Lexique d`archives : chartes, comptes, inventaires

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Lexique d`archives : chartes, comptes, inventaires
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INTRODUCTION
Ce lexique comporte environ 11000 vedettes. Il est le résultat du dépouillement sélectif d’un ensemble de textes
ou de séries d’archives des 14e et 15esiècles, éditées aux 19e et 20es. ; ont été privilégiés les mots et constructions
rares, les emplois qui, à la date du texte, semblent être nouveaux ou au contraire, en voie de désuétude. Ce
dépouillement a fourni 27000 fiches concernant environ 17000 formes.
Présentation matérielle des documents.
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Les documents rencontrés peuvent être classés en trois ensembles :
I.
Documents de gestion : comptes et inventaires
A. – Les comptes :
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Registres de comptes à double partie : d’un côté les recettes, de l’autre les dépenses. Les unes et les
autres sont subdivisées en paragraphes. C’est sous cette présentation qu’ont été édités les Comptes
Etat bourg.,1416-1420, les Comptes hôtel rois Fr.,1380-1481, le Compte Navarre, 1367-1371, les
Comptes argent. rois Fr., 1352-1360, les Comptes Paris, 1424-1489.
•
Extraits ayant trait uniquement aux dépenses. ainsi les Comptes Lille, 1382-1482, les Comptes roi
René, 1417-1488, les Comptes Doullens, 1363-1495.
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Pièces comptables donnant un état détaillé de travaux concernant la réfection de bâtiments avec la
quantité, la nature, le prix des matériaux utilisés. Ainsi les Comptes Archev. Rouen, 1378-1500, les
Doc. Cathédr. Troyes, 1362-1500. Dans le tome 2 du Trés. Reth., p. 594-639, se trouve une pièce
comptable, datée de 1409-1410, reproduisant dans le détail les opérations, les fournitures de
matériaux, le prix de la main d’œuvre nécessaires pour rendre habitable une maison à Mézières
(malheureusement ce texte a été établi par l’éditeur à partir d’une copie du XVIIe s. et beaucoup de
termes ont été altérés par le copiste).
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Pièces comptables insérées dans le recueil des documents relatifs au Clos galées Rouen, 1330-1418.,
et le livre de comptes de deux merciers messins, 1460-1461, Metz Comptes merciers.
B. – Les inventaires.
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À l’intérieur des livres de comptes déjà cités, nous avons quelques inventaires comme celui de
Charles le Téméraire, l’inventaire des joyaux de Philippe le Bon , celui des biens d’Arnoul de Halle,
qui se trouvent tous trois dans les Comptes Lille. L’inventaire du garde-meuble de l’argenterie dressé
en 1353 dans les Comptes argent. rois Fr. L’inventaire des joyaux donnés à la reine Isabelle lors de
son voyage en Angleterre dressé en 1400, l’inventaire des joyaux de la couronne dressé en 1418, les
inventaires de l’hôtel Saint- Pol, du Louvre, et du Petit-Séjour, dressés en 1420 et 1421, tous sont
insérés dans le choix de pièces inédites relatives au règne de Charles VI, Ch.VI.
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Nous avons dépouillé en plus l’Invent. biens Ch. Savoie, 1483-1484, et surtout dans Aff. Jacques
Cœur, l’inventaire des biens de Jacques Cœur dressé entre 1453 et 1457 par Jean Dauvet, qui en
qualité de procureur général du Parlement de Paris, fut chargé par le roi du recensement, du séquestre
et de la vente des biens de Jacques Cœur. Le journal de ce commissaire royal présente un très grand
intérêt pour l’historien de la langue. En effet, l’extraordinaire dispersion des activités de l’accusé
obligeant le procureur à se déplacer à travers toute la France, tous les interrogatoires nous apportent
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une diversité de vocabulaire considérable. Les fonctions d’un argentier consistent à pourvoir la
maison royale de tout ce qui est nécessaire pour l’ameublement et l’habillement à l’usage du roi, de
sa famille, de ses officiers : les inventaires des entrepôts nous donnent toute une terminologie des
draps, cuirs, fourrures, objets d’art en tout genre, tapisseries, bijoux, manuscrits enluminés. De plus,
J. Cœur était à la tête de nombreuses affaires et principalement d’une exploitation des mines du
Lyonnais et du Beaujolais : nous entrons ici dans un vocabulaire très intéressant qui a été peu étudié.
