Etude de « Cyrano de Bergerac » d`Edmond Rostand 3 oeuvres

Transcription

Etude de « Cyrano de Bergerac » d`Edmond Rostand 3 oeuvres
Etude de « Cyrano de Bergerac » d'Edmond Rostand
3 oeuvres:
− « Cyrano de Bergerac. Comédie héroïque. ». Texte d'Edmond Rostand. 1897.
− « Cyrano de Bergerac ». Film de Jean-Paul Rappeneau.1989.
− « Cyrano de Bergerac » (DVD), pièce adaptée par Denis Podalydès à la Comédie française
en 2007.
4 axes de lecture.
−
−
−
−
L'amour impossible (beauté/laideur).
Le discours libertin.
Le double-je (Christian/Cyrano)
Le panache.
Chaque axe est étudié à travers une des trois oeuvres seulement, sauf le panache qui sera étudié à
travers les trois oeuvres. La scène finale est étudiée comparativement dans les trois oeuvres.
Schéma chronologique de l'étude:
Acte I Scènes 1, 2, 3 et début 4 (Film)
Acte I Scène 4: Tirade du nez (Texte)
Acte I Scène 4: Duel (Théâtre)
Acte II Scène 6 (Film)
Acte II Scène 8 (Texte)
Acte II Scènes 9 et 10 (Film)
Acte III Scène 5 (Théâtre)
Acte III Scènes 4 à 10 (Théâtre)
Acte III Scène 13 (Texte)
Acte IV Scène 8, 9 et 10 (Film)
Acte V Scène 5 et 6 étudiées dans les 3 oeuvres.
Schéma thématique de l'étude:
L'amour impossible:
Acte II Scène 6 (Film)
Acte II Scènes 9 et 10 (Film)
Acte IV Scène 8, 9 et 10 (Film)
Le discours libertin:
Acte I Scène 4: Tirade du nez (Texte)
Acte II Scène 8 (Texte)
Acte III Scène 13 (Texte)
Le double-je:
Acte III Scène 5 (Théâtre)
Acte III Scènes 4 à 10 (Théâtre)
Le panache:
Acte I Scène 1(Film) 1’46’’-15’38’’
Acte I Scène 4: Duel (Théâtre)
L'Acte V reprend tous les thèmes étudiés.
Les scènes sont étudiées grâce à un questionnaire puis les élèves utilisent quatre tableaux qu’ils
remplissent au fur et à mesure de l’étude (ils seront notés en fin de séquence).
Mise en œuvre du programme
Sujet d’étude : La parole en spectacle.
- Dans le dialogue, utilisons-nous seulement des mots ?
- Comment la mise en spectacle de la parole fait-elle naître des émotions (jusqu’à la manipulation) ?
- Qu’apporte à l’homme, d’hier et d’aujourd’hui, la dimension collective de la mise en spectacle de
la parole ?
Capacités
-
Comprendre comment la mise en scène de la parole contribue à son efficacité.
Situer la visée d’une parole dans son contexte.
Analyser une scène de théâtre en saisissant sa dimension scénique.
Attitudes
-
Mesurer les pouvoirs de la parole.
Prendre de la distance par rapport à une parole
Connaissances
-
Lexique des émotions, lexique de la parole et des discours.
-
Les procédés de l’éloquence.
-
L’énonciation dans le texte théâtral.
-
Implicite, sous-entendus, lieu commun.
Des outils de la langue sont abordés à l’intérieur de l’étude des séquences :
-
Les procédés d’exagération (Tirade des « non merci »)
-
Les registres grâce au tableau registre.
-
Les types de phrase.
-
Les comiques.
-
Le quiproquo (Rencontre Cyrano/Roxane).
-
Les procédés de l’éloquence (Répétitions et anaphores/Rythme –énumération, accumulation,
gradation/ Les comparaisons et les métaphores/ Le choix du vocabulaire/ Les oppositions
lexicales/Les modalisateurs/L’interrogation rhétorique et l’exclamation).
FICHE REGISTRES
Indiquez les registres utilisés par l’auteur pour chaque scène étudiée.
Acte I, Scène 1, 2, 3 et début 4
Acte III, Scène 5 et 6
Acte I, Scène 4 (Tirade du nez)
Acte III, Scène 10
Acte I, Scène 4 (Duel)
Acte III, Scène 13
Acte II, Scène 6
Acte IV, Scène 8, 9 et 10
Acte II, Scène 8
Acte V, Scène 5 et 6
Acte II, Scène 9
FICHES THEMES
Classez les passages étudiés selon les quatre thèmes suivants et expliquez votre choix (un passage peut intégrer deux thèmes).
Le panache de Cyrano
L’amour impossible
Le double-je
Le discours libertin
FICHE PERSONNAGES
NOMS
CARACTERES
RELATIONS
FICHE ACTIONS
Résumez chaque étape de l’intrigue de la pièce.
-
Questions Acte 1 Scène 1 Film 1’46’’-15’38’’
1
2
3
4
Quelles remarques pouvez-vous faire sur la salle de théâtre au 17 ème siècle ? (Organisation/Public/Ambiance…)
Quels sont les personnages présentés lors de cette scène ? Leur relation ?
Quelles sont les deux intrigues qui débutent lors de cette scène ?
Contre qui s’abat la colère de Cyrano ? Remplir le tableau suivant.
Nom
Le public
Fonction du
personnage
Raison de
l’attaque de
Cyrano
Moyen ou
argument de
l’attaque
Réaction du
public
Cause défendue
Un fâcheux
Représentent
la Noblesse.
Représentent
la culture
officielle.
Car il réclame
Montfleury.
Des femmes
s’évanouissent.
Colère
Cyrano ne
craint pas le
pouvoir.
Son nez.
5 Montrez comment Cyrano s’installe progressivement au centre du théâtre ? Comment il conquit le public ? Quels sont les traits de caractère de
Cyrano ?
Questions Acte I Scène 4 : La tirade du nez (vers 275 à 390)
1
2
3
4
5
Après avoir lu le texte, définissez ce qu’on appelle une tirade ?
Dans quel contexte Cyrano déclame cette tirade ? Quel est son double but ?
Montrez en relevant trois passages du texte que Cyrano a beaucoup de culture et manie très bien la langue française ?
De qui se moque-t-il ? Quels sont les traits de caractère de Cyrano dans ce passage ?
Quelle est la seule réponse du vicomte à Cyrano ?
