Le dopage des sportifs

Transcription

Le dopage des sportifs
Extrait du polycopié « Drogues et toxicomanies » :
Dessin : http://www.geocities.com/happeninsite/Pics/muscles.jpg
… Par Jean-Pierre Geslin
Professeur agrégé à l’Institut
Universitaire de Formation des
Maîtres de Créteil..
Enseignant en immunopathologie à
la faculté de Biologie-Médecine de
Bobigny de 1985 à 2000.
Actuellement, le dopage se
définit comme l'utilisation
de produits et de méthodes
destinés à augmenter
artificiellement la
performance et dont les
effets présentent des
dangers supposés ou
démontrés sur la santé.
L’état des lieux :
- Dès des premiers jeux olympiques (776 ans avant Jésus-Christ), la grande idée
fut que la force des athlètes devait être recherchée dans les viandes animales.
En mangeant leur chair, les sportifs espéraient s'accaparer leurs qualités. Tous
se gavaient de viandes : les lutteurs se nourrissaient de porc bien gras, les
sauteurs de chèvres, les pugilistes et les lanceurs de taureaux. « Le summum
consistait à manger les testicules des animaux les + forts ».
- 1886 : le cycliste Linton meurt d'une surdose de Triméthyl = Triméthadione
(3,5,5-triméthyl-1,3-oxazolidine-2,4-dione) à propriétés analgésiques = qui diminue la
douleur) et anti épileptique.
- J.O. 1904 : au marathon, Thomas Hicks s'effondre avant l’arrivée : son
entraîneur, par 2 fois, lui fait boire une rasade de cognac et lui injecte 1 mg de
sulfate de strychnine1, un alcaloïde2 végétal très toxique utilisé à petites doses
en médecine pour ses propriétés toniques (= qui donne de la vigueur) et
stimulantes sur le système nerveux. Hicks remporte le marathon… et n’est pas disqualifié.
- Dans les années 30, les amphétamines prennent le pas sur la strychnine. Origine des « amphé » :
l'éphédra est un sous-arbrisseau à feuilles écailleuses, à fleurs jaunes et aux baies rouges. Ses tiges sont
consommées depuis plusieurs siècles car elles sont réputées faciliter l'exercice physique et supprimer la
fatigue. Ses propriétés sont liées à la présence d’éphédrine qui dilate les bronches, stimule les muscles et
augmente le taux de glucose dans le sang. A partir de l’éphédrine, les scientifiques vont synthétiser la
première amphétamine ou benzédrine. La première loi anti-dopage française (1965) interdit les
amphétamines.
- A la fin des années 40 et durant les années 50, les culturistes et les haltérophiles avaient recours à la
testostérone (hormone mâle produite par les testicules) pour accroître leur masse et leur puissance
musculaires. Les équipes sportives soviétiques l’ont largement utilisée.
- Les américains développent les "stéroïdes androgènes anabolisants" (SAA), souvent appelés
“stéroïdes” ou “androgènes”, dérivés chimiques extrêmement puissants de la testostérone. Ces stéroïdes
avaient été employés après la guerre par les médecins afin de traiter les survivants des camps de
concentration allemands pour qu’ils retrouvent un poids normal. Ils stimulent les croissances musculaire et
osseuse.
-1952 : aux J.O d'hiver, certains patineurs craquent, victimes des amphétamines et en 1967, ces mêmes
amphétamines provoquent la mort du coureur anglais Tommy Simpson lors de la 13ème étape du tour de
France sur les flancs du Mont Ventoux.
- Dans les années 1980, les bêta-stimulants tendent à remplacer les stéroïdes anabolisants puisqu’ils ont
les mêmes effets et permettent un gain de muscles plus important.
- 1988 aux Jeux d'Eté de Séoul : le sprinter canadien Ben Johnson bat son rival Carl Lewis au 100 m en
9,79 secondes… mais… Johnson s'est dopé avec un stéroïde anabolisant : le Stanozolol… Outre Ben
Johnson, 11 autres athlètes furent contrôlés positifs lors de ces jeux notamment les haltérophiles bulgares.
