dossier pédagogique - Ville de Neuilly-sur-Seine Ville de Neuilly

Transcription

dossier pédagogique - Ville de Neuilly-sur-Seine Ville de Neuilly
dossier pédagogique
Du 5 novembre au 29 décembre 2013
À l’attention des enseignants et de leurs élèves
Propositions d’accompagnement pédagogique
de la maternelle au lycée
Exposition Hi
Informations pratiques
Horaires
Du mardi 5 novembre au dimanche 29 décembre 2013
Ouvert du mardi au dimanche de 13 h à 19 h
Fermetures exceptionnelles : dimanche 15 et mercredi 25 décembre
Les visites guidées pour les scolaires durent une heure
Du mardi au vendredi sur réservation
Contacts
Laure Christien, responsable de la médiation – chargée des arts visuels
[email protected]
Isabelle Suffice, chargée des communautés éducatives
01 55 62 60 34 – [email protected]
Accueil du Théâtre des Sablons : 01 55 62 61 20
Tarifs
Entrée de l’exposition, visite et animations gratuites pour les établissements
scolaires de la ville de Neuilly-sur-Seine et sur réservation
3 € par élève pour les établissements scolaires hors de Neuilly-sur-Seine
Théâtre des Sablons
62-70, avenue du Roule
www.theatredessablons.com
Sommaire
1. Présentation de l’exposition ------------------------------------------ Page 3
2. Parcours de l’exposition---------------------------------------------- Page 4
3. L’automate à travers l’histoire--------------------------------------- Page 10
4. Pistes pédagogiques ------------------------------------------------ Page 12
5. Annexes------------------------------------------------------------- Page 14
– Visuels disponibles
– Glossaire
– Bibliographie
Consignes de sécurité
Dans le but d’organiser votre visite
au mieux, voici quelques consignes
qui nous permettront à tous de travailler dans de bonnes conditions :
• Avant la visite, il est nécessaire
de préparer les élèves au lieu. Il
est nécessaire de le respecter,
de respecter les objets présentés
ainsi que les autres personnes qui
peuvent en profiter.
Cela signifie : ne pas toucher aux
œuvres et, pour cela, ne pas courir,
se bousculer, ne pas s’approcher
trop près ; ne pas crier, respecter
les mêmes règles de prise de parole
qu’en classe.
• Pendant la visite, l’enseignant et
les accompagnateurs sont là pour
encadrer le groupe et permettre
aux élèves de participer au mieux à
la visite menée par les médiateurs.
Le matériel nécessaire est fourni.
L’élève ne doit prendre avec lui ni
trousse, ni cahier, ni sac, ni boisson,
ni nourriture. Tout doit être déposé
au vestiaire.
Exposition Histoires d’automates – Neuilly-sur-Seine – 3
1 Présentation de l’exposition
Dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert,
l’automate est ainsi défini : « Machine qui porte en
elle le principe de son mouvement ». Si l’automate
passionne les hommes depuis l’Antiquité, il connaît
en France dans la seconde moitié du XIXe siècle un
véritable Âge d’or, marqué par une production variée
(tableaux mécaniques, oiseaux chanteurs, androïdes,
scènes sous globe…) et une grande créativité. Selon
leur nature, les automates servent à agrémenter les
salons, sont des objets de collection ou alors de petits
jouets automates pour les enfants. Reflets de toutes
les évolutions techniques, ils sont pourvus de moteurs
électriques au début du XXe siècle et servent alors de
supports de publicité ou à animer les vitrines des
magasins.
La collection d’automates de Neuilly est représentative
de la production de la fin du XIXe siècle et du début du
XXe siècle. Elle a été constituée par Jacques Damiot
(1914-1983), collectionneur éclairé, et cédée à la ville
de Neuilly en 1978. Les fabricants qui y sont associés
sont parmi les plus célèbres de l’époque : Alexandre
Théroude, Gustave Vichy, Jean Roullet et Ernest
Decamps, Blaise Bontems, Jean-Marie Phalibois et
Léopold Lambert.
Automates à musique, tableaux mécaniques, scènes
animées sous globe, androïdes, clowns, oiseaux
chanteurs et animaux mécanisés ou électriques…
La variété des thèmes représentés, la diversité des
personnages, la richesse des savoir-faire nécessaires
à leur fabrication font de ces objets des fenêtres
ouvertes sur le rêve.
