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A G E N C E R É G I O N A L E D E L’ E N V I R O N N E M E N T D E H A U T E - N O R M A N D I E N° 73 connaître pour Je protège mon eau Notre ressource en eau reste un bien précieux et vital. Dans l’imaginaire collectif, la Normandie est une région dans laquelle il pleut souvent. Cette réputation – pas totalement fausse – donne le sentiment d’une région où l’eau serait une ressource inépuisable. Cependant, l’eau est une ressource bien fragile, sensible à la pollution et aux aléas climatiques. Chacun doit donc protéger l’eau et concilier économie, écologie et citoyenneté : une excellente porte d’entrée pour devenir un écocitoyen ! L’eau est partout, mais… Notre planète Terre est recouverte à 70 % d’eau, ce qui lui vaut, à juste titre, son surnom de planète bleue. 5 bonnes raisons de se préoccuper de l’eau l Économie : j’allège ma facture en consommant moins d’eau et en récupérant l’eau de pluie au jardin. l Écologie : je fabrique moi-même des produits ménagers non polluants. l Déchets : je bois l’eau du robinet servie dans des carafes. l Santé : je consomme une eau de qualité pour préserver ma santé. l Loisirs : je me baigne dans des eaux sans risque sanitaire. Le volume d’eau sur Terre est estimé à 1 384 millions de km3, une quantité énorme… dont moins de 1 % peut être utilisé comme eau potable. L’eau douce des lacs, cours d’eau, nappes phréatiques et de l’atmosphère représente un volume de seulement 9 millions de km3. Gazeuse, liquide et solide, l’eau est présente sur Terre dans ses trois états. Grâce au soleil, l’eau circule et est recyclée en permanence entre l’atmosphère et la terre. J’ai besoin d’eau pour vivre L’eau est un élément essentiel qui compose 65 % de notre corps. Elle circule dans le corps de façon continue, assurant des fonctions fondamentales d’échanges, d’irrigation, de transformation chimique, d’équilibre thermique et d’élimination des déchets. Notre organisme a besoin d’environ 2,5 litres d’eau par jour, absorbés en boissons et en aliments. D’où l’importance d’une bonne qualité microbiologique et bactériologique pour être en bonne santé. Nous avons la chance, dans nos pays occidentaux, d’avoir un accès à l’eau pousser nos fruits et légumes et abreuver les animaux. À l’échelle planétaire, les quantités en jeu sont gigantesques et « l’empreinte eau » de certains produits mondialisés est considérable. Par exemple, la fabrication d’un jean en coton nécessite... 11 000 litres d’eau. LES HAUTS-PRÉS (EURE), UN EXEMPLE DE PRÉVENTION DE LA RESSOURCE EN EAU PAR UNE COLLECTIVITÉ D’où vient l’eau potable en Haute-Normandie ? En Haute-Normandie, l’eau potable est prélevée dans la nappe de craie. Comme une grosse éponge, elle se remplit au gré des précipitations, par infiltration. Ce sont donc des eaux prélevées dans le sous-sol qui arrivent dans nos robinets. En s’infiltrant, l’eau de pluie s’accumule dans la nappe. Environ un tiers de la pluie haut-normande forme la pluie « efficace », utile à sa recharge. Le reste part en évapotranspiration. Pour mémoire, en Haute-Normandie, les précipitations efficaces annuelles représentent presque 3 milliards de m3. Sur cette quantité, environ 150 millions de m3 seront prélevés pour la production d’eau potable (chiffres 2010-2011). Pour protéger sa ressource en eau, la Communauté de l’agglomération Seine-Eure (CASE) a acheté 110 hectares de terres pour y implanter, dans le périmètre rapproché du champ captant, des exploitations en agriculture biologique. Outre l’activité maraîchère mise en place, la collectivité s’est sauvegarder ces espaces pour protéger la ressource. Comment l’eau arrive-t-elle dans mon habitation ? Une fois pompée et collectée, l’eau n’est pas prête à être utilisée directe- attachée à la restauration d’une zone humide et à la mise en place d’actions de sensibilisation à la nature et à l’environnement. tements sont nécessaires pour un tiers des eaux prélevées, principalement en Seine-Maritime. Elle est ensuite mise sous pression dans un château d’eau ou des réservoirs enterrés, pour