dossier pédagogique - Ville de Neuilly-sur-Seine Ville de Neuilly
Transcription
dossier pédagogique - Ville de Neuilly-sur-Seine Ville de Neuilly
dossier pédagogique Du 5 novembre au 29 décembre 2013 À l’attention des enseignants et de leurs élèves Propositions d’accompagnement pédagogique de la maternelle au lycée Exposition Hi Informations pratiques Horaires Du mardi 5 novembre au dimanche 29 décembre 2013 Ouvert du mardi au dimanche de 13 h à 19 h Fermetures exceptionnelles : dimanche 15 et mercredi 25 décembre Les visites guidées pour les scolaires durent une heure Du mardi au vendredi sur réservation Contacts Laure Christien, responsable de la médiation – chargée des arts visuels [email protected] Isabelle Suffice, chargée des communautés éducatives 01 55 62 60 34 – [email protected] Accueil du Théâtre des Sablons : 01 55 62 61 20 Tarifs Entrée de l’exposition, visite et animations gratuites pour les établissements scolaires de la ville de Neuilly-sur-Seine et sur réservation 3 € par élève pour les établissements scolaires hors de Neuilly-sur-Seine Théâtre des Sablons 62-70, avenue du Roule www.theatredessablons.com Sommaire 1. Présentation de l’exposition ------------------------------------------ Page 3 2. Parcours de l’exposition---------------------------------------------- Page 4 3. L’automate à travers l’histoire--------------------------------------- Page 10 4. Pistes pédagogiques ------------------------------------------------ Page 12 5. Annexes------------------------------------------------------------- Page 14 – Visuels disponibles – Glossaire – Bibliographie Consignes de sécurité Dans le but d’organiser votre visite au mieux, voici quelques consignes qui nous permettront à tous de travailler dans de bonnes conditions : • Avant la visite, il est nécessaire de préparer les élèves au lieu. Il est nécessaire de le respecter, de respecter les objets présentés ainsi que les autres personnes qui peuvent en profiter. Cela signifie : ne pas toucher aux œuvres et, pour cela, ne pas courir, se bousculer, ne pas s’approcher trop près ; ne pas crier, respecter les mêmes règles de prise de parole qu’en classe. • Pendant la visite, l’enseignant et les accompagnateurs sont là pour encadrer le groupe et permettre aux élèves de participer au mieux à la visite menée par les médiateurs. Le matériel nécessaire est fourni. L’élève ne doit prendre avec lui ni trousse, ni cahier, ni sac, ni boisson, ni nourriture. Tout doit être déposé au vestiaire. Exposition Histoires d’automates – Neuilly-sur-Seine – 3 1 Présentation de l’exposition Dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, l’automate est ainsi défini : « Machine qui porte en elle le principe de son mouvement ». Si l’automate passionne les hommes depuis l’Antiquité, il connaît en France dans la seconde moitié du XIXe siècle un véritable Âge d’or, marqué par une production variée (tableaux mécaniques, oiseaux chanteurs, androïdes, scènes sous globe…) et une grande créativité. Selon leur nature, les automates servent à agrémenter les salons, sont des objets de collection ou alors de petits jouets automates pour les enfants. Reflets de toutes les évolutions techniques, ils sont pourvus de moteurs électriques au début du XXe siècle et servent alors de supports de publicité ou à animer les vitrines des magasins. La collection d’automates de Neuilly est représentative de la production de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Elle a été constituée par Jacques Damiot (1914-1983), collectionneur éclairé, et cédée à la ville de Neuilly en 1978. Les fabricants qui y sont associés sont parmi les plus célèbres de l’époque : Alexandre Théroude, Gustave Vichy, Jean Roullet et Ernest Decamps, Blaise Bontems, Jean-Marie Phalibois et Léopold Lambert. Automates à musique, tableaux mécaniques, scènes animées sous globe, androïdes, clowns, oiseaux chanteurs et animaux mécanisés ou électriques… La variété des thèmes représentés, la diversité des personnages, la richesse des savoir-faire nécessaires à leur fabrication font de ces objets des fenêtres ouvertes sur le rêve. L’exposition a été