Synthe`se - John Libbey Eurotext
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Synthèse Risques chimiques dans les filières de traitement des DEEE Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017. MARIE-THÉRÈSE LECLER FRANÇOIS ZIMMERMANN ALAIN CHOLLOT ÉRIC SILVENTE INRS Département Ingénierie des Procédés 1, rue du Morvan 54519 Vandoeuvre cedex France <[email protected]> <francois.zimmermann @inrs.fr> <[email protected]> <[email protected]> Tirés à part : M.-T. Lecler Résumé. Conséquence des cycles de vie des consommables de plus en plus courts et d'un contexte réglementaire de plus en plus contraignant, le secteur du recyclage des déchets a largement évolué depuis une quinzaine d'années. Dans les filières de traitement des déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE), de nombreux risques sont présents et notamment le risque chimique qui est particulièrement préoccupant. Le manque d'éco-conception, l'augmentation des flux ainsi que l'organisation des postes de travail et des procédés de traitement de ces équipements en fin de vie sont, en grande partie, responsables des expositions professionnelles – plomb, cadmium, baryum, yttrium et mercure – dans les principales filières de traitement primaires – écrans à tubes cathodiques et lampes usagées – et secondaires – cartes électroniques, câbles électriques et plastique. L'évaluation du risque chimique par filière et par procédé de traitement présentée dans cet article a permis de réaliser un état des lieux du secteur d'activité, d'identifier les opérations les plus polluantes et de hiérarchiser les actions de prévention à mettre en œuvre pour réduire le risque chimique à la source. Les propositions d'ingénierie de prévention relatives à l'amélioration des installations existantes testées en laboratoire et sur site contribueront à la réduction du risque chimique dans ces filières de traitement des DEEE et favoriseront la conception et le développement de procédés « propres et sûrs » dans les filières émergentes. Mots clés : déchets dangereux ; déchets électroniques ; équipement et fournitures électriques ; évaluation des risques ; gestion des déchets ; matières plastiques ; tubes à rayons cathodiques. Abstract Chemical risks in WEEE recycling sectors Growth in the waste recycling sector has been considerable in the last 15 years due to the ever shorter life cycles of consumables and increasingly restrictive regulations. Waste electrical and electronic equipment (WEEE) processing sectors involve numerous risks: the chemical risks are of particular concern. The lack of ecodesign, increased waste flow, and the organisation of work stations and end-of-life recycling processes are the principal causes of occupational exposure to lead, cadmium, barium, yttrium and mercury in the main primary (cathode ray tubes and used bulbs) and secondary (electronic boards, electrical cables and plastic) recycling sectors. The chemical risk assessment by sector and process described in this paper has enabled us to inventory this general sector, identify the most polluting operations and prioritise prevention actions to reduce these chemical risks at the source. Prevention engineering proposals for improving existing installations, tested in the laboratory and on site, will contribute to reducing these risks in WEEE recycling sectors and will promote the design and development of clean and safe processes in emerging sectors. Key words: Cathode Ray tube; electrical equipment and supplies; electronic waste; hazardous waste; plastics; risk assessment; waste management. Risques chimiques dans les filie res Pour citer cet article : Lecler MT, Zimmermann F, Chollot A, Silvente E. de traitement des DEEE. Environ Risque Sante 2012 ; 11 : 378-96. doi : 10.1684/ers.2012.0560 378 Environ Risque Sante – Vol. 11, n8 5, septembre-octobre 2012 doi: 10.1684/ers.2012.0560 Article reçu le 11 avril 2012, accepté le 24 juillet 2012 Risques chimiques dans les filières de traitement des DEEE Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017. C haque année, plus de 1,5 million de tonnes de déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE) sont générés par les entreprises et les ménages. Ces déchets ont un taux de croissance élevé : de 3 à 5 % par an (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie [ADEME]). Force est de constater que les équipements électriques et électroniques ont envahi notre quotidien et que le rythme de remplacement de ces produits s'est sensiblement accéléré.En France, la mise en application de la directive européenne 2002/96/CE du 27 janvier 2003 transposée par le décret français du 20 juillet 2005 et l'agrément des quatre éco-organismes (Écosystèmes, Ecologic, European Recycling Platform [ERP] et Récylum) fin 2006 ont engendré une dynamique économique dans les filières des DEEE, un renforcement de l'activité des entreprises existantes et la création d'établissements capables de gérer ces déchets. Dans un premier temps, 4 kg de DEEE par habitant ^tre récupérés chaque année avec un taux de devaient e recyclage/réutilisation et de valorisation situé entre 50 et 80 %. En 2009, la collecte a atteint 5,7 kg par habitant selon les types d'équipement et, à ce jour, le taux est supérieur à 6,5 kg par habitant (données provisoires), avec un taux de recyclage/réutilisation et de valorisation variant de 71 à 91 % dépassant ainsi l'objectif fixé par la directive DEEE. Outre ces contraintes réglementaires, le fort développement des filières s'explique également par l'intér^ et des matières recyclables que les équipements contiennent (métaux ferreux, plastiques, métaux non ferreux, verres) qui deviennent des matières premières secondaires. La gestion des DEEE est organisée en cinq filières de traitement : traitement des écrans, des lampes usagées, des petits appareils en mélange (PAM), des gros électroménagers (GEM) froid et hors froid (GEM HF). Ces cinq filières primaires alimentent des filières de traitement secondaires : traitement des cartes électroniques, des câbles et des plastiques. Ces filières s'organisent autour d'une activité générant potentiellement des risques de toutes natures pour les salariés, notamment du risque chimique (certains DEEE sont classés comme déchets dangereux au sens du décret du 18 avril 2002) car ils contiennent des éléments toxiques (plomb, mercure) (annexe 1). ^tre Chaque filière, primaire ou secondaire, peut e concernée par cette problématique en fonction du caractère émissif des process, procédés et opérations mis en œuvre (démantèlement, tri et broyage). Cet article a pour objectif de présenter une évaluation du risque chimique dans plusieurs de ces filières de traitement en France (écrans, lampes, cartes électroniques, câbles électriques et plastiques) et de proposer des solutions de réduction du risque pour certaines opérations de traitement. Environ Risque Sante – Vol. 11, n8 5, septembre-octobre 2012 Description des filières Filières primaires Traitement des écrans La filière de traitement des écrans comprend les écrans à tubes cathodiques (TRC) et les écrans plats (LCD et plasma). Cet article privilégiera la description des écrans TRC qui représentent majoritairement le flux d'écrans à traiter, les procédés de traitement et l'organisation de la filière des écrans TRC étant par ailleurs matures et stabilisés : – un écran TRC se compose d'une coque (plastique ou bois), de circuits électroniques et câbles électriques, d'un déviateur, d'un canon à électrons et d'un tube cathodique ; – le tube cathodique est un dispositif d'affichage utilisé dans la plupart des écrans d'ordinateurs, de téléviseurs et d'oscilloscopes. Il est composé de verres, de métaux, de composés chimiques et de matériaux pulvérulents (figure 1) ; – la dalle contient des oxydes de baryum et de strontium et le cône contient de l'oxyde de plomb. Ces deux verres sont soudés par une fritte à haute teneur en plomb et en zinc [1, 2] ; – un dépôt est présent sur la paroi interne de la dalle. Il est constitué de deux couches très minces de quelques centièmes de millimètres d'épaisseur : une couche conductrice d'aluminium et une couche constituée de poudres luminescentes. Les composés luminescents, bombardés par des électrons, émettent des lumières de couleur rouge, bleue et verte. L'activité de traitement des tubes cathodiques se décompose en trois étapes : Cône (verre au plomb) Canon à électrons Col du tube (verre au plomb) Dalle (verre au baryum) Opercule (pour mise à la pression atmosphérique) Fritte au plomb Bande anti-implosion Poudres luminescentes déposées à la surface intérieure de la dalle (terres rares, cadmium) Figure 1. Schéma d'un tube cathodique couleur (# Sophie Boulet pour l'INRS, extrait de ED 6089). Figure 1. Diagram of a colour cathode ray tube (# Sophie Boulet for INRS, extracted from ED 6089). 