Comment expliquer ces destructions

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Comment expliquer ces destructions
L’ETAT ISLAMIQUE CONTRE LA
CULTURE
Livres, sculptures, instruments... Dans les zones qu'ils
occupent en Syrie et en Irak, les jihadistes s'en prennent à
l’art pré-islamique, qu'ils considèrent comme relevant de
"l'idolâtrie".
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e.it
Les jihadistes de l’Etat islamique semblent abhorrer l'art.
Dans des vidéos de propagande, ils massacrent le
patrimoine des régions qu'ils occupent, ce qui n'est sans
rappeler d'autres destructions en Afghanistan ou au Mali.
Comment expliquer ces
destructions ?
Jean-Pierre Filiu, professeur de Paris, interrogé par
Libération, voit plusieurs explications. « Ils avancent bien
évidemment l’argument de l’idolâtrie », mais en
s'attaquant à des « symboles historiques auxquels la
population de Mossoul est attachée », c'est aussi un moyen
de la « dominer ».
De plus, « l’Etat islamique a organisé un trafic
d’antiquités à grande échelle dans la vallée de l’Euphrate,
pas toujours directement, mais aussi en le sous-traitant.
Publier des vidéos de destructions dans le musée de
Mossoul est tout simplement un moyen de faire monter
les prix ».
Enfin, c'est une opération de propagande visant à faire
passer le message que les Occidentaux ne se préoccupent
que de leurs otages et des œuvres d'art.
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Avant les sculptures, les livres. Le 22 février 2015 , des
centaines de manuscrits, des œuvres antiques et des vieux
journaux ont été détruits et incendiés à la Bibliothèque
centrale de Mossoul. Le site internet de la bibliothèque
a même été bloqué. Selon les habitants, les jihadistes
auraient emporté avec eux, dans six véhicules, plus de
deux mille livres pour les détruire.
Là encore, pendant la prise de Mossoul, en juin 2014,
plusieurs bibliothèques déplorent avoir été victimes de
pilleurs de manuscrits rares, voire parfois uniques, que
des contrebandiers auraient emportés ensuite à destination
de la Turquie. Au rang des pertes annoncées, il y a un
exemplaire du Coran qui remonterait à l'époque où régnait
la dynastie des Abbassides, soit de 750 à 1250 après J.C.
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L'attaque du musée de Mossoul n'était pas une première
dans la ville. En juillet, les jihadistes avaient dynamité le
tombeau de Jonas, mais aussi « le sanctuaire du
prophète Seth, considéré comme le troisième fils d'Adam
et Eve dans la tradition juive, islamique et chrétienne »,
écrit Le Monde.
Jonas est considéré comme un «petit» prophète dans la tradition juive. Il est aussi
présent dans la tradition chrétienne. La thématique de Jonas dans le ventre de la
baleine sera reprise par les Pères de l'Eglise qui y verront une préfiguration du
Christ qui disparait dans le ventre de la terre pour ressusciter au troisième jour.
Jonas était un signe christique couramment utilisé chez les Chrétiens des premiers
siècles. C'est aussi un prophète pour les musulmans, et son histoire est racontée
Pour l'organisation jihadiste,
tombeaux et
dans lestatues,
Coran.
représentations "favorisent l'idolâtrie" et méritent donc
d'être détruits. Gérard Leclerc, journaliste, philosophe et
essayiste, expliquait au Figaro : « Si les jihadistes ont
dynamité le tombeau de Jonas, ce n'est pas pour s'attaquer
à la figure de Jonas, qui est présente dans le Coran, mais
au nom d'un fanatisme qui refuse toute représentation et
tout art religieux. Comme les talibans avaient détruit en
2001 les bouddhas de Bamiyan datant du Ve siècle,
comme les jihadistes ont détruit les mausolées de
Tombouctou, les combattants de l'EI ont détruit le
tombeau de Jonas par pur fanatisme iconoclaste."
Une passion iconoclaste qui n'est pas le propre de la
religion musulmane…
La question de l'image religieuse est un thème récurrent de
la théologie chrétienne. L'image, considérée comme une
forme d'idolâtrie est un interdit biblique. Représenter le
divin, c'est s'approprier le divin, en faire la chose de
l'homme. L'orthodoxie chrétienne fait finalement triompher
la représentation lors du deuxième Concile de Nicée en
787. Ce qui permet l'émergence de l'art religieux
occidental et la production de merveilles artistiques
inégalées.
Les djihadistes s'appuient sur cette tradition religieuse
iconoclaste défaite par le christianisme. Ils appartiennent à
une tendance extrême à l'intérieur de l'islam, une forme
de purisme totalitaire. Une mentalité terrifiante,
jusqueboutiste et cohérente qui les conduit à chasser les
chrétiens, à mutiler les femmes et à détruire des sites
religieux vieux de 2500 ans!
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Ils brûlent aussi des instruments. Cette fois, la scène ne
s'est pas déroulée en Irak ou en Syrie. Un vidéo de
propagande a montré des instruments de musique en
flammes, en Libye.
Leur tort? Etre "nonislamiques".
Le Figaro rappelle que des photos d'instruments détruits
circulaient déjà en janvier sur les réseaux sociaux. Les faits
se déroulaient à Sarrin, dans la province d'Alep, en Syrie.
Ces images s'inscriraient dans une stratégie de
propagande du groupe jihadiste destinée à montrer sa
toute-puissance face à l'Occident.
Les jihadistes brûlent des instruments de musique en Lybie.
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Les islamiste détruisent des instruments de musique à Sarrin, en
Syrie. Leurs propriétaires s'étaient vus infliger des coups de fouet.
w
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Ils n’arrêteront jamais !
Trois mois après la prise par l’organisation Etat islamique
(EI) de Palmyre, l’un des plus importants sites
archéologiques préislamiques de Syrie et du Proche-Orient,
les premières annonces de destructions majeures
commencent à arriver. Le directeur des antiquités et des
musées de Syrie, Maamoun Abdulkarim, a déploré
dimanche 23 août 2015 l’anéantissement à l’explosif du
petit temple de Baalshamin, un des joyaux du site
antique. Baalshamin, divinité secondaire, était le dieu plus
humain, intercédant en faveur du peuple. De plus, l’EI a
décapité l’ancien chef des antiquités du site, Khaled AlAssaad, 82 ans.
La construction du sanctuaire de Baalshamin, situé au nord de
Palmyre, a commencé au Ier siècle après J.-C. Les djihadistes de Daech
en ont détruit le temple à l’explosif.
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Ce saccage n’est que le dernier épisode d’une
destruction systématique du patrimoine
préislamique sur le territoire contrôlé par l’EI.
Ces destructions obéissent à un objectif politique : l’EI
s’attache à fonder un Etat inspiré par le salafisme, une
vision de l’islam revenant aux sources purifiées et
fantasmées de cette religion, et principalement
défendue par la monarchie saoudienne.
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a Maffei VFl