Camarade Staline, embrasse mon cul » leslivres

Le Soir Vendredi 15 avril 2011
44 leslivres
bref
jeunesse
roman illustré
Le souhait de Treehorn ✶ ✶ ✶
FLORENCE PARRY HEIDE
EDWARD GOREY
Fin avec ce titre de la trilogie entamée avec Le rapetissement de
Treehorn (réédition de l’introuvable Théophile a rétréci) et Le
trésor de Treehorn. Un travail entamé en 1971 et qui séduit toujours autant par sa fraîcheur et
sa quête de liberté. Dans ce troisième volume, toujours finement illustré en noir et blanc,
Treehorn s’apprête à fêter son
anniversaire dans l’indifférence
parentale, lorsqu’un génie surgit d’une jarre. Qui dit génie dit
vœux à émettre. Trois évidemment. Une histoire joyeusement loufoque entre chapeau
maternel vert, factures paternelles, employé du gaz et rêves
d’enfant. Dès 6 ans. (L. C.)
traduit de l’américain par Oskar, Attila, 80 p., 11 euros.
coffret
Petit-camion ✶ ✶
Petit-bateau ✶ ✶
Petit-avion ✶ ✶
MICHEL GAY
Reprise sous coffret de trois albums parus en 1982. Trois histoires pleines de vie sur des objets humanisés. Petit-camion
exécute des transports mais
ses émotions sont proches de
celles des enfants. Petit-bateau
s’en va gaiement en mer jusqu’à ce qu’une tempête le surprenne et que le phare le sauve.
Petit-avion s’amuse à faire des
cabrioles dans le ciel. Quand la
simplicité est aussi délicieuse,
elle est parfaitement suffisante.
Dès 18 mois. (L. C.)
L’école des loisirs, 3 volumes tout carton, 12,50 euros.
album
L’auberge de Nulle Part ✶ ✶ ✶
J. PATRICK LEWIS
ROBERTO INNOCENTI
Réédition bienvenue de ce magnifique album sorti en 2002 et
qui n’a pas pris une ride. La curieuse aventure d’un peintre
parti rechercher son imagination perdue. Un album de toute
beauté. Dès 9 ans. (L. C.)
Simon, qui refusait
de se marier
Le cochon est prêt à tout pour échapper à l’emprise de sa marieuse
de mère. Un album tout en finesse que « Le mariage de Simon ».
Les coups de cœur de
Frédéric Deville,
de la librairie OBAO,
40 rue Middelbourg à Boitsfort.
SIMON et sa maman ne sont pas
tout à fait sur la
même longueur
d’ondes : elle
veut qu’il se marie tout de suite,
il estime qu’il a
bien le temps. ©
AGNÈS DESARTHE
ANAÏS VAUGELADE
L’école des loisirs
56 p., 12,50 euros
S
imon, le « cochon magnifique »,
n’a qu’un seul souci : sa mère !
Et on le comprend. Alors qu’il a
une vie proche de la perfection,
partagée entre se rouler dans
une mare de boue et grignoter
des branches et des racines en cas de fringale,
il a les oreilles qui chauffent à force d’entendre la voix maternelle lui répéter, matin, midi
et soir, chaque jour de l’année : « Dis, Simon,
quand est-ce que tu te maries ? » Elle lui mettrait pas un peu la pression, là ? En tout cas,
elle va voir ce qu’elle va voir. Et Simon aussi
finalement, mais il ne le sait pas encore.
On retrouve avec plaisir Le mariage de Simon, cette histoire d’Agnès Desarthe qui
était parue en 1992 dans la belle collection
« Renardeau » de L’école des loisirs, illustrée
alors par Louis Bachelot. Elle reparaît aujourd’hui avec les illustrations très réussies
d’Anaïs Vaugelade, grande spécialiste en porcinets comme on le sait : elle a créé l’épatante
série des Quichon (sept titres parus).
Et donc le temps passe dans la maisonnette, entre le désespoir de la mère à l’idée de ne
pas marier son fils et l’espoir de Simon d’être
bientôt trop vieux pour convoler. Sauf que le
cochon est encore tout jeune et qu’il n’en a
pas terminé avec les projets maritaux de sa
mère. Surtout que cette dernière, lassée de
l’inertie de son fils, fait appel à Bouliba. Une
marieuse professionnelle !
La Reine Alice, Lydia Flem,
roman, Seuil
La merditude des choses,
Dimitri Verhulst, roman, Denoël
L’écologie en bas de chez moi,
Iegor Gran, récit, P.O.L.
Un traître à notre goût, John
Le Carré, roman, Seuil
Dôme I et Dôme II, Stephen
King, thriller, Albin Michel
le libraire
jeunesse
Le mariage de Simon ✶ ✶
les choix
le Soir
Faust, Goethe/Delacroix,
beau livre, Diane de Selliers
Prélude de cristal, Bernard
Tirtiaux, roman, JC Lattès
Gaëlle et Hector le nuage, Ania
Lemin, album jeunesse, Grandir
Comment Woody Allen
peut changer votre vie, Eric
Vartzbed, essai, Seuil
Les Mots de ma vie, Bernard
Pivot, biographie, Albin Michel
L’ÉCOLE DES LOISIRS.
les ventes
Classement établi avec les
magasins Carrefour et Fnac
(Belgique).
