Cameroun

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Cameroun
Séminaire FORAFRI de Libreville - Session 3 : produits de la forêt
Importance en médecine traditionnelle de Combretum
mucronatum Schum. & Thonn. (Combretaceae) dans le Dja
(Cameroun)
Jean Lagarde BETTI1 & Jean LEJOLY2
1
Ingénieur des Eaux, Forêts et chasse, MINEF/ECOFAC – Cameroun, B.P. 13 844, Yaoundé,
Cameroun
2
Professeur, Laboratoire de Botanique systématique et de Phytosociologie, CP 169, Université
Libre de Bruxelles, 50 Avenue F. Roosevelt, 1 050 Bruxelles, Belgique
Résumé
Les verminoses sont un groupe de maladies importantes dans la zone forestière du Dja
(Cameroun). Elles se classent en deuxième position après le paludisme ou la fièvre, dans la
liste des onze syndromes identifiés comme étant les plus courants dans la région. Pour les
soigner, 84,5% de la population ont recours à la médecine traditionnelle et surtout à
l’automédication.
Parmi les plantes indiquées comme anti-helminthiques, la liane Combretum mucronatum est
l’espèce la plus utilisée en médecine traditionnelle. Elle représente en effet 107 indications en
pharmacopée populaire et 28 indications en pharmacopée spécialisée. Ces informations ont
été fournies par 84 ménages et 21 tradipraticiens et représentent 3,7% des 3 687 indications
recueillies dans les enquêtes ethnobotaniques.
Nous avons procédé à la répartition des informations collectées sur C. mucronatum suivant les
différents groupes ethniques et les différentes formes de médecine. Quelle que soit l’ethnie
considérée, C. mucronatum est désignée localement par un nom vernaculaire qui veut dire :
“ la corde des vers ”, ce qui sous-entend que la plante est parfaitement définie et connue dans
la zone. Combretum et plus diversement employée chez les Pygmées Baka (quatre recettes
différentes) et notamment chez les tradipraticiens.
La répartition des informations, suivant les caractéristiques des recettes utilisées a également
été faite. On remarque une prépondérance des écorces de tiges comme organes végétaux. Le
pilat pour la pharmacopée populaire et la râpure pour la pharmacopée spécialisée constituent
les formes pharmaceutiques les plus employées. Le remède est toujours administré par voie
orale.
Si l’on considère le nombre de citations comme révélateur du degré de représentativité d’une
plante dans un milieu donné, on peut dire que Combretum est bien disponible (abondante)
dans la région forestière du Dja, avec peut être une légère différence dans le sud-est où elle
n’est citée que par un seul guérisseur. Des enquêtes complémentaires notamment en médecine
populaire pourront mieux élucider cet aspect de la question.
Quel que soit l’organe sollicité (sève ou écorce) pour la préparation des recettes, les villageois
coupent totalement la tige à la machette. Cette technique de prélèvement est préjudiciable à sa
régénération.
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De nombreux usages similaires de la plante ont été observés dans deux, trois ou quatre ethnies
consultées. Ainsi par exemple, les Badjoué, Bulu, Zimé, Kaka et les Pygmées Baka mangent
simplement la râpure de l’écorce de tige. Les Badjoué, Bulu, Zimé et les Baka mangent le
pilat de cette râpure avec du plantain grillé au feu, de la banane douce mûre ou encore avec du
miel. Quelques divergences d’usage de la liane ont également été observées. C’est ainsi qu’on
a pu remarquer que les Badjoué n’utilisent la liane que sous forme de pilat ou de râpure. Ils
n’utilisent pas la sève et les macérations.
Les résultats des tests biologiques présentés dans la littérature montrent que Combretum est
bien active contre diverses parasitoses, y compris la dracunculose chez l’homme.
Summary
Intestinal helminthiases are among current diseases that are found in the Dja forest region
(Cameroon). They are ranked in the second position after malaria or fever. To treat them,
84,5% of local population use medicinal plants.
Among the plants that are used as anti-helminthic in the Dja area, Combretum mucronatum
Schum. & Thonn. (Combretaceae) is the most useful one. It represents 107 indications in
popular pharmacopoeia (family mothers) and 28 indications in specialised pharmacopoeia
(tradipractionners). This information was given to us by 84 family mothers and 21 specialised
healers.
All local ethnic groups know the use of C. mucronatum as anti-helminthic. The Baka are the
persons who prescribed more information (recipes). That confirms the fact that Pygmies,
whom the Baka belong to, are persons who know the best the forest and its products. We also
found that specialised healers use more recipes than family mothers.
The barks are the vegetable parts that are more used. They are usually pounded with sweet
bananas or honey before eating. Some people use to drink singly the liquid (sap). Many
similar uses of the plant have been founded among different ethnic groups and different
tradipractionners.