- Les résultats des contrôles antidopages effectués en France du 9 au 28 juillet 2002 lors du Tour de
France 2002 sont les suivants : 114 prélèvements ont été effectués, 33 (soit 29 %) faisaient ressortir la
présence de substances interdites ou soumises à restriction. Ces prélèvements ont été effectués sur 92
sportifs : pour 23 d’entre eux, les résultats prouvaient la présence de ces drogues. Ces 23 coureurs
appartenaient à 11 équipes, 2 françaises et 9 étrangères. Les analyses faisaient ressortir la présence de
glucocorticoïdes (voir suite) dans 18 cas (17 de la triamcinolone acétonide3 et 1 de la bétaméthasone4), de
salbutamol dans 3 cas, de terbutaline dans 2 cas et enfin de glucocorticoïdes combinés à du salbutamol
dans 10 cas. Avec 25 athlètes n’ayant pas respecté la réglementation antidopage, les JO d’Athènes 2004
signent un record…
1
La strychnine était autrefois employée pour tuer les corbeaux et les rongeurs et est parfois encore utilisée pour détruire les
renards et les taupes.
2
Composé organique basique contenant de l’azote et extrait tiré d'un végétal.
3
Triamcinolone acétonide = Kenacort, normalement employé pour traiter les allergies mais qui peut entraîner des hallucinations
visuelles.
4
Noms commerciaux : Célestène, Betnesol, Diprostène…
Jean-Pierre Geslin, professeur d’IUFM.
Enseignant en immunopathologie à la faculté de Bobigny de 1985 à 2000.
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Le dopage concerne aujourd’hui des disciplines jusque là considérées comme épargnées telles
le judo et le football. « Le dopage n’épargne aucun sport, y compris la pétanque, mais on
en trouve le plus de cas dans les sports où on effectue le plus de contrôles » ... ironise le
médecin du sport Jean-Pierre de Mondenard.
Nature des produit utilisés (en France) :
Nature du produit utilisé :
2000
2001
2002
Stéroïdes anabolisants (dont la nandrolone) :
Salbutamol (un bêta-2 mimétique) :
Bêta-agoniste (autre que salbutamol)
Bêta-bloquants :
Corticoïdes :
Cannabis :
EPO :
Stimulants :
Diurétiques :
Narcotiques :
Anesthésiques locaux :
10 %
22 %
?
?
20 %
23 %
Pas de méthode
16 %
?
?
?
9%
21 %
3%
1%
17 %
25 %
1%
16 %
2%
2%
3%
5%
12 %
3%
1%
42 %
21 %
0,2 %
8%
4%
2%
2%
Les produits dopants :
L’arrêté actuellement en vigueur est celui du 20
avril 2004, publié au Journal Officiel de la
République Française (=JORF) le 5 mai 2004,
modifié par l'arrêté du 16 août 2004 (JORF du 27
août 2004). L’article 2 précise que " le sportif doit
s’assurer que tout médicament, supplément,
préparation en vente libre ou toute autre
substance qu’il utilise ne contient aucune
substance interdite. "
On distingue :
1) Les « agents anabolisants » qui réunissent les
« stéroïdes androgènes 5» et
« les bêta 2
mimétiques 6» : ils permettent de faire du muscle.
2) Glucocorticoïdes : naturels (cortisol) ou de synthèse, ils diminuent la douleur et
l'inflammation et sont euphorisants.
3) Le cannabis qui constitue une classe à part.
4) Les hormones peptidiques et assimilées : (GH = hormone de croissance, hCG gonadotrophine
chorionique humaine, EPO = érythropoïétine, ACTH = Hormone corticotrope par exemples).
5) Les stimulants (amphétamines, cocaïne et leurs dérivés…) favorisent l'état de vigilance.
6) Analgésiques centraux et narcotiques : ils effacent les signaux d'alerte périphériques
comme la douleur et possèdent une action au niveau du cerveau (morphine par exemple).
5
Stéroïdes androgènes : ils regroupent la testostérone et ses dérivés synthétiques. Ils augmentent
l'agressivité. Ils sont interdits "dans" et "hors" compétition. La nandrolone fait partie de ce
groupe.
6
Ils incluent le salbutamol. Ils sont interdits durant la compétition et hors compétition.
Jean-Pierre Geslin, professeur d’IUFM.
Enseignant en immunopathologie à la faculté de Bobigny de 1985 à 2000.
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- Le (ou la) nandrolone7 :
Il arrive en 3ème position derrière le cannabis et le
salbutamol dans l’étude menée en 1997 sur 7000
personnes. C’est un stéroïde anabolisant8 injectable,
très lipophile et qui de ce fait s’accumule dans le tissu
adipeux.
