Mensans n°4 - Mensa France

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Mensans n°4 - Mensa France
1946 – 2 0 0 6
Mensans
Conférences
Méduses
Numéro 4, printemps 2006, ISSN 1771-8813
Dyslexie
Précocité
Édité et publié par Mensa France, 20 rue Léonard de Vinci, 75116 PARIS.
www.mensa.fr
à propos
azertyuiop^qsdfgh
Mensa France
quelques mots sur l’association
l’adhésion.
les moyens
Mensa France est une
association à but non
lucratif (loi 1901) affiliée à
Mensa International. Pour
pouvoir en être membre,
il faut avoir passé un test
psychotechnique approuvé
par le psychologue
international de Mensa dans
des conditions régulières
et avoir atteint un score
correspondant aux 2% les
plus élevés.
Lors des tests organisés
par Mensa France, nous
faisons passer trois de ces
tests. Il suffit donc d’en
réussir au moins un pour
pouvoir devenir membre de
l’association, en France ou
dans un autre pays.
Au terme d’une première
adhésion, le membre n’est
pas obligé de renouveler sa
cotisation. Il peut cotiser à
nouveau quand il le souhaite.
Pour toute information :
[email protected]
les tests
Mensa France organise
des séances de test en
collaboration
avec
des
responsables régionaux.
L’adhésion peut également
se faire sur dossier.
Tous les détails peuvent
être obtenus sur simple
demande à :
[email protected]
Mensa France tire ses
ressources des cotisations,
des passages de tests.
Il n’y a aucun salarié. Toutes
les activités sont organisées
par des bénévoles.
Le fonctionnement de
l’association est assuré par
l’équipe du Comité National
et ses délégués.
Mensa International
perçoit 8% du montant des
cotisations enregistrées par
Mensa France. Les régions
en perçoivent quant à elles
20%. Le solde est utilisé pour
le fonctionnement de Mensa
France.
Mensa France consacre
plus de 60 % de son budget
à l’édition de ses publications
(Contacts, Mensans,
Annuaire). Le reste sert
entre autre à financer le
site internet, les cartes de
membres, les kits d’accueil,
l’organisation de l’assemblée
générale annuelle et les
conventions nationales
semestrielles.
responsabilite
Mensa France permet à des
personnes au QI élevé de se
rencontrer.
Mensa n’a pas d’opinion.
Les textes sont publiés et
les activités sont organisées
sous la responsabilité de
leurs auteurs et organisateurs
respectifs.
Mensans n°4, printemps 2006
Mensans, ISSN 1771-8813.
Édité par Mensa France
Siret : 312 478 894 00032.
NAF 804D
Dépôt légal juin 2005.
Imprimé par France Quercy à
Mercues. 1 200 exemplaires.
Revue éditée par Mensa France,
association loi 1901,
20 rue Léonard de Vinci,
75116 PARIS.
Contact : [email protected]
Site web : www.mensa.fr
Directeur de publication :
Alain SÉRIS
Rédacteur en chef :
Guillaume TUNZINI
Suivi de fabrication :
Emmanuel DUBOIS pour 3D2S
Communication Externe :
Ingrid DESJOURS
Ont également participé de
près ou de loin à l’élaboration
de ce numéro : Jean-Marc
BAGGIO, Brigitte BORDES,
Marion BRASSEUR, Nathalie
CHABERT, Jean-Pierre
CHATENET, Cruellou, Louise
GREEN (UK), Rodolphe MAIX,
Jean MONNERET, Véronique
RIBAUD de GINESTE, Brian
PAGE (Mensa UK), Steve
SAMPSON, Muriel TUNZINI.
Couverture du numéro 4 :
« encéphalogramme plat »,
Guillaume Tunzini.
© FOTOLIA :
p. 3 rouge, Chronis Chamalidis
p. 3 mer, Tina Rencelj
p. 32, Franck Boston
jklmwxcvbn,cvazer
Sommaire
À propos de Mensa
p. 2
Activités à venir
p. 4
Tests de QI, démystification p. 5-8
Société, chômage
Précocité
p. 9-12
p. 12-15
Brèves
Bouquiner
Mystère
Dingolio
Vie associative
Énigme
Nano
p. 16
p. 17
p. 18
p. 19
p.20-21
p. 21
p. 22
Dyslexie
Char à voile
Conférences
Éloge du daltonisme
Innovation
p. 23-26
p. 27
p. 28-30
p. 31
p. 31
Édito
Ce numéro 4 arrive
avec les beaux jours,
et précède de peu le
début d’un cycle de
conférences
organisé
par Mensa France. Vous
découvrirez dans les
pages 28 à 30, l’identité
de
nos
prestigieux
intervenants ainsi que le
programme de ce cycle de conférences.
Nous essayons, à Mensa en général, et dans
cette publication en particulier, d’associer
intelligence et bonne humeur.
Ainsi, puisque la physique quantique nous a
enseigné que tout événement était - au moins
un petit peu - probable, il nous est apparu
comme essentiel de nous préparer à toute
éventualité, et donc de mettre dans le même
numéro un article sur le calcul du quotient
intellectuel, et un scoop nous révélant une
insidieuse invasion de méduses extraterrestres.
Je tiens à remercier chaleureusement tous
les contributeurs de ce numéro. Mensans est
toujours une publication en devenir et nous
attendons vos commentaires et surtout vos
futures contributions pour que le numéro 5 soit
encore plus beau, encore plus intelligent !
Guillaume Tunzini
Rédacteur en chef
[email protected]
Mensans,
un magazine qui a du sens
Mensans n°4, printemps 2006
Activités internes
à venir...
Mensa, c’est plus d’une
dizaine de réunions et
événements chaque mois.
Si vous êtes membre de
l’association, vous pouvez
retrouver tous les détails
actualisés
des
activités
mentionnées ci-dessous en
vous connectant aux pages
réservées aux membres (liste
des activités).
Activité
azertyuiop^qsdfgh
Si vous n’avez pas vos
codes d’accès, demandez-les
à [email protected].
Si vous êtes parmi les 10%
de nos membres ne disposant
pas de connexion à Internet,
contactez
la
personne
mentionnée en face de
chaque activité.
Si vous n’avez pas Internet
ni l’annuaire, contactez votre
responsable régional.
Si vous n’êtes pas membre,
vous pouvez vous faire
inviter par un membre de
Rég.
Lieu
Date
l’association à la plupart des
réunions.
Si vous n’êtes pas membre,
ne connaissez pas de membre
et n’avez pas Internet, vous
pouvez téléphoner au 06 68
71 11 95 (laissez au besoin
vos coordonnées si vous
tombez sur le répondeur).
Pour annoncer une activité,
affichez la liste des activités
sur le site web et cliquez sur
le lien en haut de page (accès
réservé aux membres à jour).
Information / contact
Murder party
LAN
Frontignan
Lun 5 juin
Richard Huméry
Conférence Werber
IDF
Paris
Mer 7 juin
www.mensa.fr
Rencontre informelle
PRV
Marseille
Mer 7 juin
Valérie Orange
Réunion mensuelle
AQI
Bordeaux
Ven 9 juin
Jean Battini
Réunion régionale
LOR
Brg St Martin
Ven 9 juin
Paris
Sam 10 juin
Frédéric Choulant
Réunion du C.N.
Conférence Barloy
IDF
Paris
Sam 10 juin
www.mensa.fr
Jeu de rôles
NMD
Fresne
Dim 11 juin
Antoine Chassagnard
Réunion informelle
IDF
Paris
Jeu 15 juin
Café des théâtres
Dîner mensuel
CAZ
Nice
Ven 16 juin
Josiane Merquit
Conférence Bogdanov
IDF
Paris
Sam 17 juin
www.mensa.fr
Bowling
BOU
Marsannay
Sam 24 juin
Michel Barda
Descente à VTT
NMD
Mont Aigoual
Dim 25 juin
Armelle Trilles
Réunion d’acceuil
IDF
Paris
Mar 27 juin
Laurence Duvigneaud-Cohen
Réunion mensuelle
MIP
Toulouse
Ven 30 juin
Damien Sizaret
Rencontre informelle
PRV
Marseille
Mer 5 juil.
Valérie Orange
Réunion informelle
IDF
Paris
Mer 5 juil.
Le St Jacques
Paris
Sam 1 juil.
Frédéric Choulant
Annecy
Juin
Mariette
La Toussuire
fin juillet
Anne Tuffier
Réunion du CN
Sortie
RAL
UNIVERSITÉ D’ÉTÉ
er
La liste n’est pas exhaustive. Pensez à vérifier les informations sur le site ou auprès des
responsables régionaux.
Mensans n°4, printemps 2006
jklmwxcvbn,cvazer
QI
Tests de QI
petits rappels et demystification
Le QI est un terme qui suscite des réactions
qui peuvent varier d’un extrême à l’autre en
fonction des individus. Je vais tenter ici de
rappeler ce dont il s’agit tout en essayant de
cadrer son utilisation.
Avant toute chose, je vous invite à consulter
les nombreuses informations concernant le QI
sur le site douance.org.
Qu’est ce que le QI ?
Il est important de rappeler ce qu’est le
Quotient Intellectuel. Conceptualisé au début
du xxe siècle, il constitue un outil de mesure
« standardisé » pour évaluer les capacités
intellectuelles d’un individu par rapport à une
population de référence.
Quel intérêt peut-on avoir à convertir ce
résultat en QI ?
Prenons un test A contenant un nombre X de
questions. Pour effectuer une comparaison
des performances entre des individus ayant
passé ce test dans des conditions similaires,
il suffit de comparer les résultats.
Mais comment comparer ces résultats avec
un test B qui aurait été conçu, par exemple,
pour éviter que deux “testés” ne se copient
mutuellement l’un sur l’autre ? Il serait très
approximatif de comparer deux résultats à deux
tests dont le nombre et la qualité des questions
peut différer, même légèrement.
Ramener le résultat à un simple pourcentage
constitue un premier niveau d’abstraction... qui
reste insuffisant.
Comment est construit le QI ?
Pour mesurer la difficulté d’un test, il convient
de l’étalonner. C’est une sorte de sondage
à l’envers. Au lieu de prendre une partie de
la population pour tenter de connaître l’avis
général, on va constituer un échantillon
aussi représentatif que possible pour en faire
une référence. Le test sera effectué par cet
échantillon de la population selon un protocole
qui fera, lui aussi, référence.
Les résultats seront ensuite analysés
statistiquement. Il s’agira de répartir les
réponses de façon homogène sur une
échelle.
On pourrait, à ce stade, utiliser un pourcentage.
Il est d’ailleurs aisé de trouver sur internet des
tables de conversion du QI en %. Toutefois,
c’est la courbe de Gauss qui a été retenue. Elle
offre une meilleure lisibilité sur ses extrêmes
mais permet aussi d’éviter une confusion avec
le pourcentage de bonnes réponses.
Un individu ayant obtenu 50% de
bonnes réponses au test A et 70% au
test B, N’a pas nécessairement moins
bien réussi le premier. Cela peut
aussi vouloir dire que le test A est
plus difficile que le test B.
Exemple de calibration
Imaginons que le test A contienne 4 questions
valant chacune 3 points et que le test B en
contienne 3 valant 4 points. Une fois les tests
réalisés par quatre personnes, on obtient les
résultats suivants :
Test A : 3, 9, 9, 12
Test B : 0, 4, 4, 8
Les réponses médianes sont 9 dans le test A
et 4 dans le test B. Elles correspondront donc
à la valeur moyenne du QI, à savoir 100, soit
un score atteint par 50% de la population de
référence.
3 points au test A ou 0 au test B donneront
le même résultat, à savoir que 25% de la
population de référence se limite à ce score.
De la même façon, 12 points au test A et
8 points au test B permettent d’affirmer que
seulement 25% de la population de référence
atteint ce score.
http://www.douance.org/qi/qi.htm
Ces chiffres sont évidemment très insuffisants pour une
calibration correcte.
