La grammaticalisation des adverbes autrement vs anders

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La grammaticalisation des adverbes autrement vs anders
La grammaticalisation des adverbes autrement vs anders:
comparaison entre le français et le néerlandais
Béatrice Lamiroy
KULeuven
1. Introduction
Le but de cet article est de comparer l'adverbe autrement à son équivalent néerlandais
anders. Si les deux adverbes ont, en gros, les mêmes propriétés dans les deux langues,
nous verrons qu'ils se distinguent néanmoins sur certains points.
Ils partagent en tout cas une caractéristique qu'on peut considérer comme essentielle,
et qui est décrite pour le français par Molinier & Levrier (2000: 44), à savoir le fait de
s'employer à la fois comme adverbe intégré à la proposition et comme adverbe de
phrase. Ou, si on adopte la terminologie de Guimier (1996: 72), ils ont un emploi
intraprédicatif et un emploi extraprédicatif. En effet, comme le montrent (1a-2a),
autrement fonctionne comme adverbe de manière signifiant 'de manière autre' (1a) et
comme adverbe conjonctif auquel cas il équivaut à 'sinon' (2a). Comme on peut s'y
attendre, autrement est classé selon le cas dans des tables différentes chez Molinier &
Levrier (2000: 49-50), soit les classes MV et PC. Les exemples (1b-2b), qui traduisent
(1a-2a), illustrent que le néerlandais anders fonctionne de manière analogue et
présente donc également les deux emplois, d'adverbe de manière et d'adverbe
conjonctif respectivement :
(1)
(2)
a. On s’y est pris autrement.
b. We hebben het anders aangepakt
Nous avons le autrement pris
a. Donne-lui le jouet. Autrement tu seras puni
b. Geef hem het speeltje. Anders krijg je straf
Donne lui le jouet. Autrement reçois tu punition
Nous considérons que autrement/anders ont subi un processus de grammaticalisation,
et en particulier ce qu'on pourrait appeler une pragmaticalisation (Lamiroy 2003,
Lamiroy & Charolles, à paraître). Ce dernier processus correspond à un type de
grammaticalisation bien connu depuis les travaux de Traugott (1988, 1995, cf. aussi
Traugott & Dasher, 2002) qui consiste en un passage de la composante lexicale à la
composante pragmatique ou discursive du langage: comme les mots qui se
grammaticalisent se désémantisent en partie, leur sens devient de moins en moins
référentiel. Or cela leur permet précisément d'adopter d'autres fonctions, notamment
une fonction plus textuelle (parce qu'ils assurent la cohésion du texte en tant que
connecteurs) ou plus expressive (dans la mesure où ils impliquent la participation des
sujets parlants). L'évolution du statut d'adverbe intégré à la proposition au statut
d'adverbe de phrase, et donc de connecteur, serait ainsi à analyser comme un procès
naturel relié au phénomène général de la grammaticalisation.
Par ailleurs, l'évolution de autrement/anders d'adverbes à connecteurs a pu être
favorisée par leur sens intrinsèquement comparatif et donc anaphorique, propriété
définitoire selon Molinier & Levrier (2000:48) de la classe des adverbes conjonctifs:
"leur interprétation nécessite l'existence et la prise en compte d'un énoncé ou
d'énoncés antérieurs". C'est en effet le caractère anaphorique des adverbes en question
1
qui peut expliquer leur position préférentielle en tête de proposition (en tant
qu'adverbe conjonctif), seul endroit où peuvent figurer les adverbes conjonctifs les
plus grammaticalisés que sont les vraies conjonctions, par exemple mais.1 Si
l'anaphoricité est, comme le notent Molinier & Levrier (2000:48), une condition sine
qua non des adverbes conjonctifs, cela pourrait expliquer pourquoi relativement peu
d'adverbes en -ment se prêtent à un tel usage : sur 2780 adverbes étudiés, seuls 50
verbes environ sont classés dans la catégorie des adverbes conjonctifs (la table PC,
Molinier & Levrier 2000:55), alors que la classe des MV (adverbes de manière)
contient 1500 adverbes. 2
La fonction conjonctive des adverbes, comme tout phénomène de grammaticalisation,
est, rappelons-le, une question de gradation. Certains adverbes de phrase sont en effet
très proches des conjonctions, d’autres le sont moins (Charolles & Lamiroy, à
paraître). Ainsi, les adverbes seulement et simplement ressemblent à autrement par le
fait qu'ils fonctionnent à la fois comme adverbe intégré à la proposition et comme
adverbe conjonctif. En raison de ce dernier emploi, ils appartiennent selon Molinier &
Levrier (2000:55) à la table PC, tout comme autrement. En tant qu'adverbe conjonctif,
ils ont un sens concessif qui les rapproche de mais, l'implicitation de (3a-b) étant la
même: 'je n'ai pas d'animaux chez moi'. 3
(3)
a. J’aime les animaux. Seulement/simplement, j’habite en appartement
