Lettre d`espoir pour toutes les Noémie, les Julie, les Antoine et les

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Lettre d`espoir pour toutes les Noémie, les Julie, les Antoine et les
Lettre d’espoir pour toutes les Noémie, les Julie, les Antoine et les William
Petite, j’avais une vie « normale » avec ma petite sœur et mes parents.
Puis l’adolescence est arrivée en coup de vent, tout comme la séparation de mes parents. Mon mal de
vivre, mon manque de confiance et d’estime de moi ont pris le dessus. Je me suis tournée vers la drogue
pour m’évader. Mais cet engourdissement passager n’était pas suffisant. J’avais mal en dedans, et, forte de
mes 13 ans, l’automutilation me semblait la seule façon d’exprimer mes émotions.
L’été de mes 14 ans, j’ai avalé tous les médicaments de la pharmacie familiale et j’ai attendu, couchée dans
mon lit, que la mort arrive. C’est plutôt ma sœur qui m’a trouvée. Sans comprendre, inquiète, elle m’a dit
« Je t’aime Noémie ». Résultat : je me suis fait vomir. Je ne voulais plus mourir. Je ne voulais pas laisser
ma sœur toute seule. Je voulais être présente pour elle.
Malgré le traumatisme de cet épisode, mon désarroi était toujours bien ancré en moi. J’ai continué à
m’automutiler. Ces marques sur mes cuisses et mes bras étaient un soulagement temporaire, tout comme
ma consommation de marijuana quotidienne. Je broyais du noir, ma relation avec ma mère dégénérait et on
m’a mise à la porte de l’école.
Pour moi c’était une nouvelle tuile, un nouveau désespoir. J’ai commis ma deuxième tentative de suicide.
C’est mon père qui m’a trouvé, les poignets sectionnés. On m’a soigné physiquement, mais ma tête était
toujours malheureuse. Je continuais à me faire du mal et à consommer quotidiennement des drogues,
chimiques cette fois. À 15 ans, mon comportement m’a mené droit vers le centre jeunesse. Mes tentatives
de suicide, ma consommation de drogue, mes fugues répétitives : j’étais devenue un danger pour moimême.
Petit répit d’automutilation : le centre jeunesse m’enlevait tout ce qui était dangereux pour moi. Mais le répit
fut bref. À 16 ans, j’ai fugué à nouveau, tout l’été. Je n’avais qu’un but : consommer jusqu’à ce que la mort
vienne à mon secours. Dans mon brouillard, une amie m’a parlé de Portage. La mort n’était peut-être pas
l’unique voie tracée pour moi.
Aujourd’hui, j’ai 17 ans. Je complète une thérapie chez Portage depuis quatre mois. Je suis sobre depuis
cinq mois. J’ai le goût de vivre, pour ma famille, pour ma sœur, mais surtout pour moi.
J’ai encore du travail à faire. Chez Portage j’ai trouvé l’amour. Pour la première fois depuis longtemps, je
me sens acceptée. Je réapprends à m’aimer, à aimer mes parents aussi. Je sais que je ne suis pas seule,
je veux dire aux autres Noémie, Julie, Antoine ou William, qu’ils ne sont pas seuls.
La partie n’est pas gagnée, mais j’ai des projets. Je termine mon diplôme d’études secondaires chez
Portage. Je veux étudier en sexologie et en criminologie à l’université, comme mon père.
Avant, je m’automutilais pour exprimer mes émotions, aujourd’hui j’écris des poèmes, je partage mon
expérience, et ça me fait du bien.

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