être distribuée aux habitations. La consommation domestique correspond à environ 10 % des prélèvements. Le cycle de l’eau en Haute-Normandie. potable sécurisé : conservons cette opportunité ! L’eau a aussi de multiples usages dans notre vie de tous les jours : cuisiner, se laver, arroser les plantes, construire, ou encore, pour nos loisirs. Et ces usages « non vitaux » sont tellement nombreux qu’ils représentent la quasi totalité de notre consommation d’eau. L’eau est également utilisée pour produire des biens et des services. Elle sert à transporter, sur les voies navigables, les marchandises et les personnes. Dans l’industrie, elle sert à produire des objets, des matériaux et des machines, à refroidir au besoin. Dans l’agriculture, elle sert à faire Comment l’eau est-elle prélevée ? L’eau à rendre potable est prélevée dans des ouvrages appelés captages. Les captages bénéficient de périmètres de protection permettant de prévenir d’éventuelles pollutions agricoles, industrielles, domestiques ou accidentelles. Près de 460 captages servent à alimenter en eau potable les Haut-Normands, et produisent environ 475 000 m3 d’eau chaque jour. Mais, de plus en plus de captages ferment à cause de la mauvaise qualité des eaux pompées. L’un des enjeux pour l’avenir est de L’usine de la Jatte, à Rouen, traite 1 000 m3 par heure, toute l’année. ment. Elle doit passer par une usine de traitement des eaux pour la rendre propre à la consommation humaine, pour éliminer bactéries et virus, les composés chimiques et respecter les conditions de turbidité (présence de particules troublant l’eau). En Haute-Normandie, ces trai- Que devient l’eau usée ? Une fois utilisée, l’eau ne repart pas directement dans le milieu naturel, car elle est chargée en germes, en déchets solides, en huiles, etc. et doit être traitée par des installations d’épuration. Dans la grande majorité des cas, l’eau part dans une station d’épuration, où elle est traitée en plu- l’afflux de polluants ne peut être traité. sieurs étapes. Parfois, quand il n’y a En cas de problème chronique sur pas de station d’épuration à proximité, certains captages, ils sont purement les habitations utilisent un équipe- et simplement fermés pour éviter tous ment d’assainissement autonome. problèmes de santé. Dans tous les Les fosses sepcas, il est possitiques sont l’un ble d’obtenir des systèmes les des informaplus répandus. tions sur la Dans d’autres 48 % des Français estiment que la qualité qualité de cas, elle peut de l’eau potable est une préoccupation son eau sur sa être traitée de environnementale majeure. (sondage facture d’eau, façon bioloAgences de l’eau/Onema/Ifop 2013) à la mairie ou gique, avec des encore sur inroseaux, ou des micro-algues qui permettent une ternet sur le site du ministère de la santé. épuration et une filtration naturelles. ” Le saviez-vous ? Pourquoi ne puis-je pas toujours boire l’eau du robinet ? L’eau est qualifiée de « solvant universel ». Elle est capable de dissoudre un grand nombre de substances, pour le meilleur (sucre, sel, minéraux)… comme pour le pire : l’eau peut alors devenir porteuse de substances nocives pour l’homme (bactéries, virus, parasites, polluants chimiques, particules de terre, etc.). Ainsi, lors d’événements météorologiques exceptionnels, les systèmes de traitement des eaux peuvent être insuffisants, ce qui entraîne une dégradation de la qualité de l’eau potable. Elle peut même devenir impropre à la consommation dans des cas, heureusement rares, où Puis-je récupérer l’eau de pluie ? Utiliser l’eau de pluie, c’est redécouvrir un usage qui a longtemps constitué la principale ressource en eau, surtout en Haute-Normandie. Aujourd’hui, c’est aussi le moyen d’économiser la ressource en eau pour des usages ne nécessitant pas d’eau potable. C’est également contribuer à gérer le ruissellement des eaux en la captant avant qu’elle n’aille inonder la parcelle du voisin (ou la sienne). Et puis, c’est aussi un moyen de gagner un peu d’autonomie et faire soi-même des économies. Toutefois, cette eau n’est pas potable, car, avant