b. J’aime les animaux. Mais j’habite en appartement
Or il suffit d'examiner des phrases telles que (4) pour se convaincre que seulement et
simplement sont plus conjonctifs que autrement: tout comme mais, ils ne peuvent
apparaître en fin de phrase, ce qui n'est pas totalement exclu pour autrement : 4
(4)
a. J’aime les animaux. * J’habite en appartement,
seulement/simplement/mais
b. Donne-lui le jouet. Tu seras puni(,) autrement
Dans ce qui suit, nous allons comparer systématiquement les emplois de autrement et
de anders. Nous commençons par un aperçu des emplois de autrement suivi de ceux
de anders. Comme l'ordre des mots joue un rôle crucial dans la problématique
abordée ici, en néerlandais en particulier, un paragraphe lui sera consacré. Nous
finirons par un bilan comparatif, où nous verrons que le néerlandais anders, qui
présente un emploi inconnu en français, est peut-être allé plus loin que autrement dans
le processus de grammaticalisation, en particulier quant à la subjectivisation. 5
1
Mais connaît un emploi où il n'est pas en tête de phrase, mais justement, il y fonctionne en tant que
fossile adverbial: Je n'en peux mais.
2
Pour une remarque analogue sur le fait que peu d'adverbes en -ment fonctionnent en tant qu'adverbe
conjonctif, voir Guimier, 1997:131 et Gezundhajt 2000.
3
Nous devons cet exemple à Michel Charolles.
4
Nous sommes donc moins sévère que Molinier & Levrier (2000: 59) qui considèrent que autrement se
met nécessairement en tête de phrase dans ce cas.
5
Pour Traugott, la subjectivisation implique ce qu'elle appelle un renfort pragmatique :“I have argued
here that what is strengthened [pragmatic strengthening] is specifically the subjective stance of the
speaker” (Traugott 1995:48). Le stade de la subjectivité ou de l'expressivité, c'est-à-dire celui où un
élément linguistique renvoie purement à la relation entre les interlocuteurs, représenterait le stade
ultime d'un changement progressif qu'on peut représenter comme suit: fonction propositionnelle >
fonction textuelle > fonction expressive.
2
2. Autrement
2.1. L'adverbe intégré à la proposition
Nous pouvons distinguer deux types, selon que l'adverbe se rapporte au verbe (classe
MV) ou à un adjectif ou adverbe (classe MQ). Par ailleurs, autrement figure aussi
dans certaines expressions figées.
2.1.1. Quand l'adverbe se rapporte au verbe, il signifie ‘de façon autre, différemment’.
Le complément comparatif peut être explicite (5c) ou non (5a-b):
(5)
a. Il faudrait réagir autrement
b. Je n'en pouvais plus des classes de 38 élèves. Ici, je savais que
j'allais pouvoir enseigner autrement, explique-t-elle. (Le Figaro 2003/02/26) 6
c. Je ne suis pas pessimiste. Je ne peux pas m'imaginer qu'un monde de
sept ou huit milliards d'habitants puisse être organisé autrement que de
manière multilatérale. (Le Monde - 05/04/03)
2.1.2. Lorsque autrement se trouve devant un adjectif ou adverbe, il fonctionne
comme un quantifieur, exprimant le superlatif:
(6)
a. Il est autrement intelligent que son frère
b. Comment une espèce à ce point répandue a-t-elle pu si longtemps
passer inaperçue ? C'est que l'ADN possède une variabilité autrement
puissante que les critères morphologiques et anatomiques. (Le Monde
– 2003/02/25)
2.1.3. Dans il en est/va autrement ou autrement dit, nous avons affaire à des
expressions figées; autrement y est clairement intraprédicatif:
(7)
a. Lugano avait envoyé la cassette au juge unique, qui a rejeté
l’ouverture d’une enquête. "Pourquoi devrait-il en aller autrement cette
fois-ci?", s’interroge Beat Kaufmann. (La Tribune de Genève 2003/02/01)
b. Certains tentent de faire jouer la débrouille et de mettre en place un
système parallèle, destiné à « faciliter » l’attente dans les files,
autrement dit, ils achètent leur place dans la queue. Une économie
6
Tous les exemples de presse ont été obtenus par le logiciel glossanet (http://glossa.fltr.ucl.ac.be/). Glossanet est
un moteur de recherche développé à l'université de Louvain-la-Neuve. Il donne accès à l'édition quotidienne de
plus 80 journaux en anglais, français, espagnol, portugais, italien, norvégien, danois, grec, slovaque et russe. Le
système renvoie aux pages des journaux dépouillés dans lesquelles figure(nt) la ou les expressions faisant l'objet de
la requête de sorte qu'il n'impose aucune contrainte sur la taille du contexte. Pour le français, les quotidiens
dépouillés sont : L'Humanité, Le Soir, Le Parisien, Le Progrès de Lyon, La Libre Belgique, Le Monde,
Cyberpresse, La Meuse, La Voix du Nord, L'Est Républicain, Ouest France, Le Bien Public, Les Dernières
Nouvelles d'Alsace, Le Figaro, Le Télégramme.