II.
Documents relatifs aux pratiques sociales, à l’administration, à la justice d’une
ville ou d’une région.
A. – Actes de chancellerie ; actes de pratique ; arrêts de juridiction.
1. Les textes concernant l’administration et le système de justice à Lille et dans le Nord de la France, Hist.
dr. munic., Hist. Lille, tous deux donnant des textes allant de 1330 à 1500, font connaître les principes
régissant les institutions municipales proprement dites : ce sont des actes qui accordent un octroi, une
concession de certains avantages consentis par un pouvoir à l’autorité communale, le renouvellement de
l’échevinage, statuts de la draperie, dénombrement de fief ; c’est une convention de circonstances et non
un code exposant tous les principes de droit municipal .
2. Le recueil de documents, de 1330 à 1483, concernant le Poitou, Doc. Poitou, se trouvant dans les
registres de la Chancellerie de la France, contenus dans 12 volumes, est extrêmement riche : comme dans
tous les recueils similaires, on rencontre des lettres de rémission, de grâce, de dons accordés à des
particuliers, de confirmation de privilèges pour les villes, des lettres d’amortissement et de sauvegarde en
faveur des communautés religieuses, un grand nombre d’actes destinés à régler des intérêts privés, des
conventions matrimoniales, des testaments ; mais on trouve aussi des actes d’une portée plus haute, tels
que des ordonnances royales, des accords passés entre la France et des pays étrangers, entre le roi et les
grands feudataires, des traités de paix, des mandements adressés aux baillis et aux sénéchaux, des
instructions remises aux commissaires, enquêteurs et réformateurs, en bref, tout ce qui concerne
l’administration des provinces.
3. Documents concernant des fiefs importants : celui du comté de Rethel, Trés. Reth., textes de 1330 à
1490, et celui de Laval et Vitré, Cartul. Laval, textes de 1331 à 1491. Ces documents concernent la vie et
l’administration féodale : aveux et dénombrements, arrêts de mainmise, reconnaissances de garde, lettres
de donation en échange de l’hommage, constitutions de douaire, de dots, règlements de succession, actes
de vente.
4. Les missives et mandements concernant le règne de Charles VI et celui de Charles VIII, Ch. VI, datés
de 1380 à 1422 ; celui de Charles VIII, Lettres Ch.VIII, datés de 1483 à 1498 : textes d’intérêts privés et
d’intérêt général.
5. Recueil d’actes contenant les droits temporels d’une communauté religieuse : Cartul. Hôtel-Dieu Cout.,
textes de 1331 à 1500, Cartul. St.-Victeur, textes de 1352 à 1400.
6. Les actes de la Chancellerie d’Henri VI concernant la Normandie sous la domination anglaise (14221435), Chancell. Henri VI, sont des lettres de rémission qui ont trait soit à des crimes politiques, soit à des
délits de droit commun. Ces actes, tous construits sur le même modèle, sont adressés aux officiers
responsables de l’endroit où le crime a été commis. Ils sont signés par le roi.
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7. Les extraits du registre de l’échevinage de Dijon pour l’année 1341-1342, Echevin. Dijon, qui mêle
les délibérations d’un conseil de ville aux actes judiciaires : amendes prononcées sur le rapport des
sergents, enquêtes et sentences. Ce texte nous donne un aperçu du langage parlé par les fonctionnaires
municipaux.
8. Les confessions et jugements de criminels au Parlement de Paris, Conf. Jug. Parlem. Paris, textes des
années 1332 à 1350.
B. – Coutumiers.
Il s’agit d’ouvrages où se trouve un ensemble de matières juridiques destinées à donner un cadre aux
affaires administratives et politiques ou à traiter, selon des critères plus privatifs, du droit des personnes et
des biens. Ces textes donnent des définitions de la justice, du droit, de la loi, des usages ; des paragraphes
sont consacrés aux fiefs, aux obligations du vassal vis-à-vis de son seigneur, aux problèmes de mainmorte,
douaire, succession, donation.