379 M-T. Lecler, et al. – le démantèlement des écrans ; – la préparation du tube ; – la dépollution des tubes cathodiques. Démantèlement des écrans Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017. Le démantèlement des écrans permet d'extraire le tube cathodique. L'opérateur sépare manuellement le boîtier, le plus souvent en plastique, les câbles, les cartes électroniques, le déviateur en cuivre, le canon à électrons et le tube cathodique qu'il perce pour remettre le tube à la pression atmosphérique afin d'éviter les risques d'implosion [3]. Préparation du tube La préparation du tube qui comprend la découpe de la bande anti-implosion et le nettoyage du tube (étiquettes, colle), avec ou sans casse du canon à électrons. L'opérateur découpe manuellement la bande anti-implosion au moyen d'une meuleuse portative ou d'une meuleuse à poste fixe. Il enlève les étiquettes et les résidus de colle avec une spatule ou une meuleuse portative. Dépollution des tubes cathodiques La dépollution des tubes cathodiques est réalisée selon deux types de procédés : – le premier, basé sur la découpe du tube au niveau de l'interface verre de dalle/verre de cône et la récupération des poudres luminescentes par aspiration ou brossage à ^tre réalisée l'humide. Cette séparation des verres peut e soit manuellement, soit par un procédé au fil chaud (procédé VICOR1 – video computer recycling) ou par un procédé semi-automatisé au moyen de disques de découpe ; – le second, basé sur le broyage mécanique ou manuel du tube entier et la récupération des poudres luminescentes soit par aspiration ou après lavage des morceaux de verre dans un bol vibrant. Les poudres luminescentes récupérées sont envoyées en centre d'enfouissement technique de classe 1 et les autres fractions sont valorisées comme matières premières secondaires [2, 4]. Traitement des lampes usagées La filière des lampes usagées comprend les tubes fluorescents, les lampes fluo-compactes, les lampes à iodure métallique, les lampes à vapeur de mercure, les lampes sodium haute pression, basse pression et les lampes à LED. Ces lampes sont constituées d'un tube en verre de diamètre variable avec à chaque extrémité, des électrodes formées d'un filament de tungstène. La face interne du tube est enduite d'une poudre luminescente. Une gouttelette de mercure est introduite à une des extrémités lors de la fabrication. Le tout est plongé dans une atmosphère gazeuse à base d'argon et de krypton. Une 380 lampe est composée de verre, métaux, plastiques et poudres luminescentes. L'objectif du traitement est de séparer ces différentes ^tre valorisées ou considérées fractions qui peuvent e comme des déchets ultimes (mercure). Deux types de procédés de traitement des lampes usagées coexistent : – le procédé end cut-air push (coupage-soufflage). Dans une enceinte confinée en légère dépression, les culots métalliques, extrémités des tubes fluorescents, sont découpés et acheminés dans des contenants adaptés après séparation des éléments ferreux et non ferreux par voie magnétique. Les poudres déposées sur la face interne des tubes sont soufflées par jets d'air comprimé et recueillies dans un cyclone ou filtre à manches puis stockées dans des fûts dédiés. Les tubes exempts de poudres luminescentes sont acheminés vers un broyeur de manière à faciliter leur mise en conteneur avant expédition vers leur filière de valorisation. Ce procédé nécessite un tri préalable des tubes fluorescents par taille et par diamètre ; – les procédés par broyage, dont la complexité varie selon les exigences et l'organisation des filières de valorisation. Les broyats sont ensuite conditionnés dans des conteneurs rigides (fûts, caisses) ou souples (big bag). La mise en place du broyeur en zone confinée n'est pas systématique au sein de la filière de traitement des tubes et lampes usagés. Quel que soit le procédé utilisé, les poussières et les vapeurs de mercure sont aspirées au niveau du broyeur ou au niveau de l'enceinte de confinement, et recueillies respectivement au travers d'un filtre à manches et d'un filtre à charbon actif traité spécifiquement pour l'adsorption du mercure. Filières secondaires Traitement des cartes électroniques Une carte électronique est une plaque fabriquée à partir de matériaux composites (résine époxy, bakélite), doublée d'une ou de plusieurs fines couches de cuivre. Il existe des cartes dites « riches » et des cartes dites « pauvres » en fonction de la quantité et la qualité des composants présents sur les cartes. Les cartes électroniques sont extraites par les opérateurs de traitement des écrans, des PAM, du GEM et des équipements multimédias. Elles sont regroupées et pré-broyées puis traitées par des affineurs de métaux ferreux et non ferreux par pyroou/et hydrométallurgie. Traitement des câbles électriques Les câbles électriques sont principalement constitués de métaux (cuivre, aluminium) et de plastiques (polyvinyle chlorure [PVC], polyéthylène, caoutchouc. . .). Le traitement des câbles s'effectue majoritairement par broyage et par traitement thermique. Environ Risque Sante – Vol. 11, n8 5, septembre-octobre 2012 Risques chimiques dans les filières de traitement des DEEE Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017. Traitement des plastiques Les plastiques issues des DEEE sont diversifiés (acrylonitrile butadiène styrène [ABS], polyéthylène [PE], polycarbonate [PC], PVC. . .). Généralement, les plastiques sont triés puis broyés en vue de leur valorisation. Les DEEE des filières présentées ci-dessus contiennent des substances toxiques (ex : métaux dans l'ensemble des filières, vapeur de mercure dans les lampes usagées, polychlorobiphényles (PCB) et polybromobiphényles (PBB) composants des retardateurs de flammes dans les plastiques, cartes et câbles). Les différentes opérations de traitement (ex : tri, démantèlement, broyage) sont susceptibles de libérer ces polluants dans les atmosphères de travail. Des campagnes d'évaluation des niveaux d'exposition professionnelle et de pollution ont été réalisées pour évaluer le risque chimique dans un échantillonnage représentatif d'entreprises des filières de traitement présentées. ont été prélevés et analysés semi-quantitativement par spectrométrie d'émission plasma (ICP Varian 720-ES). Les résultats sont donnés avec une valeur limite de quantification de 0,05 mg/m3. La granulométrie des poudres et des poussières a été déterminée au moyen d'un granulomètre MALVERN, Mastersizer X basé sur la diffraction de la lumière, équipé d'une lentille de focale 45 