3
souterraine pas très louable, s’appuyant sur une certaine forme de
détresse, de faiblesse. (La Voix du Nord – 2003/02/25)
2.2. L'adverbe de phrase
En tant qu'adverbe de phrase, autrement a deux emplois, celui de l'hypothèse
négative et celui que Inkova-Mazzotti (2002) appelle l'emploi de complémentarité.
2.2.1. Quand autrement exprime l'hypothèse négative, il est synonyme de sinon. La
structure p, autrement q, équivaut en effet à 'si non p, alors q' ou en termes logiques
‘p, ¬ p → q’ (Inkova-Manzotti 2002). Notons que le sens de autrement dans son
emploi conjonctif peut s'expliquer à partir de sa valeur originale d'adverbe de
manière: de l'altérité entre les manières de faire quelque chose, on passe à l'altérité
conjecturale (hypothétique).
(8)
a. Fais-le. Autrement/sinon tu auras des problèmes.
b. J’ai beaucoup à faire ce soir; autrement/sinon j’irais au cinema.
c. C'est ce que je leur dirai : restez vous-mêmes. Ne changez pas. Ne
croyez pas à la facilité. Autrement, vous chuterez. (Dernières
Nouvelles d'Alsace - 2003/02/18)
Selon le cas, la proposition peut avoir une force illocutoire directive (8a-c) ou
assertive (8b). Mais dans tous les cas, l'instruction donnée par autrement, en termes de
pertinence, est de se représenter p comme une hypothèse et d'interpréter q comme la
conséquence de non-p. Comme autrement introduit une alternative pour p (à savoir
non-p), la structure est proche du ou exclusif:
(8)
a’. Ou tu le fais ou tu auras des problèmes.
a’’. Si tu le fais tu n’auras pas de problèmes et si tu ne le fais pas tu en
auras.
2.2.2. Inkova-Manzotti (2002 : 121) parle d'un autrement de complémentarité pour
des cas tels que ceux donnés en (9), que nous lui empruntons:
(9)
a. Il a toujours tout raconté à Marie: il lui téléphonait, autrement il lui
écrivait.
b. Je dois dire cependant que chez tous les Russes que j'ai connus, et ils
sont nombreux, je n'ai trouvé qu'une chose vraiment remarquable, c'est
leur goût pour la boisson. Autrement ce sont des gens comme nous. (A.
Gide, Correspondances P. Claudel)
Bien que autrement corresponde également à sinon dans ces cas, il n'évoque pas
d'alternative non-p, mais plutôt l'ensemble des éléments non compris dans p.
Contrairement au cas de l'hypothèse négative, autrement n'établit pas d'implication
entre non-p et q. Il signifie 'pour le reste, du reste'. On retrouve cet emploi à l'oral
dans des conversation du genre illustré sous (10). Notons que sinon reste substituable
à autrement dans ce cas-là:
4
(10)
A : Ma fille s’est fait opérer des dents de sagesse. C’était une opération
douloureuse et compliquée. Ma femme continue à suivre un régime
pour maigrir et elle est de mauvaise humeur.
B : Et autrement/sinon, toi, ça va ?
3. Anders
L'adverbe néerlandais est formé sur l'adjectif ander et est décrit dans le dictionnaire
Van Dale (dans un de ses sens) comme 'servant à distinguer d'une personne ou d'une
chose nommée précédemment': la valeur anaphorique de l'adverbe y est donc
explicitement mentionnée. 7 Comme autrement, l'adverbe anders fonctionne comme
adverbe intégré à la proposition et comme adverbe de phrase.
