La ruée vers l`Est : l`univers extrême de l`Empire du milieu

Transcription

La ruée vers l`Est : l`univers extrême de l`Empire du milieu
La ruée vers l’Est : l’univers extrême de l’Empire du milieu
Pourtant, au moment où la Chine reprend ce rôle de « milieu » du monde, sa réalité intérieure
n’a rien de modéré. Ironiquement, on y voit plutôt des extrêmes. Cette civilisation millénaire se
modernise à un rythme qui coupe le souffle. Les réalités des régions et des villes, ces dernières
étant beaucoup plus prospères, sont aux antipodes. Alors que la croissance économique du
pays s’accentue depuis plus de trente ans, l’écart entre les riches et les pauvres ne cesse de
s’accentuer. La mise en oeuvre des politiques de l’État, qui se veut centralisée, est souvent
mise en échec dans les régions plus éloignées que Beijing peine à garder en selle. Et alors que
la Chine procède depuis des décennies à une réforme totale de son système juridique – un
effort jamais vu dans l’histoire récente – elle demeure néanmoins aux prises avecdes lois
imparfaites et difficilement mises en oeuvre, ainsi qu’avec une profession juridique et une
magistrature dont la formation, souvent minimale, est toujours à faire.
C’est dans cette perspective que nous réalisons tous les avantages d’un tel environnement de
travail. Bouillante et en renouvellement constant, la Chine offre au professionnel du droit d’être
un témoin actif au sein d’un système juridique en pleine construction, et de mettre à l’épreuve
ses compétences au profit d’une culture du travail et de réalités entièrement nouvelles. Elle le
force à jouer de créativité pour travailler avec une clientèle souvent moins sophistiquée quant
au droit. La Chine, pour le professionnel du droit, est une sorte de Far West – ironiquement
situé en Orient, qu’on pourrait rebaptiser le
Far East
: difficile, ardu, mais où le fruit d’un labeur acharné en est d’autant plus multiplié.
Effectuer un stage dans un cabinet où le principal champ de pratique est l’immigration d’affaires
constitue un endroit rêvé pour sonder ce que le Far East offre à ceux qui osent s’y aventurer.
En quelques mois, le stagiaire est exposé à des dizaines et des dizaines de clients – chacun
avec son histoire et son entreprise – et l’examen de chaque dossier lui permet non seulement
de découvrir le fonctionnement d’un commerce en Chine, mais aussi de mieux comprendre
comment le droit des affaires de ce pays est concrètement appliqué. Rares sont les étrangers
dans une position aussi privilégiée pour découvrir certains des secrets derrière le succès
économique de ce pays toujours si mystérieux aux yeux des observateurs extérieurs.
En l’espace de quelques mois, l’auteur de ces lignes aura eu l’occasion de sillonner le pays
d’est en ouest, et du nord au sud pour le Harvey Law Group, un cabinet québécois oeuvrant
principalement dans le domaine de l’immigration d’affaires vers le Québec et le Canada. Il l’aura
fait pour rencontrer des clients et leur faire découvrir son coin de pays, ainsi que pour examiner
leurs dossiers et les assister dans leurs procédures. Il aura aussi reçu des mandats de
recherche en droit administratif et en droit des affaires pour une clientèle variée, intéressée tant
par la Chine que par le Québec ou ailleurs. Ces contacts lui auront permis de développer des
1/2
La ruée vers l’Est : l’univers extrême de l’Empire du milieu
connaissances de base du mandarin et de partager un contact régulier tant avec des
professionnels au Québec qu’avec des collègues de bureaux chinois, pakistanais, vietnamiens
et philippins. Le tout, bien sûr, lui apportant une riche expérience multiculturelle et de droit
comparé très concrète. Bref, une expérience dont la profession juridique québécoise aura de
plus en plus besoin pour faire face aux nouveaux défis qu’apporte la mondialisation.
Mais, il faut bien l’admettre, le Far East n’est pas pour tout le monde. Certains n’aimeront pas
composer avec toutes les différences inhérentes à ce nouveau milieu de travail. En revanche,
certains seront intéressés à y revenir pour faire le pont entre l’est et l’ouest pour bâtir le «
chemin de fer » entre ces deux mondes : unifiant les gens, agissant comme interprète, les
aidant tout un chacun à se déplacer d’un côté ou de l’autre pour réaliser leurs rêves et leurs
ambitions. Il fut un temps où les Chinois se déplacèrent en Amérique du Nord pour bâtir des
chemins de fer reliant l’est et l’ouest du continent. Aujourd’hui, ce sont les peuples de l’est et de
l’ouest du globe qui s’unissent pour ériger un chemin de fer beaucoup plus grand et solide : le
type de chemin qui unit les cultures, les économies, et les peuples.
Une panoplie d’acteurs bâtissent ce chemin de fer petit à petit. Cependant, le praticien du droit
de l’immigration occupe un rôle particulier sur ce chemin. Il rend possible le déplacement de
personnes, leur offre l’occasion de s’ouvrir sur le monde et leur permet d’être exposé à de
nouvelles réalités pour leur développement personnel ou celui de leurs enfants. Le rôle, peut-on
espérer, d’une véritable fondation dans ces unions si complexes.
Le défi est grand, mais il mérite bien l’aventure vers l’inconnu. Pour l’auteur de ces lignes, voilà
une longue marche qui ne fait que commencer. L’apprentissage et le contact avec de nouvelles
réalités juridiques n’est que le début d’un parcours professionnel qui lui apportera ce qu’il a
toujours cherché à faire : faire bénéficier la société québécoise, contribuer à son rayonnement à
l’étranger et bâtir des ponts entre l’orient et l’occident. Dans cette ruée vers l’est, le chemin de
fer n’est pas facile à construire, et il exige de très gros efforts. Toutefois, ce n’est rien pour
décourager ceux qui voient ce nouvel horizon avec optimisme. C’est que la pépite d’or,
estiment-ils, en vaudra bien la peine.
L’auteur effectue présentement son stage au sein du bureau de Beijing du cabinet Harvey Law
Group, qui se spécialise en immigration d’affaires. Il est titulaire de baccalauréats en droit civil
et en common law de l’Université McGill, ainsi que d’une maîtrise en études juridiques
asiatiques de la National University of Singapore.
2/2