1- Ricochets n° 15

Transcription

1- Ricochets n° 15
«Ignorance est mère de
tous les maux». Rabelais
R
2 =C
ico chets
«Paroles d’Ozoir»
n°15 - octobre-novembre 2004
Comment voyons-nous l’Ozoir de demain?
La longère de la rue de la rue de la
Source. Les maisons du vieux pays
sont-elles en voie de
totale disparition?
billet
enfantillages
en mars dernier, lors d’une
B attu,
élection cantonale, M. le Maire
aurait pu prendre la chose avec philosophie. Il a préféré déposer un recours
devant le tribunal administratif en vue
d’obtenir l’annulation du scrutin.
Pour convaincre les juges, le candidat
Oneto a insisté sur le rôle joué par
«Ricochets», journal à l’impact considérable (si, si, il a dit cela): «Ricochets
est paru avant l’élection sous la forme
d’un numéro spécial de huit pages,
alors que les précédents numéros n’en
comptaient que quatre. Et dans ces
huit pages il était écrit des choses faisant le jeu de mon adversaire».
Les juges ne sont pas tombés de la
dernière averse, c’est là leur moindre
défaut. Lorsque le Commissaire du
Gouvernement a pris la parole, le candidat Oneto a compris qu’il avait poussé le bouchon un peu loin.
«Ricochets est un journal indépendant
et ses journalistes ont le droit d’écrire
ce qu’ils veulent. À moins que M. le
Maire estime que les journalistes n’ont
pas le droit de s’exprimer; auquel cas il
faut fermer tous les journaux», a
déclaré le magistrat. Puis, constatant
que depuis sa création «Ricochets»
comptait huit pages et que le numéro
paru avant les élections était un
numéro comme tous les autres (il
avait pris soin de compter les pages,
lui...), M. le Commissaire du Gouvernement a demandé au Tribunal de «ne
pas donner suite à ces enfantillages».
Le Tribunal n’a pas donné suite et le
candidat Oneto a été débouté.
Trois jours avant l’audience, M. le Maire
avait réuni ses colistiers pour leur
déclarer: «L’élection sera annulée, cela
ne fait pas l’ombre d’un doute.
Préparez-vous à repartir en campagne
dès janvier».
Il arrive donc que l’on se trompe... même lorsque l’on est convaincu d’avoir
J-L Soulié
toujours raison.
Ozoir bouge. Des chantiers s’ouvrent un peu partout.
Ces constructions nouvelles sont-elles une chance pour
notre ville? Que faut-il pour qu’elle grandisse tout en gardant son âme? A la recherche de cette identité,
«Ricochets» est allé interroger quelques unes des personnalités locales les plus attachées à la défense d’une
certaine image de leur cité. Mais chacun voit sa ville à
travers sa propre histoire… Pour amorcer cette série qui se poursuivra sur plusieurs mois - nous avons rencontré Nicolle et Christian Ragot qui habitent l’ancienne
Poste, avenue du Général de Gaulle, près de l’église...
chanson
Mano Solo
enfant d’Ozoir
Petit gamin facétieux, puis
adolescent difficile, Emmanuel Cabut caracolait dans
les années 70 entre l’école
de la Brèche et le collège
Gérard Philipe. Aujourd’hui,
chanteur à succès sous le
nom de Mano Solo, il
publie son huitième album:
«Les Animals».
ors de notre arrivée à
Ozoir, c’était en 1968,
nous nous sommes
installés dans la nouvelle
résidence de La Brècheaux-Loups, premier ensemble résidentiel de cette
commune rurale. Ozoir
L
était un village avec, entre
l’église et l’école, ses commerçants, la poste, des
cafés. Et tout autour, des
petites rues, comme celles
du Lavoir, de la Source, de
Férolles…, une forge, un
château, une belle demeure
avec parc.
A côté, la Brèche aux Loups
L’album que tu viens de sortir a
pour titre Les Animals*. Qui sont
ces «animals»?
Nous tous, qui sommes là à hurler
notre vérité chacun dans notre coin.
On est des animaux au singulier.
Quand tu es avec des gens qui ne
sont pas vraiment des amis, il y a
des échanges de paroles, mais les
idées s’étalent les unes derrière les
autres, sans se confronter. Chacun
dit sa vérité; celle de l’autre on ne
s’en préoccupe pas.
Dans tes textes, Paris est un
thème récurrent. Y a-t-il une raison particulière?
J’habite Paris et il faut bien situer les
histoires qu’on raconte, ancrer les
chansons dans le réel. En même
temps je sais très bien que Paris est
* «Les Animals» CD 13 titres. Warner.
En vente à Ozoir à «l’Espace Temps».
avait été conçue aussi
comme un mini-village, avec
une placette où les commerçants ne sont pas venus
s’installer. Ses habitants ont
très vite adopté le boucher,
la boulangère de l’Eglise
«pas de meilleur pain que
chez Babec», la coopé…
On s’est fait un roman de ce
village. Il y avait aussi les
privilégiés de la SCIC: dans
la forêt, près de (l’ancienne)
gare, avec une école superbe, où nos enfants allaient
aussi car celle de la Brèche
n’était pas finie.
Cette ville que nous voyions
(lire la suite en page 3
un lieu chargé de fantasmes, et je
m’en sers. C’est un ressort.
Tu es un peu ozoirien aussi ?
Ozoir, j’en suis parti dès que j’ai pu.
Quand j’y vais, c’est pour rendre
visite à ma mère. Par contre je suis
content d’y avoir passé mon enfance. Tu peux te balader dans les
bois, te promener seul dans la rue.
Et puis à la Brèche-aux-Loups,
lorsque j’y vivais, c’était une convivialité, une fraîcheur, on se marrait
bien… Si j’avais un gamin, j’aimerais qu’il y grandisse. C’est le genre
d’endroit où tu peux laisser ton
môme gambader dehors, parce que
même si tu ne le vois pas, tu sais
que les voisins veillent sur lui.
As-tu le sentiment, d’album en
album, de suivre un chemin?
Les Animals, c’est la suite de
Dehors, mon précédent album: j’y
(lire la suite en page 6)
politique
Monique Bellas:
un «non» peut être positif
Présidente du groupe des élus de gauche au sein
du Conseil municipal, madame Monique Bellas
habite Ozoir depuis trente-six ans. Aujourd’hui
engagée dans la vie municipale et dans la vie
paroissiale, elle fut autrefois membre actif d’associations culturelles et de parents d’élèves...
Comment vivez-vous ce qui est
votre première expérience au sein
d’un Conseil municipal?
Ancienne militante CFDT, je découvre
le fossé existant entre l’activité syndicale et l’activité politique. Dans un cas
on recherche l’accord pouvant déboucher sur un compromis, dans l’autre
(du moins à Ozoir) le dialogue est
inexistant. L’opposition est méprisée.
Nous recevons les dossiers mis à
l’ordre du jour du Conseil cinq jours
avant les débats. C’est légal, mais un
peu court pour une étude sérieuse de
tous les dossiers. Dans ce contexte,
tenter de tenir efficacement son rôle
exige une bonne dose d’optimisme et
de ténacité. Et puis il y a ces questions qui tombent en début de séance,
sans préparation possible de notre
part.
Vous abstenez-vous?
Ce n’est pas si évident car tout vote de
notre part est immédiatement utilisé
par un maire très habile dans cet exercice. En outre, toute expression nous
est interdite dans «Ozoir Magazine»...
Je vais prendre l’exemple récent de la
station de retraitement des ordures
ménagères du pont de Belle-Croix. Le
soir du vote, après un exposé alarmiste et bourré d’affirmations péremp-
toires difficiles à vérifier sur l’instant,
on nous propose une sorte de moratoire assorti de nombreuses questions
au Sietom. Afin de ne pas offrir au
maire prétexte à une campagne d’opinion déjà préparée sur ce terrain, nous
avons finalement voté pour. Or,
depuis, M. le maire l’a reconnu: cette
démonstration ne tenait pas debout,
ridiculisant ainsi son adjoint à l’urbanisme et les «protecteurs» de la nature opportunément mobilisés.
Un éditorial d’Ozoir-Magazine vous
désigne comme l’opposition la plus
négative qui soit.
Faux. 90% des décisions prises en
Conseil municipal le sont à l’unanimité. Lorsque nous réagissons, c’est
face à des propositions engageant
(lire la suite en page 4)
MEUBLES ANCIENS EXOTIQUES
DENNEMOR
Maison Fondée en 1870
41, Av. du général De Gaulle - 94510 LA QUEUE EN BRIE (N4)
01 45 76 30 19
courrier
un Marché
de dup es
la question de Ricochets «faut-il
construire place du marché?» je
réponds oui sans hésitation!
On pourrait par exemple y édifier un
superbe kiosque à musique afin que
s’y produisent - aux heures légales
par respect du voisinage - nos musiciens locaux et de rencontre.
Grâce à un mobilier adapté, des spectacles de plein air, des rencontres thématiques, ludiques, sportives, associatives, culturelles, pourraient avoir
ce kiosque pour scène centrale entre
deux marchés.
Des réunions exceptionnelles du
conseil municipal pourraient également y être organisées afin que les
Ozoiriens, en plus grand nombre,
soient directement informés des
grands projets qui engagent l’avenir
de notre commune. (1)
Pourquoi ne pas ceinturer cette place
par une promenade arborée, un mail?
