Rapports

Transcription

Rapports
23 SEPTEMBRE 2016
Table des matières
1
2
3
3.1
3.2
3.3
3.4
3.5
3.6
4
4.1
4.2
4.3
4.4
4.5
4.6
4.7
5
6
6.1
6.2
7
7.1
7.2
7.3
7.4
7.5
7.6
7.7
7.8
7.9
8
8.1
8.2
8.3
8.4
8.5
8.6
9
Introduction ....................................................................................................................... 1
Méthodologie ..................................................................................................................... 2
Panorama politique, constitutionnel et macro-économique .......................................... 3
Activisme du Remain ........................................................................................................ 3
Débat constitutionel .......................................................................................................... 3
Positionnement de négociation ? .................................................................................... 4
« Brexit is Brexit » ............................................................................................................. 4
Le paysage politique est inhabituel. ................................................................................ 4
Esquisse de tendances économiques et commerciales – La drôle de guerre .............. 5
La perception des Conseillers du Commerce Extérieur de la France RU, leurs
entreprises, leurs partenaires commerciaux et leurs réseaux d’affaires ...................... 6
L’incertitude ....................................................................................................................... 6
Libre circulation des personnes....................................................................................... 7
Le Brexit comme effet déclencheur ................................................................................. 8
Dépréciation de la monnaie : effet d’aubaine .................................................................. 8
Culturel / soft power .......................................................................................................... 9
Carte à jouer pour Paris / France ? .................................................................................. 9
Autres réflexions notoires .............................................................................................. 10
Conclusions ..................................................................................................................... 11
Préconisations clefs........................................................................................................ 13
Négociations ‘coup de menton’ ou accord équilibré ? ................................................. 13
L’excellence technologique française ........................................................................... 13
Annexe 1 – Témoignages des Conseillers du Comité RU et leurs
interlocuteurs du monde économique britannique et international à Londres .......... 14
Agro-alimentaire .............................................................................................................. 14
Banque/Finance............................................................................................................... 16
Energie/Environnement .................................................................................................. 17
Immobilier/BTP/Infrastructures ...................................................................................... 20
Fintech/ Investissements ................................................................................................ 21
Media/Telecom................................................................................................................. 24
Retail/Luxury ................................................................................................................... 24
Tourisme .......................................................................................................................... 25
Services aux entreprises ................................................................................................ 28
Annexe 2 – Rapports sectoriels ................................................................................... 33
Technologies ................................................................................................................... 33
Medias .............................................................................................................................. 35
Immobilier ........................................................................................................................ 37
Défense ............................................................................................................................ 40
Tourisme .......................................................................................................................... 52
Culturel / soft power ....................................................................................................... 55
Annexe 3 – A lire avec profit........................................................................................... 57
1
Introduction
Les quelque 70 conseillers du Commerce extérieur de la France du comité
Royaume-Uni sont des praticiens engagés de l’économie, femmes et hommes
d’affaires représentant les grands secteurs d’activité.
Le comité RU a une tradition de benchmarking des politiques publiques,
économiques et sociales du Royaume-Uni pour le bénéfice des pouvoirs publics.
Nous avons partagé par le passé nos observations sous la forme de rapports
annuels de recommandations. Ils ont conduit à des réformes pour l’amélioration de
la compétitivité et l’attractivité internationale de la France.
Dans cette lignée, et en plus de notre mandat officiel de veille économique, de
soutien aux PME, d’accompagnement des VIE et de promotion de l’image de la
France, j’ai créé une task force pour examiner les conséquences prévisibles de la
décision du Royaume-Uni de quitter l’Union Européenne. Ce groupe de travail est
composé de membres du comité RU représentatifs de secteurs clefs de l’économie.
Ils sont dirigeants d’entreprises, membres éminents des écosystèmes de leur
secteur à Londres, vétérans de l’international, tous dotés de réseaux de très haute
qualité que nous mettons au service de notre mission de CCE.
Nous sommes idéalement placés pour offrir une vision stratégique, une vue
pragmatique et émettre des avis constructifs sur notre vision des impacts
prévisibles du Brexit. Nous nous cantonnons strictement à nos domaines de
compétences, le monde de l’entreprise et des échanges internationaux. J’ai
toutefois esquissé un bref panorama du paysage politique et constitutionnel du
Royaume-Uni fin septembre 2016, tant cet aspect est pertinent à toute examen du
Brexit.
Le vote du 23 juin 2016 est une décision historique qui a surpris la quasi-totalité des
observateurs. Ses ramifications commencent seulement à être entrevues, y
compris par le gouvernement britannique. Il est indéniable que cet évènement aura
un impact durable et potentiellement systémique sur le pays lui-même, sur ses
relations avec l’Union européenne, mais aussi sur l’Union et enfin sur la France,
partenaire historique essentiel du Royaume-Uni et membre fondateur, pays pilier de
l’Union européenne.
Trois mois jour pour jour après le vote, ce bref document est une tentative de
déceler des tendances sur l’impact possible du Brexit sur l’économie et les
entreprises, et d’articuler une analyse de ce que pourrait être le Royaume-Uni postBrexit, pour informer les pouvoirs publics et les entreprises.
Olivier MOREL
Président | comité RU des conseillers du Commerce extérieur de la France
23 septembre 2016
1
2
Méthodologie
2.1
Sous ma direction, le groupe de travail s’est réuni une première fois le 14 juillet
2016 pour analyser à chaud les impacts prévisibles du Brexit dans nos secteurs,
trois semaines après le vote. Ce groupe est composé de 12 Conseillers compétents
dans des domaines précis, pour partager leur propre expérience, celle de leur
secteur/entreprise, et piloter le recueil d’information auprès de leurs réseaux, dans
le but d’obtenir une information suffisamment granulaire.
2.2
Une deuxième réunion le 15 septembre 2016 a permis de corriger certaines
tendances, d’en confirmer d’autres et de compléter notre vision des impacts
prévisibles du Brexit. Nous avons ainsi pu formuler ce rapport dans sa forme
actuelle.
2.3
Entretemps, nous avons recueillis les témoignages d’autres CCE RU et de notre
écosystème, dans nos entreprises, nos secteurs et nos réseaux professionnels.
2.4
Plus de 50 interlocuteurs dans des secteurs et postes clefs nous ont apporté leur
témoignage selon la grille de lecture suivante :
 Impact actuel ou prévisible du Brexit, sur votre groupe / secteur
 Impact personnel
 Aspects positifs/opportunités pour votre groupe/entreprise
 Opportunités pour la France
 Anecdotes pertinentes si vous en avez
 Autres aspects
Cette ébauche d’analyse à chaud tente de synthétiser six thèmes forts qui émergent de
nos analyses et celles de nos interlocuteurs. Ces observations sont tirées de notre
expérience collective et quotidienne d’acteurs de l’économie au RU, de nos entretiens
avec nos collègues, nos partenaires commerciaux du secteur public et du secteur privé et
nos réseaux. Elle est aussi nourrie des témoignages que nous avons recueillis et de nos
rencontres avec des entrepreneurs ; des intellectuels ; des hauts-fonctionnaires ; des
journalistes ; des diplomates ; des politiques ; des professions libérales ; des think tanks ;
des ‘gens ordinaires’ ; français et britanniques (Remain et Leave) et des éclairages
d’autres européens ; la presse écrite ; audiovisuelle et les réseaux sociaux (français,
britanniques et d’autres pays européens).
Notre vision est nécessairement subjective. Les opinions exprimées, prises isolément, ont
une certaine valeur, mais pourraient être simplement anecdotiques. Considérées
ensembles, elles permettent de dégager des tendances de fonds.
Ces témoignages sont reproduits en Annexe 1. Les avis sont exprimés à titre personnel.
2
3
Panorama politique, constitutionnel et macro-économique
On ne saurait examiner le Brexit sans évoquer ces aspects, en particulier le volet
politique, qui ont et continueront d‘avoir un effet très important sur le panorama
économique futur du RU. Ces questions vont aussi peser dans le rythme et le
contenu des négociations RU-UE.
3.1
Activisme du Remain
Le camp du Remain continue d’être actif dans la presse et sur les réseaux sociaux
– dans une moindre mesure dans la rue (manifestations 2 septembre 2016). La
pétition en ligne pour un deuxième référendum immédiat, au motif que les partisans
du Leave ont menti aux électeurs, a rassemblé plus de 4m de signatures. Le
Parlement a donc du débattre du sujet le 5 septembre 2016 (seuil de 100 000
signatures). A ce stade, cette initiative sera probablement sans suite.
3.2
Débat constitutionel
L’espoir du Remain
constitutionnels.
se
reporte
sur
plusieurs
arguments
juridiques
et
3.2.1 Un rapport de la House of Lords du 13/09/2016 sur le mécanisme de retrait du RU
de l’UE conclut :

qu’il serait constitutionnellement inapproprié pour le gouvernement de
déclencher le mécanisme de l’Article 50 sans consulter le Parlement ;

qu’il serait tout aussi inapproprié pour l’exécutif de prendre une décision très
lourde de conséquences à long terme pour le pays, sur la base d’un
référendum à caractère consultatif, sans un accord explicite du Parlement.

le Parlement devrait jouer un rôle central dans le processus de déclenchement
de l’Article 50 ; dans les négociations qui suivront ; et dans la ratification – ou le
rejet – des modalités finales selon lesquels le RU quitte l’UE.
3.2.2 Mishcon de Reya, un cabinet d’avocats de renom, a été formellement mandaté
pour défendre ce point de droit constitutionnel devant la Supreme Court (Cour de
Cassation), la décision devant être rendue en janvier/février 2017 ;

soit la Supreme Court abonde dans le sens de Remain et le Parlement devra
être consulté sur le déclenchement de l’Article 50 ; hors au moment du vote le
23 juin 2016, près des 2/3 des députés étaient pro-Remain ; s’ils étaient
appelés à voter à nouveau, dans quel sens les députés voteraient-ils – contre le
déclenchement de l’Article 50, par conviction personnelle, ou en faveur du
déclenchement, entérinant ainsi le résultat du referendum ?

soit le jugement abonde dans le sens de l’exécutif ayant l’autorité nécessaire
pour invoquer l’Article 50 ; il est possible que le cas soit alors référé à la Cour
de Justice (Strasbourg) ;

ces deux scenarii sont politiquement très compliqués et ajoutent à l’incertitude.
3
Le mécanisme de l’Article 50 ne pourra donc être déclenché qu’en février 2017 au
plus tôt, après la décision de la Supreme Court. A deux mois de l’élection
présidentielle française, le PM hésitera peut-être à engager une négociation avec
des interlocuteurs (i) qui seront probablement focalisés sur des questions de
politique intérieure ; (ii) qui pourraient avoir changé après quelques semaines ; le
même raisonnement s’applique aux élections allemandes à l’automne 2017. Le
délai de déclenchement pourra donc s’allonger.
On évoque aussi la possibilité (i) soit que les termes de l’accord qui ressortira des
négociations avec l’UE sur la sortie du RU soit soumis au Parlement ; (ii) soit qu’un
nouveau référendum soumette ces termes aux électeurs – l’hypothèse de cette
deuxième consultation est beaucoup moins vraisemblable.
La position officielle du gouvernement est qu’il n’est pas tenu de consulter le
Parlement dans sa décision de déclencher l’Article 50.
3.3
Positionnement de négociation ?
L’Article 50 laisse seulement deux ans pour négocier la sortie de l’UE. Passé ce
délai très court, le RU pourrait avoir quitté l’UE, sans accord spécifique avec l’Union
ou les pays tiers, ce qui placerait le pays dans une position vulnérable, les
exportations et importations potentiellement soumises à des tarifs élevés - entre
autres conséquences.
On évoque la possibilité que le gouvernement veuille combiner la négociation sur
les conditions de sortie avec un accord qui maintiendrait le status quo quant à la
non-imposition de tarifs douaniers entre l’UE et le RU. Cet accord serait temporaire,
en attendant la négociation d’accords durables. Il aurait l’avantage de minimiser le
choc potentiel de la sortie, assortie de l’apparition de tarifs douaniers, pour les
acteurs économiques, autant au RU que dans les autres pays de l’EU.
3.4
« Brexit is Brexit »
Cette expression utilisée avec persistance par le PM, est la cible d’une ironie
grandissante sur le manque de substance qu’elle dissimule mal. Le PM et le
gouvernement commencent à prendre toute la mesure de l’énormité de la tâche à
laquelle ils font face. Le PM prendra son temps pour enclencher l’Article 50, au plus
tôt début 2017. Mais les échéances politiques en Europe l’année prochaine
(France ; Allemagne et dans une moindre mesure Pays-Bas) pourraient conduire à
des changements de gouvernement dans ces pays ; le PM s‘interroge sans doute
sur la pertinence d’entamer des négociations avec des gouvernements qui (i) au
pire pourraient ne plus être en place dans un an ; (ii) au mieux seront mobilisés
dans les prochains mois par des considérations électorales de court terme, peu
propice à des négociations sereines, et encourageant des postures ; cela pourrait
encourager le gouvernement à repousser le déclenchement de l’Article 50.
3.5
Le paysage politique est inhabituel.
Il faut peut-être s’habituer à un environnement politique plus instable. Après les
frasques du parti conservateur qui ont suivi le référendum, l’opposition travailliste
est en pleine déconfiture, avec une absence totale d’opposition crédible. Le Labour
4
est paralysé par des querelles intestines et la contestation de sa direction par ses
propres députés. Cela contraste avec la rapidité de la reprise en main des Tories –
primaires écourtées, nomination d’un nouveau PM et remaniement du
gouvernement. Le parti Liberal Democrats, seul des trois grands partis
officiellement pro-européen, a cessé d’exister comme force politique après avoir été
décimé en 2015. Une situation qui pourrait jouer en faveur du gouvernement
Conservateur est sans doute neutralisée par la division au sein des Tories entre
partisans du Leave et du Remain, ou les querelles d’ego au sein même du camp
Leave – Boris Johnson, David Davis et Liam Fox.
La force du RU était son incroyable stabilité et prévisibilité politique – mais c’est
plutôt une exception dans le monde, donc les grands groupes vont s’adapter.
3.6
Esquisse de tendances économiques et commerciales – La drôle de guerre
L’incertitude persistante quant au timing et aux modalités de sortie du RU de l’UE
contribuent à l’ambiance de ‘drôle de guerre’.
Il y a un sens de faux confort qui rassure les Brexiters et inquiète les Remainers –
avec la publication d’indicateurs économiques positifs :

Chômages à 4,9%, au plus bas depuis 2005 ;

Marchés d’actions et taux de change, sinon stabilisés, du moins loin du chaos
prévu par les partisan du Remain en cas de Brexit ;

Chiffres record d’investissements étrangers sur l’année 2015-16 ;

Après un mois de juin déprimé, rebond des ventes de détails en juillet et léger
repli (-0,2%) en août, sous le quadruple effet (i) d’une météo très clémente ; (ii)
de résultats exceptionnels aux JO ; (iii) de congés au RU (« staycation ») :
l’Euro cher a pu pousser plus de britanniques à prendre des congés au RU,
plutôt qu’en Europe continentale ; (iv) du transfert de Paris vers Londres de
touristes étrangers, dû à l’état d’urgence en France, et au fait que les visiteurs
ont dépensé plus suite à la dévaluation de la livre.
Certaines de ces statistiques couvrent une période pré-référendum, mais donnent
le sentiment que la catastrophe annoncée par les partisans du Remain en cas de
Brexit ne s’est pas produite.
Quasiment tous les économistes sont cependant unanimes pour prévoir un fort
ralentissement de l’activité cette année, plutôt qu’une récession, qui était un
scénario évoqué par le camp du Remain an cas de Brexit. Et si l’OCDE a revue à la
hausse sa prévision de croissance pour 2016 à 2% (contre 1,9% en juin),
l’institution a revu fortement à la baisse sa prévision pour 2017, à 1% (contre 2% en
juin).
5
4
La perception des Conseillers du Commerce Extérieur de la France RU, leurs
entreprises, leurs partenaires commerciaux et leurs réseaux d’affaires
Six thèmes forts ressortent de nos échanges et recueils de témoignages.
4.1
L’incertitude, facteur déstabilisant en soi

Visibilité toujours quasi-nulle sur la future relation politique et commerciale
avec l’UE, qui nourrit une certaine fébrilité. La notification de l’Article 50 n’est
pas envisagée avant début 2017 (au plus tôt), avec la perspective d’une remise
en cause des conditions constitutionnelles de la notification (Exécutif ou
Parlement, voir 3.1 infra.). Bien que le panorama juridique et le cadre
contractuel pour les acteurs économiques ne changera pas avant plusieurs
années, l’absence de visibilité engendre de la fébrilité, ajoutant un facteur de
risque à d’autres indicateurs économiques de moyen terme maussades.