1. Le Coutumier bourguignon glosé, daté de la fin 14es., Cout. Bourg. Glosé, reflet du droit coutumier en
Bourgogne, est composé d’éléments multiples et variés avec des données locales, elles-mêmes d’origines
diverses, empruntées aux recueils antérieurs ou extraites d’ordonnances ducales ou résultant de décisions
judiciaires. L’une des principales sources est constituée par les anciens recueils de sentences données aux
Grands Jours de Beaune, à l’auditoire des causes d’appeaux et à des cours de bailliage ; à côté des sources
locales, d’autres sources émanant des Ordonnances royales, ou du Style des fiefs à l’usage de France, ou de
coutumiers d’autres régions comme Le Grand Coutumier de Normandie. Le texte est suivi de
commentaires sous forme de gloses en latin avec des références aux sources des droits romain
et
canonique.
2. Les Coutumes et institutions de l’Anjou et du Maine, Cout. Instit. Anjou Maine de 1385 à 1496 : les
textes présents dans ces quatre volumes font partie des ouvrages importants qui représentent la
jurisprudence aux 14es. et 15e s. Les auteurs sont des praticiens qui ont enregistré les résultats d’une longue
pratique et se sont préoccupés d’introduire des modifications ou d’édicter de nouveaux principes.
– Contenu du premier volume :
. Les Coustumes glosees d’Anjou et du Maine 1385, 181-355, sont bien connues des anciens jurisconsultes.
. Correccions de coustumes et usaiges d’Anjou et du Maine 1391, 361-373, citées par les jurisconsultes
angevins du XVes. sous le titre Reformacion des Grans Jours.
. Coustumes et stilles observez et gardez ès pays d’Anjou et du Maine, 1411, 385-605. Le texte commence
ainsi : Ce sont les coustumes et stilles observez et gardez ès pays d’Anjou et du Maine, faiz aux Grans
Jours d’Anjou par les gens du Conseil desdiz pays, en l’an mil IIIIc et unze.
– Contenu du second volume :
. Cy sont les coustumes d’Anjou et du Maine intitullées selon les rubriches de code dont les aucunes sont
concordés de droit escript, 1437, 35-561
– Contenu du troisième volume :
. Le début du volume concerne les améliorations apportées aux coutumes : un texte de 1458, 5-55, intitulé
Les usaiges et coustumes du pais d’Anjou, et un autre de 1463, 77-111, intitulé Les usaiges et stilles du
pais d’Anjou, tous deux sont des règlements faits par les gens du Conseil, comme ils en avaient le droit et
comme ils en ont usé soit avant la rédaction officielle de la coutume, soit après. Ensuite un texte de
nouvelles coutumes, 169-511, daté de 1463 : Les coustumes des pais D’Anjou et du Maine contenant
seize parties, cette nouvelle rédaction fut faite à la demande du roi René d’Anjou (cf. dans le lexique les
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articles coutumier II A, et reformation A). Les rédacteurs ont, apparemment, suivi le texte de 1411, en y
apportant des corrections et en y ajoutant un assez grand nombre de dispositions nouvelles qu’un usage
constant avait fait passer en coutumes.
– Contenu du quatrième volume :
. Nous avons tout d’abord une compilation de décisions empruntées en partie à des ordonnances royales,
en partie au droit canonique, datée de 1426, Icy après est traicté d’aucunez coustumez, usaigez et stillez,
et mesmement de ce dont on procede au pays d’Anjou, 43-121. Ensuite un texte de 1464 : Usaiges, stilles
et communes observances des pais d’Anjou et du Maine, contenant XIX parties, 123-366, où nous
trouvons des matières traitées dans les coutumes de 1411 et 1463, disposées dans un ordre que l’auteur a
voulu méthodique et augmenté de thèmes absents des coutumiers précédents ; dans ce texte, il est fait
référence aux livres anciens et en particulier à la coutume corrigée de 1463. Ensuite un texte de 1496 :
Les stilles et usages de proceder en la court laye es pays d’Anjou et du Maine nouvellement corrigez par
l’ordonnance des troys estatz desditz pais ; lesquelz ont esté publiez es principaulx sieges et jurisdicions
desditz pais, et commandé estre gardez et observez selon leur forme et teneur, 379-477 : ce style règle les
fonctions du juge ordinaire d’Anjou, du lieutenant d’Angers et du juge de la prévôté (un changement de
compétences étant intervenu à la fin du 15es.)