imaginée comme une promenade féérique et ludique qui laisse place au mystère, à la curiosité et à l’émerveillement. Élaborée sur l’idée de la métaphore de la vie et de la condition humaine, elle s’articule autour des thématiques suivantes : • la mécanique des salons • l’imitation de la nature • les reflets de la nature humaine • les artistes de spectacle vivant La Charmeuse de serpent Roullet-Decamps Vers 1900 4 – Exposition Histoires d’automates – Neuilly-sur-Seine 2 Parcours de l’exposition SECTION I : La mécanique des salons Images mécaniques Imitation de la nature Avant la Révolution, les automates sont des objets scientifiques, conservés dans des cabinets de curiosités. Au siècle suivant, les tableaux mécaniques, plus ludiques et décoratifs connaissent un grand succès. La nature est une source d’inspiration pour les créateurs d’automates qui cherchent à saisir le galop des chevaux ou à créer des animaux animés. Parmi ces derniers, les oiseaux mécaniques sont peut-être les plus anciens et les plus complexes sur le plan technique, puisqu’en plus du mouvement de l’oiseau, il faut parvenir à rendre la beauté de son chant en utilisant soufflet, air comprimé et sifflet à piston… Dans la seconde moitié du XIXe siècle, ces automates connaissent un grand succès. Dès 1849, Blaise Bontems (1814-1881), maître incontesté de cette spécialité, produit une multitude d’oiseaux sur buisson, sur horloge ou en cage. Les maisons Vichy et Roullet-Decamps produisent elles aussi beaucoup d’animaux animés. Les six scènes animées Dejort – Seconde moitié du XIXe siècle De fabrication artisanale, ils peuvent être classés en trois catégories : – Les tableaux mécaniques, pourvus souvent d’une horloge et toujours d’une boîte à musique, sont composés à l’avant d’images à silhouettes découpées en tôle ou en carton qui basculent sous l’effet du mécanisme entraîné par le moteur à ressort, dissimulé à l’arrière. – Les tableaux horloges sont constitués d’une toile peinte présentant généralement un clocher d’église, dont le sommet découpé permet de loger le cadran émaillé d’une horloge. – Les tableaux animés en relief avec automates consistent en des saynètes en relief composées de figurines en trois dimensions. La cage à trois oiseaux Bontemps Vers 1900 Les tableaux mécaniques offrent une peinture des activités humaines. D’autres illustrent des scènes de genre reprises de gravures de l’époque. Plus humoristiques ou ironiques, d’autres présentent des singeries qui stigmatisent les comportements humains. Exposition Histoires d’automates – Neuilly-sur-Seine – 5 SECTION II : Reflets de la nature humaine De tous les automates, les personnages à ressemblance humaine restent les plus aboutis et les plus représentatifs du savoir-faire des fabricants qui rivalisent au XIXe siècle avec des modèles de plus en plus complexes. Les premiers androïdes sont présentés sur des socles qui renferment le moteur. En 1860, Alexandre Théroude a l’idée de placer tout le mécanisme, moteur inclus, directement dans le corps des automates. La pratique se généralise rapidement. L’ingéniosité des maîtres automatiers réside alors dans la dissimulation du mécanisme afin de surprendre le spectateur et de parfaire l’illusion d’autonomie des personnages. Les mécanismes sont conçus à partir du schéma suivant : un moteur à ressort actionne des cames qui, par le biais d’une tringlerie reliée à une plaque de mouvementage située dans le buste, animent les membres du personnage. Les mouvements d’un automate suivent un cycle programmé et se succèdent aussi longtemps que le moteur tourne. À ce principe de fonctionnement équipant tous les androïdes, certains fabricants ajoutent des systèmes plus perfectionnés, comme par exemple des soufflets permettant au personnage de fumer. L’illusion de la vie est aussi donnée par les couleurs ajoutées sur les visages de carton, le battement des paupières en cuir, la poitrine qui peut se soulever pour donner l’impression que le personnage respire. Ces automates reprennent les activités de la vie quotidienne de l’époque : pianiste, dame à l’éventail, artiste peintre, ballerine, tricoteuse, ou font référence à des personnages littéraires comme le poète en larmes. L’activité humaine est également illustrée par de petites scènes sous globe comme la Nourrice et le Militaire mais également moquée par des singeries, très en vogue depuis le XVIIIe siècle. 