Et offrir ainsi aux amoureux des
bancs publics pour qu’ils puissent s’y
bécoter sans modération.
Dans un esprit de polyvalence,
comme cela se passe dans nos joyeux
et colorés marchés de Provence, il
conviendrait bien sûr de réserver le
maximum de surface aux commerçants réguliers et itinérants du marché, rare lieu central de rencontres
À
amicales et citoyennes entre générations et catégories sociales. Réaliser
enfin ce «cœur de ville» qui manque
tant à Ozoir !
Mais c’est le contraire qui nous est
proposé: un marché étranglé par des
immeubles à buts spéculatifs.
Un Maire et une équipe au pouvoir
qui n’ont les yeux de Chimène que
pour les promoteurs privés. Au
moindre espace libre, ils tirent leurs
bulldozers plus vite que leur ombre.
Pourtant n’ont-ils pas eu de mots
assez durs pour fustiger jadis l’ancienne municipalité de gauche qui
souhaitait édifier quelques logements
locatifs du côté de la Poste par souci
d’équilibre sociologique?
William Blake, peintre écrivain
anglais, face à la bourgeoisie triomphante, constatait déjà au dix-neuvième siècle que: « Les prisons sont
construites avec les pierres de la loi,
les bordels avec les briques de la religion. »
Et à Ozoir? Avec quels matériaux si
on continue à laisser faire ce cancérigène mitage urbanistique?
JEAN-CLAUDE MORANÇAIS
(1) Et qu’ils puissent se faire ainsi une
idée du comportement autocratique du
Maire, et de la manière méprisante dont il
traite les siens et l’opposition.
Nous avions tant rêvé
de changer ce monde !
Nous voilà maintenant
comme ceux-là,
qui nous regardent
mais ne nous voient pas,
murés dans leurs fantômes perfides
qui les entraînent tels des dragons
à l’intérieur de leur citadelle.
Pourtant nous frémissons encore
aux froissements des feuilles en
Automne.
Pour le moindre murmure au
cœur des contradictions
nous enfourchons la chevelure
de la Comète,
imaginons le rêve des générations futures,
un sourire du ciel aux lèvres de
l’Éternité.
Dans le magma d’un siècle
estompé
Sur la pierre gravée,
Quelques lettres de l’alphabet
nous font toujours rêver !
FRATERNITÉ
Nicolle R.
Qu'on ne se plaigne pas que les gens ne se déplacent
pas pour les enquêtes publiques; quand ils le font, leur
avis est complètement ignoré. Le cas de la place du
marché est flagrant. Une majorité des personnes
venues déposer s’est déclarée opposée au projet.
Resultat: projet adopté! Au diable la démocratie... l'essentiel c'est de communiquer!
Jacky Laurent
dommage
E
lle semblait bien gentille cette
dame d’un certain âge couverte
d’un petit chapeau bleu-clair au
rebord arrière relevé. Elle lisait un
panneau d’information lumineux et
c’est un peu par hasard que la
conversation s’engagea entre nous.
Elle m’apprit des tas de choses sur
Ozoir où elle demeure depuis 1930.
«À l’époque il y avait 3000 habitants
tout au plus et nous allions chercher
le lait à la ferme: il y en avait quatre
ou cinq à Ozoir. En automne, nous
allions cueillir des mûres et des
fraises des bois le long du ru de la
Ménagerie... il y en avait des quantités...». Pensant que son témoignage
pouvait intéresser d’autres personnes
que moi, je lui proposai d’entrer en
contact avec «Ricochets» qui se ferait
sans doute un plaisir de publier ses
souvenirs. «Je n’aime pas ce journal
socialo-communiste», me réponditelle. N’avez-vous pas honte d’effrayer
les gentilles petites dames d’Ozoir
avec votre couteau entre les dents?
CLAUDE BRELNAIR
2
D
MB: « Vous savez bien que je suis
veuve, depuis plus de cinq ans ».
L’employée: « Oui, cela ne fait rien.
Vous me dites que vous venez avec
votre conjoint ou je vous envoie une
invitation individuelle ».
Faute de m’annoncer avec un vrai
ou un faux conjoint, faute d’en
trouver un (comme d’autres trouvent des faux témoins), j’ai reçu
une invitation « strictement personnelle » et demandé des explications écrites pour cette muflerie.
J’attends la réponse.
MONIQUE BELLAS
découverte
n lisant mon dernier bulletin municipal, j’ai découvert l’existence d’un mystérieux «journal d’opposition». Comme cela correspondait chez moi à un besoin, je me suis renseignée et ai
découvert ce qu’était «Ricochets». Les noms de ceux qui le réalisent
ne me disent rien; je ne sais donc pas qui vous êtes. Peu m’importe...
ce qui compte c’est ce que vous dites. Et pour cela, très sincèrement,
bravo et longue vie à «Ricochets».
SOFIENNE MARQUES
E
patrimoniale
le 19 septembre, je suis parti à la découverte de mon patrimoine.... du patrimoine que je laisserai à mes petits-enfants
devrais-je dire. À Ozoir, le Syndicat d’Initiative proposait
d’initier la population à la fabrication de carrelage médiéval. (...)
Sous un chapiteau installé pour la circonstance dans la cour de la
ferme Pereire, une exposition détaillée agrémentée d’une
démonstration, attendait un chaland conquis d’avance qui en aura
retiré admiration et respect pour ce savoir-faire ancestral et pour
ceux qui l’auront transmis au fil des temps. En une demi-heure,
j’avais l’impression de tout connaître sur le carrelage médiéval et
je ne pouvais m’empêcher de me demander où en serait le sol des
bâtiments de la ferme Pereire si l’on avait fabriqué et posé un carreau (225 cm2) par jour depuis son achat par la ville.
J’ai ensuite, en curieux, continué la visite de mon patrimoine
Ozoirien en jetant un coup d’œil à l’intérieur du bâtiment central.
Quelle désolation... La toiture se couvre de mousses, les murs
extérieurs, coûteusement entretenus en d’autres temps sur les
deniers publics, se fissurent. Des traces d’humidité laissent douter
de l’efficacité du suivi de l’entretien. Quant à l’intérieur...
On avance que les travaux à entreprendre seraient coûteux. Je suis
disposé à le croire mais je me refuse à admettre qu’Ozoir manque
de bras pour donner un coup de balai, voire un coup de peinture;
que le personnel est insuffisant pour sauvegarder au minimum, colmater les fissures, nettoyer, préserver l’essentiel afin de permettre
à une équipe municipale qui en aurait la volonté, d’entreprendre
une entière et définitive réhabilitation dans de bonnes conditions.
Combien il est déplorable de laisser ce bâtiment se dégrader...
En d’autres moments, la population d’Ozoir a manifesté son attachement à la conservation de cette ferme dans son patrimoine. Il
serait temps que se manifeste la volonté de la voir préservée,
entretenue, valorisée.
Je me suis ensuite pris à rêver... que le bâtiment de gauche, libre
de toute cloison, doté d’une dalle, d’un plancher, d’une provisoire
estrade mobile, devenait la salle des fêtes bis et ouvrait ses portes
à des manifestations. Il permettrait ainsi une exploitation plus
ciblée de l’autre salle des fêtes et une gestion plus souple des
espaces festifs lors des nombreuses actions programmées par les
associations. La vitalité de celles-ci n’atteste-t-elle pas de l’implication des Ozoiriens dans la vie de leur cité?
J’ai également rêvé que, à l’image de cette journée, la cour de la
ferme se couvrait de stands, s’animait, devenait un des pôles culturels de la ville.
Faire rêver... N’est-ce pas l’objectif de ces journées du patrimoine?
Que le Syndicat d’Initiative soit remercié: j’ai rêvé.
ALAIN AUDOUY
L
Abonnement
muflerie
rrrrriiiing... - « Mme Bellas,
c’est la mairie (je note l’embarras de l’employée). Vous
avez, par erreur, reçu une invitation
pour deux personnes pour l’élection
de Miss Seine-et-Marne qui se
déroulera à Ozoir le...».
MB: « Non, non, c’est bien deux
places que j’avais demandées,
comme proposé. Merci ».
L’employée (encore plus embarrassée): « C’est dans ce courrier l’erreur. C’était un courrier pour élus
mariés, pour qu’ils puissent venir
avec leur conjoint. Viendrez-vous
avec votre conjoint ? ».
rêverie
(à retourner à «Paroles d’Ozoir», 6, rue Jules Renard - 77330 Ozoir-la-Ferrière).
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Date:
Ricochets - n°14 - juin juillet 2004
Edité par «Paroles d’Ozoir» (Président:
Claude Le Bihan). 6, rue Jules Renard,
77330 Ozoir-la-Ferrière.
Directeur de la publication: Michel Lis.
Rédacteur en chef: Jean-Louis Soulié.
Photos: Michel Kafka et J.-L. Soulié.
Annonces: Christiane Laurent.
Signature:
Promotion: Monique Le Cazoulat.
Numéro ISSN: 1630-3806.
N° Commission paritaire: en cours
Imprimerie 2 GCA à Roissy-en-Brie.
Dépot légal: octobre 2004.
Le numéro: 2 euros.
Abonnement pour 10 n°: 20 euros.
Renseignements: 01.64.40.39.38.