Insistance des acteurs économiques et des conseils – dont je suis – sur le
besoin de ne pas prendre de décision précipitée tant l’actualité est fluide et
de continuer le business as usual, allié à une veille active pour être prêt le
moment venu.

Grande soif d’information, même s’il y a peu de concret. Anecdote : les
ventes du Financial Times (en ligne et papier) se sont envolées dans les
semaines qui ont suivi le 23 juin 2016 (comme souvent en cas de crise,
phénomène de « flight to quality »).

Les projets en cours continuent, mais ceux qui sont encore dans les cartons
y restent pour l’instant.

La rentrée est clef :
(i)
soit plus de clarté sur l’orientation politique et commerciale des relations
RU-UE – ce n’est pas le cas, le gouvernement n’ayant toujours pas
formulé la future relation commerciale et politique avec l’UE ;
(ii)
soit seulement des pistes de réflexion – on évoque tour à tour les
scenarii EEE ; AELE ; union douanière (‘modèle turc’) ; accord de libre
échange (‘modèle canadien’) ; ou aucun accord, donc modèle OMC par
défaut.

Les entreprises n’attendront pas indéfiniment que le gouvernement arrête une
ligne, ils devront prendre des décisions structurantes en T4 2017 et sur le
moyen terme, avec l’information en leur possession, aussi parcellaire et
incomplète soit-elle.

Les groupes asiatiques regardent avec grand intérêt les développements en
Europe, car ils utilisent le RU comme porte d’entrée naturelle du marché
unique. Ceux qui ont des opérations à travers l’UE – Pays-Bas / Hongrie /
Allemagne / France / RU / Espagne – vont revoir leur organisation et peut-être
retirer certaines fonctions du RU.
6

La note de 15 pages émise par le Japon à l’occasion du G20 à Hangzhou les
4-5 septembre 2016 en est une illustration parfaite – voir Annexe 3. Le Japon
se comporte comme un actionnaire qui aurait investi dans l’entreprise RU plc
et liste à la direction du groupe (le gouvernement) ses exigences pour
continuer à la supporter – accès au marché unique et libre circulation des
travailleurs étant deux demandes phares.
Si le retard du déclenchement de l’Article 50 s’explique au sens strict de la tactique
de négociation – établir sa stratégie avant de lancer des négociations – la
prolongation de l’absence de décision porte préjudice : (i) aux entreprises qui
doivent prendre des décisions structurantes sur la base d’une sortie du RU de l’UE
sans en connaître les termes (sur le mode « hope for the best and plan for the
worst ») ; (ii) au pays, qui va pâtir à moyen et long terme de cette ambiance ‘drôle
de guerre’, puisque ces groupes risquent fort de désinvestir ou (au mieux) de mettre
leurs investissements en sommeil (voir réaction du Japon en 4.2.1 infra.)
4.2
Libre circulation des personnes

Quasi consensus de nos interlocuteurs sur le danger que représente la
position ambiguë du gouvernement sur le sort des ressortissants de l’UE –
qui pourra / ne pourra pas rester, dans quels conditions etc. ? Toutes les
entreprises ont fait très rapidement après le résultat du vote un travail important
de communication pour rassurer leurs équipes qui comptent des dizaines de
nationalité, dont tous les pays de l’UE. Sont concernés les entreprises
françaises et étrangères, mais aussi les groupes britanniques, qui se reposent
sur le réservoir de main-d’œuvre de l’UE sans restriction – le secteur Tech.,
international et cosmopolite par excellence recrute beaucoup en UE (Europe
centrale/orientale) et est particulièrement concerné.

Attirer et retenir les talents est, et sera un vrai défi pour le pays. Le Brexit
complique énormément la constitution d’équipes de talents multinationaux, une
des forces du RU jusqu’à maintenant. Hors le gouvernement a traité pour
l’instant la question sous l’aspect unique de politique domestique, tant la
question migratoire fut au centre du débat sur le Brexit. C’est donc l’aspect
contrôle à l’entrée plutôt qu’accès aux talents qui a eu la priorité et la seule
dimension people qui est débattu concerne l’immigration de masse.
L’incertitude persistante sur le statut des ressortissants de l’UE, présents et à
venir, risque (i) de provoquer des départs sur le court/moyen-terme
(en l’absence de clarification du statut des ressortissants UE, avec des
exemples anecdotiques de départs précipités dans la communauté française) ;
et (ii) à plus long terme une érosion de l’attractivité du pays pour les talents,
originaires de l’UE ou du reste du monde. Un des forts atouts de Londres est sa
capacité à absorber sans mal toutes les cultures (Londres compte plus de 50
communautés de plus de 10 000 personnes nées hors du RU). On pourrait
assister à moyen terme à une fuite des talents/cerveaux : (i) non-attractivité du
RU pour ceux qui y venaient jusqu’à présent – « on ne veut pas vivre/travailler
dans un pays perçu comme replié sur lui-même » – (ii) pénurie de financements
(recherche/enseignement) dont beaucoup sont mutualisés au niveau UE – d’où
la campagne pro-Remain des chercheurs/universitaires.
7
Enfin, effet sans doute imprévu, les demandes d’émigration de britanniques
vers la Nouvelle-Zélande ont bondi à l’issue du vote (plus de 2 000 demandes
en 3 jours, contre 3 000 par mois normalement).

4.3
4.4
Manque criant d’ingénieurs autochtones. Tous les grands groupes
industriels – français et autres – doivent ‘importer’ des talents depuis de
longues années. Le fait que le RU est un pays ‘ouvert’ par excellence, avec une
capacité très importante d’attraction des talents a sans doute conduit à une
forme de complaisance, les professions libérales (droit et chiffre), finance,
conseil, étant vues par les britanniques depuis des décennies comme plus
prestigieuses / rémunératrices que les cursus d’ingénieurs.
Le Brexit comme effet déclencheur

L’immobilier domestique avait commencé à ralentir depuis janvier 2016 –
baisse des prix à la vente, ou retrait de biens devant l’absence du bon prix.

Comme annoncé par le gouverneur de la BoE Mark Carney avant le vote, le
Brexit était un facteur de risque supplémentaire sur une économie déjà en
ralentissement. Il plaide que les mesures que la BoE a prise pendant l’été –
baisse du taux directeur à 0,25% et rachat d’actifs – ont évité la récession à
court terme, mais les prévisions de la banque centrale continuent de prévoir
une poursuite du ralentissement de l’économie dans les mois à venir.

Anecdotes de Français organisant leur retour en France dès la rentrée 2016 –
certains évoquent une « fin de cycle », après 10/15 ans passés à Londres, le
Brexit n’est que le déclencheur de la décision.

Des restructurations déjà planifiées pourraient être présentées comme dues
au Brexit, motif commode pour justifier des décisions impopulaires.

Certains groupes pourraient ainsi faire passer des messages ’politiques’ au
gouvernement, sur le mode : Brexit = licenciements (« on vous l’avait bien
dit »), pour tenter de peser dans le débat sur la forme future de la relation RUEU.
Dépréciation de la monnaie : effet d’aubaine

A court terme au moins, la baisse de la livre a permis d’encourager le
tourisme – Londres/RU sont meilleur marché ; l’effet est combiné avec l’impact
négatif du terrorisme en France – les touristes nord-américains et asiatiques
sont venus à Londres plutôt qu’à Paris, et leur pouvoir d’achat est meilleur

Les investisseurs internationaux en immobilier sont friands de Londres
depuis longtemps : sur la totalité des montants investis en immobilier en
Europe, originaire hors-Europe, – près de 50% sont concentrés sur le centre de
Londres. Certains investisseurs trouvent à la capitale britannique un regain
d’intérêt dû à la dépréciation de la monnaie.
8
4.5

Certains grands groupes qui vendent en dollars ; ont des budgets en euros ;
et des dépenses en livres, la dépréciation de la monnaie n’est pas une si
mauvaise nouvelle, quoique temporaire.

Même phénomène dans une moindre mesure dans le M&A, avec des cibles
moins onéreuses à l’achat – mais a contrario des transactions qui n’aboutissent
pas.
Culturel / soft power

L’image de marque Great Britain / Cool Britannia a perdu de son lustre :
(i)
la réputation de stabilité/prédictibilité des institutions britanniques ont
été écornées par les frasques du camp Leave, qui a admis dans les
heures qui ont suivi le scrutin qu’ils avaient utilisés des informations
erronées pour convaincre l’électorat, combiné à l’absence complète
de planification de qui que ce soit dans l’éventualité du Brexit ; et enfin
dans une moindre mesure, la nomination au poste de Secretary of
State for Foreign and Commonwealth Affairs de Boris Johnson, figure
de proue du camp Leave et personnage controversé – cf. la réaction
de ses pairs étrangers à sa nomination ;
(ii)
l’image de carrefour mondial des affaires du pays, cosmopolite et
multiculturel – il s’est avéré que le fossé entre Londres et le reste du
pays est criant ; des incidents racistes tragiques (attaque d’un centre
culturel polonais et assassinat de ressortissants du même pays)
contribuent à entamer la confiance des ressortissants de l’UE.
Il est trop tôt pour conclure que ces incidents vont ternir l’image du pays
dans le monde sur le long terme, mais ils ont certainement un effet dissuasif
immédiat pour certains candidats à l’immigration dans des secteurs à haute
valeur ajoutée (Tech).

4.6
C’est une opportunité pour relancer l’effort de ‘vente’ de la marque France, en
particulier par le biais plus subtil de la culture / éducation. Le Comité RU des
CCE a mis en place un groupe de réflexion commun avec l’Institut Français
pour élaborer une stratégie de long terme en la matière.
Carte à jouer pour Paris / France ?

Probablement, mais l’approche doit être subtile – l’image du ‘tapis rouge’,
même si elle est de bonne guerre, est éculée et contre-productive.

Les investisseurs internationaux connaissent le besoin de réformes en
profondeur de la France, au-delà des effets d’annonce. Des contacts discrets
avec des dirigeants de groupes étrangers seraient sans doute plus productifs.

Les élections présidentielles de 2017 arrivent au mouvais moment, car elles
risquent de former un ‘bruit de fond’ peu propice à ‘vendre’ la destination
France.
9
4.7
Autres réflexions notoires

Pour un grand groupe industriel international, le taux très compétitif
d’imposition à l’IS au RU n’a jamais été un facteur de décision d’implantation.
Ce qui a été décisif a été plutôt (i) l’accès aux pôles de compétitivité industriels
/ sectoriels ; et (ii) la capacité d’attirer les talents européens au RU sans
entrave (encore la libre circulation !).

Même les fervents partisans de Remain se résignent à la réalité du départ de
l’UE. Ils font preuve de pragmatisme et vont travailler à négocier le meilleur
deal possible pour leur pays.
10
5
Conclusions
5.1
Atmosphère de « drôle de guerre ». Passé le choc initial qui a immédiatement suivi
le résultat du vote du 23 juin 2016, la situation économique, les marchés et le taux
de change n’ont pas connu la descente aux enfers que prévoyait le camp du
Remain. Une relative stabilité s’est assez vite rétablie, aidés par des indicateurs
apaisés qui contribuent, sinon à un retour de la confiance, du moins à une forte
baisse de la fébrilité des semaines qui ont suivi le vote.
5.2
Le RU et Londres ne vont pas perdre leurs atouts du jour au lendemain. Le RU
reste un grand pays avec des atouts incontestables, dans ou hors de l’UE.
5.3
Il faudra attendre encore quelques mois, au printemps 2017, peut-être plus tôt
sous l’influence de contraintes de politiques intérieure (camp du Leave) et
extérieure (crainte de contagion qui pousse l’EU à demander une sortie rapide)
pour avoir une vision plus claire des pistes de réflexion du gouvernement sur les
modalités de la relation future avec l’UE.
5.4
Au vu du volume des échanges commerciaux entre le RU et l’UE, ni l’un ni l’autre
n’a à gagner à engager un bras de fer sur des termes de sortie et de relations
futures ‘durs’ – posture ‘coups de menton’ coté EU et jusqu’au-boutisme du coté
Leave.
5.5
Nous ne prévoyons pas de nouveaux chocs systémiques, mais plutôt un lent
déclin/déclassement du pays, mesuré en décennies, pas en mois/années.
5.6
A ce jour, l’inventaire – et le rejet semble-t-il – de tous les modèles existants
d’organisation du commerce international pour régir les relations future du RU avec
l’UE (modèle norvégien ; suisse ; turc ; WTO) semblerait pointer vers la création
d’un nouveau modèle ad hoc de relation d’un pays tiers avec l’UE, empruntant
probablement des éléments aux autres modèles.
5.7
Le RU va sans doute essayer de ‘diviser pour régner’ en jouant des divergences
entre les membres, en particulier France et Allemagne ; le gouvernement voudra
préserver les ‘bons accords’ qui fonctionnent – Défense en particulier, avec le
Traité de Lancaster House 2010 (cf. supra rapport sectoriel en Annexe 1) ; signe
fort de reconduire le Ministre de la Défense Michael Fallon à son poste, l’un des
rares du gouvernement à rester en place.
5.8
Les grands groupes US/asiatiques ont les moyens de se réorganiser pour tenir
compte de la nouvelle donne d’un RU hors de l’UE et ils sont en train de préparer
leur plan de restructuration de leurs opérations pan-européennes. La note remise
par le Japon au gouvernement lors du dernier G20 (cf. 4.1 infra et copie en annexe
3) fournit un guide très utile des exigences de ces groupes sur le contenu d’un
accord futur RU-UE.
5.9
Que doivent faire les PME qui s’intéressent au marché du RU ? Le pays reste un
marché de taille équivalente à la France – populations et PIB similaires et
structures de l’économie (proportions services/industries) comparables. Les termes
des nouvelles relations commerciales RU-UE et leurs bases juridiques ne seront
pas connues avant plusieurs années, il semble irréaliste d’attendre de les
11
connaître. Il continue d’être logique de s’y intéresser, d’autant que le cadre
réglementaire et l’approche des pouvoirs publics britanniques est déjà très probusiness. Le gouvernement va être particulièrement attentif à ne pas entacher cette
réputation, voire à se montrer encore plus attirant pour les entreprises étrangères, il
y va de la crédibilité du pays comme une des destinations phares des investisseurs
internationaux. La question est plus prégnante pour les grands groupes nordaméricains, asiatiques et australiens, qui considèrent le RU comme la porte
d’entrée naturelle de l’UE, ils pourraient remettre en cause cette vision – cf. note du
Japon en 4.2.1 et Annexe 3.
12
6
Préconisations clefs
L’une concerne l’immédiat – la négociation sur les conditions de sortie du RU –
l’autre l’exploitation d’un atout français sur le long terme – l’excellence de la
formation de nos ingénieurs.
6.1
Négociations ‘coup de menton’ ou accord équilibré ?
Il pourrait être tentant de négocier très durement avec le RU, en exigeant une sortie
rapide et sans transition, avec la volonté de faire un exemple d’un pays qui a décidé
de sortir de l’UE, pour montrer à d’autres membres qui auraient des velléités de
sortie que l’existence hors UE est une voie peu enviable – négociations sur le mode
‘coup de menton’.
Si cette attitude peut se comprendre à bien des égards – ce n’est pas nous CCE
d’en juger – la sortie brutale du RU sans accord au-delà des termes strictes de
séparation pourrait provoquer des chocs importants étant donné le volume très
significatif des échanges commerciaux entre le RU et le reste de l’UE. Le pays
serait potentiellement traité par défaut comme un pays sans aucun accord
commercial avec aucun autre pays, se voyant donc soumis à des tarifs douaniers
non-négociés. Les principales victimes risquent d‘en être les entreprises et les
consommateurs, au RU et dans le reste de l’UE.
Il semblerait donc sensé que l’accord sur les conditions de sortie du RU de l’UE –
accord soumis à un délai de 2 ans aux termes du Traité de Lisbonne – contienne
également certaines dispositions sur le maintien, même temporaire, d’un certain
status quo (tarifaire par exemple), en attendant la négociation d’accords pérennes.
Plus généralement, observons que la note du gouvernement japonais émise lors du
G20 est adressée au RU et à l’UE – l’avertissement sur les sujets que le Japon
considère comme essentiels au futur des relations RU-EU ne s’adresse pas
seulement au gouvernement du RU.
Etant donné l’importance des flux commerciaux entre nos deux pays, les
entreprises françaises pourraient être les victimes collatérales d’un choc brutal
provoqué par une sortie ‘dure’ (« hard Brexit »).
6.2
L’excellence technologique française
Les témoignages et observations de ces dernières semaines ont confirmé un atout
considérable de la France : l’excellence de la formation de nos ingénieurs, qui
explique, entre autre, le nombre disproportionné de startups technologiques créées
par des français, et de cadres et ingénieurs français, dans l’écosystème mondial du
secteur TMT. Par contraste, le RU souffre d’un déficit chronique de ce type de
formation – un chaud partisan du Leave, et homme d’affaires emblématique, Sir
James Dyson, s’en fait souvent l’écho. Le Brexit pourrait avoir un effet déclencheur
important pour que la France pousse son avantage dans ce domaine.
13
7
Annexe 1 – Témoignages des Conseillers du Comité RU et leurs
interlocuteurs du monde économique britannique et international à Londres
7.1
Agro-alimentaire
Antoine de Saint-Affrique – CEO Barry Callebaut – 12/07/2016

RU représente 7% CA mondial et profitable.

