagnole, c’est « la » femme, c’est nous quoi !
L’homme est une catastrophe et puis basta ! Mais si, tout le monde le sait. C’est un provocateur
naturel de conneries, haut débit, sans abonnement, et en illimité.
Il piétine et ne respecte rien. Surtout pas nous, surtout pas celle qu’il ose appeler sa « moitié ».
Mais moitié, ça veut dire partagé également en deux. Or, ses signes sont plus pour lui, moins pour
nous, résultat de l’opération, égale diviser.
Ce que je peux vous dire c’est qu’en général il n’est pas tendre avec sa souris le bougre, sa meuf,
sa gonzesse, je vous fais grâce des autres synonymes de pétasse. Pouf-pouf, ça sera toi que je
choisirai !
En vérité, chez nous qu’est-ce qui les intéresse les mecs, l’égalité des droits ? Bien évidemment
que non, ce qu’ils veulent (poser les mains sur la poitrine) ce sont nos amis pour la vie, les
produits laitiers. (Poser les mains sur les fesses) Et la charcuterie qui va avec, c’est tout.
Tous des cochons. Bon ! De là à dire qu’il y a une femme dans chaque porc ! Peut-être que ça
arrivera, mais comme dit le proverbe, qui vivra « verrat » !
C’est la journée de la femme. C’est « ma » journée. Je suis « la » femme de la journée. Une
journée par an à ne rien faire, à ne penser à personne d’autre qu’à moi, et me faire dorloter.
Dormir plus longtemps, me faire servir le petit déjeuner au lit, être une princesse le temps d’une
journée sans souci, sans responsabilité, se laisser aller à la belle vie, comme un homme.
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Pas de ménage, pas de cuisine à faire, pas de linge à laver et à repasser, une journée de travail
offerte par « mon » homme et « mon » patron, une journée pour réaliser mes rêves.
Tu parles d’un cadeau ! En vérité je vous le dis, la journée de la femme c’est vivre pendant vingtquatre heures la vie de toute une année d’un homme. Merci, c’est extrêmement généreux.
Et encore, pour celles qui ont la chance de vivre une telle journée. Ma voisine par exemple, son
mari lui a dit (bourré) c’est la journée de la femme, je vais arroser ça avec mes potes.
Demain j’aurai tout le ménage à faire, la bouffe immangeable à jeter, le linge à relaver, après une
double journée de travail pour rattraper le retard accumulé.
Une vie de princesse quoi ! Eh bien je vais vous dire, je n’en veux pas de cette journée parce que
ça prouve, si besoin était, que nous sommes injustement punies 364 jours par an.
Aussi, j’ai décidé en accord avec moi-même, ma conscience et mon chat, qu’à partir
d’aujourd’hui je vais m’octroyer 364 journées de la femme par an.
Et les années bissextiles, je m’accorderai le droit de coucher avec des femmes. Oui, je suis pour
la bissextilité. Oh hé ! Se laisser aller tous les quatre ans ce n’est pas exagérer que je sache !
Ça leur donnera à réfléchir à ces machos men qui dirigent le monde alors qu’ils ont moins de
diplômes et plus de revenus que nous, qu’ils sont souvent moins compétents avec plus de
responsabilités.
La plupart des hommes ne nous méritent pas. Cessez de nous sous-estimer, hommes des
casernes… comment ? On dit des cavernes, c’est la même chose.
En vérité je vous le dis, nous les femmes, nous sommes capables de donner la vie, aussi attention,
qui peut la donner… peut aussi combattre une cause dans une lutte sans merci.
Nous ne voulons pas vous combattre pour vous rendre malheureux, nous voulons combattre pour
acquérir des droits fondamentaux, afin que nous soyons heureux, ensemble, et aussi sans vous.
La société minimise nos capacités sous prétexte qu’un homme est plus fort, plus disponible, mais
un jour viendra où nous serons la réelle moitié que vous considérez aujourd’hui comme une
demie portion.
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Des millions de femmes se sont distinguées dans des domaines où vous n’avez pas toujours
excellés. Nous sommes complémentaires, admettez-le, cela ne vous rendra pas moins homme, il
est temps d’évoluer.