L’exposition a été imaginée comme une promenade
féérique et ludique qui laisse place au mystère, à la
curiosité et à l’émerveillement. Élaborée sur l’idée de
la métaphore de la vie et de la condition humaine, elle
s’articule autour des thématiques suivantes :
• la mécanique des salons
• l’imitation de la nature
• les reflets de la nature humaine
• les artistes de spectacle vivant
La Charmeuse de serpent
Roullet-Decamps
Vers 1900
4 – Exposition Histoires d’automates – Neuilly-sur-Seine
2 Parcours de l’exposition
SECTION I : La mécanique des salons
Images mécaniques
Imitation de la nature
Avant la Révolution, les automates sont des objets
scientifiques, conservés dans des cabinets de
curiosités. Au siècle suivant, les tableaux mécaniques,
plus ludiques et décoratifs connaissent un grand
succès.
La nature est une source d’inspiration pour les
créateurs d’automates qui cherchent à saisir le galop
des chevaux ou à créer des animaux animés. Parmi
ces derniers, les oiseaux mécaniques sont peut-être
les plus anciens et les plus complexes sur le plan
technique, puisqu’en plus du mouvement de l’oiseau,
il faut parvenir à rendre la beauté de son chant en
utilisant soufflet, air comprimé et sifflet à piston…
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, ces automates
connaissent un grand succès. Dès 1849, Blaise
Bontems (1814-1881), maître incontesté de cette
spécialité, produit une multitude d’oiseaux sur
buisson, sur horloge ou en cage. Les maisons Vichy
et Roullet-Decamps produisent elles aussi beaucoup
d’animaux animés.
Les six scènes animées
Dejort – Seconde moitié du XIXe siècle
De fabrication artisanale, ils peuvent être classés en
trois catégories :
– Les tableaux mécaniques, pourvus souvent d’une
horloge et toujours d’une boîte à musique, sont
composés à l’avant d’images à silhouettes découpées
en tôle ou en carton qui basculent sous l’effet du
mécanisme entraîné par le moteur à ressort, dissimulé
à l’arrière.
– Les tableaux horloges sont constitués d’une toile
peinte présentant généralement un clocher d’église,
dont le sommet découpé permet de loger le cadran
émaillé d’une horloge.
– Les tableaux animés en relief avec automates
consistent en des saynètes en relief composées de
figurines en trois dimensions.
La cage à trois oiseaux
Bontemps
Vers 1900
Les tableaux mécaniques offrent une peinture des
activités humaines. D’autres illustrent des scènes
de genre reprises de gravures de l’époque. Plus
humoristiques ou ironiques, d’autres présentent des
singeries qui stigmatisent les comportements humains.
Exposition Histoires d’automates – Neuilly-sur-Seine – 5
SECTION II : Reflets de la nature humaine
De tous les automates, les personnages à
ressemblance humaine restent les plus aboutis et
les plus représentatifs du savoir-faire des fabricants
qui rivalisent au XIXe siècle avec des modèles de plus
en plus complexes.
Les premiers androïdes sont présentés sur des
socles qui renferment le moteur. En 1860, Alexandre
Théroude a l’idée de placer tout le mécanisme, moteur
inclus, directement dans le corps des automates. La
pratique se généralise rapidement. L’ingéniosité des
maîtres automatiers réside alors dans la dissimulation
du mécanisme afin de surprendre le spectateur et de
parfaire l’illusion d’autonomie des personnages.
Les mécanismes sont conçus à partir du schéma
suivant : un moteur à ressort actionne des cames
qui, par le biais d’une tringlerie reliée à une plaque
de mouvementage située dans le buste, animent les
membres du personnage. Les mouvements d’un
automate suivent un cycle programmé et se succèdent
aussi longtemps que le moteur tourne. À ce principe de
fonctionnement équipant tous les androïdes, certains
fabricants ajoutent des systèmes plus perfectionnés,
comme par exemple des soufflets permettant au
personnage de fumer.
L’illusion de la vie est aussi donnée par les couleurs
ajoutées sur les visages de carton, le battement des
paupières en cuir, la poitrine qui peut se soulever
pour donner l’impression que le personnage respire.
Ces automates reprennent les activités de la vie
quotidienne de l’époque : pianiste, dame à l’éventail,
artiste peintre, ballerine, tricoteuse, ou font référence
à des personnages littéraires comme le poète en
larmes. L’activité humaine est également illustrée par
de petites scènes sous globe comme la Nourrice et le
Militaire mais également moquée par des singeries,
très en vogue depuis le XVIIIe siècle.