Inquiet car consommation très importante pour vitalité du UK - « si les britanniques
mangent moins de barres chocolatées Cadbury, mes ventes baissent »

Trading cacao à Londres – spéculation sur matière première + livre sterling =
double exposition à spéculation et mouvements £ v € / $

Libre circulation des personnes : cadres anglais hors UK et non-Britanniques
(Européen et autres) au UK ; situation de conjoints non-européens de cadres
européens non-britanniques = casse-tête

Manque de visibilité sur l’horizon politique et discours contradictoires des milieux
politiques, puisqu’ils parlent à des audiences nationales et internationales

Incertitude sur le fonds et la forme – fiscalité et circulation des personnes

France joue mal le coup avec le « tapis rouge » – sur la forme, provocation qui fera
se durcir la position britannique et les rendra + solidaires – et le fonds, la France a
encore besoin de réformes, ce n’est pas avec des effets d’annonce spectaculaire
qu’on va attirer les groupes étrangers qui connaissent bien la réalité.

Avance Amsterdam comme alternative crédible :
-
Ecosystème pro-business très développé
Pays de commerçants pragmatiques
Fiscalité stable et tradition de « tax rulings »
Liens commerciaux anciens et forts avec Londres
Parfaite maîtrise de l’anglais
Infrastructure (ports + aéroports) et géographie
[J’ajouterai (OM) : géopolitiquement pas perçu comme une menace car petit pays
politiquement et diplomatiquement – ne « fait de l’ombre » à personne]

Brexit pourrait être utilisé comme prétexte déclencheur par des groupes qui
envisageaient déjà des restructurations – aussi une façon d’envoyer des messages
au gouvernement UK en marge des négociations avec l’UE que « sortir coûte des
emplois ».

Hypothèse politique « left field » pour l’unité du RU : « reverse Greenland »
(possession du Danemark mais hors EU), c.-à-d. Ecosse et Ulster hors UK / dans
UE.

Effet sur l’immobilier – bulle?
14
Caroline Bovay – Finance Director, Rémy Cointreau – 31/08/2016
Impact du Brexit sur votre groupe
Jusqu’à présent pas d’impact direct mais on estime que grâce au taux de change,
le tourisme à Londres principalement va être stimulé et devrait avoir un impact
positif sur nos ventes spécialement pour les produits chers. Nous attendons une
croissance sur la période de Noël.
Impact du Brexit sur votre secteur
Même retour. Le risque pour les Groupes ensuite est lié au marché noir puisque les
produits vendus au UK sont maintenant moins chers que dans les autres pays
européens avec toujours une liberté de circulation. Donc un client européen (non
UK) peut essayer d’acheter au UK au lieu d’acheter dans son pays d’origine ce que
les Groupes de W&S n’aiment pas (perte de profit et manque de visibilité sur le vrai
business local) Globalement tous les groupes de W&S ont confirmé leurs
investissements au UK principalement lié au fait qu’ils ont des distilleries en Ecosse
et en Irlande. La vraie question reste la réaction de l’Ecosse et de l’Irlande. Selon,
cela aura à impact plus important.
Impact personnel éventuel
A date, seul impact de nouveau lié au taux de change puisque tout retour en France
pour les vacances par exemple ou simplement rembourser des prêts en euro
revient plus cher. Ensuite la question se pose de postuler pour avoir la nationalité
anglaise avant / si le gouvernement anglais décide de taxer par exemple les
étrangers ...
Anecdote
Tout de suite après les résultats quelques parents de la classe de mes filles qui
travaillent en banque ont demandé leur mobilité. Je ne sais pas encore si certains
sont finalement partis ou attendent de partir. J’aurai une meilleure vision après la
rentrée scolaire.
Impact éventuel sur la France – facteur d’opportunité ?
Difficile à évaluer mais elle peut jouer avec l’Allemagne le pays fort de l’U.E.
Entrepreneur français dans un secteur alimentaire de niche
Créé deux structures (holding et société d’exploitation) mais renonce à un projet
très avancé d’ouverture d’un magasin centre de Londres : « Le retail est déjà assez
compliqué à Londres, sans y ajouter l’incertitude de cette situation. Nous entrons
aussi en période électorale en France, la rhétorique anti-anglaise pourrait déraper,
ce qui pourrait en retour avoir un effet négatif pour une entreprise française à
Londres. »
15
7.2
Banque/Finance
Marc Mourre – Director Mourre & Co – Former Managing Director, Vice
chairman commodities, Morgan Stanley – 14/07/2016

L’écosystème de Londres comme place financière de premier plan ne va pas
disparaître du jour au lendemain.

Libre circulation salariés et passeport trans-EU est très important pour les banques.

L’émotion retombe et les plans sont établis pour se préparer au « nouveau
monde ». La City serre les rangs et même les britanniques profondément proRemain prennent acte de le nouvelle donne et défendront la City.

Un discours français trop agressif / primitif sera contre-productif, bien sûr vis-à-vis
des britanniques, mais aussi des américains. Pour attirer les banques, il faut
clarifier le package (fiscal et autre) qu’on peut offrir aux cadres de ces institutions.
La fiscalité (IR) des ménages avec enfants est en réalité assez attractive en France
v UK, surtout depuis la suppression du double contrat anglais – possibilité de n’être
imposé à l’IR au UK que sur les émoluments tirés de l’activité effectivement réalisée
au UK, toute fonction hors UK rémunérée par une autre société non-imposable
dans le pays. Intéressant que la France regarde l’introduction d’un tel concept pour
attirer les cadres étrangers impatriés à forte mobilité mondiale.

Préconise les contacts discrets auprès des grandes institutions plutôt qu’annonces
tapageuses.

L’incertitude est un vrai problème pour planifier sur le court-moyen terme.

Les métiers de trading sont très mobiles – dans les grandes institutions installées à
Londres, 2,000 personnes peuvent être délocalisées dans une autres ville sans
vraiment perturber l’activité de l’institution – pas de raison d’être à Londres
géographiquement, on peut avoir des équipes à Paris qui se déplacent quand le
besoin se fait sentir.
Gulenn També – Partner EY – 14/07/2016

Recommandations aux clients : il est urgent d’attendre, il serait imprudent de
prendre des décisions structurantes dans une période aussi fluide.

Alternatives à Londres pour l’industrie financière et/ou le QG de grands groupes :
-
Dublin n’a probablement pas la capacité – logement/infrastructure – pour
devenir un concurrent immédiat pour une transposition à grande échelle ;
Francfort est trop « parochial » ;
Berlin n’est réaliste que pour le FinTech, et encore (taille) ;
Paris – mais coût de l’emploi comparativement très élevé + réputation
(bureaucratie/grève).
16

7.3
Anecdote : des Français ont déjà pris la décision de rapatrier leur famille en
France, certains en y cherchant un poste depuis ici, d’autres sont partis sans
avoir de poste.
Energie/Environnement
Max Vauthier – Managing Director – LNG Values – 14/07/2016

Le marché de l’énergie en Europe est assez intégré – chaque pays a un mix
énergétique (renouvelable/nucléaire/fossile) très différent.

Grand dossier UK : sécurité de l’approvisionnement.

Quand le UK ne sera plus sous la coupe du régulateur européen, cela conduira à
un renforcement des pouvoirs du régulateur UK.

Il faut s’attendre à une exploitation plus active du gaz de schiste.

Le trading the gaz (Londres), comme d’autres matières premières, aisément
transférable – confirmé par Marc Mourre. Genève/Dublin par ex. ?
Michel Contie – NED Mentorca – Former Total E&P – 15/07/2016

Le DECC qui était l'organisme de tutelle du secteur Energie et Climat qui couvrait
les activités pétrolières, et gazières et le nucléaire sous la responsabilité antérieure
du Secrétaire à l'Energie et CC (Amber Rudd) et la Secrétaire d'Etat Andrea
Leadsom. Fusion avec le Département du Business.

Difficile de dire quoi que ce soit tant que la nouvelle organisation n’est pas en place.
Le responsable du périmètre ex DECC, plus business et stratégie industrielle. Greg
Clarke est inconnu dans le secteur pétrolier.

On peut avancer l'idée que le BREXIT privera l'industrie pétrolière et gazière de son
meilleur allié au Conseil européen sur le plan stratégie énergétique. Même si les
Pays Bas et le Danemark s'efforceront de jouer un rôle, défendant des positions
voisines de celles du UK, on perdra un interlocuteur de poids car ces deux
pays n'auront jamais ni le même engagement, ni le même poids. Les pays de l 'Est
sont divisés sur les thèmes de l'Energie pour des questions de sécurité
d'approvisionnement et ne pèsent pas beaucoup au Conseil.

En pratique, l'absence du UK signifiera des réformes nécessaires du secteur plus
longues (ETS), moins de pression affirmée contre les subventions aux
énergies renouvelables, moins de support pour le développement des
infrastructures gazières, plus de difficultés à réformer l'ETS (prix du CO2 ) et moins
d'incitation à sortir le charbon du mix énergétique ... avec un rôle plus important
pour l’Allemagne dans la définition de la stratégie et de la politique
énergétique (une opportunité pour la France ? un point à discuter).
17
Michel Contie – NED Mentorca – Former Total E&P – 03/09/2016
Impact du Brexit sur votre secteur
Le secteur de l’Energie est global et les compagnies du secteur devront accepter la
réalité et se focaliser sur la réponse une fois que le curseur de la rupture avec
l’Europe sera un peu mieux positionné. Quoiqu’il en soit on peut identifier quelques
challenges et opportunités sans injutier l’avenir.
Pour les petites sociétés du secteur qui opèrent au UK, le déclin de la £ sterling
sera une opportunité eu égard au coût de leurs fonctionnement et de leur capacité
à exporter des services et du matériel dans un marché extrêmement compétitif et
ralenti du fait de la baisse d’activité. Idem pour ceux qui produisent des
hydrocarbures au UK et vendent en US$ sur le marché international.
L’industrie (O&G) traverse une crise qui dure depuis deux ans maintenant ayant
entrainé une baisse de 40% du prix du pétrole et, à un moindre effet, celui du gaz. Il
y a des enjeux bien plus importants que le BREXIT
pour les sociétés
internationales du Secteur et les players UK, même si les conséquences du
BREXIT sur les marchés créent de l’incertitude. L’incertitude ne facilitera pas les
investissements dans une période déjà considérablement dégradée par la situation
globale. Revenant au taux de change de la £ v s le $, les coûts de l’énergie
importée devraient logiquement monter pour le consommateur UK (automobile,
retail). Malgré ces effets de change pénalisant le coût de l’énergie importée, la
baisse des coûts opératoires pourra bénéficier aux industries chimiques qui
fabriquent au UK et au raffinage qui exporte des produits finis.
Security of Energy supply : Le UK qui fût pendant longtemps net exportateur
d’énergie dépend aujourd’hui
des importations pour assurer son équilibre
énergétique. Il suffit de voir les pics de prix de gaz en hiver lorsque des bruits de
botte se font entendre en Ukraine. Certains contrats d’achat de gaz liquéfié en
provenance du Qatar sont libellés en £ : ce sera un handicap pour le vendeur et en
cas de crise sur les marchés pas une garantie d’être servis en priorité à cause du
risque de taux de change £
Le UK perdra l’accès à certains mécanismes européens d’entraide en cas de crise
énergétique (EU Energy Security Package).
L’incertitude actuelle et à venir pèsera sur les investissements dans le secteur
énergétique et pas seulement oil & gas… mais nucléaire, infrastructures de
transport d’électricité et gaz. Le financement des interconnecteurs entre le UK et le
continent ne bénéficiera plus du soutien européen, alors que la situation du marché
électrique UK est tendue et la production domestique de gaz est déclinante. Les
capacités de stockage de gaz sont faibles eu égard à la taille du marché. La
séparation avec l’Europe entrainera des risques dans l’alignement des standards,
l’exclusion possible de programmes de recherche européen.
Réglementation : le UK a souvent été plus rapide pour pousser à Bruxelles des
réglementations exigeantes dans le domaine de l’environnement, de la
transparence financière des « extractive industries », dans la réglementation sur
l’infrastructure du marché européen. Il est probable qu’une sortie de l’Europe et de
18
ces règlements sera accompagnée d’une transposition en loi UK des mêmes
principes. Donc, ne pas s’attendre à un assouplissement des règles importantes
pour le fonctionnement des marchés.
Ecosse : l’avenir de l’Ecosse dans le UK ou l’Europe est une grande source
d’incertitude pour le secteur : un nouveau referendum est probable si le BREXIT se
confirme et les contours des conséquences d’une scission entre UK et Scotland se
comptent en G£ (decommissioning liabilities des plateformes du nord de la Mer du
Nord).
Anecdotes
Les discussions avec des citoyens anglais occupant des fonctions dans le secteur
ou même private equity sont souvent négatives vis-à-vis du BREXIT. Réflexions
souvent personnelles : « on isole nos enfants, ce n’est pas juste que des
générations vieillissantes aient choisi pour eux ».
Vis-à-vis de l’Europe : même anti BREXIT ils font preuve de réalisme et de
pragmatisme vis-à-vis de l’Europe : « Les bureaucrates européens trop arrogants,
se sont octroyés des pouvoirs qu’ils ne méritent pas, n’ont même plus l’idée
européenne chevillée en eux, défendent des privilèges non mérités », « Il faut que
les élus des pays membres reprennent les commandes, et ramènent la
Commission à un rôle d’exécutant », « Le coût /bénéfice de l’Europe doit être mis à
plat et exclure ce qui n’apporte pas de valeur ».
On rejoint dans ces commentaires de citoyens britanniques pros EUROPEENS le
sujet de la note que j’avais envoyée en mai à Alain DECOINTET concernant une
réglementation inutile que la Commission cherche à imposer à l’industrie pétrolière
(le BREF).
Ces comportements souvent purement politiques ou opportunistes de certains
Directeurs de Cabinet de la Commission forçant des directives n’ayant que peu
d’intérêt pour le public ou le business et contre l’avis unanime des acteurs du
secteur contribuent à empoisonner le concept européen. Les britanniques ont parlé
et le résultat ne vient pas seulement de la peur de l’immigration ou des problèmes
économiques du nord de l’Angleterre ou de leur insularité culturelle.
On sait que les britanniques ont toujours fait du « cherry pick » à Bruxelles et ont
souvent inspiré des choix de la Commission. En ce qui concerne le secteur
énergétique ils ont été un partenaire présent et compétent, souvent prenant la
défense du secteur quand des règles inefficaces pointaient à l’horizon, ce qui
n’est pas toujours le cas des autres membres qui ont des agendas plus politiques
ou parfois pas d’agenda…
Opportunités pour la France
La meilleure leçon du Brexit (et meilleure opportunité pour ceux qui restent) serait
de voir comment redonner goût à l’Europe : une Europe des investissements, qui
laisse librement circuler les individus (sans naïveté vis-à-vis de la sécurité) et les
marchandises, qui réglemente pour le bien public sans porter atteinte au
entreprises, une Europe attentive pilotée par des Elus et non par des machines
bureaucratiques qui décident au mépris de tous. On l’a dit, répété, faut-il continuer à
protéger la Commission ou enfin se décider à sauver l’Europe Unie.
19
7.4
Immobilier/BTP/Infrastructures
Marc Reboux – Senior Director CBRE – 14/07/2016

L’incertitude est l’un des facteurs qui pèse le plus.

Les locations de bureaux seront les plus affectés par un ralentissement de
l’économie.

L’immobilier domestique aussi, mais il reste un déficit systémique d’offre par rapport
à la demande globalement, ce qui aura un effet d’amortisseur sur la baisse des prix.

Effet d’aubaine pour des acheteurs d’actifs en £ qui payent en €.

Court terme : les programmes immobiliers en court se terminent mais les
programmes en planification et leurs financements sont en mode ‘pause’.

Long terme : Londres ne devrait pas perdre sa qualité d’investissement attractif.

Le ralentissement de secteurs moteurs de la croissance de l’immobilier de bureau
et grands consommateurs d’espaces – avocats, conseils, auditeurs – auraient bien
sur un effet négatif.

Les 3 grands fonds d’investissement immobilier qui ont gelés les retraits par leurs
clients sont une réaction immédiate à l’émotion qui a suivi le vote, probablement du
court terme uniquement.

Se méfier de l’effet « mouton de panurge » dans un tel climat.

