Prêt de poème
Transcription
Prêt de poème
IL FAUT FAIRE SIGNE AU MACHINISTE La dame attendait l’autobus le monsieur attendait l’autobus passe un chien noir qui boitait la dame regarde le chien le monsieur regarde le chien et pendant ce temps-là l’autobus passa Extrait de « Courir les rues » Raymond QUENEAU (1903 - 1976) Lebonheurestdanslepré Le bonheur est dans le pré. Cours-y vite, cours-y vite. Le bonheur est dans le pré, cours-y vite. Il va filer. Si tu veux le rattraper, cours-y vite, cours-y vite. Si tu veux le rattraper, cours-y vite. Il va filer. Dans l'ache et le serpolet, cours-y vite, cours-y vite, dans l'ache et le serpolet, cours-y vite. Il va filer. Sur les cornes du bélier, cours-y vite, cours-y vite, sur les cornes du bélier, cours-y vite. Il va filer. Sur le flot du sourcelet, cours-y vite, cours-y vite, sur le flot du sourcelet, cours-y vite. Il va filer. De pommier en cerisier, cours-y vite, cours-y vite, de pommier en cerisier, cours-y vite. Il va filer. Saute par-dessus la haie, cours-y vite, cours-y vite, saute par-dessus la haie, cours-y vite. Il a filé! Paul Fort Le hareng saur Il était un grand mur blanc - nu, nu, nu, Contre le mur une échelle - haute, haute, haute, Et, par terre, un hareng saur - sec, sec, sec. Il vient, tenant dans ses mains - sales, sales, sales, Un marteau lourd, un grand clou - pointu, pointu, pointu, Un peloton de ficelle - gros, gros, gros. Alors il monte à l'échelle - haute, haute, haute, Et plante le clou pointu - toc, toc, toc, Tout en haut du grand mur blanc - nu, nu, nu. Il laisse aller le marteau - qui tombe, qui tombe, qui tombe, Attache au clou la ficelle - longue, longue, longue, Et, au bout, le hareng saur - sec, sec, sec. Il redescend de l'échelle - haute, haute, haute, L'emporte avec le marteau - lourd, lourd, lourd, Et puis, il s'en va ailleurs - loin, loin, loin. Et, depuis, le hareng saur - sec, sec, sec, Au bout de cette ficelle - longue, longue, longue, Très lentement se balance - toujours, toujours, toujours. J'ai composé cette histoire - simple, simple, simple, Pour mettre en fureur les gens - graves, graves, graves, Et amuser les enfants - petits, petits, petits. Charles Cros (1842-1888), Le coffret de santal, Lemerre -Je veux un frère C’est plus costaud ! -Tu sais ma sœur Fait du judo -Je veux un frère C’est plus poli. -Ma sœur te dit Toujours merci. -Je veux un frère C’est plus marrant. -Tu sais, ma sœur Rit tout le temps. -Je veux un frère Ca n’a pas peur. -Ma sœur veut être Aviateur. -Je veux un frère Je le signale Ou une sœur Ca m’est égal ! Carl Norac Amour des oiseaux J’eus toujours de l’amour pour les choses ailées. Lorsque j’étais enfant, j’allais sous les feuillées, J’y prenais dans les nids de tout petits oiseaux. D’abord je leur faisais des cages de roseaux Où je les élevais parmi des mousses vertes. Plus tard je leur laissais les fenêtres ouvertes. Ils ne s’envolaient point ; ou, s’ils fuyaient aux bois, Quand je les rappelais ils venaient à ma voix. Une colombe et moi longtemps nous nous aimâmes. Maintenant je sais l’art d’apprivoiser les âmes. Victor HUGO Quand la vie est un collier. Quand la vie est un collier... Chaque jour est une perle Quand la vie est une cage Chaque jour est une larme Quand la vie est une forêt Chaque jour est un arbre Quand la vie est un arbre Chaque jour est une branche Quand la vie est une branche Chaque jour est une feuille... Jacques Prévert. Peindre d’abord une cage avec une porte ouverte peindre ensuite quelque chose de joli quelque chose de simple quelque chose de beau quelque chose d’utile pour l’oiseau placer ensuite la toile contre un arbre dans un jardin dans un bois ou dans une forêt se cacher derrière l’arbre sans rien dire sans bouger . . . Parfois l’oiseau arrive vite mais il peut aussi bien mettre de longues années