6 – Exposition Histoires d’automates – Neuilly-sur-Seine
L’ange musicien
ou Seraphita
Vichy
Fin du XIXe siècle
Le poète en larmes
Vichy
Vers 1900
SECTION PÉDAGOGIQUE : Au cœur de l’automate
À l’origine de cette prestigieuse collection se trouvait
un homme passionné, Jacques Damiot, antiquaire,
considéré comme le plus grand collectionneur
français d’automates. En 45 ans, il a rassemblé une
collection d’une soixantaine de pièces du XIXe siècle,
l’une des plus belles d’Europe, et rachetée par la
ville de Neuilly-sur-Seine.
En 1997, il a été décidé de prendre des mesures de
conservation préventive et d’opter pour une campagne
de restauration de type « conservation curative »
des œuvres, conduite de 2002 à 2005. Conserver
et présenter des automates relève d’une certaine
gageure. Ils appartiennent en effet à une famille
d’objets qui, comme les instruments de musique,
possèdent à la fois une forme esthétique, mais aussi
une fonction perceptible uniquement lors de la mise
en marche.
Dans le cas précis des automates, le mouvement
est aussi synonyme d’usures incompatibles avec
la notion de conservation. La remise en état de
marche d’un automate nécessite bien souvent le
remplacement de pièces lui faisant perdre son statut
d’objets dans son état d’origine. S’il est très facile
d’accéder aux mécanismes d’un tableau animé,
il est en revanche très difficile d’intervenir sur un
androïde sans démonter le costume et sans découper
le cartonnage. La restauration n’a donc pas pour
objectif de permettre un fonctionnement régulier
des automates, mais de les maintenir en état de
présentation et de conservation, comme témoins du
passé.
L’utilisation de la radiographie
Le travail des restaurateurs a bénéficié d’une campagne
exceptionnelle de radiographie réalisée au Centre de
recherche et de restauration des musées de France
(Laboratoire du Louvre). Pour les automates dont le
mécanisme n’est pas accessible, soit 31 d’entre eux,
la radiographie, technique d’imagerie non destructive,
fournit une multitude d’informations. L’objectif est
double : aider le restaurateur à localiser les pannes et
faciliter la compréhension des mécanismes.
La radiographie rend en effet possible la localisation
du moteur et des pièces métalliques du mécanisme.
Elle permet aussi d’infirmer ou de confirmer la
présence d’une boîte à musique qui ne fonctionnerait
plus. Enfin, elle est surtout utile pour voir les
transmissions qui sont toujours inaccessibles et
bien visibles car moins opaques que le moteur. En
revanche, elle ne fournit pas d’information sur les
matériaux organiques que sont, par exemple, les
tirages en ficelle.
Dix restaurateurs spécialisés dans une technique
ou un matériau ont travaillé conjointement pendant
trois années selon une déontologie précise, visant à
intervenir le moins possible et à garder au maximum
les matériaux d’origine.
La Charmeuse de serpent
Radiographie de Thierry Borel
Centre de recherche et de
restauration des musées de France
Exposition Histoires d’automates – Neuilly-sur-Seine – 7
SECTION III : Automates du spectacle vivant
acrobaties. Auguste Triboulet, successeur de Gustave
Vichy, a ainsi été inspiré pour ses automates Clowns
insolents par le numéro de deux comiques de musichall, les frères Hanlon Lee, qui s’habillaient toujours
de façon identique, en habit à queue de pie et jouaient
de la guitare avec des casseroles.
Little Tich
Roullet-Decamps
Vers 1910
Deux automates, Dandy et Pierrot lunaires, évoquent
l’intérêt pour la lune qui devient alors un thème de
prédilection dans plusieurs domaines artistiques. Elle
inspire en effet Jules Verne pour son roman De la Terre
à la Lune (1865) et le cinéaste Georges Méliès pour
son film Le voyage dans la Lune
(1902). Dans l’automate Dandy
Lunaire, cette fascination se
trouve associée au dandysme,
autre idée forte de cette fin
de siècle.
En cette fin de XIXe siècle, le cirque et le music-hall
connaissent eux aussi un Âge d’or. Paris compte alors
une multitude de cirques (cirques d’Hiver, Olympique,
des Champs-Élysées, Médrano…) et de très nombreux
cafés-concerts où l’on peut dîner tout en regardant
un spectacle (Alhambra, Folies Bergère, Olympia…).
Les parisiens se pressent pour admirer les danses
indiennes de Nala Damajanti, les acrobaties de Little
Tich, les numéros des clowns Fratellini, Médrano,
Foottit et Chocolat. Magiciens et escamoteurs
enchantent également le public à la recherche
de merveilleux, mais aussi d’exotisme comme le
montrent les automates de La Charmeuse de serpent
et du Nègre au plateau de fruits.
