L`histoire du Grand Arbre

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L`histoire du Grand Arbre
L’histoire du Grand Arbre
Cette histoire commence on ne sait plus quand, avec une Peuplade à qui on avait donné une forêt même pas en bonne santé.
Cette peuplade était composée de nombreux enfants, filles et garçons, entre huit et onze ans, accompagnés par deux forestiers plus âgés, Flore et
Lubin.
On leur a assuré qu'au cœur de cette forêt, ils trouveraient un Grand Arbre merveilleux qui pourrait leur offrir protection. Mais la forêt est
encombrée d'arbres morts, de ronces impénétrables et de fougères malades.
Il n'y a aucun passage et ils doivent s'acharner, tous ensemble, à tracer une piste dans cette végétation délirante. Bientôt il se met à pleuvoir. Ils
sont épuisés...
Mais ils ne se dégonflent pas, ils chassent la peur, s'encouragent, et bientôt découvrent un arbre immense au feuillage insensé. Il est absolument
énorme. Mais aucune chance de monter dormir dans ses branches. Elles sont trop hautes. Autour, que des ronces et des lianes. Et allumer un feu,
impensable car tout est mouillé..
Flore tambourine sur le tronc du Grand Arbre en hurlant désespérément :
–
Par pitié, au nom de la vie, protégez-nous au moins pour cette nuit !
A ce moment, elle sent l'écorce s'assouplir. Elle s'écarte sans bruit et ouvre un passage à l'intérieur de l'arbre..
Flore entre prudemment et débouche dans un espace tapissé de lichen gris. Une lumière douce comme celle des bougies éclaire ce lieu qui semble les
attendre.
Les enfants la suivent avec Lubin, et ils sont si serrés qu'on dirait une portée de louveteaux dans leur terrier ! Mais les parois de mousse
s'écartent pour que chacun trouve sa place.
–
–
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–
Entrez mes jeunes amis. Il y a de la place pour tous.
Qui a parlé ? Demande un enfant.
Est-ce toi qu'on appelle un sylphe ?
Un sylphe et une sylphe, oui. Bienvenue à vous petits humains. Nous vous attendions depuis longtemps. Reposez-vous mes amis. Vous avez
beaucoup peiné pour venir jusqu'à moi. Entre mes racines, vous êtes bien à l'abri.
Le lendemain, ils trouvent une source entre les racines. Et lorsqu'ils ressortent dans la forêt, le Grand Arbre a fait tomber pour eux des fruits
inconnus : des fruits d'intrépidité.
Hum ! Délicieux.
Merci l'Arbre !
De rien. Mais il va falloir que vous trouviez de quoi vous équiper maintenant. Regardez l'état de vos habits, en loques. Et vos chaussures.
Où trouver des habits, au fond de cette forêt ?
Il y a, pas très loin d'ici, six de nos enfants, qui ont fait un tel chemin vers le cœur des choses, que des sylphes sont nés au creux de
leur matière d'arbre. Chacun d'eux a son caractère propre, ses dons et ses savoir-faire. Je pense que Théla devrait pouvoir vous aider à
tisser des tuniques et à confectionner des bottes.
– Mais comment trouver l'endroit où est plantée ta fille dans cette forêt si dense ?
– Je vais vous indiquer la direction. Il vous suffira de chanter. Dès qu'elle vous entendra, elle vous répondra.
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Il leur faudra des heures de travail pour trouver Théla. Mais enfin, ils découvrent cet arbre étrange, tout bleu de bois
– Merci pour vos chants. Quel bonheur ! Vous venez de la part de mon père ? Comment puis-je vous aider ?
– Le Grand Arbre nous a assuré que tu trouverais une solution pour nous confectionner de nouveaux habits... Les nôtres sont en loques !
– Ah oui ! J'ai une idée ! Mais mangez d'abord de mes fruits. Ils vous rendront habiles de vos mains. Et gardez précieusement les noyaux : je
vous confie mes graines comme à des amis. Ensuite, les plus petits vont monter dans mes branches, jusqu'en haut, afin de capturer un
rayon de soleil levant. Vous l'attraperez comme un fil qu'on déroule, le ferez passer de main en main jusqu'au sol. Lorsque vous aurez le
début du fil, la centaine d'araignées qui vivent sous mes branches vous aiderons à en tisser vos nouvelles tenues.
Il fallut des jours pour fabriquer les bottes et finir ces habits magnifiques. Mais un matin, ils peuvent enfin revêtir leurs nouveaux costumes.
Ce soir-là, le Grand Arbre leur dit :
–
Mes enfants, il faudrait maintenant aller à la rencontre d'Yzô, afin qu'il vous initie au savoir des clairières...
Et le lendemain matin, comme ils l'avaient fait pour Théla, ils se mettent à la recherche d'Yzô.
Ils découvrent un arbre bien droit, tout vert de bois, complètement envahi par le lierre.
–
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–
Que faites-vous ici ? Demande Yzô d'une voix étonnée et émue à la fois ?
C'est le Grand Arbre qui nous envoie, pour que tu nous enseignes l'art des clairières.
Quel bonheur ! Bien sûr, je suis d'accord ! Vous avez vu, depuis que vous êtes entrés dans cette forêt, que les forces de l'ombre donnent
l'impression d'avoir gagné contre la lumière. Mais dès qu'une clairière existe, ces forces reculent. Elles ne peuvent pas faire autrement. Dans
ce combat, il y a des lois, pour être plus fort qu'elles. Si vous entrez dans cette lutte, il vous faudra les respecter. Sinon, vous
retomberez dans leur pouvoir d'obscurité : ne jamais mentir, tenir parole quand vous avez promis, et aussi savoir vous servir de vos
corps et de vos esprits avec assurance.