Email: [email protected]
Ont contribué à la réalisation de ce numéro:
Eve Alfonso, Anne-Marie Audouy, Gérard Amiel, Christiane Bachelier, Bernard Cailleau,
François Carbonel, Anne-Claire Darré, Michel Kafka, Christiane Laurent, Claude Le Bihan,
Jean-Pierre Le Cazoulat, Monique Le Cazoulat, Esther Lude, Philippe Lejeune, Jean-Claude
Morançais, Isabelle Monin-Soulié, Françoise Naret, Jacques Nedel, Raymonde Philomène,
Claudine Poger, Nicolle Ragot, Jean-Louis Soulié.
Ricochets - n° 15 Octobre - Novembre 2004
les gens
Bon goût
Chaque année, la semaine du goût est le
moment choisi pour tenter d’inciter les Français
- en particulier les plus jeunes d’entre eux - à ne
pas perdre les traditions culinaires qui ont fait la
gloire de leurs ancêtres et, surtout, à apprendre
le bien manger pour vivre en bonne santé. De
multiples manifestations sont alors organisées à
travers ce pays. Elles connaissent la plupart du
temps un réel succès...
À Ozoir, un effort tout particulier est réalisé
depuis déjà longtemps par la famille Ferrière,
propriétaire de l’hôtel-restaurant «Le Pavillon
Bleu». Christophe, le jeune chef de cuisine,
semble particulièrement apprécier la grosse
heure qu’il passe en compagnie d’enfants des
écoles Gruet et Anne Frank. Cette fois-ci, ce
sont les petits (ou plutôt les plus grands des
petits) de la maternelle de Gruet qui sont venus
en voisins pour découvrir certains accords raffinés préparés à leur intention. Après avoir goûté
une quiche et une tarte aux poires (le tout étant
arrosé de jus de fruits), posé de jolies toques en
papier sur leurs petites têtes, les jeunes visiteurs ont eu le rare privilège d’être reçus dans
les cuisines où ils ont découvert que, dans la
restauration, on préparait les plats sur un piano.
Eh oui, c’est comme ça, on fait rarement d’omelettes sans casser quelques notes...
Nourriture
fast but good
Dans certains établissements scolaires de la ville, la mode est aux
sandwiches ou au repas plus ou moins rapides pris en dehors des
cantines. «Ricochets» a recherché ces coins bouffe à la mode...
uand on kiffe pas trop la cantoche,
man, on trace. Mais il fait grave faim
sur le coup de midi. »… Non, ils ne
parlent pas du tout comme ça les lycéens
qui fréquentent à la mi-journée la galerie
d’Intermarché ou les snacks proches. Ce
sont des jeunes gens calmes, réfléchis,
souriants quand on leur adresse la parole. Il
est vrai que la cantine, après des années
de scolarité, ça pèse un peu. L’envie de sortir, de choisir soi-même sa nourriture se fait
sentir. Et les parents sont d’accord, donnent
de l’argent pour ça puisque ce que leurs
filles et fils trouvent en ces lieux est sain et
relativement varié pour un coût très raisonnable.
Les sandwiches de La Ronde des Pains
(Intermarché), par exemple crudités-poulet,
ou crudités-jambon, constituent pour 2,44
un repas quasi complet. Et pour quelques
dollars de plus, à savoir pour 3,35 , tout
compris, la «formule» propose, en plus du
sandwich, une boisson et un dessert. On
reste debout dans le hall, accoudé aux
tables hautes, ou bien, s’il
«
Q
fait beau, on mange dehors, assis par terre
ou sur les plots en ciment destinés à tenir
les voitures en respect. Une récré en
quelque sorte.
À quelque cent mètres de là, dans une ruelle discrète, connu seulement par le boucheà-oreille, le snack ouvert en mars dernier
par Yannick Despierre présente sensiblement les mêmes offres: presque tous les
sandwiches comportent des crudités avec
le jambon, le poulet ou le thon pour 3,50
avec une boisson et un dessert. Mais ici, on
est assis, dans une grande salle claire où
trônent deux vrais billards et un baby-foot.
C’est que le propriétaire est international de
billard, et même cinquième joueur mondial!
Il aimerait monter dans sa salle un club
d’initiation, mais les amateurs ne se pressent pas encore. Attirés par la qualité de la
viande et la préparation des légumes, les
«petits salaires» viennent de l’autre bout de
la ville se nourrir ici d’un plat chaud (steakpurée, paella, poulet-frites…) précédé
d’une entrée fraîche, suivi d’un dessert et
arrosé d’une boisson, pour un modeste
billet de 5 . «Nous faisons en gros trois services: les premiers lycéens à 11h30, les
ouvriers à midi, et une autre vague d’élèves
vers 12h30. En tout environ 120 personnes». En été, une terrasse couverte
permet de s’attarder un moment en dégustant un gâteau maison: les propriétaires de
ce snack sont les mêmes que ceux de
la boulangerie-pâtisserie contiguë
dont la réputation n’est plus à faire.
Un tout petit peu plus loin et un tout
petit peu
plus cher pour
certaines formules (elles s’échelonnent
entre 4,90 et 7,50 ), le manger-rapide le
plus confortable se trouve sans conteste au
carrefour Danton. Madame Belon est à la
cuisine, et, accueilli par le sourire amical de
son mari, on s’assied par petites tables
dans un cadre chaleureux. Le pain des
sandwiches est tout chaud, croustillant:
«Nous faisons quatre cuissons par jour
avec de la pâte des Moulins Bleus, les
pains de “Chez Paul“. Et nous ne mettons
dans nos plats (et nos sandwiches à
2,50, 3 et 3,50 ) que des produits de
très bonne qualité, du beurre demisel par exemple». De délicieuses
pizzas, des hot-dogs, des croquemonsieur ou croque-madame
permettent de varier les plaisirs.
«Les parents nous recommandent à leurs enfants», assure
l’hôte des lieux. La formule petit déjeuner (café
ou chocolat, un croissant et un fruit) à 3 attire surtout les camionneurs se
rendant dans la zone industrielle;
certains reviennent fidèlement à
chaque passage.
Ozoir, déjà renommée loin à la ronde
pour ses restaurants gastronomiques, le
devient désormais par sa petite restauration
rapide, grâce, peut-être, au goût de la liberté des lycéens…
ISABELLE MONIN SOULIÉ
prospective
Quel demain pour Ozoir?
Victimes de l’appétit des promoteurs (et de l’indifférence de la plupart des habitants), les jardinets du
vieux pays disparaissent peu à peu pour ...
... céder la place à des immeubles «tendance»,
sans intérêt architectural particulier, qui répondent
parfaitement aux critères du correctement vendable.
Ricochets - n° 15 Octobre - Novembre 2004
(suite de la première page)
naître, avec ses nouveaux quartiers, sa gare d’opérette et son
vieux village, c’était un rêve.
Dix ans plus tard, nous avons
quitté une résidence, très protégée, pour nous retrouver dans un
quartier qui fonctionne aussi
comme une résidence, sans en
avoir les garanties. Pourtant,
citoyens d’Ozoir, ne sommesnous pas tous concernés par ce
qui se passe dans nos quartiers ?
Nous sommes les plus anciens
des nouveaux, et nous pouvons
témoigner de ce que nous avons
vu et reçu. Il y a des choses à
découvrir, Il y a des rues à
conserver strictement en l’état, en
restaurant l’intérieur des maisons: la rue du Lavoir, la longère
de la rue de la Source... Près de
chez nous il y a la dernière forge.
La forge c’est l’histoire d’Ozoir-laFerrière. Dans notre jardin on
retrouve de curieux cailloux: des
nodules de fer, témoignages de
cette ancienne activité. Tout est
encore là, entretenu. Pour combien de temps ? En face, la petite
maison était un pavillon de chasse, aussi un centre de soins, une
bibliothèque, un cabinet médi-
cal... Dans ce quartier, il y a des
arbres centenaires, magnifiques.
se souvenir de ceux
qui étaient là autrefois
Conserver ces bâtiments serait-il
suffisant pour conserver la
mémoire d’Ozoir? Sans doute
pas car il faut aussi se souvenir
de qui a habité ces maisons, et
d’autres dans la ville. Beaucoup
de gens remarquables: des musiciens, des peintres, des journalistes, des chanteurs, des chercheurs... ont habité et habitent
encore Ozoir. Il faut retenir cette
histoire. Ecouter les gens qui
racontent le passé, les choses
vécues ensemble. Chaque maison démolie est une bibliothèque
qui disparaît.
N’oublions pas qu’Ozoir était
autrefois un village-rue typique. Il
s’échelonnait le long de la N4,
comme beaucoup d’autres villages que l’on trouve jusque dans
l’Est de la France. Avec les
années 70, chacun est venu, parvenu avec ses bagnoles, se
mettre à l’abri dans les résidences et on a négligé ce cœur
premier. De mandature en mandature, l’aorte nourricière n’a pas
Exemple de «dent creuse» entre deux immeubles récents. Le «vide»
est déjà condamné: il sera comblé un jour ou l’autre par un nouvel
immeuble. La technique n’est pas nouvelle mais elle est imparable.