mm montée en Fourier inverse, permettant d'assurer une gamme de mesures comprises entre 0,1 et 80 mm. Des observations ont également été réalisées sur un microscope électronique à balayage (MEB) à effet de champ de marque Jeol, modèle 7400-F. Sa résolution en image d'électrons secondaires peut atteindre 1 nm. Le système de microanalyse energy dispersive spectrometry (EDS) associé au MEB est de marque Princeton Gamma Technologies (PGT), modèle Spirit. Il permet de déterminer les éléments chimiques présents dans le matériau observé lorsque leurs teneurs atteignent au moins 1 % en masse. Évaluation des niveaux d'exposition et de pollution Méthodologie de l'évaluation du risque chimique Le tableau 1 présente la synthèse des entreprises françaises visitées, des campagnes d'évaluation et de prélèvements réalisées dans les filières primaires et secondaires de traitement des DEEE. Le tableau 2 présente les polluants analysés par filière. Les principales filières identifiées sont deux filières de traitement primaires – TRC et lampes usagées – et quelques filières de traitement secondaires – cartes électroniques, câbles électriques et plastiques. L'évaluation du risque chimique et les actions de prévention ont été réalisées dans ces filières de traitement. Caractérisation des polluants dans les différentes fractions des déchets et dans les poussières Des échantillons de poussières, de broyats, de poudres luminescentes et d'autres fractions entrantes et sortantes L'évaluation des niveaux d'exposition et de pollution aux poussières et aux métaux a été réalisée respectivement à l'aide de prélèvements d'atmosphères individuels et en ambiance. Les aérosols de particules correspondant à la fraction inhalable (< 100 mm) ont été prélevés à un débit de 2 litres par minute en cassette fermée de 37 mm sur des capsules en PVC soudée sur un filtre en acétate de cellulose (Accu-CapTM). Après détermination de la concentration pondérale par gravimétrie (INRS Metropol 002), les analyses chimiques ont été réalisées par spectrométrie d'émission plasma après dissolution des capsules et minéralisation du résidu (INRS Metropol 003). Le mercure a été prélevé sur des tubes Hydrar SKC Anasorb C300/500 mg à un débit de 2 litres par minute. L'analyse a été réalisée par spectrométrie d'émission plasma par déplacement de la vapeur froide après extraction. La durée des prélèvements était comprise entre trois et cinq heures, en fonction du temps des postes de travail, et toujours représentative de l'activité journalière. Tableau 1. Répartition des campagnes de mesures. Table 1. Distribution of measurement campaigns. Filière de traitement Écrans à tubes cathodiques (TRC) Lampes usagées Cartes électroniques Câbles électriques Plastiques Total Entreprises visitées Entreprises ayant fait l'objet d'une campagne de mesures Nombre de prélèvements individuels Nombre de prélèvements ambiants Nombre de prélèvements surfaciques 12 8 5 1 9 35 9 6 2 1 2 20 155 77 9 7 5 253 177 177 25 8 6 393 67 52 2 121 Environ Risque Sante – Vol. 11, n8 5, septembre-octobre 2012 381 M-T. Lecler, et al. Tableau 2. Polluants recherchés par filière de traitement. Table 2. Pollutants sought by specific waste sector. Risque chimique Filière de traitement Poussières inhalables totales Métaux et terres raresa Hgb PCB-PBB x x x x x x x x x x x - x x x Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017. Écrans à tubes cathodiques (TRC) Lampes usagées Cartes électroniques Câbles électriques Plastiques PCB : polychlorobiphényles/polychlorobiphenyls ; PBB : polybromobiphényles/polybrominated biphenyls. a Al, Ba, Be, Cd, Ce, Cr, Er, Eu, Fe, Gd, La, Mn, Ni, Pb, Pr, Sb, Sn, Si, Tb, Ti, Y, Yb, Zn. b Vapeurs de mercure/mercury vapor. Ces prélèvements et analyses ont été complétés par des mesures instantanées en lecture directe des concentrations des polluants (poussières, granulométrie des poussières et vapeurs de mercure) au moyen d'analyseurs optiques portables (photomètre MIE Personnal DataRam, LightHouse Handheld 3016-IAQ) et d'un détecteur de mercure (Mercury Tracker 3000) au cours d'opérations ponctuelles ou en mobilité dans les unités de traitement. Des prélèvements surfaciques sur la peau des salariés et sur les surfaces de travail ont également été réalisés au moyen de lingettes GhostWipes. Les prélèvements de surface sur les postes de travail ont concerné des surfaces de 10 10 cm. Les prélèvements de surface sur la peau des opérateurs ont privilégié les mains et le cou. Les lingettes sont ensuite dissoutes à chaud à l'eau régale et à l'acide perchlorique. Après filtration, les solutions jaugées sont dosées par spectrométrie d'émission plasma. Définition des indicateurs de risque Les niveaux d'exposition et de pollution des filières de traitement étudiées ont été estimés pour chacun des 767 points de prélèvements atmosphériques et surfaciques. Chaque prélèvement renseigne sur le niveau de concentration de près de 25 agents chimiques, fournissant in fine plus de 19 000 concentrations ponctuelles exploitables. Par nécessité de synthèse, cinq indicateurs globalisant ou pondérant l'ensemble des résultats ont été retenus pour évaluer les niveaux d'exposition et les niveaux de pollution dans les filières DEEE présentées. Les valeurs limites d'exposition professionnelle (VLEP 8 h) [5] de chaque agent chimique, publiées par le ministère en charge du Travail, seront utilisées comme données de référence pour définir ces indicateurs et/ou apprécier leurs niveaux. Les quatre premiers indicateurs concernent les niveaux d'exposition et de pollution atmosphérique : – la concentration pondérale en individuel (en mg/m3) est la poussière totale inhalable (diamètre aérodynamique 382 inférieur à 100 mm) récupérée au cours des prélèvements individuels, à proximité des voies respiratoires. La VLEP 8 h pour les poussières inhalables sans effet spécifique (10 mg/m3) sera considérée, à titre indicatif, puisqu'une toxicité intrinsèque des aérosols est à noter de par la présence de polluants spécifiques, certains possédant leur propre VLEP ; – la concentration pondérale en ambiance (en mg/m3) obtenue par prélèvement de la poussière totale inhalable à des points d'atmosphères fixes dans les entreprises ; – l'indice d'exposition (IE) correspond à la somme des rapports (concentration/VLEP 8 h) des polluants analysés à partir des prélèvements individuels. Pour les agents chimiques sans VLEP 8 h, la VLEP 8 h de 10 mg/m3 est attribuée pour le calcul. Les IE obtenus seront conventionnellement comparés à la valeur 1. L'indicateur IE utilisé ici est un indice indicatif globalisé d'exposition ne reflétant pas une toxicité réelle, les effets synergiques des polluants considérés étant méconnus ; – l'indice de pollution (IP) correspond à la somme des rapports (concentration/VLEP 8 h) des polluants analysés à partir des prélèvements en ambiance. De m^ eme que pour les IE, les IP obtenus sont des indices indicatifs globalisés de pollution qui seront conventionnellement comparés à la valeur 1. Le cinquième indicateur concerne les niveaux d'exposition et de pollution surfaciques. Il n'existe toutefois pas de valeurs limites réglementaires ou faisant consensus concernant la pollution surfacique. Seul le plomb possède une valeur de référence de 10 mg/dm2, valeur exigée en santé publique dans les habitats après travaux [6]. La quantité de plomb sur les surfaces de travail (en mg/dm2) et la peau des salariés (mains et cou – en mg) sera retenue comme marqueur de la contamination surfacique. Les boîtes à moustaches sont utilisées pour représenter graphiquement les résultats de chaque indicateur. La distribution est donnée par la valeur minimale, le premier quartile (P25), la médiane, le troisième quartile (P75) et la valeur maximale. La valeur moyenne est indiquée par un point bleu. Environ Risque Sante – Vol. 11, n8 5, septembre-octobre 2012 Risques chimiques dans les filières de traitement des DEEE électriques et plastiques). Les deux filières primaires comprennent des opérations de traitements diversifiées (tri, démantèlement, opérations de dépollution : découpe, broyage, retrait des poudres) alors que dans les filières secondaires présentées, le broyage est l'opération principale. Les graphiques montrent d'importantes disparités du risque chimique entre les filières et au sein d'une m^ eme filière (écarts interquartiles et étendues). Les variations des niveaux d'exposition et de pollution au sein d'une m^ eme filière s'expliquent en partie par la diversité des opérations et procédés de traitement rencontrés. L'évaluation du risque chimique est présentée ciaprès filière par filière, et pour chaque opération et procédé de traitement. Résultats et discussion 10,00 1,00 0,10 Écrans à tubes cathodiques Lampes usagées Cartes électroniques, câbles électriques et plastiques Filière de traitement des écrans à tubes cathodiques Les analyses des poudres luminescentes provenant de différents tubes cathodiques ont mis en évidence la Concentration pondérale en ambiance (mg/m3) Concentration pondérale en individuel (mg/m3) La figure 2 et les tableaux 3 à 6 présentent la synthèse des résultats des concentrations en poussières inhalables, les IE et IP pour l'ensemble des filières. L'ensemble des filières de traitement étudiées présente des niveaux de risques préoccupants. Tous les indicateurs de risque proposés mettent en évidence des niveaux d'exposition et de pollution importants, autant pour les filières primaires (écrans et lampes usagées) que pour les filières secondaires (cartes électroniques, câbles 100,00 10,00 1,00 0,10 0,01 Écrans à tubes cathodiques Lampes usagées Cartes électroniques, câbles électriques et plastiques Écrans à tubes cathodiques Lampes usagées Cartes électroniques, câbles électriques et plastiques 100,00 Indices de pollution 10,00 Indices d'exposition Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017. Panorama du risque chimique dans les filières de traitement primaires (écrans à tubes cathodiques, lampes usagées) et secondaires (cartes électroniques, câbles électriques, plastiques) 1,00 0,10 0,01 Écrans à tubes cathodiques Lampes usagées Cartes électroniques, câbles électriques et plastiques 10,00 1,00 0,10 0,01 Figure 2. Concentrations pondérales en individuel, en ambiance et indices d'exposition, de pollution pour les différentes filières de traitement des déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE). Figure 2. Individual and environmental concentrations of total inhalable dust and exposure and pollution indices for the different waste electrical and electronic equipment (WEEE) sectors. Environ Risque Sante – Vol. 11, n8 5, septembre-octobre 2012 383 M-T. Lecler, et al. Tableau 3. Résultats des concentrations pondérales en individuel (mg/m3). Table 3. Individual concentrations of total inhalable dust (mg/m3). Filières de traitement Tubes cathodiques Lampes usagées Cartes électroniques, câbles électriques et plastiques Nombre de mesures Moyenne Étendue Médiane P25 P75 135 40 21 4,7 4,4 6,1 0,5-29,0 0,7-13,2 1,7-24,2 2,4 4,2 3,0 1,3 2,1 2,2 4,9 6,4 7,7 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017. Tableau 4. Résultats des concentrations pondérales en ambiance (mg/m3). Table 4. Environmental concentrations of total inhalable dust (mg/m3). Filières de traitement Tubes cathodiques Lampes usagées Cartes électroniques, câbles électriques et plastiques Nombre de mesures Moyenne Étendue Médiane P25 P75 159 143 38 2,4 3,0 7,9 0,04-39,0 0,0-149,0 0,2-57,0 1,3 0,6 1,7 0,6 0,4 0,8 2,2 1,1 7,6 Nombre de mesures Moyenne Étendue Médiane P25 P75 157 77 21 1,6 0,6 1,0 0,0-15,8 0,0-2,5 0,1-3,6 0,6 0,5 0,7 0,3 0,2 0,2 1,2 0,8 1,0 Tableau 5. Résultats des indices d'exposition. Table 5. Exposure indices. Filières de traitement Tubes cathodiques Lampes usagées Cartes électroniques, câbles électriques et plastiques présence d'yttrium, d'aluminium, d'europium, de baryum, de plomb, de fer, de cérium et des traces de cadmium, nickel, chrome, étain, antimoine, manganèse, praséodyme et de gadolinium. Ces résultats montrent une grande diversité de la composition des poudres en fonction du tube cathodique et de la marque. Les verres de cône et de dalle contiennent, en outre, du plomb et du baryum. Les granulométries des poudres et des poussières en suspension dans l'air prélevé aux différentes opérations mettent en évidence que la totalité des poussières est inhalable et 50 % correspondent à la fraction alvéolaire (diamètre aérodynamique inférieur à 5 mm). Les diamètres médians des particules sont environ de 5 mm. Les analyses en microscopie électronique à balayage montrent la présence d'agglomérats ou d'agrégats de particules ultrafines (figure 3). La figure 4 et les tableaux 7 à 10 présentent la synthèse des résultats des concentrations en poussières, les IE et IP pour la filière des TRC. Les résultats mettent en évidence de très fortes expositions des salariés aux poussières quelles que soient les opérations. Les concentrations pondérales en individuel varient de 0,5 à 29 mg/m3 et en ambiance de 0 à 39 mg/m3. Les IE des salariés varient de 0 à 16 et les IP de 0 à 24. Tableau 6. Résultats des indices de pollution. Table 6. Pollution indices. Filières de traitement Tubes cathodiques Lampes usagées Cartes électroniques, câbles électriques et plastiques 384 Nombre de mesures Moyenne Étendue Médiane P25 P75 159 148 39 0,8 0,6 2,1 0,0-23,6 0,0-8,3 0,0-21,4 0,4 0,3 0,4 0,2 0,2 0,1 0,6 0,5 2,1 Environ Risque Sante – Vol. 11, n8 5, septembre-octobre 2012 INRS SEI 2.0kV X9,500 1µm WD 2.9mm INRS SEI 2.0kV X45,000 100nm WD 3.0mm Figure 3. Images microscope électronique à balayage (MEB) de poudres luminescentes d'écran à tubes cathodiques. 10,00 1,00 0,10 Démantèlement Préparation des tubes Dépollution : découpe du tube Dépollution : broyage du tube Concentration pondérale en ambiance (mg/m3) Concentration pondérale en individuel (mg/m3) Figure 3. Scanning electron microscopy (SEM) images of luminescent power from a cathode ray tube screen. 10,00 1,00 0,10 0,01 Démantèlement Préparation des tubes Dépollution : découpe du tube Dépollution : broyage du tube Démantèlement Préparation des tubes Dépollution : découpe du tube Dépollution : broyage du tube 100,00 10,00 10,00 Indices de pollution Indices d'exposition Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017. Risques chimiques dans les filières de traitement des DEEE 1,00 0,10 0,01 Démantèlement Préparation des tubes Dépollution : découpe du tube Dépollution : broyage du tube 1,00 0,10 0,01 Figure 4. Concentrations pondérales en individuel, en ambiance et indices d'exposition, de pollution pour les différentes opérations de traitement dans la filière des écrans. Figure 4. Individual and environmental concentrations of total inhalable dust and exposure and pollution indices for different treatment operations in the waste screen sector. Environ Risque Sante – Vol. 11, n8 5, septembre-octobre 2012 385 M-T. Lecler, et al. Tableau 7. Résultats des concentrations pondérales en individuel (mg/m3). Table 7. Individual concentrations of total inhalable dust (mg/m3). Opérations de traitement Démantèlement Préparation des tubes Dépollution : découpe du tube Dépollution : broyage du tube Nombre de mesures Moyenne Étendue Médiane P25 P75 59 40 16 20 2,5 5,1 3,9 11,3 0,6-8,1 0,8-29,0 0,5-10,5 1,2-29,0 1,7 2,3 3,3 8,2 1,1 1,4 1,4 2,9 3,4 5,2 5,2 20,5 