Lausanne, à chacun son rythme

Transcription

Lausanne, à chacun son rythme
styles | 19
0123
MERCREDI 31 DÉCEMBRE 2014
Lausanne, à chacun son rythme
En trois heures, en une journée ou en un week­end, trois formules pour découvrir la cité vaudoise
A gauche, vue sur la ville
depuis la cathédrale
de Lausanne.
A droite, ascension
de la tour de Sauvabelin.
En bas, le quartier
du Flon.
OLIVIER VOGELSANG POUR « LE MONDE »
C A R N E T
D E R O U T E
Avant de partir
Myswitzerland.com et Lau­
sanne­tourisme.ch. Sur
Myswitzerland.com, possibi­
lité de télécharger un city­
guide consacré à la ville de
Lausanne et consultable
sans connexion.
Y aller
TOURISME
lausanne
V
ous n’imaginez pas la
difficulté de « vendre »
une
destination
comme Lausanne à vo­
tre chef de service… « Cinq bon­
nes raisons d’y aller ? Don­
ne­m’en déjà une… » Par chance,
l’actualité étant bonne fille, la pre­
mière pourrait être celle­ci : de­
puis la fin du mois de novembre,
une pétition était proposée à la si­
gnature de l’autre côté des Alpes
pour interdire la consommation
de viande de chat et de chien pour
les fêtes. Un canular, pensez­
vous ? Pas si sûr, l’interdiction de
faire commerce de peaux de chat
en Suisse ne date que de 2013…
Plus sérieusement, les raisons
de s’y arrêter ne manquent pas.
Lausanne est avant tout une ville
de panoramas et la capitale vau­
doise propose une très belle pro­
menade qui mènera, en une di­
zaine d’étapes et environ deux
heures, de la tour de Sauvabelin à
la gare de la ville. Un dénivelé de
six kilomètres qui vous raccroche
à l’histoire de la cité, à l’époque du
Moyen Age, où cette dernière
était perchée avant qu’elle ne des­
cende peu à peu vers les rives du
Léman, à Ouchy, au XIXe siècle.
En trois heures
Si vous disposez de peu de temps
pour vous imprégner de la ville, le
point de départ de votre périple
pourra être la visite, quai d’Ouchy,
du Musée olympique, totalement
rénové après deux années de tra­
vaux et rouvert il y a un an pres­
que jour pour jour. Les promo­
teurs de l’endroit ont joué la carte
des nouvelles technologies tout
en gardant un fonds historique
très riche de plus de mille objets :
du bureau reconstitué de Pierre
de Coubertin aux vitrines renfer­
mant l’intégralité des mascottes
imaginées pour les différents
Jeux en passant par une galerie de
costumes portés lors des cérémo­
nies d’ouverture ou la tenue com­
plète du skieur français Jean­
Claude Killy. Jusqu’au 18 janvier, le
musée propose une exposition
temporaire intitulée « Courir
après le temps ». Ne pas négliger
la visite du parc pour admirer les
sculptures d’artistes contempo­
rains, comme Calder, Niki de Saint
Phalle, Tapiès ou Botero.
En quittant le musée, il faut re­
prendre les quais, passer devant le
Beau Rivage Palace, l’un des fleu­
rons de l’hôtellerie suisse et, en
fonction de votre énergie, repren­
d
r
En haut de la tour el
de Sauvabelin,
e
m
à vous la vue
é
exceptionnelle
t
r
sur le lac,
o
les Alpes et le Jura M
2 ou refaire le chemin à pied pour
atteindre la vieille ville et la cathé­
drale gothique Notre­Dame, la
plus grande du pays. Quelques
particularités notables : la Rose –
un ensemble de cent cinq vitraux
–, l’orgue, refait en 2003, et des­
siné par un designer italien, Gior­
getto Giugiaro, à qui l’on doit en­
tre autres créations des voitures
comme la Golf ou la Lotus Esprit…
Et surtout le guet qui, depuis le
beffroi, crie les heures de 22 heu­
res à 2 heures du matin, perpé­
tuant une tradition qui date de
1405. Encore faut­il être toujours
là à 22 heures…
A quelques pas de Notre­Dame,
changement d’époque avec le
quartier du Flon. C’est le quartier
de Lausanne qui ne dort jamais,
une ancienne zone d’entrepôts,
devenue le lieu tendance avec
bars, galeries, discothèques et
boutiques branchées. C’est là que
se trouve le MAD (acronyme de
Moulin à danse), le plus grand ni­
ght­club de Suisse, créé il y a plus
de trente ans.
