La transparence guide l`innovation

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Désormais sommés d’être transparents, les acteurs de marché se tournent vers les spécialistes
du débouclement de leurs transactions. Dans leurs rôles de teneurs de compte et conservateurs,
dépositaires ou administrateurs de fonds, ces derniers recueillent une bonne part des informations
que réclament les reportings d’Emir, Solvabilité 2, MIF 2, Priips… « La transparence est un des
maîtres mots actuels dans l’industrie des titres, indique Laurence Caron-Habib, animatrice de l’observatoire international de l’AFTI (Association française des professionnels des titres). Elle
concerne à la fois l’information donnée aux autorités de tutelle après une transaction et celle transmise aux investisseurs dans les rapports annuels ou le 'KIID' ('key investor information document')
tel que prévu dans le règlement Priips. »
Il est vrai que les réglementations posent des exigences particulièrement hautes. « Pour Solvabilité 2, il y a plus de 60 'reportings' différents qu’il va falloir produire dans des délais progressivement
plus courts, sur six semaines à terme contre quatorze aujourd’hui, précise par exemple Laurent
Plumet, directeur du programme Solvabilité 2 chez SGSS. Notre capacité à établir des 'reportings'
sur des actifs de tous types, qui ne sont pas forcément dans nos livres, nous permet de proposer
une externalisation aux assureurs. »
Adopté fin 2015, le règlement SFTR sur les opérations de prêt-emprunt et la pension livrée est
même essentiellement consacré à des obligations de transparence complémentaires. « La transparence doit être faite sur la réutilisation du 'collateral' déjà déposé. Cette obligation concernant
toutes les opérations générant du 'collateral', le champ est très large », note Laurence Caron-Habib. Le texte impose une transparence ex ante et ex post des investisseurs sur la réutilisation du
collateral. « Les nouvelles obligations de transparence fixées par SFTR représentent des coûts et
charges supplémentaires non négligeables pour les conservateurs de titres », relève Eric Derobert, président de l’AFTI.
Surtout, les conservateurs n’ont pas toujours une vue claire des reportings qu’ils doivent effectuer
(lire l’entretien). A priori, le travail s’annonce considérable. « MIF 2 instaure un besoin de traçabilité
des opérations réalisées par les intervenants sur les marchés financiers, rappelle Boyan Yankov,
associé chez TNP. Il faut, aujourd’hui, sourcer les informations, modifier les processus et adapter
le système d’information. » La transparence doit également porter sur les coûts et charges, impliquant de récupérer des données à partir de points différents dans les sociétés de gestion. « Les
tests à mener sur le caractère 'approprié' des offres vont créer de nouveaux besoins pour les 'asset managers' et les distributeurs. Le sujet n’est pas encore mature sur le marché », remarque
Jean Devambez, responsable produits, assets and fund services. Même problème avec Priips :
tous les éléments constitutifs des reportings réglementaires ne sont pas encore connus. « La fai-
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sabilité du calcul de certains indicateurs n’est pas évidente, certains éléments ne sont pas disponibles, il faut récupérer des informations éparses et effectuer des calculs ex ante sans avoir tous
les éléments, expose Eric Derobert. La profession a clairement un souci sur les délais de mise en
œuvre. » L’industrie a envoyé en avril dernier un courrier à la Commission européenne pour demander un report de l’entrée en vigueur du règlement Priips, ce qui a été refusé en mai.
La direction est claire, les acteurs doivent traiter et harmoniser un nombre de données toujours
plus exorbitant. Ils réfléchissent donc d’ores et déjà à les valoriser, au-delà du champ réglementaire. « Les conservateurs ont besoin de diversifier les offres pour continuer à se développer, souligne Vincent Lefèvre, directeur services financiers chez Sopra Consulting. Ils sont dépositaires
d’une masse d’informations et ont intérêt à valoriser leur position au centre du processus. » Il est
vrai que le contexte difficile de leur activité les y incite. « Dans le post-marché, les 'spreads' sur la
trésorerie ont longtemps servi à compenser les marges très basses des activités opérationnelles.