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017. Tableau 8. Résultats des concentrations en ambiance (mg/m3). Table 8. Environmental concentrations of total inhalable dust (mg/m3). Opérations de traitement Démantèlement Préparation des tubes Dépollution : découpe du tube Dépollution : broyage du tube Nombre de mesures Moyenne Étendue Médiane P25 P75 82 28 28 21 1,1 2,8 1,9 7,4 0,0-3,4 0,5-8,7 0,2-23,7 0,1-39,0 1,0 2,1 1,1 4,0 0,5 1,4 0,6 1,5 1,6 3,7 1,4 7,6 Nombre de mesures Moyenne Étendue Médiane P25 P75 75 41 15 20 0,5 2,0 1,0 5,1 0,0-1,6 0,1-13,8 0,1-2,9 0,3-15,8 0,5 1,2 0,6 2,9 0,2 0,5 0,2 0,7 0,8 3,0 2,0 9,2 Tableau 9. Résultats des indices d'exposition. Table 9. Exposure indices. Opérations de traitement Démantèlement Préparation des tubes Dépollution : découpe du tube Dépollution : broyage du tube Démantèlement des écrans Lors du démantèlement des écrans, les opérateurs sont exposés en particulier au plomb (niveau d'exposition max : 1 VLEP Pb). Il est probable que la casse du canon à électron contribue à leur exposition, de par la composition du verre du col du tube cathodique. Les niveaux d'exposition (concentration pondérale en individuel et IE) des salariés sont plus importants que les niveaux de pollution (concentration pondérale en ambiance et IP). La pollution se localise principalement au niveau des postes de travail et est générée par les opérations manuelles de démantèlement. Préparation des tubes cathodiques La préparation des tubes cathodiques génère une pollution importante pour les opérateurs (niveaux d'exposition max : 4,5 VLEP Pb, 6,2 VLEP Cd, 3,0 VLEP Ba) et dans l'atmosphère de travail (niveaux de Tableau 10. Résultats des indices de pollution. Table 10. Pollution indices. Opérations de traitement Démantèlement Préparation des tubes Dépollution : découpe du tube Dépollution : broyage du tube 386 Nombre de mesures Moyenne Étendue Médiane P25 P75 81 28 29 21 0,3 1,0 0,4 3,2 0,0-1,3 0,1-2,5 0,1-2,1 0,1-23,6 0,3 0,8 0,4 1,6 0,2 0,6 0,1 0,6 0,4 1,5 0,6 2,6 Environ Risque Sante – Vol. 11, n8 5, septembre-octobre 2012 Risques chimiques dans les filières de traitement des DEEE pollution max : 2,1 VLEP Pb, 0,8 VLEP Cd, 0,6 VLEP Ba), notamment en raison d'opérations de meulage. Ces fortes expositions s'expliquent en partie par l'entaille, au cours du retrait de la bande anti-implosion, des verres de cône, de dalle et de la fritte qui génère des émissions de poussières contenant plomb, baryum et éventuellement du cadmium (pour les écrans anciens). Les vitesses importantes d'émission des particules contribuent à la pollution d'ambiance. 10 000 Quantité de plomb 1 000 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017. Opérations de dépollution des tubes 100 10 1 Pour les opérations de dépollution des tubes, l'exposition des salariés est également importante avec des empoussièrements et des concentrations en polluants spécifiques élevées (niveaux d'exposition max : 5,8 VLEP Pb, 8,7 VLEP Cd, 2,9 VLEP Y). Les valeurs individuelles mettent en évidence une forte hétérogénéité des niveaux d'exposition en fonction du procédé utilisé. L'opération de broyage manuel expose fortement les salariés. Cette exposition peut s'expliquer par la mise en suspension des poudres luminescentes pulvérulentes lors de la casse du verre des tubes cathodiques. Les indicateurs d'ambiance montrent des niveaux de pollution élevés des atmosphères de travail. Les opérations annexes au traitement des écrans, comme par exemple les opérations de maintenance et de ^tre très exposantes pour nettoyage, peuvent également e les salariés et leur environnement de travail. Ces résultats sont confortés par des prélèvements surfaciques (figure 5 et tableau 11) qui mettent en évidence la présence de polluants métalliques en quantités variables sur les postes de travail et sur la peau des opérateurs. Table (µg/dm2) Cou (µg) Main (µg) Démantèlement Table (µg/dm2) Cou (µg) Main (µg) Préparation des tubes cathodiques Figure 5. Prélèvements surfaciques en plomb sur les surfaces de travail, le cou et les mains des opérateurs. Figure 5. Surface samples of lead on work surfaces and operators' necks and hands. granulométriques mettent en évidence que les poudres et les poussières échantillonnées ont un diamètre médian de 7 à 8 mm et une fraction de particules ultrafines (fraction nanoparticulaire) estimée entre 2 et 10 % en masse (figures 6 et 7). La figure 8 et les tableaux 12 à 15 présentent la synthèse des résultats des concentrations en poussières, les IE et IP pour la filière des lampes usagées. Les résultats mettent en évidence de fortes expositions des salariés aux polluants. Les concentrations pondérales en individuel varient de 1,1 à 13,2 mg/m3 et en ambiance de 0 à 149 mg/m3. Les IE varient de 0 à 2,5 et les IP de 0,2 à 8. Filière de traitement des lampes usagées Déchargement et introduction des lampes usagées La pollution présente est de type minéral caractérisée par des poussières à effets spécifiques issues principalement des poudres luminescentes et par des vapeurs de mercure. Les poudres luminescentes, composées de métaux et de terres rares (yttrium, aluminium, gadolinium, antimoine, europium, manganèse, baryum, plomb), sont très facilement émissives dans les atmosphères de travail en raison de leur pulvérulence. Les analyses Lors du déchargement et de l'introduction des lampes usagées dans les procédés de traitement, les salariés sont exposés en particulier à l'yttrium (niveau d'exposition max : 1 VLEP), au plomb (niveau d'exposition max : 0,9 VLEP) et aux vapeurs de mercure (niveau d'exposition max : 0,5 VLEP). Cette pollution est principalement générée par la casse de nombreuses lampes au cours de leur manutention. Tableau 11. Résultats des prélèvements surfaciques en plomb. Table 11. Surface samples of lead. Opérations Démantèlement Préparation des tubes Surface Table (mg/dm2) Cou (mg) Main (mg) Table (mg/dm2) Cou (mg) Main (mg) Nombre de mesures 11 14 13 1 3 4 Environ Risque Sante – Vol. 11, n8 5, septembre-octobre 2012 Moyenne Étendue Médiane P25 P75 1 458,2 63,7 249,5 994,0 66,5 211,7 9,2-6 222,4 7,3-146,3 18,7-543,1 24,0-110,6 81,1-481,4 683,0 53,0 216,9 64,9 142,2 123,7 34,1 150,6 24,0 100,1 2 515,5 88,4 346,1 110,6 323,2 387 M-T. Lecler, et al. SEI 2.0kV X10,000 WD 3.0mm 1µm INRS SEI 1.0kV X65,000 100nm WD 2.6mm Figure 6. Large particle with aggregates of ultrafine particles. Figure 7. Aggregates of ultrafine particles present in the luminescent powder. Concentration pondérale en ambiance (mg/m3) Figure 7. Agrégats de particules ultrafines présents dans la poudre luminescente. Concentration pondérale en individuel (mg/m3) Figure 6. Grosse particule avec des agrégats de particules ultrafines. 100,00 10,00 1,00 0,10 Déchargement manuel + introduction Tri des tubes Traitement Traitement des tubes : des tubes et end cut-air push lampes : broyage 10,00 1,00 0,10 0,01 Déchargement manuel + introduction Tri des tubes Traitement Traitement des tubes : des tubes et end cut-air push lampes : broyage Déchargement manuel + introduction Tri des tubes Traitement Traitement des tubes : des tubes et end cut-air push lampes : broyage 10,00 1,00 Indices de pollution Indices d'exposition Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017. INRS 0,10 0,01 1,00 0,10 0,01 Déchargement manuel + introduction Tri des tubes Traitement Traitement des tubes : des tubes et end cut-air push lampes : broyage Figure 8. Concentrations pondérales en individuel, en ambiance et indices d'exposition, de pollution pour les opérations de traitement dans la filière des lampes usagées. Figure 8. Individual and environmental concentrations of total inhalable dust and exposure and pollution indices for treatment operations in the used bulb waste sector. 