Pour la journée
Lausanne est une ville culturelle.
Pour en profiter, mieux vaut donc
avoir la journée devant soi. On
peut démarrer par une balade en
centre­ville et flâner sur les mar­
chés de la zone piétonne (atten­
tion, ouverts seulement les mer­
credis et samedis). On peut pour­
suivre par le Musée olympique,
puis le Musée photographique de
l’Elysée, quasi mitoyen avec, jus­
qu’au 4 janvier, une exposition sur
« Charlie Chaplin, entre guerre et
paix (1914­1940) », ainsi qu’une ré­
trospective sur quarante ans de
création du cinéaste israélien
Amos Gitaï. De là, soit en bus, soit
avec le métro M2, il faut aller voir la
très belle collection monographi­
que d’André Robillard à la Collec­
tion de l’art brut. Un endroit pas­
sionnant qui abrite près de 60 000
œuvres, dont la collection d’ori­
gine de 5 000 œuvres léguée par
l’artiste Jean Dubuffet.
Après ce marathon muséal, une
pause s’impose ! Pourquoi ne pas
essayer la très fameuse Pinte Bes­
son, bistrot historique – le plus an­
cien – de Lausanne. On remar­
quera le plafond en voûtes de pier­
res noircies, un cadre approprié à
la dégustation de vins vaudois, de
fondues et autres röstis… Dans
l’après­midi, on peut poursuivre
avec la visite de la cathédrale et de
la vieille ville, puis déambuler
dans le quartier branché du Flon.
Une chose toutefois s’impose :
faire une pause chocolatée au Bar­
bare, charmant établissement de­
venu une institution, situé près de
la cathédrale, on y déguste le
meilleur chocolat chaud de la
ville, foi de Lausannois…
En week-end
Pour complètement jouir de Lau­
sanne et s’éloigner du centre et de
la vieille ville, mieux vaut y passer
le week­end. Au programme de la
veille et si la soirée au MAD ne
vous a pas trop éreinté, vous pour­
rez ajouter – aux beaux jours s’en­
Au départ de Paris, en 3 h 35
avec le TGV Lyria. A partir
de 25 € l’aller en seconde
classe et 59 € en première.
Quatre allers­retours quoti­
diens. Tgv­lyria.com.
Se loger
Le Beau Rivage Palace, archi­
tecture Belle Epoque, l’un
des plus beaux fleurons de
l’hôtellerie suisse. A partir de
350 € la nuit avec petit dé­
jeuner en chambre double le
week­end. A noter que, outre
ses 4 hectares de jardin et
son spa (Cinq Mondes) de
1 500 m2, il y a la table d’An­
ne­Sophie Pic, deux maca­
rons au Michelin. Brp.ch.
Se déplacer
Sur place, le métro M2 des­
sert pratiquement tout ce
qu’il y a à voir à Lausanne.
tend – une excursion jusqu’aux vi­
gnes de Lavaux avant de vous en­
gager sur la très belle promenade
des panoramas qui commence
par la tour de Sauvabelin. Haute de
35 mètres, on accède à sa plate­
forme panoramique par un esca­
lier en vis d’Archimède de
302 marches. A vous la vue excep­
tionnelle sur le lac, les Alpes et le
Jura. Et pourquoi pas, toujours aux
beaux jours, un tour en bateau sur
le lac pour mieux appréhender
cette ville tout en terrasses ? 
françois bostnavaron
A Rouen, plongée au cœur de la Rome antique
Sur les bords de la Seine, la magie du panorama, genre tombé en désuétude, opère
rouen
L
es joggeurs qui courent le
long de la Seine, à Rouen, ne
prêtent pas attention à ce
cylindre de 35 mètres de haut qui
s’élève, tel un gazomètre ou un silo
à grain, à côté des hangars portuai­
res transformés en restaurants. Le
Panorama XXL, inauguré samedi
20 décembre, constitue pourtant
un lieu d’exposition inattendu. Les
visiteurs y découvriront un pano­
rama, gigantesque fresque circu­
laire composée à partir d’images
de synthèse et de photos. De la pla­
te­forme du centre du bâtiment,
plongée dans le noir, le spectacle,
intensément éclairé, se découvre à
360 degrés sur des toiles tendues
le long des parois.