Les clowns et stars du music-hall, figures excentriques
par excellence, ne peuvent qu’inspirer les artistes
comme Toulouse-Lautrec et développer la créativité
des automatiers, attirés à la fois par la popularité de
ces personnages et par le défi technique qui consiste
à reproduire les mouvements complexes de leurs
8 – Exposition Histoires d’automates – Neuilly-sur-Seine
Le dandy lunaire
ou Lune fin
de siècle
Vichy
Vers 1890
Automates contemporains : Nicolas Darrot
Né en 1972 au Havre, vit et travaille à Paris.
Invité à créer un dialogue avec le passé et le futur
exposant quatre œuvres totalement intégrées dans
le parcours de l’exposition, Nicolas Darrot dévoile
un univers onirique peuplé de petites marionnettes
qui s’agitent, parlent et donnent l’illusion de la vie.
Les quatre œuvres – Injonctions II et VI (Peppin’Eyes),
L’oreille et Le Pays gras que l’artiste qualifie « d’autoapprenantes » – convoquent un monde aux frontières
du vivant et de l’inanimé.
Cet artiste contemporain fabrique des automates
humains et animaliers qui s’animent à l’approche
du visiteur. Il crée de mystérieux personnages dont
le principal enjeu est celui d’inculquer la parole à
d’étranges machines. Entre conte, fable et vision
singulière du monde, il interroge, non sans humour,
l’essence du vivant dans son rapport à l’apprentissage.
La présence de ce jeune artiste français au milieu des
plus grands automatiers du XIXe et du XXe siècle nous
rappelle que l’homme cherche toujours à copier, à
imiter la nature et à reproduire la nature humaine.
Fortes de cet héritage, ses créations contemporaines
amènent le spectateur à réfléchir à l’impact de la
machine sur les êtres vivants, à l’apprentissage et aux
formes de langage générées aujourd’hui.
L’oreille
Résine, polyestère, servomoteurs et
dispositif sonore, 60 x 26,5 x 52 cm
2012
Injonction II,
Matériaux divers
et servomoteurs,
dispositif sonore
2008
Injonction VI –
Peepin’eyes, 2010
Matériaux divers
et servomoteurs,
dispositif sonore/
détail, 2011
Exposition Histoires d’automates – Neuilly-sur-Seine – 9
10 – Exposition Histoires d’automates – Neuilly-sur-Seine
Panneau II : L’utilisation de
la radiographie
Panneau I : Histoire de la
collection de Neuilly et de
sa restauration
Espace pédagogique
53
30
29
28
27
33
31
39
52
51
38
32
26
36
37
35
34
25 40
41
42
23
4
5
6
7
8
22
20
45
21 46
19
18
Mécaniques de salon
1 – La Venise imaginaire
2 – Les six scènes animées
3 – Le théâtre de danseuses
4 – La leçon amoureuse
5 – L’orchestre de singes
6 – La pendule aux singes musiciens
7 – L’horloge les amours au ballon
8 – La pendule au funambule
24
44
43
9
47
2
10
11
12
14
13
49
1
Sortie
54
Entrée
À l’imitation de la nature
9 – La vache
10 – Le mas provençal
11 – Le galop à Longchamp
12 – La marine sous globe
13 – La cage à un oiseau
14 – La cage à trois oiseaux
15 – L’oiseau chanteur
16 – Le cache pot avec oiseau chanteur
17 – Le buisson d’oiseaux
3
48
16
15
17
50
Œuvres de Nicolas Darrot
51 – Injonction II, 2008
52 – Injonction VI, 2010
53 – L’oreille, 2008
54 – Le pays gras, 2008
Automates de cirque et de music-hall
33 – Little Tich
34 – Le clown équilibriste sur barres parallèles
35 – Le dandy lunaire
36 – Le clown tireur à l’arc
37 – Pierrot lunaire
38 – Le clown à la guitare carrée
39 – Les chanteurs napolitains
40 – Les clowns insolents
41 – Le clown guitariste effronté
42 – L’escamoteuse
43 – Le nègre joueur de tambour
44 – Le nègre joueur de banjo
45 – Le gentleman fumeur et son chien
46 – Le clown au tambour basque
47 – Le nègre au plateau de fruits
48 – L’éléphant et bayadère
49 – Le lion
50 – La charmeuse de serpent
Reflets de nature humaine
18 – La pianiste ou Madame d’Agoult
19 – La ballerine ou le Cygne
20 – L’ange musicien ou Seraphita
21 – La dame à l’éventail
22 – La tricoteuse
23 – Le mangeur de pommes de terre
24 – Le poète en larmes
25 – Le chat botté
26 – L’artiste peintre
27 – La nourrice et le militaire
28 – Le singe cuisinier
29 – Le singe prestidigitateur et les musiciens
30 – Le souper au jardin
31 – Le singe fumeur
32 – Le groom électrique de vitrine
Plan de l’exposition Histoires d’automates
3 L’automate à travers l’histoire
Depuis l’Antiquité, l’homme a fabriqué des automates.