6 – Exposition Histoires d’automates – Neuilly-sur-Seine L’ange musicien ou Seraphita Vichy Fin du XIXe siècle Le poète en larmes Vichy Vers 1900 SECTION PÉDAGOGIQUE : Au cœur de l’automate À l’origine de cette prestigieuse collection se trouvait un homme passionné, Jacques Damiot, antiquaire, considéré comme le plus grand collectionneur français d’automates. En 45 ans, il a rassemblé une collection d’une soixantaine de pièces du XIXe siècle, l’une des plus belles d’Europe, et rachetée par la ville de Neuilly-sur-Seine. En 1997, il a été décidé de prendre des mesures de conservation préventive et d’opter pour une campagne de restauration de type « conservation curative » des œuvres, conduite de 2002 à 2005. Conserver et présenter des automates relève d’une certaine gageure. Ils appartiennent en effet à une famille d’objets qui, comme les instruments de musique, possèdent à la fois une forme esthétique, mais aussi une fonction perceptible uniquement lors de la mise en marche. Dans le cas précis des automates, le mouvement est aussi synonyme d’usures incompatibles avec la notion de conservation. La remise en état de marche d’un automate nécessite bien souvent le remplacement de pièces lui faisant perdre son statut d’objets dans son état d’origine. S’il est très facile d’accéder aux mécanismes d’un tableau animé, il est en revanche très difficile d’intervenir sur un androïde sans démonter le costume et sans découper le cartonnage. La restauration n’a donc pas pour objectif de permettre un fonctionnement régulier des automates, mais de les maintenir en état de présentation et de conservation, comme témoins du passé. L’utilisation de la radiographie Le travail des restaurateurs a bénéficié d’une campagne exceptionnelle de radiographie réalisée au Centre de recherche et de restauration des musées de France (Laboratoire du Louvre). Pour les automates dont le mécanisme n’est pas accessible, soit 31 d’entre eux, la radiographie, technique d’imagerie non destructive, fournit une multitude d’informations. L’objectif est double : aider le restaurateur à localiser les pannes et faciliter la compréhension des mécanismes. La radiographie rend en effet possible la localisation du moteur et des pièces métalliques du mécanisme. Elle permet aussi d’infirmer ou de confirmer la présence d’une boîte à musique qui ne fonctionnerait plus. Enfin, elle est surtout utile pour voir les transmissions qui sont toujours inaccessibles et bien visibles car moins opaques que le moteur. En revanche, elle ne fournit pas d’information sur les matériaux organiques que sont, par exemple, les tirages en ficelle. Dix restaurateurs spécialisés dans une technique ou un matériau ont travaillé conjointement pendant trois années selon une déontologie précise, visant à intervenir le moins possible et à garder au maximum les matériaux d’origine. La Charmeuse de serpent Radiographie de Thierry Borel Centre de recherche et de restauration des musées de France Exposition Histoires d’automates – Neuilly-sur-Seine – 7 SECTION III : Automates du spectacle vivant acrobaties. Auguste Triboulet, successeur de Gustave Vichy, a ainsi été inspiré pour ses automates Clowns insolents par le numéro de deux comiques de musichall, les frères Hanlon Lee, qui s’habillaient toujours de façon identique, en habit à queue de pie et jouaient de la guitare avec des casseroles. Little Tich Roullet-Decamps Vers 1910 Deux automates, Dandy et Pierrot lunaires, évoquent l’intérêt pour la lune qui devient alors un thème de prédilection dans plusieurs domaines artistiques. Elle inspire en effet Jules Verne pour son roman De la Terre à la Lune (1865) et le cinéaste Georges Méliès pour son film Le voyage dans la Lune (1902). Dans l’automate Dandy Lunaire, cette fascination se trouve associée au dandysme, autre idée forte de cette fin de siècle. En cette fin de XIXe