Questions Acte I Scène 4 Le duel (à partir de la tirade du nez 19’45’’ théâtre)
1
2
3
4
5
Que propose Cyrano au Vicomte ? Quelle est la définition de la ballade en poésie ? Montrez comment Cyrano met en scène son propre combat.
Relevez tous les procédés comiques qui ridiculisent le Vicomte.
Quel geste montre le panache de Cyrano ?
Dans cette scène quelles qualités de Cyrano sont mises en avant ?
Comment la mise en scène de Denis Podalydès et la réaction du public permettent de garder une bonne image de Cyrano ?
Questions Acte II Scène 6 (Film 35’25’’-40’30’’)
1 Quelle relation rappelle Roxane à Cyrano au début de la scène ? Par quel procédé l’auteur met-il en relief cette relation ?
2 Que croit Cyrano dans un premier temps ? Quelle est sa réaction quand il comprend pourquoi Roxane est venue le voir ? Quel est le mot qui
déclenche sa réaction ? Quel élément de la mise en scène renforce ce sentiment ?
3 Quelle mise en garde Cyrano fait-il à Roxane quant au sujet de Christian ?
4 Quels sont les sentiments de Roxane pour Cyrano ? Montrez l’évolution des émotions de Cyrano.
Questions Acte II Scène 8 : La tirade des « non merci »
1 Que demande Le Bret à Cyrano dans l’échange précédant la tirade ?
2 Quel type de phrase utilise Cyrano pour organiser son discours au début de la tirade? Quelle est la répétition principale dans cette tirade ? A qui
s’adresse Cyrano ?
3 Quelle est le vers qui divise la tirade en deux parties distinctes ? Relevez le connecteur logique qui marque la rupture.
4 Quel type de phrase organise alors la seconde partie de son discours ?
5 Quelle image est utilisée au début et à la fin de la tirade ? Expliquez-la.
6 Relevez les procédés d’exagération qui parcourent la tirade.
7 Résumez en une ou deux phrases la thèse de Cyrano.
Questions Acte II Scènes 9 et 10 (Film 45’20’’-« non merci »- 54’25’’)
1
2
3
4
Que se permet Christian en arrivant chez les cadets de Gascogne ?
Qu’imaginent les cadets quand Cyrano leur demande de sortir ? Les spectateurs ? Que demande alors Cyrano à Christian ?
Que cache Cyrano à Christian ? Que se dit-il à lui-même ? Qu’avoue Christian à Cyrano ?
Que propose Cyrano à Christian ?
Questions Acte III Scènes 4, 5, 6, 7, 8, 9 et 10. (1h24-1h43)
1
2
3
4
5
6
7
8
Que refuse Christian au début de la scène 4 ?
Quel élément de la mise en scène caractérise les relations entre Christian et Roxane ?
Qu’attend Roxane de la part de Christian ? Quel ton prend Roxane ?
Que manque-t-il à Christian pour séduire Roxane ?
Quelle mise en scène Cyrano imagine-t-il ?
Montrez comment progressivement Cyrano remplace Christian dans le dialogue avec Roxane ? (Mise en scène, texte, ton)
Que fait Cyrano à partir du vers 1441 « Tous ceux, tous ceux, tous ceux » ?
Comment Christian est réintroduit dans le dialogue amoureux? Quel caractère de Christian est révélé lors de cette scène ? Quel en est l’effet ?
Quelle intervention renforce cet effet ?
9 Expliquez les deux vers suivants « Puisque sur cette lèvre où Roxane se leurre/ Elle baise les mots que j’ai dits tout à l’heure ». En quoi ses vers
expriment les relations et les sentiments entre les trois personnages de cette scène.
Questions Acte III Scène 13 (Livre)
1
2
3
4
5
Comment sont organisés les vers au début de la scène ? Quel est l’effet créé sur les répliques des deux personnages ?
Que veut éviter Cyrano grâce à son discours ?
Pourquoi peut-on affirmer que Cyrano est un bon comédien ?
Quel procédé poétique utilisé par Cyrano pour évoquer les étoiles ?
Par quel jeu de mot Cyrano révèle son but ?
Questions Acte IV Scène 8, 9 et 10 (Film 1h41’- 1h53’’)
1
2
3
4
Pourquoi les aveux de Roxane gênent Christian ?
Que demande Christian à Cyrano ?
Comment la mise en scène dramatise la situation amoureuse des trois personnages ?
Quelle réplique montre l’extrême générosité de Cyrano ?
Evaluation sommative
Acte V
Après avoir lu l’Acte V, comparez les mises en scène de Denis Podalydès (pièce de théâtre) et de Jean-Paul Rappeneau (film). Quels sont les éléments
qui diffèrent, qui se rejoignent ? Laquelle préférez-vous et pourquoi ?
Puis relevez les répliques qui reprennent les quatre thèmes étudiés et expliquez votre choix en construisant un tableau.
Enfin, dites en quoi la dernière tirade de Cyrano est pathétique ? Mais aussi en quoi elle donne à Cyrano une posture de héros ?
FICHE REGISTRES
CORRIGE
Indiquez les registres utilisés par l’auteur pour chaque scène étudiée.
Acte I, Scène 1, 2, 3 et début 4
Acte III, Scène 5 et 6
Comique
Acte I, Scène 4 (Tirade du nez)
Comique, pathétique
Acte III, Scène 10
Comique, ironique
Acte I, Scène 4 (Duel)
Lyrique, pathétique
Acte III, Scène 13
Epique, polémique
Acte II, Scène 6
Comique
Acte IV, Scène 8, 9 et 10
Comique, pathétique
Acte II, Scène 8
Dramatique
Acte V, Scène 5 et 6
Didactique, Satirique
Acte II, Scène 9
Comique
Dramatique et pathétique.
FICHES THEMES
Classez les passages étudiés selon les quatre thèmes suivants et expliquez votre choix (un passage peut intégrer deux thèmes).
Le panache de Cyrano
Acte I Scène 1, 2, 3 et 4(Film) :
Cyrano défie un coméduien en
public, il interrompt la pièce et jette
son or pour rembourser les
spectateurs. Il est courageux et agit
au nom du bon goût, non pour sa
gloire personnelle.
L’amour impossible
Acte II Scène 6 (Film) : Le
quiproquo montre un Cyrano plein
d’espoir. Touché par la désillusion :
Roxane évoque les souvenirs
d’enfance et est au final amoureuse
du BEAU Christian.
Le double-je
Acte II Scènes 9 et 10 (Film) :
Fusion des deux personnages, l’un
a la beauté, l’autre l’éloquence.