été exploitée. A l’inventaire du
patrimoine local, qui n'est pas
que nostalgie du passé et régionalisme, il faudrait ajouter
quelques réalisations d’architectes novateurs comme la
Brèche-aux-Loups de Fernand
Pouillon (cet ensemble figurait à
l'inventaire de son oeuvre dans
l’exposition qui lui a été consacrée à l’Arsenal du côté de la
gare de Lyon); l’école Gruet, qui
est une traduction pédagogique
des architectes Maillard et
Ducamp, etc. Ces choix, par les
municipalités d'alors, étaient à
l'échelle d'une commune de deux
mille et quelques habitants, aussi
courageux et importants que celui
d’un Le Corbusier à Marseille ou
de Perret au Havre. Ils étaient
prospectifs.
Aujourd’hui, les architectes qui
agissent en plusieurs endroits de
la ville, font du bâtiment «tendance», sans intérêt particulier. Ils
répondent parfaitement aux critères du correctement vendable.
Où sont les innovations de la
jeune architecture technico-alternative et les propositions de
Shibaru Ban? Sans le souffle de
la création, sans le respect de
l'existant, sans la mixité sociale,
sans la concertation, il n'y a pas
de ville à vivre. Voyez-vous, il est
très important de se sentir bien
dans son environnement, dans sa
ville, dans sa maison, à l'aise
parmi ses concitoyens. Il a été
toujours plus aisé de démolir que
de bien construire.
PROPOS RECUEILLIS PAR
ESTHER LUDE
3
politique
Gymnase
Petite affluence lors de l’inauguration du nouveau gymnase de La Brèche-aux-Loups. «Où
sont donc les élus (de gauche comme de droite) habituellement invités à ce genre de cérémonie, s’interrogeait-on, pourquoi tant d’absences inexplicables?». La réponse vint lorsque fut dévoilée la plaque commémorative sur
laquelle chacun put lire: «Gymnase de la
Brèche-aux-Loups inauguré le 10 octobre 2004
par Jean-François Oneto, maire d’Ozoir-laFerrière». Pas un mot sur ceux qui ont contribué à la réalisation de cet ouvrage, notamment
sur le Conseil général qui a financé l’opération
à hauteur de 460.000 euros. Surtout, pas la
moindre invitation à venir inaugurer ce nouvel
équipement.
Le nouveau gymnase a vocation de salle polyvalente. Il remplace le gymnase Besson devenu salle des fêtes. Vingt places de parking ont
été prévues pour les usagers, ce qui semble
insuffisant, surtout en cas de manifestation
importante. Le coût total du bâtiment dépasse
de 150.000 euros (un million de francs) ce qui
était prévu. En effet le terrain remblayé qui portait la cendrée de l’ancien stade en plein air n’a
pas supporté la nouvelle construction. Il a fallu
déplacer le projet, renforcer les terrassements... toutes choses prévues par certains
vieux Ozoiriens dont on n’a pas pris les
remarques en compte.
Bye Bye Arluison
Le jour de la fermeture définitive de l’école
Arluison, dont la ville avait fêté le centenaire il
y a cinq ans, une quinzaine de personnes se
sont retrouvées afin de déposer un bouquet de
roses et épingler au mur de façade le texte suivant:
«L’école Arluison, plus que centenaire, ferme
ses portes aujourd’hui dans l’indifférence de
ceux qui n’y ont pas vécu. Aux milliers d’enfants et à leurs familles qui ont fréquenté l’établissement, aux centaines de maîtres qui ont
passé toute leur carrière ou seulement une
année auprès de ces enfants, à leur sueur, à
entretien
oui, le «non»
peut être positif
tions parmi lesquels figurait M.
négativement l’avenir d’Ozoir-la- Oneto. Peu reconnaissant, celui-ci
Ferrière. Dans ce cas, dire non est répète que jamais nous n’aurons
parfois très positif. Positive notre un espace d’expression dans ce
bataille pour conserver dans le journal. Notre réclamation arrive
domaine municipal la Ferme maintenant devant le Tribunal
Pereire. Nous aurons dans Administratif. Sentant que l’affaire
quelques années un bel ensemble commence à mal tourner, M. le
Maire vient de nous prodédié à la culture.
un espace à peine
Positives aussi nos
«Pourquoi poser
plus grand qu’un timbre
actions pour que la loi soit
respectée à Ozoir. Faire la majorité poste dans une nouvelle
en sorte qu’un maire ne municipale publication de quatre
pages.
puisse plus déclarer,
comme je l’ai entendu, « se met-elle S’il n’est pas, selon
vous, un démocrate, M.
cette loi nous ne l’approu- toujours
Oneto a au moins un
vons pas, donc nous refusons de l’appliquer » me au service bilan.
semble un combat hono- d’intérêts C’est vrai, mais qui lui a
fourni les moyens d’agir?
rable. Voyez cette histoire
de permis de construire très parti- La réponse est dans le
illégaux accordés par la culiers?» rapport de la Cour des
comptes publié peu de
commune sur le verger
du château... Depuis leur retrait, la temps avant les dernières municicommune persiste: engage un pales : la situation financière de la
bureau d’étude, transmet son rap- commune est saine à son arrivée
port à une dizaine de personnali- en 2001. M. Oneto fait des choses
tés et organes publics en vue de aujourd’hui parce qu’il a trouvé en
modifier nos règles d’urbanisme arrivant les moyens d’engager des
pour le projet Sainte-Thérèse… travaux. Ce n’était pas le cas en
Bon nombre de citoyens commen- 1995, lorsque la gauche avait
cent à demander pourquoi la gagné les élections... En fait, le
majorité municipale se met-elle maire se contente de réaliser, partoujours au service d’intérêts très fois avec des nuances, ce qui était
prévu pour le second mandat de
particuliers.
Finalement vos actions arrivent Jacques Loyer. Je me réjouis qu’il
sans que vos mises en garde en aille ainsi mais...
aient été portées à la connais- Vous voulez dire que l’équipe
Loyer avait l’intention de
sance des Ozoiriens.
Le droit d’expression des élus construire un gymnase?
minoritaires nous est en effet tou- Vous me coupez la parole au
jours refusé. Ce droit, inscrit dans moment où j’allais préciser ce qui
une loi de février 2002, était accor- était prévu et ce qui ne l’était pas.
dé par l’ancienne municipalité qui Nous n’avions pas l’intention de
ouvrait les colonnes d’«Ozoir transformer le gymnase Besson
Magazine» aux élus des opposi- en salle des fêtes. Cet espace
(suite de la première page)
«La mobilisation contre la vente de la ferme Pereire: un exemple
d’action ayant abouti à une solution positive pour les Ozoiriens».
«Horizon» a coûté deux fois le prix
d’achat du «Caroussel» ( choix de
la précédente municipalité), immédiatement utilisable et plus adapté
à son objet. Chaque fois qu’un
concert est programmé dans cette
nouvelle salle, la sonorisation rend
malade les musiciens qui ne s’entendent pas.
Qu’est-ce qui différencie vos
choix de ceux de l’actuelle
majorité?
M. Oneto cherche à satisfaire en
priorité sa clientèle électorale. On
le voit bien en matière d’urbanisme où un seul type de logements
(haut de gamme) est envisagé.
Cela ne répond en rien aux
demandes des jeunes et des
«M. Oneto fait des
choses parce qu’il a
trouvé en arrivant
les finances de la
ville saines»
familles aux revenus modestes
dont se préoccupait si bien Louis
Graffard et que ses successeurs
ignorent. Pas question non plus
de faciliter les transports publics.
Pas de réseau d’autocars avec les
communes voisines alors qu’un tel
projet serait subventionné par le
Conseil général. Pas question non
plus d’agrandir les parkings de la
gare, mais on parle de nouveau
de faire payer le stationnement.
Savez-vous que le Conseil géné-
ral avait inclus la construction de
pistes cyclables convergeant vers
la gare dans le contrat CADUCE ?
L’enveloppe budgétaire a été basculée sur la salle «Horizon».
Avez-vous les moyens d’analyser les souhaits des Ozoiriens
pour les porter à la connaissance de vos collègues élus?
Il est bon que chacun puisse trouver des oreilles prêtes à entendre
ses doléances et propositions.
Pour répondre à cette attente,
nous rencontrons tous ceux qui le
souhaitent et réfléchissons avec
eux à l’avenir de la commune. Des
groupes de travail ouverts ont été
mis sur pied. Ils donnent l’information de base, écoutent tous les
avis puis analysent les propositions de façon pragmatique.
Au bout du compte, pensezvous que votre action soit vraiment utile?
Cette question, je me la pose
régulièrement et la réponse est
oui. Oui, il faut continuer d’intervenir en Conseil même si nous ne
sommes pas écoutés. Oui, il faut
aller dans les commissions même
pour y faire de la figuration. Une
attitude à la Ponce Pilate ne me
correspond vraiment pas. C’est
pourquoi j’invite tous ceux que la
politique actuelle exaspère à se
retrousser les manches pour que
la démocratie retrouve droit de cité
à Ozoir-la-Ferrière.
PROPOS RECUEILLIS PAR
JEAN-LOUIS SOULIÉ
Place du Marché
votre avis? quel avis?
leurs rêves, à leurs souvenirs, nous n’avons
que trois roses à déposer sur le parvis de leur
école Arluison.
Vous n’êtes plus là, vous êtes grand-parents,
parents et élèves dispersés dans les écoles de
la ville et des anonymes pensent très fort à
vous aujourd’hui.
Seulement trois roses... et pourvu que les marronniers de la cour et les inscriptions sur la
façade ne disparaissent pas».