388 Environ Risque Sante – Vol. 11, n8 5, septembre-octobre 2012 Risques chimiques dans les filières de traitement des DEEE Tableau 12. Résultats des concentrations pondérales en individuel (mg/m3). Table 12. Individual concentrations of total inhalable dust (mg/m3). Opérations de traitement Nombre de mesures Moyenne Étendue Médiane P25 P75 14 4 8 32 5,6 4,0 3,8 4,6 1,1-13,2 2,0-6,6 1,1-7,5 0,7-13,2 5,3 3,8 2,8 4,3 2,9 2,4 2,3 2,1 6,5 5,7 5,7 6,4 Déchargement manuel + introduction Tri des tubes Traitement des tubes : end cut-air push Traitement des tubes et lampes : broyage Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017. Tableau 13. Résultats des concentrations pondérales en ambiance (mg/m3). Table 13. Environmental concentrations of total inhalable dust (mg/m3). Opérations de traitement Nombre de mesures Moyenne Étendue Médiane P25 P75 6 26 64 74 1,2 0,7 5,5 1,0 0,7-13,2 0,0-3,4 0,0-149,0 0,1-6,5 1,3 0,6 0,5 0,7 0,8 0,3 0,3 0,4 1,5 0,9 1,0 1,2 Nombre de mesures Moyenne Étendue Médiane P25 P75 15 16 30 47 0,9 0,3 0,3 0,8 0,2-2,5 0,0-1,1 0,0-1,1 0,1-2,5 0,6 0,1 0,2 0,6 0,5 0,1 0,1 0,3 1,3 0,3 0,5 1,2 Déchargement manuel + introduction Tri des tubes Traitement des tubes : end cut-air push Traitement des tubes et lampes : broyage Tableau 14. Résultats des indices d'exposition. Table 14. Exposure indices. Opérations de traitement Déchargement manuel + introduction Tri des tubes Traitement des tubes : end cut-air push Traitement des tubes et lampes : broyage Tri des lampes usagées Le tri des lampes usagées expose les salariés en particulier à l'yttrium et aux vapeurs de mercure (niveaux d'exposition max : 0,5 VLEP Y, 0,6 VLEP Hg). Cette pollution provient à la fois de la casse des tubes lors du tri, et également des tubes déjà cassés présents dans les caisses. Les vapeurs de mercure sont émises dès lors que les lampes sont ouvertes, cassées ou broyées. Les vapeurs se diffusent alors en continu avec un pic de concentration dans les premières minutes de la mise à pression atmosphérique de la lampe. Les émissions de mercure, initialement présent sur les fractions solides, se poursuivent bien au-delà de la phase d'ouverture, de casse ou de traitement. Tableau 15. Résultats des indices de pollution. Table 15. Pollution indices. Opérations de traitement Déchargement manuel + introduction Tri des tubes Traitement des tubes : end cut-air push Traitement des tubes et lampes : broyage Nombre de mesures Moyenne Étendue Médiane P25 P75 6 26 64 79 0,9 0,4 0,8 0,5 0,2-4,0 0,0-2,6 0,0-8,3 0,1-4,0 0,3 0,2 0,2 0,3 0,2 0,1 0,1 0,2 0,4 0,4 0,5 0,6 Environ Risque Sante – Vol. 11, n8 5, septembre-octobre 2012 389 M-T. Lecler, et al. En effet, la cinétique d'émission du mercure est liée à la répartition de ses espèces chimiques et de ses états physiques. Le mercure présent dans une lampe en fin de vie se répartit de la façon suivante : soit sous forme vapeur émise dans les premiers instants de l'ouverture, soit sous forme adsorbée sur les fractions (embouts métalliques, verres, poudres) se libérant sous la forme de vapeurs dans les heures et les jours suivants. Quantité de plomb (µg) 1 000 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017. Opérations de traitement des lampes Pour les opérations de traitement des lampes, l'exposition des salariés est importante avec des empoussièrements et des concentrations en polluants spécifiques élevées (niveau d'exposition max : 1 VLEP Y, 0,9 VLEP Pb, 1,7 VLEP Hg), quel que soit le procédé (end cut-air push et broyage). Les procédés de broyage des tubes et lampes sont toutefois plus émissifs en fonction du degré de confinement des broyeurs et en raison de l'absence de dépollution avant broyage, contrairement aux procédés end cut-air push. Dans tous les cas, la gestion des fractions sortantes et le nettoyage/maintenance des procédés sont des opérations particulièrement exposantes (concentration pondérale en ambiance de 149 mg/m3 et IP de 8,3). En outre, des prélèvements surfaciques ont mis en évidence qu'une pollution existe sur la peau des opérateurs (figure 9 et tableau 16). Filière de traitement des cartes électroniques, câbles électriques, plastiques Les cartes électroniques sont composées essentiellement de résines époxy (le support), d'étain, de plomb, d'aluminium, de fer et d'autres métaux en quantités plus faibles. La fraction métallique représente 13 %. Les analyses MEB de broyats de cartes pauvres et de cartes riches ont mis en évidence la présence de fibres minérales artificielles (figure 10) avec des phases majoritaires de SiO2 et Al2O3. INRS LEI 2.0kV X500 WD 6.7mm 10µm Carte électronique pauvre 100 10 1 Cou Main Cou Main Traitement des tubes : end cut-air push Tri des tubes Cou Main Traitement des tubes et lampes : broyage Figure 9. Prélèvements surfaciques en plomb sur le cou et les mains des opérateurs. Figure 9. Surface samples of lead on operators' necks and hands. Les poussières issues du broyage des plastiques contiennent en majorité des polymères avec 0,7 % de métaux (terbium, antimoine, aluminium et fer). Les analyses granulométriques mettent en évidence que seuls 13 % des broyats sont inférieurs à 100 mm (fraction inhalable). Il est à noter que les concentrations de PCB et PBB relevées dans des échantillons de broyats de cartes électroniques, câbles électriques et plastiques sont très faibles. La figure 11 et les tableaux 17 à 20 présentent la synthèse des résultats des concentrations en poussières, les IE et IP. Les filières secondaires de traitement sont également des filières à risque. Les concentrations pondérales en individuel varient de 1,7 à 24,2 mg/m3 et en ambiance de 0,2 à 57 mg/m3. Les IE varient de 0,1 à 3,6 et les IP de 0,0 à 21,4. INRS LEI 2.0kV X500 WD 14.2mm 10µm Carte électronique riche Figure 10. Images microscope électronique à balayage (MEB) de broyats de cartes électroniques. Figure 10. Scanning electron microscopy (SEM) image of ground electronic card waste. 390 Environ Risque Sante – Vol. 11, n8 5, septembre-octobre 2012 Risques chimiques dans les filières de traitement des DEEE Tableau 16. Résultats des prélèvements surfaciques en plomb. Table 16. Surface samples of lead. Opérations Surface Tri des tubes Traitement des tubes : end cut-air push Moyenne Étendue Médiane P25 P75 3 3 3 3 18 17 9,0 19,2 8,8 57,2 30,0 40,4 7,1-11,0 18,7-20,0 5,2-12,0 43,7-83,2 3,0-128,5 12,3-93,2 8,8 18,9 9,3 44,6 13,2 31,4 7,1 18,7 5,2 43,7 5,1 25,7 11,0 20,0 12,0 83,2 25,9 54,7 Traitement des câbles électriques Traitement des cartes électroniques Les mesures d'exposition lors du traitement des câbles électriques mettent en évidence des concentrations en poussières élevées (niveau d'exposition max : 1 VLEP Pb, niveau de pollution max : 5,8 VLEP Pb). 100 10 1 Cartes électroniques Câbles électriques Plastiques Concentration pondérale en ambiance (mg/m3) Concentration pondérale en individuel (mg/m3) Le traitement des cartes électroniques expose les opérateurs à un risque chimique important (niveau d'exposition max : 2,1 VLEP Pb). Les atmosphères de ^tre très polluées (niveaux de pollution travail peuvent e max : 17,7 VLEP Pb, 0,8 VLEP Sn). 