Vers 1131 « Faisons à nous deux un
héros de roman »
Le discours libertin
Acte I Scène 4: Tirade du nez
(Texte) : Cyrano montre l’étendue
de sa culture par un brillant
discours empreint d’autodérision.
Acte I Scène 4: Duel (Théâtre) : Il
gagne son duel contre un protégé
de De Guiche, neveu de Richelieu.
Il n’a pas peur du pouvoir. De plus
il poétise en se battant et il ne
blesse qu’involontairement son
adversaire.
Acte II Scènes 9 et 10 (Film) :
Christian se moque du nez de
Cyrano. Celui-ci généreusement,
mais aussi par intérêt, propose son
aide à Christian dans le but de
conquérir Roxane. Cette scène
montre le renoncement d’une
conquête « directe » de Roxane.
Acte III Scène 5 (Théâtre) :
Christian n’arrive pas à déclarer
seul sa flamme à Roxane, il a
besoin de Cyrano.
Acte I Scène 4: Duel (Théâtre) :
le poème appartient au discours
libertin, liberté de ton et ironie du
propos.
Acte III Scène10 (Théâtre) :
Cyrano reste sous le balcon quand
Christian embrasse Christian.
Acte III Scène10 (Théâtre) : le
personnage amoureux de Roxanne
est double. Les mots de Cyrano
l’envoûtent et c’est Christian qui
physiquement l’embrasse.
Acte II Scène 8 (Texte) : Cette
scène montre l’indépendance de
Cyrano envers toute forme de
pouvoir. Figure du héros solitaire
au service que de lui-même.
Acte IV Scène 8, 9 et 10 (Film) :
Roxane déclare aimer l’auteur des
lettres même s’il était laid. C’est un
espoir pour Cyrano mais par amitié
pour Christian, il n’avoue rien à
Roxane qui voit Christian mourir
avec son secret.
Acte IV Scène 8, 9 et 10 (Film) :
Cyrano risque sa vie pour que
Roxane reçoive les lettres. Celle-ci
clame son amour à Christian à son
dernier souffle, croyant qu’il est
l’auteur des lettres.
Acte III Scène 13 (Texte) : Portait
du véritable Cyrano. Libertin,
visionnaire et pourfendeur des
conventions.
FICHE PERSONNAGES
NOMS
CARACTERES
RELATIONS
CYRANO DE BERGERAC
Générosité ; esprit ; panache ; indépendance ;
courage ; extravagance ; passion ; éloquence ;
insolence ; galanterie.
Amoureux de Roxane
Généreux envers Christian
Ennemi de De Guiche
Finesse ; beauté ; préciosité ; fidélité ;
coquetterie ; passion ; esprit ; courage.
ROXANE
Amoureuse de Christian
Amie de Cyrano
Haine/ De Guiche
CHRISTIAN
Faiblesse ; flatterie ; timidité ; fidélité ;
maladresse ; courage.
Amoureux de Roxane
Aidé par Cyrano
Victime de De Guiche
DE GUICHE
Puissance ; arrogance ; galanterie ; mépris ; sens
de l’honneur ; cruauté ; sournoiserie.
Amoureux de Roxane
Ennemi de Cyrano et de Christian
FICHE ACTIONS
Résumez en quelques mots l’intrigue de la pièce.
-
Cyrano interrompt la pièce de théâtre et montre son courage à Roxane et tout le public.
Cette démonstration est renforcée par le duel gagné en mots (tirade du nez) mais aussi à l’épée.
Cyrano se bat contre cent hommes.
Il apprend que Roxane est amoureuse de Christian alors qu’il espérait une déclaration d’amour.
Il rencontre Christian aux cadets de Gascogne et décide de l’aider à séduire Roxane.
Christian est maladroit avec Roxane.
Cyrano permet grâce à son éloquence le baiser entre Christian et Roxane.
De Guiche décide d’envoyer les cadets à Arras.
Avant le départ, Roxane épouse Christian.
Au siège d’Arras, Cyrano écrit toujours à Roxane. Le combat affaiblit les cadets de Gascogne dont Christian.
De Guiche demande aux cadets de Gascogne de se sacrifier en attendant le renfort.
Roxane arrive à Arras avec Ragueneau.
Mort de Christian au combat. Le secret de l’imposture épistolaire demeure.
Roxane se retire au couvent, jurant fidélité à Christian.
Cyrano est victime d’un attentat, une poutre lui est jetée sur la tête.
Mort de Cyrano auprès de Roxane et de ses amis.
La vérité éclot : Roxane comprend que c’est Cyrano qui discourait et déclarait donc son amour pour elle.
Questions Acte 1 Scène 1 Film 1’46’’-15’38’’
1 La salle est enfumée du fait des bougies, différence parterre et loges, certains sont sur la scène, beaucoup de bruit, on mange, on rit, on joue, on
vole : le théâtre est un lieu de rencontre ioù toute la population est mêlée mais aussi hierarchisée.
2 Lignière/Christian/Ragueneau/Le Bret : amis de Cyrano.
De guiche/ Valvert : ennemis de Cyrano
Roxane : cousine de Cyrano et convoitée par De guiche, Valvert et Christian.
Cyrano.
Scène d’exposition met en place les personnages et indique les relations entre eux.
3 La convoitise de Roxane. Le piège tendu à Lignière. La scène d’exposition permet aussi de mettre en place les intrigues qui donnent le suspens
à la suite de la pièce.
Nom
Fonction du
personnage
Raison de
l’attaque
Moyen ou
argument de
l’attaque
Montfleury
Les marquis
Le public
Les
académiciens
Un fâcheux
Acteur
Noblesse
Peuple
Aucune
Mauvais
acteur
Ils défendent
Montfleury
Ils réclament
Montfleury
Représentent la
culture
classique du
Roi de France.
Interpellation
d’un
académicien
Cyrano
coupe la
pièce puis
menace
Montfleury
sur scène.
Il joue mal.
Ils les
ridiculisent en
faisant tomber
sur eux le
décor.
Ils invitent
ceux qui ne
sont pas
d’accord avec
lui à se battre
en duel.
Insulte :
« vieille
mule ».
Baro est un
mauvais auteur
et La Clorise
une mauvaise
pièce.
Il a regardé
son nez.
Colère.
Violences
Arguments
pour
défendre sa
laideur.