Objectif de CBRE : tenir les clients au courant des évolutions pour qu’ils aient le
maximum d’informations quand il faudra prendre des décisions.
Richard Fostier – CEO Colas Rail Ltd / DGA Colas Rail SA – 28/08/2016
Impact du Brexit sur votre groupe
Pour l’activité Rail du Groupe Colas, les effets seront à mon sens limités. Notre
marché est une activité domestique de construction ferroviaire, principalement pour
le compte de clients publics qui ne sont globalement pas concernés par les
implications d’une sortie du RU de l’UE.
Impact du Brexit sur votre secteur
Indirectement, si le Brexit devait conduire à une situation de récession de
l’économie britannique, des restrictions sur les dotations budgétaires de l’État et
des Collectivités pourraient alors impacter les budgets d’entretien et de
développements des infrastructures ferroviaires, affectant in fine le niveau de nos
commandes et de notre activité. Cependant, ce risque n’est pour l’heure pas avéré.
20
Sur un plan réglementaire, la législation du travail est aujourd’hui fortement
imprégnée des dispositions communautaires, notamment des décisions de la Cour
de Justice Européenne, toujours à l’avantage des salariés et dont la jurisprudence
est systématiquement suivie au RU. Cette situation contribue parmi d’autres
facteurs à l’inflation des salaires dans le secteur de la construction (TUPE, Holiday
PAYE). Il est intéressant de noter qu’elles ne sont en revanche pas suivies de la
même manière en France…
Il est souvent fait référence à des financements de projets qui seraient amenés à
disparaître. A cet égard, ces craintes apparaissent relatives sur des financements
prévus ou à venir au RU qui seraient voués à disparaître car par ailleurs l’UE
finance de nombreux projets dans des pays hors champs d’accession à l’UE.
Anecdote
Mon Comex était très partagé sur le vote du Brexit et finalement assez représentatif
du résultat du référendum. Mes échanges avec d’autres CEO de mon secteur
montraient la même tendance. Les analystes et les médias décrivent souvent les
votants du Brexit comme sensibles aux discours populistes, ce n’est ici pas le cas
sur un petit échantillon de dirigeants du secteur de la construction.
Aspects positifs ?
Comme indiqué, pas d’aspects ni positifs, ni négatifs, mais des conséquences qui
apparaissent plutôt neutres dans le secteur de la construction ferroviaire aux
nuances près mentionnées plus haut.
Impact éventuel sur la France – facteur d’opportunité ?
Pas de facteur d’opportunité identifié à ce jour.
En conclusion, mon retour peut apparaître neutre dans le contexte passionné du
Brexit mais je ne vois pas d’impact direct sur l’activité de la construction ferroviaire
à court ou moyen terme. Une sortie du marché unique pourrait augmenter
légèrement le coût des projets et programmes ferroviaires au RU par rapport à une
augmentation des prix d’importation de certains équipements ferroviaires
manufacturés dans la Communauté, conséquence de la sortie du RU du marché
unique et du rétablissement de droit de douane.
7.5
Fintech/ Investissements
Frédéric Rombaut – Global Technology Investor and Adviser (ex-Cisco and
Qualcomm) – 14/07/2016

Incertitude pourrait durer des années – déclenchement de l’Article 50 enclenche 2
ans + négociation de nouveaux accords = 5/7 ans. Pose + de problèmes aux
startups/PME qui ont besoin d’être agiles et de réagir vite, que les grands groupes
avec des cycles + longs.

Libre circulation : problème essentiel pour les entreprises du secteur tech habituées
à travailler en réseaux pan-européens : Barcelone-Londres-Paris-AmsterdamBerlin-Tallinn etc. = Londres hors-circuit
21

Règlementation – data protection : directive pan-européenne, le UK ira-t-il au-delà
ou en deçà – nouveau PM a été assez anti-protection dans le passé ; futur :
protéger les données sortantes et accepter les données entrantes.

« Tapis rouge » : La France doit adopter une posture + subtile et + positive, pointer
du doigt les aspects négatifs de Londres, où les effets d’annonce sur le mode tapis
rouge seront contre-productifs pour attirer les investisseurs étrangers ; ils savent
que la France a encore besoin de beaucoup de reformes – droit du travail, fiscalité,
climat social.

Leçon : contrer l’effet d’image négatif (taxation à 75% ; « la finance est mon
ennemi » ; le quasi « lynchage » des cadres d’Air France ; les grèves) par une
répétition des atouts – ICR / traitement favorable des impatriés – et l’entrée en
vigueur, pas seulement l’annonce, de réformes en profondeur.

Anecdotes
a.
Investisseur en capital levant un nouveau fond au UK, songeant dorénavant à
incorporer le fond au Luxembourg, et en Euro.
b.
CEOs de mon portefeuille de sociétés se questionnant sur leur capacité future
à attirer les talents au UK (visa, démarches administratives), leur stratégie de
développement en Europe, ou faisant glisser des projets de M&A.
c.
Parent de 2 enfants, s'interrogeant via à vis des choix scolaires les
concernant.
Bernard Liautaud – General partner, Balderton Capital – 24/08/2016
Impact du Brexit sur votre groupe
Mon groupe investit dans des startups européennes de technologie. Aujourd'hui,
nous ne changeons pas notre stratégie. Nous continuerons à investir en Europe
continentale et en UK. Nous levons des fonds en provenance des US, de UK et
aussi du European Investment Fund. Nous allons rentrer dans un nouveau cycle de
fundraising pour lever un nouveau fond. Il y a un risque que la situation floue crée
une réticence à investir de la part des grands fonds étrangers. Nous le saurons
dans les 6 mois qui viennent.
Impact du Brexit sur votre secteur
Au vu de l'incertitude sur l'implémentation du Brexit, il est difficile de faire un
pronostic sur l'impact qu'il aura sur l'essor de la technologie en Europe. Néanmoins,
je n'y vois aucun aspect positif, que du négatif à mon sens. Les startups anglaises
emploient beaucoup d'ingénieurs européens non britanniques. C'est parfois plus de
50% de leurs effectifs. Ceux-ci sont maintenant dans l'incertitude quant à leur statut
futur. Pourront-ils rester? Un développeur estonien aura plutôt tendance à rejoindre
une startup à Berlin plutôt qu'à Londres maintenant tant que le statut ne sera pas
clarifié. Il est possible qu'il y ait donc un déplacement hors de UK, alors qu'ils
s'étaient positionnés en leader sur l'écosystème d'entreprenariat technologique. Je
ne suis pas convaincu que Paris sera idéalement placé pour en profiter, et ce de
par le relatif isolement français. Les entreprises françaises sont à mon sens plus
22
françaises qu'européennes. Nos entreprises doivent lever de l'argent pour grandir,
et notamment aux US pour leur deuxième ou troisième tour. Nous sommes devant
un risque d'attentisme de la part des investisseurs américains, qui pourraient
décider de moins investir dans des startups européennes et basculer leurs fonds
vers les startups US.
Impact personnel éventuel
Peu clair, sauf si les anglais décident que je ne peux plus travailler en Angleterre !
Aspects positifs?
Aucun à mon sens. Le Brexit est une énorme claque à l'essor positif européen que
l'on commençait à connaître dans notre domaine. Cet essor est critique pour
l'économie européenne qui est très en retard sur la technologie américaine. Ce vote
est un frein substantiel.
Impact éventuel sur la France – facteur d’opportunité ?
Possible si la France fournit des avantages plus affirmés que les discours
classiques précédents. Le statu quo ne sera pas suffisant. Il y a d'autres pays
européens qui ont des atouts, l'Allemagne en particulier.
Interview Mark Boggett, MD Seraphim Capital – 16/09/2016
Seraphim Capital est un fond d'investissement spécialisé dans les startups
technologiques du secteur aérospatial (Space Fund).
Les investisseurs du fond (LP) sont pour la plupart des industriels du
secteur: Airbus, Thales Alenia, Avanti Communications, Surrey Satellite
Technology, Telespazio, Com Dev and e2v, ainsi que the UK Space Agency et
European Space Agency.
Thales UK avait prévu d'y investir GBP 5M, et a décidé en juillet, suite au Brexit, de
réduire leur investissement dans le fond au-delà GBP 1M.
Thibault de Fontaubert – Managing Partner | Gemini Capital Partners LLP –
30/06/2016
« Un de mes contacts proches investisseur en Private Equity a annulé quatre
opérations d'investissement (3 achats et une vente) de sociétés représentant plus
de 10 milliards d'euros d'activité en attendant d'avoir une meilleure visibilité. Selon
toute vraisemblance si une ou plusieurs de ces opérations devai(en)t se
matérialiser à l'avenir elle(s) le serai(en)t à une valeur très substantiellement
inferieure »
ETI française avec une opération d’acquisition de cible au UK bien avancée le
23/06/2016
« Le Brexit engendrait de la nervosité de la part de nos banques avant le vote,
inquiète de la volatilité possible des taux de change ; le vote a rendu l’opération
15% moins cher, un bonus inespéré, et c’est pour nous une acquisition qui
concerne uniquement le marché britannique [OCM – versus plateforme de
23
développement international], qui est un pays de population / économie similaire à
la France, donc un marché pertinent pour nous. »
ETI française cotée qui entame une acquisition au UK après le vote
Même raisonnement que ci-dessus.
Avocat français travaillant avec des fonds d’investissement / private equity à
Paris – 14/09/2016
Les projets à destination du RU sont mis en sommeil en attendant une meilleur
visibilité.
7.6
Media/Telecom
CTO d’un grand groupe de media britannique – 14/07/2016

Règlementation est un problème essentiel, capacité à opérer sans barrière dans
l’UE.

La consommation des ménages est un facteur très important dans la croissance –
mais le groupe a été peu affecté par la crise de 2008, car les ménages se sont
‘retranchés’ chez eux pour regarder la TV, qui est restée un bien de consommation
essentiel.

UK est 65% CA et 90% bénéfices, donc le groupe est peu exposé aux risques de
change.
Libre circulation des personnes est critique, certaines équipes ont jusqu’à 58
nationalités, dont beaucoup d’Européens hors UK


7.7
Anecdote : un tiers d’un pool de 12 candidats polonais ont renoncé à venir au UK,
où « ils ne seraient pas bienvenus »
Retail/Luxury
Anonyme – 24/08/2016
En résumé, il est très difficile de juger de l’impact moyen et long-terme pour notre
secteur. Etant présent à travers le monde, il n y a pas de problème pour notre
groupe d’être dans la zone Euro ou en dehors d’un point de vue opérationnel.
Evidemment, ayant beaucoup de personnel français ou européen, tout changement
sur la résidence en GB pourrait avoir un impact en fonction des négociations, etc.,
mais nous savons également de nombreux expatriés en Asie, aux US etc…
A court terme et depuis l’élection, notre activité en GB (et plus généralement pour le
secteur) a explosé. L’attractivité de Londres fut très forte cet été pour les touristes
essentiellement moyen-orientaux, chinois et américains. Faible coût par la
24
dévalorisation de la livre (hôtel, repas etc..), sécurité (par rapport à la France et
attentats etc..) et flux de réfugiés en Europe.
Nous avons augmenté nos prix de 10% quelques jours après l’élection en GB par
rapport au reste de l’Europe pour être en ligne avec Paris, Milan etc… Malgré cela,
notre activité fut très forte. Harrods et Selfridges furent extrêmement actifs pendant
tout l’été. Ceci contraste avec la faiblesse de l’activité dans le secteur du luxe à
travers l’Europe.
Anonyme – 05/09/2016
Impact du Brexit sur votre groupe
Pas significatif à l’exception de la baisse de la devise pour les achats en France.
Impact du Brexit sur votre secteur
Aucun impact, il semble même qu’il y ait un afflux de touristes sur Londres
Aspects positifs ?
Une baisse voire une stabilisation possible des loyers pour le Retail – pas de signe
flagrant pour le moment.
Impact éventuel sur la France – facteur d’opportunité ?
Les investisseurs n’aiment pas l’incertitude. Elections en France en 2017 donc
difficile de donner des signaux clairs.
7.8
Tourisme
Jacqueline Dillman-Faure – Rapporteur Secteur Tourisme CCE RU
14/07/2016

12m de touriste britanniques visent la France chaque année, énorme marché.

Crainte d’un double effet de (i) baisse de fréquentation et (ii) baisse des dépenses,
activement surveillée par Atout France.

Projet d’EasyJet de s’installer en France de manière plus pérenne pour continuer à
bénéficier de l’Open Sky européen.

Possible que le tourisme d’affaire UK-France soit affecté – voir avec Nicolas
Petrovic, Eurostar.

Effet de change € v £ = UK plus attractif pour les touristes français.

Atout France/CCE UK préparent un plan tourisme pour 2017, prêt en Q4 2016.
25
Michel Taride – Group President, Hertz International – 25/08/2016
Impact du Brexit sur votre groupe
Le UK est pour Hertz en Europe le 4ème pays par taille de Chiffre d’Affaires. A ce
jour, nous notons une légère amélioration du volume d'affaires à destination du UK
mais aucune variation du volume d'affaire "source UK", c'est-à-dire des
Britanniques louant des véhicules à l'étranger. Par ailleurs, la baisse de la Livre
Sterling affecte la traduction des revenus et profits réalisés en US$.
Impact du Brexit sur votre secteur
Le secteur du voyage semble pour l'instant peu ou pas impacté par le Brexit. Les
constructeurs automobiles pour lesquels le UK est un pays important, et dont la
location de véhicules dépend largement, vont limiter les ventes dans ce pays et
probablement augmenter les prix de vente pour compenser la baisse de la Livre
Sterling. Cela pourrait avoir un impact non négligeable sur notre secteur.
Les "valeurs résiduelles" des véhicules d'occasion pourraient baisser en cas de
récession économique.
Impact personnel éventuel
Impact pour l'instant négatif, lié à la baisse de la Livre Sterling par rapport à l'Euro
(ma famille effectue des dépenses en Euro liées à notre patrimoine et à nos séjours
en France), et ralentissement du marché immobilier anglais pouvant impacter la
valeur des biens à Londres.
Anecdote
Notre siège social international étant situé près de Londres, nos employés
s'inquiètent de son maintien en Angleterre à moyen terme cela dépendra des
accords conclus et de la facilité d'accès à un pool de talents venant de pays
différents. Beaucoup de nos collègues et partenaires anglais déplorent et expriment
leur déception profonde quant à l'issue du référendum et insistent sur le fait que
rien ne change dans leur esprit.
Aspects positifs
Il est possible que les négociations intensives qui vont avoir lieu se traduiront par
une hausse des voyages d'affaires entre l'Angleterre et le continent. La baisse de la
livre Sterling stimulera les voyages vers l'Angleterre.
Impact éventuel sur la France – facteur d’opportunité ?
Une grande opportunité de s'ouvrir aux investissements étrangers, de devenir un
centre financier important et d'attirer les talents du monde entier qui aujourd'hui
privilégient le Royaume Uni. Il faut s'y préparer sur le plan fiscal, l'aspect
réglementaire, sur celui des services, etc...
Estelle Giraudeau – Club Med – 06/09/2016
Impact du Brexit sur votre groupe
A date, aucun impact ressenti dans le business. Le business des individuels
continue d’être en forte progression, notamment pour la saison hivernale. Le
business corporate a subi uniquement quelques jours de « gel » post Brexit puis le
26
flot de demandes et de confirmations de réservation a repris une dynamique
normale.
L’insécurité ressentie par les Britanniques nous permet une belle opportunité de
leverager les bénéfices du all inclusive, ce qui fut le cas lors de la dernière
récession du UK, où Club Med a pu prendre de belles parts de marché dans ce
contexte, même si la concurrence sur le all inclusive et premium all inclusive en
particulier s’est fortement accrue.
En revanche, la fluctuation et chute de la livre à -10% entraîne des conséquences
dans notre pricing. D’un point de vue assurance financière/ absorption des
fluctuations des taux de changes nous sommes hedgés, donc pas de
conséquences. Le point important est le cross booking, notamment entre la France
et le UK où nous devons réduire au maximum les écarts de prix entre euros et
livres. Nous avons donc du rechargés nos pris été 17 et hiver 17 afin de réduire cet
écart. Pas de cross booking constaté à date.
Impact du Brexit sur l’industrie du tourisme
Beaucoup de questionnements et d’hypothèses
-
sur le prix : les concurrents vont certainement augmenter les prix sur l’été 17
voir l’hiver 17 (achats en euros).
-
sur le timing des réservations : on peut s’attendre à un ralentissement des
ventes au moment où l’article 50 sera activé ou d’autres décisions politiques
seront prises. Le statu quo actuel permet de garder un business quasi normal.
Les concurrents capitalisent sur les bénéfices du all inclusive, le prix garanti/
la non hausse de prix sur certains saisons.
-
-
On peut aussi penser d’un point de vue comportement conso que la
consommation des vacances va être boostée dans un contexte un peu
sombre (contexte depuis plusieurs années de progression du tourisme pour la
recherche d’expériences et de quality time plutôt que de biens de
consommation).
Impact personnel éventuel
Pas à ce stade, mais questionnements sur les modalités pour résider au UK dans
quelques mois/ années. Même questionnement pour les employés ClubMed et
stagiaires car nous avons finalement peu d’employés avec un passeport
britannique.
Anecdote
Beaucoup de spéculations de la part des agents de voyage, qui pour la plupart
pense que le UK grâce à ce vote va obtenir le meilleur des 2 approches et va
bénéficier d’un fort pouvoir de négociation avec l’UE. Certains pensent que les
termes proposés par l’UE ne seront pas acceptables et que l’issue du Brexit
finalement apportera des bénéfices économiques/ouverture sur d’autres marchés et
potentiellement meilleur gestion des flux migratoires.
27
Aspects positifs
La résilience des britanniques est ici prépondérante et le fait que le chômage et les
indicateurs économiques sont très positifs. Malgré une vague de racisme post
Brexit, cela permet d’ouvrir sur des débats sociologiques intéressants ou les
Britanniques s’expriment un peu plus, et où la nécessité d’éducation en dehors de
Londres devient une urgence. Le paysage politique à manque de crédit post Brexit
mais la mise en place de Theresa May permet de donner un nouveau souffle post
Cameron intéressant, avec plus de rigueur et de pragmatisme économique.
tourisme inbound pour Londres croit très fortement post Brexit, du la livre
faible/ résurgence du tourisme chinois notamment, très contributeur sur le
marché du luxe à Londres qui avait un peu désaffecté Londres (phénomène
global de ralentissement du marché chinois)
accroissement des opportunités d’investissement au UK sur un marché
contextuellement plus volatile : notre actionnaire Fosun vient d’investir £45M
dans le football club Wolves.
.
Impact sur la France/ opportunité
Opportunité de renforcer ses liens avec l’UE, mais aussi de revoir son mode de
collaboration avec le UK, et surtout ne pas s’en affranchir.
Opportunité regarder plus précisément le modèle Britannique notamment sur les
questions d’identité et de religion, mais aussi sur les approches économiques,
notamment à Londres.
Perception actuelle de l’insécurité en France
En effet, nous avons des clients, individuels mais surtout corporate inquiets de la
situation en France, pas d’annulation, mais moins de demandes. Situation
beaucoup plus extrême pour la Turquie par exemple. Des actions en France pour
rassurer sur la sécurité sont importantes : Quelles actions/ interventions futures
dans les conflits moyen orient ? Quelles mesures de sécurité ? Quel renforcement/
investissement dans les services secrets… ?
7.9
Services aux entreprises
Secteur Juridique / Professional services
Le secteur juridique à lui seul pèse quelque 30 milliards £, et l’un des rares secteurs
à connaitre un excédent à l’export.
Olivier Morel – Partner, Responsable Pôle international – Cripps solicitors
14/07/2016
L’attitude de la plupart des cabinets d’avocats et de conseil (audit ; immobilier) est
de :