Le texte est resté une poignée d’heures en
place, puis les travaux de déblaiement (notre
photo: livres entassés dans le hall d’entrée de
l’école) ont pu commencer...
4
Un grand tiers de la place des
Sports, dite place du Marché, est
à vendre*. Ainsi en a décidé la
majorité du Conseil Municipal le
5 juillet dernier. Le prix du mètre
carré n’a pas été fixé mais l’on
sait déjà qu’il est prévu de bâtir
là un immeuble et des maisons
d’habitation de luxe.
Le promoteur local qui avait fourni les vues d’artiste et les plans
détaillés des futures habitations
sera-t-il doublé, comme cela se
murmure en ville, par un concurrent redoutable ayant l’oreille du
maire et de ses plus proches collaborateurs? À suivre...
Quant à l’avis des Ozoiriens
dans cette affaire, il est de peu
de poids. Venus nombreux pour
donner leurs sentiments sur un
éventuel déclassement de la
partie de la place où s’implanteraient les bâtiments, ils se sont
majoritairement
prononcés
contre. En effet, si l’on prend
tous les avis (y compris ceux
exprimés sous forme de pétition)
on arrive à un total de 227
«contre» et de 178 «pour».
Conclusion du Commissaire
enquêteur: «avis favorable».
Ce déni de démocratie n’est pas
étonnant quand on sait que le
dossier avait été avalisé par la
Région en 2003 (un an avant le
vote du Conseil municipal) qui
subventionne l’aménagement
sur la foi d’une présentation
«artistique» anticipant l’enquête
publique**.
D’ailleurs, au tout début de l’en-
La place du marché sera-t-elle amputée d’un bon tiers?
Et au profit de quel promoteur? On le saura bientôt. À moins que...
quête, le commissaire enquêteur
(choisi par le Maire et non par le
Préfet comme dans d’autres
enquêtes passées) avait déclaré
à une personne venue déposer:
«A priori je ne vois pas comment
je pourrais donner un autre avis
que favorable puisque la légalité
est parfaitement respectée».
Que l’on respecte la légalité
d’une procédure, c’est bien le
moins. Mais s’agissant ici d’une
enquête publique, il semble que
l’avis des déposants doive entrer
en ligne de compte. Sinon pourquoi leur demander leur avis?
J.-L. S
* Voir «Ricochets», numéro 14.
** Dans une présentation commerciale, la «vue d’artiste» n’est
pas contractuelle.
Ricochets - n° 15 Octobre - Novembre 2004
vie locale
Château
Déchetterie
La déchetterie d’Ozoir a ouvert ses portes courant août. Située à l’emplacement de l’ancienne
usine de traitement des eaux usées, derrière «le
Caroussel», à l’extrémité ouest de la ville, elle
est ouverte à tous les Ozoiriens (1). On y dépose huiles, produits toxiques ou dangereux (batteries, acides...), déchets verts, bois, objets
métalliques, plastiques, gravats, «tout venant»
(sommiers, matelas, vieux frigos, mobilier
usagé...) bref, tout ou partie de ce qui n’est pas
actuellement ramassé par les éboueurs ou le
service des monstres.
le compte
n’y est pas
Le bureau d’étude privé missionné
par la mairie - afin de trouver
l’improbable sésame permettant
de construire dans le verger du
château - vient de rendre sa copie.
Réaction des opposants et défenseurs de l’environnement: inutile
et tout à fait inacceptable.
oilà des mois que, penché
sur les plans détaillés de la
ville, l’homme scrute à la
loupe la moindre parcelle susceptible de l’aider à répondre
aux exigences du maire d’Ozoir.
Cette «mission prioritaire» consiste à rassembler tous les bouts
de terrains constructibles que la
ville serait susceptible de passer
en zone protégée. Ceci afin de
compenser la perte du verger du
château sur lequel une opération immobilière est envisagée
par le campus Sainte-Thérèse
qui n’en est d’ailleurs pas encore propriétaire.
La loi prévoit cette éventualité.
Dans des circonstances très
précises, et pour des motifs correspondant à l’intérêt général,
un espace naturel protégé peut
être déclassé. À condition de
«compenser» ledit espace naturel par une surface au moins
équivalente de terrains urbanisables que l’on transforme - à
V
Cet indispensable équipement, géré par le
Sietom (syndicat intercommunal regroupant une
quarantaine de communes du secteur), reçoit,
depuis son ouverture, en moyenne cinq cents
personnes par semaine (surtout le samedi).
C’est - pour le moment - moitié moins de visiteurs que la déchetterie de Gretz ouverte il y a
trois ans, mais nul doute que son taux de fréquentation va progressivement augmenter. Trier
et recycler nos déchets est en effet une
démarche indispensable et bien comprise,
approuvée par une très forte majorité de
Français. Elle doit permettre de réduire (puis de
stopper) l’enfouissage en décharge et l’usage
d’incinérateurs, sources de nombreux problèmes environnementaux.
L’ouverture de cette nouvelle déchetterie s’inscrit dans une politique nationale de lutte en
faveur de la protection de notre environnement.
Politique soutenue avec force par la Région Îlede-France (dont les responsables ambitionnent
de faire une «éco-région» dans les six ans) et le
Département qui souhaite promouvoir une
démarche participative éco-citoyenne autour
d’un plan d’action élaboré avec l’ensemble des
Seine-et-Marnais (projet d’Agenda 21).
Agir pour des villes sans nuisance, encourager
les initiatives locales, reconquérir les espaces
naturels, rendre nos chemins, prairies, champs,
forêts plus sympathiques aux promeneurs, en
finir avec le gâchis énorme que représentait l’incinération... n’est plus un luxe mais une nécessité absolue. Nous n’avons que trop tardé à
prendre au sérieux la question de la gestion de
nos déchets. Nous sommes sans doute la dernière génération à se doter des outils nécessaires. Après nous il sera trop tard: les problèmes seront devenus insolubles...
(1) La déchetterie d’Ozoir, rue de la Ferme du
Presbytère est ouverte (dépôts gratuits):
- Lundi et mercredi de 9h à 11h 45 et de 14h à 19h;
- Jeudi et vendredi de 14h à 19h;
- Samedi de 10h à 19h;
- Dimanche de 9h à 13h.
Présenter une pièce d’identité et justificatif de domicile.
Ricochets - n° 15 Octobre - Novembre 2004
l’inverse - en zone protégée.
Sans quoi, pas de déclassement.
Opposants et défenseurs de
l’environnement l’affirment depuis des mois: la tentative ozoirienne n’a pratiquement aucune
chance d’aboutir. Ils ont néanmoins examiné les propositions
de la ville. Et le verdict vient de
tomber: ça ne tient pas debout.
tout faux
La ville prétend en effet qu’elle
offre plus de quarante mille
mètres carrés en échange du
verger qui en couvre vingt-sept
mille. Alléchante proposition!
En y regardant de près, la baudruche se dégonfle vite: sur les
quarante mille mètres carrés
proposés, entre cinq et huit mille
sont de «vraies» compensations. Tout le reste n’est, selon
les adversaires du projet, que
poudre aux yeux. Zones déjà
protégées, zones faisant partie
de compensations antérieures,
zone à vocation naturelle (bassin sec) non constructible, zone
en litige pour être remise en état
comme bassin naturel... on trouve tout dans cet inventaire à la
Prévert, y compris un terrain de
football. Tout, sauf ce que l’on y
cherche; à savoir de véritables
surfaces urbanisables susceptibles de passer en catégorie
espaces naturels protégés.
Pour le RENARD, association de
défense de l’environnement, il
est hors de question d’accepter
cette proposition.
Que va faire le maire? Revoir sa
copie puis tenter un nouveau
passage en force? Tout porte à
le croire tant sa détermination
est totale depuis qu’il a obtenu
de sa majorité le vote de la mise
en révision simplifiée du POS de
la commune. Les chances
d’aboutir sont quasiment nulles
mais le maire est convaincu
d’avoir raison.
JEAN-LOUIS SOULIÉ
Limite du château et de
son parc.
Le verger (zone verte
protégée) sur lequel la
commune veut autoriser des
constructions au profit du campus Sainte Thérèse.
Autres espaces verts
protégés.
Zone que le campus
«offrirait» à la ville en
échange de ses bons offices.
Compensations jugées
valables par le RENARD.
Compensations jugées
non valables.
Établissements publics
ou privés
Pièces d’eau et ru de la
Ménagerie.
souvenirs
Ozoir libéré
Il y a soixante ans, Ozoir était
libéré de l’occupation allemande.
Jacques Klajnberg, alors âgé de
seize an, évoque cette période.
a Résistance n’était pas très active à
Ozoir, mais il y eut des accrochages,
peu de jours avant la Libération, dans
les bois du côté de l’ancienne gare et au
pont de Belle-Croix. Pour moi, le début de la
libération fut un souvenir peu glorieux. Je fus
en effet chargé par mes chefs d’aller chercher chez elle une jeune fille suspectée
d’avoir «fricoté» avec les Allemands. Me
voyant arriver, elle fondit en larmes. Du haut
de mes seize ans, j’étais très ennuyé. Je la
conduisis néanmoins place Arluison où une
estrade était dressée. Ma «prisonnière» alla
rejoindre trois ou quatre femmes qui s’y trouvaient déjà et on leur tondit les cheveux.