À travers l’histoire, il a toujours « cherché à créer des
machines animées reproduisant les mouvements des
êtres vivants ».
Dans l’Égypte des pharaons, les prêtres ont fait
fabriquer des statues, dont une partie a pu être
manipulée à l’abri des regards, afin de faire croire
qu’elles étaient vivantes. Ils voulaient ainsi frapper
l’imagination des spectateurs et augmenter leurs
croyances religieuses.
Durant l’époque gréco-romaine, le fonctionnement
des automates est fondé sur les principes simples
de la physique (le mouvement des liquides et la
compression de l’air). Leur fabrication donna lieu à de
véritables études physiques.
À la renaissance et après une longue période d’oubli,
l’automate devient familier aux gens de la rue, grâce
à l’apparition des horloges animées des grandes
cathédrales. Ces scènes représentent des hommes
ou des animaux qui se mettent en mouvement pour
marquer chaque changement d’heure.
Au XVIIe siècle, un nouveau type d’automate apparaît :
l’androïde, qui prend forme humaine. Cet automate
possède un mécanisme d’horlogerie très complexe.
Ainsi il est capable soit de dessiner, d’écrire, soit de
jouer d’un petit instrument de musique, et parfois
capable d’articuler quelques paroles.
Au XIXe siècle, l’industrie du jouet connaît un
développement considérable grâce aux progrès
techniques et à la multiplication des expositions
universelles. Les fabricants d’automates, installés
au cœur de Paris, tels Théroude, Vichy, Roullet et
Decamps, Phalibois ou Lambert, signent de leur nom
leurs créations.
Par son aspect « objet d’art » l’automate devient un
objet de collection, que l’on expose dans son intérieur,
presque comme une œuvre d’art. Il devient l’élément
de décoration idéal du salon bourgeois, preuve d’esprit
et du goût de son propriétaire.
À la fin du XIXe siècle, la création des grands magasins
a renforcé la compétition entre les commerçants.
La publicité connaît en quelques années un essor
considérable. Les passants voient alors fleurir les
affiches colorées, les réclames dans les journaux et
sur les colonnes Morris.
Placé dans les vitrines, l’automate s’adapte aux
besoins nouveaux de la publicité afin de séduire le
client et l’inciter à pénétrer dans le magasin.
L’arrivée de l’électricité transforme définitivement
le monde des automates. Ainsi il peut fonctionner en
continu sans être remonté.
Fabrication d’un automate
Imiter, voire recréer la vie, tel est le grand pari
des savants, créateurs de jouets et fabricants
d’automates qui depuis Vaucanson (1709-1782), ont
rivalisé d’ingéniosité dans ce domaine. Tous ont
rêvé de reproduire les mouvements humains à la
perfection, d’insuffler la vie à la mécanique.
Les corps de métiers :
La fabrication d’un automate nécessite l’intervention
de divers corps de métiers pour la réalisation des
modèles. Véritable chef d’orchestre, le fabricant
est l’inventeur qui contrôle toute une équipe
d’ouvriers : sculpteurs, tourneurs, découpeurs,
perceurs, modeleurs, mouleurs façonnent têtes et
corps; mécaniciens, horlogers, puis décoreuses,
habilleuses, coiffeuses, peintres et doreurs,
prennent le relais pour perfectionner le modèle dans
les moindres détails, jusqu’aux cordonniers pour
les chaussures, tanneurs pour les paupières, et
souffleurs de verre pour les yeux.
Grâce à cette reconnaissance, alliée aux progrès
techniques du XIXe siècle, l’automate, jusque-là pièce
unique, peut désormais être fabriqué en série : c’est
l’Âge d’or des automates de 1850 à 1915.
Exposition Histoires d’automates – Neuilly-sur-Seine – 11
Les étapes :
– L’habillage :
– Un dessin est réalisé et proposé au commanditaire.