Réaction du
public
Colère
Rires
Cause défendue Il défend les Il ne se plie à
par Cyrano
bons acteurs. aucune
hiérarchie. N’a
pas peur du
pouvoir.
Peur
Ecoute Cyrano.
Des femmes
s’évanouissent.
Le courage.
Il attaque le
théâtre
classique.
Regarde la
scène.
De Guiche
et Valvert
rétorquent.
Son nez !
4 La mise en scène installe progressivement Cyrano au cœur de la salle : Ragueneau l’attend puis sa voix retentit, il monte sur scène et se
retrouve même au milieu du parterre.C’est un véritable coup de théâtre. Le public au départ est contre lui car il a payé pour assister à la pièce
mais le spectacle offert par Cyrano s’avère de plus en plus passionnant, le public passe de la colère au rire, à la peur puis enfin écoute le
discours et la verve de Cyrano. De plus Cyrano rembourse les spectateurs en jetant sa bourse sur scène.
Il s’impose alors au public grâce à son courage, son effronterie, sa générosité et son panache.
Questions Acte I Scène 4 : La tirade du nez (vers 275 à 390)
1 Long monologue récité par un personnage d’une manière ininterrompue.
2 Il a interrompu la pièce de théâtre et un Vicomte, protégé de De Guiche vient le provoquer. Ridiculiser le Vicomte et démontrer son talent
d’orateur, de poète.
3 Utilisation du subjonctif :« amputasse », « préoccupâtes » ; références culturelles : « Aristophane », « Triton » ; les rimes, il organise sa tirade
en improvisant tout en maniant la poésie ; l’inventivité et la diversité : humour, poésie, histoire, littérature, patois…
4 De lui-même. L’autodérision et l’esprit.
5 De vulgaires insultes (« maraud, faquin ») qui mettent en relief le talent de Cyrano.
Questions Acte I Scène 4 Le duel(à partir de la tirade du nez 19’45’’ théâtre)
1 Un duel tout en oralisant une ballade (trois couplets de 8 vers et un envoi de 4). Il déclame le titre de sa scène, il donne des ordres au vicomte,
choix des rimes, se déshabille : il met en place tous les éléments d’une pièce de théâtre… La réaction du public est enthousiaste, le spectacle
remplace la Clorise.
2 Comique de mot : le Vicomte ne comprend pas que Cyrano annonce le titre.
Comique de geste : échauffement du Vicomte. Déplacement et moqueries de Cyrano.
Comique de situation :Cyrano mime une corrida (mise en scène de Podalydès).
3 Quand il rend son épée au Vicomte.
4 Physiques (domine le combat). Culturelles (références à la littérature). La créativité : la ballade contient beaucoup de termes d’escrime. Cyrano
est un homme qui regroupe des qualités diverses et qui maîtrise son sujet.
5 L’imitation du vicomte par Cyrano avant l’envoi rend Cyrano sympathique. Le coup d’épée est donné dans les coulisses : Cyrano n’a pas donné
son coup fatal en public, il n’est pas montré comme violent. Le public applaudit et hue Montfleury qui revient, comme si le duel n’était qu’une
mise en scène comique, un spectacle monté de toute pièce.
Questions Acte II Scène 6 (Film 35’25’’-40’30’’)
1 Ils sont cousins (souvenirs d’enfance). Le tutoiement.
2 Que Roxane est venue lui déclarer sa flamme. Il se lève et éprouve un soupçon de colère (atténuée par l’intervention de la duègne). Il fuit dans
le jardin de Ragueneau, c’est aussi un peu de honte d’avoir espérer la déclaration de Roxane. Situation de QUIPROQUO.
3 Peut-être est-il sot. Il l’espère en tout cas.
4 Une grande amitié et beaucoup d’admiration. Cyrano :déception/colère/tristesse.
Questions Acte II Scène 8 : La tirade des « non merci »
1
2
3
4
5
De cesser d’exagérer et de provoquer, se mettre au service d’un patron pour faire fortune.
Phrase interrogative. Non merci. A Le Bret, à lui-même et aussi aux spectateurs (lecteurs ou téléspectateurs).
Vers 999. Mais…
Des phrases exclamatives.
Le lierre : Cyrano veut être une plante libre qui pousse tout seul, il compare les artistes qui ont un patron à du lierre qui s’accroche d’une
manière parasitaire. Il préfère la fierté d’être indépendant à la fortune et la gloire gagnées au prix de la dépendance : « Ne pas monter bien haut,
peut-être, mais tout seul ! »
6 983 « petit grand homme » oxymore ; 988 évocation du pape ; vocabulaire péjoratif « imbéciles, vagues gazettes, mazettes, obscur, ruse,
bouffon, crapaud… » ; accumulation 1000, 1001, 1008 ; hyperboles « César », « pape », « Et se dire sans cesse… », « comme tous ils le font »,
« chaque jour ».
7 Je préfère travailler seul et ne pas être célèbre que de travailler pour le compte d’un grand pour connaître la gloire tout en perdant sa fierté.
Questions Acte II Scènes 9 et 10 (Film 45’20’’-non merci- 54’25’’)
Pour la scène des non merci, montrez aux élèves le décor du bureau de Cyrano : sciences. Insister aussi sur l’importance de la lune. (non merci
et récit du combat)
1
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3
4
Christian coupe le récit de Cyrano et se moque de son nez : comparativement à la première scène, Christian imite déjà Cyrano.
Que Christian va se faire étriller. Aussi. Mais il lui demande de l’embrasser : effet de surprise.
L’amour de Roxane. Que Christian est vraiment beau. Qu’il est sot et timide.
« Faisons à nous deux un héros de roman ». Pactise avec lui, Cyrano donne son éloquence et Christian se servira de sa beauté pour séduire
tous les deux Roxane.
Questions Acte III Scènes 4, 5, 6, 7, 8, 9 et 10. (Théâtre 1h24-1h43)
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6
L’aide de Cyrano pour séduire Roxane.
Ils dansent, c’est la parade amoureuse.
Un beau discours amoureux ? Moqueur, elle demande à Christian de « brodez ».
L’éloquence.
Cyrano souffle le discours à Christian pendant que Roxane sort sur son balcon.
Mise en scène : souffle sous le balcon, puis parle sous le balcon et enfin se montre caché par son chapeau.
Texte : les répliques « Vous ignorez pour moi ce que sont ces minutes… », « mon langage jusqu’ici n’est jamais sorti de mon vrai cœur », « que
je vais vous parler pour la première fois », « j’ose enfin être moi-même », « c’est si nouveau pour moi ». Cyrano se laisse prendre au jeu et ne
parle plus en lieu et place de Christian mais pour lui-même.