Spectacle minable organisé par des redresseurs de torts dont l’ardeur à combattre l’occupant m’avait jusque-là échappée. Même
remarque à l’égard des excités qui, au «Coq
faisan» (un estaminet situé sur la route de la
gare ayant servi de repère aux officiers allemands en goguette) s’apprêtaient à faire la
fête à la patronne et à ses deux filles. Nous
L
sauvâmes les belles avant d’apprendre
qu’elles avaient travaillé pour le renseignement anglais...
Le jour même de la Libération, je me trouvais
avec une trentaine de copains résistants sur
la route de Chevry. Dès que le premier tank
américain fut en vue, je m’en approchai un
chiffon blanc à la main. Las: la tourelle
s’abaissa. J’étais pile face au canon. Ce que
j’ignorais, c’est qu’il y avait un fossé et que
l’avant du tank avait piqué du nez. Très vite il
remonta mais les quelques secondes que
dura le mouvement me parurent longues.
Quand les Américains virent que je connaissais bien le coin, ils me firent monter sur la
tourelle. Quelques minutes plus tard nous
arrivions place Arluison. Quelle liesse!.
Plus tard, des prisonniers allemands furent
regroupés devant la mairie. Puis il y eut des
blessés que l’on entassa dans l’école Sainte
Thérèse, par terre ou sur des lits de camp. Il
y avait du sang partout. Certains appelaient,
sortaient leurs photos de famille: parents,
enfants, femmes... enfin des trucs qui font
mal au cœur. J’oubliais que j’avais à faire à
des soldats, j’oubliais mon arme. Je regardais les photos parce que c’était la seule
chose pas trop bête que je pouvais faire.
Des gars n’avaient plus de nez, d’autres
étaient mourants. Je les entendais gémir,
hurler et, à partir d’un certain moment, je ne
les entendais plus. Ils étaient morts. Il y avait
aussi ceux qui m’appelaient pour que je les
bouge quand la douleur devenait trop intense. Je posais mon fusil contre un mur et je
les déplaçais. Le souvenir d’un officier allemand (qui avait sauvé la vie de mon père en
ne l’arrêtant pas alors qu’il était juif) contribua sans doute à dicter mon attitude durant
ces quelques jours. Pourtant, le reste de ma
famille avait été déportée et aucun de mes
proches ne revint des camps...
PROPOS RECUEILLIS PAR
PHILIPPE LEJEUNE
5
culture
La dernière en
date des œuvres
de Marc Halingre
évoque la naissance de son
premier petit fils.
salon iris
Du 16 au 24 Octobre, Iris tient Salon d’automne dans la Salle Horizon. Cet écrin bleu
de nuit sied aux œuvres présentées. Elles
sont si nombreuses… mon regard est partial, il glisse ou accroche. Dès l’entrée, à
main gauche, l’immense huile rouge et or
de Lone Palacio, intitulée «La vieille prophétie» m’arrête. Juste à côté, du même
artiste, une évocation du «silence». Un peu
plus loin, «la ville» très colorée, très
concentrée au centre du tableau de JeanLuc Osswald, à l’opposé des gratte-ciel
peuplés d’oiseaux ou de bisons de JeanPierre Monnot. À côté des collages vernis-
sés de Dana, l’œil se repose et rêve
devant la colonne composée de trois
tableaux-sculptures d’Eduardo Caveri: «La
bibliothèque de Babel, 2 et 3». Ce titre
évoque un recueil d’un autre Argentin, Luis
Borges. Des livres fermés et du sable,
images d’infini et de secret plaisir…
Devant la rétrospective offerte par Marc
Halingre, l’invité d’honneur de ce Salon, les
yeux s’ouvrent grands et l’imagination se
met en marche. Quinze toiles ponctuent sa
production entre 1978 et 2004. Long chemin onirique qui mène de l’obscurité à la
lumière. C’est plein de vie et il n’y a pas
âme qui vive. Alors vous prend l’envie d’y
glisser des personnages, de se raconter
leur histoire. Mais dans ce fantastique, tout
est réel, tout est autobiographique. Il faut
entendre Marc Halingre raconter son
enfance heureuse
dans un café de
gare. Il y a toujours
des cafés, des
gares, des trains
dans chacun des
tableaux, sauf
peut-être dans le
dernier, composé
en 2004 et qui évoque la naissance du premier petit-fils et débouche sur un long fleuve tranquille. Certains tableaux vous habitent longtemps après les avoir quittés : «La
passerelle aux potirons» de 1984, le train
de carton, intitulé «Léon ou le voyage imaginaire» de 2002… Derrière son rêve, Marc
Halingre cache, enferme dans un coffret
scellé au dos de chaque tableau, des
témoins du temps de sa création: lettre
d’ami, ticket de caisse, publicité, journal…
Une autre façon de dire que l’épaisseur du
réel nourrit l’irréel de la création artistique.
En face de ce foisonnement, la rigueur
épurée des sculptures de Cot (Philippe
Cottin), lui aussi invité d’honneur du Salon.
Elles sont là, nombreuses, lisses, singulières. Un même traitement de la matière,
les mêmes matières, une unité de style.
Faut-il en voir tant à la fois ? Non.
Seulement une à la fois. Femme, taureau,
aile abstraite… toujours, au départ, de la
terre modelée, travaillée jusqu’à obtenir la
ligne pure… aux arêtes nettes et courbes,
et douces. Moulées, les sculptures de Cot
sont ensuite coulées dans une résine de
marbre. À la sortie, traitée différemment,
chaque œuvre prend sa teinte propre, mais
c’est toujours la même dureté douce, la
même harmonie, la même recherche
d’équilibre, de perfection des masses.
Apaisant.
Après cela que reste-t-il de curiosité pour
les œuvres voisines? La variété, la densité
effraient un peu. Il me souvient avec tendresse des femmes africaines d’Aline
Fellous, toutes plates et dorées, des personnages nostalgiques de Martine Lee,
des figures déliées des danseuses de
Claude Pelissier, des hommes tout repliés
sur eux-mêmes de Corinne Degout, des
femmes tellement ancrées dans le réel
qu’elles ont des jambes éléphantes de
Lolek (Laurent Wilga Lerat)…
ESTHER LUDE
Mano (premier
plan) avec sa
mère, son frère
et ses sœurs.
C’était au début
des années
soixante-dix...
entretien
Mano Solo
(suite de la première page)
vois une progression dans l’apaisement. Logique assez classique...
Débutant, tu as la rage, tu montes
6
sur scène comme sur un ring. À
trente ans, tu veux montrer que tu
existes, tu mets tes couilles sur la
table. À quarante ans, t’as plus
besoin de ça... Je ne vais
pas rester teigneux alors
qu’on m’a tout donné.
Pour l’instant, je suis heureux. C’est ce que je veux
mettre dans mes concerts
pour amener les gens à
bouger, pas à pleurer.
En écoutant Les Animals, on a parfois l’impression que tu improvises les mélodies…
C’est presque le cas pour
certaines. Les rêves du
cœur, par exemple, est
une chanson faite quasiment à la dernière minute. Mais une chanson, ça
vit, ça évolue… dans un
an, je ne chanterai plus
Alors?
Inscrit?
La cinquième édition de la dictée d’Ozoir se
tiendra le samedi 20 novembre dans les locaux
du lycée Lino Ventura.
Comme l’an passé, les concurrents seront
répartis en cinq catégories: champions (ceux
qui ont été sacrés lors d’épreuves précédentes
dans la catégorie «adultes»), adultes, juniors
(les lycéens), cadets (les collégiens) et francophones (personnes dont le français n’est pas
la langue d’origine).
Comme l’an passé, l’épreuve sera anonyme:
seuls les noms des personnes récompensées
seront révélés.
Comme l’an passé de très nombreux cadeaux
seront remis aux vainqueurs mais aussi à tous
les participants.
Comme l’an passé un spectacle animera la
remise des trophées. Cette année, nous
aurons le plaisir d’accueillir Jean-Luc Borras
dans un one man show désopilant.
Comme l’an passé vous serez nombreux à participer à ce moment convivial...
Renseignements au: 01.60.02.97.20.
Pendant des heures, j’ai entendu du
langage, du langage et encore du
langage. Je suis imprégné de mots.
J’ai assisté aux discussions de la
Gueule ouverte**, où tous ces gens
se déchiraient violemment à propos
de la non-violence… Ils vivaient ce
qu’ils pensaient, mais n’étaient pas
du tout faits pour le vivre. Ces disles miennes du tout de la même cussions m’intéressaient parce
manière. Les animals, je le vois qu’ils étaient acharnés, passionnés,
comme une récréation agréable. même si je n’avais pas envie de leur
Pourtant, cet album je l’ai construit. ressembler… J’ai eu la chance de
grandir au milieu de
J’ai passé six mois en studio à
gens qui avaient envie
faire les maquettes avec le réalisateur, puis les musiciens l’ont «J’ai eu la de convaincre les
de
leurs
joué. Avoir de bons musiciens, chance de autres
convictions, et c’est ça
c’est un grand plaisir. Tu leur
fait
avancer.
donnes la grille et ils t’appor- grandir au qui
tent plein de trucs. Tu peux leur milieu de Aujourd’hui j’ai du mal
à
retrouver
ces
demander n’importe quoi, ils le
gens qui enthousiasmes. Je
font. C’est un peu comme un
type lubrique qui tomberait sur
avaient vois des gens découragés, dépassionnés,
une meuf qui lui ferait tout ce
envie de désabusés… tout ce
qu’il veut!