siècle, le cirque et le music-hall connaissent eux aussi un Âge d’or. Paris compte alors une multitude de cirques (cirques d’Hiver, Olympique, des Champs-Élysées, Médrano…) et de très nombreux cafés-concerts où l’on peut dîner tout en regardant un spectacle (Alhambra, Folies Bergère, Olympia…). Les parisiens se pressent pour admirer les danses indiennes de Nala Damajanti, les acrobaties de Little Tich, les numéros des clowns Fratellini, Médrano, Foottit et Chocolat. Magiciens et escamoteurs enchantent également le public à la recherche de merveilleux, mais aussi d’exotisme comme le montrent les automates de La Charmeuse de serpent et du Nègre au plateau de fruits. Les clowns et stars du music-hall, figures excentriques par excellence, ne peuvent qu’inspirer les artistes comme Toulouse-Lautrec et développer la créativité des automatiers, attirés à la fois par la popularité de ces personnages et par le défi technique qui consiste à reproduire les mouvements complexes de leurs 8 – Exposition Histoires d’automates – Neuilly-sur-Seine Le dandy lunaire ou Lune fin de siècle Vichy Vers 1890 Automates contemporains : Nicolas Darrot Né en 1972 au Havre, vit et travaille à Paris. Invité à créer un dialogue avec le passé et le futur exposant quatre œuvres totalement intégrées dans le parcours de l’exposition, Nicolas Darrot dévoile un univers onirique peuplé de petites marionnettes qui s’agitent, parlent et donnent l’illusion de la vie. Les quatre œuvres – Injonctions II et VI (Peppin’Eyes), L’oreille et Le Pays gras que l’artiste qualifie « d’autoapprenantes » – convoquent un monde aux frontières du vivant et de l’inanimé. Cet artiste contemporain fabrique des automates humains et animaliers qui s’animent à l’approche du visiteur. Il crée de mystérieux personnages dont le principal enjeu est celui d’inculquer la parole à d’étranges machines. Entre conte, fable et vision singulière du monde, il interroge, non sans humour, l’essence du vivant dans son rapport à l’apprentissage. La présence de ce jeune artiste français au milieu des plus grands automatiers du XIXe et du XXe siècle nous rappelle que l’homme cherche toujours à copier, à imiter la nature et à reproduire la nature humaine. Fortes de cet héritage, ses créations contemporaines amènent le spectateur à réfléchir à l’impact de la machine sur les êtres vivants, à l’apprentissage et aux formes de langage générées aujourd’hui. L’oreille Résine, polyestère, servomoteurs et dispositif sonore, 60 x 26,5 x 52 cm 2012 Injonction II, Matériaux divers et servomoteurs, dispositif sonore 2008 Injonction VI – Peepin’eyes, 2010 Matériaux divers et servomoteurs, dispositif sonore/ détail, 2011 Exposition Histoires d’automates – Neuilly-sur-Seine – 9 10 – Exposition Histoires d’automates – Neuilly-sur-Seine Panneau II : L’utilisation de la radiographie Panneau I : Histoire de la collection de Neuilly et de sa restauration Espace pédagogique 53 30 29 28 27 33 31 39 52 51 38 32 26 36 37 35 34 25 40 41 42 23 4 5 6 7 8 22 20 45 21 46 19 18 Mécaniques de salon 1 – La Venise imaginaire 2 – Les six scènes animées 3 – Le théâtre de danseuses 4 – La leçon amoureuse 5 – L’orchestre de singes 6 – La pendule aux singes musiciens 7 – L’horloge les amours au ballon 8 – La pendule au funambule 24 44 43 9 47 2 10 11 12 14 13 49 1 Sortie 54 Entrée À l’imitation de la nature 9 – La vache 10 – Le mas provençal 11 – Le galop à Longchamp 12 – La marine sous globe 13 – La cage à un oiseau 14 – La cage à trois oiseaux 15 – L’oiseau chanteur 16 – Le cache pot avec oiseau chanteur 17 – Le buisson d’oiseaux 3 48 16 15 17 50 Œuvres de Nicolas Darrot 51 – Injonction II, 2008 52 – Injonction VI, 2010 53 – L’oreille, 2008 54 – Le pays gras, 2008 Automates de cirque et de music-hall 33 – Little Tich 34 – Le clown équilibriste sur barres parallèles 35 – Le dandy lunaire 36 – Le clown tireur à l’arc 37 – Pierrot lunaire 38 – Le clown à la guitare carrée 39 – Les chanteurs napolitains 40 – Les clowns insolents 41 – Le clown guitariste effronté 42 – L’escamoteuse 43 – Le nègre joueur de tambour 44 – Le nègre joueur de banjo 45 – Le gentleman fumeur