Le ton est de plus en plus lyrique, Cyrano se laisse emporter par ses sentiments sincères et utilise beaucoup moins l’esprit (humour).
7 Christian souffle à Cyrano la fin de son texte et demande un baiser à Roxane, les rôles se sont inversés. Christian est égoïste et opportuniste. Le
comique de cette réplique brise le lyrisme de la déclaration d’amour et introduit le pathétique du personnage de Cyrano. Il a transporté Roxane
avec ses mots mais le physique de Christian reprend le dessus. L’apparition du capucin permet de relâcher le suspens, de casser la tension de la
scène.
8 Cyrano affirme que Roxane embrasse plus son discours que Christian, c’est son éloquence qui a séduit Roxane et non Christian. (Ceci est
renforcé par l’échec de Christian dans la scène 4. L’éloquence est-il plus important que le physique ?) Christian et Cyrano forment un seul
personnage : l’un parle, l’autre agit. Roxane embrasse physiquement Christian mais embrasse surtout le discours qui l’a séduite. Cyrano vit à
travers Christian la passion amoureuse et Roxane aime sans le savoir Cyrano.
Dans ces scènes centrales, l’ambivalence physique/esprit est abordée. Beauté intérieure/beauté physique. Cyrano est, après sa rencontre avec Roxane,
encore une fois pathétique : nous savons que c’est Cyrano qui séduit Roxane et que c’est Christian, grâce à son physique, qui embrasse Roxane. Le
spectateur ne peut qu’avoir de la compassion pour ce personnage de perdant qu’est Cyrano. Grâce à un relevé lexical, nous pouvons montrer que
Cyrano est généreux et qu’il reste dans l’ombre : idée de sacrifice.
Questions Acte III Scène 13 (Livre)
1 Les vers sont découpés sur plusieurs répliques. Cela montre la surprise mais aussi un duel qui va commencer. Cette fois-ci avec les mots.
2 Que De Guiche n’empêche le mariage de Roxane et Christian.
3 Tout d’abord il change de voix. Les didascalies montrent qu’il change de ton facilement : avec une peur emphatique, feignant, rassuré,
rayonnant, confidentiel, riant, superbe, dédaigneux, avec volubilité…Enfin l’art de l’improvisation.
4 Personnification : poils de planète (zoomorphisme), cheveu de comète, dent de la Grande Ourse, lait, turban de Sirius.
5 Cyrano/anneau, l’esprit de Cyrano comme pointe finale à son discours, il a battu De Guiche dans un duel de mot.
Questions Acte IV Scène 8, 9 et 10 (Film 1h41’- 1h53’’)
Rappeler que De Guiche a envoyé les cadets au siège d’Arras contre les espagnols. Que depuis le siège, Cyrano risque sa vie pour envoyer deux lettres
par jour à Roxane. Que Christian est très affaibli par la faim.
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Roxane dit avoir rejoint Christian pour ses lettres. Elle lui avoue aussi qu’elle l’aimerait même laid. Christian sait qu’il n’a jamais écrit les
lettres et se sent malhonnête.
Il lui demande de dire la vérité à Roxane.
La fumée, le bruit, ce n’est pas le lieu pour parler d’amour mais le débat amoureux est en avant scène et l’Histoire ne sert que de décor : il
rend la situation encore plus dramatique. Chacun son tour Christian et Cyrano se retire du combat pour parler à Roxane pour à la fin se
retrouver tous les trois.
Cyrano ment à Christian avant sa mort. Il lui affirme que Roxane l’aime lui.
DOCUMENTATION SUR LE VERITABLE CYRANO A INTEGRER AU FIL DE LA SEQUENCE
Dans les vers 1632-1635, Cyrano parle d’un livre qu’il a écrit: en voici quelques extraits.
Les sept moyens d’aller dans la Lune
Cyrano de Bergerac, L’Autre Monde, ou les Etats et Empires de la lune et du soleil
Éd. posthume, 1657
NB : Merci à Alain BOSDECHER.
Passage A : Au début du récit, le narrateur imagine le moyen de s’élever dans les airs :
Je m’étais attaché autour de moi quantité de fioles pleines de rosée, et la chaleur du soleil qui les attirait m’éleva si haut, qu’à la fin je me trouvai
au-dessus des plus hautes nuées. Mais comme cette attraction me faisait monter avec trop de rapidité, et qu'au lieu de m'approcher de la lune, comme
je prétendais, elle me paraissait plus éloignée qu'à mon partement, je cassai plusieurs de mes fioles, jusqu'à ce que je sentis que ma pesanteur
surmontait l'attraction, et que je redescendais vers la terre.
Mon opinion ne fut point fausse, car j'y tombai quelque temps après, et à compter de l'heure que j'en étais parti, il devait être minuit.
Passage B : Le narrateur s’est retrouvé en Nouvelle France (l’actuel Canada). Cet échec ne le décourage pas, et il fait une nouvelle
tentative pour atteindre la lune dans un engin volant :
J'avais fait une machine que je m'imaginais capable de m'élever autant que je voudrais en sorte que rien de tout ce que j'y croyais nécessaire
n'y manquant, je m'assis dedans et me précipitai en l'air du haut d'une roche. Mais parce que je n'avais pas bien pris mes mesures, je culbutai
rudement dans la vallée.
Tout froissé néanmoins que j'étais, je m'en retournai dans ma chambre sans perdre courage, et je pris de la moelle de boeuf, dont je m'oignis
tout le corps, car j'étais meurtri depuis la tête jusqu'aux pieds et après m'être fortifié le coeur d'une bouteille d'essence cordiale, je m'en retournai
chercher ma machine. Mais je ne la trouvai point, car certains soldats, qu'on avait envoyés dans la forêt couper du bois pour faire le feu de la SaintJean, l'ayant rencontrée par hasard, l'avaient apportée au fort, où après plusieurs explications de ce que ce pouvait être, quand on eut découvert
l'invention du ressort, quelques-uns dirent qu'il fallait attacher autour quantité de fusées volantes, pour ce que, leur rapidité l’ayant enlevée bien haut,
et le ressort agitant ses grandes ailes, il n'y aurait personne qui ne prît cette machine pour dragon de feu.