Les américains ont lancé la sonde Pioneer 11 en 1974 avec un dessin représentant la femme et
l’homme, pour prouver aux éventuels extraterrestres que nous existons, dans une égalité parfaite.
J’aimerais que cette égalité devienne réalité, avant que ces extraterrestres viennent constater par
eux-mêmes que cette affirmation est parfaitement erronée.
Afin que l’homme ne passe pas pour un menteur à leurs yeux mais pour un être respectable et
respectueux.
Je sais, nous en sommes à des années lumières mais, je ne désespère pas. Des femmes, et des
hommes aussi d’ailleurs, se battent au quotidien pour que les mentalités évoluent pour rendre ce
monde plus juste.
L’homme sans la femme ne serait pas. Alors un peu d’humilité et de reconnaissance et sur cette
journée, rien qu’à moi, un rayon de soleil viendra égayer la grisaille de mon quotidien de femme
moderne.
Certes, la journée de la femme ne suffira pas à chasser des siècles d’obscurantisme machos, on
dit d’obscuranto machismes ?
Mais nous sommes au 21 ème siècle, si si je vous assure, et en vérité je vous le dis, le temps est
proche, je le sais, nous le voulons, où les femmes deviendront des êtres humains. »
ISBN : 978-1-291-34840-8
Dépôt légal : 2013
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Les madeleines
Monologue – femme – durée approximative 5 minutes - Est assise et mange des madeleines.
« Telle que vous me voyez là, je cherche l’amour. Pour dire la vérité, ça fait trente ans que ça
dure.
Mais… je garde l’espoir, tout en me morfondant, mouais !
Mon voisin le chinois, Zhou, me prépare des nougats au sésame, mais je préfère les madeleines.
Les madeleines c’est génial pour tromper l’ennui, et la solitude.
Beaucoup de personnes autour de moi se plaignent d’avoir perdu l’amour, en ce qui me concerne
je me plains de ne pas l’avoir trouvé.
Au début je ne le cherchais pas ; eh ben lui non plus !
Et puis « on » m’a dit : l’amour on ne le cherche pas, on le trouve.
Balaise non ? Alors j’ai rétorqué : mais si on ne le cherche pas on ne risque pas de le trouver !
Alors « on » a ajouté : tu sauras que c’est l’amour quand tu l’auras trouvé. Logique non ?
J’ai demandé : comment savoir si c’est l’amour ou le grand amour que j’ai rencontré ?
« On » m’a répondu : ça, tu ne le sauras que quand tu l’auras perdu. Perso, je préférerais le savoir
quand je l’aurais trouvé.
Pour ma part, j’aimerais bien rencontrer un tout petit amour, pour commencer. Et puis je le
bichonnerai, et je l’élèverai au rang de grand amour, puis d’amour pour la vie.
J’aurai la médaille du mérite de l’amour. Aujourd’hui plus qu’hier, mais bien moins que demain.
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Exactement comme hier, comme aujourd’hui je n’ai rien, alors demain j’en aurai encore moins.
Zhou, mon voisin chinois, pense que l’amour ne se mesure pas à une inscription sur une médaille.
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Ce n’est pas faute de chercher
pourtant ! Mon âme sœur n’attend que le moment de me
rencontrer, j’en suis certaine.
L’homme de ma vie se trouve là, quelque part. Ah ça oui ! Pour être caché, il est bien caché.
Mais le jour où nous allons nous rencontrer ce sera peut-être… oui, c’est ça, trop tard.
(Mange une madeleine) Les madeleines c’est génial pour tromper l’ennui, et la solitude.
J’ai tout essayé pourtant. Le minitel, les petites annonces dans le chasseur français, les agences
matrimoniales, l’incruste dans les mariages, rien n’y fait.
Zhou pense que parfois nous allons chercher bien loin ce qui est à nos côtés. Zhou, c’est mon
voisin chinois, je vous en ai déjà parlé ?
Là, je me suis inscrite sur web story, mais si : web story vous savez ? L’amour à tout prix. Tu
parles !
Avant je n’avais pas l’amour mais j’avais un peu d’argent. Maintenant je n’ai toujours pas trouvé
l’amour et je n’ai plus d’argent.
Web story l’amour à tout prix ? Non ! Web story l’amour m’a tout pris !