Mensans n°4, printemps 2006
QI
azertyuiop^qsdfgh
Réserves importantes
Dans cet exemple, on mesure très bien la
très grande imprécision du test liée à la faible
quantité de questions. Il convient donc de
relativiser la pertinence d’un test qui donnerait
un score à partir d’un nombre très limité de
réponses.
J’ai pris soin de ne parler que de la population
de référence. Une personne qui obtiendrait le
score maximal au test B ne pourrait être située
que dans les 25% meilleurs alors qu’elle est
de toute évidence d’un niveau supérieur au
meilleur score obtenu dans la population de
référence.
De fait, plus le nombre de questions sera
important, plus la précision sera grande.
D’autre part, plus les résultats de la
population de référence seront dispersés et
homogènes, plus la précision globale du test
sera grande. Mais si ces scores sont tassés
dans les valeurs faibles et plus nombreux dans
les scores élevés, alors ce test sera approprié
uniquement pour comparer les scores les plus
élevés.
Dernière remarque importante : pour pouvoir
comparer les résultats d’un individu par rapport
à la population de référence, il convient de
lui faire passer les tests dans des conditions
similaires. Cela n’a rien d’évident.
Du % au QI
L’intelligence est une notion complexe
composée de plusieurs éléments. De nos
jours, il est assez commun de diviser le QI
en deux parties : performance et verbale.
On peut pousser davantage les détails. Les
tests de QI sont généralement constitués de
plusieurs sub-tests qui mesurent chacun une
aptitude particulière et vont, de fait, apporter
un éclairage plus riche qu’un simple chiffre au
psychologue qui les fera passer. La valeur du
QI global n’est donc qu’un indicateur parmi
tant d’autres dans le profil psychologique
d’une personne.
Jusqu’à présent, je n’ai exprimé que des
pourcentages. Comment les convertir en
QI ? L’équation mathématique de la courbe
de Gauss contient plusieurs paramètres dont
l’écart type. Celui-ci influe directement sur la
valeur du QI alors qu’il n’a aucun lien avec
l’épreuve effectuée. Ainsi, les tests Catell et
Wechsler n’utilisent pas le même écart‑type,
ce qui a pour conséquence qu’un QI de
160 exprimé principalement aux États-Unis
correspond généralement à environ 140 en
France.
Il est nécessaire que le testeur dispose
du maximum d’informations relatives aux
conditions de calibration avant de tirer une
interprétation des résultats obtenus par
un individu. Les tests professionnels sont
accompagnés d’un tel document à l’attention
du psychologue, notamment ceux qui
sont réalisés lors des séances surveillées
organisées par Mensa France. Mais pour bon
nombre de ces tests, les résultats généraux
sont exprimés en pourcentages ou classes.
On ne parle pas encore de QI.
En effet, un test reposant sur 40 questions
n’est pas assez précis pour fournir un tel
chiffre, particulièrement dans les scores les
plus élevés.
La population dont les résultats sont situés
dans la moyenne, à ± un écart type représente
68% des personnes testées. Entre deux
! types, cela concerne plus de 95% des
écarts
personnes testées et il reste moins de 5%
aux extrêmes, soit 2,28% dans la tranche
supérieure. On peut ainsi déduire que les
membres de Mensa sont des personnes
supposées se situer au delà de deux écarts
types à un test d’intelligence. Cela correspond
à environ 130 sur l’échelle de Wechsler et
±148 sur celle de Catell ; mais aussi 132 sur
une échelle dont l’écart-type est standardisé à
la valeur de 16.
Mensans n°4, printemps 2006
N
y=
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" 2#
$(x$ µ )2
2"
2
http://www.douance.org/img/bellcurve.gif
http://www.douance.org/qi/tabqi.htm
jklmwxcvbn,cvazer
Vous pouvez atteindre des sommets ?
Insuffisant pour entrer à Mensa
D
QI
Enfin, précision importante :
les capacites intellectuelles
,
d un individu ne sont pas figee !!!
Il faut surpasser
les obstacles.
Conclusions sur le QI
Tout d’abord, une valeur de QI n’est
intelligible que si elle est fournie avec son
écart-type, qui est généralement considéré
implicite selon le pays ; mais cette vérification
est souvent négligée. D’autre part, la seule
valeur du QI global masque des disparités
intellectuelles entre les différentes facettes
de l’intelligence. Au sein de Mensa France,
environ un testé sur 10 seulement obtient des
résultats homogènes aux trois tests !
Enfin, gardons à l’esprit qu’un résultat
exprimé en QI global reste dépendant du test
qui a permis de le mesurer et qu’il est lié à une
population de référence.
Autres facteurs perturbants.
Il n’est pas inutile de passer plusieurs tests
pour confirmer un premier résultat. Plus un
individu passera de tests, plus il aura une idée
précise de ses capacités.
Les conditions dans lesquelles on réalise
le test ont également une influence directe
sur le résultat. Une migraine, une soirée bien
arrosée la veille, ou une hypersensibilité au
bruit de la climatisation ou du marteau piqueur
dans la rue peuvent être autant de causes de
déconcentration, facteur qui n’est pas mesuré
par les tests. Une erreur de chronométrage
ou de présentation de l’épreuve faussera
également le résultat. Il ne faut donc pas
s’arrêter à un seul score.
D
Certains tests prennent en compte l’âge de
l’individu pour calculer sa position dans le
groupe de référence, ce qui signifie que les
performances à ces tests sont considérées
comme allant en décroissant avec l’âge.
Inversement, un entraînement intellectuel à
un type de logique permettra d’augmenter les
performances. Il semble évident que passer
le test deux fois de suite permet d’obtenir un
score plus élevé la seconde fois !
La seule lecture du protocole d’un test peut
avoir une influence sur le score.
Enfin, la maîtrise émotionnelle et la confiance
en soi jouent également un rôle important
dans le résultat. J’en veux pour preuve mon
expérience personnelle. Jusqu’en 6°, j’étais
capable de vérifier 5 ou 6 fois mes réponses.
Une psychologue scolaire m’a fait remarquer,
que je répondais à un nombre très moyen
de questions avec un taux de réussite
anormalement élevé. Je me suis corrigé et
mon QI a progressé... de 20 points !
,
l education joue un role primordial
dans les capacites intellectuelles
,
d un individu, quel que soit son niveau
Mensans n°4, printemps 2006
QI
azertyuiop^qsdfgh
S’il semble évident qu’il existe une part
génétique dans le potentiel intellectuel,
celle‑ci ne sert à rien sans apprentissage.
les tests de qi ne sont pas
fiables a long terme
Un test de QI a une durée de vie. Il devient
obsolète lorsque la population de référence
n’est plus représentative de la population
testée. Cette obsolescence a été constatée
tout au long du xxe siècle du fait de la
progression des résultats.
En effet, leur moyenne (100) n’est valable
que pour la population de référence. Pour
enfoncer le clou, le contexte socio-culturel de
cette référence limite la fiabilité des tests.
Il est donc très approximatif de comparer un
résultat personnel avec celui de ses parents
obtenu 20 ans plus tôt, quand bien même il
s’agirait du même test. De la même façon, il
est plus qu’hasardeux de vouloir comparer
des moyennes de QI tant les risques d’erreur
deviennent importants. On peut donc
s’interroger sur la démarche de Richard Lynn
ou d’autres visant à comparer les QI des
nations.
Lorsque l’on s’attarde sur le site internet de
Lynn, on s’apperçoit très vite qu’il s’est basé
La corrélation est flagrante entre les membres de
Mensa et leurs enfants.
http://www.opossum.ca/guitef/archives/002618.html
Effet Flynn, progression de ±3 points par décennie.
http://en.wikipedia.org/wiki/Flynn_effect
http://test.qi.free.fr/test-de-qi-contexte-socio-culturel.html
http://en.wikipedia.org/wiki/Race_and_intelligence
sur des tests différents, passés à des dates
très éloignées les unes des autres. Il n’a
fait que rassembler des résultats. De fait, le
taux d’erreur de son étude est extrêmement
élevé et ne permet en aucun cas de tirer une
conclusion pertinente. Tout au plus peut-il
déceler des tendances potentielles à étudier
sans se risquer pour l’instant à la moindre
confirmation.
Et quand bien même cette démarche serait
rigoureuse avec des moyens colossaux, les
résultats seraient à prendre avec beaucoup
de distance et de prudence.
Là où Lynn10 détectait une corrélation entre
la pauvreté d’une nation et le QI moyen de sa
population, une journaliste du Times11 affirmait
récemment :
« BRITAIN and France have experienced
long periods of conflict and rivalry but now
victory in one area can be claimed: Britons
are more intelligent than the French. »
Gageons qu’elle n’entrera jamais à Mensa.
Faut-il pour autant rejeter le QI ?
Certainement pas ! C’est le seul outil qui
puisse, à ce jour, donner une estimation assez
correcte du potentiel intellectuel. Gardons
simplement à l’esprit que pour pouvoir bien
interpréter les résultats que l’on obtient, il
est plus que souhaitable de faire appel à un
psychologue professionnel.
Emmanuel Marc Dubois
10 http://www.rlynn.co.uk/pages/article_intelligence/1.asp
11 http://www.timesonline.co.uk/article/0,,2-2105519,00.html
Photo © Andrzej Tokarski - FOTOLIA
Mensans n°4, printemps 2006
jklmwxcvbn,cvazer
Société
Interruption involontaire de programme
Comme la plupart des chômeurs, des sans
emploi ou des demandeurs d’emploi (cocher
la case qui semble le plus acceptable pour
vous – de toute façon le résultat est le même),
je me suis d’abord révoltée. J’ai ragé, pleuré,
trépigné, trouvé cette situation incroyablement
injuste. Une femme qui a oublié d’être
stupide, qui a des diplômes, une expérience
professionnelle solide, qui a voyagé dans pas
mal de pays, s’est adaptée à de nombreuses
situations, parle plusieurs langues, et bien
cette femme apprend un jour que le monde
du travail ne lui est plus accessible. Au début,
j’ai cru la situation temporaire. Le temps
passant, le temporaire devient permanent.
Dépasser le cap de la quarantaine, c’est une
sale étape d’un point de vue professionnel.
Mais je partage ce sort avec mes nouveaux
confrères :
les
quinquagénaires
qui
cherchent à décrocher de nouveau un emploi
(quinquas et quadras, même combat), les
jeunes qui cherchent à trouver le premier,
ceux qui ont un physique, une couleur de
peau et un patronyme trop typés, ceux qui
souffrent d’un handicap qui n’est gênant
que pour ceux qui les regardent et enfin, les
« supersize » dont la générosité extérieure et
l’opulence dérange aussi. L’âge, l’apparence
physique, la couleur de la peau et le sexe
répondent tous à des codes bien précis de
notre société, et malheur à qui ne répond
pas à ces normes. Les différences gênent le
marketing social.
Les mois ont passé. Je me suis investie
dans d’autres activités, j’ai envoyé la petite
famille s’installer au vert, j’ai appris à planter
des tomates et à faire des confitures, puis je
me suis mise à réfléchir. Réfléchir, je croyais
l’avoir appris durant les années de fac, puis
au cours de ma vie professionnelle. Mais
c’était une réflexion totalement influencée par
les règles du marché et le sacro-saint pouvoir
d’achat dont on nous rebat les oreilles et qui
rime forcément avec bonheur. La mise au
chômage est une grande claque qui remet
un grand nombre de pendules à l’heure. Il
faut apprendre que le bonheur n’est pas
proportionnel aux revenus. J’ai mis pas mal
de temps à le comprendre et, même s’il y a
parfois quelques relents de ma vie bourgeoise
d’avant, je sais que je suis sur la bonne voie. Le
chômage apporte la baisse des revenus mais
aussi la liberté de réflexion, le détachement,
l’ouverture et un autre regard sur le reste du
monde.