Une fois le projet choisi et les mouvements déterminés
par le dessinateur, la création peut commencer. À
partir du dessin, chaque personnage est d’abord
sculpté en terre glaise. L’artiste doit ensuite réaliser
un modèle fidèle à l’original.
Le dernier travail du fabricant est l’habillage.
Toutes les articulations sont d’abord habillées d’un
costume de percale, afin de les protéger. L’habillage
demande un travail de coupe de grande précision. Les
vêtements sont cousus directement sur l’automate
et ils ne permettent pas de déshabillage. Ni bouton,
ni ouverture ne sont prévues, ce qui complique toute
intervention interne postérieure. La décoration des
visages, la coiffure, la mise en place d’accessoires
donnent toute son originalité et son charme à
l’automate. C’est à ce stade que sont jugés l’illusion
de la vie et la réussite d’un modèle.
– À partir de cette sculpture, un moule en plâtre, appelé
le négatif, est découpé en plusieurs morceaux afin de
faciliter le démoulage. Puis le positif, c’est-à-dire le
corps de l’automate, est obtenu par le démoulage du
négatif.
– Ensuite, plusieurs couches de papier buvard épais
sont superposées sur le moule. Le cartonnage ainsi
réalisé est très résistant et facilement transformable.
La technique est comparable à celle du papier mâché.
C’est le « papinage ».
– Suit la mise en place du mécanisme. Cette réalisation
est la plus longue, elle est constitué de trois étapes
importantes :
> Réalisation de la platine de « mouvementage » qui
se trouve à l’intérieur des personnages et supporte les
différentes pièces servant à donner les mouvements.
> Réalisation de la platine mécanique qui peut être
placée à l’intérieur ou en dessous de l’automate, dans
le plateau supportant la scène. Elle comprend le
moteur couplé à un réducteur de vitesse. Les cames
sont calculées pour chaque mouvement. Les leviers
servent à la lecture de la came.
> La liaison entre la platine de mouvementage et
la platine mécanique se fait par des fils nommés
« tirages » reliés aux leviers.
– Après la mise en place du mécanisme, l’automate
est enfermé par une bande de tissu collé.
Arrivent ensuite les phases de décoration, de ponçage
et d’encouchage des parties visibles de l’automate.
L’enduit donne un aspect lisse et fini. La mise en
couleurs, les peintures à l’huile ou les colorants sont
apposés en plusieurs couches.
12 – Exposition Histoires d’automates – Neuilly-sur-Seine
4 Pistes pédagogiques
Quelles que soient les conditions de visite, le professeur
est toujours responsable de sa classe et il est
recommandé une vigilance soutenue à l’égard des
élèves et une attention accrue aux règles de respect du
lieu, des œuvres, du public et du personnel.
Qu’est-ce qu’une exposition ?
Une exposition est un lieu de conservation du
patrimoine, de transmission de savoir, de découvertes
et d’échanges. Tous les objets exposés sont des
originaux.
À quoi sert une visite ?
• Découvrir de nouveaux sujets d’intérêt
• Apprendre, grâce aux cartels (petits textes explicatifs
à côté des objets exposés) et grâce aux médiateurs
lors d’une visite guidée
• échanger, grâce à la diversité des publics accueillis,
et apprendre le respect des autres
Afin de préparer au mieux votre visite
vous pouvez :
1. Aborder le vocabulaire de l’exposition
Collection : réunion d’objets choisis pour leur intérêt
esthétique, leur valeur documentaire, leur contenu
intellectuel, leur prix.
Espace d’exposition : lieu d’exposition des œuvres
d’art.
Cimaise : mur d’une salle d’exposition dans une
galerie ou un musée.
Cartel : étiquette placée près d’une œuvre, précisant le
nom de l’artiste, le titre de l’œuvre, la date d’exécution,
les matériaux utilisés, la provenance…
Notice : texte documentaire apportant des informations
sur le travail de l’artiste et l’œuvre présentée.
2. Inventorier les différents types d’automates et
leur évolution
– Les tableaux mécaniques
– Les automates androïdes
– Les animaux et les oiseaux chanteurs
– Les clowns
– les scènes animées sous globe
• Ressentir des émotions face aux œuvres
• Transmettre et protéger le patrimoine conservé
Qui est le médiateur ?
Le médiateur culturel accompagne les groupes
d’enfants et de jeunes lors de visites et d’ateliers. Son
métier est de rendre la thématique de l’exposition
accessible et passionnante à tous les jeunes, quel que
soit leur âge ou leur niveau.