100,0 10,0 1,0 0,1 Cartes électroniques Câbles électriques Plastiques Cartes électroniques Câbles électriques Plastiques 10,00 Indices de pollution 10,00 Indices d'exposition Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017. Traitement des tubes et lampes : broyage Nombre de mesures Cou (mg) Main (mg) Cou (mg) Main (mg) Cou (mg) Main (mg) 1,00 0,10 0,01 1,00 0,10 0,01 Cartes électroniques Câbles électriques Plastiques Figure 11. Concentrations pondérales en individuel, en ambiance et indices d'exposition, de pollution pour les filières de traitement secondaire. Figure 11. Individual and environmental concentrations of total inhalable dust and environmental and pollution indices for secondary treatment sectors. Environ Risque Sante – Vol. 11, n8 5, septembre-octobre 2012 391 M-T. Lecler, et al. Tableau 17. Résultats des concentrations pondérales en individuel (mg/m3). Table 17. Individual concentrations of total inhalable dust (mg/m3). Filières de traitement Nombre de mesures Moyenne Étendue Médiane P25 P75 Cartes électroniques Câbles électriques Plastiques 9 7 5 5,9 5,2 7,7 1,7-13,5 1,9-11,0 2,1-24,2 2,4 3,9 2,8 2,2 2,1 2,2 9,0 7,7 7,0 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017. Tableau 18. Résultats des concentrations pondérales en ambiance (mg/m3). Table 18. Environmental concentrations of total inhalable dust (mg/m3). Filières de traitement Nombre de mesures Moyenne Étendue Médiane P25 P75 Cartes électroniques Câbles électriques Plastiques 24 11 6 9,5 3,3 8,4 0,2-57,0 0,4-8,2 0,3-45,0 3,3 2,4 1,4 0,7 1,5 0,4 9,7 7,4 1,8 Tableau 19. Résultats des indices d'exposition. Table 19. Exposure indices. Filières de traitement Nombre de mesures Moyenne Étendue Médiane P25 P75 Cartes électroniques Câbles électriques Plastiques 9 7 5 1,3 0,9 0,5 0,1-3,6 0,4-1,9 0,1-1,0 0,2 0,9 0,4 0,1 0,4 0,2 2,0 0,9 0,7 10 mg/dm2) et sur la peau des opérateurs (quantité de plomb au niveau du cou : 8 mg). Broyage des plastiques Pour le broyage des plastiques, les niveaux d'empous^tre très élevés (concentration ponsièrement peuvent e dérale individuelle max : 24,2 mg/m3, concentration pondérale en ambiance : 45,0 mg/m3), avec des concentrations en plomb non négligeables (niveau d'exposition max : 0,6 VLEP Pb). Il est probable que les polluants métalliques proviennent d'un transfert de pollution. Les niveaux d'exposition et de pollution dans les filières de traitement secondaires dépendent essentiellement du confinement des broyeurs, de la gestion des fractions sortantes et du flux traité. Des prélèvements surfaciques réalisés dans la filière des cartes électroniques mettent en évidence la présence de polluants métalliques en quantités variables sur les postes de travail (concentration surfacique en plomb : Conclusions générales, recommandations et mesures de prévention Opérationnelles depuis 2006, les filières des DEEE sont les filières déchets ayant les plus fortes croissances en termes de flux. Afin d'accompagner leur développement, l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS) a dressé un panorama sans équivalent en France du risque chimique professionnel associé aux différentes Tableau 20. Résultats des indices de pollution. Table 20. Pollution indices. Filières de traitement Nombre de mesures Moyenne Étendue Médiane P25 P75 Cartes électroniques Câbles électriques Plastiques 25 11 6 2,8 1,2 0,1 0,0-21,4 0,1-5,9 0,0-0,3 1,3 0,6 0,1 0,1 0,3 0,1 2,7 1,8 0,2 392 Environ Risque Sante – Vol. 11, n8 5, septembre-octobre 2012 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017. Risques chimiques dans les filières de traitement des DEEE opérations et procédés mis en œuvre dans ce secteur émergent. La cartographie des expositions des salariés du secteur des DEEE a ainsi mis en évidence une contamination du personnel et des locaux de traitement due, notamment, à la présence de polluants métalliques (plomb, cadmium, mercure, yttrium). Pour aider les différents acteurs de ces filières dans leur démarche de réduction du risque chimique, l'INRS a décliné sa mission de prévention selon les axes suivants : – publication de brochures d'aide au repérage des risques et d'un dépliant d'aide à la réduction du risque chimique en collaboration avec des caisses d'assurance retraite et de la santé au travail (CARSAT) et des caisses régionales d'assurance maladie (CRAM) et des écoorganismes (Écosystèmes et Récylum) [7-9] ; – études plus fondamentales des mécanismes d'émissions de polluants nécessaires à la conception de procédés moins émissifs ; – développement et recommandation de solutions techniques de réduction du risque chimique validées en entreprises. Concernant la filière des écrans TRC, la mise en œuvre de dosseret aspirant ou de plénum soufflant associé à un dispositif de captage sont des moyens efficaces pour protéger les opérateurs lors des étapes de démantèlement. ^tre réalisée sur La préparation des tubes doit idéalement e un poste de travail conçu spécifiquement pour cette opération et constitué d'une enceinte munie d'un dispositif de ventilation. Les opérations particulièrement expo^tre proscrites. santes, telles le broyage manuel, doivent e Le broyage sera réalisé de préférence de manière mécanique et automatisée avec un confinement en dépression. Concernant la filière des lampes usagées, les opérations de tri, lorsqu'elles sont nécessaires, seront réalisées sur des tables munies d'aspiration. Le broyage des lampes usagées nécessitera également un confinement en dépression. Par ailleurs, le traitement particulier des tubes fluorescents par le procédé end cut-air push semble ^tre moins exposant que les procédés par broyage. Il est e cependant à noter que, du fait de sa plus faible ^tre remplacé par productivité, le premier a tendance à e le second dans les entreprises. Un soin particulier devra ^tre apporté au stockage des fractions sortantes contae minées au mercure. Concernant les filières secondaires, le broyage est le procédé récurrent. Les mesures réalisées ont mis en évidence des niveaux d'empoussièrement importants qu'il conviendra de réduire par la mise en place de dispositifs de captage sur les broyeurs. Enfin, les ateliers de recyclage dans leur ensemble ^tre dotés d'une ventilation générale couplée à doivent e un apport d'air de compensation. En complément de ces recommandations techniques et de manière plus générale, une meilleure prévention du risque professionnel passe par la formation et l'information des salariés et l'application de mesures d'hygiène strictes (interdiction de boire, manger, fumer sur les lieux du travail, lavage des mains et du visage pour éviter tout risque de contamination par ingestion avant les pauses et les repas, douche après le travail, changement des v^ etements après le travail et nettoyage par l'entreprise des v^ etements de travail) pour éviter le risque de transfert de contamination du milieu du travail vers le milieu familial. Par ailleurs, étant donné le caractère cancérogène mutagène ou reprotoxique de certains composés émis lors des phases de traitement, les salariés doivent bénéficier d'une surveillance médicale renforcée complétée par des dosages biométrologiques dans certains cas. Dans un contexte de développement de nouvelles filières, la mise en œuvre de procédés propres et sûrs répondant tant aux exigences de recyclage, de l'environnement que de l'hygiène du travail sera favorisée par leur prise en compte dès la phase de conception. & Remerciements et autres mentions Merci à Jérôme Grosjean, Juliette Jannot, Nathalie Monta, Yves Morèle, Thérèse Nicot, Olivier Rastoix, Isabelle Subra et à toutes les équipes techniques du département ingénierie des procédés de l'INRS qui ont contribué aux analyses et aux solutions techniques de prévention. Merci aux éco-organismes, Écosystèmes et Récylum, et aux entreprises qui ont participé à cette étude. ^ ts : aucun. Financement : aucun ; conflits d'intére Références 1. Menad N. Cathode ray tube recycling, resources. Conservation and Recycling 1999 ; 26 : 143-54. 4. Bernardo E, Albertini F. Glass foams from dismantled cathode ray tubes. Ceramics International 2006 ; 32 : 603-8. 