d’être captée, elle a été en contact avec une toiture loin d’être stérile... En revanche, elle n’a que des avantages pour des usages extérieurs : gratuite, non calcaire et stockable. Pour l’arrosage du jardin et le lavage de la voiture, un récupérateur d’eau de pluie situé à l’extérieur de la maison est une solution idéale, sans enjeux sanitaires. Pour l’intérieur de la maison par contre, les textes de loi sont plus contraignants, avec nécessité d’équi- pements et d’installations spécifiques. L’usage de l’eau de pluie est autorisé pour l’alimentation des chasses d’eau et le lavage des sols. Si l’habitation possède un dispositif de traitement des eaux de pluie (désinfection notamment) déclaré en mairie et agréé par les autorités, l’eau pluviale peut être récupérée à titre expérimental pour laver le linge. L’installation ne doit jamais être connectée au réseau d’eau potable et l’indication ou le pictogramme « eau non potable » bien visible sur les robinets. Si les eaux usées repartent dans le réseau d’assainissement collectif, il faut faire une déclaration d’usage en mairie. Les usages de l’eau de pluie posent aussi une réflexion sur le mode de paiement des services de l’eau. Car on dit que « l’eau paie l’eau » : c’est en achetant de l’eau potable que l’on paie son retraitement. Donc, dans le cas où de l’eau de pluie est utilisée, puis rejetée dans le réseau d’assainissement, le coût de son retraitement n’est pas acquitté. La récupération de l’eau de pluie est facile, économique et écologique. MA FACTURE D’EAU Savoir lire sa facture d’eau est utile, mais c’est aussi un réflexe citoyen permettant de déceler des anomalies. Dans le Bassin SeineNormandie, le prix moyen de l’eau est de 3,72 euros le mètre cube. 1 Consommation : relevée au compteur, elle correspond au volume effectif consommé, exprimé en mètres cubes (1 m3 = 1 000 litres) 2 Distribution de l’eau : coûts liés au captage, traitement, contrôle, stockage de l’eau, entretien des réseaux et service client. 3 Abonnement : annuel, c’est une part fixe représentant le prix d’accès à l’eau et inclut les charges de service (gestion du réseau). 4 Redevance investissement EAU : versée à l’Agence de l’eau, elle sert à financer les actions de préservation de la ressource en eau. 5 Collecte et traitement des eaux usées : frais liés à la collecte et la dépollution des eaux usées dans des stations d’épuration. 6 Redevance communautaire/Part communautaire : redevance reversée aux collectivités territoriales impliquées dans la gestion des services des eaux. 7 Organismes publics : redevances destinées aux organismes publics (tels que les Agences de l’eau et Voies navigables de France) chargés des actions de préservation de la ressource en eau (lutte contre la pollution) et de la modernisation des réseaux de collecte. 3 4 1 2 5 7 5 6 7 LA CONSOMMATION D’EAU À LA MAISON 150-200 litres bain 40-80 litres douche 25-40 litres lave-linge 20-30 litres vaisselle à la main 15-60 litres lave-vaisselle 9 litres cuisine (préparation des repas, cuisson) 6-12 litres WC classique 3-6 litres WC économique 5 litres lavabo (lavage des mains, des dents, etc.) 1 litre boisson Boisson 1 % Cuisine 6 % Voiture, jardin 6 % Vaisselle 10 % Linge 12 % Sanitaires 20 % Bains, douches 39 % Divers 6 % À la maison Boire, préparer les repas, se laver, entretenir le linge : autant d’activités nécessitant de l’eau à la maison. L’ensemble de ces usages additionnés, la consommation d’eau atteint en moyenne 150 litres par jours et par personne (trois plus qu’il y a 30 ans) ! Pour tenter de réduire au maximum les usages de l’eau chez soi, il est possible d’adopter de nouveaux réflexes et astuces visant la sobriété et l’efficacité. Il est également parfois nécessaire d’adapter son équipement pour ne pas la gaspiller et mieux utiliser notre eau. J’économise – Je bois l’eau du robinet. – Je ferme le robinet quand je me brosse les dents, me savonne les mains ou me savonne sous la douche. – Je récupère l’eau de lavage des légumes pour arroser les plantes. – J ’ajuste la quantité d’eau pour la toilette : il