If we consider the number of indications as a rating of the availability of a plant in a given
area, we can say that C. mucronatum is well represented in the Dja region. But exception can
be made in the south-east area, where the plant is indicated only by one healer. The ongoing
ethnobotanical inquiries on popular pharmacopoeia will confirm or invalidate that hypothesis.
Villagers use to cut completely the stem, and bring it to their households. They don’t waste
their time in the forest to take the barks. That technique is detrimental for the regeneration and
consequently the conservation of the plant.
The results of ethnopharmacologic tests or biologic experimentation founded in the literature
confirm that C. mucronatum is well efficient against some worms, as well as dracunculosis.
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Introduction
Par tradition, les réserves de faune sont considérées comme source de chasse ou, de manière
générale, source de productions animales. Les récoltes “ cachées ”, qui sont les produits
forestiers non ligneux de nature végétale ont souvent été négligées malgré le rôle important
qu’elles jouent dans la vie des populations rurales (Lejoly, 1993).
Le présent article analyse les données des enquêtes ethnobotaniques conduites dans la région
forestière du Dja au Cameroun, et relatives à l’usage traditionnel de Combretum mucronatum
Schum. & Thonn. (Combretaceae) : une liane très utilisée en pharmacopée locale comme antihelminthique.
Une plante anti-helminthique (Lejoly, Richel, van Essche, 1994) est celle qui entre dans le
traitement des helminthiases intestinales prises au sens large et incluant les maladies
suivantes : taeniase, ankylostomiase, ascaridiase, trichocephalose, oxyurose et parasitose
intestinale, ainsi que les effets physiologiques proches : vermifuge, vermicide, taenifuge. Il
s’agit là, d’un groupe de maladies dont le taux de prévalence parasitologique est très élevé
dans la zone forestière du Dja.
L’objectif premier visé dans ce document est de montrer l’importance que Combretum
mucronatum joue dans la pharmacopée locale et de relever toutes les confirmations ou
infirmations mentionnées dans la littérature existante pour l’usage indiqué. Un deuxième
objectif vise à renseigner les utilisateurs soucieux de la valorisation et même de la
conservation des plantes médicinales : tradipraticiens à la recherche des recettes confirmées
par une large convergence d’emplois, chimistes et pharmacologues désirant étudier de
nouvelles plantes, forestiers préoccupés par l’utilisation soutenue des ressources végétales.
Cadre physique
La réserve de faune du Dja (figure 1) se situe entre les parallèles 2°50 et 3°30 de latitude nord
et 12°20 et 13°40 de longitude est. Elle couvre une superficie de 5 260 km² et se classe parmi
les plus grandes aires protégées de la forêt ombrophile guinéo-congolaise (Gartland, Leakey,
1988). La réserve est située dans la boucle du Dja, fleuve qui l’enserre presque complètement
et qui constitue sa limite naturelle.
Le climat est de type équatorial, chaud et humide. La pluviosité annuelle moyenne s’élève à
1 600 mm, alors que la température annuelle est de 23°C. La boucle du Dja est située dans le
bassin du Congo, sur le plateau précambrien. L’altitude de ce plateau varie entre 600 et 700
m. Il est légèrement incliné vers le sud-est. Le relief est peu marqué avec des vallées peu
profondes (Bedel, Bousquet, Gourlet, 1987). La réserve du Dja appartient au secteur forestier
toujours vert camerouno-congolais et plus précisément au district congolais du Dja.
Les ethnies principales appartiennent aux groupes Bantous et Pygmées Baka habitant
l’ensemble de la réserve et sa périphérie. Les Bantous incluent les Badjoué (BD) au nord, les
Zimé (ZM) à l’est, les Bulu (BL) à l’ouest, les Fang (FG) et Nzaman (NZ) au sud-est. Les
Kaka (KK) et Pygmées Baka (BK) sont répartis dans les diverses zones. On estime à 30 000
environ (projection à partir du recensement de 1987) l’effectif de la population dont la survie
dépend directement des ressources tirées de la réserve.
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Les Bantous pratiquent une agriculture itinérante de type “ défriche – brûlis ” ou essartage
dont le système cultural bimodal est entièrement dépendant du régime pluviométrique. La
chasse et la cueillette sont pratiquées par tous, mais surtout par les Kaka et les Pygmées Baka.
Figure 1 : carte de situation – réserve de faune du Dja
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Méthodologie générale utilisée pour l’étude ethnobotanique des plantes médicinales du
Dja
Deux séries d’enquêtes ethnobotaniques ont été conduites de janvier à avril 1994 et de janvier
à mai 1996, dans l’ensemble de la Réserve du Dja et sa périphérie. Les itinéraires suivis sont
les suivants : dans le nord, l’axe Dimpam - Somalomo – Ekom ; à l’est les axes Abakoum –
Lomié ville - Eschiambor - Kongo, Lomié ville - Eschiambor - Néméyong - Bosquet et Lomié
ville - Djomédjo’o – Matisson ; à l’Ouest l’axe Bissombo - Mékas – Nlobessé ; et au sud-est
les axes Mbouma - Mintom - Bi et Alat Makay - Azem - Mbouma.