Et pourtant je suis attirante, je dirais même sexy. Mais ce qui est dommage c’est que les
hommes ce qu’ils aiment avant tout chez moi, c’est mon gros Q.I
L’annonce disait : bien sous tous rapports… oh ! On se calme tout de suite là ! J’ai beau être
canon je n’en suis pas pour autant un objet sexuel, d’accord ?
Je suis méfiante, c’est sûr. Faut dire que j’ai vu la mort de près. Qui a dit que même elle n’a pas
voulu de moi ?
C’est facile de critiquer hein ! C’est facile !
Non c’est ça quand on est intelligente, les hommes ne s’intéressent… qu’aux autres !
C’est la rançon de la gloire. Sauf que les autres ont la gloire et moi je paie la rançon.
Mon idéal masculin ? Je le vois cuisinier, ou pâtissier, drôle, aimant, un peu philosophe.
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Tout disposé à me faire de la bonne cuisine, et surtout des madeleines !
Eh ben oui c’est vrai, je ne suis pas une fille facile. Ni à aborder, ni à vivre, ni à inviter, je n’y
peux rien, je suis une célibataire exigeante. J’ai mes tics.
Je le sais bien allez, mes plus belles années sont passées. Peut-être que si je deviens une peau de
vache il me restera l’amour est dans le pré ?
L’existence n’est pas chose facile. Il a bien raison mon voisin le chinois, la vie est une dure lutte.
Mais comment il a fait Proust pour aller à la recherche du temps perdu ?
Quand j’ai demandé ça à mon voisin Zhou, il a dit : (avec l’accent asiatique) et si tu allais voir du
côté de Sichuan !
Zhou en chinois ça veut dire aide. Je crois bien avoir besoin d’aide, je crois bien avoir vraiment
besoin de Zhou.
Alors tout compte fait je pense me mettre au régime nougats au sésame.
Dites, il me reste quelques madeleines, ça intéresse quelqu’un ? »
(*) Aujourd’hui plus qu’hier, mais bien moins que demain. Phrase issue du poème de Rosemonde
Gérard intitulé : L’éternelle chanson.
ISBN: 978-1-291-51461-2
Dépôt légal : Août 2013
© Daniel Pina Lulu.com Éditeur Standard Copyright License
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Miss FIV
Monologue – femme – durée approximative 5.30 minutes
Légèrement grisée. Tient une bouteille dans la main
« Il paraît que je bois un peu trop, et que je n’ai aucune raison de le faire.
Allez donc ça n’arrête pas, on arrose à tour de bras, les moyens sont à disposition et tous les
prétextes sont bons.
On arrose une sortie entre potes, puis son premier vélo, on arrose une première rencontre, et puis
toutes les suivantes.
On remet ça à chaque coupe du monde… de football… de ski… de rugby… de patinage
artistique… sans parler des coupes d’Europe et tous les championnats.
On arrose la médaille de natation, sa première mobylette, ses boutons sur la tronche et ses
premiers jeans troués.
On remet ça pour les vacances, sa première cuite, ses premières escapades, son premier flirt, et
l’on continue pour fêter ce fameux soir où l’on s’est déniaisée.
On remet ça pour le passage dans la classe supérieure, son entrée à l’université, ou pour fêter son
premier job.
On arrose les anniversaires, les fêtes, les grands-mères, les grands-pères, on arrose les fleurs…
tiens ? Ah oui quand on est fleuriste ! (En chuchotant) ça fait pousser la recette.
On remet ça pour la fête nationale, la fête à neuneu, la fête à la fête.
On arrose la célébration des morts, la saint Valentin, le saint truc et la sainte glanduchette.
On remet ça pour fêter l’armistice, l’assomption, et noël. Sans oublier bien sûr le premier de l’an,
l’épiphanie, mardi-gras, mais aussi les rameaux.
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Sans oublier cette belle fête de Pâques, et puis le premier mai, suivi par le huit mai, et le onze
novembre.
On remet ça pour les fiançailles, puis pour le mariage, la naissance du petit, et son premier rot
sans vomir, ses premiers pas sans se tenir.
On arrose le baptême, et le vendredi saint, la pentecôte, la Fête-Dieu, et l’annonciation.