est souvent recommandé de prendre une douche à la place d’un bain. Il est également Certaines agglomérations proposent des carafes possible d’utiliser un à leurs administrés. gant de toilette. – Je traque les fuites : la première cause de gaspillage d’eau à la maison est due aux fuites d’eau, en particulier celles des chasses d’eau et des raccords de canalisations. Pour savoir si vous avez des fuites d’eau chez vous, c’est très simple. Profitez de vos vacances ou d’un week-end, fermez tous les robinets et notez l’index de votre compteur d’eau. À votre retour, si votre index d’eau a augmenté... c’est qu’il y a une ou plusieurs fuites. – J’équipe mes robinets de mousseurs et de mitigeurs : cela permet d’eau usée, mais je les rapporte à la déchèterie ou à la pharmacie. Car la plupart des substances jetées dans le réseau d’assainissement finissent par se retrouver dans la nature, les stations d’épuration ne peuvent pas traiter toutes les substances présentes dans les eaux usées. Référez-vous aux pictogrammes présents sur les produits. – Je fais mes produits ménagers moimême en utilisant des produits peu nocifs pour l’environnement. Par exemple, le vinaigre blanc est efficace et biodégradable. – Je lave ma voiture dans une installation économe en eau plutôt qu’avec le tuyau d’arrosage : de plus en plus de stations de lavage recyclent leurs eaux. – Si je le peux, j’installe des toilettes sèches : zéro consommation d’eau ! Fabriquer soi-même ses produits ménagers est ludique, économique et écologique. Connaître le débit d’un robinet permet d’y adapter un dispositif de réduction. de limiter les débits d’eau sans perdre en confort d’usage. – J’investis dans un WC avec un dispositif double mécanisme, qui consomme soit 3 litres soit 6 litres d’eau par chasse. À défaut, si je ne peux pas changer tout de suite d’équipement, je mets une bouteille d’eau pleine d’eau dans le réservoir des toilettes, cela réduira ma consommation d’eau d’environ 1 litre, à chaque chasse. – J’achète un lave-linge et un lavevaisselle économes en eau et en énergie : les modèles récents se montrent particulièrement sobres. Je salis moins – Je ne jette pas les solvants, les peintures, les colles et autres produits de bricolage, les huiles de vidange, les médicaments dans le réseau Ce pictogramme indique un danger pour le milieu aquatique : préférez des produits écolabellisés ! Au jardin – Je m’équipe d’un récupérateur d’eau de pluie pour arroser mes plantes. – Je plante des espèces sobres en eau (iris, lavande, origan, sauge, thym, etc.). – J’arrose le soir, le plus tardivement possible, pour éviter l’évaporation. – Je n’utilise pas de pesticides pour limiter la pollution des sols et des eaux. – J’enrichis mon sol avec du compost, qui agit comme une éponge pour absorber l’eau et la restituer aux plantes en fonction de leurs besoins. – Je paille mes plantations (avec des tontes de jardin, des feuilles mortes, des broyats de branches, de la paille, des paillettes de lin) pour éviter que la terre ne s’assèche. – Je bine le sol pour casser la croûte de surface du sol dans les premiers centimètres de terre. – J’utilise un arrosoir, pour distribuer avec précision la quantité d’eau nécessaire. – Je crée une mare dans mon jardin. La lavande est une plante sobre en eau. ” Pour en savoir plus Le centre de documentation de l’Arehn, 115 bd de l’Europe, à Rouen. Vous y trouverez de nombreux livres et magazines, à consulter et à emprunter. « Connaître pour agir » « Connaître pour agir » est une publication de l’Agence régionale de l’environnement de Haute-Normandie, Pôle régional des Savoirs, 115, boulevard de l’Europe, 76100 Rouen. www.arehn.asso.fr et www.arehn.info Textes : Sophie Lecuit / AREHN Photos : A. Dudouble /AREHN Schéma : Le cycle de l’eau, François Reynald pour Cardere. Edition : Partenaires d’Avenir. Dépôt légal : Mai 2015 ISSN : 1 274 – 8 749. © AREHN, 2 015. Reproduction, même partielle, interdite sans autorisation de l’éditeur. Financement Agence de l’eau Seine-Normandie et 276 AGENCE RÉGIONALE DE L'ENVIRONNEMENT DE HAUTE - NORMANDIE