La
nandrolone
est
administrée
par
voie
intramusculaire. La dose habituelle est de 50 à 100 mg
1 fois par mois. Son élimination, s’effectue par voie
urinaire (sous formes de la norandrostérone et de la
norétiocholanolone) et est très lente : on le retrouve dans les
urines 3 à 6 mois après son administration, en
particulier en cas de perte de poids.
Il stimule les synthèses protéiques : il accroît ainsi la masse musculaire et augmente la croissance de la
matrice osseuse. Il s'oppose aux effets catabolisants (= de dégradation) des corticoïdes (voir suite). Il
diminue l'élimination urinaire du calcium et du phosphore. Il majore également l’hématopoïèse (=
production du sang et de ses composants).
Effets secondaires : une rétention de liquide avec enflure des jambes, des chevilles et des pieds
(œdème) que les sportifs évitent en réduisant l’apport en sels de leur alimentation. On note aussi
de l’acné, un accroissement de la pilosité faciale mais une perte des cheveux (=calvitie). Une
augmentation du volume des seins… dans les 2 sexes… Des nausées et des vomissements, de
l’arythmie et une chute de pression artérielle, des insomnies et une réduction de la mémoire.
A signaler chez l’homme des troubles de l’érection et de l’éjaculation.
Chez la femme : effets de masculinisation et menstruations irrégulières.
Testostérone, clostébol, déhydroépiandrostérone (DHEA), fluoxymestérone, métandiénone,
méténolone, oxandrolone, stanozolol… appartiennent au même groupe (mêmes effets).
- Les bêta-2 mimétiques et le salbutamol9 :
Dans l’organisme, au niveau des cellules, les récepteurs dits « β » provoquent, lorsqu’ils sont stimulés
(par l’adrénaline, la noradrénaline et d’autres substances appelées « sympathomimétiques bêta
adrénergiques »), une augmentation de la fréquence et de la force des battements cardiaques (= effets
chronotrope et inotrope positifs). Il existe de plus une vasodilatation et un relâchement des muscles
bronchiques. On note par ailleurs une activation métabolique (= augmentation des réactions chimiques
dans l’organisme) avec un accroissement du sucre présent dans le sang et une augmentation de la
consommation d’oxygène. Le sucre provient d’une molécule de réserve présente dans les muscles et le
foie : le glycogène (glycogénolyses musculaire et hépatique). Il existe également une lipolyse (=
mobilisation des graisses en réserve dans le tissu adipeux). Il peut apparaître une sécheresse de la
bouche, un tremblement des extrémités ainsi que des palpitations voire un diabète à fortes doses.
L’étude des récepteurs β a conduit à en distinguer 2 types : les β1 sont essentiellement cardiaques
(effet chronotrope et inotrope) alors que les β2 siègent au niveau des vaisseaux et des bronches.
Le salbutamol est un stimulant β 2 qui a, de ce fait, des effets vasodilatateur et bronchodilatateur. Le salbutamol se retrouve dans la Ventoline ou le Spreor utilisés dans le traitement de
l’asthme. On sait que ce produit employé en aérosols peut susciter chez les patients des toxicomanies. Le
salbutamol est principalement éliminé par voie urinaire.
Bêta-2 mimétiques en sport : ils sont tous interdits sauf le formotérol, le salbutamol, le
salmétérol et la terbutaline exclusivement sous forme d'inhalation avec une justification
médicale préalable. Le salbutamol ne doit pas être présent au delà de 1000 nanogrammes par
millilitre d’urine.
7
9
Nom commercial : Deca-Durabolin®
Salbutamol Merck® 5 mg/5 ml sol pour perfusion IntraVeineuse.
Jean-Pierre Geslin, professeur d’IUFM.
Enseignant en immunopathologie à la faculté de Bobigny de 1985 à 2000.
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- Les bêta-bloquants :
Ils ont l’effet inverse : ils diminuent la fréquence cardiaque, les tremblements et le stress
aidant à la relaxation et à la concentration. Les tireurs sont parmi les principaux utilisateurs
de bêta-bloquants. Les bêta-bloquants sont interdits en compétition seulement, dans les sports
suivants :
Aéronautique (FAI), Automobile (FIA), Billard (WCBS), Bobsleigh (FIBT), Boules (CMSB), Bridge
(FMB), Curling (WCF), Echecs (FIDE), Gymnastique (FIG), Lutte (FILA), Motocyclisme (FIM), Natation
(FINA) en plongeon et nage synchronisée, Pentathlon moderne (UIPM) pour
la discipline du pentathlon moderne, Quilles (FIQ), Ski (FIS) saut à skis et
snowboard free style, Tir (ISSF) (aussi interdits hors compétition), Tir à
l’arc (FITA) (aussi interdits hors compétition), Voile (ISAF) barreurs
seulement.