Sa première voiture, son premier accident. La mort de la grand-mère, le décès du grand-père.
Et puis arrivent les deux fêtes tellement importantes, la fête des mères, et la fête des pères.
Non mais franchement, comment voulez-vous que j’arrête de picoler ?
Je suis née de père inconnu et j’ai été conçue par une éprouvette.
(Boit à la bouteille)
Ça s’arrose non ? Qu’est-ce que je dois dire au juste, bonne fête le tube ? Ou, bonne fête gamète.
Comment voulez-vous que j’arrête, (en criant) je suis née dans un verre !
Bah ! Toutes ces fêtes me donnent soif, normal.
Alors tous les ans je fais la même démarche, un peu titubante j’en conviens.
Je vais me réfugier dans l’église du village. Lieu de sérénité, où personne ne me juge, où
personne ne se moque, mais où personne ne boit !
Alors moi, la miss FIV comme les autres se plaisent à m’appeler, moi qui suis triste et grise, je
regarde ces merveilles de couleurs et de lumière, dans cette merveilleuse église.
Et pour quelques instants je prends place près de ces saints au regard si doux, et comme eux je
souris.
J’oublie mes origines et mes douleurs cachées, je fais don de mon corps et de mon cœur blessé,
alors je deviens rose lorsque je prends la pause, comme ces statues perchées.
Puis je deviens le chœur, et la rosace, et je deviens lumière pour offrir ma beauté que tant je
redoute, là sont oubliés et mes peurs, et mes doutes.
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Sereinement je ferme les yeux, je suis en état de grâce.
Je suis comme toutes les autres, fragile et forte à la fois, et je puise mon énergie en ce lieu de
recueillement.
Je n’ai plus de rancœur mais l’envie folle d’une vie saine à partager.
Tant de bonheur à venir ça s’arrose n’est-ce pas ? Ça se fête ! Allez, on remet ça !
Mais non je rigole ! C’est du thé pas de l’alcool.
Je suis miss FIV, animatrice dans un centre anti alcoolique. Je recense les prétextes pour boire.
Boulot éreintant. Goulot à plein temps !
J’ai connu la détresse quand j’ai su que j’ai été conçue non pas par une bistouquette mais par une
pipette.
Je me suis déchirée me croyant mal aimée.
Il m’a fallu du temps et de la persévérance avant d’acquérir sagesse et sérénité.
Aujourd’hui, je dispense des conseils à qui veut les entendre, à ceux qui sont tombés dans cette
dépendance, je leur porte secours, et je panse ces blessures purulentes, un sourire libéré pour
toute récompense.
Si vous avez besoin je suis libre de suite, rassurez-vous c’est gratuit, les pourboires sont interdits.
Nous avons tous de bonnes raisons de nous laisser aller, la vie est difficile.
Tout est prétexte à boire et à faire la fête, c’est bien, mais il faut rester raisonnable. La vie est un
cadeau mais, c’est du consommable.
Chaque fois que vous aurez envie de vous souler pensez à moi très fort, et dans l’église, entrez !
Car j’ai eu de la chance en étant devenue, et je n’en suis pas peu fière, à l’instar des miss France
et des miss météo, après bien des galères et des nœuds au cerveau, une miss… in vitro.»
ISBN : 978-1-291-51586-2 * Dépôt légal : Août 2013 © Daniel Pina Lulu.com Éditeur Standard Copyright License
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Voisin, voisine
Monologue – femme ou homme – durée approximative : 5 minutes
« C’est quoi un bon voisin ? C’est un voisin mort !
Ben si, avec les voisins à un moment ou à un autre, rien ne va plus.
La courtoisie qui nous lie semble forte, inébranlable. Hélas, la plus petite étincelle peut mettre le
feu à un baril de poudre qui ne demande qu’à exploser.
Une poubelle mal placée, une haie mal taillée ou une réflexion pour un passage de tondeuse tardif
en dehors des heures autorisées, et pouf !
Comme par désenchantement, l’entente la plus cordiale se transforme en haine farouche, en
coups fourrés, en une véritable vendetta.
Est déclarée alors une guerre sans merci dont personne ne sort indemne.