Lorsque j’avais une carte de visite et un statut
professionnel, je n’ai jamais eu véritablement
conscience du formatage auquel j’avais été
soumise. Je jouais la Golden Girl et regardais
avec plaisir et fierté, ma Golden Card, et les
tampons collectionnés sur mon passeport
comme prestige de ma réussite. Lorsque
la chute se produit et que la société vous
apprend sèchement qu’elle n’a plus besoin de
vous, il faut alors réagir, redécouvrir sa propre
personnalité et son environnement. C’est ce
que j’ai fait.
Dans mon monde professionnel et par
conséquent dans ma vie personnelle d’avant,
tout était codifié et, bien que je m’en défende,
j’avais perdu toute liberté d’expression. J’avais
Mensans n°4, printemps 2006
Société
azertyuiop^qsdfgh
oublié que nous sommes tous de gentils
automates bien programmés. Il a fallu que
je perde mon statut social pour comprendre
que je me laissais berner avec la complicité
des médias. Nous devons tous rentrer dans
le même moule, considérer l’image que nous
envoie la publicité comme s’il s’agissait de la
nôtre, mais c’est là que le bât blesse. Avec
mon nouveau regard de chômeuse, je ne peux
plus regarder les images publicitaires sans
une réaction très critique. La schizophrénie
des images me paraît tristement évidente.
Allumez votre poste de télévision à une heure
de grande écoute, offrez-vous une séquence
de pub et observez : une anorexique vante les
vertus d’un yaourt 0% ; c’est une superwoman
qui gère de main de maître cuisine, boulot,
ménage et enfants. Je poursuis mon
observation avec un bellâtre aux pectoraux
siliconés s’aspergeant de déodorant pour
cacher ses odeurs de transpiration. C’est vrai
que dans notre monde, toute odeur devient
importune dès lors que sa disparition présente
un intérêt commercial. Ensuite, le bébé
forcément parfait se régale de la purée d’un
petit pot dont l’emballage plastique est plus
coûteux que ladite purée et qui ferait hurler
tout écologiste digne de ce nom. Au tour enfin
de la sylphide aux dimensions parfaitement
retouchées par les infographistes qui vante
les délices d’une glace dont les superbes
rondeurs (je parle des boules de glace) vous
mettent l’eau à la bouche. Impossible de
résister, on se fera plaisir en culpabilisant une
fois de plus. C’en est trop, je retourne à mes
tomates.
Les mois de chômage et le temps luxueux
de la réflexion passent et accentuent chaque
jour un peu plus mon regard sur le monde
et ses faux-semblants. Les hommes et les
10
Mensans n°4, printemps 2006
femmes que nous rencontrons chaque jour
sont tellement différents de ce que nous
renvoient les spots publicitaires, qu’il faut
avoir une force singulière pour ne pas plonger
dans un délire schizophrénique complet. Il faut
beaucoup de résistance pour accepter d’être
ce que nous sommes sans plonger dans la
conquête d’un idéal de beauté physique et
sociale généralement inaccessible. Il faut
une grande force pour accepter ce que nous
sommes et surtout apprendre à s’aimer. Avec
le chômage, certaines portes se ferment mais
d’autres vont s’ouvrir. La vision du monde
se modifie. Une fois le sentiment d’injustice
passé, le regard sur soi change. Et c’est
là qu’il faut lutter pour comprendre que les
mêmes qualités et les mêmes capacités sont
toujours présentes. Il y a même quelque chose
en plus : le détachement et l’ouverture.
Au temps de Jospin, il me semblait que les
35 heures allaient dans le sens de l’histoire.
Le but de l’homme serait-il uniquement de
travailler ? Même la Bible a l’air de plaider
pour les RTT. Et c’est une mécréante qui
le dit. Je croyais qu’il fallait favoriser les
arts, la création sous toutes ses formes, le
développement personnel, et d’autres formes
de solidarité. Non, j’ai dû me tromper de
film. Avec ce gouvernement qui est le nôtre,
on veut augmenter de nouveau la durée
hebdomadaire de travail. A-t-on vraiment
besoin de gens créatifs qui prennent le temps
de penser et de construire autre chose,
autrement ? Bien sûr que non. Il est quand
même plus aisé de gérer des moutons de
panurge que des êtres qui vont penser et
poser des questions auxquelles il va peutêtre falloir répondre. Comme ces enfants trop
curieux qui posent des questions incessantes.
Le mouton de panurge suit gentiment les rails
de son métro ou de son autoroute, plonge
dans les aléas d’une vie professionnelle en
général peu excitante, se rue le soir sur son
congélateur pour donner à son micro-ondes
Cf. A&E, paradis perdu
jklmwxcvbn,cvazer
la difficile tâche de préparer son dîner, puis
laisse à la télé le soin de lui concocter un
programme du soir le plus léger possible pour
permettre à ses neurones de se déconnecter
de toute pensée constructive. Le prêtre et son
église ont disparu au profit du grand maître ès
catastrophes du 20h. Toutes les angoisses du
monde vous sont livrées à domicile au cours
de ces 40 minutes quotidiennes, comme le
repas congelé du soir.
J’exagère. Oui, peut-être, un peu. Mais
pourtant, combien d’entre nous ont vécu ou
vivent encore ces séances de la vie sociale
ordinaire ? Et qui prend le temps de réfléchir
maintenant, d’aller pêcher les informations et
obtenir un son de cloche du monde différent
de celui qui lui a toujours été proposé ? Une
nouvelle mouvance parmi ces chômeurs
commence à poindre. C’est la mouvance de
ceux qui commencent à écrire, à diffuser leurs
propos sur le Web via les blogs et d’autres
sites plus élaborés. Deux millions et demi
de chômeurs pour l’instant se laissent aller
à leur dépression alimentée par les propos
de la propagande officielle. Mais le vent
tourne. Légèrement peut-être, mais chaque
jour avec un peu plus de force. De là à ce
qu’on veuille un jour supprimer blogs et
autres outils de communication, création et
réflexion personnelle, il n’y a qu’un pas que
certains politiques aimeraient bien franchir.
On invoquera par exemple la cause des
enfants contre les pédophiles, histoire de faire
taire ces empêcheurs de tourner en rond que
sont Web et bloggers. A quand le futur Big
Brother prêt à lutter contre la toile d’araignée
mondiale, Internet ? Je serais prête à parier
que notre gouvernement aimerait bien nous
faire un remake à la Hitchcozy avec sueurs
froides.
Les jours s’écoulent paisiblement au bord de
la Garonne. Je ne trouve pas ici l’agressivité
que j’ai jadis pu rencontrer dans les grandes
villes de France et certaines autres capitales
étrangères. Les contacts se font simplement
Société
et naturellement. Les néo-ruraux que nous
sommes s’intègrent sans anicroche et sont en
train de démarrer un SEL (Système d’Echange
Local), avec l’appui du maire, un homme du
pays qui encourage notre démarche. Mes
ambitions professionnelles se sont totalement
estompées au profit de mes ambitions
personnelles. Il y a tout juste 2 ans, je n’ai
pas choisi de devenir chômeuse. A présent,
j’atteins un nouvel équilibre, matériellement
instable mais moralement infiniment plus
riche. Qu’il s’agisse de pieds de tomates ou
d’instruction, c’est toujours le même mot qui
réunit paysans et érudits : la culture.
Chacun peut trouver son équilibre dans cette
situation imposée, mais que de richesses
perdues, qu’elles soient intellectuelles,
manuelles ou spirituelles ! Que de richesses
perdues au nom de la sacro-sainte économie
et ses apôtres les actionnaires ! La vie
se résume à présent aux convulsions du
CAC40. Il est temps de repenser la société
et son organisation, la vie économique et la
citoyenneté. L’allocation universelle… Tiens,
tiens, voici un autre beau sujet de réflexion
que me permettront d’aborder Internet et ma
liberté de chômeuse.
Brigitte Bordes
Illustrations © Guillaume Duris - FOTOLIA
Mensans n°4, printemps 2006
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Précocité
azertyuiop^qsdfgh
Les enfants précoces vieillissent aussi
Enfant surdoué, précoce, doué ou talentueux.
Nous pensons savoir tout (ou presque) de cet
OVNI, Organisme Vif Novateur & Intelligent.
Mais ces enfants grandissent. Qu’advient-il
alors de ces chères têtes blondes lorsque le
temps ayant fait son œuvre, ils deviennent
des adultes et plus tard des seniors ? Leur
intelligence s’estompe-t-elle au fur et à mesure
que blanchissent leurs bouclettes ? Non, il
semblerait bien au contraire, qu’avec l’âge,
soit enfin venue l’heure de l’épanouissement
et que pour eux l’été indien prenne les couleurs
flamboyantes d’un automne canadien.
Qu’est-ce qu’un enfant précoce ?
Dans une société où l’on se délecte de pouvoir
étiqueter les individus, l’enfant précoce pose
le problème de son atypie. S’il est bien difficile
de mettre chacun de ces enfants dans une de
ces jolies boîtes qui facilitent notre réflexion
intellectuelle, il est quand même possible de
noter quelques caractéristiques communes.
Les enfants précoces ont un fonctionnement
intellectuel qui ne correspond pas à leur âge
réel et leur intuition prédomine souvent dans
la résolution des problèmes. Certains de ces
OVNI développent des habiletés intellectuelles
générales comme de vrais touche-à-tout,
ou bien se spécialisent dans une discipline
précise : mathématiques, musique, peinture,
etc. Mais avoir des capacités intellectuelles et
des talents hors normes ne signifie pas avoir
la volonté ou l’énergie de les développer.
Dans une association telle que Mensa par
exemple, les membres sont aussi différents
que multiples. On y trouve des gens issus
de toutes les couches de la société, du sans
diplôme au multi doctorant, des artistes, des
fonctionnaires et des paysans, des bourgeois
installés et des rmistes. Une palette sociale
multicolore. Avec pour seul point commun un
quotient intellectuel élevé qui suffit pour les
rassembler.
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Mensans n°4, printemps 2006
Que se passe-t-il à l’âge adulte ?
Devenir adulte n’entraîne pas forcément
la résolution des problèmes que l’enfant
précoce a rencontrés dans son enfance et
son adolescence. Bien au contraire. L’enfant
précoce devenu adulte a, sur le monde qui
l’entoure, un regard encore plus aigu. Plus
le fossé s’est creusé entre ses capacités
intellectuelles et l’usage qu’il en a fait, plus
le fardeau est devenu lourd à porter. Car de
l’adulte surdoué on attend, consciemment ou
pas, qu’il soit tout simplement exceptionnel. Si
on a un quotient intellectuel proche de celui
d’Einstein, les amalgames sont rapides et il
sera difficile pour le quidam de comprendre
que l’anonyme que vous êtes ne pratique pas
la fusion nucléaire à froid comme d’autres font
des tartes aux pommes. C’est peut-être pour
cela que les adultes au QI élevé, lorsqu’ils ne
sont pas les auteurs de faits d’arme notables,
demeurent dans l’ombre de leur trop grande
sensibilité, isolés et frustrés. Lorsque le verdict
de la douance tombe pour un enfant surdoué,
l’intérêt et la curiosité se manifestent. Lorsque
ce même verdict tombe pour un adulte dont
on ne connaît aucune action prestigieuse,
un sourire narquois teinté d’une pointe de
scepticisme peut apparaître. A quoi servirait
donc ce fameux quotient intellectuel ? Le pire
est encore que le verdict de QI élevé ne soit
jamais établi. En cas de malaise existentiel, il
est préférable d’en connaître l’origine.
Il devra être sacrément intelligent justement
pour expliquer aux autres que le bonheur ne
se trouve pas forcément dans le pré de la
réussite sociale, que le 2% auquel il appartient
n’a rien à voir avec le « Who’s who » des
fortunes mondiales.