Les risques liés à ces produits sont : l’hypoglycémie, des signes de
fatigue et une diminution des performances sexuelles.
- Les glucocorticoïdes :
Naturels (cortisol10) ou de synthèse : ce sont des substances antifatigue qui diminuent la douleur et l'inflammation et sont euphorisants.
Ils permettent une poursuite de l'effort au-delà du seuil de tolérance…
mais attention à la défaillance cardiaque. Les sportifs utilisent des
diurétiques pour lutter contre la rétention d'eau provoquée par le
dopage aux corticoïdes… mais aussi échapper aux contrôles anti-dopage. Les corticoïdes entraînent
une fragilité des tendons et peuvent être cause de déchirures musculaires. Ils sont interdits par voie
générale (orale, rectale, injections intraveineuse et intramusculaire). Leur utilisation sous toute
autre forme nécessite une justification médicale.
Il existe 24 substance(s) entrant dans cette classe : acébutolol, alprénolol, aténolol, béfunolol, bétaxolol,
bisoprolol, bunolol, cartéolol, carvédilol, céliprolol, esmolol, labétalol, lévobunolol, métipranolol,
métoprolol, nadolol, nébivolol, oxprénolol, penbutolol, pindolol, propranolol, sotalol, tertalolol, timolol…
lisez les boîtes !
L’année 2002 restera caractérisée par le pourcentage très important de corticoïdes détectés (42 %).
- Le cannabis :
le cannabis est interdit en compétition.
... « Le cannabis est au contraire un produit qui ne présente que des désavantages pour la
réalisation d'une performance sportive. C'est un véritable facteur de désorganisation de la
coordination chez l’être humain » expliquait le docteur Peter Jan Geerlings, membre d'un centre de
désintoxication à Amsterdam dans Libération du 24 janvier 1996.
Alors, dopant ou pas ?... Pourquoi des sportifs de haut niveau (83 contrôlés positifs en 1995) utiliseraient-ils le cannabis, même en consommation courante, s'il diminue réellement la performance ?
Pour Jean-Pierre de Mondenard, médecin du sport et spécialiste du dopage, la chose est entendue : « le
cannabis est pris sciemment par certains sportifs pour pouvoir affronter l'adversaire, lutter contre le stress
et la trouille que provoquent les confrontations directes, où le sportif est proche du public. Sa fonction calmante répond bien à la définition du dopage : faire fonctionner le corps au-delà de ses aptitudes. La preuve
en est que ce sont uniquement dans ces sports-là, comme le football, le handball, le basket-ball ou le tennis,
que l'on détecte des cas positifs ». Un sentiment partagé par Jean-Paul Escande, président de la Commission
nationale de lutte contre le dopage : les sportifs « ont une énorme pression sur les épaules. Ils peuvent être
tentés par quelque chose qui les calme »…
Certes, précise la psychiatre Sylvie Wieviorka, « mais les techniques de contrôle ne permettent pas de
différencier le THC pris juste avant une compétition, de ce qui est pris la veille ou pris 1, 2 ou 3
semaines auparavant. A cela s'ajoute le fait que, selon sa provenance, le cannabis varie fortement en
THC ... ».
Document extrait de « La recherche » n° 287 de mai 1996.
10
Cortisol : hormone produite par les glandes surrénales qui a un effet anti inflammatoire et dont le rôle est de
réguler le métabolisme des glucides (=sucres), lipides (graisses), protides, des sels et de l'eau pour limiter
les variations brutales de l'équilibre physiologique de l'organisme.
Jean-Pierre Geslin, professeur d’IUFM.
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Enseignant en immunopathologie à la faculté de Bobigny de 1985 à 2000.
- L'hormone de croissance :
Une glande située à la base du cerveau, l’hypophyse
antérieure, produit, au niveau de ses cellules dites
somatotropes, l’hormone de croissance (ou STH = hormone
somatotrope = somatotrophine = somatropine = GH =
growth hormone) qui est une hormone peptidique de 191
acides aminés.
« L'hormone de croissance est recherchée pour 2 raisons
principales :
- favoriser la prise de muscles (synthèse des protéines et
actions sur l'ARN) grâce à des prises associées à 1 régime
protéiné (suppléments en acides aminés) et 1 entraînement intensif.