Les images verbales, le convaincre qui commence par
«dé». Décousus! Moi
choix des mots font beaucoup pour la qualité de tes les autres» j’ai vécu au milieu de
gens qui avaient un
chansons.
Je me surprends moi-même! C’est gros ego, mais pas stérile, un ego
là que je suis bien le fils d’Isabelle moteur. Je crois que c’est ça que je
Monin. Elle m’a traîné, gamin, dans voudrais transmettre à mon tour.
des tonnes de réunions militantes. Comment vois-tu la suite de ta
carrière artistique?
Je pense que je vais vers une
musique moins acoustique, plus
dense. Déjà nous sommes dix sur
scène; ça devient costaud… ça se
“gros-son-ïse“! Cette puissance-là
permet de varier les plaisirs, de donner différentes ambiances.
Tu es donc de nouveau en tournée avec, comme point d’orgue,
l’Olympia les 19 et 20 janvier?
Les concerts publics, c’est ce qui
donne un sens à tout le reste:
albums, promos… Et puis j’y prends
mon pied! Pendant deux heures je
me vautre dans l’amour, dans la
chaleur, dans la sauvagerie, le son
et la lumière… Pendant deux heures
c’est la pêche absolue, même si
t’avais mal aux dents ou la chiasse
avant d’entrer en scène. C’est un
trou dans l’espace-temps. Je rentre,
je suis accueilli comme un dieu; je
sors, on me remercie et on m’acclame comme si je venais de libérer le
pays! Qu’est-ce que je pourrais
demander de mieux?
PROPOS RECUEILLIS PAR
FRANÇOIS CARBONEL
** «La Gueule ouverte», hebdomadaire d’écologie politique publié pendant
la décennie 70.
Ricochets - n° 15 Octobre - Novembre 2004
sport
cinéma
J’ai choisi aujourd’hui d’attirer votre attention sur le
travail de trois réalisateurs qui proposent chacun
leur premier long métrage. Leurs œuvres ont en
commun l’audace du sujet, la maîtrise de la réalisation et, surtout, la volonté de raconter une histoire...
Brodeuses
«Brodeuses» d’Eleonore Faucher, vient juste de
sortir et tout le monde en parle. À juste titre car
c’est un film remarquable. Hommage au travail de
ces ouvrières laborieuses qui nourrissent la gloire
des grands couturiers, ce film parle aussi de la
transmission du savoir; il réhabilite le travail manuel
au service de la création artistique. Délicat, subtil,
parfois émouvant, remarquablement servi par deux
comédiennes excellentes (Ariane Ascaride et Lola
Naymark), il a obtenu le Grand Prix de la Semaine
de la Critique à Cannes et le Prix Michel d’Ornano.
Récompenses amplement méritées.
portrait
Pas de section sportive sans encadrement. Parmi celles et ceux qui, à Ozoir,
offrent de leur temps pour promouvoir le
sport, Brigitte Dandoy, présidente du
club d'escrime, nous parle d’expérience.
« En 1991, mon fils faisait de l'escrime, les
cours avaient lieu au gymnase Gruet. Cette
année-là, le bureau a démissionné et on m'a
demandé de reprendre le club avant qu'il ne
périclite. Après l’ouverture du gymnase
Anquetil, la municipalité nous a proposé une
salle bien adaptée... Puis le club a grandi et,
au fil du temps, on m’a proposé des responsabilités départementales et régionales».
- Cela vous prend-il beaucoup de temps?
«Bien sûr, il faut entretenir le matériel, être
présente aux cours, participer à des
réunions, à l’organisation de manifesta-
Point de vue
Quand la mer monte
«Quand la mer monte», de Gilles Porte et Yolande
Moreau a, lui aussi, été primé: Grand Prix du Public
des Rencontres Internationales de Cinéma de
Paris. Ce film s’inspire fortement des aventures
vécues par Yolande Moreau lorsqu’elle roulait sa
bosse et offrait du bonheur au public des petites
salles, petits théâtres municipaux et foyers pour
personnes âgées des petites villes de province.
En fait, Yolande était l’un de ces intermittents du
spectacle dont il est beaucoup question et dont on
oublie de prendre en compte le rôle social lors des
débats, parfois
houleux, qui se
tiennent à propos de leur statut. «Quand la
mer monte» est
un film fort qu’il
faut voir absolument.
Les revenants
Sélection officielle à la 61e Mostra de Venise, le premier film français de Robin Campillo, rappelle que
le cinéma c’est d’abord l’art de faire prendre au
spectateur les vessies pour les lanternes. Terroriser
le public, il adore cela. Robin Campillo, français
d’origine espagnole, réussit assez bien dans le
genre. Il parvient même à réaliser le tour de force
de nous perturber avec un sujet invendable: le
retour des morts à la vie. Ça vous rappelle quelque
chose? Rien à voir... Je ne vous en dirai pas plus,
mais je me demande, d’abord, si la presse va oser
parler de ce film et, ensuite, si celui-ci va trouver un
public. En tout cas, moi j’ai beaucoup aimé et je le
conseille vivement à tous ceux qui osent avoir peur.
CLAUDE LE BIHAN
«la pratique sportive, c’est un tout»
tions... Mais à partir du moment où tout cela
permet à des enfants et à des adultes de pratiquer l'escrime, je trouve que cet engagement vaut la peine.
Aujourd'hui, je me dégage un peu pour différentes raisons. D'abord, je suis convaincue
que la vocation d’un club sportif est surtout le
loisir. La compétition et les résultats prestigieux, même si quelques-uns y trouvent leur
compte, m’intéressent assez peu.
Je pense aussi que, dans certaines instances, le sport prend une dimension trop
politique. Certains semblent n’être là que
pour prendre une place».
- Que diriez-vous pour donner envie à
d'autres de s’engager dans leur club ou
celui de leurs enfants?
«Le sport, les loisirs... cela forme un tout; il
ne faut pas se contenter d’assister à un cours
et rentrer chez soi. Si on veut qu'une structure existe et soit vivante, il faut s’investir un
peu, beaucoup, passionnément... en fonction
du temps dont on dispose. On n'y est jamais
seul, c'est un travail d’équipe et une façon de
participer à la vie d'une commune».
ANNE-CLAIRE DARRÉ
où sont les vraies valeurs du sport?
Dopage: De nombreux sportifs de haut
niveau trichent en prenant des boissons,
médicaments et drogues illicites. Leur
entourage, entraîneurs, médecins, spécialistes, et le public qui attend des performances toujours plus exceptionnelles et
spectaculaires, les poussent à aller vers
la zone rouge. Les sportifs et leurs
employeurs sont parfois prêts à tout pour
l’emporter: la passion est si envahissante
et les enjeux tellement importants. Bilan
de ce constat: des jeunes gens meurent...
Argent: Les sportifs les plus connus font
les beaux à la télévision en offrant leur
image (pas à l’œil) aux téléspectateurs
consommateurs, et défendent, disent-ils,
des causes humanitaires. Est-ce
défendre une cause humanitaire que de
vanter la consommation de certains produits venus d’Outre-Atlantique dont on
sait qu’ils participent à l’obésité galopante
de la population américaine, notamment
dans ses classes sociales les plus défavorisées?
Ultras: Que des supporters brandissent
des banderolles, c’est gentillet. Que des
mordus gueulent comme des roquets,
c’est un peu plus inquiétant mais c’est
encore acceptable. Que les mêmes cassent du supporter adverse, ce n’est plus
admissible. Quand enfin certains, et c’est
hélas toujours plus fréquent, propagent la
haine raciste, cela devient intolérable.
Médias: Presse écrite, radio, télévision
utilisent les titres les plus racoleurs à l’occasion de chaque victoire et se déchaînent pour chaque défaite. Tous les superlatifs sont utilisés pour encenser ou au
contraire démolir un champion ou une
équipe.
Où sont les vraies valeurs du sport là
dedans? Où sont le respect des autres
(partenaires et adversaires), l’honneur, la
parole donnée? Où trouve-t-on le plaisir de
Bataille
rangée
entre
supporters
et policiers
dans un
stade il y a
quelques
années.
jouer ensemble, de donner le meilleur de
soi-même, de se réaliser soi-même en tant
qu’être humain? Et le plaisir de mouiller
son maillot, non pour une gloire illusoire
mais pour les copains de son équipe de
relais, pour son club, pour son pays?
GÉRARD AMIEL
section
Taïji Quan, source d’harmonie
Le taïji quan - ou taï ji quan, ou
taï chi chuan - est un art martial
et une pratique corporelle chinoise née de la conception du
ying et du yang dont l’origine
légendaire et mythique se perd
dans la nuit des temps.
De source plus récente, entre
265 et 589, dans une chine morcellée et sans cesse menacée
par des guerres frontalières et
intérieures, se serait développée
une forte tadition d’auto-défense
et le taïji quan en serait une
expression. «Taï Ji Quan» peut
se traduire - avec les termes les
moins défectueux dans notre
contexte occidental - par «technique de combat à mains nues
du faîte suprème». Depuis le
16e siècle, le taïji quan évolue
lentement de la technique du
combat des milices paysannes
vers la discipline psychosomatique et le sport popularisés, à la
portée de tous, dans la Chine
actuelle.