La première enquête dite méthode pour la pharmacopée populaire (Lejoly, 1993) consiste à
interroger les villageois sur l’usage populaire des plantes médicinales. Elle a été conduite dans
les ménages en s’adressant principalement aux mères de familles (matrones). Pour chaque
ménage enquêté et pour une maladie donnée, nous avons demandé le recours employé. Celuici pouvait être le médecin (M), le guérisseur (G), ou l’automédication (A). Si
l’automédication à base de plantes était citée, on relevait toutes les informations relatives aux
recettes utilisées. Il arrivait parfois que l’interlocuteur refuse de parler (N). La deuxième
enquête, ou méthode pour la pharmacopée spécialisée, a été conduite auprès des
tradipraticiens.
Pour les deux types d’enquêtes, les informations ont été collectées selon un canevas
standardisé inspiré des fiches Pharmel (Adjanohoun et al., 1989, 1994). Pour chaque
indication, on relève avec soin les détails de la recette et on cherche dans la mesure du
possible à voir la plante traitante. Un herbier de référence a été constitué et déposé à l’Herbier
National du Cameroun à Yaoundé et dans le Laboratoire de Botanique Systématique et de
Phytosociologie de l’Université Libre de Bruxelles. Les informations sur le diagnostic des
maladies ont été fournies dans un inventaire (Adjanohoun et al., 1989) et une interview semistructurée orientée auprès des infirmiers ou agents de santé locaux.
Résultats
Importance des verminoses et de la médecine traditionnelle dans le Dja
Répartition du recours employé suivant les onze syndromes les plus courants
Le spectre brut du recours employé suivant les onze syndromes identifiés comme les plus
courants dans le Dja est illustré à la figure 2. On constate que la plupart des personnes se
traitent elles-mêmes (automédication) à base des plantes, soit en moyenne 60,2%. Ensuite
viennent celles qui vont consulter le guérisseur (23,7%). Les personnes qui vont voir le
médecin ne représentent qu’en moyenne 9,2% des indications. En somme, la proportion des
personnes qui ont recours à la médecine traditionnelle (automédication et guérisseur) dans le
traitement de ces maladies s’élève en moyenne à 83,9%.
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Taux des
indications (%)
Figure 2 : spectre brut des indications suivant les recours employés - A : automédication, M :
médecin, G : guérisseur, N : ne se sont pas prononcés
100
80
60
40
20
0
A
M
G
N
A+G
Recours employés
Répartition de l’automédication suivant les onze syndromes les plus courants
Si l’on s’intéresse seulement à l’automédication (figure 3), on constate que la proportion des
personnes qui utilisent ce recours dans le traitement des verminoses représente 74,2% et
classe ce groupe de maladies en deuxième position après le paludisme / fièvre.
Figure 3 : répartition de l’automédication par maladie - Palu : paludisme/fièvre, Mdos : maux
de dos, Céph : céphalée, Bless : blessures / plaies, Vers : verminoses, Jaun : jaunisse,
Derm : dermatoses, Mden : maux de dents, Mven : maux de ventre, Hypo : hypogalactie
80
60
Hypo
Mven
Mden
Toux
Bless
Derm
Céph
Jaun
Vers
0
Mdos
40
20
Palu
indications (%)
Taux des
100
Maladies
Distribution des personnes qui font recours à la médecine traditionnelle par maladies pour
les onze syndromes les plus courants
La distribution par maladie des personnes qui se traitent elles-mêmes ou alors qui vont
consulter le tradipraticien pour les onze syndromes les plus courants est illustrée dans la figure
4. On constate que les personnes qui ont recours à l’automédication ou qui vont consulter le
guérisseur pour le traitement des verminoses représente 85,4%. Cela les classe en quatrième
position après la jaunisse, les maux de dos (lombalgies pour l’essentiel) et le paludisme /
fièvre.
