Métallurgie

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Métallurgie
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07/01/2010 |
Métallurgie
Du point de vue historique, la métallurgie suisse recouvre pour l'essentiel les domaines répertoriés dans les
rubriques "Métallurgie et travail des métaux" (section 27) et "Travail des métaux (sans la fabrication de
machines)" (section 28) de la Nomenclature générale des activités économiques (NOGA) de 2002. Il est
difficile de séparer la métallurgie de l'industrie des machines, les deux secteurs étant étroitement imbriqués.
Les statistiques les réunissent souvent et, du point de vue organisationnel, ni les travailleurs (FTMH, auj.
Unia), ni les employeurs (ASM, VSM, auj. Swissmem) ne les distinguent. Des divergences d'intérêts ont
cependant parfois suscité des conflits entre les deux branches, par exemple à propos des taxes d'importation
sur des métaux. Contrairement à l'industrie des machines, la métallurgie n'est guère tournée vers le
commerce extérieur. Au XIXe s., sa part dans les exportations était inférieure à 4%, au XXe s., elle se situait le
plus souvent entre 5 et 10%. Elle fournit avant tout des produits semi-finis à d'autres branches, surtout à
l'industrie des machines et à la construction.
Aperçu des branches de la métallurgie en 2002a
Production et transformation des métaux
produits:
fonte, acier et métaux légers
tubes en fonte ou en acier
autres activités de première transformation du fer et de l'acier (étirage, laminage,
profilage et tréfilage à froid)
production et première transformation de métaux non ferreux (métaux précieux,
aluminium, plomb, zinc, étain, cuivre, chrome, manganèse ou nickel)
fonderie (semi-produits de fonderie de fer, d'acier, de métaux légers ou de métaux
lourds non ferreux)
Travail des métaux
produits:
en acier et en métaux légers (constructions métalliques et éléments en métal pour la
construction)
réservoirs métalliques d'une capacité supérieure à 300 l, radiateurs et chaudières pour
le chauffage central
générateurs de vapeur
forge, emboutissage, estampage et profilage des métaux, métallurgie des poudres
traitement et revêtement des métaux; mécanique générale (ateliers mécaniques,
serrureries et forges)
coutellerie, outillage, serrures et ferrures en métaux ordinaires
autres ouvrages métalliques (fûts métalliques d'une capacité ne dépassant pas 300 l;
emballages et articles de bouchage en fonte, en acier et en métaux non ferreux; fils
métalliques, visserie et boulonnerie, chaînes et ressorts)
a
selon la "Nomenclature générale des activités économiques NOGA" 2002
Sources:OFS
Au XIXe s., la métallurgie employait plus de personnes que l'industrie des machines, au XXe s., nettement
moins. Elle représenta environ le vingtième des activités du secteur secondaire dans les années 1910, plus
d'un dixième par la suite. Cette augmentation était due pour une grande part à l'essor des forges, serrureries
et ateliers mécaniques (Artisanat des métaux) et en particulier aux activités liées à la construction
(ferblanterie, installations sanitaires et électriques, chauffages, etc). Le transfert statistique de ces dernières
dans le secteur de la construction en 1990 a mis en évidence le déclin massif de la métallurgie. Au XXe s., la
métallurgie était une occupation plus masculine que l'industrie des machines; la part des femmes ne dépassa
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10% que dans la seconde moitié du siècle.
Les activités inhérentes à la métallurgie sont classées selon deux critères: d'une part, le degré de finition de
la production, de la préparation de métaux bruts aux produits finis tels que les outils et les serrures en
passant par la fabrication de produits semi-finis, d'autre part, la nature des métaux, ferreux (sidérurgie), non
ferreux et légers. Le minerai de fer, exploité en Suisse jusque dans les années 1960, fut la seule matière
première indigène dont la métallurgie suisse a disposé de manière notable (Mines, Ressources minières).