Or les taux actuels ne permettent plus d’absorber ces coûts, qui sont dès lors refacturés, explique
Marc Giannoccaro, responsable exécution et compensation chez Caceis. Résultat, quand les taux
repasseront en territoire positif, le bénéfice devra être restitué. La maîtrise des coûts devient un
enjeu plus fort que jamais. »
Big data
Le défi consiste souvent à récupérer des données auprès de nombreuses sources, notamment
dans un contexte de diversification des investissements. « Les nouvelles classes d’actifs réclament un lourd travail de recueil des données, fait savoir Laurent Plumet. Les instruments sont à
décrire très précisément et les algorithmes réclament en eux-mêmes beaucoup de données. » De
plus en plus, le modèle des acteurs consiste à donner accès à un maximum d’informations à leurs
clients, disponibles en divers points des marchés.
« Dans cette optique, nous sommes en connexion avec l’ensemble des acteurs, les gérants, les
dépositaires et les investisseurs finaux, expose Raphaël Remond, responsable investment management solutions EMEA, en charge de State Street Paris. En outre, nous avons développé depuis
trois ans l’offre GX (Global Exchange), qui consiste précisément à créer de nouveaux services autour de la donnée. De fait, nos clients se montrent très intéressés. »
Passage obligé dans les flux post-marché, le dépositaire central Euroclear vient de son côté de
lancer « e-data liquidity » pour évaluer la liquidité intrinsèque des obligations. Développé avec
Lyxor, l’outil est à présent proposé à tout le marché. « Dans un marché qui n’est pas transparent
par nature en raison du traitement majoritairement OTC (de gré à gré, NDLR), nous sommes en
mesure de fournir des informations correspondant aux nouvelles attentes, indiquent Angus Scott,
head of innovation, et Stephanie Lermusiaux, en charge des produits data chez Euroclear. Il s’agit
d’aider les acteurs à se conformer aux réglementations et aussi à gérer leurs actifs. »
Les grands conservateurs de titres français montent des équipes dédiées à la mise en valeur des
informations. « Les méthodes du 'big data' vont les aider à structurer les données hétérogènes
pour une bien meilleure utilisation », assure Boyan Yankov. Caceis met ainsi en place un projet
« data analytics ». « Nous voulons mieux répondre aux besoins de la réglementation et aller plus
loin avec des développements à valeur ajoutée… Tous les 'asset servicers', ainsi que les 'Big Four'
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y travaillent, mais la donnée de base est chez les conservateurs dépositaires et administrateurs de
fonds », explique Arnaud Misset, group product director chez Caceis. Le groupe prévoit pour la fin
de l’année une offre aux gérants sur les passifs de leurs fonds.
Blockchain
Chez BNP Paribas Securities Services, un pôle « investment services and analytics » vient d’être
créé, regroupant middle-office, gestion des données, analyses de performances et de risques
(analytics) et autres reportings à valeur ajoutée. « Nous donnons en outre à nos clients un accès à
nos informations et mettons des spécialistes à leur disposition en ce sens. Le pôle compte 1.400
collaborateurs dans le monde », précise Jean Devambez. L’innovation technologique apporte un
appui clé, la banque regarde du côté des start-up et elle a, le mois dernier, mis sur pied une
équipe de 30 personnes pour suivre les innovations et développer des compétences sur la Blockchain. « La Blockchain s’inscrit au cœur des métiers liés à la tenue de position, souligne Thibaut
de Lajudie, associé chez Ailancy. Dans la mesure où une émission sera enregistrée dans un registre distribué reconnu par le législateur, elle aura une force de preuve supérieure à celle enregistrée dans le registre papier de l’agent d’émetteur. L’information devient plus forte. » Fruit de son
partenariat avec Smartangels sur le sujet, BNP Paribas Securities Services promet pour septembre un projet opérationnel dans le post-marché du financement participatif. « Ces titres sont
aujourd’hui inscrits dans des registres manuels, chez les émetteurs ou les notaires, et notre offre
répond à un véritable besoin, relève Philippe Ruault, responsable innovation et digital LAB du
groupe. L’initiative devrait conduire à la création d’un marché secondaire du non listé. » Le sujet
Blockchain pour le post-marché des PME fait également l’objet d’un travail de place, sous la houlette de Paris Europlace.
« Le travail s’annonce considérable »
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