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Figure 3 : répartition de la médecine traditionelle (A + G) par maladie - Palu :
paludisme/fièvre, Mdos : maux de dos, Céph : céphalée, Bless : blessures / plaies, Vers :
verminoses, Jaun : jaunisse, Derm : dermatoses, Mden : maux de dents, Mven : maux de
ventre, Hypo : hypogalactie
80
indications (%)
60
Hypo
Mven
Mden
Toux
Bless
Céph
Jaun
Vers
Mdos
0
Derm
40
20
Palu
Taux des
100
Maladies
Informations collectées sur Combretum mucronatum
Pharmacopée populaire
Quatre-vingt-quatre ménages sur les 153 enquêtés ont prescrit l’usage de Combretum
mucronatum comme anti-helminthique. Ceci représente une population d’environ 420
personnes si l’on considère une moyenne de cinq personnes par foyer. Soit un peu plus de la
moitié des ménages consultés, et un taux d’échantillonnage de 1,4% (pour une population
estimée à 30 000 habitants). Ces ménages sont distribués dans les quatre principales ethnies
suivantes : Badjoué au nord (18 ménages), Bulu à l’ouest (13), Zimé (26) et les Pygmées Baka
(27) à l’est. 107 indications thérapeutiques ont été recueillies sur cette plante et distinguées en
trois recettes (tableau 1).
Tableau 1 : informations collectées auprès des matrones (pharmacopée populaire)
Indications/Ethnie
Recette
Organe
Préparation
1
écorce
tige
de
2
écorce
tige
de
3
sève
TOTAL
Taux (%) des indications
pilage
macération
Total
indicat.
Baka/28 Bulu/27
Baka
Bulu
Badjoué
Zimé
8
14
20
19
61
28,5
17
36
67,8
10
28,5
19
8
2
35
16
20
36
51,8
Badjoué
Zimé/28
/29
68,9
67,8
60,7
7,4
107
N.B. : les pourcentages qui figurent dans ce tableau ont été calculés par rapport aux effectifs
des ménages ayant fourni des recettes de plantes comme anti-helminthiques. Ces effectifs sont
différents de ceux ayant uniquement cité Combretum et se présentent comme suit : Baka (28
ménages), Bulu (27), Badjoué (29), et Zimé (28).
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Pharmacopée spécialisée
Vingt et un guérisseurs ont indiqué l’usage de C. mucronatum comme anti-helminthique. Ces
guérisseurs sont repartis comme suit dans l’ensemble de la réserve et sa périphérie : Zimé à
l’est (six guérisseurs), Badjoué au nord (Adjanohoun et al., 1994), Bulu à l’ouest
(Adjanohoun et al., 1994), Fang au sud-est (Adjanohoun et al., 1989), les Kaka (Betti, Lejoly,
1998) et Pygmées Baka (Betti, Lejoly, 1998) basés dans les diverses zones. Ce qui représente
un pourcentage de 29,2% pour un total de 72 guérisseurs répertoriés dans la région. Vingt huit
indications ont été recueillies et distinguées en cinq recettes (tableau 2).
Distribution des informations par groupes ethniques
Informations collectées auprès des matrones
Le tableau 1 illustre la répartition des indications et des recettes collectées auprès des
matrones suivant les groupes ethniques. Les ethnies Zimé et Baka sont celles qui ont fourni le
plus grand nombre d’indications, soit respectivement 36/107 et 35/107. L’ethnie Baka est
celle qui a fourni le plus de recettes (Bedel, Bousquet, Gourlet, 1987).
Informations collectées auprès des tradipraticiens
La distribution par groupe ethnique des indications et de recettes recensées auprès des
tradipraticiens est présentée dans le tableau 2. On constate que l’ethnie Zimé est celle qui a
fourni le plus grand nombre d’indications (Burkill, 1985). Les ethnies Zimé et Baka sont
celles qui ont prescrit le plus grand nombre de recette (Betti, 1994).
Tableau 2 : informations collectées auprès des tradipraticiens
Recette
1
2
3
4
5
Organe
végétal
écorce de
tige
écorce de
tige
écorce de
tige
écorce de
tige
Préparation
Administration
Baka
Bulu
Badjoué
Zimé
Kaka
raclage
Voie orale
2 (E)
2 (O)
2 (N)
3 (E)
4 (E)
cuisson
Voie orale
1 (N)
macération
Voie orale
1 (E)
4 (E)
4 (E)
1 (SE)
pilage
Voie orale
8
1
sève
TOTAL
Voie orale
Fang
1 (E)
1 (O)
5
2 (E)
2
2
10
NB : les lettres entre parenthèses dans les cases désignent les zones : E= est, O= ouest, N=
nord, SE= sud-est.
Caractéristiques des recettes
Organes végétaux utilisés
Les organes végétaux utilisés sont soit les écorces de tige, soit la sève. Mais dans la majorité
des cas, les populations utilisent les écorces. Celles-ci représentent en effet 90,6% (97/107)
des indications en médecine populaire et 89,3% (25/28) des indications en pharmacopée
spécialisée.