Je la cherchai longtemps cependant, mais enfin je la trouvai au milieu de la place de Québec, comme on y mettait le feu. La douleur de
rencontrer l’œuvre de mes mains en un si grand péril me transporta tellement, que je courus saisir le bras du soldat qui y allumait le feu. Je lui
arrachai sa mèche, et me jetai tout furieux dans ma machine pour briser l'artifice dont elle était environnée ; mais j'arrivai trop tard, car à peine y eusje les deux pieds que me voilà enlevé dans la nue.
L'horreur dont je fus consterné ne renversa point tellement les facultés de mon âme, que je ne me sois souvenu depuis de tout ce qui m'arriva en
cet instant. Car dès que la flamme eut dévoré un rang de fusées, qu'on avait disposées six à six, par le moyen d'une amorce qui bordait chaque demidouzaine, un autre étage s'embrasait, puis un autre ; en sorte que le salpêtre prenant feu, éloignait le péril en le croissant. La matière toutefois étant
usée fit que l'artifice manqua ; et lorsque je ne songeais plus qu'à laisser ma tête sur celle de quelque montagne, je sentis (sans que je remuasse
aucunement) mon élévation continuer, et ma machine prenant congé de moi, je la vis retomber vers la terre.
Passage C : Abandonné par sa machine, le narrateur devrait normalement retomber au sol… Heureusement, un nouveau phénomène va
le préserver d’une fin tragique :
Cette aventure extraordinaire me gonfla le cœur d'une joie si peu commune, que ravi de me voir délivré d'un danger assuré, j'eus l'imprudence de
philosopher là-dessus. Comme donc je cherchais des yeux et de la pensée ce qui en pouvait être la cause, j'aperçus ma chair boursouflée, et grasse
encore de la moelle dont je m'étais enduit pour les meurtrissures de mon trébuchement ; je connus qu'étant alors en décours, et la lune pendant ce
quartier ayant accoutumé de sucer la moelle des animaux, elle buvait celle dont je m'étais enduit avec d'autant plus de force que son globe était plus
proche de moi, et que l'interposition des nuées n'en affaiblissait point la vigueur.
Passage D : Parvenu sur la lune, le narrateur découvre le paradis terrestre, et y rencontre des personnages de la Bible. Avant de lui
raconter sa propre histoire, le prophète Elie lui raconte celle des premiers voyageurs qui ont atteint la lune. C’est, pour commencer,
l’aventure du sage Enoch. C’est en faisant des holocaustes, sacrifices d’animaux brûlés en offrande à Dieu, que l’idée lui est venue du
moyen de s’élever dans les airs pour atteindre la lune :
Toutefois, comment aller [dans la lune] ? L'échelle de Jacob n'était pas encore inventée ! La grâce du Très-Haut y suppléa, car elle fit qu'Enoch
s'avisa que le feu du ciel descendait sur les holocaustes des justes et de ceux qui étaient agréables devant la face du Seigneur, selon la parole de sa
bouche : « L'odeur des sacrifices du juste est montée jusqu'à moi. »
Un jour que cette flamme divine était acharnée à consumer une victime qu'il offrait à l'Éternel, de la vapeur qui s'exhalait il remplit deux
grands vases qu'il luta hermétiquement, et se les attacha sous les aisselles. La fumée aussitôt qui tendait à s'élever droit à Dieu, et qui ne pouvait que
par miracle pénétrer le métal, poussa les vases en haut, et de la sorte enlevèrent avec eux ce saint homme.
Passage E : Elie raconte ensuite l’histoire d’Echab, passagère de l’arche de Noé :
Ce fut alors que déborda le déluge, car les eaux, où votre monde s'engloutit, montèrent à une hauteur si prodigieuse que l'arche voguait dans les
cieux à côté de la lune. Les humains aperçurent ce globe par la fenêtre, mais la réflexion de ce grand corps opaque s'affaiblissant à cause de leur
proximité qui partageait sa lumière, chacun d'eux crut que c'était un canton de la terre qui n'avait pas été noyé. Il n'y eut qu'une fille de Noé,
nommée Achab qui, à cause peut-être qu'elle avait pris garde qu'à mesure que le navire haussait, ils approchaient de cet astre, soutint à cor et à cri
qu'assurément c'était la lune. On eut beau lui représenter que, la sonde jetée, on n'avait trouvé que quinze coudées d'eau, elle répondit que le fer avait
donc rencontré le dos d'une baleine qu'ils avaient pris pour la terre, que, quant à elle, qu'elle était bien assurée que c'était la lune en propre personne
qu'ils allaient aborder. Enfin, comme chacun opine pour son semblable, toutes les autres femmes se le persuadèrent ensuite. Les voilà donc, malgré la
défense des hommes, qui jettent l'esquif en mer. Achab était la plus hasardeuse ; aussi voulut-elle la première essayer le péril. Elle se lance allégrement
dedans, et tout son sexe l'allait joindre, sans une vague qui sépara le bateau du navire. On eut beau crier après elle, l'appeler cent fois lunatique,
protester qu'elle serait cause qu'un jour on reprocherait à toutes les femmes d'avoir dans la tête un quartier de la lune, elle se moqua d'eux.
« La voilà qui vogue hors du monde. Les animaux suivirent son exemple, car la plupart des oiseaux qui se sentirent l'aile assez forte pour risquer le
voyage, impatients de la première prison dont on eût encore arrêté leur liberté, donnèrent jusque-là. Des quadrupèdes mêmes, les plus courageux, se
mirent à la nage. Il en était sorti près de mille, avant que les fils de Noé pussent fermer les étables que la foule des animaux qui s'échappaient tenait
ouvertes. La plupart abordèrent ce nouveau monde. Pour l'esquif, il alla donner contre un coteau fort agréable où la généreuse Achab descendit, et,
joyeuse d'avoir connu qu'en effet cette terre-là était la lune, ne voulut point se rembarquer pour rejoindre ses frères.
Passage F : Elie raconte enfin son voyage dans la lune.
Je m'endormis et l'ange du Seigneur m'apparut en songe. Aussitôt que je fus éveillé, je ne manquai pas de travailler aux choses qu'il m'avait
prescrites ; je pris de l'aimant environ deux pieds en carré, que je mis dans un fourneau, puis lorsqu'il fut bien purgé, précipité, et dissous, j'en tirai
l'attractif calciné, et le réduisis à la grosseur d'environ une balle médiocre.