3.1. L'adverbe intégré à la proposition
Anders indique, comme autrement, la manière (11a) mais contrairement à autrement,
il peut s'employer aussi avec une valeur temporelle (11b):
(11)
a. Zij hebben beloofd zich voortaan anders te gedragen
Ils ont
promis se dorénavant
autrement de comporter
'Ils ont promis de se comporter autrement dorénavant '
b. Hij zingt minder vals dan anders
Il chante moins faux que autrement
'Il chante moins faux que d'habitude'
Comme en français, le complément comparatif peut être explicite ou non:
(12)
Alles was die avond anders dan gewoonlijk
Tout était ce soir-là autrement que d’habitude
‘Ce soir-là, tout était différent’
En revanche, l'emploi superlatif devant adjectif ou adverbe est inconnu en néerlandais
(13b). Van Dale mentionne sous anders un emploi superlatif mais celui-ci se rapporte
de toutes façons au verbe de la phrase (13c):
(13)
a. Il est autrement intelligent que son frère
b. * Hij is anders intelligent dan zijn broer
c. Als je Londen ziet, zal je nog anders verbaasd staan (Van Dale)
Quand tu Londres vois, vas tu encore autrement étonné être debout
'Quand tu verras Londres, tu seras autrement étonné'
Comme autrement en français, l'adverbe anders s'utilise dans une série d'expressions
figées:
(14)
a. Die drukte moet hem zenuwachtig maken, dat kan niet anders
Cette agitation doit le nerveux rendre, ça ne peut pas autrement
7
L'adverbe coïncide formellement avec le génitif de l'adjectif qui apparaît comme complément de
certains pronoms, p.ex. iets anders 'quelque chose d'autre', niets anders 'rien d'autre', enz. Cette
dernière forme homonyme de l'adverbe ne nous concerne pas ici.
5
'Cette agitation doit l’énerver, il ne peut en être autrement'
b. Mooi is anders!
Beau est autrement
'C’est tout sauf beau'
3.2. L'adverbe de phrase
Employé comme adverbe conjonctif, anders a les deux emplois décrits ci-dessus pour
autrement, celui de l'hypothèse négative et celui de la complémentarité, mais un
troisième emploi s'y ajoute.
3.2.1. Dans le cas de l'hypothèse négative, les deux adverbes fonctionnent de manière
identique: dans p anders q, p indique une condition négative pour q. Comme en
français, l'adverbe reprend la proposition précédente sous sa forme hypothétique
négative, par conséquent il est synonyme de zoniet 'sinon'. On constate une même
analogie quant à l'emploi de la conjonction de coordination of 'ou' dans ce cas (15c).
Comme le montre (15d) anders peut même être combiné avec of de manière
pléonastique. Il est à noter que l'ordre des mots change dans ce cas: lorsque anders
accompagne of, le sujet se met derrière le verbe. Nous reviendrons sur la question de
l'ordre des mots dans la section 4.
(15)
a. Ik heb het vanavond zeer druk; anders/zoniet ging ik naar de film
Je ai le ce soir très agité; autrement/sinon allais je au film
'J’ai beaucoup à faire ce soir; autrement/sinon j’irais au cinéma'
b.Doe dat, anders/zoniet krijg je een boete
Fais cela, autrement/sinon attrapes tu une amende
'Fais cela, autrement/sinon tu auras une amende'
c. Doe dat of je krijgt een boete
Fais cela ou tu attrapes une amende
d. Doe dat of anders krijg je een boete
Fais cela ou autrement attrapes tu une amende
3.2.2. Dans les exemples de (16), anders exprime la complémentarité: q correspond à
ce qui est usuel par rapport à l'élément p, qui est présenté comme une exception: q
correspond donc à l'ensemble de moments (16a), de pièces de la maison (16b) dont un
seul élément a été isolé en p. Comme en français, l'adverbe est synonyme de 'pour le
reste'. Or à l'encontre de autrement, anders n'est pas remplaçable dans ce cas par
zoniet 'sinon'.
(16)
a. Hij is soms kribbig. Anders/*zoniet is hij zeer vriendelijk
'Il est parfois irritable. Autrement/sinon il est très gentil'
b. De keuken is nogal oud; anders/*zoniet is het huis gerieflijk
'La cuisine est assez vieille; autrement/sinon la maison est
confortable'
6
3.2.3. Il existe en néerlandais un troisième emploi de anders en tant qu'adverbe
conjonctif qui est rarement mentionné dans la littérature 8 et qui ne correspond ni à
sinon ni à du reste. L'adverbe permet dans ce cas de formuler un commentaire que
l'interlocuteur ajoute à la phrase précédente: il s'agit donc d'un emploi métadiscursif
qui se situe au niveau des sujets parlants. Plus qu'une valeur textuelle connective,
anders revêt ici une valeur purement expressive, stade ultime de ce que Traugott
(1995) appelle la subjectivisation (voir note 4). Le commentaire consiste à introduire
une restriction (17a) qui consiste souvent à remettre en question la plausibilité de
l'énoncé précédent (17b). Impossible à traduire en français, cet anders a un sens
légèrement concessif:
(17)
a. A: Het feest gaat spijtig genoeg niet door
'La fête n’a malheureusement pas lieu'
B: Ik had er me anders al op verheugd
Je avais en me autrement déjà réjoui
'Pourtant je m’en réjouissais déjà'
b. A: Het gaat regenen
Il va pleuvoir
B: Het ziet er anders niet naar uit
Il n'apparaît y autrement pas
'Cela n’en a en tout cas pas l’air'
4. L'ordre des mots
Dans ce qui précède, nous avons distingué entre deux emplois radicalement différents
de autrement/anders, l'un intraprédicatif et l'autre extraprédicatif. 9 Cette distinction a
été illustrée et décrite jusqu'ici en termes sémantiques; or elle repose sur des critères
formels qui mettent en jeu l'ordre des mots et qui seront passés en revue ci-dessous,
d'abord pour le français, ensuite pour le néerlandais.
