Trois questions à… Daniel Lenoir, Directeur général de la

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Trois questions à… Daniel Lenoir, Directeur général de la
ECOLE DES DIRIGEANTS
DE LA PROTECTION SOCIALE
Trois questions à…
Daniel Lenoir, Directeur général de la
CNAF
Interview par Pierre Ramon-Baldié,
Directeur adjoint de l’EN3S
PRB : Pour vous, en quoi la dimension internationale de la Protection sociale revêt-elle un enjeu particulier et
pourquoi le sujet est-il important ?
DL : Il faut d’abord distinguer la dimension européenne et la dimension internationale. Même si l’Europe
sociale n’a pas pris l’importance qu’on aurait pu croire1. Les politiques sociales sont de plus en plus impactées
par les politiques ou par les jurisprudences européennes. C’est la raison pour laquelle j’ai toujours considéré
comme essentiel que les organismes de protection sociale puissent (en relation étroite évidemment avec la
Représentation permanente) assurer une veille européenne ; et c’est ce qui m’avait conduit à participer, il y a
un peu plus de dix ans, à la création de la représentation européenne des institutions françaises de Protection
sociale (la REIF) : il faut dire que je dirigeais à l’époque la MSA et que j’avais eu à gérer les conséquences de
l’arrêt Coreva qui avaient pu être anticipées.
La dimension internationale proprement dite concerne deux autres domaines d’ailleurs complémentaires : la
présence dans les institutions internationales et la coopération. Dans les deux cas, il s’agit de promouvoir le
développement de la Protection sociale et de définir des sortes de « standards » internationaux et d’échanger
sur les bonnes pratiques pour tendre toujours vers la meilleure efficacité possible de nos systèmes. Dans
le contexte de la mondialisation2, que ce soit pour éviter des pertes de compétitivité liées à des écarts trop
importants des niveaux de Protection sociale, ou des pressions démographiques trop fortes à nos frontières ou,
plus généralement, pour valoriser notre « modèle social », cette présence me paraît essentielle3.
PRB : Comment voyez-vous le mode de travail des organismes de Sécurité sociale sur le sujet (quels sont leurs
atouts, quelles sont leurs zones de progrès) ?
DL : Dans toutes les fonctions que j’ai exercées depuis maintenant plus de 20 ans, j’ai participé à ces travaux
que ce soit dans la Sécurité sociale, mais aussi à l’IGAS ou dans la mutualité, ou encore dans la santé. Je trouve
d’abord que la place de la Protection sociale dans le système des nations unies, avec une simple association,
l’AISS, abritée par le BIT, n’est pas suffisamment forte.
En ce qui concerne la coopération, nous avons développé un savoir-faire et une présence grâce notamment à
l’ADECRI, mais qui reste en deçà de ce que je crois que nous pourrions faire.
À cet égard, la création du GIP SPSI n’a pas donné les résultats que ceux, et j’en fais partie, qui avaient poussé
à sa création escomptaient, quand à notre capacité à développer une expertise française reconnue. Peut-être
n’avons-nous pas réussi à nous doter d’une doctrine et d’une conception communes partagées et engageante
1 - Daniel Lenoir, l’Europe sociale, la découverte, 1994.
2 - Socle de Protection sociale pour une mondialisation juste et inclusive, rapport du groupe consultatif présidé par Michelle Bachelet mis en place par
le BIT avec la collaboration de l’OMS, BIT 2011.
3 - Voir à ce sujet le papier de Philippe Steck dans ce numéro.
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