Certaines branches travaillent aussi bien le fer que des métaux non ferreux. C'est le cas des fabricants de
serrures, de ferrures, et des entreprises de décolletage. Les deux premiers se mirent à fabriquer leurs
produits en usine dans les années 1860, les dernières virent le jour au milieu du XIXe s. Branche auxiliaire de
l'industrie horlogère, le décolletage fabriqua des vis de précision, des pièces tournées et filetées (tiges, rivets,
essieux, etc.) sur des tours manuels et, dès les années 1870, automatiques; concentré à Soleure, il essaima
ensuite surtout dans le nord de la Suisse occidentale.
1 - La sidérurgie
Dès la fin du XVe s., les hauts fourneaux remplacèrent lentement les bas fourneaux ou renardières
(Rennfeuer), dont l'usage se maintint cependant dans certaines vallées alpines jusqu'au XIXe s. La principauté
épiscopale de Bâle, le bassin de Delémont surtout, devint le centre de l'industrie du fer. Mais la production
indigène ne couvrit jamais les besoins du pays. Au moment de l'industrialisation, on améliora les fours
existants et l'on en construisit de nouveaux pour répondre à la demande croissante. La sidérurgie était
florissante à la fin des années 1850. La quantité de fer brut produite en 1858, soit 14 500 t, ne fut à nouveau
atteinte qu'en 1904, après une longue période de creux. L'entreprise Ludwig von Roll & Cie (Von Roll), née en
1810 (SA en 1823), la plus performante, racheta dans la seconde moitié du XIXe s. plusieurs firmes
concurrentes, qui complétèrent ses propres fours de Gänsbrunnen, Klus et Choindez. L'augmentation de la
production avait son revers, la déforestation qu'entraînait la fabrication de charbon. Celle-ci causa une
pénurie de bois de chauffe et de construction et renchérit en outre le prix du charbon de bois. La concurrence
étrangère, de son côté, utilisait depuis longtemps du coke bon marché. Avec le raccordement de la Suisse au
réseau ferroviaire européen, l'industrie locale ne bénéficia plus de la protection due à l'éloignement et les
hauts fourneaux s'arrêtèrent les uns après les autres. Seule l'usine Von Roll à Choindez, ravitaillée dès 1867
d'abord sporadiquement, puis durablement, avec du coke, survécut jusqu'en 1935, avec quelques
interruptions. Au début de la Deuxième Guerre mondiale, seuls quelques ateliers électrochimiques inadaptés
à cet usage purent être utilisés pour fondre du fer et ce n'est qu'en 1943 que Choindez disposa d'un bas
fourneau électrique qui servit au traitement du minerai jusqu'en 1982.
Alors que les loupes ou éponges de fer doux produites dans les bas fourneaux pouvaient être directement
forgées, la fonte sortie du haut fourneau devait être affinée; on la chauffait dans un four abondamment
ventilé pour la débarrasser du carbone (décarburation) et d'autres impuretés. Plusieurs affineries furent donc
installées à côté des hauts fourneaux. Elles servaient à fabriquer de l'acier dit de soudage (Schweissstahl),
obtenu en dessous du point de fusion du métal. Le recours très tardif au puddlage, dans la seconde moitié du
XIXe s., et cela seulement chez Von Roll, à Gerlafingen, apporta une amélioration considérable. Dès le milieu
des années 1850, Von Moos, à Emmenbrücke, se mit à fabriquer de l'acier à partir de ferraille et non plus à
partir de fer brut. Vers 1875, les usines Von Roll et Von Moos étaient les dernières à produire de l'acier de
soudage. La production d'acier doux (Flussstahl), obtenu au-dessus du point de fusion du métal, démarra
également tardivement; dès 1889, Von Moos mit en service le premier four Siemens-Martin. La pénurie de
charbon durant la Première Guerre mondiale favorisa le passage au four électrique, en 1918 chez Von Roll, en
1919 chez Von Moos. Cette nouvelle technologie connut un véritable essor durant la Deuxième Guerre
mondiale. De nouvelles aciéries virent bientôt le jour, Monteforno à Bodio en 1946, Ferrowohlen à Wohlen
(AG) en 1955. Elles fabriquaient surtout du fer à béton à partir de ferraille. Au milieu des années 1970,
l'industrie de l'acier traversa une crise dont elle ne se remit jamais; Ferrowohlen et Monteforno fermèrent en
1994, Von Moos et Von Roll fusionnèrent leur production d'acier en 1996 sous la pression des banques et
créèrent la Swiss Steel, intégrée à l'entreprise Schmolz+Bickenbach AG en 2006.