4.1. Autrement
4.1.1. Nous adoptons les critères proposés par Molinier (2000 : 44) pour détecter un
adverbe de phrase: celui-ci doit pouvoir figurer en tête d'une phrase négative et,
conjointement, il doit refuser l'extraction en c'est ...que. Il est clair que l'adverbe
conjonctif (19-20) répond à ces tests, mais non pas l'adverbe de manière (18b):
(18)
(19)
(20)
a. Il faut faire autrement
b. * Autrement il ne faut pas faire
c. C’est autrement qu’il faut faire
a. Fais ce que je te demande. Autrement tu ne seras pas payé
b.* C’est autrement que tu ne seras pas payé.
a. C’était son anniversaire. Il lui téléphona. Autrement il ne lui
téléphonait jamais
8
Cet emploi de anders ne figure pas dans le grand dictionnaire WNT (équivalent du TLF), mais est
mentionné dans un supplément à la lettre A, avec un renvoi à Overdiep (1937: 549).
9
Dans le cas de l'adverbe conjonctif, on pourrait parler en fait d'un emploi interprédicatif, puisque
l'adverbe unit deux propositions (et deux prédicats). Le terme extraprédicatif inclurait alors tous les
adverbes de phrases, ceux qui sont interprédicatifs et ceux qui ont une valeur épistémique, modale ou
purement expressive (Traugott & Dasher 2002: 152).
7
b. * C’est autrement qu’il ne lui téléphonait jamais
4.1.2. Quand autrement s'emploie pour exprimer l'hypothèse négative ou la
complementarité, il se met de préférence en tête de phrase, ce qui le rapproche
évidemment des conjonctions proprement dites. Bien que dans le corpus utilisé,
autrement figure dans tous les cas en tête de phrase dans ces deux emplois-là (21a), il
nous semble que les positions à l'intérieur de la phrase ou en position finale (21b-c) ne
sont pas totalement exclues, contrairement à ce qui vaut pour les vraies conjonctions
(22):
(21)
(22)
a.Si je donne suite à cette affaire, je veux être persuadé qu’il ne s’agit
pas d’un accident. Autrement, chaque équipe pourrait envoyer à
chaque match sa vidéo au juge, cela ne rimerait à rien (La Tribune de
Genève, 08/01/03)
b. ? Chaque équipe pourrait autrement envoyer à chaque match sa
vidéo au juge
c. ? Chaque équipe pourrait envoyer à chaque match sa vidéo au juge
autrement
a. Marie aimerait partir en vacances, mais elle a trop de travail
b. * Marie aimerait partir en vacances, elle a trop de travail mais
4.2. Anders
4.2.1. Le test de l'extraction est applicable en néerlandais et aboutit au même résultat
qu'en français: seul le anders intraprédicatif (adverbe de manière) peut être clivé
(23b), les trois emplois de type extraprédicatif (24b-d-f) étant exclus dans cette
position:
(23)
(24)
a. Hij ging de volgende dag helemaal anders te werk
Il alla le suivant jour tout à fait autrement au travail
'Le lendemain il s'y prit tout à fait autrement'
b. Het was helemaal anders dat hij de volgende dag te werk ging
C'était tout à fait autrement que il le suivant jour au travail alla
a. Doe wat men je vraagt. Anders krijg je de baan niet
'Fais ce qu'on te demande. Autrement tu n'auras pas le poste'
b. * Het is anders dat je de baan niet krijgt
Ce est autrement que tu le poste ne reçois pas
c. De keuken is nogal oud. Anders is het huis gerieflijk
'La cuisine est assez vieille; autrement la maison est confortable'
d. * Het is anders dat het huis gerieflijk is
Ce est autrement que la maison est confortable
e. Het gaat regenen. Het ziet er anders niet naar uit
'Il va pleuvoir. Cela n’en a en tout cas pas l’air'
f. * Het is anders dat het er niet naar uit ziet
Ce est autrement que ça n'en a pas l'air
Le deuxième test en revanche est inutilisable en néerlandais parce que le néerlandais
permet de topicaliser en position initiale n'importe quel constituant de la phrase (25b),
y inclus des adverbes de manière tels que anders (26b):