- augmenter les charges d'entraînement grâce à une
En vente sur Internet…
amélioration de la récupération et une diminution de la fatigue
engendrée par l'exercice. Cette hormone est celle de la
récupération.
La 1ère utilisation est le fait des sportifs pratiquant des activités de force-vitesse, la 2ème est le fait
des "endurants".
A l'inverse des stéroïdes anabolisants, la détection de l'hormone de croissance est extrêmement
difficile pour ne pas dire impossible. En effet, elle n'est plus détectable dans le sang quelques
minutes seulement après son absorption. Après trente minutes, la moitié de la quantité d'hormone
ingérée a disparu de la circulation ».
« Le plus souvent, l'hormone de croissance n'est pas prise seule mais en association avec un facteur
de croissance appelé IGF-1 (ou somatomédine C)… Toutes deux s'influencent réciproquement de
http://www.volodalen.com/23dopage/dopage3.htm
manière positive (rétroaction positive) ».
Le principal risque de l’hormone de croissance est l’acromégalie : hypertrophie du nez, des oreilles,
de la langue : saillie des arcades sourcilières, grosses narines, mâchoire inférieure plus large, mains
et pieds qui augmentent de taille, sueurs, hypertension artérielle, insuffisance cardiaque, douleurs
osseuses, impuissance….
- L’HCG ou gonadotrophine chorionique humaine :
L'hCG est sans doute utilisée depuis longtemps par les
athlètes. Toutefois, la preuve de son usage ne remonte
qu'à 1983. En 1987, dans 2 compétitions britanniques
(cyclisme et haltérophilie), environ 10 % des participants
s’avéraient être positifs à l'hCG. On imagine l'étonnement des personnels des laboratoires : cette hormone
n'existe normalement que chez les femmes enceintes ! …
Néanmoins certaines tumeurs malignes du testicule en
sécrètent également…Ce n’était pas le cas ici…
L’hCG stimule la production de stéroïdes androgènes
anabolisants naturels (testostérone, androstérone...). Elle
est utilisée dans le traitement des stérilités masculine et Le pregnyl, le primogonyl, le chorigon…
contiennent de la gonadotrophine
féminine.
chorionique qui injectée en intraA la fin d'un cycle de dopage aux stéroïdes androgènes,
musculaire
chez l'homme, stimule la
l’hCG permet de lutter contre les conséquences de l'arrêt
de ces stéroïdes anabolisants. En effet l'administration de sécrétion d'androgènes par les cellules de
Leydig des testicules.
gonadotrophine chorionique "relance" la production
endogène (= interne) de testostérone, freinée pendant la cure de stéroïdes anabolisants administrés.
Effets gênants : ceux déjà signalés à propos de la testostérone et des autres androgènes.
Développement des seins chez l’homme et perturbation des règles chez la femme.
Jean-Pierre Geslin, professeur d’IUFM.
Enseignant en immunopathologie à la faculté de Bobigny de 1985 à 2000.
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- L'EPO ou érythropoïétine :
Cette hormone est produite
naturellement par le rein (80 %) et par le
foie (20 %). Sa sécrétion augmente
lorsque les tissus sont en hypoxie (= en
manque d’oxygène). Elle stimule la
formation des globules rouges. Elle
permet ainsi d'améliorer les performances
de l'organisme et de soutenir un effort
durable.
Le
gène
humain
de
l'érythropoïétine a été cloné en 1983 et la
production
d'hormone
humaine
recombinante (= par génie génétique) a
démarré en 1987. Elle est apparue dans
les cercles sportifs la même année, avant
même qu'elle ne soit mise sur le marché
officiel en 1988.
L'hormone est indiquée en
médecine dans le traitement des sujets
atteints d'anémie liée à une insuffisance
rénale chronique que la personne soit
dialysée ou non.
Impact Médecin Hebdo" n° 453 du 21 mai 1999.
Lors du tour de France de juillet 1998, 104
EPO :
l'Eprex de Janssen-Cilag et le
NeoRecormon de Roche.
doses d'EPO avaient été saisies dans une
camionnette de l'équipe néerlandaise TVM.
Le soigneur de l'équipe Festina avait, lui,
été interpellé avec plus de 400 doses de
produits dopants, principalement de l'EPO.
A forte dose l'EPO accroît la
viscosité du sang ce qui favorise la thrombose (= formation de caillots dans un vaisseau
sanguin).