Le métal obtenu était ensuite travaillé dans des forges à martinet, et ce depuis le début de l'époque moderne.
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En 1836, Von Roll construisit le premier laminoir à Gerlafingen, bientôt suivi par d'autres dans le Jura et à
Emmenbrücke. Le tréfilage mécanique remonte aussi à l'époque protoindustrielle.
Avant l'invention du cubilot ou four de seconde fusion, la fonte liquide n'était obtenue que dans les hauts
fourneaux, par exemple chez Von Roll. En 1805, l'entreprise Fischer (plus tard Georg Fischer (+GF+)) fut la
première à ouvrir dans le Mühletal (Schaffhouse) une fonderie non dépendante d'un haut fourneau; Sulzer, à
Winterthour, se mit à fabriquer de la fonte en 1834. Dès la fin des années 1820, des fabriques de machines
s'équipèrent de fonderies, comme le firent Escher, Wyss & Cie ou les Ateliers de constructions mécaniques de
Vevey (ACMV). Les fonderies adoptèrent le four électrique avant les forges et les aciéries; Oehler à Aarau, fut
la première, en 1908. Dans les années 1960, l'Association suisse des fonderies de fer comptait cinquante-sept
membres. La branche traversa une crise dont elle ne se releva pas, malgré de constantes restructurations.
Le façonnage du fer et de l'acier était le plus souvent lié à l'industrie des machines ou à la construction, ce
qui explique que la fabrication de produits finis (couteaux, limes, etc.) ne se soit pas beaucoup développée.
Auteur(e): Bernard Degen / UG
2 - L'industrie des métaux lourds non ferreux
Le cuivre est de loin le métal lourd non ferreux le plus utilisé, suivi par le plomb et l'étain, beaucoup plus
courants que le nickel ou le zinc. Des alliages aussi importants que le bronze, utilisé depuis des millénaires,
ou le laiton, plus tardif, s'obtiennent à partir du cuivre. En l'absence de matière première en quantité
suffisante, la production proprement dite de ces métaux resta marginale en Suisse; seules des usines de
refonte produisaient du métal à partir de déchets de fabrication. En revanche, il existait de nombreuses
petites fonderies. Celles qui étaient indépendantes réalisaient des fontes à la demande et fabriquaient surtout
de la robinetterie. La plus ancienne, la fonderie de cloches Rüetschi à Aarau, occupe depuis 1628 le même
site. La fonte de laiton, qui s'est développée à la fin du XVIIIe s., est à l'origine d'entreprises importantes
(Sulzer, Georg Fischer).
Trois entreprises dominèrent la fabrication de semi-produits (barres, profilés, fils, tubes, tôles, bandes,
rondelles, etc.): Boillat SA à Reconvilier, fondée en 1855, issue de l'industrie horlogère, Metallwerke AG
Dornach, fondée en 1895, qui commença par livrer des pièces décolletées aux fabriques de montres, et Selve
& Cie à Thoune, fondée en 1895, qui approvisionna d'abord des usines d'armement. Après des décennies de
collaboration au sein d'un cartel, elles fusionnèrent pour créer, en 1986, le groupe Swissmetal, lequel ferma
l'ancienne Selve en 1993 déjà. Avec l'électrification, les câbleries et les tréfileries prirent beaucoup
d'importance à la fin du XIXe s. Après la fondation, en 1879, des Câbles Cortaillod, d'autres usines virent le
jour à Brugg, Cossonay, Altdorf (UR), Breitenbach, Hérisau, Pfäffikon (ZH) et Wildegg. Seules quelques-unes
d'entre elles, notamment celle de Cossonay, cumulèrent les trois étapes de finition, fil de cuivre, fil isolant et
câble proprement dit.
Plusieurs entreprises fabriquaient des produits finis tels que couverts, lampes, briquets ou ferrures, mais leur
importance resta toujours comparativement faible.