Ensuite de ces préparations, je fis construire un chariot de fer fort léger et, de là à quelques mois, tous mes engins étant achevés, j'entrai dans
mon industrieuse charrette. Vous me demandez possible à quoi bon tout cet attirail ? Sachez que l'ange m'avait dit en songe que si je voulais acquérir
une science parfaite comme je la désirais, je montasse au monde de la lune, où je trouverais dedans le paradis d'Adam, l'arbre de science, parce
qu’aussitôt que j'aurais tâté de son fruit mon âme serait éclairée de toutes les vérités dont une créature est capable. Voilà donc le voyage pour lequel
j'avais bâti mon chariot. Enfin je montai dedans et lorsque je fus bien ferme et bien appuyé sur le siège, je ruai fort haut en l'air cette boule d'aimant.
Or la machine de fer, que j'avais forgée tout exprès plus massive au milieu qu'aux extrémités, fut enlevée aussitôt, et dans un parfait équilibre, à cause
qu'elle se poussait toujours plus vite par cet endroit. Ainsi donc à mesure que j'arrivais où l'aimant m'avait attiré, et dès que j’étais sauté jusque-là,
ma main le faisait repartir.
Passage G : Extrait des Etats et Empires du soleil, note qui se trouve dans l’édition de poche :
Ce fut une grande boîte fort légère, et qui ferait fort juste. Elle était haute de six pieds ou environ, et large de trois en carré. Cette boîte était
trouée par en bas ; et par-dessus la voûte qui l’était aussi, je posai un vaisseau de cristal troué de même, fait en globe, mais fort ample, dont le goulot
aboutissait justement et s’enchâssait dans le pertuis que j’avais pratiqué au chapiteau.
Le vase était construit en plusieurs angles, et en forme d’icosaèdre (à vingt côtés), afin que chaque facette étant convexe et concave ma boule
produisît l’effet d’un miroir ardent […] Le vide qui surviendrait dans l’icosaèdre à cause des rayons unis du soleil par les verres concaves attirerait,
pour le remplir, une furieuse abondance d’air, dont ma boîte serait enlevée.
Les trois passages étudiés sur le discours montrent que Cyrano est un libertin du 17ème siècle : féru de sciences, ces tirades sont des « pointes »,
exercices de style qui plaient aux libertins, il est aussi un fervent défenseur de l’individualisme, qui ne conçoit pas ses pensées soumises à un
quelconque pouvoir, mais plutôt libres. Dieu n’est pas une référence principale pour lui, ce qui marque aussi une appartenance au libertinage
de l’époque.(acte III scène 6 gassendiste, référence à Gassendi)
Les Entretiens pointus (1662) Cyrano de Bergerac
Petit recueil de vingt-deux « pointes », c’est-à-dire de jeux de mots n’ayant d’autre valeur que leur effet comique immédiat, précédé d’une
préface où Cyrano fait l’apologie du calembour, assurant qu’il « réduit toutes choses sur le pied nécessaire à ses agrémens, sans avoir
égard à leur propre substance. »
Cyrano voudrait mourir en faisant un bon mot, une pointe, dans cet extrait il se moque aussi d’un capucin :
Acte IV Scène 3
CYRANO
Il devrait t'envoyer du perdreau ?
LE MEME
Pourquoi pas ?
Et du vin !
CYRANO
Richelieu, du bourgogne, if you please ?
LE MEME
Par quelque capucin !
CYRANO
L'éminence qui grise ?
UN AUTRE
J'ai des faims d'ogre !
CYRANO
Eh ! bien !... tu croques le marmot !
LE PREMIER CADET, haussant les épaules
Toujours le mot, la pointe !
CYRANO
Oui, la pointe, le mot !
Et je voudrais mourir, un soir, sous un ciel rose,
En faisant un bon mot, pour une belle cause !
-Oh ! frappé par la seule arme noble qui soit,
Et par un ennemi qu'on sait digne de soi,
Sur un gazon de gloire et loin d'un lit de fièvres,
Tomber la pointe au coeur en même temps qu'aux lèvres !
CRIS DE TOUS
J'ai faim !
SYNTHÈSES SUR LA PRÉCIOSITÉ ET SUR LE LIBERTINAGE ÉRUDIT
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Vincent Voiture, Poésies de Monsieur de Voiture (1650)
Sarasin, Œuvres (1656)
Molière, Les Précieuses ridicules (1659)
Michel de Pure, La Prétieuse ou le mystère des ruelles (1656)
Antoine Baudeau de Somaize, Le grand dictionnaire des Prétieuses (1660) – Le Procez des Prétieuses en vers burlesques (1661)
Abbé Cotin, Œuvres galantes en prose et en vers (1663)
les romans de Mademoiselle de Scudéry
De Maulevrier
La Carte du Royaume des Précieuses
Pr cieuses
(Recueil de Sercy : prose, 1658)
On s'embarque sur la Rivière de Confidence pour arriver au Port de Chuchoter. De là on passe par Adorable, par Divine, et par Ma
Chère, qui sont trois villes sur le grand chemin de Façonnerie qui est la capitale du Royaume. A une lieue de cette ville est un château
bien fortifié qu'on appelle Galanterie. Ce Château est très noble, ayant pour dépendances plusieurs fiefs, comme Feux cachés,
Sentiments tendres et passionnés et Amitiés amoureuses. Il y a auprès deux grandes plaines de Coquetterie, qui sont toutes couvertes
d'un côté par les Montagnes de Minauderie et de l'autre par celles de Pruderie. Derrière tout cela est le lac d'Abandon, qui est l'extrémité
du Royaume.
Tristan l'Hermite
l'Hermite
(François l'Hermite, sieur de Soliers)
(1601-1655)
La Carte du Royaume d'Amour
ou la description succincte de la contrée
contr e qu'il régit,
r git,
de ses principales villes, bourgades et autres lieux,
et le chemin qu'il faut tenir pour y faire voyage.
(Recueil de Sercy : prose, 1658)
Le Royaume d'Amour est situé fort près de celui des Précieuses. C'est une contrée fort agréable, et où il y a de la satisfaction de voyager,
quand on en sait la carte en perfection et qu'on n'est point en hasard de s'y fourvoyer. il s'y trouve quelques mauvais passages qu'on ne
saurait éviter; mais comme on se représente qu'il n'y a nul bien sans peine et que les plaisirs succèdent souvent aux douleurs, on se
console facilement. Afin qu'on ne manque point aussi de conseil, voici une bonne guide des chemins que je vais vous donner.
Aux frontières du Royaume, on trouve la grande Plaine d'Indifférence qui est une belle Prairie où se tient ordinairement une Foire pour
toute sorte de Marchands, mais qui ne débitent que Vessies pleines de poix et de crème fouettée.