et son chien 46 – Le clown au tambour basque 47 – Le nègre au plateau de fruits 48 – L’éléphant et bayadère 49 – Le lion 50 – La charmeuse de serpent Reflets de nature humaine 18 – La pianiste ou Madame d’Agoult 19 – La ballerine ou le Cygne 20 – L’ange musicien ou Seraphita 21 – La dame à l’éventail 22 – La tricoteuse 23 – Le mangeur de pommes de terre 24 – Le poète en larmes 25 – Le chat botté 26 – L’artiste peintre 27 – La nourrice et le militaire 28 – Le singe cuisinier 29 – Le singe prestidigitateur et les musiciens 30 – Le souper au jardin 31 – Le singe fumeur 32 – Le groom électrique de vitrine Plan de l’exposition Histoires d’automates 3 L’automate à travers l’histoire Depuis l’Antiquité, l’homme a fabriqué des automates. À travers l’histoire, il a toujours « cherché à créer des machines animées reproduisant les mouvements des êtres vivants ». Dans l’Égypte des pharaons, les prêtres ont fait fabriquer des statues, dont une partie a pu être manipulée à l’abri des regards, afin de faire croire qu’elles étaient vivantes. Ils voulaient ainsi frapper l’imagination des spectateurs et augmenter leurs croyances religieuses. Durant l’époque gréco-romaine, le fonctionnement des automates est fondé sur les principes simples de la physique (le mouvement des liquides et la compression de l’air). Leur fabrication donna lieu à de véritables études physiques. À la renaissance et après une longue période d’oubli, l’automate devient familier aux gens de la rue, grâce à l’apparition des horloges animées des grandes cathédrales. Ces scènes représentent des hommes ou des animaux qui se mettent en mouvement pour marquer chaque changement d’heure. Au XVIIe siècle, un nouveau type d’automate apparaît : l’androïde, qui prend forme humaine. Cet automate possède un mécanisme d’horlogerie très complexe. Ainsi il est capable soit de dessiner, d’écrire, soit de jouer d’un petit instrument de musique, et parfois capable d’articuler quelques paroles. Au XIXe siècle, l’industrie du jouet connaît un développement considérable grâce aux progrès techniques et à la multiplication des expositions universelles. Les fabricants d’automates, installés au cœur de Paris, tels Théroude, Vichy, Roullet et Decamps, Phalibois ou Lambert, signent de leur nom leurs créations. Par son aspect « objet d’art » l’automate devient un objet de collection, que l’on expose dans son intérieur, presque comme une œuvre d’art. Il devient l’élément de décoration idéal du salon bourgeois, preuve d’esprit et du goût de son propriétaire. À la fin du XIXe siècle, la création des grands magasins a renforcé la compétition entre les commerçants. La publicité connaît en quelques années un essor considérable. Les passants voient alors fleurir les affiches colorées, les réclames dans les journaux et sur les colonnes Morris. Placé dans les vitrines, l’automate s’adapte aux besoins nouveaux de la publicité afin de séduire le client et l’inciter à pénétrer dans le magasin. L’arrivée de l’électricité transforme définitivement le monde des automates. Ainsi il peut fonctionner en continu sans être remonté. Fabrication d’un automate Imiter, voire recréer la vie, tel est le grand pari des savants, créateurs de jouets et fabricants d’automates qui depuis Vaucanson (1709-1782), ont rivalisé d’ingéniosité dans ce domaine. Tous ont rêvé de reproduire les mouvements humains à la perfection, d’insuffler la vie à la mécanique. Les corps de métiers : La fabrication d’un automate nécessite l’intervention de divers corps de métiers pour la réalisation des modèles. Véritable chef d’orchestre, le fabricant est l’inventeur qui contrôle toute une équipe d’ouvriers : sculpteurs, tourneurs, découpeurs, perceurs, modeleurs, mouleurs façonnent têtes et corps; mécaniciens, horlogers, puis décoreuses, habilleuses, coiffeuses, peintres et doreurs, prennent le relais pour perfectionner le modèle dans les moindres détails, jusqu’aux cordonniers pour les chaussures, tanneurs pour les paupières, et souffleurs de verre pour les yeux. Grâce à cette reconnaissance, alliée aux progrès techniques du XIXe siècle, l’automate, jusque-là pièce unique, peut