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Modes de préparation et d’administration des remèdes
Le pilat pour la pharmacopée populaire (57%) et la râpure pour la pharmacopée spécialisée
(46,4%) sont les formes pharmaceutiques les plus indiquées. Le pilage consiste à diviser la
drogue ou le médicament dans un mortier en la frappant avec un pilon ; on obtient le pilat. Le
râpage ou raclage est une opération qui consiste à diviser des corps par frottement avec des
râpes ou des limes; on obtient une râpure. Le pilat et la râpure sont suivies, dans les deux
formes de médecine, par les macérations. Celles-ci consistent à laisser en contact pendant un
temps déterminé la drogue avec un solvant à froid ; on obtient un macéré. Dans notre cas,
l’eau est le solvant le plus utilisé. Le remède est toujours administré par voie orale.
Caractéristiques du matériel végétal
Combretum mucronatum est une Combretaceae, qui se présente généralement comme un
arbuste buissonnant (flore du Cameroun, 1983, vol.25), haut de 2 à 4 m, ou d’avantage. Cet
arbuste peut devenir une grande liane, atteignant 20 m de longueur. Les feuilles sont
opposées, à pétiole de 4-8 mm, pubescent. Les nervures sont reliées par un réseau de nervures
tertiaires à peu près parallèles entre elles et formant des demi-cercles concentriques, au moins
à la base. La nervure médiane porte dessus et dessous des poils roux dorés. On trouve des
bourgeons dorés à l’aisselle des pétioles. Les fleurs sont petites et blanches, en large panicule
d’épis, au sommet des rameaux. Les fruits sont des samares suborbiculaires de 10-18 mm de
longueur, brillants, glabres, violacés dans le jeune âge.
Espèce des forêts secondaires, lisières et galeries forestières, bosquets en savanes
périforestières, souvent en terrain plus ou moins marécageux, Combretum est répandu du
Sénégal à l’Ouganda. Au Cameroun méridional jusqu’à 6°N, mais ne dépasse pas 800 m
d’altitude.
C. mucronatum est désigné localement par des noms vernaculaires qui sont : Kpwo à polo
chez les Pygmées Baka, Moung mekon (Kaka), Kol mifom (Badjoué), Kol missong (Zimé),
Ndic missom (Bulu, Fang).
Importance de C. mucronatum par rapport aux autres plantes citées comme antihelminthiques dans le Dja
Pharmacopée populaire
La figure 5 illustre le spectre brut des indications de la pharmacopée populaire suivant les sept
espèces végétales les plus utilisées comme anti-helminthiques par les matrones et les
tradipraticiens du Dja (Betti et Lejoly, 1998). On constate que la liane C. mucronatum est
l’espèce la plus utilisée avec 54,9% des indications. Elle est suivie de loin par Alstonia boonei
De Wild (21%).
Pharmacopée spécialisée
Le spectre brut des indications de la pharmacopée spécialisée suivant les sept espèces
végétales utilisées à la fois par les matrones et les tradipraticiens du Dja est illustré dans la
figure 6. C. mucronatum est l’espèce la plus indiquée par les tradipraticiens comme antihelminthique (51,9% des indications). Alstonia boonei vient en deuxième position avec 14,8%
des indications.
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Indications (%)
Taux des
Figure 5 : répartition des indications de la pharmacopée populaire suivant les sept espèces
indiquées dans les deux formes de médecine - Cm : Combretum mucronatum, Ab : Alstonia
boonei, Cs : Clerodendrum splendens, Va : Vernonia amygdalina, Ca : Chenopodium
ambrosioides, Pn : Picralima nitida, Pm : Pentaclethra macrophylla
60
40
20
0
Cm
Ab
Cs
Va
Ca
Pm
Pn
Espèces
Indica tio ns(% )
Tauxdes
Figure 6 : répartition des indications de la pharmacopée spécialisée suivant les sept espèces
utilisées dans les deux formes de médecine - Cm : Combretum mucronatum, Ab : Alstonia
boonei, Cs : Clerodendrum splendens, Va : Vernonia amygdalina, Ca : Chenopodium
ambrosioides, Pn : Picralima nitida, Pm : Pentaclethra macrophylla
60
40
20
0
Cm
Ab
Cs
Va
Ca
Pm
Pn
Espèces
Discussion
Importance des verminoses et des plantes anti-helminthiques dans le Dja.
L’examen de la figure 2 montre l’importance que les villageois accordent à la médecine
traditionnelle pour la résolution des problèmes de santé courants. La proportion des personnes
qui font recours aux plantes médicinales (automédication et guérisseur) est estimée en
moyenne à 83,9%. Cette proportion est légèrement supérieure à celle trouvée par l’O.M.S.
pour les pays pauvres. En effet selon l’O.M.S. (O.M.S., 1983), 80% de la population vivant
dans le tiers - monde, dépend étroitement de cette médecine, faite essentiellement à base des
plantes pour les soins de santé primaires.