On sait aujourd’hui différencier par analyse l'EPO naturelle de l'EPO recombinante en se
fondant sur le nombre de molécules de sucres (plus nombreuses pour les formes naturelles) fixées à
la protéine.
La loi relative à la protection de la santé des sportifs et à la lutte contre le dopage adoptée le
23 mars 1999 ("loi Marie-Georges Buffet") oblige tout médecin soupçonnant un dopage à le
déclarer.
Jean-Pierre Geslin, professeur d’IUFM.
Enseignant en immunopathologie à la faculté de Bobigny de 1985 à 2000.
121
- Un stimulant : le bromontan…
Le terme “stimulant” s’applique à un
ensemble de substances englobant les
stimulants du système nerveux central
(notamment la cocaïne, les
amphétamines et la nicotine) et les
amines sympathomimétiques
(éphédrine, pseudoéphédrine,
phénylpropanolamine).
Objectif : diminuer la fatigue et
prolonger l’état de veille + accroître
attention, vigilance et pouvoir de
concentration + diminuer la douleur.
Conséquences indésirables :
insomnie, agitation, tremblements,
irritabilité, arythmie cardiaque (Cf.
Tom Simpson 1967) et dépendance.
Le bromontan est une substance
psychostimulante du groupe des adamantanes qui a été détectée chez 5 athlètes lors des J.O. d’Atlanta en
1996. Elle figure maintenant sur la liste des agents dopants. Elle entraîne un accroissement de libération
de dopamine dans le cerveau et ralentit sa recapture de ce médiateur comme le font les amphétamines et
la cocaïne. Cf. « Impact Médecin » du 29 /9/1997.
Le bromontan agit sur la concentration et stimule l'activité physique. Utilisé par les cosmonautes russes et
au sein de l’armée russe. En ski de fond, la Russe Liubov Egorova, 6 fois championne olympique, a été
contrôlée positive au bromontan aux Championnats du monde 2001 en Finlande...
Pour 2004, les stimulants suivants : la caféine, la phényléphrine, la phénylpropanolamine, le
pipradol, la pseudoéphédrine et la synéphrine ne sont pas considérés comme des substances
interdites. L’éphédrine est autorisée jusqu’à 10 microgrammes par millilitre d’urine.
- L'Alcool (éthanol) :
La détection sera effectuée par éthylométrie. Pour certains sports (automobile, billard, lutte,
motocyclisme, ski) la présence de la moindre quantité d’alcool constitue une violation des règles
antidopage. Il est seulement interdit en compétition et seulement dans les sports suivants :
Aéronautique (FAI) (0.20 g/L), Automobile (FIA) (0.00 g/L), Billard (WCBS) (0.00 g/L), Boules (CMSB)
(0.50 g/L), Gymnastique (FIG) (0.10 g/L), Karaté (WKF) (0.40 g/L), Lutte (FILA) (0.00 g/L), Motocyclisme
(FIM) (0.00 g/L), Pentathlon moderne (UIPM) (0.10 g/L), Roller Sports (FIRS) (0.02 g/L), Ski (FIS) (0.00
g/L), Tir à l’arc (FITA) (0.10 g/L), Triathlon (ITU) (0.40 g/L).
D’après http://www.santesport.gouv.fr/contenu/dopage/produits_dopants.asp
- Les diurétiques et autres agents masquants :
Les agents masquants sont des produits qui ont la capacité d’entraver l’excrétion des produits
dopants ou de dissimuler leur présence dans les prélèvements effectués lors des contrôles antidopage
(diurétiques, hydroxyéthylamidon, épitestostérone par exemple).
Les diurétiques sont des substances qui stimulent la sécrétion de l'urine. Ils sont interdits "en" et
"hors" compétition comme agents masquants.
Dans les sports ci-dessous catégorisés par le poids et dans les sports où une perte de poids peut améliorer la
performance, aucune justification thérapeutique ne peut être délivrée pour l’utilisation de diurétiques : Aviron
(poids léger) (FISA), Body-building (IFBB), Boxe (AIBA), Haltérophilie (IWF), Judo (IJF), Karaté (WKF),
Lutte (FILA), Powerlifting (IPF), Ski (FIS) pour le saut à skis seulement, Taekwondo (WTF), Wushu
D’après http://www.santesport.gouv.fr/contenu/dopage/produits_dopants.asp
(IWUF).
Jean-Pierre Geslin, professeur d’IUFM.
Enseignant en immunopathologie à la faculté de Bobigny de 1985 à 2000.
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- Et la créatine ?