Vieillir aux portes de l’été indien L’enfant précoce devenu adulte traverse sa
vie avec bonheur ou désespoir, ou simplement
jklmwxcvbn,cvazer
avec banalité ce qui, pour un être aussi
curieux et ouvert est la pire des choses. Une
vie grise pour un intellect multicolore et hors
de proportion n’est pas un cadeau de la vie.
Plus les années passent, plus les questions
se pressent dans leur cerveau toujours plus
avide de connaissances. L’enfant curieux est
devenu un adulte inassouvi de savoir, un être
un peu effrayant car tellement différent de ses
congénères. Parler à un adulte surdoué ne
serait-ce pas se confronter à quelqu’un qui
pourrait surclasser l’autre intellectuellement ?
On fantasme sur l’intelligence comme sur
beaucoup de choses. Là où la retraite peut
devenir source d’ennui, l’être au QI élevé
peut enfin trouver sa revanche. Les seniors
surdoués s’estiment en effet plus comblés
par leur vie que les autres seniors. Sauf s’ils
n’ont pu s’accomplir professionnellement.
Les enfants précoces devenus seniors n’ont
pas perdu leur clairvoyance qui peut être
génératrice d’angoisse. Mais leurs capacités
Précocité
intellectuelles leur permettent tous les projets
d’avenir. Les seniors surdoués que la vie
n’a pas autorisé à poursuivre leurs études
devraient peut-être reprendre leurs études
et montrer enfin, ce dont ils sont capables.
Il n’y a pas de limite d’âge pour s’inscrire à
l’université alors pourquoi ne pas retourner
sur les bancs des amphithéâtres ?
Jean Auel pourrait être un bel exemple
pour les seniors surdoués. C’est à l’âge de
28 ans que cette mère de cinq enfants a eu
connaissance de son quotient intellectuel ;
à 40 ans qu’elle a décroché une maîtrise en
suivant des cours du soir, et à 44 ans que la
saga préhistorique « Les enfants de la terre »
l’a faite connaître mondialement. La suite,
nous la connaissons tous. Il suffit de trouver
sa voie et de s’accrocher à ses rêves.
Brigitte Bordes
De l’échec scolaire
L’échec scolaire, c’est un lieu commun dans
les médias, mais comment pourrait-il en être
autrement par les temps qui courent ? Comme
l’a fait justement remarquer Valérie Orange
dans le dernier Mensans, notre économie
n’absorbe plus [presque] tous les jeunes après
leur scolarité. Et s’il est vrai qu’un jeune qui
avait réussi à obtenir son certificat d’études
primaires il y a cinquante ans savait lire,
écrire et compter, tous n’y arrivaient pas. Si le
niveau a incontestablement baissé par rapport
aux diplômes de référence, l’évaluation ne
va pas de soi en France du point de vue de
l’ensemble des jeunes.
D’abord, il y a des zones défavorisées. Là,
je préfère ne pas trop insister : ce qui est
vraiment inquiétant, c’est que les marges
V. Orange, « De l’échec scolaire ou comment on invente
de faux coupables », Mensans 3, p. 13‑16.
de cette marginalisation sont de moins en
moins marginales. Je me contenterai de citer
un extrait d’un livre d’Alain Bentolila (j’ai fait
mentionner cet ouvrage sur notre site sur la
Toile) :
« Aujourd’hui, pour être politiquement
correct, il faut se contenter de décrire,
admiratif, compatissant et un brin amusé,
les astucieuses stratégies de citoyens
qui s’échinent à contourner les obstacles
quotidiens que leur imposent leurs difficultés
de lecture et d’écriture. Il faut, pour échapper
à l’accusation de conservatisme, s’ébahir
devant la vivacité et le pittoresque d’une
langue des cités qui enferme plus qu’elle ne
libère. »
Pour les autres, à mon avis [qui n’engage
que moi], le niveau a monté depuis quelques
décennies.
Mensans n°4, printemps 2006
13
Précocité
Mais si nous nous posions la
question : de quel niveau s’agit-il ?
Pour la quantité de connaissances, mon
opinion est bien qu’il a monté, même si je
conviens que c’est discutable et difficile à
établir : certaines connaissances très utiles il
y a cinquante ans sont devenues superflues,
et réciproquement. Par contre, au niveau des
compétences, je pense [et là, ma conviction
est beaucoup plus forte] qu’il a nettement
baissé. Très nettement. Prenons l’exemple de
l’histoire, parce qu’il est facile à présenter.
Auparavant, les enfants apprenaient
l’histoire par ordre chronologique, et on leur
demandait d’apprendre des dates et des
événements ponctuels. Cet enseignement
était quelque peu sclérosé (trop peu de dates
sur l’histoire contemporaine, plus importantes
que la bataille de Marignan, qu’on ne peut tout
de même pas comparer aux répercussions de
la prise de Constantinople), mais avec ses
anecdotes (la « petite » histoire), il avait le
double mérite de passionner de nombreux
enfants et de leur fournir d’indispensables
repères chronologiques pour aborder plus tard
la « grande » histoire, et devenir des citoyens
plus éclairés. La « petite » histoire était une
ossature pour la « grande » histoire, celle
des évolutions techniques, économiques,
culturelles, politiques, etc. Quand on n’a
pas la représentation du temps (et d’autant
14
Mensans n°4, printemps 2006
azertyuiop^qsdfgh
moins si on maîtrise mal l’arithmétique la plus
élémentaire), on ne peut même pas envisager
les relations de cause à effet, et concevoir de
façon évidente, pour prendre cet exemple,
que la montée du nazisme en Allemagne ait
pu être favorisée par le chômage.
Il y a deux ou trois ans, je suis allé dans le
XIe arrondissement de Paris à une réunion du
mouvement Attac, et j’ai été [favorablement]
surpris par les intervenants à la tribune
(surtout). Mais l’une des interventions dans
la salle était particulièrement instructive : un
enseignant d’histoire avait pris sur lui de parler
de la crise de 1929 (sujet évacué pour alléger
le programme). Il nous a dit qu’à sa surprise,
ses élèves ont contesté : selon eux, ce n’était
pas possible, puisqu’à la Bourse, on gagne
toujours. Je ne suis pas en mesure de dire si
leur niveau de connaissances en histoire est
élevé, mais pour leur niveau de compétence,
je pense qu’il est inutile d’insister pour vous
convaincre qu’il est lamentable.
Pour prendre du recul, ne vaut-il pas mieux
avoir moins de connaissances, mais avoir
les compétences pour trouver celles qui sont
pertinentes sur un sujet donné (et bien les
situer dans le temps) au cas où on estimerait
judicieux de les approfondir ? Le niveau
utile, ce sont les compétences, vous êtes
bien d’accord ? Quand les connaissances
élémentaires de base sont absentes (celles
qui sont les fondations), comment parler de
niveau élevé, ou même seulement moyen ?
les enquetes recentes de l’o.c.d.e.
Jusqu’à il y a peu, les statistiques sur le
niveau des élèves dont disposait l’O.C.D.E.
n’étaient pas assez rigoureuses et homogènes
pour une comparaison pertinente entre les
pays membres. C’est pourquoi une grande
enquête a été effectuée en 2000. Il s’agissait
de l’acquis des élèves de 15 ans, du niveau
P.I.S.A. qui a été poursuivie en 2003 et le sera cette
année.
jklmwxcvbn,cvazer
de compétence (et non pas strictement du
niveau de connaissance). Ma première
source d’information a été la revue Futuribles
qui a publié à ce sujet un article de plus de
20 pages écrit par deux statisticiens de cet
organisme international.
Deux encadrés (d’une page ou plus chacun)
concernaient la méthodologie, dont le
problème de l’évitement, autant que possible,
des biais culturels. Il est plus délicat de
comparer la compréhension de l’écrit entre
d’une part les pays occidentaux (langues
européennes) et d’autre part le Japon, la
Corée du Sud et Taiwan, que la culture
mathématique et la culture scientifique. Mais
c’est bien la même enquête, et si c’est la
Finlande qui a obtenu les meilleurs résultats
en Europe, cela ne provient pas d’un système
de notation particulier à ce pays.
La performance française en a surpris plus
d’un : cela ne correspond pas du tout à l’image
que l’Éducation Nationale se faisait d’ellemême. D’abord, les résultats sont très moyens
(juste un peu supérieurs en mathématiques,
mais en-dessous du Royaume-Uni). La chute
a été brutale, mais ce n’en est pas vraiment
une : elle n’a eu lieu que par rapport à une
position imaginaire, en dehors de la réalité.
Mais surtout, je cite :
« Ainsi, la France, avec une performance
générale moyenne, est-elle, comme les Etats-
Précocité
Unis, plus « inégalitaire » que la moyenne
au sens où l’impact du contexte socioéconomique sur la performance des élèves
est supérieur à la moyenne. »
J’ai fait insérer ce passage dans les citations
en ligne sur notre site. Sans commentaire sur
le fond, mais c’est tout de même un peu fort
de café dans un pays où tant de gens citent
Pierre Bourdieu…
Car cette enquête a été assez approfondie,
et a permis d’expliquer une autre contreperformance : celle de l’Allemagne, dont les
trois moyennes (compréhension de l’écrit,
cultures mathématique et scientifique) sont
inférieures à celles de la France : la population
immigrée y est nombreuse et relativement mal
intégrée. On apprend aussi que dans tous les
pays de l’O.C.D.E. sans exception, les filles
sont en moyenne meilleures en compréhension
de l’écrit. Un dernier point bizarre au sujet de
la France : si ses résultats sont très moyens, il
y a proportionnellement par rapport aux autres
pays moins d’élèves faibles et moins d’élèves
forts. J’ai des lacunes en mythologie, mais
depuis que je suis devenu délégué pour les
enfants surdoués à Mensa France, j’ai appris
qui était Procuste.
Jean-Pierre CHATENET
[email protected]
Futuribles, n°279, octobre 2002.
Photos © Leah-anne Thompson - FOTOLIA
Mensans n°4, printemps 2006
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Brèves
azertyuiop^qsdfgh
L’absurdité du recrutement
Gérard Pons
des enseignants du 2nd degré
Disparition d’un humaniste
Pour devenir enseignant dans le secondaire,
il faut réussir le concours du CAPES ou de
l’Agrégation. Pour postuler, une licence
suffit. N’importe laquelle, certes, mais il vaut
mieux avoir celle qui correspond à la matière
souhaitée car le niveau est élevé... Très.
Seulement voilà, si les épreuves écrites et
orales exigent un niveau de connaissance très
élevé, elles ne requièrent strictement aucune
compétence en pédagogie. Certes, il ne faut
pas râter son oral mais peut-on comparer une
prestation devant un jury avec une classe de
gamins déchaînés en ZEP ???
Or, justement, à peine le ticket d’entrée
obtenu, les futurs enseignants se retrouvent,
une année durant, face à une classe alors qu’ils
n’ont reçu strictement AUCUNE formation
pédagogique. Certes, ils doivent aller aux
cours en IUFM en parallèle mais leur faible
volume est révélateur de leur efficacité. Or
tout au plus 10% de ces futurs profs échouent
à la titularisation au terme de cette année de
bâptème du feu, aux frais d’élèves cobayes.
Si l’on se risque à répartir le niveau des
nouveaux professeurs sur une sorte de courbe
de Gauss de la pédagogie, on comprend
beaucoup mieux le fossé qui existe entre
ceux-ci et les enfants précoces et pourquoi ces
gamins dérangent bon nombre d’enseignants
au point d’être rejetés.
Nous venons d’apprendre le décès de
Gérard Pons, qui s’était notamment illustré l’an
dernier au sein de Mensa par un article dans
le tout premier numéro de Mensans et par
une conférence sur « L’action humanitaire »
en mai à Epernay. Il était responsable national
en région Centre du Comité Catholique contre
la Faim et pour le Développement (CCFD).
Nos meilleures pensées accompagnent ses
proches. Ceux-ci nous ont fait savoir que son
décès serait lié à la piètre fiabilité d’un test
de dépistage du cancer. Un résultat négatif
trompeur aurait retardé le diagnostic.