Ah les voisins ! Pourtant, qui n’a jamais fantasmé sur eux ?
Au cours d’une soirée ou d’une rencontre inopinée dans un endroit propice à la libération des
mœurs. Allez !
Messieurs, qui n’a jamais pensé plonger en plus du regard, une main dans le décolleté généreux
d’une voisine inhibée après un repas bien arrosé ?
Mesdames, qui n’a jamais pensé poser une main sur la cuisse du mari de cette femme ?
Je vous en prie ! Un peu de sincérité que diable, Dieu ne vous en tiendra pas rigueur.
Je vous dis ça parce que je me suis fâché(e) avec mes voisins.
(Pour un homme) Non pas à cause de sa femme, bien qu’elle soit belle et attirante, mais à cause
de Jésus.
(Pour une femme) Non pas à cause de son homme, bien qu’il soit beau et attirant, mais à cause de
Jésus.
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Je n’aime pas la période de noël, j’ai le droit tout de même !
Tout a commencé à cette période. Je devrais dire, tout s’est terminé à cette période.
Je n’étais pas ami(e) avec mes voisins, mais entre nous la courtoisie était de mise, bonjour,
bonsoir, caresses au chien, banalités sur le temps, bla-bla-bla !
Jamais un mot plus haut que l’autre. C’était sûr, ça ne pouvait pas durer.
Je rentrais du travail fatigué(e) et quelque peu désabusée(e), lorsque je vis un soir de décembre
mon cher voisin affairé sur une échelle.
Sa femme et ses enfants semblaient tout excités.
Qu’était-ce donc la raison de cette effervescence ?
Les guirlandes électriques de noël, c’était ça le détonateur.
Afin de remporter le concours de la plus belle rue il ne manquait plus que ma maison à décorer,
et à éclairer.
Seulement voilà, il n’était pas question que je me plie à cette débile tradition.
Lorsque le ton est monté je lui ai fait comprendre qu’il était déjà perché.
Bien évidemment il n’a pas apprécié la blague.
En tant que fête chrétienne je me devais de commémorer la naissance de Jésus, et les décorations
faisaient partie de ce rituel.
De leur rituel, pas du mien.
Je leur ai dit alors que j’avais le droit de ne pas être croyant(e), et que ce n’est pas très écolo
d’allumer des centaines d’ampoules pendant des jours et des nuits, tout ça pour célébrer une fête,
fut-elle celle de la nativité.
Pour eux, il était inconcevable de ne pas l’aimer.
D’abord je n’ai pas dit que je ne l’aimais pas, et de toute façon, ça ne regardait que moi.
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Conclusion, pas de décorations pas d’amour dans le cœur à partager. Un peu facile comme
raccourci quand même.
Pour ma part, mon petit sapin artificiel près de la crèche et de la cheminée me suffisaient
amplement.
Les injures ont fusé de toutes parts, et tout ça pour une chose aussi banale. Je peux vous dire que
noël n’était pas à la fête ce soir-là !
Sa gentille femme est devenue méchante, et lui a campé sur ses positions en me traitant d’infâme
païen sans foi, ni loi.
Ses gentils et beaux enfants sont devenus les plus bêtes et les plus moches qui soient.
Même le chien adorable et câlin s’était transformé en monstre sanguinaire.
(Pour un homme) Arrivé à ce stade il était certain que jamais je ne plongerai ma main dans le
décolleté de ma voisine.
(Pour une femme) Arrivée à ce stade il était certain que jamais je ne poserai ma main sur la cuisse
de mon voisin.
Ça ne restera qu’un fantasme et au train où vont les choses, c’est sûrement mieux ainsi.
Et Jésus dans tout ça ?
Eh bien même si, sur ce coup-là il est à mes côtés, je ne lui demanderai pas d’intervenir, car en
aucun cas je ne veux me fâcher avec lui, car Jésus, croyez-le ou pas, c’est le meilleur voisin que
je n’ai jamais eu. »
ISBN : 978-1-291-66521-5
Dépôt légal : Décembre 2013
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Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction, intégrale ou partielle réservés pour tous pays.
Dépôt légal : Février 2014 – Août 2014 – 2015
ISBN : 978-1-291-98642-6
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