* La créatinine est un petit peptide de 3 acides aminés (méthionine, arginine,
glycine) présent à l’intérieur des muscles squelettiques mais qui n’est pas stocké
par ceux-ci (il n’y a pas de mise en réserve de créatine).
* La crétine provient de l’alimentation (viandes, volailles, poissons apportent 1 à 2
grammes par jour) ou est fabriquée par l’organisme (2 grammes par jour
synthétisés par le foie pour l’essentiel).
* Au repos, elle se combine à un phosphate pour former de la phosphocréatine (ou
phosphagène) sous l’effet d’une enzyme la créatinekinase ou créatine
phosphokinase ou CPK. Le phosphate provient lui-même d’une substance appelée
adénosine triphosphate ou ATP :
Créatine + ATP Créatine phosphate + ADP
* Lors de l’effort, la phosphocréatine transfère son phosphate pour reformer de
l’ATP (la réaction fonctionne donc à l’envers). La dégradation de la phosphocréatine est rapide et le
stock s’épuise en 5 à 7 secondes. C’est l’adénosine triphosphate = ATP qui constitue la source d’énergie
immédiatement disponible pour une activité musculaire.
* En cas de lésion musculaire, on retrouve l’enzyme créatine kinase dans le sang. Cette CPK s’accroît
aussi en cas d’infarctus et de myopathies.
La créatine du commerce est un dérivé synthétique résultant d'une réaction chimique entre
la sarcosine de sodium et le cyanamide. Elle est vendue sous forme de poudre soluble ou semi
soluble, de comprimés ou sous forme liquide.
ATTENTION : Selon les sources du ministère jeunesse et sport, 50 à
70 % des lots de créatine saisis en France, dans les magasins et aux
frontières, contiennent en plus des anabolisants ! Ce constat pourrait
expliquer que certains sportifs de bonne foi soient déclarés positifs
aux anabolisants alors qu'ils pensaient ne pas en avoir consommé.
24/03/2001 - Le Monde - J.-Y. N.
« En publiant, il y a quelques semaines, un avis concluant en substance à
l'inefficacité quasi totale à petites doses et à la dangerosité potentielle des
apports massifs de créatine à des fins dopantes (Le Monde du 25
/01/2001), Martin Hirsch, directeur général de l'Agence française de
sécurité sanitaire des aliments (Afssa), a déclenché une controverse aussi
vive qu'inédite ».
« La découverte de la créatine remonte au milieu du XIXe siècle, et celle
de ses principales fonctions au début du XXème… L'émergence de cette
substance dans les milieux du culturisme et du sport professionnel et
amateur semble relativement récente, vers la fin des années 1980. "Une
étude a montré qu'environ la moitié des sportifs participant aux Jeux
olympiques étaient des consommateurs réguliers de créatine"… La
supplémentation en créatine serait surtout le fait des culturistes, des
lutteurs, de joueurs de tennis, des cyclistes, des rameurs, des sauteurs à
ski, des skieurs alpins, voire nordiques, et de nombreux pratiquants de
sports collectifs, parmi lesquels le rugby, le handball, le basket-ball, le
football et le hockey sur glace." … ».
A quelle dose ?
La créatine se déshydrate
spontanément et en permanence
dans nos muscles, et son produit
de déshydratation, la créatinine,
est sécrété dans le plasma puis
excrété par les reins dans les
urines. La"créatinurie" ou
quantité de créatinine émise
dans les urines des 24 h est
proportionnelle à la masse
musculaire des sujets. Dès que
son taux anormalement dans
le sang, cela signifie que la
fonction rénale (filtration par les
reins) n’est plus suffisante.
La "clairance de la créatinine"
traduit donc la capacité que
possèdent les reins à filtrer et à
débarrasser le sang de ses
impuretés et en particulier de la
créatinine qui s’y trouve.
« On sait en effet qu'une alimentation de type végétarien ne fournissant
pas de créatine ne provoque pas de carences, l'organisme assurant alors à
lui seul la production de la créatine nécessaire à la contraction musculaire… ».
« En pratique, les conseils des fabricants proposent aux utilisateurs de consommer environ 0,3 gramme
de créatine par jour et par kilogramme de poids corporel pendant environ 5 jours11 (dose dite "de
charge") et 0,03 g par jour et par kg durant les semaines ou les mois suivants (dose "d'entretien") ».
11
Soit 20 à 25 grammes par jour ou l’équivalent de créatine contenu dans 4 à 5 kilos de viande rouge.