On comprend, certes, mais on
n’excuse pas.
Emmanuel Marc Dubois
Institut Universitaire de Formation des Maîtres
G. Pons, « Un monde à partager », Mensans 1, mars
2005, p. 8.
Le petit journal
Pour ceux, peu nombreux, qui ne le connaîtraient pas encore, je rappelle l’existence d’un
quotidien en ligne : lepetitjournal.com
C’est le journal des Français à l’étranger ; il a plus de 60 000 lecteurs abonnés dans le monde.
L’édition de Monaco a été créée le 18 avril dernier (6000 abonnés pour l’instant, en constante
évolution). La directrice de la rédaction en est notre amie Eva ESZTERGAR, membre de Mensa
Côte d’AZur ([email protected]).
Josiane Merquit
Photo © Claude Deunette
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Mensans n°4, printemps 2006
jklmwxcvbn,cvazer
Littérature
M comme Momo
Il aura 16 ans au mois de mai et il achève
sa deuxième année de classe préparatoire
scientifique pour Polytechnique, Centrale et
les Mines. Vous en avez sûrement entendu
parler : c’est Momo qui fut le plus jeune
bachelier de France en 2004 et qui raconte
son parcours dans un livre :
« Moi, Momo, 14 ans, ivoirien… »
Momo se raconte avec simplicité et
spontanéité. Son parcours extraordinaire ne
semble pas l’avoir empli de fatuité et c’est bien
agréable. Son style a la fraîcheur du langage
de l’enfant.
Momo raconte sa famille ainsi que son pays.
Il a eu la chance de rencontrer des instituteurs
et des directeurs d’école qui ont su le laisser
avancer à son rythme. Il a aussi eu la chance
d’avoir une famille à l’écoute, qui ne s’est
pas effrayée de son avance. Ainsi, à le lire,
il « saute » les classes avec l’aisance d’un
écureuil. Alors que Momo a quatre années
d’avance, son père, qui en son temps a étudié
en France, a l’idée de l’envoyer à Paris pour
son année de terminale. C’est le début d’une
belle aventure. Après quelques péripéties,
Momo rejoindra à Paris sa sœur aînée,
mariée à un professeur de mathématiques.
Nous suivons alors son quotidien de futur
bachelier, d’élève studieux et organisé qui sait
se ménager des instants de détente avec ses
nouveaux copains.
C’est un garçon résolument positif qui
préfère voir son verre à moitié plein.
Ainsi, ce livre fera du bien aux parents
d’enfants surdoués, précoces, à haut QI et
autres appellations d’origine pas toujours
contrôlée. Ceux qui se battent contre les
institutions scolaires, contre le refus d’une
soi-disant trop grande avance scolaire au vu
Mohamed Diaby, Moi, Momo, 14 ans, ivoirien… et plus
jeune bachelier de France. Le livre est sorti en poche,
édition Pocket 12927
d’un problème de « maturité », seront donc
réconfortés :
oui, nos chérubins peuvent avoir
quatre ans d’avance et se sentir
très bien dans leurs baskets,
simplement parce qu’ils sont acceptés tels
ils sont, non seulement par leur famille, mais
aussi par leurs professeurs et leurs camarades
de classe. Ouf !
Il est vrai que Momo a pu passer son bac si
jeune parce qu’élève hors de l’Hexagone et il
est tout aussi exact qu’il pourra présenter le
concours de Polytechnique à son âge grâce à
son statut d’étranger. Il n’en reste pas moins
qu’en cas de découragement, ce livre est
stimulant. Alors, pour que les petits Français
puissent bénéficier d’un si beau parcours,
nous devons continuer à nous battre. Haut les
cœurs !
Muriel Tunzini
Photo © Guillaume Tunzini - Tunzini Pictures
Mensans n°4, printemps 2006
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Mystère
azertyuiop^qsdfgh
Méduses du métro
Une nouvelle théorie du complot
Comme tout le monde le sait, le gouvernement
a beaucoup de secrets. Et comme il tient les
médias par la peur, ceux-ci ne peuvent pas nous
informer de ce qui est vraiment important pour la
population.
Ainsi, les médias parlent sans arrêt de guerres,
d’attentats, d’épidémies, etc... dans le but de nous
occuper l’esprit avec des contes d’une inutilité à
pleurer, alors qu’ils restent muets face aux vraies
menaces pour le Peuple.
Par exemple, les méduses dans le métro. Vous
croyez qu’ils en parleraient ? Ils ont essayé.
Malheureusement, tous les protagonistes de ces
enquêtes sérieuses et rigoureuses sont tous,
comme par hasard, décédés
de manière à première vue
anodine. « Heurté par un ballon
dirigeable », « asphyxié dans son
sommeil par ses propres gaz »,
ou encore « noyé alors qu’il avait
pied », le gouvernement n’a pas
manqué d’imagination pour que
ces meurtres passent inaperçus
dans les journaux.
Arrêtons cette stupide mascarade et révélons
enfin la vérité aux Citoyens.
Les méduses sont arrivées dans le métro
parisien peu après sa construction. Elles sont
arrivées par milliers. Les sceptiques diront qu’ils
ne croient que ce qu’ils voient. Cependant, tout
le monde en a déjà vu, d’après une étude Ipsos
de Juin 2004 réalisée auprès d’un échantillon
représentatif de la population de 6354 personnes.
Seulement, leur inconscient leur a joué des tours
afin qu’ils pensent qu’il ne s’agissait que de
simples sacs plastiques.
Mais elles sont bel et bien là. Elles restent,
sournoises, tapies dans l’obscurité, et elles
attendent. Dès qu’un voyageur un peu isolé se
présente, elles fondent sur lui par dizaines telles
un groupe d’adolescentes sur le dernier single de
Lorie.
Vous y croyiez vraiment, vous, aux « incidents
voyageurs » ? Vous avez vraiment cru qu’il
existait des gens qui n’avaient rien d’autre à faire
que de se promener sur les rails du métro ? Ou
que certains suicidaires manquaient à ce point
d’imagination ? Hé non, c’est encore un coup des
méduses.
Ce sont en fait des méduses extra-terrestres qui
viennent d’une lointaine galaxie. J’avoue, je ne
sais pas quel est le nom de leur planète, mais
bon, je ne suis pas la CIA non plus. Le but de
ces méduses est l’invasion de la totalité de notre
planète en contaminant chaque personne qu’elles
attrapent. Elles ont choisi de commencer par notre
belle ville car sur leur planète, « Paris » signifie
« bande d’imbéciles facilement contaminables ».
Elles y ont donc vu une occasion…
Dire que si notre cité s’appelait toujours Lutèce,
on n’aurait pas eu à s’en faire…
Les extra-terrestres sont parmi nous, donc.
Faites très attention, une grande quantité
d’humains a déjà été contaminée, ce peut être
votre voisin, votre fils, ou même la personne avec
qui vous dormez toutes les nuits, et plus si affinités
(ou si grosse quantité d’alcool ingurgitée…).
La bonne nouvelle, c’est que pour les tuer, il
existe une technique simple.
Si vous avez un doute sur une personne, il suffit
de lui briser les genoux au marteau et au burin,
puis de la faire asseoir sur ces mêmes genoux
sur un mélange savant de verre pilé et de limaille
de fer (recette complète disponible à la rédaction
sur simple demande). Ensuite, vous lui collez sur
la tête (éviter la colle en spray, choisir plutôt de
la super glue) une Fiat Punto, dans laquelle vous
placerez les Gipsy Kings qui chantent Jobi Joba.
Si ses yeux deviennent jaunes, se révulsent
puis partent comme des petites fusées, c’est
gagné, il est mort, vous avez bien rempli votre
devoir de citoyen.
Par contre, s’il ne se passe rien, vous avez fait
une erreur, c’était un être humain normal.
Dans ce cas, excusez-vous poliment, faites
taire les Gipsy Kings, et partez. Vite !
Nathalie Chabert
Illus. © Jyn Meyer - FOTOLIA
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Mensans n°4, printemps 2006
jklmwxcvbn,cvazer
Nouvelle
Un dîner à Dingolio
Au village de Dingolio vivent les familles
Montaigu, très riche, et Duchmol, très
pauvre. La seconde vient de perdre son
patriarche. La première, qui n’est composée
que de membres jeunes, ne comprend pas
l’attachement de ses voisins à cette ancienne
figure. Elle décide malgré tout de manifester
son soutien aux endeuillés et convie à dîner
les Duchmols, qui acceptent l’invitation.
Le repas se passe dans la cordialité. Bien
que de moeurs différentes, les commensaux se
respectent. Les Montaigu se montrent prévenants
et généreux, les Duchmol polis et reconnaissants.
On converse de sujets variés. Les sourires
sont mesurés, la pudeur observée, l’ambiance
vaguement solennelle. Tout est calme.
Trop calme. Un Montaigu à l’humour exacerbé,
Pingozzi, s’ennuie profondément. « Le moment
est grave, certes. Mais ce n’est pas une raison
pour accabler des voisins étrangers à l’affaire »,
considère-t-il silencieusement. Alors il lance
soudain, un sourire aux lèvres : « Le vieux
schnock est claqué et c’est regrettable. Mais
l’avantage de ne pas avoir à s’occuper de ce
débris, c’est que c’est bon pour la Sécurité
Sociale ! ». Il fixe les Duchmol et conclut ses
paroles par un rire assourdissant.
Les Montaigu s’interrogent du regard. La
blague n’est pas drôle, mais ne convient-il pas
de rire quand même ? Quant aux Duchmol, ils
sont frappés de stupeur. L’un d’eux, Bargara, un
homme massif aux yeux farouches, se dresse et
enrage : « Comment ? Vous osez vous moquer
de notre patriarche, de sa mort et de notre
chagrin ? J’exige que vous retiriez ces propos
sur-le-champ ! »
Ganzzi, un Montaigu au visage doux et placide,
se dit : « La plaisanterie n’était pas amusante
et l’intervention de mon cousin déplacée. Mais
Pingozzi est intelligent. Il va reconnaître son tort
et ne récidivera pas. »
Pingozzi, toutefois, ne semble pas ému. Il
répond : « Vous, les Duchmol, vous n’êtes pas
comme nous. Vous n’avez pas d’humour. On ne
peut rien vous dire, vous vous emportez aussitôt.
Vous êtes bornés, rétrogrades et dangereux. »
Ganzzi sursaute. « Comment ? songe-t-il. Que
fait là Pingozzi ? Cherche-t-il la guerre avec les
Duchmol ? » Mais aussitôt, il se rassure. « Les
Montaigu sont des gens censés. Ils vont le faire
taire et ramener tout le monde à la raison. »
Cependant sa famille, loin de réprouver
Pingozzi, hoche la tête à la fin de son discours.
Levizzi, un Montaigu qui lit beaucoup et parle
autant, ajoute : « Nous, Montaigu, sommes des
esprits éclairés. Nos valeurs sont supérieures
aux vôtres. Nous refusons de brider notre liberté
d’expression et de nous soumettre à votre
dictature obscurantiste. »
Les Duchmol sont consternés, vexés et
énervés. Des hommes serrent les poings. Des
femmes pleurent. Bargara lance son verre d’eau
à la figure de Levizzi. Un autre Duchmol, Beniba,
jette sa serviette sur Pingozzi. Les nombreux
domestiques interviennent, séparent les
belligérants et chassent les intrus de la maison.
De la fenêtre, les Montaigu observent les agités
qui, dans la rue, renversent des poubelles et
cassent des luminaires en vociférant.