8
(25)
(26)
a. Jan eet een appel
Jean mange une pomme
b. Een appel eet hij
Une pomme mange il
'C'est une pomme qu'il mange'
a. Hij ging de volgende dag niet helemaal anders te werk
'Le lendemain il ne s'y prit pas tout à fait autrement'
b. Helemaal anders ging hij de volgende dag niet te werk
Tout à fait autrement alla il le suivant jour pas au travail
'Ce n'est pas tout à fait autrement qu'il s'y prit le lendemain'
En néerlandais, une langue où l'ordre des mots est bien plus libre qu'en français, le
seul test de la position initiale n'a donc pas vraiment de valeur discriminatoire pour
distinguer entre adverbes intra- et extraprédicatifs. Toutefois, l'antéposition d'un
élément intraprédicatif, comme anders dans (26b), entraîne un changement dans le
contour d'intonation, ce qui n'est guère le cas lorsque anders figure en tête de phrase
dans ses emplois extraprédicatifs. La distinction se situe donc à un autre niveau,
d'ordre suprasegmental.
4.2.2. Les adverbes conjonctifs peuvent apparaître soit à l'initiale, soit à l'intérieur de
la phrase, et dans une moindre mesure, en fin de phrase. Dans le cas de anders, on
observe que l'emploi de l'hypothèse négative et de la complémentarité vont de pair
avec la position en tête de phrase (27a-28a), qui est la position préférentielle, comme
c'est le cas de autrement en français. Mais tout comme en français, les autres positions
ne sont pas exclues, la position intermédiaire étant légèrement plus acceptable que la
finale (27b-c, 28b-c). Il est à noter que la subsitution de zoniet 'sinon' à anders n'est
possible dans le cas de l'hypothèse négative que lorsque anders occupe la position
initiale (27a):
(27)
a.Help me even. Anders/zo niet help ik je morgen ook niet
Aide-moi un instant. Autrement/sinon aide je demain aussi pas
'Aide-moi un peu. Autrement je ne t'aide pas non plus demain'
b.Help me even. Ik help je anders /*zo niet morgen ook niet
c. Help me even. Ik help je morgen ook niet anders / *zo niet
(28)
a. De keuken is nogal oud. Anders is het huis gerieflijk
La cuisine est assez vieille. Autrement est la maison confortable
'La cuisine est assez vieille. Autrement la maison est confortable'
b. De keuken is nogal oud. Het huis is anders gerieflijk
c. De keuken is nogal oud. Het huis is gerieflijk anders
Curieusement, le anders métadiscursif ou expressif n'apparaît guère en tête de phrase
et se met de préférence à l'intérieur de la phrase, la position finale étant douteuse
également:
(29)
a. Het gaat regenen. Het ziet er anders niet naar uit
'Il va pleuvoir. Cela n’en a en tout cas pas l’air'
b. Het gaat regenen. ? * Anders ziet het er niet naar uit
c. Het gaat regenen. ? Het ziet er niet naar uit anders
9
La position initiale des adverbes est donc moins révélatrice de leur statut conjonctif en
néerlandais qu'en français pour deux raisons: d'une part, les adverbes intraprédicatifs
peuvent être topicalisés en tête de phrase et d'autre part, au moins un type d'adverbe
conjonctif n'apparaît jamais à l'initiale, à savoir le anders qui introduit un
commentaire sur l'énoncé qui précède. Bien que la position initiale soit une position
naturelle pour les adverbes conjonctifs, puisque leur fonction consiste à unir la phrase
qui suit à celle qui précède, on voit que des traits typologiques d'une langue, en
l'occurrence l'ordre des mots du néerlandais, peut interférer avec des caractéristiques
censées générales des adverbes de phrase.
Un autre trait typologique, toujours relatif à l'ordre des mots, est particulièrement
révélateur pour le statut de l'adverbe anders. Comme nous l'avons suggéré au début de
l'article, la grammaticalisation d'adverbe à connecteur est une question de gradation.