avant de se décider Ne pas se décourager attendre attendre s’il le faut pendant des années la vitesse ou la lenteur de l’arrivée de l’oiseau n’ayant aucun rapport avec la réussite du tableau Quand l’oiseau arrive s’il arrive observer le plus profond silence attendre que l’oiseau entre dans le cage et quand il est entré fermer doucement la porte avec le pinceau puis effacer un à un tous les barreaux en ayant soin de ne toucher aucune des plumes de l’oiseau Faire ensuite le portrait de l’arbre en choisissant la plus belle de ses branches pour l’oiseau peindre aussi le vert feuillage et la fraîcheur du vent la poussière du soleil et le bruit des bêtes de l’herbe dans la chaleur de l’été et puis attendre que l’oiseau se décide à chanter Si l’oiseau ne chante pas c’est mauvais signe Signe que le tableau est mauvais mais s’il chante c’est bon signe signe que vous pouvez signer Jacques Prévert L'hirondelle et le poète "Bonjour, bonjour" dit l'hirondelle qui revient nicher sous mon toit. "J'ai du printemps au bout des ailes et t'apporte des fleurs nouvelles ; je te suis fidèle" "Merci, merci, dit le poète, de revenir auprès de moi de l'autre bout de la planète." et j'avais du bleu plein la tête car l'hirondelle c'était toi. Michel BEAU Bonjour Comme un diable au fond de sa boîte, le bourgeon s'est tenu caché... mais dans sa prison trop étroit il baille et voudrait respirer. Il entend des chants, des bruits d'ailes, il a soif de grand jour et d'air... il voudrait savoir les nouvelles, il fait craquer son corset vert. Puis, d'un geste brusque, il déchire son habit étroit et trop court "enfin, se dit-il, je respire, je vis, je suis libre... bonjour !" Paul Geraldy Joie du printemps L'oiseau bleu Au printemps, on est un peu fou, Toutes les fenêtres sont claires, Les prés sont pleins de primevères, On voit des nouveautés partout. Oh! regarde, une branche verte! Ses feuilles sortent de l'étui! Une tulipe s'est ouverte... Ce soir, il ne fera pas nuit. Les oiseaux chantent à tue-tête, Et tous les enfants sont contents On dirait que c'est une fête... Ah! que c'est joli le printemps! Mon oiseau bleu a le ventre tout bleu Sa tête est d'un vert mordoré Il a une tache noire sous la gorge Ses ailes sont bleues avec des touffes de petites plumes jaune doré. Au bout de la queue il y a des traces de vermillon Son dos est zébré de noir et de vert Il a le bec noir les pattes incarnat et deux petits yeux de jais Il adore faire trempette se nourrit de bananes et pousse un cri qui ressemble au sifflement d'un tout petit jet de vapeur On le nomme le septicolore Lucie Delarue-Mardrus Blaise Cendrars M Météorologie L'oiseau vêtu de noir et vert m'a apporté un papier vert qui prévoit le temps qu'il va faire. Le printemps a de belles manières. L'oiseau vêtu de noir et de blond m'a apporté un papier blond qui fait bourdonner les frelons. L'été sera brûlant et long. L'oiseau vêtu de noir et et jaune m'a apporté un papier jaune qui sent la forêt en automne. L'oiseau vêtu de noir et blanc m'a apporté un flocon blanc. L'oiseau du temps que m'apportera-t-il ? Claude Roy ETS TON PAS AU-DELA DE TON PAS MONTE. NE CRAINS PAS LA PENTE,TON PIED EST SÛR. METS TON PAS AU-DELA DE TON PAS. ET QUAND TU ARRIVES AU SOMMET DE LA LIBERTE, MONTE ENCORE. Paul FOURNEL mais qui donc a peur du loup ? écoute Est ce le voleur, le menteur, le tricheur, le radoteur, regarde le bidouilleur, le trafiquant de coeur , le rafistoleur, espère,explore le manipulateur, le mitrailleur, le pilleur de fleurs ? devinedeviens accueille Ou plutôt celui qui n'a jamais vu toutcequidanslesmots la queue d'une frissonne. poésie ? Avaleunpoème sesmotssesjeuxsesrires sesombresbleuesetsonsoleil ALAIN SERRES Cequibrilleentoi alors c'estlemonde. AlainBoudet DANS L'ARMOIRE AUX ENFANTS LES POÈMES SONT SUSPENDUS AU CIEL PAS DE