Ayant traversé cette prairie, on gagne le Bois de Belle Assemblée, qui est un bois fort agréable où il y a presque toujours Concert de
Luths et de Voix, ou du moins la grande Bande de Violons et souvent la Comédie et le Bal. On y trouve une Hôtellerie dérobée du grand
chemin, qui s'appelle Doux-Regard où on boit d'un petit vin qui a beaucoup de douceur, mais qui échauffe plus qu'il ne désaltère.
De Doux-Regard on vient à Inquiétude, petit village où il y a de forts mauvais lits; on n'y couche guère que sur des fagots, encore sont-ils
d'épines.
D'Inquiétude on vient à Revue, qui est une bourgade fort agréable pour ce qu'elle contient.
De Revue on pense à Visite, village assez beau, mais qu'on n'arrête point au gîte; on n'y trouve que des chaises pour s'asseoir et point
de lits pour s'y coucher.
De Visite on passe à Soupirs, petit lieu où il n'y a nulles singularités, si ce ne sont des Moulins à vent qui tournent à la faveur d'un vent qui
se lève d'une montagne voisine qu'on appelle Coeur-Féru.
De Soupirs on se rend à Soins-sur-Complaisance, grande et fameuse ville, où se trouvent citadelle, ville et université. Le capitaine du
château n'y dort pas d'un profond sommeil; il semble qu'il craigne toujours quelque surprise, ou qu'il ait quelque entreprise à exécuter. Il a
toujours des gens à gages pour l'avertir qui passe, quel temps il fait et quelle heure il est. On tient qu'en ce lieu, qui est haut élevé, on fait
éclore à toute heure des Poulets à la réverbération du Soleil, qui sont blancs comme neige, et qui ne chantent que pour une personne
aimée. La Ville est toute pleine de marchands de citrons doux, d'oranges de Portugal, de marmelades et confitures d'Italie; on trouve
force gants de frangipane et des essences de toutes sortes, comme aussi des bijoux fort jolis pour des discrétions. L'Université a
d'excellents professeurs qui sont passés Docteurs en Fleurettes, Rondeaux, Bouts-rimés, Triolets, Bons mots et Contes agréables. On
tient qu'ils étudient depuis longtemps pour trouver la plus fine Raillerie, mais que la plupart se sont jusques ici rongé les ongles jusqu'à la
chair vive, sans en pouvoir venir à bout.
De Soins on vient à Feu déclaré, petit bourg dont les habitants sont tellement enrhumés qu'à peine les peut-on entendre, tant ils parlent
bas; aussi, pour s'expliquer, ils se contentent souvent de marcher sur le pied, ou de serrer la main aux personnes. On les prendrait pour
être des gens fort vertueux, car ils ont toujours sur le teint la rougeur d'une honnête honte.
De Feu déclaré on vient à Protestations, où les habitants sont fort dévots; ils ont toujours les mains jointes ou regardent le Ciel en se
frappant l'estomac et font bien souvent des serments horribles pour assurer de leur bonne foi, mais il ne faut pas croire tout ce qu'ils
disent.
De Protestations on arrive à Confidence, petit lieu qui est dans un fond et dont l'abord est un peu difficile. Ceux qui l'habitent se
confessent perpétuellement les uns aux autres et n'en sont pas plus gens de bien pour cela.
De Confidence on trouve une petite villette dans le fond d'un bois qu'on appelle Entreprendre. Les habitants de ce lieu ont réputation
pour l'escrime, et pourtant ils ne savent qu'un coup d'épée, qui est de faire la feinte aux yeux et de porter la botte en dessous; on tient
aussi qu'il y a là d'habiles gens pour la lutte et que les habitants de Quimper-Corentin ont appris d'eux à donner le saut de Breton. Il y
avait autrefois en ce même lieu un château médiocrement fortifié, qu'on appelait Résistance; mais il a été ruiné par les guerres et de son
débris on a fait une petite bicoque qu'on nomme Tôt-Rendue.
D'Entreprendre on vient avec quelque travail à Jouissance, qui est comme la capitale de la province. Elle est parfaitement agréable en
son abord et remarquable pour ses beaux jardins, qui ont tous des labyrinthes ingénieusement construits, où on se va perdre deux à
deux.
De Jouissance on vient par un chemin bordé de roses à Satiété. La journée est grande et le chemin un peu long, mais lorsqu'on en est à
une portée d'arbalète, on ne voit plus sur les églantiers que des gratte-culs. Les vivres sont à fort bon marché dans la ville de Satiété, mais
l'air du terroir donne Si peu d'appétit qu'on ne daigne pas seulement y toucher.
De Satiété on arrive à une bourgade qui n'a qu'une rue fort longue qu'on appelle Faible Amitié. Là chacun s'appelle par son nom de
baptême, car, de toute ancienneté, on n'y donne point de surnom ni de qualité à personne, et par un article de la coutume du lieu sont
annulés à jamais les anciens titres de Mon Bon, et de Ma Chère.
De Faible Amitié on se trouve tout contre Inclination nouvelle, joignant Doux-Regard, dans le bois de Belle Assemblée, tellement qu'il
semble qu'on n'ait fait qu'un circuit dans toute la Région d'Amour. Il y en a qui disent que dans le Cœur est la ville capitale, mais qu'il y a
bien du chemin à faire pour y arriver, car elle est sur une montagne dont le sommet s'élève beaucoup au-dessus des nues; on ne peut y
monter ni en carrosse ni à cheval, non pas même avec des mulets ou autres montures, mais seulement à pied; encore est-il quelquefois
besoin d'ôter ses souliers, quoique le chemin soit fort épineux. Plusieurs graves auteurs ont écrit les singularités de cette ville, qu'on
appelle Amour Céleste; les modernes l'ont nommée Sainteté Monastique. Il n'y entre point de gens de mauvaise vie; les gardes qui
veillent aux portes en défendent l'entrée, quelque bonne mine qu'ils puissent faire pour se déguiser. Les habitants de cette cité sont très
heureux, parce qu'ils trouvent leur bonheur en eux-mêmes; leur âme est toujours en repos, bien que leur corps soit souvent en peine; ils
mangent peu, ne dorment guère, et disent souvent un grand chapelet, afin que le reste des habitants de cette province se convertisse et
se rende digne de vivre avec eux dans cette belle habitation.
Synthèse sur Le Libertinage et les libertins

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