continuer à travailler normalement;

rassurer les équipes en internes ;
28

communiquer avec les clients sur le mode, « rien n’a changé pour le moment,
mais nous sommes en veille active pour vous alerter aussitôt que des
changements sont susceptibles de vous affecter » ;

à l’écoute des clients bien sûr, s’ils veulent partager leurs préoccupations ;

nous avons mis en place des outils de communication par discipline juridique
– droit social ; droit commercial ; M&A ; contentieux ; data protection / IP ;
immobilier ; fiscalité ; etc. – pour donner à nos clients les outils nécessaires au
moment de prendre des décisions – http://www.cripps.co.uk/blog/brexit/
Toujours dans ce contexte, mon cabinet entreprend un sondage parmi nos
clients/contacts sur leur sentiment quant à l’effet du vote du 23/06 sur leur
entreprise/secteur. Ce sondage a été envoyé à 12,000 entreprises, basées
essentiellement dans le Sud-Est du RU.
Par précaution, les cabinets présents dans les autres pays européens s’assurent
que leurs équipes locales sont enregistrées auprès des instances locales (barreau
de Paris, Irlande, etc.) pour pouvoir y pratiquer.
Avocat français travaillant avec des fonds d’investissement / private equity à
Paris – 14/09/2016
Les milieux juridiques en France se sont réjoui du coup porté à l’attractivité du RU,
espérant ainsi attirer plus d’investisseurs étrangers en France / à Paris.
Secteur Assurance / Art
CEO d’un groupe d’assurance / Vision sur le marché international de l’art,
dans lequel son groupe est présent – 22/07/2016

Le secteur de l’assurance au RU est très/trop règlementé, plus que dans le reste de
l’UE, la profession se plaint depuis longtemps d’être étouffée par des règles trop
contraignantes. Il est possible que la sortie de l’UE soit l’élément déclencheur d’une
‘fuite’ de certains groupes, et le gouvernement voudra peut-être prévenir ce
mouvement en assouplissant ce carcan réglementaire, pour rester compétitif >
opportunité France.

Marché international de l’art en soi pas affecté, que le RU soit dans ou hors de l’UE
– seul avantage à être hors UE peut-être, moindre impact du droit de suite sur les
œuvres vendus. Impact sur les équipes.

Mais impact négatif sur les équipes, secteur très multinational.