Si l’on considère le nombre de citations ou de plantes prescrites en automédication pour une
maladie, comme indice de prévalence de celle-ci dans une région donnée, on peut dire que les
verminoses sont un groupe de maladies très importantes dans la zone forestière du Dja. Elles
occupent le deuxième rang (soit 74,2%) parmi les onze syndromes identifiés comme les plus
importants (voir figure 3) dans la région.
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En Afrique centrale (Bitsindou, 1997), les verminoses sont classées en troisième position
après les plaies et les infections gonococciques.
Pour montrer l’importance de la médecine traditionnelle ou plutôt pour relever le rôle
déterminant que les forêts tropicales jouent dans la résolution des problèmes de santé
courants, il faut considérer dans l’ensemble la proportion des personnes qui font recours à
l’automédication et celles qui vont consulter le guérisseur. Dans notre cas, cette proportion
s’élève en moyenne à 85,4% pour les plantes anti-helminthiques et classe celles-ci en
quatrième position après les plantes indiquées contre la jaunisse, les maux de dos (lombalgies
pour l’essentiel) et les plantes anti-paludéennes. On s’attendrait au même classement des
maladies, c’est-à-dire qu’on devrait normalement voir par exemple les plantes antipaludéennes venir en première position, suivies des plantes anti-helminthiques. Cette situation
trouve son explication dans le fait que les villageois ne vont pratiquement pas consulter le
médecin pour les cas de la jaunisse (difficile encore à traiter à l’hôpital) et des maux de dos
(lombalgie). Pour ces deux problèmes, la proportion des personnes qui vont voir le
tradipraticien est assez élevée (supérieure à 32%).
Toutes ces informations traduisent la forte prévalence des verminoses dans notre zone d’étude
et relèvent l’importance que les plantes médicinales jouent dans le traitement de ces maladies.
Importance et connaissance relative de la plante dans le Dja
Les spectres bruts des indications pour les sept principales plantes indiquées comme antihelminthiques par les matrones et les tradipraticiens du Dja ont globalement la même allure.
On remarque que la liane Combretum mucronatum Schum. & Thonn. est l’espèce végétale la
plus indiquée (sup. 42% des indications). Elle est suivie de loin par Alstonia boonei De Wild.
(inf. à 20%).
Quelle que soit l’ethnie considérée, C. mucronatum est désignée localement par un nom
vernaculaire. Il s’agit souvent d’un nom composé de deux termes dont le premier signifie “ la
corde ” (ou la liane) et le second “ les vers ”, ce qui veut dire littéralement la corde des vers.
Ainsi par exemple, les Badjoué l’appellent “Kol-mifom” et les Kaka “moung-mekon”. Cela
sous-entend que la plante est parfaitement définie et connue dans la zone. Elle est plus
diversement employée chez les Pygmées Baka (plusieurs recettes). Pour les Bantous,
Combretum est la liane des Pygmées en relation avec le fait que ce sont ces derniers qui leur
en ont montré l’usage comme anti-helminthique. Ce qui confirme que les Pygmées sont de
très grands guérisseurs (Bouquet, 1987 ; Motte, 1980). Mandjo (1996) signale que les
Pygmées sont de tous les habitants de la région forestière du Dja, les personnes qui
connaissent le mieux la forêt et ses ressources. Ils peuvent de ce fait constituer un groupe
important pour le développement d’un tourisme écologique (bons guides en forêt).
La distribution des indications et des recettes par type de pharmacopée montre que les
tradipraticiens sont ceux qui ont prescrit le plus grand nombre de recettes (soit cinq recettes)
malgré le faible nombre d’indications recensées. Ce qui traduit leur bonne connaissance de la
ressource et caractérise leur spécialité (guérisseurs spécialisés). Ceci montre en outre la
complexité de l’analyse des informations recensées chez ces derniers. En effet, les guérisseurs
fournissent souvent beaucoup d’informations pour peu de plantes, parfois dans l’intention de
camoufler la vraie information (Bitsindou, 1997).
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Si l’on considère le nombre d’indications comme révélateur du degré de représentativité d’une
plante dans un milieu donné, ou plutôt si l’on suppose qu’indépendamment de sa valeur
ethno-phytothérapeutique, une plante aurait plus de chances d’être utilisée par ce qu’elle est
facilement trouvée et récoltée dans le milieu immédiat des usagers (Bitsindou, 1997), on peut
dire que C. mucronatum est bien disponible (abondante) dans la région forestière du Dja, avec
peut-être une légère différence dans le sud-est où elle n’est indiquée que par un seul
tradipraticien. Les enquêtes en médecine populaire dans cette zone (sud-est) vont apporter des
informations complémentaires à ce sujet.