« Quels sauvages ! » s’exclame Pingozzi. Les
prunelles rivées sur le groupe qui s’éloigne,
Levizzi paraît pensif. « Ces Duchmol sont
vraiment agressifs, juge-t-il. Il ne sera pas inutile
de préparer un service de sécurité, pour le cas
où l’envie d’en découdre leur reprendrait ». Les
Montaigu acquiescent. « Un service de sécurité
que l’on pourrait envoyer chez les Duchmol,
afin de pacifier cette famille d’arriérés » conclut
Levizzi. Hormis Ganzzi qui semble paisible et un
peu peiné, les Montaigu opinent du chef. Leurs
yeux se font menaçants quand ils fixent les
Duchmol qui, de nouveau calmes et ordonnés,
s’enfoncent au loin, dans la nuit froide de
Dingolio.
maxirod le 9/2/06
[email protected]
Mensans n°4, printemps 2006
19
Réunions
azertyuiop^qsdfgh
Un demi dîner
S’il est une activité qui représente l’éclectisme
des membres de Mensa, c’est bien cette
institution un peu tristement nommée
« réunion informelle ». En Île de France, il
s’agit d’un rendez-vous régulier dans un petit
restaurant parisien. En général, entre 15 et 30
personnes s’y retrouvent sans qu’on ne sache
qui viendra, qui on rencontrera et surtout
quels seront les thèmes abordés. Et c’est
justement sur ce dernier point que repose
tout le mystère de ces réunions. Comment
est-on passé des batailles napoléoniennes
au système de guidage des satellites ? Des
trous noirs aux trous de mémoire ? De la
collecte des droits d’auteurs sur Internet aux
techniques de céramiques ?
Au début de ces « réunions informelles »
de petits groupuscules se forment selon
une règle que personne n’a encore réussi
à formuler mathématiquement. Certains
électrons libres passent d’un groupuscule
à l’autre. Quand il intervient au milieu d’une
discussion, personne n’est surpris et quand
il quitte le groupe pour entrer dans un autre
débat, personne ne s’en offusque. Comme un
papillon goûtant à différents nectars, l’électron
libre se balade.
L’estomac met fin à ces préambules et
progressivement chacun se trouve une place
à table.
Mensa voulant dire « table » en latin, c’est à
ce moment-là que le Mensan se rend compte
de l’immensité sémantique du nom de son
association.
Si manger est important pour certains et
accessoire pour d’autres, débattre est de toute
façon essentiel. Finalement, c’est pour cette
raison qu’on est là : parler – et parfois même
écouter. Les personnes les plus timides ont
toujours fini par se débrider après quelquesunes de ces réunions informelles. Ça discute
tous azimuts… et ça va vite.
Ce qui est frappant, c’est la qualité technique
des discussions. Une thèse sera argumentée
20
Mensans n°4, printemps 2006
et si elle est contrecarrée, ce sera avec un
argument solide, et ce, quel que soit le sujet.
Tout le monde s’intéressant à priori à tout
autour de la table, chacun a une pierre à
apporter à l’édifice… quel qu’il soit.
Je me souviens de ce soir où une question
toute simple a été posée : comment met-on
un « demi-cheval » au pluriel ? En quelques
minutes, l’épidémie s’est répandue et les
réponses intuitives se sont vu confrontées à
des arguments solides.
En effet, comment accepter que si l’on coupe
un cheval en deux nous obtenons deux demichevaux ? Deux moitiés de cheval seraient
donc égales à deux demi-chevaux. Le terme
de « chevaux » ne peut s’appliquer que lorsque
nous parlons de plusieurs « cheval ». Certains
audacieux proposèrent alors de parler de
deux demi-chevals, d’autres suggérèrent de
n’appliquer le pluriel qu’à partir de 2 chevaux
(donc 4 demis). Ce qui donnerait : un demicheval, deux demi-cheval, trois demi-cheval
et quatre demi-chevaux.
Tout le monde s’impliquait dans ce débat de
haut-niveau. Soudain un Mensan torturé nous
fit part de son besoin de précision : peut-on
parler de la même manière des deux moitiés
du même cheval et de deux moitiés venant de
deux chevaux différents?
En considérant cette distinction, on pourrait
donc parler de deux demi-cheval quand les
moitiés viennent du même cheval et de deux
demi-chevaux quand elles proviennent de
deux chevaux différents. Certains ont cru bon
d’objecter qu’à partir de trois, il fallait parler
de demi-chevaux car au moins deux chevaux
avaient été coupés.
Je saisis alors mon téléphone et demandai
à mon épouse restée devant son ordinateur
de bien vouloir chercher les occurrences des
différentes propositions sur la toile. Il en est
ressorti que personne ne mentionnait de « demi-
jklmwxcvbn,cvazer
chevals » et que demi-chevaux semblait être
dans tous les cas le pluriel de demi-cheval.
Cela étant, ces expressions étaient peu
fréquentes et leur faible nombre ne permet
pas de dégager une certitude… le débat
pouvait reprendre.
Un membre débarqua en pleine discussion
et nous l’invitâmes à participer à nos
cogitations… elle détourna la discussion en
nous poignardant d’une évidence : un demicheval ça peut être un centaure et un centaure
prend un « s » au pluriel.
Énigme
Casse-tête des délégués de classe
Il y a 5 classes alignées dans la cour, avec
chacune un délégué.
Chacun d’eux porte un sac, a une boisson
favorite et une matière préférée.
Les 15 indices indispensables :
1. Rémi est en 2nde.
2. Bastien a un sac jaune.
3. Kévin boit du thé.
4. La classe de 3e est juste à gauche de
la 6e.
5. Le délégué de 3e boit du sirop.
6. Le délégué qui aime les maths est à côté
de celui qui a un sac rouge.
7. Le délégué de 5e aime le sport.
8. Le délégué de la classe du centre boit du
chocolat.
9. Vincent est délégué de la classe de
gauche.
10.Celui qui aime l’anglais a un sac noir.
11.Le délégué qui a un sac vert est à côté
de celui qui aime le sport.
12.Le délégué qui aime l’histoire boit de
l’eau.
13.Guillaume aime la biologie.
14.Vincent est à côté de la 4e.
15.Le délégué qui aime les maths est voisin
du buveur de lait.
Qui donc a un sac bleu ?
Énigme
La discussion a donc naturellement dérivé
vers la Grèce antique.
Tout ça pour dire que lors de ces
réunions informelles, quelles que soient
vos préoccupations, vous trouverez un
interlocuteur. Quelles que soient vos
certitudes, vous trouverez quelqu’un pour les
remettre en question.
Un peu avant minuit, on se quitte. Chacun
s’est un peu enrichi. On a tous parlé d’un sujet
plus ou moins essentiel… Je ne sais pas si
c’est utile, mais c’est très agréable.
Guillaume Tunzini
Quelques conseils pour résoudre cette
énigme, à ne lire que si vous pataugez :
- il faut partir du principe que chacun des
sacs a une couleur différente.
- De la même façon, les cinq boissons sont
différentes.
- Les cinq délégués ont
des matières préférées
différentes.
- Les classes vont de
la 6e à la 2nde.
- Utiliser
une grille de
logigramme pour
établir les liens
entre les indices :
niveau, matière,
sac, boisson et
emplacement.
Bonne réflexion !
Inquiétant
Recherche fondamentale
Une équipe de linguistes a découvert avec
stupeur que dans les mots « intelligence »,
« quotient intellectuel », « réflexion » et
« cerveau » ne figurait aucun « M ». Nous
attendons une confirmation de ces résultats
par un laboratoire indépendant.
GT
Illus. © Dennis Cox - FOTOLIA
Mensans n°4, printemps 2006
21
Vocabulaire
azertyuiop^qsdfgh
A quel point le nano est-il petit ?
Une équipe internationale de scientifiques
a partiellement rendu la vue à un hamster
aveugle en utilisant les nanotechnologies. Ces
chercheurs ont construit une fine structure
de fibres de nanoparticules qui ont aidé le
nerf optique endommagé du hamster à se
reformer. Ces fibres étaient larges de 5 à 10
nanomètres.
entre 20 et 200 microns. Un fil d’araignée ne
mesure, lui, qu’entre 5 et 10 microns.
Beaucoup de bactéries ne mesurent qu’un
ou deux microns de long… suffisamment
petites pour coloniser avec quelques amies
les fourches au bout de vos cheveux.
C’est
un
des
derniers
exemples du potentiel des
nanotechnologies.
Vous
savez sans doute que les
nanotechnologies
consistent
à construire et manipuler de la
matière et des machines à très
très petite échelle. Mais à quel
point ce « nano » est-il petit ?
Prenons un peu de recul.
Un nanomètre est un millième
de micron, donc un milliardième
de mètre. Pour essayer d’imaginer
à quel point un nanomètre est
petit, vous pouvez voir les choses
comme ceci : pour trouver quelque
chose de mille fois plus grand
que vous – la différence entre un
nanomètre et un micron – il faudrait
que vous regardiez une montagne.
Maintenant, pour vous mesurer à
quelque chose un milliard de fois
plus grand que vous – la différence
entre un nanomètre et un mètre – il
faudrait vous comparer au Soleil.
Si vous ne mesuriez que quelques
nanomètres de haut, ces bactéries
colonisant les fourches à l’extrémité
de vos cheveux, ressembleraient
à des paquets de gratte-ciels. Et
l’épaisseur du cheveu sur lequel
ces bactéries se prélassent
donnerait des complexes à la plus
haute montagne que vous n’ayez jamais vue,
même si vous habitez au Népal.
Mais qu’est-ce qui pourrait être si petit ?
Et bien, une hélice d’ADN ne mesure que
2 nanomètres de diamètre… et c’est juste
assez large pour contenir le code de la vie.
Des kilomètres aux
millimètres.
Traditionnellement, les hommes
ont mesuré le monde en utilisant
des unités de longueur allant de
quelques millimètres (la taille
d’une fourmi rouge) à quelques
kilomètres (distance parcourue
à pied en une heure). Un mètre
correspond à la taille d’un enfant
de maternelle, un centimètre
à l’épaisseur de votre auriculaire et un
millimètre à l’épaisseur d’un grain de sable.
Mais essayer de mesurer des choses plus
petites encore nécessite des instruments et
de nouveaux termes pour dire « petit ».
Micro signifie « millionième »
Un millième de millimètre – soit un millionième
de mètre – s’appelle un micron (ou micromètre)
l’épaisseur d’un cheveu mesure généralement
22
Mensans n°4, printemps 2006
Nano vient du Grec « Nanos » (nain)
Steve Sampson
Traduit de l’anglais par Guillaume Tunzini
Illus. © Linda Bucklin - FOTOLIA
Avec l’autorisation de Copyright © 2005 Every Learner, Inc. Tous droits réservés.
http://KnowledgeNews.net
jklmwxcvbn,cvazer
Cerveau
Les dures réalités de la dyslexie
Louise Green est membre de Mensa en
Grande-Bretagne. Elle est membre du
bureau du British Dyslexia Association
(www.bdadyslexia.org.uk), et présidente
du Professional Association of Teachers of
Students with Specific Learning Difficulties
(www.patoss-dyslexia.org).
le pays ! Ça m’a remonté le moral, au moins
jusqu’au moment où je l’ai annoncé à mon
mari. Il m’a regardée bizarrement et avec une
pointe de délicatesse, il a émis l’hypothèse
que les papiers avaient été mélangés et qu’on
m’avait attribué les résultats de quelqu’un
d’autre.
Je n’ai rejoint Mensa que parce que je me
croyais stupide. Je sais que cette affirmation
semble contradictoire. Elle est pourtant
véridique ! Pendant plus de 30 ans, je me
croyais stupide. Ce ne fut que lorsque la
dyslexie de mon aîné a été détectée que j’ai
commencé à me demander si je n’avais pas
le même problème. À cette époque, je ne
pouvais pas me payer un test effectué par un
psychologue. Du coup, j’ai demandé les prétests de Mensa qui, si je me rappelle bien,
étaient gratuits ! De plus, ils avaient l’avantage
d’être expédiés sous enveloppe opaque et
discrète ! De cette manière, je pouvais vérifier
mon QI qui, je commençais à le suspecter,
n’était pas aussi bas que je l’avais toujours
cru.