1. L’appel de l’ange, Guillaume
Musso, roman, XO
2. Le cimetière de Prague,
Umberto Eco, roman, Grasset
3. Indignez-vous !, Stéphane
Hessel, essai, Indigène
4. Le pays des grottes sacrées,
J. M. Auel, roman, Presses de la
cité
5. Faute de preuves, Harlan
Coben, roman, Belfond
choix entre les trois candidates amenées par
Bouliba. Trois cochonnes « plus moches les
unes que les autres », estime-t-il avant d’en
détailler les défauts : l’une est bossue, l’autre
a une verrue sur le nez, la troisième a de la
moustache. Quoi ?, hurleront les féministes ? Mais non, ce n’est qu’une ruse de Simon
pour mieux se faire respecter. D’ailleurs, il demande aux trois ce qu’elles pensent de lui et
se voit unanimement remballé. Serait-il sauvé ? Non, c’est encore trop tôt.
Ni ses cauchemars, ni ses tentatives de fui-
te ne donnent de résultat. Bouliba revient le
lendemain avec trois autres postulantes,
« plus belles les unes que les autres ». Simon
flanche, il les veut toutes les trois. Non. Finalement, il n’en veut qu’une, la dernière, parce
qu’elle lui sort un argument qu’il comprend.
Et que les féministes apprécieront.
Un album qui, sous son apparente légèreté,
explore les rapports au sein de la famille et de
la société. Et surtout, plaide pour la liberté de
choix d’un compagnon de vie, qu’on soit une
fille ou un garçon. Dès 6 ans. LUCIE CAUWE
Editeur responsable
Patrick Hurbain
Rue Royale, 100, 1000 Bruxelles
Responsable du supplément
Lucie Cauwe 02-225.55.05
[email protected]
traduit de l’anglais par Anne Krief,
Gallimard Jeunesse, 48 p., 16,95 ¤.
Deux salves de candidates
Pauvre Simon qui a désormais en face de
lui non pas une mais deux femmes décidées à
faire de lui un mari. Cela donne lieu à une scène cocasse où Simon est invité à faire son
bande
dessinée
«Camarade Staline, embrasse mon cul»
bédé-reportage
bande dessinée
L’art de voler ✶ ✶ ✶
Voyage aux îles
de la Désolation ✶ ✶ ✶
ALTARRIBA
KIM
Denoël Graphic
224 p., 22 euros
EMMANUEL LEPAGE
Les dernières terres, le bout du
monde : Emmanuel Lepage a
mis cap au sud pour les îles de
Crozet, Amsterdam et SaintPaul, perdues entre l’Afrique et
l’Australie. Il a mouillé aux Kerguelen, le pinceau baigné de
nuages et de lumières indigo. Il
a crayonné les manchots papous, les éléphants de mer, les
chionis et les spectres des
grands explorateurs déchus.
Un rêve à livre ouvert sur le
spectacle de l’aube du monde.
(Da. Cv.)
Futuropolis, 160 p., 24 euros.
E
crivain culte en Espagne, Antonio Altarriba a fait fantasmer
la péninsule en érotisant la ligne claire avec Tintin et le Lotus Rose.
Professeur coquin de littérature française à l’Université du Pays Basque, ce
faux luron signe aujourd’hui L’art de
voler, le roman biographique posthume de son père, un autre Antonio Altarriba. Son récit est mis en images par
Kim. Le dessinateur catalan, célèbre
pour avoir fouetté l’extrême droite de
ses caricatures satiriques, fait revivre
un siècle d’histoire où l’Espagne a perdu ses illusions, ses idéaux et ses espadrilles sous la botte des dictateurs.
Meilleure bande dessinée de langue
espagnole en 2010, cette petite bombe
anarchiste raconte l’histoire simple
d’un homme qui refusera toujours
d’abdiquer devant l’obscurantisme.
Antonio Altarriba père a rêvé d’abattre l’exploitation de l’homme par
l’homme.
A nonante ans, il préférera s’envoler
par la fenêtre de l’hospice pour mourir
debout plutôt qu’à genoux. Antonio incarne tous les espoirs et toutes les désillusions d’un XXe siècle où le vent de la
liberté n’a cessé de souffler contre les
ordres nouveaux. Il a refusé de chanter
l’air des « chemises neuves ». Antonio
a fréquenté les communautés anarchistes où les produits s’échangeaient sans
argent contre la foi pour un avenir
plus juste, en chantant « Camarade
Staline, embrasse-nous le cul ». Il a
supporté des scènes de guerre affreuses entre franquistes et républicains
au volant fou de son cabriolet HispanoSuiza converti en ambulance de fortune. Après la défaite, il a été parqué
dans les camps de réfugiés français de
Cyprien-plage.
Antonio ne s’est jamais résigné à la
métamorphose du cafard. Il a échappé
à la déportation, a appris à boire le pastis et a vécu ses plus grands bonheurs
dans la résistance antifasciste. Antonio préférait le sexe à la prière. Il a eu
ses heures de faiblesse et de marché
noir mais son esprit a toujours gardé le
besoin de s’évader, entre deux femmes, pour refaire le monde.
DANIEL COUVREUR
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ANTONIO fils
retrace le destin d’Antonio
père : un siècle d’histoire
d’Espagne.
© DENOËL GR.
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APRÈS SHUTTER ISLAND, CHRISTIAN DE METTER ADAPTE
>www.
SCARFACE
Le sombre parcours du gangster balafré
© Casterman/Payot & Rivages, 2011
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14/04/11 18:15 - LE_SOIR
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du 15/04/11 - p. 44