CIEL SANS ENFANTS PAS DE JOUR SANS POÈME LA POÉSIE S'ENVOLE POUR ÊTRE PARTAGÉE JACQUELINE HELD Les oiseaux Sur les fils électriques, Il y a des oiseaux Qui font leur gymnastique Entre les poteaux. Et un et deux, Ils lèvent la queue. Et trois et quatre, Ils lèvent les pattes. Sur les fils électriques Il y a des oiseaux. Ils sont très dynamiques, Ils sont très rigolos Le printemps Un petit œil jaune, tout jaune - c'est la primevère, la première. Un petit œil blanc, très franc - c'est la pâquerette mignonnette. Un petit œil bleu, malicieux -c'est le myosotis tout fleuri. Un œil de satin quel malin! - c'est la violette qui me guette. Anonyme Pour faire une table Pour faire une table il faut du bois, pour faire du bois il faut un arbre, pour faire un arbre il faut une graine, pour faire une graine il faut un fruit, pour faire un fruit il faut une fleur : pour faire une table il faut une fleur. Dans La Tête pour penser © La Farandole Gianni Rodari J’ai mis… J’ai mis dans ma tête : une boîte à musique, un arbre tout seul, et trois étoiles de mer pour pouvoir rêver en toutes circonstances. Albane GELLÉ En toutes circonstances L’idée bleue, 2001 Elle mange des poèmes tordus Écrits sur des feuilles de laitues C’est qui ? C’est qui ? C’est la tortue ! David Dumortier Pomme et poire Pomme et poire Dans l’armoire Fraise et noix Dans le bois Sucre et pain Dans ma main Plume et colle Dans l’école Et le faiseur de bêtises Bien au chaud dans ma chemise. Luc Bérimont (L’enfant et la poésie) « Deux petits pas Trois petits sauts Un pied dans l’eau Deux petits pas Trois petits sauts Deux pieds dans l’eau Deux petits pas Trois petits sauts Chaussures trempées Deux petits pas Trois petits sauts Chaussettes mouillées Deux petits pas Trois petits sauts Un grand bol de sirop Deux petits pas Trois petits sauts Le lundi au dodo » Jean SICCARDI Le bison « Un bisou de colibri Oui Un bisou de ouistiti Oui Un bisou de canari Oui Un bisou de bengali Oui Un bisou de fourmi Oui Un bisou de bison Non » LISKA La plume de l’arc-en-ciel Éditions Soc et Foc Estomac “Voilà docteur, Pour commencer J’ai mangé Un train électrique. Après, j’ai englouti Une micheline, Un tramway, Une locomotive à vapeur, Un train de marchandises Avec trente-trois wagons, L’Orient-Express Et le Transsibérien. Enfin je dois avouer, dit le tunnel un peu gêné́, Que j’avais encore faim. Alors j’ai avalé Dans la même journée Dix-sept TGV.” Jean-Claude Touzeil CONSEILS DONNES PAR UNE SORCIERE Retenez vous de rire dans le petit matin ! n'écoutez pas les arbres qui gardent les chemins ! Ne dites votre nom à la terre endormie qu'après minuit sonné ! A la neige, à la pluie ne tendez pas la main ! N'ouvrez votre fenêtre qu'aux petites planètes que vous connaissez bien ! Confidence pour confidence: vous qui venez me consulter, méfiance, méfiance ! On ne sait pas ce qui peut arriver. JEAN TARDIEU Je voulais dans mon cartable Je voulais dans mon cartable Emporter mes châteaux de sable, Mon cerf-volant, des coquillages Et le portique de la plage . Maman m’a dit Ce n’est pas permis . Et puis tout ça Ça ne rentre pas ! Alors j’ai pris un beau stylo Pour le goûter quelques gâteaux Et que des choses raisonnables. Plus trois petits grains de sable Pierre Ruaud Araignée grise, Araignée d’ argent, ton échelle exquise tremble dans le vent . toile d’araignée émerveillement lourde de rosée dans le matin blanc ! ouvrage subtil qui frissonne et ploie, ô maison de fil, escalier de soie ! Araignée grise, Araignée d'argent, ton échelle exquise tremble dans le vent. Madeleine Ley Comptine du trappeur Toi, renard bleu, je t’aime un peu. Toi, castor blanc, passablement. Toi, caribou, beaucoup, beaucoup. Toi, noble élan, passionnément. Martre jolie, à la folie. Mais pas du tout la peau du loup. Bernard Lorraine ("Comptine du trappeur" -