Jean-Pierre Geslin, professeur d’IUFM.
Enseignant en immunopathologie à la faculté de Bobigny de 1985 à 2000.
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- Et la créatine ? (suite)
La créatine est-elle efficace ?
Elle n’a pas d’effet sur la prise de muscle… si le sportif constate un effet, c’est que le produit acheté contenait
de plus des anabolisants! Quant elle est consommée seule, elle ne possède pas d’effet dopant.
« Pour autant, une majorité de spécialistes de physiologie et de médecine du
sport estiment que, s'il peut avoir un effet dans l'augmentation de la
performance musculaire, ce rôle ne peut, dans le meilleur des cas, concerner,
pour des périodes extrêmement brèves, que certains types d'exercices très
spécifiques. Un consensus existe ainsi, au sein des experts, pour considérer
qu'avec un apport exogène important de créatine les effets d'amélioration de
la performance sportive ne concernent que les exercices brefs et répétés de
haute intensité, durant quinze secondes au plus. On obtiendrait… un meilleur
maintien de la vitesse du sprint court et répété (...) sans effet sur la vitesse
maximale, ainsi qu'un meilleur maintien de la hauteur lors de détentes
verticales répétées sans effet sur la hauteur maximale. La supplémentation en
créatine n'a en revanche pas d'effets démontrés sur les épreuves de plus de 30 secondes relevant des autres filières
énergétiques ».
« L'un des apports, souvent avancé, de la créatine est une augmentation du poids de l'organisme, souvent interprétée
comme une augmentation de la masse musculaire. L'analyse de la littérature scientifique montre qu'environ un tiers des
nombreuses publications concernant la supplémentation en créatine chez le sportif n'observent pas de variations
significatives du poids. Les deux autres tiers montrent, avec de la créatine pure, des variations allant de 0,8 % à 2,9 %,
au maximum, du poids corporel, obtenues dès les premiers jours, et selon toute vraisemblance dues à une rétention
d'eau. "L'augmentation de poids corporel ainsi obtenue se situe donc entre 0 et 2,5 kilogrammes au maximum, notent
les experts réunis par l'Afssa. Ce phénomène devrait être systématiquement rappelé aux sportifs relevant de certaines
spécialités comme la lutte, le judo, la boxe, voire l'haltérophilie, qui doivent contrôler leur poids corporel."… ».
La prise de poids ne correspond effectivement pas à du muscle mais à de l’eau !!!... Elle correspond à une
rétention d’eau.
Certaines études conduisent néanmoins à penser que la créatine favorise la récupération. Elle a aussi sur
beaucoup un effet placebo important!
Est-elle dangereuse ?
Il n’existe pas encore de véritable consensus entre les chercheurs. Si elle a des effets négatifs à l’état pure, ils
sont faibles…
Ses effets négatifs sur les reins (à haute dose et uniquement en injections intraveineuses) ne sont pas prouvés
puisqu’un seul cas a été décrit.
- A VENIR OU DEJA EN EXPERIMENTATION
CHEZ LES SPORTIFS :
* Le Growth Hormone Releasing Factor = Growth Hormone Releasing
Hormone = somatocrinine = GH-RH est une hormone peptidique normalement
produite par l’hypothalamus et ici fabriquée par génie génétique. Il stimule la
production de l'hormone de croissance.
* L'Insuline-like Growth factor 1 ou somatomédine A (IGF1) est normalement
produite sous l’effet de l’hormone de croissance. L'IGF-1 stimule le
développement en augmentant l'incorporation de glucose, d'acides aminés et de
sulfate dans les cellules et en stimulant la synthèse protéique. Déjà utilisée.
* L'interleukine 3 (IL3) et divers CSF, facteurs de croissance qui interviennent
sur les cellules souches de la moelle osseuse productrices de sang.
* « Les transporteurs artificiels d'oxygène et notamment les perfluorocarbones (PFC), composés
chimiques utilisés en particulier comme propulseurs d'aérosols et dans les anciens réfrigérateurs. Ils
ont la propriété de dissoudre immédiatement l'oxygène et de le relarguer à volonté dans les
muscles ». http://crdp.ac-bordeaux.fr/decatalogue/page.asp?lang=fr&idmenu=5&id=sport_sante/dopage&tm=2&ti=3#doc46
Jean-Pierre Geslin, professeur d’IUFM.
Enseignant en immunopathologie à la faculté de Bobigny de 1985 à 2000.
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