désormais être fabriqué en série : c’est l’Âge d’or des automates de 1850 à 1915. Exposition Histoires d’automates – Neuilly-sur-Seine – 11 Les étapes : – L’habillage : – Un dessin est réalisé et proposé au commanditaire. Une fois le projet choisi et les mouvements déterminés par le dessinateur, la création peut commencer. À partir du dessin, chaque personnage est d’abord sculpté en terre glaise. L’artiste doit ensuite réaliser un modèle fidèle à l’original. Le dernier travail du fabricant est l’habillage. Toutes les articulations sont d’abord habillées d’un costume de percale, afin de les protéger. L’habillage demande un travail de coupe de grande précision. Les vêtements sont cousus directement sur l’automate et ils ne permettent pas de déshabillage. Ni bouton, ni ouverture ne sont prévues, ce qui complique toute intervention interne postérieure. La décoration des visages, la coiffure, la mise en place d’accessoires donnent toute son originalité et son charme à l’automate. C’est à ce stade que sont jugés l’illusion de la vie et la réussite d’un modèle. – À partir de cette sculpture, un moule en plâtre, appelé le négatif, est découpé en plusieurs morceaux afin de faciliter le démoulage. Puis le positif, c’est-à-dire le corps de l’automate, est obtenu par le démoulage du négatif. – Ensuite, plusieurs couches de papier buvard épais sont superposées sur le moule. Le cartonnage ainsi réalisé est très résistant et facilement transformable. La technique est comparable à celle du papier mâché. C’est le « papinage ». – Suit la mise en place du mécanisme. Cette réalisation est la plus longue, elle est constitué de trois étapes importantes : > Réalisation de la platine de « mouvementage » qui se trouve à l’intérieur des personnages et supporte les différentes pièces servant à donner les mouvements. > Réalisation de la platine mécanique qui peut être placée à l’intérieur ou en dessous de l’automate, dans le plateau supportant la scène. Elle comprend le moteur couplé à un réducteur de vitesse. Les cames sont calculées pour chaque mouvement. Les leviers servent à la lecture de la came. > La liaison entre la platine de mouvementage et la platine mécanique se fait par des fils nommés « tirages » reliés aux leviers. – Après la mise en place du mécanisme, l’automate est enfermé par une bande de tissu collé. Arrivent ensuite les phases de décoration, de ponçage et d’encouchage des parties visibles de l’automate. L’enduit donne un aspect lisse et fini. La mise en couleurs, les peintures à l’huile ou les colorants sont apposés en plusieurs couches. 12 – Exposition Histoires d’automates – Neuilly-sur-Seine 4 Pistes pédagogiques Quelles que soient les conditions de visite, le professeur est toujours responsable de sa classe et il est recommandé une vigilance soutenue à l’égard des élèves et une attention accrue aux règles de respect du lieu, des œuvres, du public et du personnel. Qu’est-ce qu’une exposition ? Une exposition est un lieu de conservation du patrimoine, de transmission de savoir, de découvertes et d’échanges. Tous les objets exposés sont des originaux. À quoi sert une visite ? • Découvrir de nouveaux sujets d’intérêt • Apprendre, grâce aux cartels (petits textes explicatifs à côté des objets exposés) et grâce aux médiateurs lors d’une visite guidée • échanger, grâce à la diversité des publics accueillis, et apprendre le respect des autres Afin de préparer au mieux votre visite vous pouvez : 1. Aborder le vocabulaire de l’exposition Collection : réunion d’objets choisis pour leur intérêt esthétique, leur valeur documentaire, leur contenu intellectuel, leur prix. Espace d’exposition : lieu d’exposition des œuvres d’art. Cimaise : mur d’une salle d’exposition dans une galerie ou un musée. Cartel : étiquette placée près d’une œuvre, précisant le nom de l’artiste, le titre de l’œuvre, la date d’exécution, les matériaux utilisés, la provenance… Notice : texte documentaire apportant des informations sur le travail de l’artiste et l’œuvre présentée. 