3. Un Coutumier du Châtelet, petit texte de 15 pages, de la fin du 15es., Cout. Chât., oeuvre privée sans
caractère officiel, sans doute l’œuvre d’un praticien qui a tenté de rédiger une compilation abrégée du
droit parisien en groupant des décisions de justice faisant jurisprudence.
III.
Artisanat urbain : métiers et corporations ; documents relatifs à la vie
économique.
Les textes dépouillés font entrevoir les métiers urbains : l’organisation de la production artisanale, les
règles de fabrication des produits, les prescriptions minutieuses édictées pour veiller à la qualité des
matières premières et à la bonne exécution du travail, la composition des ateliers, le temps de travail, tout
ce qui concerne l’entrée dans le métier, la formation des apprentis, etc.
A.- Des textes concernant la draperie : documents relatifs à la draperie à Valenciennes, datés de 1337 à
1407, Drap. Valenc., et en Flandre, datés de 1330 à 1400 , Hist. Industr. Drapière Flandre.
B. – Des textes sur l’industrie et la classe industrielle à Paris au 14es., Industr. Paris, concernant les
confréries et les corporations des bouchers, des cordouaniers, des orfèvres…
C. – Des textes concernant la vie économique sous Louis XI, datés de 1459 à 1483, Pol. Louis XI : nous
avons là des lettres concernant les métiers et leurs statuts, le commerce, la monnaie, les impositions.
D. – Les Aff. Jacques Cœur, comme nous l’avons signalé précédemment, présentent une très grande
diversité de vocabulaire, allant de la draperie à la pelleterie, l’orfèvrerie, les monnaies , les mines.
LE LEXIQUE
Graphie des vedettes.
Quand le mot existe en français moderne, la graphie actuelle a été adoptée, en retirant les accents graves et aigus,
sauf quand ils se trouvent en position finale ; l’accent circonflexe, quant à lui, a été remplacé par s lorsque
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l’étymologie le justifie, de même dans les mots issus des préfixes ex-, dis-, tres- et pour les formes
épenthétiques.
Dans le cas où le mot n’existe plus en français moderne, la graphie de Tobler-Lommatzsch a été adoptée, et si le
mot ne figure pas dans T-L, celle de Godefroy.
Structure de l’article.
– La vedette est suivie de son code grammatical.
– Sous cette vedette se trouve un champ “ dictionnaires ” qui fait référence à T-L, GD, GDC, FEW,
éventuellement DEAF, TLF. L’absence du mot dans cette liste de dictionnaires est marquée par le signe Ø.
– Le plan des articles obéit à un canevas commun aux différents lexiques : les chiffres romains signalant les
distinctions grammaticales, les lettres introduisant des distinctions sémantiques.
– Les indications métalinguistiques :
Un article ou un paragraphe peut être introduit par des indicateurs d’ordre grammatical, sémantique,
stylistique ou de domaines. La nature des sources a conduit à donner des indications de domaine, placées
avant la définition, pour un assez grand nombre de mots. Les domaines les plus mentionnés sont ARM.,
ART MILIT., CHASSE, CONSTR., DR., DR. FÉOD., DRAP., HÉRALD., MAR., MES., MINES.,
MOBIL., MONNAIES, ORFÈVR., PEAUSS., REDEV.
– Les exemples : si le choix des attestations a été commandé, en premier, par des considérations sémantiques,
j’ai jugé bon d’ajouter des exemples permettant de mettre en lumière des problèmes de graphie ou fournissant
des informations sur la vie du mot considéré. Les exemples sont donnés par ordre chronologique.
– Les articles peuvent être terminés par des remarques qui sont de deux sortes : REM., se rapporte à l’ensemble
de l’article, Rem., à une subdivision.
Ce lexique est entièrement informatisé : la plupart des objets qui le constituent ont été systématiquement balisés
et sont susceptibles d’interrogation.

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