Débarassé des mouvements dif-
ficiles, dès 1925, il est devenu
une gymnastique et une thérapeutique qui traversent continents et océans. «Le taïjii quan
vise à l’amélioration de l’être sur
tous les plans: physique, émotionnel et mental. Il tend à harmoniser le corps et l’esprit à travers des enchaînements successifs de mouvements très
lents, curvilignes, précis et appliqués, exécutés dans le calme».
Art martial «interne», il apprend
au pratiquant à «accumuler
l’énergie qu’il utilisera pour se
détendre, chasser tension et
stress, pour se recentrer, améliorer concentration et mémoire,
souplesse, équilibre et coordination des mouvements». Sport ou
art de vivre, la pratique du taïchi
quan s’adresse à tous, femmes
et hommes, jeunes et séniors. À
Ozoir, deux lieux «d’harmonie»
vous accueilleront, chacun avec
son maître ou «profeseur au
faîte de l’art». Un sentiment de
bien-être habitera à force de
pratique celui qui rejoindra la
section taïji quan de la VSOP au
gymnase Anquetil, plusieurs soir
par semaine, ou la salle du
Pastel Fitness Club le samedi
après-midi.
CLAUDINE POGER
barres à mine, bêches, burins,
poinçons, ciseaux à brique, pioches...
Allez voir aussi Holy Lola de Tavernier, le meilleur réalisateur français de sa génération. Une fois encore, vous ne serez pas déçus.
La
TAILLANDERIE
8, rue Lavoisier - BP 71 - Z.I. d’Ozoir-la-Ferrière
01.60.02.94.60
Ricochets - n° 15 Octobre - Novembre 2004
7
commerces
Casa
LUBE Design
Goût Thé Café
over
Cuisines
Salles de bains
Rangements
20 bis, avenue du général Leclerc - 77330 Ozoir-la-Ferrière
Tél.: 01.60.34.55.55. Fax: 01.60.34.55.58.
E-mail: [email protected]
Hyper fruits et légumes
Des muscles
et du métier
Coup de projecteur sur le
magasin de fruits légumes
«tendance» d’Ozoir-la-Ferrière
ais pourquoi diable ce magasin a-t-il un jour changé
de nom? », se demandent les fidèles clients. « Le
panier frais » c’était mignon, agréable à prononcer…». Oui
mais, comme l’explique Gilles, le jeune patron aux yeux
bleus, cette appellation était un reliquat de l’appartenance de
l’ancien propriétaire à une chaîne maintenant obsolète, il
convenait de s’en dégager. «Mon frère ayant près de
Coulommiers un magasin à l’enseigne “Hyper fruits et
légumes“, nous l’avons adoptée ici aussi. » Ils ont baigné tout
petits dans le métier, les frères {Burgnies}: leur papa fait les
«
est une petite boutique couleur bouton d'or qui s'est
ouverte, fin août, en face de l'église. Unique dans un
rayon de trente kilomètres, elle va faire le bonheur des gens
de bon goût.
En poussant la porte de «Goût Thé Café» l’accueil est
d’abord olfactif. Hum... quels délicieux arômes! On se croirait
dans une arrière-boutique sévillane. Saoulée de fragrances
épicées, je ne perds pas mon sens pratique. Les maîtres des
lieux, Jean-Claude et Annette Desre, me proposent douze
cafés fraîchement torréfiés (soigneusement sélectionnés), et
un décaféiné à la vapeur (sans additif). Leurs origines
diverses - Kenya, Salvador, Costa Rica, Brésil, Éthiopie - permettent de répondre à un éventail de goûts et d'occasions très
large: petit café du
matin, café dégustation,
pur arabica, mélange
maison ou goût italien.
On vous moud les
grains sur place et à la
finesse exigée par votre
cafetière.
Pour les accros du thé,
le choix est encore plus
large: soixante variétés
au moins. « Bientôt
quatre-vingts », annonce fièrement JeanClaude. Thés classiques
ou mélanges aromatisés, ils sont originaires
de Chine, du Japon, de
Ceylan, des Indes, de
Formose, du Kenya...
Assam ou Darjeeling
Second flush, Lapsang
Souchong ou Grand
Yunnan, les néophytes
découvriront dans ce
temple qu'il existe un
thé pour chaque moment de la journée. Les
initiés, n’en doutons pas, apprécieront.
Pour accompagner ces petits
moments de bonheur il y a
aussi les chocolats. Mon
Dieu les chocolats!... Je ne
vous en dis pas plus.
Dégustez-les avec votre café
ou prenez des macarons pour
accompagner votre thé.
Vous trouverez enfin chez
«Goût Thé Café» des idées de
cadeaux: théières originales,
jolies boîtes, coffrets de thés
assortis et gourmandises variées.
Comptez... un certain temps pour faire le tour de la petite boutique couleur bouton d'or.
CHRISTIANE LAURENT
C’
M
marchés depuis bien longtemps. Expérimenté, il a pu assurer son fils de ses conseils et de son appui lorsque celui-ci, à
25 ans, s’est installé dans le secteur des Margotins en 1995:
« Les débuts ont été en effet très difficiles. Le quartier était
alors plus qu’agité, et une bande de loubards tentait l’intimidation, les dégradations, les vols. Il nous a fallu imposer le
respect par la manière forte, parfois musclée! J’ai embauché
un jeune du quartier qui a su apaiser le climat, mais cela ne
s’est pas fait du jour au lendemain. Et même aujourd’hui il
faut constamment exercer une certaine vigilance. »
Vigilance efficace puisque désormais, à la clientèle du quartier se mêlent en toute tranquillité des chalands venus des
quatre coins d’Ozoir, même des plus « chics », attirés par la
variété, la fraîcheur et la qualité des produits proposés, ainsi
que par les prix très raisonnables. «Par exemple cet été,
raconte une cliente, alors que les cerises sont restées partout
inabordables, il y en avait ici deux sortes: des très belles à
peu près au même prix qu’ailleurs, et d’autres légèrement
plus petites, aussi bonnes, beaucoup moins chères. »
Spécialités du lieu: les fruits exotiques, les champignons (il y
a toute l’année les variétés de saison), les fruits secs, ne sont
pas ici des produits de luxe. Chacun peut se les offrir.
Quel est le secret de ce petit miracle? «Nous sommes une
bande de copains, vrais spécialistes des fruits et légumes, à
faire nos achats aux Halles chez les mêmes fournisseurs.
Ceux-ci nous connaissent et tiennent à notre clientèle. Notre
nombre fait notre force: on ne nous propose pas n’importe
quoi, et nous parvenons à obtenir des prix intéressants.
Ensuite, dans chacune de nos petites structures, nous pouvons traiter le produit frais au jour le jour; ce que les grandes
surfaces ne peuvent pas faire. »
Certains pâtissiers d’Ozoir ne se servent qu’ici, c’est dire la
confiance qu’on peut accorder à cette maison.
ISABELLE MONIN SOULIÉ
«Goût Thé Café»: 61, avenue du Général de Gaulle
à Ozoir-la-Ferrière. Tel.: 01 60 02 21 89
Les soirées dégustation de «La Treille»
Samedi 23 octobre
Avis aux amateurs de vins blancs. Dégustation
de sept vins blancs des appellations les plus
prestigieuses de France: Puligny-Montrachet,
Pessac Léognan, Alsace Grand Cru...
55 euros par personne
Samedi 6 novembre
Périple en Bordelais: géographie viticole,
cépages, terroirs... Dégustation de six à dix
vins: Clos des Menuts (Saint Émilion Grand
Cru), Château Guillot (Pomerol), Les Pagodes
de Cos (Saint Esthèphe)...
60 euros par personne.
Samedi 13 novembre
À la découverte de la Bourgogne, du Chablis
au Mâconais en passant par les côtes de Nuits,
de Beaune et Chalonnaise. Dégustation de
Pommard, Corton Grand Cru, Meursault...
60 euros par personne.
Samedi 20 novembre
Le Muscat: Doré, ambré, tuilé, sec ou moelleux,
tranquille ou effervescent, les vins de muscat
vous séduiront par leurs arômes de fruits secs,
de miel, de café..
50 euros par personne.
Samedi 27 novembre
Itinéraire en Languedoc Roussillon: Cabardes,
Côtes du Roussillon, Banyuls, Maury blanc...
sont au programme.
45 euros par personne.
Ces soirées débutent à 20h 30 et s’achèvent
autour d’une collation.
Renseignements et réservations à «La
Treille» 71, avenue du
Général de Gaulle - 77330 Ozoir la Ferrière.
Tel.: 01.64.40.19.41.
Ricochets - n° 15 Octobre - Novembre 2004
Le Relais des Amis
Le bar tabac du bout de l’avenue
du général Leclerc a changé de
propriétaire (monsieur Chay en
est le nouveau gérant) et sera
désormais fermé le mardi.
«Relais des amis», 126, avenue du
général Leclerc Tel: 01.64.40.01.65.
La librairie les Iris
La librairie papeterie marchand de
journaux du centre commercial
Béatrice (Franprix) a également
changé de propriétaire.
Le Pavillon Bleu
L’hôtel restaurant de l’avenue du
général Leclerc vient de terminer
les travaux de son nouveau petit
salon de réception. Idéal pour
prendre un verre en discutant
avec des amis...