2. Inventorier les différents types d’automates et leur évolution – Les tableaux mécaniques – Les automates androïdes – Les animaux et les oiseaux chanteurs – Les clowns – les scènes animées sous globe • Ressentir des émotions face aux œuvres • Transmettre et protéger le patrimoine conservé Qui est le médiateur ? Le médiateur culturel accompagne les groupes d’enfants et de jeunes lors de visites et d’ateliers. Son métier est de rendre la thématique de l’exposition accessible et passionnante à tous les jeunes, quel que soit leur âge ou leur niveau. 3. S’interroger sur le thème de l’exposition – Se créer un « horizon d’attente » – Faire des hypothèses à partir du titre de l’exposition Histoires d’automates – Qu’est ce qu’un automate ? – À quoi servaient-ils ? – Quels sont les automates d’aujourd’hui ? – Où peut-on voir des automates aujourd’hui? – Différencier les automates et les robots ? – Pourquoi un robot n’est-il pas un automate ? Exposition Histoires d’automates – Neuilly-sur-Seine – 13 4. Après la visite Pistes de réflexion MATERNELLE ET PRIMAIRE S’exprimer et revenir sur la visite – Quels sont les automates qui ont le plus marqué les élèves ? – Pourquoi ne faut-il pas toucher les automates, ni les mettre en mouvement ? – À quoi servaient les automates de l’exposition ? – Quels sont les matériaux utilisés pour la création d’un automate ? – Décrire l’automate qui a le plus marqué les élèves ? – Raconter les histoires où apparaissent des automates (Pinocchio, Le Magicien d’Oz…) – Agir et s’exprimer avec le corps : – Solliciter les enfants, et les élèves avec tous les sens – Se déguiser et bouger de façon automatique Dessiner – Dessiner un paysage et l’animer – Créer des personnages ou des animaux à animer – Aborder toutes les formes de représentations : 2D, 3D, in situ, installation Autres – Aborder le thème des clowns / des animaux à travers un ou plusieurs automates de la collection – Mettre en place un projet de robotique en classe COLLÈGE ET LYCÉE En arts plastiques – Le corps et ses représentations – La machine, illusions et désillusions – Le mouvement En sciences physiques – Aborder les évolutions technologiques qui ont bouleversé le monde – Étudier le mécanisme d’une horloge : étude des mouvements, les rouages 14 – Exposition Histoires d’automates – Neuilly-sur-Seine – Créer une horloge – Rechercher d’autres moyens pour mesurer le temps En Français – Étude des récits de l’Homme recrée à travers notamment • Les Contes d’Hoffman de Jacques Offenbach • Frankenstein, de Mary Shelley – Évocation de la mythologie : Pandore sculpté par Prométhée, les créatures de Dédale ou encore Pygmalion ou Galatée chez les romains. – Lecture de l’image à travers : • Les temps modernes de Charlie Chaplin • Metropolis de Fritz Lang • Le voyage dans la Lune de Georges Méliès. En musique – Exploitation des bandes sonores : L’éternelle fiancée du docteur Frankenstein de James Whale, Metropolis de Fritz Lang, Terminator de James Cameron, Charlie et la Chocolaterie de Tim Burton, La Règle du jeu de Jean Renoir – L’automate comme moyen de conservation : avant les moyens d’enregistrements modernes, le piano mécanique permettait d’avoir une idée de l’interprétation de grands pianistes en reproduisant fidèlement l’interprétation – L’influence du progrès technique sur la création – L’automate comme instrument et des différents déclinaisons : automates, boîtes à musique, orgues de barbarie, limonaires, piano mécaniques. 5 Annexes Visuels de certaines œuvres exposées La cage à trois oiseaux Bontems Vers 1900 Le poète en larmes Vichy Vers 1900 Little Tich Roullet-Decamps Vers 1910 Pierrot lunaire Vichy Vers 1880 Le dandy lunaire ou Lune fin de siècle Vichy Vers 1890 La ballerine ou le Cygne Roullet-Decamps Vers 1890 La Charmeuse de serpent Roullet-Decamps Vers 1900 Le lion Attribué à Roullet-Decamps Vers 1930 L’ange musicien ou Seraphita Vichy Fin du XIXe siècle D’autres visuels sont disponibles sur demande. Exposition Histoires d’automates – Neuilly-sur-Seine – 15 Bibliographie Glossaire • Bibliographie générale : AMARTIN-SERIN (Annie), La création défiée, l’homme fabriqué dans la littérature, Paris, PUF, 1996 BAILLY (Christian), L’Âge d’or des automates 1848-1914, avec la