Si anders fonctionne bel et bien comme un adverbe de phrase puisqu'il ne peut être
clivé lorsqu'il exprime l'hypothèse négative, la complémentarité ou un commentaire
restrictif, il présente un trait qui montre clairement qu'il n'a pas atteint le stade de
conjonction. En effet, les vraies conjonctions n'entraînent pas l'inversion du sujet; or
comme tous les exemples donnés ci-dessus le montrent, l'antéposition de anders en
tête de phrase implique la postposition du sujet derrière le verbe. La tradition
grammaticale néerlandaise (ANS, 1997: 1393) distingue deux positions différentes
pour la tête de la phrase: une position appelée l'élan de la phrase, qui n'entraîne pas
d'inversion du sujet et qui est réservée notamment aux conjonctions (et aux élements
disloqués à gauche par exemple) et une autre, appelée première position de la phrase,
qui, elle, se caractérise par l'inversion du sujet. Il est intéressant de noter à ce propos
que certains adverbes conjonctifs tels toch (pourtant), ou alleen (seulement) peuvent
occuper les deux positions et donc, entraîner l'inversion ou non, selon le cas:
(30)
(31)
a. Jan is ziek. En toch komt hij werken
Jean est malade. Et pourtant vient il travailler
b. Jan is ziek. En toch, hij komt werken
Jean est malade. Et pourtant, il vient travailler
a. Dit geneesmiddel is goed . Alleen is het te duur
Ce médicament est bon. Seulement est il trop cher
b. Dit geneesmiddel is goed . Alleen, het is te duur
Ce médicament est bon. Seulement, il est trop cher
L'emploi de toch ou alleen sans inversion du sujet dans (30b-31b) se rapproche donc
nettement du statut de conjonction à part entière. Autrement dit, l'existence des deux
possibilités quant à l'ordre des mots pour ces adverbes est révélatrice d'un avancement
sur la chaîne de grammaticalisation. 10
Contrairement à toch ou alleen, anders occupe toujours le deuxième type de position
initiale et de ce fait, ne peut fonctionner comme une véritable conjonction. Autrement
dit, s'il ressemble aux conjonctions du point de vue sémantique et en partie pour des
raisons formelles (notamment à cause de la clivée qui est exclue, et de sa position
préférentielle à l'initiale) 11, il reste malgré tout un adverbe, puisqu'il entraîne toujours
l'inversion du sujet. Que l'on compare avec mais qui en revanche n'entraîne jamais
l'inversion du sujet:
10
Il est significatif à cet égard que l'emploi sans inversion du sujet est plus courant dans le néerlandais
du Nord, qui est considéré comme plus innovateur que le néerlandais du Sud.
11
Avec la réserve émise plus haut quant au statut de ce test.
10
(32)
a. Hij telefoneerde haar vaak. Maar hij schreef haar nooit
Il téléphonait lui souvent mais il écrivait lui jamais
b. Hij telefoneerde haar vaak. Anders schreef hij haar
Il téléphonait lui souvent. Autrement écrivait il lui
Ainsi, la comparaison avec le néerlandais permet de mettre à nu le caractère
foncièrement hybride des adverbes étudiés ici par un moyen formel qui ne trouve pas
d'application en français.
5. Conclusions
La réponse à la question de savoir si autrement et anders fonctionnent de manière
analogue dans les deux langues est en grande partie positive. En effet, nous avons
montré que les deux adverbes ont une double fonction, en tant qu'adverbe
intraprédicatif d'une part et extraprédicatif d'autre part. Qu'ils s'emploient tous les
deux comme connecteur s'explique sans doute par leur sens intrinsèque, l'expression
de l'altérité étant par définition anaphorique. Ils remplissent ainsi naturellement la
condition que Molinier & Levrier (2000:48) considèrent comme essentielle pour la
catégorie des adverbes conjonctifs. Par ailleurs, on peut considérer que les deux
langues illustrent au moyen de leurs adverbes autrement et anders respectivement
qu'il existe une chaîne de grammaticalisation qui mène des adverbes aux connecteurs.
Nous avons observé également deux grandes différences entre les deux langues.
D'une part, l'ordre des mots fonctionne de manière foncièrement différente en
néerlandais qu'en français. Ainsi, nous avons vu que même l'adverbe intraprédicatif
peut se mettre en tête de phrase, puisque tous les constituants peuvent être antéposés
pour des raisons de focus, de sorte que le test de l'antéposition est moins opératoire
qu'en français. En outre, la position du sujet devant ou derrière le verbe joue un rôle
crucial en néerlandais. Le fait que l'emploi de anders en tête de phrase entraîne
toujours l'inversion (à l'encontre de ce qu'on observe pour certains autres adverbes
conjonctifs) suggère qu'il n'a certainement pas atteint le stade de conjonction.