Techniques de prélèvement et caractéristiques des recettes
Combretum mucronatum est exploitée sous forme de liane suffisamment grosse (5 - 10 cm de
diamètre). Les techniques d’exploitation pratiquées pour le moment sont préjudiciables à sa
régénération. Ainsi par exemple, pour prélever la sève, les villageois se rendent tôt le matin en
forêt (période de montée de sève) et coupent entièrement un morceau de tige dont ils vident le
contenu (sève) dans leurs récipients (bidons). De même, si c’est l’écorce qui est sollicitée, les
villageois ne perdent pas leur temps en forêt pour écorcer la plante. Ils coupent à la machette
un morceau de tige qu’ils ramènent à la case.
Les écorces de tige sont les organes végétaux les plus employés dans la préparation des
recettes. En effet, les écorces et les feuilles sont le siège de la biosynthèse et parfois du
stockage des métabolites secondaires responsables des propriétés biologiques de la plante
(Bitsindou, 1997).
Les préparations se prennent généralement le matin à jeun comme vermifuges. La recette varie
parfois d’une ethnie à une autre et parfois d’un informateur à un autre dans un même groupe
ethnique. Les adjuvants utilisés sont soit du plantain grillé au feu ou alors de la banane douce
chez les Bantous, soit encore du miel chez les Pygmées Baka. Ils ont pour rôle d’attirer les
vers qui sont par la suite expulsés sous l’effet du produit.
Aux dires de certains informateurs, la tige, pour être efficace dans le traitement des
verminoses, doit être conservée loin des bruits des marmites (lorsque celles-ci sont portées à
la température d’ébullition). On l’accroche sur la toiture derrière la case. Le morceau de tige
rapporté peut être utilisé même quand il est déjà bien sec, ce qui en facilite la conservation.
Analyse des usages de Combretum mucronatum
Usages significatifs retrouvés dans nos enquêtes
Une recette est confirmée pour son usage en pharmacopée populaire1, lorsqu’elle est utilisée
de la même façon, c’est-à-dire le même organe végétal, le même mode de préparation et
d’administration par au moins 20% des ménages enquêtés dans une ethnie pour la même
maladie ou pour le même effet physiologique. De même, une recette est confirmée pour son
usage en pharmacopée spécialisée lorsqu’elle est indiquée de la même façon par au moins
deux guérisseurs d’ethnies différentes et basés dans les diverses zones pour la même maladie
ou pour le même effet physiologique.
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Confirmée ici signifie que la recette indiquée est celle que les phytothérapeutes (matrones ou guérisseurs)
utilisent effectivement dans leurs pratiques ; ceci indépendamment de sa confirmation par les tests biologiques.
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Séminaire FORAFRI de Libreville - Session 3 : produits de la forêt
Sur la base de ces critères, on peut retenir globalement les quatre préparations (recettes)
suivantes : la râpure de l’écorce de tige, le pilat de l’écorce de tige, le macéré de l’écorce de
tige, la sève. Toutes ces préparations sont prises par voie orale.
Convergences ou divergences d’usages entre les différentes ethnies
De nombreux usages similaires de la plante ont été relevés dans deux, trois ou quatre ethnies
consultées. Ainsi par exemples :
- les Badjoué, Bulu, Zimé, Kaka et les Pygmées Baka mangent simplement la râpure de
l’écorce,
- les Badjoué, Bulu, Zimé et les Baka mangent le pilat de cette râpure avec du plantain grillé
au feu, la banane douce mûr ou encore avec du miel,
- les Zimé, Kaka, Fang et Baka laissent reposer la râpure dans l’eau la veille et boivent le
macéré aqueux le lendemain matin à jeun,
- les Zimé et les Baka boivent tout simplement la sève.
Quelques divergences d’emplois de la plante ont pourtant été relevées. Ainsi par exemple, les
Badjoué n’utilisent la liane que sous forme de pilat ou de râpure. Ils ne connaissent pas son
usage par la sève, ni les macérations. Les Zimé et Baka par contre connaissent parfaitement
tous les usages de C. mucronatum.
Convergences ou divergences d’emplois entre les deux formes de médecines
Nous avons relevé parmi les usages significatifs retenus pour C. mucronatum, deux
utilisations convergentes chez les matrones et les tradipraticiens du Dja : tous prescrivent la
prise de la sève ou du macéré de l’écorce de tige.
Nous avons également relevé des divergences d’usages entre les deux types de médecines : les
matrones pilent l’écorce avant de la donner à manger aux patients, tandis que les guérisseurs
raclent cette écorce pour administrer directement la râpure aux malades.
Usages de Combretum mucronatum hors de la région forestière du Dja
Dans la région forestière de Bélabo, toujours à l’est - Cameroun, les Bobilis (ethnie
dominante) pilent les feuilles de C. mucronatum et l’appliquent sur les plaies / blessures sous
forme d’emplâtre (Flore du Cameroun, vol. 25, 1983).