2. Andreola F, Barbieri L, Corradi A, Lancellotti I, Falcone R, Hreglich S. Glass ceramics obtained by the recycling of end of life cathode ray tubes glasses. Waste Manag 2005 ; 25 : 183-9. 5. Groupe de travail CARSAT/CRAM/INRS/Récylum/Ecosystème. Valeurs limites d'exposition professionnelle aux agents chimiques en France – Aide mémoire technique. Paris : INRS, 2012. 3. DIGITIP, MINEFI, FIEEC, ELEN, SCRELEC. Comment évaluer la qualité des prestations et regroupement et de traitement des DEEE. Rapport d'étude. Paris : Terra, 2003. www.industrie.gouv. fr/pdf/deee.pdf Environ Risque Sante – Vol. 11, n8 5, septembre-octobre 2012 6. Arr^ e té du 12 mai 2009 relatif au contrôle des travaux en présence de plomb. Guide de prévention DTE 208, Le risque plomb, CRAMIF. 393 M-T. Lecler, et al. usagées. Documents pour le médecin du travail. Collection DMT assistance, TP 12. Paris, 2011. 8. Zimmermann F, Lecler MT, Ihoua S, Silvente E, Chollot A. Risques chimiques dans la filière de valorisation des lampes 9. Les écrans à tubes cathodiques – Comment réduire le risque chimique. Édition INRS ED 6089. Paris : INRS, 2011. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017. 7. La filière des lampes usagées – Aide au repérage des risques dans les points de collecte et les entreprises de collecte et de recyclage. Édition INRS ED 6043. Paris : INRS, 2008. 394 Environ Risque Sante – Vol. 11, n8 5, septembre-octobre 2012 Risques chimiques dans les filières de traitement des DEEE Annexe 1 Les risques chimiques Poussières, poudres luminescentes, plomb, cadmium, baryum et mercure Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017. Les poussières Les poussières sont présentes dans les filières de traitement des écrans à tubes cathodiques (TRC), des lampes usagées, des cartes électroniques, des câbles électriques et des plastiques. Les poussières sont un mélange de particules suffisamment légères pour rester en suspension dans l'air. En hygiène industrielle, on distingue plusieurs fractions granulométriques des poussières, les deux principales sont la fraction inhalable (< 100 mm) qui représente toutes les particules susceptibles d'être inhalées, et la fraction alvéolaire (Dae50 < 4 mm) qui représente les particules les plus fines qui peuvent pénétrer jusqu'aux alvéoles pulmonaires. Toutes les poussières, quelle que soit leur nature, peuvent entraîner des effets néfastes sur les voies respiratoires lorsqu'elles sont inhalées en trop grande quantité. Même les poussières inertes non fibrosantes et sans action toxique intrinsèque peuvent entraîner des pneumoconioses dues à une surcharge pulmonaire. Pour éviter de telles pathologies, le ministère en charge du Travail a fixé des VLEP contraignantes pour les poussières inhalables et alvéolaires de 10 et 5 mg/m3, respectivement. Ces valeurs sont à respecter en moyenne sur une journée de huit heures. Les poudres luminescentes Les poudres luminescentes sont présentes uniquement dans les filières des TRC et des lampes usagées. Les poudres luminescentes permettant l'émission de la lumière visible des lampes contiennent principalement des terres rares (europium, erbium, cérium. . .) et des métaux (yttrium, aluminium, baryum, plomb, cadmium, fer. . .). Elles sont pulvérulentes (facilement mises en suspension dans l'air) et composées d'une fraction très fine (nanoparticules). Le risque d'exposition aux poudres luminescentes est présent dès lors que la lampe est ouverte ou cassée. Très peu d'études toxicologiques sont disponibles sur les terres rares. Toutefois, l'inhalation des poudres luminescentes peut entraîner des pathologies respiratoires. Des études rapportent une toxicité suite à des expositions à un mélange de terres rares et métaux contenant principalement du cérium et de l'yttrium. En milieu professionnel, l'exposition est principalement respiratoire ou cutanée. Chez l'homme, l'exposition chronique aux terres rares est associée à un risque de pneumoconiose. Plusieurs cas de pneumopathies interstitielles allant d'une infiltration nodulaire à une fibrose interstitielle ont été décrits chez des polisseurs de verre, des salariés de la reprographie ou des travailleurs exposés de façon prolongée aux poussières de terres rares provenant des électrodes des lampes à arc de carbone. Il existerait également un phénomène de biopersistance dans le tractus respiratoire expliquant l'accumulation dans les voies respiratoires en cas d'exposition chronique. Seul l'yttrium possède une VLEP sur huit heures (1 mg/m3). L'American Conference of Industrial Hygienists (ACGIH) indique que le contact cutané et l'inhalation d'yttrium sont deux voies d'exposition qui semblent être prépondérantes. L'absorption de ce composé peut provoquer des fibroses et la formation de granulomes chez les animaux lors de leur exposition par voie respiratoire. Chez le rat, une dose de 50 mg/kg a pour conséquence une nécrose hépatique après 33 jours. Selon le National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH), l'exposition à l'yttrium peut provoquer chez l'animal des irritations pulmonaires, des blessures oculaires ou des atteintes du foie. Chez l'homme, seule l'irritation oculaire semble avoir été mise en évidence. Les principaux organes cibles sont les yeux, le système respiratoire et le foie. Le plomb Le plomb (Pb) est présent dans le verre de cône, la fritte (zone de jonction entre le verre de dalle et le verre de cône), le col des tubes cathodiques et les soudures des cartes électroniques.Le plomb (et ses composés) peut pénétrer dans l'organisme par les voies digestive et respiratoire et entraîner des intoxications. Il s'accumule dans l'organisme notamment dans les os. Pendant la grossesse, ses effets néfastes sur le développement du fœtus sont reconnus. Il est également soupçonné de réduire la fertilité et d'être cancérogène. Il est également dangereux pour l'environnement.Le saturnisme, intoxication par le plomb, peut être reconnu comme maladie professionnelle au titre du tableau de maladie professionnelle no 1 du régime général de la Sécurité Sociale.Le plomb Environ Risque Sante – Vol. 11, n8 5, septembre-octobre 2012 395 M-T. Lecler, et al. possède une VLEP 8 h contraignante de 0,1 mg/m 3 (se rapporter à la fiche toxicologique de l'INRS FT-59). Le baryum Le baryum (Ba) est présent dans les filières de traitement des TRC et des lampes usagées. Le baryum et ses composés peuvent entraîner des effets néfastes sur la santé par inhalation et ingestion. Ils se déposent dans les muscles, les poumons et surtout dans les os (se reporter à la fiche toxicologique de l'INRS no 125). En France, une VLEP 8 h réglementaire indicative de 0,5 mg/m3 est fixé pour les composés solubles du baryum. Il est à noter la présence possible d'autres métaux, notamment du cadmium (Cd), classés cancérogènes dans les tubes cathodiques anciens (minitels, écrans). Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017. Le mercure Le mercure est un élément très toxique présent dans les lampes usagées. Une exposition prolongée à ce composé peut engendrer des symptômes tels qu'irritabilité, anxiété, insomnie dans un premier temps, des tremblements des doigts et de la face dans un second temps. Ces troubles s'aggravent progressivement avec des modifications du comportement. Une stomatite apparaît généralement avec l'encéphalopathie. Ces symptômes sont répertoriés dans le tableau no 2 des maladies professionnelles reconnues par le régime général de la Sécurité Sociale sous le nom d'hydrargyrisme. La VLEP du mercure a été considérée dans cet article à 0,05 mg/m3 sur huit heures. La nouvelle VLEP du mercure sera fixée à 20 mg/m3 après transposition de la directive européenne 2009/161/UE. 396 Environ Risque Sante – Vol. 11, n8 5, septembre-octobre 2012