Avant que vous ne sautiez au plafond et me
demandiez quand nous avons divorcé – ce que
nous n’avons pas fait – sachez que mon mari
n’a rien d’un rustre machiste. Son étonnement
était authentique. Pour lui, j’étais gentille mais
un peu limitée, d’autant qu’il m’arrivait de ne
plus me rappeler le nom de ce truc blanc et
mou sur lequel on étale du beurre le matin.
En tout cas, sa réaction m’a donné envie de
prouver que ces premiers résultats n’étaient
pas injustifiés.
Après avoir terminé le test, j’ai attendu avec
une impatience pimentée de crainte : et si
finalement j’étais bel et bien stupide ?
Je me suis donc inscrite au test surveillé à
Londres et je l’ai réussi haut la main, avec
un résultat très légèrement inférieur à ce que
j’avais obtenu aux pré-tests.
C’était donc officiel. Je n’étais pas stupide,
et mon mari pouvait revoir ses jugements sur
mon intelligence – et moi aussi par la même
occasion !
Pourquoi m’étais-je donc sentie stupide ?
C’est à la fois à cause du système éducatif
anglais et de ma dyslexie non diagnostiquée.
La dyslexie est un dysfonctionnement caché.
Il n’y a pas de signe extérieur flagrant. A moins
qu’un enfant soit très très en-dessous des
moyennes nationales en lecture, orthographe
ou numération, les autorités n’ont aucune
raison de s’alerter.
Quand les résultats sont arrivés, j’étais
sur un nuage. Non seulement je n’étais pas
stupide mais j’étais dans la tranche de 1%
des personnes les plus intelligentes de tout
Illus. © Guillaume Duris - FOTOLIA
Article précédement paru en Janvier 2006 dans Mensa Magazine (Royaume Uni)
Quand j’étais à l’école, dans les années 60
et au début des années 70, il était courant de
taxer un dyslexique doué d’être inattentif ou
paresseux.
Mensans n°4, printemps 2006
23
Dyslexie
Au lieu d’être aidé, l’enfant était donc tenu
pour responsable de difficultés auxquelles il
ne pouvait rien, ce qui rabaissait encore une
estime de soi qui n’était déjà pas brillante.
Un manque d’estime de soi affaiblit, mène à
l’échec et la frustration. Pour ma part j’ai quitté
l’université parce que je pensais ne pas être
assez intelligente pour réussir. J’ai pensé qu’il
valait mieux partir que se faire mettre dehors.
À l’époque, si quelqu’un me marchait sur le
pied, c’était moi qui m’excusais.
Le système éducatif n’a pas beaucoup aidé,
principalement dans le primaire qui repose
essentiellement sur les capacités de l’élève
à lire et à écrire. À ce niveau, le contenu du
travail n’est pas pris en compte s’il est mal
présenté ou truffé de fautes d’orthographe.
Le pire étant bien sûr quand le dyslexique a
mal lu la question… et donc qu’il a répondu
à côté.
Le dyslexique, ne maîtrisant ni la lecture, ni
l’écriture, n’a strictement aucune chance de
réaliser son potentiel en primaire.
À l’âge de 11 ans, dans le Kent, j’ai passé
un test d’orientation. Je l’ai raté et j’enrage
depuis plus de 30 ans. Je n’ai pas été jugée
sur mon intelligence, mais sur mes faibles
compétences littéraires. J’ai donc été envoyée
dans une école où sont envoyés les élèves
qui ne seront jamais assez intelligents pour
apprendre la physique et la chimie, et où l’on
nous a enseigné les compositions florales et
le jardinage – deux choses que je déteste et
que j’ai toujours détestées !
Pourquoi est-il si difficile de détecter un
dyslexique doué ? Pourquoi certaines
personnes, comme le Professeur Elliott l’a
récemment fait sur une chaîne de télévision
britannique, affirment que la dyslexie est
un mythe ? En rassurant certains obtus sur
l’inexistence de la dyslexie, cette émission de
télévision fait beaucoup de mal.
24
Mensans n°4, printemps 2006
azertyuiop^qsdfgh
Je vois principalement six raisons à ce point
de vue :
• Il n’y a pas de dyslexie typique. Chaque
dyslexique est un cas unique, avec sa propre
combinaison de forces et de faiblesses, ce
qui rend ardue toute tentative de définir le
problème.
• Il n’y a pas de définition officielle de
la dyslexie, tant au niveau international
qu’au niveau national. Toutefois, le DFES
(Department For Educative Skills) a établi
que : « Il est convenu de façon générale
que la dyslexie résulte d’une différence par
rapport à la norme dans le traitement par le
cerveau des informations sensorielles. Les
personnes dyslexiques peuvent donc avoir
des difficultés plus ou moins grandes à traiter
les informations. Dans certains cas, quand ces
difficultés touchent la lecture et/ou l’écriture,
ces différences peuvent être handicapantes.
De manière générale, il est souvent convenu
que la dyslexie implique nécessairement des
difficultés de traitement phonologiques. Ces
difficultés sont plus ou moins importantes
d’un dyslexique à l’autre. Les explications sur
l’origine de la dyslexie sont très variées. »
• Il est extrêmement difficile de remarquer
un dyslexique doué. En effet depuis le plus
jeune âge, le dyslexique doué utilise son
intelligence pour maîtriser des stratégies
compensatoires… et il n’a donc en apparence
aucun problème. Il est alors impossible pour
un enseignant de savoir si cet enfant traite
l’information d’une façon différente de celle de
ses camarades.
• Les dyslexiques doués n’éprouvent
généralement aucune difficulté à effectuer
une tâche unique lors de tests standards
– comme lire ou épeler un mot. La plupart
des dyslexiques doués peuvent se sortir
honorablement d’un test d’orthographe ; par
contre, s’ils doivent en même temps réfléchir
à ce qu’ils écrivent, ou s’ils sont soumis à une
contrainte de temps trop forte, ils perdent
toute notion d’orthographe. Ceci est dû à un
jklmwxcvbn,cvazer
manque d’automatisme, la mémoire vive du
dyslexique est vite saturée. Donc, soit il écrit
sans faute d’orthographe, soit son niveau
d’écriture correspond à son niveau intellectuel
et ses phrases sont truffées de fautes –
souvent attribuées à tort à de la paresse ou
de l’inattention.
• L’imagerie médicale nous montre que
le cerveau d’un dyslexique fonctionne
autrement qu’un cerveau de non-dyslexique.
Malheureusement ces tests sont très onéreux,
difficiles à obtenir et sont plus souvent faits aux
Etats-Unis. En conséquence, la vaste majorité
des dyslexiques du Royaume-Uni n’a aucune
preuve irréfutable de sa dyslexie, à part une
batterie de tests souvent controversés par
divers « experts ».
• Certains jours, le dyslexique « y arrive »,
d’autres jours, il n’y arrive pas. Comme tout le
monde, le dyslexique a des jours avec et des
jours sans. Le problème chez lui, c’est que
les jours sans sont absolument désastreux !
Les enseignants pensent ces jours-là que
leur élève travaille mal exprès, ce qui entraîne
parfois des punitions. Cette instabilité dans la
performance, très visible chez les dyslexiques
doués, apparaît pour le corps enseignant
comme de la mauvaise volonté.
Les dyslexiques ont toutefois des choses
en commun : ils ont du mal à identifier et
manipuler les sons qui forment les mots. Dans
mon cas, lorsque j’entends un mot, je peux le
répéter mais je n’arrive pas facilement à dire
de quels sons il est composé et quelles lettres
vont avec ces sons. Quand je dois écrire un
mot inconnu, j’ai l’impression que j’ai une
grande roulette de casino qui tourne dans ma
tête avec des lettres inscrites tout autour. Je
vois une bille d’argent rouler et rebondir sur
la roulette jusqu’à atterrir sur une lettre que je
retranscris avec obéissance. Parfois, la suite
de lettres forme un vrai mot… parfois pas.
Beaucoup de dyslexiques ont du mal à
ressortir un mot ou un son de leur réserve.
Toute personne qui a ce problème aura du mal
Illus. © Guillaume Duris - FOTOLIA
Dyslexie
à effectuer des tâches séquentielles. Souvent,
elle n’arrive pas à trouver le mot exact qu’elle
veut utiliser (« pain » par exemple) même s’elle
arrive à imaginer parfaitement l’objet dans sa
tête. Bien que cette difficulté à retrouver un mot
peut arriver à tout le monde, et d’autant plus
à un âge avancé, les dyslexiques éprouvent
cette difficulté tout au long de leur vie. Leur
difficulté à effectuer des tâches séquentielles
peut rendre impraticable la multiplication,
l’ordre alphabétique, l’ordre des jours dans
une semaine, ou l’ordre des mois dans une
année. Ces élèves sont souvent accusés de
faire des fautes d’étourderie en maths.
Pour le Professeur Elliott, un dyslexique
est une personne qui lit mal. C’est vrai, mais
cela ne suffit pas. Il faut aussi mentionner
toute la liste de difficultés occasionnées par
la dyslexie, bien que cette liste puisse varier
d’un individu à l’autre. Pour ma part, j’ai
énormément de mal à m’organiser (où ai-je
mis mes clefs ? Ai-je encore pris deux rendezvous à la même heure ?), je lis mal, j’ai peu
de mémoire auditive à court terme et je n’ai
aucune mémoire des noms et des visages.
C’est ce dernier problème qui me joue le
plus de tours. J’ai réussi à développer des
stratégies compensatoires pour toutes mes
autres faiblesses mais celle-ci n’a pas de
solution universelle. Je m’en sors à peu près
en souriant systématiquement à tout le monde,
dans le cas où je serais censée connaître la
personne en face de moi. Parfois, je rencontre
quelqu’un qui, visiblement, me connaît très
bien, connaît toute ma famille… et moi, en
face, je n’ai aucune idée d’où je connais cette
Mensans n°4, printemps 2006
25
Langage
azertyuiop^qsdfgh
personne. J’essaie alors de m’en sortir en
posant des questions génériques du genre
« comment va la famille ? » ou « qu’est-ce
que vous faites de beau en ce moment ? »
Cette stratégie m’a quand même trahie une
fois ; le jour où j’ai rencontré quelqu’un qui
avait le même problème. Nous avons eu une
conversation de 10 minutes pendant laquelle
nous nous sommes verbalement escrimées
en essayant chacun de deviner d’où nous
connaissions l’autre… jusqu’à ce que nous
nous rendîmes compte que nous ne nous
connaissions pas du tout.
Nous nous sommes salués poliment.
Nos enfants respectifs qui avaient suivi la
conversation s’étaient bien amusés.
La dyslexie est donc autre chose qu’une
simple « difficulté de lecture », c’est un
ensemble de dysfonctionnements qui implique
de travailler plus dur et de développer des
stratégies pour s’adapter au monde des non
dyslexiques. Nous faisons souvent face à une
incompréhension totale de nos problèmes, et
nous nous ridiculisons en faisant des erreurs
qu’on ne peut s’empêcher de faire.
Cependant, nous avons des compensations.
Nous pouvons être exceptionnels pour
résoudre certains problèmes pratiques, nous
arrivons facilement à voir les choses de
façon globale, nous voyons les deux côtés
de chaque argument ; nous pouvons suivre
le point de vue d’une personne sans être
d’accord avec elle ; nous pouvons être très
forts dans les débats et nous pouvons être
extrêmement créatifs.
En fait, c’est avec fierté que j’informe les
non dyslexiques qu’apparemment, la plupart
des génies depuis au moins 100 ans ont été
dyslexiques. J’ai donc un peu d’espoir.
Louise Green
Traduction : G. Tunzini
26
Mensans n°4, printemps 2006
Une Mensane
1,60 m – 55 kg – 49 ans… Pas le profil qu’on
associerait à une championne de glisse ?
Et pourtant !