Autre réflexion : ne croit pas à la psychose qui entoure la libre circulation des
personnes : les USA fonctionnent très bien avec visa / permis de séjour etc.,
pourquoi pas le RU ? Trouve absurde l’idée que le RU imposerait des visas aux
Français pour visiter le RU.
29
Secteur Recrutement/RH
Stéphane Rambosson – Managing Partner DHR International – 14/09/2016
Impact du Brexit sur votre groupe
A ce stade, aucun impact fort du Brexit :
-
mon groupe (cabinet international de chasse de têtes, recrutement et
évaluation) souhaite continuer à investir au Royaume-Uni – aussi, le Brexit
pourra créer des opportunités d’embauches de consultants/équipes mises en
difficultés par le Brexit ;
-
nous avons perdu quelques consultants récemment mais cela n’est pas dû au
Brexit mais à des opportunités de marché qu’ils ont eu ailleurs.
Impact du Brexit sur votre secteur
Le recrutement dans le secteur des Services Financiers a été impacté par le Brexit :
-
depuis l’annonce du référendum, les Institutions Financières, notamment non
UK, ont limité leurs embauches au RU – cela est aussi lié aux mauvaises
performances des banques cette année (RoE inférieur à 10%).
-
le Brexit est une excuse parfaite pour les Banques de mettre en œuvre des
restructurations à Londres : transfert plus franc de middle/back office dans
des villes moins chères (Dublin, Lisbonne ou Varsovie) et rééquilibrage du
front office entre Londres / Paris et Francfort 0e.g. HSBC transférant 1 000
personnes à Paris0 ;
-
certains projets ont été maintenus et même renforcé par le Brexit – e.g. Build
up du Broker irlandais Goodbody ;
-
certaines banques américaines regardent d’ores et déjà à renforcer leur front
office sur le continent et à saisir des opportunités de marché.
Impact personnel éventuel
Certains cabinets internationaux souhaitent saisir une opportunité de marché et se
renforcer à Londres qui est le deuxième marché mondial.
Anecdote
Certains consultants sur les banques ont révisé à la hausse les restructurations /
réductions d’emploi post Brexit sur demande de clients.
Aspects positifs ?
La création de ‘Brexit teams’ et d’activités liées au Brexit est un facteur positif sur
l’emploi
Impact éventuel sur la France – facteur d’opportunité ?
Un renforcement de Paris en tant que place financière en particulier en cas d’un
transfert du clearing de Londres. Le rapatriement en France de dirigeants utilisant le
Brexit comme catalyseur. Le moindre transfert à Londres de start-up/scale-ups.
30
Jean-Claude Pierre – Group Chief Executive, Scott Bader – 30/06/2016
« Dans notre industrie des matériaux composites et Polymères Spéciaux, pas de
réaction précises à ce stade. Au niveau de notre entreprise, décision de ne rien
changer à nos plans d'investissements et d'embauches. Deux actions: Surveillance
des taux de change et écoute de nos clients. »
Autres témoignages
Susan Liautaud – Founder et Managing Director | Susan Liautaud &
Associates Limited – 07/07/2016
« Le secteur "higher education" est également très incertain en ce moment
[financements européens]. Reste à voir opportunités pour les grandes écoles, etc. »
Alain Taïeb – Président/Chairman Groupe AGS
Impact de Brexit sur votre groupe
We are an international relocation company, and we believe that in the short term
(three years, perhaps) we will benefit from an increase in business, as global
companies re-align their offices and expat staff to cater for the changed European
dynamics. However, post-three years, we think the demand in our industry will
decline, as the business/industry that will be exported will no longer generate work
for our company in the UK.
Votre secteur
We relocate expatriates, both privately, but also for global corporate concerns.
Impact personnel éventuel
Very little effect
Anecdote
We have another business which we intended to exit at the end of 2016, but have
found that many of the funds (as potential buyers) have frozen activity, and want to
wait to see how Brexit pans out and affects their future investment strategy. We also
have a property company where Brexit has had a mixed effect. Some buyers have
put investing in the UK on hold, but others – because of the currency decline – are
taking advantage of the cheaper sterling rates.
Aspects positifs ?
There are other positive business opportunities, especially with Commonwealth
countries, and the global community where there were restrictions because of
commitments to the EU (which have now been removed).
Facteur d’opportunité ?
As above, we won’t be shackled by EU restrictions. Even though many weren’t
applicable to UK, but had to be adhered to, as well as the costs in complying with
these. It’s opened up many new opportunities with countries where we previously
had restrictions and costs on trading. In UK we will also be in far tighter control of
our own destiny. Despite accusations of « Little Englander », we believe that these
31
opportunities could well equal, or even exceed, the benefits of having been in the
EU. It is obviously imperative on many platforms, and wherever possible, remain
close or closer to the EU than we were before.
32
8
Annexe 2 – Rapports sectoriels
8.1
Technologies
François Barrault – President DigiWorld Institute by IDATE – September 2016
UK and Brexit: possible impacts in the telecom and digital sectors
Let me introduce my vision with just a list of specific points very different but which
may be the right way to organize a debate and share our points of view. I will also
distinguish the telecommunications affairs from the digital Tech business. Why?
Because, the European policy and the European Commission have given a very
formal frame to the business and the rules in the telecommunication sector in
Europe. This is not the case if we have to talk about IT or digital tech.
•
Can we calculate the Brexit’s impact on the telecom sector? Several
phenomena could coalesce.
-1-
The devaluation of the pound will naturally pull down the price of stocks that are
listed in £ along with the revenue (including dividends) of foreign operators’
businesses in the UK (O2/Telefonica, Virgin/Liberty);
-2-
The Brexit may also cause increased volatility on financial markets and undermine
IPOs (e.g. Telefonica’ projects: O2 UK or Telxius);
-3-
Possible economic difficulties in Britain could well spill over into both consumer and
enterprise telecom and media markets;
-4-
Vodafone, for which the UK is only the second largest market after Germany, could
move its headquarters out of Britain; some analysts go beyond and consider that
the future of the Vodafone operations in UK is not clear;
-5-
The UK’s exit from the EU will likely mean greater independence for British
regulation with respect to the European framework… except that the departure will
take two years to complete and… it is likely that future negotiations will include the
negotiation of an agreement akin to the EEA (such as the one that binds Norway),
in which case EU agreements to do away with roaming tariffs would continue to
apply. Regarding the next round to review the telecom regulation (a 3/4 years
process!) in the EU, the new status of UK may sustain a less pro-competition policy
and a more pro-investment approach. UK may also lose some funding opportunities
ie related to the R&D projects financed by EC (’H2020’ and its focus on 5G) or
related to the fiber deployments in the rural areas (via the EIB).
-6-
But analysts are saying that, even if we could see considerable chaos in the
economy and in financial markets, a great many fund managers and shareholders
will continue to view top telecom stocks as safe bets.
•
Beyond the telecoms, what about the impact on the Tech Industry?
-7-
As for the broader High Tech industry, the interesting fact is that there is a large
presence of WW high tech companies who have historically chosen the UK as their
33
European Headquarters, for the language, the more flexible labour laws and the
ease of access to the European Market. As Brexit gets executed they will be
watching very closely how much it affects their ease of access for the European
Union and hence whether or not they will stay in the UK. Here I am referring to high
tech organisations such as USA based ones (e.g. HP, Cisco, Pitney Bowes, Dell,
etc…) or Asian based ones (Canon, Samsung, Sony, Hitachi, etc….). As to
commenting whether this is a potential opportunity for France, I think a lot of these
companies should be very weary of the “less flexible labour market” in France and
the current back up plans is more towards Ireland or Germany;
-8-
We have to be very careful, but media have emphasized that for the first time the
funding operations in the startup in France have outnumbered the operations in UK
during the last quarter (in numbers of operations not in total value) ; in particular,
the leading position of London in the area of the FinTech could be eroded;
-9-
Finally, the special cooperation with Paris in the armament industry (including many
Tech markets and companies) should also suffer in this new context.
-10-
Nevertheless, as chairman of IDATE, active here in London with some public
agencies like OFCOM, or with strong relations with BT, Virgin or Sky, it seems too
early to note real modifications in their location or attitude, and from our side we
continue without changes our activities in UK.
•
Concernant le reste des points, tout le monde est dans expectative
-11-
les investissements sont gardés mais le mid-long term est gelé.
-12-
Beaucoup de questions sur les aspects régulatoires et FinTech et d’une manière
générale tout ce qui touche à l’intermédiation.
-13-
Très bon pour moi car cela va mieux équilibrer les investissements sur les autres
places européens (je viens d’acheter un appartement à Paris sur lequel j’ai eu 2
offres de banques étrangères !!). Les HQ Londoniens sont sur la sellette et
regardent des plans B.
-14-
Les cabinets de tax et notamment leurs clients qui utilisent le UK comme ‘pass
through’ sont débordés de travail.
-15-
Repenser le spread des investissements en Europe et Paris. J’ai vu Valérie
Pécresse cet été qui a monté un plan très agressif pour faire venir/revenir des
sociétés à Paris ou le grand Paris.
-16-
Dans notre secteur c’est plutôt positif car tout est très centré en UK et la
perspective du Brexit va démystifier le UK comme eldorado Européen et forcer les
pays à être plus agressif dans leur proposition de valeur et la France a tout pour
gagner (cf. BFM).
34
8.2
Medias
CTO d’un grand groupe de media britannique – Septembre 2016
UK and Brexit: impacts potentiels dans le domaine des Medias
1/ Portabilité des contenus audiovisuels dans l’UE.
Une loi européenne permettant la portabilité des contenus au sein de l’UE devrait
rentrer en vigueur en 2017. Il s’agit de permettre à un client payant pour un contenu
dans un pays donné de pouvoir de l’étranger (d’un autre pays de l’UE) d’y accéder
sans frais de manière temporaire (par exemple en vacances ou déplacements).
Cette loi s’appliquera donc aux clients résidents UK voyageant en UE dès l’an
prochain (avant la mise en place du Brexit). Ensuite une fois le Brexit effectif tout
dépendra de la décision de l’UE (et de UK) de garder UK dans ce périmètre ou de
l’exclure. Donc si c’est l’exclusion les clients français (et autres UE) ne pourront pas
visualiser en UK les contenus pour lesquels ils paient en France et inversement
pour les clients UK voyageant en France ou le reste de l’UE. On reviendrait donc à
la situation d’aujourd’hui (pas d’itinérance).
2/ Droit de Diffusion
A ce jour dans le cadre de la Directive Audio Media Services la diffusion en UE
d’une chaine est régie par le régulateur du pays d’origine (Ofcom pour UK). En
théorie UK pourrait donc être contraint de renégocier les droits de transmission
avec chaque pays de l’UE.
3/ Partage d’infrastructure
UK potentiellement deviendra moins attractif pour l’implantation d’infrastructures
“Cloud” nécessaire à la distribution de contenus à grande échelle au niveau
international. Ceci en partie du a l’incertitude sur l’évolution réglementaire
concernant la protection des données. Ce point n’est d’ailleurs pas spécifique à
l’industrie des Medias mais se pose plus largement pour toutes activités
internationales nécessitant des plateformes informatiques partagées et contenant
des données personnelles.
4/ Ressources humaines
La pénurie au niveau mondial et en particulier européen de personnel qualifié dans
le domaine informatique au sens large va continuer à s’accentuer dans les
prochaines années avec une forte demande dans le domaine Media / Internet mais
aussi plus largement dans des secteurs plus traditionnels comme l’automobile, la
finance ou la grande distribution qui doivent faire face à des transformations
majeures. Il est estimé qu’en 2020 ce déficit en personnel entre l’offre et la
demande en Europe sera de 800 000 postes. Si la libre circulation des
personnes venait à disparaitre avec le Brexit alors UK pourrait se retrouver dans
une situation ou n’ayant pas assez de ressources en personnel qualifié sur son
territoire (ce qui est déjà le cas) devra faire encore plus appel à des compétences
basées à l’étranger.
35
En résumé, à ce jour rien d’extrêmement critique en vue post Brexit concernant
l’industrie des Medias spécifiquement.
L’opportunité la plus tangible pour la France me semble être au niveau du dernier
point ci-dessus. Il existe une occasion formidable de positionner notre pays comme
le “Hub” de compétences en Technologie en Europe capitalisant sur notre forte
culture de techniciens et ingénieurs. Il ne s’agit pas simplement de favoriser
l’implantation de Startups (ce qui est important) mais aussi la création de centres de
développement pour les grands acteurs, toutes industries confondues, qui ont tous
un besoin criant et croissant de ressources en développement logiciel. Cette
opportunité pour la France existait avant la décision du Brexit mais elle est
désormais amplifiée alors que beaucoup de grands groupes réfléchissent sur le
futur de leur présence en UK. Une fenêtre d’opportunité dans les 3-5 ans qu’il ne
faut pas manquer. Beaucoup semble être déjà à l’étude pour améliorer l’attractivité
de notre pays mais je pense qu’il faudrait peut-être cibler encore plus le domaine
Technologie (encore une fois, pas seulement les startups) à fort potentiel en
matière de création d’emplois.
36
8.3
Immobilier
Marc Reboux, Senior Director, CBRE – 19/09/2016
C’est le marché des bureaux qui est le plus susceptible de souffrir des
conséquences du Brexit au Royaume-Uni, alors que l’impact devrait être plus limité
pour d’autres secteurs tels le résidentiel, les commerces ou les infrastructures
publiques.
Au deuxième trimestre 2016, l’incertitude liée au référendum sur le Brexit a eu pour
conséquence que la demande placée en bureaux (volume de transactions réalisées
par des utilisateurs, donc principalement locatives) dans les principaux quartiers
d’affaires de Londres a chuté de 22% par rapport au premier trimestre et de 40%
par rapport au deuxième trimestre de 2015. Après un rebond significatif en juillet, le
mois d’août a été faible, le volume de transactions étant le plus bas depuis 2003.
Dans le même temps, la disponibilité en bureaux a augmenté de 8% mais est en
restée en-dessous de la moyenne des dix dernières années. Le taux de vacance a
augmenté pour s’établir à 3,5% en août.
Depuis le premier trimestre, les loyers de bureaux sont restés stables dans les
principaux quartiers de Londres à l’exception des Docklands. Cependant, nous
avons noté que depuis l’annonce du résultat du vote sur le Brexit, les propriétaires
ont accepté, sur un certain nombre de transactions, d’augmenter la durée de
franchise de loyer ou d’introduire une certaine flexibilité dans la durée
d’engagement du locataire, en échange d’un maintien du niveau de loyer. Nous
prévoyons que la demande placée en bureaux reste modérée lors de la deuxième
moitié de 2016, bien qu’il existe des poches de résistance, comme en témoigne la
récente transaction de la banque américaine Wells Fargo qui a acquis un immeuble
de 20 000 m2 près de London Bridge pour y relocaliser ses bureaux. Si la baisse
de la demande en bureaux se confirme au-delà de fin 2016, il est possible que les
loyers évoluent à la baisse, alors que nous prévoyions jusqu’à l’annonce du résultat
du vote une augmentation des loyers dans le centre de Londres pour les deux
prochaines années.
En ce qui concerne le développement de nouvelles surfaces, les ventes de foncier
à développer au deuxième trimestre 2016 ont porté sur un volume de 756 millions
de livres, en forte baisse par rapport au même trimestre de 2015 où elles s’étaient
élevées à 1,95 milliards de livres. Ceci est dû à l’attentisme d’un grand nombre
d’acquéreurs. Il faut s’attendre à ce qu’une des conséquences du Brexit soit la
baisse du volume de développement de nouveaux bureaux dans les années à venir
dans Londres. Un certain nombre de projets de construction qui avaient été
annoncés avant le référendum, et dont la construction n’avait pas encore
commencé, seront retardés ou gelés, à moins que le promoteur ne soit sécurisé par
la signature d’un bail (pre-let) par un locataire sur une partie significative de
l’immeuble, ce qui lui permettrait de lancer le projet avec un risque plus limité.
L’annulation de certains projets de constructions de bureaux pourrait en revanche
contribuer à soutenir le niveau des loyers au-delà de 2018.
Le volume d’activité du secteur immobilier, que ce soit dans les bureaux ou d’autres
classes d’actifs, sera également impacté par l’évolution des coûts de construction,
qui pourraient augmenter sur le long terme si l’accès à la main-d’œuvre étrangère,
37
capitale dans le secteur de la construction, est limitée par les futures restrictions en
matière d’immigration dans le Royaume-Uni.
Un des impacts les plus médiatisés du vote en faveur du Brexit a été la chute de
22% des cours des foncières immobilières cotées britanniques spécialisées en
immobilier commercial (REITS) dans les jours qui ont suivi le vote. Faisant face à
une crise de liquidité dûe aux demandes de retrait de fonds de la part
d’investisseurs, un certain nombre de fonds ouverts ont dû vendre des actifs
immobiliers à un prix réduit, voire suspendre les retraits de fonds de leurs clients.
Les cours des REITS ont cependant remonté depuis. Ils sont toujours en-dessous
de leur cours pré-référendum mais supérieurs aux valeurs de février 2016, ce qui
tend à confirmer que la décision de suspendre les cours était la bonne et reflétait le
caractère exceptionnel des conditions de marché.
L’impact du Brexit sur le marché résidentiel devrait être moins marqué. Bien que les
acheteurs et les vendeurs fassent preuve de prudence jusqu’à ce que les
conséquences du référendum soient mieux identifiées, nous restons prudemment
optimistes sur la capacité du marché résidentiel de Londres à encaisser tout impact
négatif, en raison de la pénurie structurelle de logements. On a également constaté
dans certains cas une augmentation de l’activité d’acquéreurs étrangers en raison
de la baisse récente de la livre sterling.
La demande en bureaux étant largement liée aux nombres d’emplois, il convient
d’identifier quels secteurs d’activités sont le plus possible de délocaliser une partie
de leur activité vers d’autres pays de l’Union Européenne, ou de ne pas localiser au
Royaume-Uni de futurs projets d’implantation qui auraient dû y voir le jour.
Cependant, la date d’expiration des baux en cours aura également son importance,
et est susceptible de lisser l’impact du Brexit sur le marché sur plusieurs années,
d’autant que le nouveau cadre définissant les relations entre le Royaume-Uni et
l’Union Européenne ne sera connu que dans plusieurs années.
Le secteur d’activité le plus susceptible d’être impacté par le Brexit est évidemment
la banque et les services financiers, en raison de la possibilité pour les sociétés
implantées au Royaume-Uni d’exercer leur activité dans toute l’Union Européenne
grâce au passporting. Mais certaines autres activités travaillent étroitement pour ce
secteur et sont souvent implantées à proximité des banques et sociétés
financières : cabinets d’avocats, audit, sociétés de conseil, etc. Il est donc probable
que l’impact sur le secteur financier ait une influence sur la localisation d’une partie
de l’activité de ces sociétés, ce qui renforcerait l’impact éventuel du Brexit.
Les villes les plus susceptibles de représenter une alternative à Londres dans
l’hypothèse d’une relocalisation de banques et sociétés financières sont Francfort,
Paris, Dublin, ainsi qu’Amsterdam et Luxembourg. Ce sont effectivement les villes
pour lesquelles nous avons reçu des demandes d’information sur le marché des
bureaux de la part de sociétés de ce secteur, même si il s’agit la plupart du temps
de demandes permettant de procéder à un benchmark plutôt que de projets réels et
immédiats de relocalisation, dont la confirmation dépendra de l’issue des
négociations sur le Brexit. Il est à noter que Dublin semble également attractif pour
un certain nombre de cabinets d’avocats implantés à Londres.
38
Un des atouts de Paris est la taille de son marché de bureaux, qui le rend capable
d’absorber d’éventuelles demandes importantes, en comparaison avec des
marchés de plus petite taille comme Dublin ou Luxembourg, voire dans une
moindre mesure Amsterdam ou Francfort. Paris bénéficie également de la
présence d’un important secteur financier. C’est cependant également le cas pour