D'autre part, nous avons constaté que l'adverbe conjonctif néerlandais anders
s'emploie dans un contexte où autrement serait exclu en français, à savoir le anders à
valeur métadiscursive ou expressive qui introduit un commentaire ou une restriction
par rapport à l'énoncé précédent. Cet emploi illustre ce que Traugott a appelé la
subjectivisation (voir note 3). Dans la mesure où la subjectivisation peut être
considérée comme le stade ultime du processus de grammaticalisation, on peut
conclure que la grammaticalisation de l'adverbe néerlandais est légèrement plus
avancée que celle de autrement.
Notons que le cas de anders vérifie un principe émis par Heine (1993; voir aussi
Lamiroy 1999) sur la relative indépendance des paramètres mis en jeu lors d'un
processus de grammaticalisation: sémantiquement parlant, anders présente des
emplois qui témoignent d'un degré avancé de grammaticalisation, alors que
syntaxiquement, il se définit clairement comme un adverbe du fait d'entraîner
l'inversion du sujet lorsqu'il est antéposé. Cette observation appelle un double
commentaire. D'une part, la grammaticalisation étant un processus dynamique,
graduel, il est naturel d'observer ce genre de chevauchements. D'autre part, les faits du
néerlandais suggèrent que dans un processus de grammaticalisation, l'évolution
sémantique devance le changement syntaxique, hypothèse qui resterait à creuser et à
vérifier dans d'autres domaines.
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Nous voudrions pour finir mentionner un dernier fait qui suggère que les données que
nous avons examinées dans cette petite étude de autrement vs anders sont à analyser
en termes de grammaticalisation. Il s'agit, une fois de plus, de faits comparatifs. On
constate en effet que des langues considérées comme moins grammaticalisées pour
des raisons tout à fait indépendantes (Lamiroy 1999) telles l'espagnol (33) ou
l'allemand (34), ne présentent pas le double emploi, intraprédicatif et extraprédicatif,
que nous avons constaté ici pour autrement et anders. Dans ces deux langues, les
deux emplois correspondent à des adverbes distincts:
(33)
(34)
a. Habría que actuar de otra manera
Il faudrait agir autrement
b. No juegues, sino perderás dinero
Ne joues pas, sinon tu perdras de l'argent
c. Ha adelgazado, pero sino hace buena cara
Il a maigri mais autrement il a bonne mine
a. Es könnte nicht anders sein
Il ne pouvait en être autrement
b. Arbeite tüchtig, sonst würdest du mit mir zu tun haben
Travaille durement, autrement tu m'entendras
c. Das Fleisch war gut, aber in übrigen war die Mahlzeit nicht
besonders
La viande était bonne, autrement le repas était assez insignifiant
En anglais en revanche, la langue sans doute la plus grammaticalisée des langues
occidentales, l'adverbe otherwise présente la même ambigüité qu'en français et en
néerlandais: il est soit adverbe de manière (35a), soit adverbe conjonctif. L'adverbe
conjonctif présente les deux emplois décrits ici, celui de l'hypothèse négative (35b) et
celui de la complémentarité (35c):
(35)
a. It could not be otherwise
Il ne pouvait en être autrement
b. Work hard, otherwise you will be hearing from me
Travaille durement, autrement tu m'entendras
c. The meat was good, otherwise the meal was pretty nondescript
La viande était bonne, autrement le repas était assez insignifiant
Notons qu'en tant qu'adverbe de manière, il se limite pratiquement à des expressions
figées, ce qui suggère qu'il ne reste qu'un fossile de son emploi originel. Autrement
dit, s'il s'emploie surtout comme adverbe conjonctif, c'est qu'il est en fait plus
grammaticalisé que autrement.
L'italien, langue romane plus grammaticalisée que l'espagnol, s'aligne plutôt sur le
français et le néerlandais, altrimenti présentant la même polysémie que autrement et
anders. Si dans (36a) il fonctionne comme adverbe de manière, il exprime l'hypothèse
négative dans (36b) et la complémentarité dans (36c) :
(36)
a. Non ho potuto fare altrimenti
Je n'ai pas pu faire autrement
b. Venga prima delle 4, altrimenti non mi troverà
12
Venez avant quatre heures, autrement vous ne me trouverez pas
c. E dimagrito ma altrimenti sembra in forma
Il a maigri mais autrement il a l'air en forme
Qu'une langue soit plus grammaticalisée qu'une autre veut donc dire deux choses:
d'une part, les éléments qui subissent un processus de grammaticalisation sont plus
avancés sur la chaîne de grammaticalisation (comme le néerlandais anders par rapport
au français autrement) et d'autre part, la langue présente des phénomènes de
grammaticalisation à des endroits où d'autres langues ne les présentent pas (encore?),
tel que le montre ici le contraste entre l'anglais, le français et l'italien d'une part et
l'allemand et l'espagnol d'autre part.
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Références
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