3. S’interroger sur le thème de l’exposition
– Se créer un « horizon d’attente »
– Faire des hypothèses à partir du titre de l’exposition
Histoires d’automates
– Qu’est ce qu’un automate ?
– À quoi servaient-ils ?
– Quels sont les automates d’aujourd’hui ?
– Où peut-on voir des automates aujourd’hui?
– Différencier les automates et les robots ?
– Pourquoi un robot n’est-il pas un automate ?
Exposition Histoires d’automates – Neuilly-sur-Seine – 13
4. Après la visite
Pistes de réflexion
MATERNELLE ET PRIMAIRE
S’exprimer et revenir sur la visite
– Quels sont les automates qui ont le plus marqué les
élèves ?
– Pourquoi ne faut-il pas toucher les automates, ni les
mettre en mouvement ?
– À quoi servaient les automates de l’exposition ?
– Quels sont les matériaux utilisés pour la création
d’un automate ?
– Décrire l’automate qui a le plus marqué les élèves ?
– Raconter les histoires où apparaissent des automates
(Pinocchio, Le Magicien d’Oz…)
– Agir et s’exprimer avec le corps :
– Solliciter les enfants, et les élèves avec tous
les sens
– Se déguiser et bouger de façon automatique
Dessiner
– Dessiner un paysage et l’animer
– Créer des personnages ou des animaux à animer
– Aborder toutes les formes de représentations : 2D,
3D, in situ, installation
Autres
– Aborder le thème des clowns / des animaux à
travers un ou plusieurs automates de la collection
– Mettre en place un projet de robotique en classe
COLLÈGE ET LYCÉE
En arts plastiques
– Le corps et ses représentations
– La machine, illusions et désillusions
– Le mouvement
En sciences physiques
– Aborder les évolutions technologiques qui ont
bouleversé le monde
– Étudier le mécanisme d’une horloge : étude des
mouvements, les rouages
14 – Exposition Histoires d’automates – Neuilly-sur-Seine
– Créer une horloge
– Rechercher d’autres moyens pour mesurer le temps
En Français
– Étude des récits de l’Homme recrée à travers
notamment
• Les Contes d’Hoffman de Jacques Offenbach
• Frankenstein, de Mary Shelley
– Évocation de la mythologie : Pandore sculpté par
Prométhée, les créatures de Dédale ou encore
Pygmalion ou Galatée chez les romains.
– Lecture de l’image à travers :
• Les temps modernes de Charlie Chaplin
• Metropolis de Fritz Lang
• Le voyage dans la Lune de Georges Méliès.
En musique
– Exploitation des bandes sonores : L’éternelle fiancée
du docteur Frankenstein de James Whale, Metropolis
de Fritz Lang, Terminator de James Cameron, Charlie
et la Chocolaterie de Tim Burton, La Règle du jeu de
Jean Renoir
– L’automate comme moyen de conservation : avant
les moyens d’enregistrements modernes, le
piano mécanique permettait d’avoir une idée de
l’interprétation de grands pianistes en reproduisant
fidèlement l’interprétation
– L’influence du progrès technique sur la création
– L’automate comme instrument et des différents
déclinaisons : automates, boîtes à musique, orgues
de barbarie, limonaires, piano mécaniques.
5 Annexes
Visuels de certaines œuvres exposées
La cage à trois oiseaux
Bontems
Vers 1900
Le poète en larmes
Vichy
Vers 1900
Little Tich
Roullet-Decamps
Vers 1910
Pierrot lunaire
Vichy
Vers 1880
Le dandy lunaire
ou Lune fin de siècle
Vichy
Vers 1890
La ballerine
ou le Cygne
Roullet-Decamps
Vers 1890
La Charmeuse de serpent
Roullet-Decamps
Vers 1900
Le lion
Attribué à Roullet-Decamps
Vers 1930
L’ange musicien ou Seraphita
Vichy
Fin du XIXe siècle
D’autres visuels sont disponibles sur demande.
Exposition Histoires d’automates – Neuilly-sur-Seine – 15
Bibliographie
Glossaire
• Bibliographie générale :
AMARTIN-SERIN (Annie), La création défiée, l’homme
fabriqué dans la littérature, Paris, PUF, 1996
BAILLY (Christian), L’Âge d’or des automates 1848-1914,
avec la collaboration de Sharon Bailly, Éditions Scala,
1987
BRETON (Philippe), À l’image de l’homme : du Golem
aux créatures artificielles, Éditions du Seuil, Paris, 1995
CHAPUIS (Alfred) & GELIS (Édouard), Le Monde des
automates, étude historique et technique, Édition
Slatkine, Genève, 1984 (1re édition, 1928)
DEVEAUX (Pierre), Automates et automatismes,
Collection Que sais-je ? PUF, Paris, n° 29
PRASTEAU (Jean), Les Automates, Gründ, Paris, 1968,
Collection de l’Amateur, dirigée par Pierre Mazars,
précédé de Rouages de l’automate par André Pieyre de
Mandiargues
Androïde : automate à figure humaine reproduisant
les mouvements de l’Homme (écrire, parler, marcher,
jouer de la musique, etc.).