Francfort. La France doit également surmonter la perception négative qu’ont un
certain nombre de sociétés en matière de droit du travail et de cadre fiscal.
L’autre secteur d’activité le plus susceptible d’être impacté par les conséquences
du Brexit est celui de la technologie, qui repose sur la capacité à attirer des talents
(ingénieurs, développeurs, etc.) que le Royaume-Uni doit souvent recruter à
l’étranger. Une restriction des conditions d’entrée au Royaume-Uni suite au Brexit
serait donc susceptible de limiter la capacité du Royaume-Uni à recruter de tels
talents. Dans le cas des startups technologiques, on peut ajouter entre autres Berlin
à la liste des villes les plus susceptibles d’accueillir de telles sociétés.
En conclusion, nous pensons que 2017 sera encore une année d’incertitudes et
que l’ensemble des conséquences du Brexit sur les marchés immobiliers mettra
probablement plusieurs années à se dessiner.
39
8.4
Défense
Marc de Thomasson, Managing Partner UK, Victanis – 14/09/2016
BREXIT – Quel impact pour la défense britannique et la coopération francobritannique sous l'égide des Traités de Londres de 2010 ?
A.
Contexte de la coopération
1.
Les Accords de défense de Lancaster House
La signature, en 2010, des deux « Traités de Londres », aussi
appelés «Accords de Lancaster House », sur la défense, la sécurité et la
coopération nucléaire est le fruit d’un long travail entamé par Jacques Chirac
et John Major en 1995 avec la « Déclaration de Chequers » dans laquelle les
deux leaders politiques actaient la grande convergence des intérêts vitaux de
la France et du Royaume-Uni sur le long terme. Les Accords de Lancaster
House constituent un engagement bilatéral de longue durée ayant vocation à
renforcer une capacité commune de protection d’intérêts vitaux, de valeurs et
de responsabilités globales et de réponse aux menaces auxquelles les deux
pays sont confrontés. Ils sont une suite logique à la mise en place en 2006
d’une structure de dialogue mixte entre les ministères de la défense et les
industries respectifs des deux pays, le High Level Working Group, qui est
chargée d’identifier les domaines de recherche et de coopération industrielle
et également responsable de la coordination des activités et programmes
décidés sous l’égide de Lancaster House.
Cette signature acte également la volonté des deux pays de maintenir, comme
ils le font de manière différente depuis 1956, leur indépendance décisionnelle.
Cette indépendance passe par le contrôle de leurs forces militaires, mais
aussi et surtout par leur capacité à diriger et maîtriser le processus de
développement, de production et d’amélioration de plateformes et systèmes
d’armes complexes. Il ne saurait y avoir de souveraineté réelle pour ces deux
états sans innovation et une forte capacité technique à équiper leurs forces
armées et de sécurité de manière autonome.
Les Accords de Lancaster House n’excluent pas, pour des raisons
budgétaires entre autres, que certains armements et plateformes soient
conçus et produits en coopération avec d’autres pays sous réserve que
chaque partenaire garde une totale maîtrise de leur emploi final. Citons pour
exemple l’Eurofighter (Royaume-Uni, Allemagne, Italie et Espagne), les
destroyers de classe Horizon (France et Italie), les frégates de classe FREEM
(France et Italie), et de nombreux types de missiles et certains programmes
spatiaux (Helios et Athéna-Fidus) qui résultent de coopérations multilatérales.
Une coopération multilatérale est également possible pour la réalisation de
matériels ou systèmes sensibles et «vitaux » tels la dissuasion nucléaire
britannique (programmes Successor & Trident), les communications spatiales
ou le renseignement spatial. Mais les bases industrielles techniques de
défense (BITD) locales devront alors être fortement associées à ces projets.
40
2.
Budgets de Défense de la France et du Royaume-Uni
Pour démontrer l’importance que revêt l’outil de défense pour les deux pays, il
suffit de constater que les deux budgets de défense combinés représentent
presque 50% du total des budgets de défense des états membres de l’UE.
Ces deux budgets sont actuellement en croissance afin de mieux faire face
aux menaces terroristes et à la posture agressive de la Russie depuis son
annexion illégale de la Crimée et le début de la guerre du Donbass en
Ukraine.
Background note – Budgets de défense français et britannique
France – Le budget de la défense a lentement mais régulièrement diminué
entre 2009 et 2012, passant de 33 milliards à 30,6 milliards d’euros. A partir
de 2013, ce budget est en hausse et se stabilise sur trois années
consécutives à 31,4 milliards d’euros dans le cadre de la loi de programmation
militaire (LPM) 2014-2019 adoptée en 2013. Après les attentats terroristes de
Paris en janvier 2015, la France a modifié la LPM en augmentant de 3,8
milliards d'euros le budget pluriannuel global et en annulant la réduction de
18,750 personnels prévue pour 2015 et 2016. A la suite des attaques de
novembre 2015 les réductions de personnel prévues pour 2017, 2018 et 2019
ont aussi été considérablement réduites et, au total entre 2015 et 2019, la
réduction nette des effectifs sera de 6,918 au lieu des 33,675 postes
initialement programmés en 2013.
Le budget de défense français est donc en hausse et devrait passer de 32
milliards d'euros en 2016 (au lieu des 31,4 milliards d'euros prévus
initialement) à 34.02 milliards pour l'exercice 2019.
Ainsi la dernière version modifiée de la LPM a fixé le budget pluriannuel global
de la défense à 162,4 milliards d’euros pour la période 2014-2019, ce qui
représente environ 1.6% du PIB français.
Royaume-Uni – Le Royaume-Uni s’est engagé à augmenter ses dépenses de
défense de 0,5% au-dessus de l'inflation chaque année entre 2016 et 2021
pour atteindre l'objectif de 2% du PIB défini par l'OTAN. Le budget de la
défense pour l’année 2016/17 est de 35,1 milliards de livres et devrait
atteindre 39,7 milliards de livre en 2020/21. Au total sur la période 2016-2021,
plus de 185 milliards de livres seront dédiés à la défense, iI s’agit du budget le
plus important au sein de l’UE.
A la suite des élections générales de mai 2015, une nouvelle SDSR (Strategic
Defence & Security Review) a été publiée en novembre 2015 et confirme
également des dépenses à hauteur de 178 milliards de livres entre 2016 et
2025 uniquement consacrées à l’achat de matériel, armement et aux activités
associées de support et maintien en condition opérationnelle.
41
B.
Progrès et Réalisations depuis la signature des Accords de Lancaster
House
1.
Progrès et résultats militaires de la coopération
Les cinq dernières années ont vu la France et le Royaume-Uni exprimer une
même volonté politique d’utiliser leurs capacités militaires et de prendre part
conjointement a de nombreuses opérations extérieures. Les forces armées
franco-britanniques ont lutté ensemble en Lybie (2011) et contre les Talibans
en Afghanistan. Elles restent engagées au large de la Corne de l'Afrique pour
lutter contre le piratage et contre DAECH en Irak et Syrie. Tandis que le
Royaume-Uni fournissait le transport aérien stratégique et le soutien de la
surveillance des opérations françaises au Mali et en République
centrafricaine, la France soutenait le déploiement britannique de Tornado(s)
pour aider le gouvernement nigérian dans sa lutte contre « Boko Haram ».
Plus proche de nous, des Atlantique 2 de patrouille maritime français
participent à la protection de la mer du Nord depuis Lossiemouth en Ecosse
dans l’attente des livraisons des P8 américains.
Depuis 2010 et conformément aux Accords de Lancaster House, les deux
gouvernements ont aussi travaillé à créer une force expéditionnaire commune
interarmées (Combined Joint Expeditionary Force – CJEF) de 10,000
hommes. Le but de cette force est de permettre de disposer d’une capacité
conjointe pouvant être engagée dans des opérations bilatérales, mais
également dans le cadre d’une coalition internationale (OTAN, UE ou ONU).
L’exercice GRIFFIN STRIKE, qui a eu lieu en avril 2016 près de Salisbury et a
mobilisé 5,500 hommes dont 2,000 soldats français, a prouvé que la CJEF
était devenue une réalité. A terme, la France et le Royaume-Uni ont
également prévu de créer un état-major de force commun déployable
(Combined Joint Force Headquarter – CJFHQ) qui sera basé à Bristol.
Plus récemment et pour améliorer l’interopérabilité de leurs troupes, les deux
pays ont développé un programme d’échanges qui concerne aujourd’hui près
de 50 officiers de chaque armée. Ainsi des officiers français sont déployés au
sein des forces armées du Royaume-Uni et réciproquement. 2016 verra à ce
titre une première avec la nomination du Général Nick Nottingham en tant que
Commandant en second de la 1ere division basée à Besançon et la
nomination d’un Général de Brigade français en tant que « Deputy
Commander » de la 2eme division britannique basée à York.
Les Accords de Lancaster House ont ainsi facilité les interventions conjointes
récentes et l’organisation d’exercices communs d’entrainement et renforcé les
capacités interopérables de projection des deux pays et la possibilité de les
utiliser sur l'ensemble du spectre des missions de gestion de crise.
42
2.
Progrès et résultats industriels de la coopération
Les cinq dernières années ont vu le lancement ou la continuation d’un certain
nombre de projets industriels entre les deux pays. Sous l’égide des Accords
de Lancaster House, la coopération industrielle s’est développée sans
interruption et s’est concentrée sur un nombre croissant de domaines et de
programmes. Les principaux programmes sont revus ci-dessous.
Avion de combat du Futur (FCAS)
Le programme FCAS (Futur Combat Air System) est un programme
structurant et a été poursuivi avec détermination depuis 2010. Il a pour objectif
de compléter d’ici 2030 les capacités des avions de chasse actuels (Rafale,
Eurofighter) par un avion de combat sans pilote. Il fut lancé lors du Sommet de
Brize Norton en janvier 2014 entre François Hollande et David Cameron par
une déclaration d'intention pour une phase de faisabilité conjointe de 2 ans et
dotée de 150 millions d’euros de budget. Le programme a véritablement
démarré en novembre 2014, il est piloté par Dassault et BAE Systems. Thales
et Selex ES sont associés pour l'électronique embarquée et Rolls-Royce et
Snecma collaborent pour la propulsion.
Les ministères de la défense britanniques et français ont depuis décidé en
mars 2016 de débloquer un budget de près de 2 milliards d'euros pour la
construction d'un prototype. Un premier bilan technique est attendu pour 2020.
Le programme FCAS succède à deux programmes expérimentaux: le
programme pan-européen Neuron (piloté par Dassault) en France et le
programme Taranis (BAe Systems) au Royaume-Uni. Ces deux programmes
clés de démonstrateurs de drones de combat ont permis aux deux avionneurs
d'acquérir une expérience dans les domaines de l'aérodynamique spécifique à
ces appareils, et de la furtivité.
Missiles
La collaboration de la France et du Royaume-Uni dans le domaine des
missiles aura démarré bien avant les Accords de Lancaster House avec en
particulier la création de MBDA en 2001, société qui assure généralement la
coordination et la maîtrise d’ouvrage des principaux programmes de
recherche et fabrication de missiles franco-britanniques et européens.
1)
Programme MCM ITP
Dès le lancement du programme MCM ITP (Partenariat pour l’innovation et la
technologie des matériaux et composants de missile) en 2007, l'accent fut mis
sur le développement de technologies nouvelles et applicables pour mieux
répondre aux besoins futurs des deux armées et consolider une forte capacité
à développer les missiles de demain.
En octobre 2015, actant huit années de succès dans la collaboration pour la
recherche de technologies innovantes pour missiles, les gouvernements
43
français et britannique ont convenu de prolonger leur financement du
programme MCM-ITP doté d’un budget de 13 millions d’euros par an jusqu’en
2018.
Background note – MCM ITP
Le programme MCM ITP est financé à parts égales par les gouvernements et
leurs partenaires industriels. Il a suscité une forte participation des PME et des
universités avec plus de 100 acteurs britanniques et français contribuant au
programme à ce jour et travaillant sur plus de 90 projets de recherche.
Le programme MCM ITP permet la maturation en laboratoire de technologies
qui, une fois validées, peuvent être intégrées dans des futurs démonstrateurs
de missiles pour tester celles qui pourraient entrer en service au cours de la
prochaine décennie et au-delà. Le MCM ITP s’articule autour de 8 domaines
de recherche pertinents pour le développement de missiles (Systèmes et
Navigation, Autodirecteurs RF (radiofréquence), Senseurs électro-optiques
(EO), Propulsion solide, Propulsion Aérobie, Têtes explosives, Fusées de
proximité et Dispositifs de sécurité et d’armement, Matériaux et électronique).
Chacun de ces huit domaines est piloté par une société française ou
britannique clé du secteur : MBDA, Nexter Munitions, QinetiQ, Roxel,
SAFRAN Microturbo, Selex-Galileo, Thales. MBDA assure la coordination du
programme.
2)
Programme Missile Anti-Navire Léger
Agissant au nom de la France et du Royaume-Uni, le ministère de la défense
britannique (MoD) a attribué à MBDA un contrat de 600 millions d’euro en
mars 2014 pour le développement et la production d’un missile anti-navire
léger (programme ANL / FASGW (H)).
L’attribution de ce contrat avait été préparée au cours du sommet francobritannique de Brize Norton en janvier 2014 lorsqu’un protocole d'accord avait
été signé par le Ministre français de la défense Jean-Yves Le Drian et son
homologue britannique de l’époque, Philip Hammond. Le missile ANL fournira
aux hélicoptères navals la capacité d'engager et de neutraliser des bateaux de
patrouille, des navires légers rapides et de petits bâtiments dans des
situations de crise et de combat en zone côtière ou de police en zone de
piraterie en haute mer (Aden, Corne de l’Afrique, Océan Indien).
La Direction générale de l'Armement (DGA) assure, conjointement avec DE&S
(Agence du MoD en charge des équipements de défense et de soutien), la
gestion du programme ANL / FASGW (H).
Ce nouveau développement conjoint de missile est aussi considéré comme
crucial pour accélérer la consolidation de l'industrie des missiles francobritannique sous l'égide de MBDA et de ses sous-traitants. Le programme
ANL marque aussi une nouvelle étape importante de la réussite francobritannique dans le développement de missiles performants (Aster, Scalp,
Meteor).
44
3)
Autres programmes Missile
En mars 2016, David Cameron et François Hollande ont annoncé des actions
communes visant au maintien des deux arsenaux de missiles Aster pour leur
pays respectif et au possible renforcement des capacités SCALP EG / Storm
Shadow (missile de croisière autonome à longue portée) des deux pays.
Une phase de conception commune pour un futur missile de
croisière/antinavire (FC/ASW) est également en cours de discussion. Le
FC/ASW serait conçu dans le cadre des Accords de Lancaster House et
remplacerait les SCALP EG / Storm Shadow des deux pays, les missiles
Harpoon du Royaume-Uni et les Exocet de la France. Cette phase de
conception viserait à documenter, d’ici 2020, les décisions relatives à une
phase d’évaluation potentielle. Les deux gouvernements souhaitent signer un
arrangement sur cette phase de conception d’ici à la fin 2016, afin d’ouvrir la
voie à des contrats possibles dès l’année 2017.
Le programme MMCM de déminage maritime
En mars 2015 le MoD et son homologue français ont engagé une première
enveloppe de 20 millions d’euros pour concevoir un nouveau système de lutte
contre les mines sous-marines, le programme MMCM (Marine Mine Counter
Measures).
Ce programme vise à développer la prochaine génération de capacités de
déminage maritime sur la base de vecteurs sous-marins sans pilote. Il est
managé par l’OCCAR (Organisation Conjointe de Coopération en matière
d’Armement) au nom du MoD et de la Direction Générale de l’Armement
(DGA) et fut signé avec un consortium qui comprend Thales et BAE Systems
en particulier.
En mars 2016, les deux gouvernements ont débloqué 150 millions d’euros
supplémentaires et ont confirmé l’objectif du programme MMCM de
développer, fabriquer et qualifier deux démonstrateurs / prototypes aux
technologies différentes et de fournir à terme une capacité de lutte contre les
mines agile, interopérable et robuste.
Coopération dans le domaine nucléaire
En parallèle du développement d’outils communs pour assurer la sureté et la
fiabilité de leurs armes nucléaires, la France et le Royaume-Uni investissent
également dans une installation conjointe à Valduc en Bourgogne.
L'installation est un système de radiographie devant entrer en service en 2022
et pour lequel les premiers équipements britanniques seront inaugurés cette
année.
Autres coopérations
Un canon de 40 mm produit par CTA (joint-venture BAE-NEXTER basée à
Bourges) a été mis au point avec succès à l’issue de plusieurs années de
45
collaboration innovante en recherche et développement technologique. Il
s’agira de l’arme principale pour les nouveaux blindés IVF JAGUAR (France)
et AJAX (Royaume-Uni), pour lesquels des commandes de production ont été
passées en décembre 2014 pour la France et en mars 2015 pour le RoyaumeUni. Le développement en cours de nouvelles munitions élargira les capacités
de combat du système et un accord bilatéral est en cours de préparation pour
assurer la gestion et le soutien communs de la configuration.
D’autres possibilités de coopération sont envisagées régulièrement,
notamment pour soutenir le développement des capacités de la CJEF.
Recherche et développement technologique
En dehors des programmes déjà cités, les deux pays travaillent de concert à
des projets en innovation, recherche et développement technologique. C’est le
cas par exemple dans le domaine NRBC et dans celui des matériaux
innovants. Pour soutenir ces programmes, des diplômes et doctorats francobritanniques se mettent en place grâce à des rapprochements entre
universités et les deux pays ont également élaboré un « plan technologique
fondamental » pour formaliser un cadre et faciliter la coopération entre
entreprises et universités. L’objectif est d’encourager les scientifiques et les
ingénieurs à travailler en réseau et d’encourager l’innovation à tous les
échelons des BITDs.
Ces résultats, presque six ans après leur signature, de la mise en œuvre des
Accords de Lancaster House démontrent le bien-fondé du projet initial. La
relation de défense bilatérale, déjà riche, s’est encore intensifiée et s’appuie
clairement sur trois piliers solides : une forte coopération opérationnelle, une
variété de projets capacitaires et un début de collaboration dans le domaine
nucléaire.
C.
BREXIT – Quel impact sur la défense britannique et la relation francobritannique ?
Il faut dans un premier temps bien réaliser que les Accords de Lancaster
House constituent un traité bilatéral entre deux nations souveraines. Bien que
l'UE et d'autres organisations internationales comme l’OTAN dont les deux
parties sont membres y soient mentionnées, il n'y a pas de dispositions dans
le traité pour que celui-ci soit caduc si une des deux nations venait à quitter
l’UE. La sortie du Royaume-Uni de l'UE n'a donc pas d’impact sur le contenu
et la teneur du traité lui-même.
Mais le Brexit a et aura bien entendu un impact politique sur la relation francobritannique dans le domaine de la défense et sans doute un impact
économique sur le budget de défense du MoD.
1.
Impact politique
Les deux conséquences politiques immédiates du Brexit ont été la démission
du premier ministre David Cameron et celle quelques jours plus tard de son
46
chancelier Georges Osborne. David Cameron a toujours soutenu les Accords
de Lancaster House et était en particulier très convaincu par la nécessité du
programme majeur FCAS. Avec George Osborne, ils avaient demandé
l’élaboration de la SDSR 2015 et en soutenaient les recommandations. Et
George Osborne, bien qu'un critique récurrent du management financier du
MoD et l’artisan de coupes budgétaires sévères entre 2010 et 2016, a
fortement contribué à planifier une reprise inattendue des dépenses militaires
sur les cinq prochaines années.
Il n’est pas encore possible de dire qu’elle sera l’attitude du gouvernement de
Theresa May à propos des programmes franco-britanniques de défense et du
budget de la défense britannique, mais la confirmation très rapide de Michael
Fallon à son poste de Ministre de la Défense, poste qu’il occupe depuis 2014,
la nomination au poste de chancelier de Philip Hammond, prédécesseur de
Michael Fallon entre 2011 et 2014, et enfin la nomination au poste de Ministre
du Commerce international de Liam Fox, prédécesseur de Philip Hammond
entre 2010 et 2011 et signataire des Accords de Lancaster House laissent à
penser que les britanniques souhaitent la continuité, voire le renforcement des
échanges avec la France en matière de défense. Ils disposent ainsi dans leur
gouvernement de trois supporteurs des Accords et de la coopération bilatérale
de défense de manière plus générale et de deux ministres d’état (Fallon et
Hammond) qui ont de solides relations personnelles avec le ministre français
de la défense Jean-Yves Le Drian.
Malcom Chalmers, Directeur général adjoint du RUSI, va d’ailleurs dans ce
sens en déclarant le 24 juin qu’à la suite du Brexit, le gouvernement aura du
mal à protéger le budget de la défense et devra sans doute revoir la SDSR et