collaboration de Sharon Bailly, Éditions Scala, 1987 BRETON (Philippe), À l’image de l’homme : du Golem aux créatures artificielles, Éditions du Seuil, Paris, 1995 CHAPUIS (Alfred) & GELIS (Édouard), Le Monde des automates, étude historique et technique, Édition Slatkine, Genève, 1984 (1re édition, 1928) DEVEAUX (Pierre), Automates et automatismes, Collection Que sais-je ? PUF, Paris, n° 29 PRASTEAU (Jean), Les Automates, Gründ, Paris, 1968, Collection de l’Amateur, dirigée par Pierre Mazars, précédé de Rouages de l’automate par André Pieyre de Mandiargues Androïde : automate à figure humaine reproduisant les mouvements de l’Homme (écrire, parler, marcher, jouer de la musique, etc.). Automate : objet mécanique qui imite les mouvements d’un être vivant selon une séquence prédéterminée. Selon les époques, le mécanisme est hydraulique, mécanique ou électrique. L’automate est en mouvement jusqu’à l’arrêt du mécanisme ou l’épuisement de l’énergie. Si l’automate en général est au service de l’Homme, l’automate d’art est créé pour le plaisir, et le divertissement de l’Homme. Automatiers : fabricants des automates regroupant de nombreux corps de métiers, au sein d’ateliers installés pour la plupart dans le quartier du Marais à Paris. Parmi les plus célèbres, on peut retrouver Théroude, Roullet-Decamps, Phalibois entre autres. Came : l’automate est un objet programmé et doté d’une mémoire. Le support en est une pièce tournante appelée « came ». C’est en général un disque non circulaire à saillie ou encoche, servant à transformer un mouvement de rotation en un mouvement de translation. Cartel : étiquette placée près d’une œuvre, précisant le nom de l’artiste, le titre de l’œuvre, la date d’exécution, les matériaux utilisés, la provenance. Ces éléments permettent d’obtenir des informations sur l’objet exposé. Cirque et music-hall : très en vogue à la fin du XIXe siècle, les cirques sont une source d’inspiration pour les automates, attirés par la popularité des clowns et stars, mais aussi par le défi technique qui consiste à reproduire les mouvements de leurs acrobaties. Conservation : la conservation est l’acte qui consiste à préserver un objet dans un état constant pour la présentation à des générations futures. Dans le cas des automates, le mouvement est synonyme d’usures incompatibles avec la notion de restauration. La restauration n’a pas pour objectif de permettre un fondement régulier des automates mais de les maintenir en état de présentation comme témoins du passé. Radiographie : technique d’imagerie non destructrice par rayon X utilisée pour identifier les pannes à l’intérieur d’un automate et faciliter la compréhension des mécanismes. Robot : machine dotée d’un mécanisme automatique qui peut se substituer à l’Homme pour effectuer une tâche (robot industriel, ménagers, etc.). Tableau mécanique : pourvus souvent d’une horloge et toujours d’une boîte à musique, sont composés à l’avant d’images à silhouettes découpées en tôle ou en carton qui basculent sous l’effet du mécanisme entraîné par le moteur à ressort, dissimulé à l’arrière. • Automates dans quelques œuvres de fiction : ANDERSEN (Hans Christian), Le Rossignol de l’Empereur de Chine, 1948 BAUM (Lyman Frank), Le Magicien d’Oz, 1900 BOIX (Armando), Le jardin des automates, Castor Poche Flammarion, Paris, 2000 COLIN (Fabrice), GABORIT (Mathieu), Confession d’un automate mangeur d’opium, 1999 COLLODI (Carlo), Pinocchio, 1912 HOBAN (Russel), L’automate et son fils, Page blanche Gallimard, Paris, 1987 GISBERT (Joan Manuel), Le mystère de la femme automate, Hachette, Livre de Poche Jeunesse, n°4, 1993 Paris, 1821 LOEHR (Robert), Le Secret de l’Automate, 2007 MERIMÉE (Prosper), La Vénus d’Ille, 1837 POE (Edgar Allan), Le joueur d’échecs de Maezel, 1836 SHELLEY (Mary), Frankenstein ou Le Prométhée moderne, 1818 VERNE (Jules), Maître Zacharius ou l’horloger qui avait perdu son âme, 1854 VILLIERS DE L’ISLE-ADAM (Auguste), L’Ève future, 1886 HOFFMANN (Ernst Theodor Amadeus), L’homme au sable, Nathan Poche, Paris, 1984 HOFFMANN (Ernst Theodor Amadeus), Les Automates et autres nouvelles, Deux Coqs d’Or, 1996