L`Afrique, nouveau relais de croissance pour l`automobile

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L`Afrique, nouveau relais de croissance pour l`automobile
L'Afrique, nouveau relais de croissance pour
l'automobile
Au Maroc, les autorités disent avoir été approchées par Ford et Volkswagen. En
croissance, mais sous-équipée, l'Afrique attire l'intérêt des groupes automobiles.
Les constructeurs automobiles doivent toutefois faire preuve de patience et de
persévérance pour réussir, préviennent professionnels et experts.
PSA Peugeot Citroënest le dernier constructeur en date à franchir le pas d'une
implantation industrielle, avec l'annonce la semaine dernière d'une usine de 90.000
unités par an à l'échéance 2019 au Maroc, afin d'alimenter le marché intérieur, mais
aussi la zone l'Afrique et le Moyen-Orient.
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Moins de 1,7 million de véhicules neufs ont été vendus en Afrique l'année dernière, soit
seulement 2% du marché mondial. Le continent compte un parc moyen de 43 voitures
pour 1.000 habitants, contre 565 en Europe.
Ce "taux de motorisation" a néanmoins augmenté de 27% entre 2005 et 2013, soit six
points de plus que la moyenne mondiale, selon l'Organisation internationale des
constructeurs automobiles (OICA). Les taux de croissance économique attendus
entre 4,5% et 5% en 2015 et 2016 sur l'ensemble de l'Afrique nourrissent aussi
l'espoir de voir émerger une classe moyenne friande de biens de consommation.
"Tout cela mis bout à bout fait qu'effectivement, l'Afrique sera un relais de croissance
pour l'ensemble des constructeurs", mais à un horizon de "10, 15, 20 ans", estime
Flavien Neuvy, directeur de l'observatoire Cetelem de l'automobile.
I l prévient aussi que "l'Afrique n'est pas un bloc uniforme", contrairement à la Chine, qui
a tiré la progression du marché automobile mondial ces 15 dernières années. L'Afrique
du Sud connaît un taux de motorisation de 180 pour 1.000, l'Éthiopie de 2 pour 1.000,
tandis que le Maghreb est au dessus de 100.
"Certains constructeurs ont raté le marché chinois. Ils s'en mordent les doigts et ils ne
veulent pas rater le marché africain de demain", remarque Meissa Tall, expert automobile
du cabinet Kurt Salmon. L'américain General Motors, le japonais Toyotaet les
sud-coréens Hyundai et Kiafont partie des pionniers déjà installés sur le continent.
Au Maroc, où les autorités disent avoir aussi été approchées par Ford et Volkswagen,
Renault a précédé PSA: inaugurée en 2012 et destinée surtout à l'export, son usine de
Tanger a contribué à hisser le royaume à la deuxième place des pays africains
producteurs d'automobiles, derrière l'Afrique du Sud. Le groupe au losange a en outre
inauguré une petite unité industrielle fin 2014 à Oran, pour le marché intérieur algérien.
Pas de scénario à la chinoise
PSA "discute" aussi d'une usine en Algérie avec les autorités, selon son patron Carlos
Tavares, encore avare de détails. Pour le directeur de la zone Afrique-Moyen-Orient du
groupe, Jean-Christophe Quémard, il faut produire au plus près des marchés, afin de
neutraliser les effets de change et les barrières douanières, d'où la relance en cours
d'une activité d'assemblage de Peugeot au Nigéria.
es décisions d'implanter des usines "sont dictées soit par la taille du marché, soit par
L
les conditions tarifaires et douanières, soit par la performance intrinsèque du tissu
automobile dans la zone et sa capacité à rayonner sur plusieurs pays", énumère M.
Quémard, disant raisonner "à une échéance de dix ans".
Produire sur place, moins cher qu'en Europe, grâce au coût réduit de la main
d'oeuvre et à des exigences réglementaires (sécurité, pollution) moins strictes, permet
aussi de proposer aux clients africains des voitures répondant à leurs attentes
spécifiques, à un prix serré. "Les petits véhicules n'ont pas très bonne presse, parce que
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les familles sont assez grandes et il faut un coffre important", explique M. Tall.
Dans l'immédiat, le marché automobile africain reste à structurer. "L'occasion
représente six à dix fois le marché du neuf. Et les circuits informels font l'essentiel" des
transactions, selon M. Quémard.
Même si le potentiel de croissance est là, personne ne s'avance sur une explosion "à la
chinoise", une multiplication par 40 des volumes neufs en 20 ans.
" Je verrais plutôt une progression de la demande proche de celle de l'Inde", moins de
5% en moyenne par an ces dernières années, affirme Yann Lacroix, expert automobile
chez l'assureur Euler Hermès. En particulier, "il y a d'énormes investissements à faire en
infrastructures", remarque-t-il.
on collègue du cabinet EY, Jean-François Belorgey, pointe aussi "l'instabilité politique
S
assez forte" du continent africain comme possible obstacle au développement de
l'industrie automobile. Pour les constructeurs, "il ne faut pas se tromper sur les endroits
où l'on s'implante et y aller de façon prudente", prévient-il.
M. Tall relativise ce "risque pays". "On est loin des périodes où l'on n'avait aucune
visibilité sur les pays d'Afrique. La plupart des pays commencent à entrer dans des
ères démocratiques" et pour les constructeurs, "les gains sont proportionnels aux
risques", fait-il valoir.
(Avec AFP)
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