saisir cette occasion pour refondre sa stratégie de défense et de sécurité.
Malcolm Chalmers encourage notamment son gouvernement à renforcer
davantage la collaboration avec la France et quelques autres partenaires
européens clés, en particulier l’Allemagne sur le champ opérationnel.
Preuve enfin de cette volonté actuelle de continuation et de ‘business as
usual’, le vote de Westminster en juillet dernier en faveur d’un investissement
de 30 milliards de livres dans le programme Successor – Trident amené à
remplacer les sous-marins nucléaires Anglais de classe Vanguard.
Une autre conséquence politique du Brexit est la possible réouverture du
débat sur l’indépendance de l’Ecosse dont le gouvernement pro-européen
pourrait vouloir imposer un nouveau référendum. Même si le prix bas du baril
et son impact sur les finances écossaises devraient ralentir, voire annihiler
une telle initiative, il y a à moyen terme un risque de voir l’Ecosse redemander
son indépendance, ce qui aurait un effet profond sur les capacités navales et
aériennes britannique en terme d’infrastructures disponibles et poserait
notamment la question de l'avenir de la base de sous-marins nucléaires
britanniques située à Fastlane, en Écosse. Le sujet de Fastlane n’est pas
nouveau pour les britanniques qui cherchent des solutions alternatives. Ce
processus pourrait être accélérer par le Brexit mais resterait sans effet sur la
coopération bilatérale avec la France.
47
Enfin une dernière conséquence politique du Brexit pourrait être une ‘relance’
de la défense européenne par la France et l’Allemagne. Même si cette relance
serait sans doute d’abord une réaction naturelle aux menaces du moment
(environnement sécuritaire dégradé en Europe à cause du terrorisme,
expansionnisme Russe) et un acte politique visant à redonner une crédibilité à
l’UE face à la Russie, elle représenterait néanmoins un message politique fort
destiné au Royaume-Uni, message qu’une France en campagne électorale
saura relayer. Ce message ne devrait pas avoir d’impact sur les initiatives
opérationnelles et industrielles de défense en cours mais pourrait ralentir le
lancement de nouveaux programmes dans le cadre des Accords de Lancaster
House et atténuer la forte impulsion politique qui soutenait ces derniers depuis
2010.
2.
Impact sur le budget de défense britannique
Le Brexit devrait avoir un impact sur le financement et donc le
dimensionnement des programmes, en cours et futurs, de défense
britannique. Malcom Chalmers du RUSI prédit à ce sujet qu’il est irréaliste de
penser que le budget de la défense britannique puisse être entièrement
protégé des réductions de dépenses qui seront vraisemblablement
nécessaires pour préparer la sortie du Royaume-Uni de l’Europe. Avec des
ressources plus limitées le gouvernement britannique devra préciser ses
priorités stratégiques et en particulier la priorité qu’il donne à sa relation
bilatérale avec la France. Il est probable que le gouvernement donnera priorité
aux domaines d'intérêt commun avec ses alliés européens plutôt qu’à des
rôles plus globaux.
En l’état des informations disponibles, il est vraisemblable de penser que la
SDSR 2015 ne pourra pas être financée comme prévu et que le Royaume-Uni
va devoir repenser l'orientation de ses activités militaires en les concentrant
plus fortement – voire complètement – vers la seule sécurité de l'Europe, et en
adaptant sa posture stratégique pour faire face à la menace russe en zone
CEE (aux dépens de capacités d’intervention lourdes en zone MENA).
Les avis restent néanmoins partagés et Sir Peter Luff, administrateur du NDI
et ancien ministre en charge des achats de défense (Defence Procurement),
pense lui que le parti Conservateur, même dans le cas d’un budget
d’austérité, sera réticent à faire des coupes sombres dans le budget de la
défense, car cela risquerait de rouvrir la controverse sur l’engagement
britannique à honorer l’objectif des 2% de son PIB consacrés à son budget de
défense comme le recommande l'OTAN – un engagement que souhaitait
respecter George Osborne. Sir Peter pense que les projets privilégiés par le
gouvernement seraient alors ceux à ‘haute valeur ajoutée’ et qui feront
participer au maximum les entreprises de la BITD britannique.
En revanche, ce qui ne souffre aucune contestation est la chute de 15% de la
livre sterling par rapport au dollar US au cours des douze dernier mois ! Or
malgré les Accords de Lancaster House et les nombreux programmes francobritanniques en cours, les sommes que dépense le Royaume-Uni pour
s’équiper de matériel militaire américain sont incomparables avec les sommes
48
qu’il dépense avec la France ou l’Europe.
La baisse de la livre va mécaniquement augmenter le prix des plateformes
achetées en dollars et impacter les prévisions de dépenses britanniques. Un
rapport du National Audit Office publié peu de temps avant le Brexit confirme
cette assertion en soulignant qu’une large partie de la planification financière
du MoD – 25,6 milliards de livres (soit 34 milliards US$ le 9 septembre 2016
contre 38,4 milliards US$ le 22 juin 2016), est consacrée à des acquisitions de
matériels américains permettant de combler des trous capacitaires tels que les
Boeing MPR P-8 de patrouille maritime et les hélicoptères de combat AH-64
commandés en juillet dernier pendant le salon de Farnborough.
Ces questions sur le futur niveau des dépenses de défense au Royaume-Uni
vont se poser rapidement, et sans doute dès 2017, qui est une année pendant
laquelle sont planifiés un certain nombre de confirmations et de lancements de
programmes d’armement. Une récente discussion avec un fonctionnaire du
MoD et membre du RUSI indiquait que les programmes clés seront maintenus
malgré une re-planification désormais certaine. La revue budgétaire par Philip
Hammond lors de son Autumn Statement le 23 novembre 2016 devrait aider à
y voir plus clair.
3.
Impact sur l’industrie de défense britannique
Le nouveau gouvernement a déclaré que l'incertitude budgétaire causée par le
vote du 23 juin ralentirait les investissements des entreprises britanniques et
étrangères au Royaume-Uni. Il est effectivement prévu que les entreprises
britanniques soient prudentes sur leurs futurs Capex et leurs recrutements en
attendant une meilleure visibilité des grands programmes structurant anglais
et de leur financement. On pense notamment au programme des Frégates
T26 dont le nombre final reste à définir et qui affectent le maître d’ouvrage
BAe et la supply chain britannique dans son ensemble.
Mais l’industrie de défense britannique connaissant un certain succès à
l’export, il est à espérer que le gouvernement lui donnera rapidement la
visibilité et les assurances requises. Pour mémoire son solde commercial était
nettement positif en 2014 et s’élevait a £3.2 Milliard grâce à des systèmes tels
que les réacteurs Trent 700 (destinés aux A330 Multi-Role Tanker Transport
(MRTT) en France), les missiles Advanced Short Range Air-to-Air Missiles
(ASRAMM) (vendus à l’Inde), et le ForceShield Integrated Air Defence System
et les missiles Starstreak (vendus à l’Indonésie).
49
Conclusion
La décision du Brexit et la sortie prochaine du Royaume-Uni auront un impact sur la
coopération franco-britannique dans le domaine de la défense et pourraient affaiblir
l’engagement politique et le dynamisme industriel qui avaient fait suite à la signature des
Accords de Lancaster House sans que ces derniers ne soient néanmoins remis en cause
ou menacés.
Industriellement, il est peu probable que la sortie prochaine du Royaume-Uni de l’UE pèse
sur la coopération avec la France et en particulier sur les programmes court-moyen terme
comme le missile ANL ou le programme MMCM. En revanche, une concertation politique
réduite ne permettra de retrouver l’enthousiasme de 2010 et de générer l’impulsion
nécessaire pour respecter le planning du programme FCAS et pour s’entendre sur de
nouveaux projets de développement conjoint de systèmes d’armes. L’absence de
nouveaux projets pourrait peser à terme sur les capacités d’exportation des BITDs
anglaises et françaises et aurait donc de regrettables conséquences économiques.
La coopération opérationnelle entre les forces armées des deux pays, au cœur des
Accords de Lancaster House, ne devrait pas non plus être remise en cause par le Brexit.
Cette coopération s’est tellement affermie depuis cinq ans qu’il n’est même pas sûr que le
rythme des échanges actuels entre les deux forces ralentisse et d’ailleurs, l’environnement
sécuritaire et les menaces qui pèsent actuellement sur les deux pays ne le permettra peutêtre pas. Jamais ces menaces n’ont été aussi sérieuses depuis cinquante ans et une
réponse coordonnée face à celles-ci devrait même favoriser une augmentation des
opérations conjointes ou croisées et une amélioration rapide de l’interopérabilité des deux
forces.
Pour Sir Peter Luff, le risque principal concernant Lancaster House est évidemment
d’abord un risque politique. Les deux gouvernements doivent continuer de soutenir la mise
en œuvre des Accords et des projets y afférant et cela passe par une bonne relation et
coordination entre gouvernements et entre ministres de la défense. Sir Peter cite en
exemple la relation de confiance établie entre Philip Hammond puis Michael Fallon avec
Jean-Yves le Drian comme un des « drivers » remarquables de la collaboration francobritannique des cinq dernières années et il s’interroge sur les engagements d’un nouveau
gouvernement français dans ce domaine à la suite des élections de 2017.
Effectivement, alors que le gouvernement britannique pourrait se montrer très désireux de
renforcer le niveau de collaboration actuel pour, entre autres raisons, confirmer son
engagement à la défense commune de l’Europe et faire des Accords de Lancaster House
une ‘plateforme’ pour la construction d’un lien privilégié avec la France (déjà renforcé avec
un engagement sur la centrale nucléaire de Hinkley Point par exemple), un nouveau
gouvernement en France pourrait vouloir un recentrage de sa politique de coopération en
matière de défense vers d’autres pays de l’UE pour lui permettre de conserver une place
d’influence dans le jeu européen et de se désolidariser d’un partenaire historique qui n’est
plus considéré comme ‘européen’. Une telle attitude ne manquerait pas de ralentir
considérablement la collaboration franco-britannique et d’atténuer la portée des Accords
de Lancaster House.
C’est donc à se demander si l’incertitude politique, et les risques associés pour la
coopération franco-britannique de défense, ne proviendra pas dans l’année à venir de la
situation en France plutôt que de la situation au Royaume-Uni !
50
Glossaire
CEE
Central Eastern Europe
BITD
Base Industrielle et Technologiques de défense
DTIB
Defence Technology Industrial Base
ETIP
Eurofighter Typhoon Interoperability Program
IFV
Infantry Fighting Vehicle
MBT
Main Battle Tank
MCNE
Multinational Headquarter North-East
MENA
Middle East North Africa
MoD
Ministry of Defence
MINDEF
Ministère de la Défense français.
MPR
Maritime Patrol and Reconnaissance
UAS
Unmanned Aerial System
CJEF
Combined Joint Expeditionary Force
GRIFFIN STRIKE:
Exercice inter-armes Franco-Britannique
RUSI
Royal United Service Institute
ANL
Anti Navire Léger
SCALP EG / Storm Shadow
Système de croisière conventionnel autonome à longue
portée » et d'« Emploi général », missile de croisière
développé fin 1994 par Matra puis fabriqué par MBDA.
La version britannique est baptisée Storm Shadow
FC ASW
Future Cruise and Anti-Ship Weapon
FCAS / SCAF
Système de combat aérien futur (SCAF) - Future
Combat Air System (FCAS)
MMCM
Maritime Mine Counter Measures ou Système de lutte
contre les mines navales piloté à distance
NRBC
Nucléaire, radiologique, biologique et chimique
SSBN
Sub-Surface Ballistic Nuclear – SNLE : Sous-Marin
Nucléaire Lanceurs d’Engins
SSN
Ship Submersible Nuclear
Nucléaire d’Attaque
NDI
Northern Defence Industries
sociétés de défense)
UE
Union Européenne
51
–
SNA
(Cluster
:
Sous-Marin
Anglais
de
8.5
Tourisme
Jacqueline Dillmann-Faure
Septembre 2016
1.
–
Rapporteur
Secteur
Tourisme
CCE
UK
Impact actuel ou prévisible dans notre secteur
La baisse des arrivées sur l’ensemble France n’est pas liée au BREXIT mais plutôt
aux tragiques évènements et à la perception d’insécurité.
Le nombre d’arrivées internationales dans l’Hexagone a baissé de 8 % depuis le
début de l’année. Paris et l’Ile-de-France, Nice et la région Provence-Alpes Côte
d’Azur sont particulièrement affectées, les autres régions ont mieux résisté.
Avec environ 12 millions d’arrivées, 10% des dépenses, 15% des nuitées en
France, le marché britannique est le premier marché émetteur de clientèle
internationale vers la France. C’est aussi un hub pour les clientèles lointaines
(Eurostar). Il enregistre une baisse d’environ 4% pour le premier semestre.
Le souci actuel reste le taux de change et l’impact sur les dépenses de voyage.
Pourtant la saison d’hiver s’annonce bien :
Club Med – Aucun impact significatif à l’heure actuelle. Les ventes des individuels
progressent, particulièrement pour la saison de ski.
Une grande campagne de communication est prévue pour lancer la saison.
Le principal TO vers la France (1/3 du volume – Crystal) indique qu’ils ne sont pas
impactés par le Brexit à ce jour, mais que cela génère des inquiétudes et de
l’attentisme.
2
Tourisme d’affaires / secteur aérien
Le tourisme en France est particulièrement touché par la perception liée à
l’insécurité, l’image de notre pays est dégradée (grèves et mouvements sociaux).
Nous constatons un repli du tourisme d'affaires. Les décideurs reportent parfois les
voyages en France et pourraient favoriser les destinations telles que Barcelone et
Berlin.
Brexit : Les incertitudes des professionnels relatives à l’évolution économique, la
libre circulation des personnes (passeports, visas), les modalités quant aux
résidents européens au UK (recrutement etc.), les droits de trafic, la certification
d’opération dans l’aérien sont de vraies préoccupations pour l’avenir.
A noter également les problèmes liés aux actionnaires européens ou non (IAG SABA / Ryanair)
Ryanair a annoncé qu’aucun des 50 nouveaux appareils ne sera basé au Royaume
Uni.
52
Il prévoit des répercussions sur le trafic, une baisse de tarifs, dangereuse à long
terme.
Easyjet maintient ses capacités, envisage de nombreuses promotions tarifaires.
Le yield-management sera la clé du succès.
Malgré tout « Wait and see » et « business as usual » sont les leitmotivs.
Le véritable enjeu sera l’année 2017. La saison 2017 s'annonce incertaine pour
tous les segments de marché. Le marché UK reste vital et une priorité pour tous les
partenaires.
3
A noter
Grâce au taux de change favorable Londres est encore plus attractive pour les
touristes étrangers et se positionne comme un concurrent encore plus
actif. Renforcement des moyens du gouvernement britannique pour encourager
les « staycations » et le tourisme intérieur
Concurrence de l’Espagne qui a un produit beaucoup plus « packagé » que la
France (les all-inclusive rassurent la clientèle tant du point de vue sécuritaire que
budgétaire, c’est la force du Club Med)
A l’occasion de l’ouverture du WTM qui aura lieu les 07/08 novembre 2016, une
conférence est organisée sur le thème : BREXIT : How will it change UK travel ?
4
Opportunités pour la France ?
Renforcer les liens avec le Royaume Uni.
Pour information :
Le vrai souci ce n’est pas encore le Brexit, mais l’image dégradée de notre pays, la
perception d’insécurité, les mouvements sociaux.
Le ministre des Affaires étrangères et du Développement international, Jean-Marc
Ayrault, a annoncé, à l'issue d'un deuxième comité d'urgence économique dédié au
tourisme, le déblocage de 10 millions d'euros supplémentaires pour la promotion du
secteur (marchés français et étrangers).
Ce comité a réuni une cinquantaine de professionnels du tourisme, comme
Accorhotels, Sodexo, SNCF, Booking, Galeries Lafayette, l'Umih, le GNI, mais
aussi des institutionnels, comme Atout France, les élus de divers départements.
Le secteur du tourisme pèse 170 milliards d'euros de chiffre d'affaires (dont
90 milliards provenant des secteurs cafés hôtels restaurants) et représente
2 millions d'emplois directs et indirects.
Le rapport Huchon sur le tourisme : les recommandations présentées au
1er Ministre début septembre
53
Création d’un observatoire national du tourisme afin de présenter une image juste
de la réalité touristique en France
Mise en place d’une cellule de gestion de crise dédiée au tourisme afin de délivrer
une information fiable au cœur de la crise et favoriser une relance coordonnée par
la suite (sur le modèle du Home Office au UK)
Un plan « Tourisme Sûr » pour englober les dispositifs de prévention de la
délinquance dans les zones touristiques
Un travail de promotion en profondeur de la destination France
Mieux coordonner l’action publique par la création d’une structure interministérielle
chargée de piloter et coordonner l’action de l’état en matière de tourisme (tourisme
= secteur transversal)
Renforcement des moyens d’Atout France.
54
8.6
Culturel / soft power
François Croquette
Conseiller culturel, Directeur de l’Institut français du Royaume-Uni
14/09/2016
-
Les milieux culturels étaient sans doute la catégorie la plus hostile (avec les
banquiers !) à la perspective du Brexit : selon un sondage interne de la Creative
industries federation juste avant le référendum, 96% de ses 3000 membres étaient
opposés à la sortie de l’UE.
-
Leurs craintes portent sur la perte d’accès aux financements européens (fonds
Creative Europe pour la culture, programme Europa Cinéma – dont bénéficie le
Ciné Lumière, Horizon 2020 pour la recherche) mais aussi sur le risque de coupure
avec les artistes et les chercheurs sur le continent.
-
Beaucoup d’artistes éprouvent en effet au Royaume-Uni un sentiment d’isolement
et de précarité. Ils trouvent dans le dialogue avec leurs pairs en Europe et les
projets de coproduction qui peuvent en découler des moyens de renouveler leur
pratique et de la confronter aux projets les plus innovants.
-
Le cas du théâtre est éclairant : si les productions de la Royal Shakespeare
Company sont toujours impeccables, elles restent très classiques, au moment
même où la lecture de Shakespeare est renouvelée par les Allemands (Ostermeier)
ou les Flamands (Ivo van Hove).
-
On pourrait aussi prendre l’exemple de l’opéra et des coproductions du Festival
d’Aix : George Benjamin n’aurait pu monter « Written on the skin », sans doute
l’opéra le plus célébré de ces dernières années, sans cet accompagnement… ni
celui de Diaphonique.
-
Le résultat du référendum est donc vécu comme un traumatisme par beaucoup de
nos partenaires, qui l’évoquent spontanément lors de nos rencontres. Ses premiers
effets se font sentir avec le départ de certains Européens des postes qu’ils
occupaient à la tête de grandes institutions culturelles : Martin Roth, le directeur
allemand du Victoria and Albert Museum vient d’annoncer qu’il quittera Londres à
l’automne.
-
S’il y a sans doute des parts de marché à aller chercher pour nos industries
culturelles dans ce contexte, c’est surtout un message de solidarité qu’il faut faire
passer à ces partenaires en leur tendant la main dans une période qu’ils vivent très
difficilement. La culture est le meilleur vecteur d’un dialogue qui est plus nécessaire
que jamais aujourd’hui pour conjurer le risque de repli sur soi.
Laurence Colchester, Director, Bitter Lemon Press (Editeur) – 14/09/2016
-
L’Association des éditeurs britanniques vient de publier les résultats de l’enquête
qu’ils ont faite auprès de leurs membres sur l’impact de Brexit sur cette industrie.
55
-
Le marché de l’édition au RU (journaux et livres) représente £4,4 milliards, les
exportations de livres £1,42 milliards, (£1,2 milliards pour les livres papiers et £218
millions pour les livres électroniques) et les ventes vers l’Europe 35% de ces
montants, donc un marché important.
-
Pour l’instant plus des ¾ des maisons d’édition interrogées n’ont pas changé leurs
plans d’investissement. L’incertitude est le plus grand problème évoqué ainsi que la
probabilité de coûts de production plus élevés. Certains éditeurs anglais sont aussi
inquiets de voir une concurrence accrue de l’édition américaine sur les marchés
européens car les britanniques pourraient perdre l’exclusivité des droits sur
l’Europe, qu’ils ont à présent suite à un accord sur le partage des territoires (UK
Commonwealth (excl. Canada) et Europe d’un côté, et USA et Canada de l’autre.
-
La majorité des éditeurs britanniques sont en faveur du maintien du RU dans le
marché unique.
-
Un des points évoqués en cas de sortie du marché unique est l’opportunité de
renforcer le régime d’application des droits d’auteurs
56
9
Annexe 3 – A lire avec profit

Malgré le Brexit, le Royaume-Uni reste un « grand d’Europe »
Dominique Moïsi, Professeur au King's College de Londres, conseiller spécial à
l'IFRI – 01/07/2016

Rapport de la Chambre des Lords sur les conditions d’exercice de l’Article 50
du Traité de Lisbonne : Brexit: impact across policy areas – Briefing Paper
Number 07213 – 26/08/2016

Japan’s Message to the United kingdom and the European Union
G20 – Hangzhou – 04-05/09/2016

Preparing for the UK’s Brexit Negotiation
Dr Robin Niblett CMG, Chatham House – Director – 09/09/2016

L'incontournable axe Paris-Londres en matière de défense
Dominique Moïsi, Professeur au King's College de Londres, conseiller spécial à
l'IFRI – 19/09/2016
57

Documents pareils