Auteur(e): Bernard Degen / UG
3 - L'industrie des métaux légers
Le rôle de l'aluminium est si prépondérant comparativement à celui d'autres métaux légers (magnésium,
béryllium) que seule son industrie est en général mentionnée en Suisse. Si la matière première faisait défaut,
l'énergie était en revanche abondante. La première usine d'Europe (Alusuisse) ouvrit ses portes en 1888 à
Neuhausen, près des chutes du Rhin, deux ans après le dépôt du premier brevet pour l'électrolyse de
l'aluminium. L'entreprise exploita d'autres fonderies, à Chippis dès 1908 et à Steg dès 1962, mais ferma celle
de Neuhausen en 1944. Le petit groupe Giulini ouvrit sa propre fabrique à Martigny-Bourg dès 1908 et, en
1938, à Martigny-Ville. Après la fermeture des usines de Martigny et de Chippis en 1992, il resta celle de Steg;
propriété depuis 2000 de la firme Alcan, canadienne à l'origine, elle cessa de faire de l'électrolyse en 2006.
La production d'aluminium passa de 40 t en 1890 à 20 000 t dans les années 1920 puis stagna jusqu'au
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milieu du XXe s. Pendant la période de haute conjoncture, jusqu'en 1971, la production remonta à un
maximum de 94 000 t, puis chuta à nouveau. Depuis les années 1980, la part des importations par rapport à
la production indigène est en constante augmentation (35 500 t produites en Suisse en 2000, 136 300 t
importées). De l'aluminium secondaire fut fabriqué dans des usines de refonte telles Refonda à Niederglatt
(1939-1992), qui travailla d'abord à partir de déchets industriels. Ceux issus du ramassage collectif (canettes
de boissons, etc.) sont venus s'y ajouter en 1989, avec la mise en place d'un système de recyclage national.
Le façonnage des métaux légers s'est développé en aval de la production. Les principaux acheteurs
d'aluminium brut étaient des usines de produits semi-finis (par exemple Chippis, Kreuzlingen, Menziken,
Rorschach, Münchenstein, Kirchberg BE, Berthoud, Laufon, Thoune), qui fabriquèrent notamment des tôles,
des rubans, des barres, des tubes, des profilés, des fils et des pièces forgées. La première à se lancer fut Alu
Menziken en 1897, d'abord à Fleurier, puis à Gontenschwil en 1905, enfin à Menziken. Les laminoirs de
feuillards, dont le premier fut celui de Kreuzlingen, fondé en 1910, prirent des dimensions internationales. Ils
travaillaient aussi pour l'industrie de l'alimentation (chocolat, fromage en boîte, emballages scellés). On se
mit aussi à fabriquer des produits finis (ustensiles de cuisine, douilles, boîtes ou tubes). L'entreprise Gröninger
AG, installée à Binningen de 1904 à 1970, avait commencé à produire de la vaisselle et des casseroles en
aluminium à Bâle en 1901.
Si la consommation d'aluminium par habitant n'était encore que de 3 kg en 1950, elle a passé à près de 10 kg
en 1960 et atteint 24 kg en 2000. Ce métal léger est surtout utilisé pour la construction de véhicules, de
bateaux, d'avions, de conteneurs, de bâtiments, d'ouvrages du génie civil (grues, ponts, échafaudages, etc.),
de machines, ainsi que pour la fabrication d'appareils, d'emballages et d'ustensiles de ménage.
Auteur(e): Bernard Degen / UG
Références bibliographiques
Bibliographie
– H. Fehlmann, Die schweizerische Eisenerzeugung, ihre Geschichte und wirtschaftliche Bedeutung, 1932
– H.-R. Wehrli, Die Eisenerzeugung der Schweiz im 2. Weltkrieg, 1954
– P.-L. Pelet, Fer, charbon, acier dans le pays de Vaud, 3 vol., 1973-1983
– Berg-Knappe, 1977– Minaria Helvetica, 1981– A. Knoepfli, Mit Eisen- und Stahlguss zum Erfolg, 2002
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