Véronique Ribaud de Gineste, mensane
depuis 1994, a commencé très tôt sa carrière
en char à voile. Junior surclassée, elle gagne
son premier titre de Championne de France en
1973 et depuis n’a eu de cesse d’accumuler
les victoires, pour accéder en 1998 à la plus
haute marche du podium : l’or du Championnat
du Monde. Elle détiendra jusqu’à 2003 le titre
de Championne du Monde dans la classe
Standart Ladies.
Après un break loin des plages, pendant
lequel elle fonde sa société de presse
(elle publie « Dressing » - un magazine de
tendances mode, international et semestriel)
elle revient en force cette année en remportant
le Championnat de France sur la plage de
Saint-Jacut-de-la-Mer, en Bretagne, devant la
Championne du Monde et la Championne de
France en titre.
Véronique
nous explique
que le poids
joue un rôle
important dans
la compétition.
Dans la classe
Standart,
le
poids de la
machine
est
d’environ 70 kg.
Quand il y a peu
de vent, peser
55 kg est un
grand plus. En
revanche, dès
que le vent se
lève, un poids
plus élevé est
un atout car
jklmwxcvbn,cvazer
Sport
Championne de France de Char à Voile
il empêche le char de lever sa roue au vent
- ce qui le ralentit et entraîne le risque de le
renverser - et l’inertie du char augmente sa
vitesse.
Bien sûr il reste la possibilité de lester (la règle
étant qu’une fois lesté pour une manche on ne
peut larguer le lest en course) mais pousser
un char lourd quand on est un petit format…
ce n’est pas non plus si facile. Véronique
se souvient avec quelques frissons du
Championnat du Monde 2000, à Terschelling
en Hollande. Par vent de tempête, avec 27 kg
de lest, et pesant 49 kg (là elle avait exagéré
sur le régime) son char faisait le double
de son poids : résultat, elle partait bonne
dernière avant de remonter ses concurrentes
en prenant pas mal de risques pour doubler
les garçons intercalés entre elles (en effet
c’est un sport mixte, où les titres féminins sont
attribués si les participantes arrivent dans la
première moitié du classement).
En trente-cinq ans de char à voile,
Véronique a vécu de l’intérieur des
améliorations techniques et des évolutions
de classe incroyables : on pourrait établir
une comparaison avec une De Dion Bouton
jusqu’à une Formule 1 en passant par les
voitures de rallye.
Dans les années 70, les chars étaient en bois,
les mâts ronds, les voiles en dacron, un tissu
déformable et sujet à moisissure. On a vu peu
à peu apparaître la fibre de verre, les châssis
métalliques, les profilages. De nos jours, des
matériaux de haute technicité, comme le
mylar, le kevlar et le titane, sont couramment
utilisés pour le matériel de compétition.
En changeant de catégorie au fil des années,
notre Mensane est devenue la femme la plus
titrée au monde, toutes classes confondues.
Son prochain objectif : les Championnats
du Monde qui se dérouleront en Septembre
au Touquet, où elle vise le podium (mais on
ne sait jamais ce que l’avenir réserve… tant
dans un sport où la casse n’est pas rare que
dans une classe où la concurrence est rude
entre françaises et où de petites prodiges
étrangères peuvent jouer les outsiders).
Véronique anime avec quatre autres
Mensans le Groupe d’Intérêt Spécifique
INTERLude, dédié aux jeux et à la
convivialité, qui organise dans le centre
de Paris une réunion tous les mois, où les
sympathiques externes sont les bienvenue-s. Une occasion de faire la connaissance
d’une championne en chair et en os ! Tous
renseignements via [email protected].
Photo © Philippe Petit
Mensans n°4, printemps 2006
27
Conférences
azertyuiop^qsdfgh
ESIEA PARIS 5ème
7 juin 2006
20h00
BERNARD WERBER
Visionnaire et
humaniste, l’auteur
prolifique des Fourmis
et des Thanatonautes n’a de
cesse d’explorer la nature humaine
au fil de romans tous plus inventifs les
uns que les autres.
Partisan des quatre « A » :
- Autonome
- Autodidacte
- Anarchiste
- Agnostique
Bernard Werber remet en cause les codes établis, s’interroge
et nous questionne sur les notions d’humilité et de simplicité, de
gentillesse et d’intelligence comme autant de réponses possibles à
l’évolution de notre société. Véritable phénomène de librairie (plus de
5 millions d’exemplaires vendus en France, 10 millions dans le monde !),
c’est l’un des rares auteurs français à connaître une véritable renommée
internationale.
Quel futur pour l’Humanité ?
Bernard Werber reprendra, lors de sa conférence du 7 juin, ce thème qui lui
est cher et qu’il développe dans ses romans, comme sur son site web
(www.bernardwerber.com) via l’« arbre des possibles », ou l’exploration
systématique d’une arborescence de potentialités.
Les
Bernard a choisi de discuter avec nous en toute
Thanatonautes
simplicité et attend donc une participation active de
(1994), La révolution
notre part !
des fourmis (1996), Le
Ouvrages parus : Les fourmis (1991),
livre du voyage (1997), Le
Le jour des fourmis (1992, prix
père de nos pères (1998),
des lectrices de Elle),
Exit 1 (1999), Exit 2 (2000),
Le livre secret des
L’Empire des anges (2000),
fourmis (1993),
L’Encyclopédie du Savoir Relatif et
Entrée gratuite
Absolu (2001), Exit 3 et L’Ultime secret
(2002), Nos amis les humains (2003)…
inscription :
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Les rendez-vous de Mensa
L’homme face aux mystères de l’univers
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Mensans n°4, printemps 2006
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Conférences
Jean-Jacques Barloy
ESIEA PARIS 5ème
10 juin 2006
19h00
A y a n t
consacré
sa
thèse de doctorat au
moineau domestique, JeanJacques BARLOY n’a jamais
cessé d’étudier cet oiseau dans les
moindres détails de ses mœurs. Cependant,
son intérêt s’est vite étendu à l’ensemble du règne
animal, et notamment à la cryptozoologie, science des
animaux inconnus. Il s’est aussi tourné vers l’histoire,
les mystères en général ( ufologie, parapsychologie ), le
théâtre, la poésie, etc …
Aujourd’hui une trentaine de livres et quelques milliers d’articles
après sa thèse, il aborde d’un œil conformiste les sujets les plus
insolites : de la Bête du Gévaudan aux cryptarchies ( états non reconnus),
des fantômes de Trianon, femmes couronnées (« reines » des fleurs, etc. ),
de Molière à Offenbach…
Sans oublier la défense des animaux, un combat qui lui est cher : il est rédacteur
en chef du bulletin de la Ligue française des Droits de l’animal. Quant à ses livres,
il relèvent, entre autres, du pamphlet (Un chasseur nommé Giscard), de la biologie
(Lamarck contre Darwin), et de la crytpozoologie (Les survivants de l’ombre).
L’énigme de la Bête du Gévaudan Le lieu ? Le sud du Massif Central.
L’époque ? de 1764 à 1767.
Le bilan ? 100 morts et 30 blessés.
Le ou les coupables ? Inconnu(s)
La Bête du Gévaudan constitue une
passionnante énigme, à la fois
historique et scientifique.
P o u r
l’expliquer,
on a fait appel
à la zoologie,
à la criminologie,
au paranormal, à la
politique…
Le mystère subsiste.
Mais du moins est-il possible de
dire ce que la bête n’était pas.
Entrée gratuite
inscription :
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Conférences
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Igor et Grichka Bogdanov
L
e
s
b r i l l a n t s
jumeaux Igor et
Grichka Bogdanov
mènent de front une carrière
d’animateurs-producteurs sur France
2, de chercheurs en physique théorique et
mathématiques, et d’écrivains.
Passionnés de science fiction, auteurs de romans
visionnaires (La mémoire double), les frères Bogdanov
ne se cantonnent pas à une curiosité de surface. En 1991,
ils co-signent avec Jean Guitton l’essai Dieu et la Science
(Éditions Grasset), puis se lancent dès 1992 dans une nouvelle
carrière scientifique : ils se consacreront désormais exclusivement
à la recherche et obtiendront leurs doctorats en 1999 et 2002.
En juin 2004, Igor et Grichka Bogdanov illustrent leur audacieuse thèse
sur la théorie relative à l’instant zéro de l’espace temps, par le biais d’un livre
best-seller Avant le Big Bang (Éditions Grasset).
« Avant le Big bang »
Une fois n’est pas coutume, les frères Bogdanov nous invitent à un voyage à
travers le temps et l’espace, à l’origine de l’information initiale, à la recherche de
l’instant qui a précédé le Big Bang.
Leur conférence, étayée par des images saisissantes, nous fera
remonter bien au-delà du mur de Planck.
Igor et Grichka, toujours aussi passionnés et
accessibles, répondront, avec cette gentillesse qui
ESIEA
leur est propre, à vos questions.
9 rue Vésale
PARIS 5ème
Venez nombreux !
Métro Gobelins (ligne 7)
17 juin 2006
19h00
Entrée gratuite
inscription :
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éloge du daltonisme
« La Terre est bleue comme une orange »
Paul Eluard.
Culture et civilisation
Maintenant, pour votre plaisir, et pour
vous rappeler que vous êtes un mammifère
omnivore, voici la version en rouge et en petit
de l’image bleue de couverture.
Desproges nous l’avait déjà fait remarquer :
c’est quand une viande est bien rouge qu’on
dit qu’elle est bleue.
Peut-on donc parler de sang bleu
chez les bovins?
Quand j’ai pensé vous servir en couverture
une cervelle de veau sur une assiette, j’ai
trouvé ça rigolo. Quand j’ai senti l’odeur de
mort en déballant l’objet dans mon salon,
je riais moins. Quand j’ai envoyé la photo à
Emmanuel D., chargé de la photocomposition
du magazine, il a ri jaune et m’a renvoyé un
cerveau bleu.
Là, j’ai vu rouge. je l’ai appelé, j’étais vert
de rage.
- Pourquoi bleu ?
- Parce que rouge, c’est dégueu.
Tout était dit. Le rouge, c’est sale, le rouge,
c’est moche parce que trop réel.
J’avais oublié.
J’avais oublié que nous vivions dans un
monde où la pub nous montre comment tester
des couches avec du pipi bleu.
Des parents normaux devraient s’inquiéter
de voir leur enfant faire un pipi bleu. Non...
dans le monde vu par Procter & Gamble, c’est
normal. Il est normal aussi que les enfants
ne fassent que pipi... parce qu’une diarrhée,
même bleue, c’est plus dur à vendre qu’un
petit pipi.
Le pipi est bleu, les règles sont bleues...
l’organique est bleu quand on veut le cacher
ou juste le désarômatiser.
Tout ceci prouve que le sang bleu est tout
sauf noble, et que la Schtroumpfette serait
indécente si elle était rose.
C’est aussi la raison pour laquelle on ne
vend pas de steak tartare en tube; les gars
du marketing n’arriveraient à se décider sur la
couleur: rouge ou bleu ?
Pour finir, revenons à Desproges citant
Rackam le Rouge: “Faut pas me prendre pour
un bleu.”
Guillaume Tunzini
Attention à la marche !
le varichair bientôt commercialisé
Le nom de l’émission était on ne peut plus
approprié le samedi 6 mai. TF1 diffusait
les exploits de Jean-Marc Baggio dans
l’émission présentée par Jean-Luc Reichman.
Si notre vice-président national s’est vautré
au jeu, il a par contre fait sensation lors de
la démonstration de son invention pour,
justement, franchir une marche à l’aide du
prototype du Varichair. Sur l’air de « Mission
Impossible », le présentateur a testé lui-même
le fauteuil et, bluffé, a couvert de félicitations
son inventeur. Selon ce dernier, le Varichair
devrait être finalisé d’ici 6 mois et pourrait être
remboursé par la sécurité sociale.
Extrait vidéo © TF1 - Formidooble - DV Prod’
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