Automate : objet mécanique qui imite les
mouvements d’un être vivant selon une séquence
prédéterminée. Selon les époques, le mécanisme est
hydraulique, mécanique ou électrique. L’automate
est en mouvement jusqu’à l’arrêt du mécanisme ou
l’épuisement de l’énergie. Si l’automate en général est
au service de l’Homme, l’automate d’art est créé pour
le plaisir, et le divertissement de l’Homme.
Automatiers : fabricants des automates regroupant
de nombreux corps de métiers, au sein d’ateliers
installés pour la plupart dans le quartier du Marais
à Paris. Parmi les plus célèbres, on peut retrouver
Théroude, Roullet-Decamps, Phalibois entre autres.
Came : l’automate est un objet programmé et doté d’une
mémoire. Le support en est une pièce tournante appelée
« came ». C’est en général un disque non circulaire à
saillie ou encoche, servant à transformer un mouvement
de rotation en un mouvement de translation.
Cartel : étiquette placée près d’une œuvre, précisant
le nom de l’artiste, le titre de l’œuvre, la date
d’exécution, les matériaux utilisés, la provenance. Ces
éléments permettent d’obtenir des informations sur
l’objet exposé.
Cirque et music-hall : très en vogue à la fin du XIXe
siècle, les cirques sont une source d’inspiration pour
les automates, attirés par la popularité des clowns et
stars, mais aussi par le défi technique qui consiste à
reproduire les mouvements de leurs acrobaties.
Conservation : la conservation est l’acte qui consiste
à préserver un objet dans un état constant pour la
présentation à des générations futures. Dans le cas
des automates, le mouvement est synonyme d’usures
incompatibles avec la notion de restauration. La
restauration n’a pas pour objectif de permettre un
fondement régulier des automates mais de les maintenir
en état de présentation comme témoins du passé.
Radiographie : technique d’imagerie non destructrice
par rayon X utilisée pour identifier les pannes à
l’intérieur d’un automate et faciliter la compréhension
des mécanismes.
Robot : machine dotée d’un mécanisme automatique
qui peut se substituer à l’Homme pour effectuer une
tâche (robot industriel, ménagers, etc.).
Tableau mécanique : pourvus souvent d’une horloge
et toujours d’une boîte à musique, sont composés à
l’avant d’images à silhouettes découpées en tôle ou
en carton qui basculent sous l’effet du mécanisme
entraîné par le moteur à ressort, dissimulé à l’arrière.
• Automates dans quelques œuvres de fiction :
ANDERSEN (Hans Christian), Le Rossignol de
l’Empereur de Chine, 1948
BAUM (Lyman Frank), Le Magicien d’Oz, 1900
BOIX (Armando), Le jardin des automates, Castor Poche
Flammarion, Paris, 2000
COLIN (Fabrice), GABORIT (Mathieu), Confession d’un
automate mangeur d’opium, 1999
COLLODI (Carlo), Pinocchio, 1912
HOBAN (Russel), L’automate et son fils, Page blanche
Gallimard, Paris, 1987
GISBERT (Joan Manuel), Le mystère de la femme
automate, Hachette, Livre de Poche Jeunesse, n°4,
1993 Paris, 1821
LOEHR (Robert), Le Secret de l’Automate, 2007
MERIMÉE (Prosper), La Vénus d’Ille, 1837
POE (Edgar Allan), Le joueur d’échecs de Maezel, 1836
SHELLEY (Mary), Frankenstein ou Le Prométhée
moderne, 1818
VERNE (Jules), Maître Zacharius ou l’horloger qui avait
perdu son âme, 1854
VILLIERS DE L’ISLE-ADAM (Auguste), L’Ève future, 1886
HOFFMANN (Ernst Theodor Amadeus), L’homme au
sable, Nathan Poche, Paris, 1984
HOFFMANN (Ernst Theodor Amadeus), Les Automates
et autres nouvelles, Deux Coqs d’Or, 1996

Documents pareils