Dans les hauts plateaux de l’ouest - Cameroun, les Bamiléké de la région de Dschang utilisent
C. mucronatum pour déparasiter la volaille (Tchoumboué et al., 1996).
Dans l’Afrique de l’Ouest, Burkill (1985) signale l’usage de C. mucronatum en thérapie
traditionnelle comme anti-helminthique.
Activités biologiques et chimie
Activité sur les parasites intestinaux du poulet
Dans le but de tester les effets parasiticides de l’écorce de Combretum mucronatum
(Tchoumboué et al., 1996) comparativement à un vermifuge polyvalent moderne à base de
tétramisole (“ Sodivermyl ”), 77 poulets de race locale naturellement infestés par Ascaridia,
Heterakis et Capillaria et issus d’exploitations villageoises autour de Dschang au Cameroun,
ont été repartis dans trois lots : T0 (témoin), T1 (traité au tétramisole), T2 (traité à l’écorce de
Combretum).
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Les taux d’efficacité des deux traitements T1 et T2 ont été globalement comparables et se
présentent ainsi : Capillaria (94% et 92% respectivement), Heterakis (100% et 90%),
Ascaridia (100% et 70%).
Activité sur le dracunculose ou “ vers de Guinée ”
Le dracunculose est une maladie parasitaire, due à la présence sous la peau d’une longue
filaire (dracuncule ou filaire de Médine), caractérisée par des plaies surinfectées, transmise à
l’occasion de l’ingestion d’eau non filtrée (Adjanohoun et al., 1989). Le dracunculose est
aussi désigné sous le vocable “ vers de Guinée ”.
A Mampong au Ghana, le Département de Santé Publique de l’école de médecine locale a
collaboré avec le Centre pour la Recherche sur la Médecine à base des plantes. Le but de ce
projet était de trouver des substituts aux médicaments importés, ainsi que des remèdes
efficaces pour des maladies que la médecine moderne ne guérit pas. Des expériences directes
avec des contrôles adéquats ont été effectuées dans trois villages situés dans un rayon de 19
kilomètres autour d’Accra et victimes d’une épidémie de dracunculose. Au lieu du traitement
habituel constitué d’une combinaison de procaïne pénicilline et de “ Ambilhar ”, “ Flagyl ” ou
“ Minthezol ”, un remède anti-helminthique suggéré par un des tradithérapeutes consultant de
ce projet a été essayé. En tout, 88 patients ont été traités à base de Combretum mucronatum et
de Mytragina stipulosa : 10 enfants, 28 adultes alités et 50 adultes ambulatoires. Les patients
ont été divisés en deux groupes égaux de 44 chacun et ont tous été examinés deux fois par
semaine. Après une semaine de traitement, l’examen a révélé que chez 43 des 44 patients
soignés avec C. mucronatum, il y avait expulsion complète du ver (soit 97,7%). Il y avait
également une réduction marquée de l’inflammation autour des lésions (Ampofo, 1977 cit.
Sofowora).
Chimie
Nous avons voulu en collaboration avec la faculté des Sciences de l’Université de Dschang au
Cameroun (Prof. Dr. J. Ayafor Foyère), identifier la matière active et faire des tests
biologiques dans le but de mettre au point des recettes standardisées. L’expérience a tourné
court faute de matériel adéquat et surtout à cause de la forte teneur des tanins également
observée par Bouquet et Debray (1974) dans l’écorce de tige.
Conclusion et recommandations
L’étude a montré l’importance que la liane C. mucronatum occupe dans le traitement des
verminoses pour les populations du Dja. Les essais cliniques pilotes ou tests biologiques
effectués, bien qu’ils n’aient pas été menés en double aveugle, fournissent un certain
fondement aux affirmations des tradipraticiens pour qui Combretum serait un “ expulseur des
vers ”. Ces résultats sont suffisamment significatifs pour justifier pour cette plante, des études
plus approfondies en conditions contrôlées. Pour que son usage soit plus efficace, il serait
intéressant d’envisager la mise au point de recettes standardisées, c’est-à-dire de recettes
normalisées en doses et fréquences des prises.
En confirmant par des tests qu’une plante est reconnue pour son usage en thérapie
traditionnelle, on peut en même temps et de manière implicite, être en train de signer la mort
de cette espèce, eu égard à la pression et à la surexploitation subséquente (Iwu, 1994).
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Déjà, nos résultats ont révélé que les villageois ne perdaient pas de temps en forêt pour
écorcer la plante. Ils préfèrent couper un morceau de tige qu’ils rapportent au village. Cette
technique, est préjudiciable à la régénération des individus de cette espèce. Pour une
utilisation rationnelle et prudente, il serait souhaitable d’étudier la biologie ou l’écologie de
cette plante ou alors d’envisager de faire un suivi continu (monitoring) des différentes
techniques de coupes pratiquées par les villageois, en vue d’établir et de vulgariser des normes
d’exploitation rationnelle.
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