L’effet est assez magique : grâce à
une bande sonore originale, on se
retrouve immergé dans une re­
constitution de la Rome antique.
Sur l’escalier qui mène au temple
de Jupiter, entouré d’une foule de
légionnaires, l’empereur Constan­
tin triomphe. Non loin de là, au
pied du temple de Junon, des ves­
tales de blanc vêtues assistent les
prêtres qui procèdent au sacrifice
d’un bœuf en l’honneur du nou­
veau maître de Rome.
En contrebas, au milieu des co­
lonnes, un couple musarde. Au
loin, on aperçoit le Colisée, le Pan­
théon, les rives du Tibre, puis les
sept collines de Rome et, à l’hori­
zon, les Apennins. Un énorme pin
parasol domine la scène. Le ta­
bleau est arbitrairement daté du
Le spectacle,
intensément
éclairé,
se découvre à
360 degrés sur
des toiles tendues
le long des parois
29 octobre 312, le lendemain de la
victoire de l’empereur Constantin,
qui allait convertir Rome au chris­
tianisme. Sur la toile, des esclaves
s’affairent à faire tomber de son
piédestal une statue de l’empereur
Maxence, battu la veille à la ba­
taille du pont Milvius.
Certes, la composition peut
sembler un peu kitsch, mais elle
raconte aussi l’histoire de Rome
et de ses habitants. On peut tour à
tour embrasser l’ensemble de
l’œuvre et scruter, aux jumelles,
des détails insoupçonnés. L’ag­
glomération rouennaise, qui a fi­
nancé le lieu d’exposition, espère
100 000 visiteurs chaque année.
Deux ans de préparation
Le panorama, autrefois une dis­
traction populaire, revient à la
mode. Au XIXe siècle, des illustra­
tions circulaires, paysages exoti­
ques ou villes d’art, étaient expo­
sées dans de nombreuses villes,
notamment à Paris, où subsiste,
dans le quartier de la Bourse, un
« passage des Panoramas ». Sup­
plantée par le cinéma, cette attrac­
tion était tombée en désuétude.
On doit notamment ce renou­
veau à l’artiste Yadegar Asisi.
D’origine iranienne, né en Autri­
che, ayant grandi en ex­Allema­
gne de l’Est, cet architecte de for­
mation a réalisé depuis 1995 une
dizaine de panoramas représen­
tant des paysages urbains, im­
mersions dans la nature ou re­
constitutions
historiques,
comme ce Rome 312 exposé à
Rouen. Jusqu’à présent, ses
œuvres avaient été présentées
uniquement en Allemagne, dans
des lieux ad hoc situés à Dresde,
Leipzig ou Berlin.
L’artiste, assisté d’une équipe
d’une quinzaine de personnes,
prépare chacune de ses réalisa­
tions pendant plus de deux ans :
croquis, esquisses, photos, con­
ception de la fresque sur ordina­
teur, prises de vue. Aucun détail
n’est laissé au hasard, et certains
membres de son équipe sont
même représentés dans l’œuvre.
M. Asisi a l’esprit farceur : « J’ai
placé une bouteille de bière de
marque italienne, mais je ne dirai
pas où », s’amuse­t­il. En septem­
bre 2015, une autre de ses produc­
tions prendra place dans le Pano­
rama XXL : Amazonia, un plon­
geon dans la forêt tropicale. 
olivier razemon
Rome 312. Panorama XXL, 2, quai
de Boisguilbert, Rouen. Entrée :
9,50 €. Gratuit les 20 et
21 décembre. Jusqu’à l’été 2015.

Documents pareils