Faut-il arrêter de rêver ? Faut-il un jour décréter

Transcription

Faut-il arrêter de rêver ? Faut-il un jour décréter
Faut-il arrêter de rêver ? Faut-il un jour décréter que l’on devient
adulte, que c’en est fini de rire et qu’il faut être sérieux ? Faut-il
rentrer dans un cadre, dans un code, dans un chemin qui ne soit pas
de traverse ?
Elle ne dit rien, elle sourit et dans sa petite tête ébouriffée, éclatent
des mots : « ah ben ça non ! Pas question ! Cause toujours tu
m’intéresses, mais pour ce qui est de rire et de jouer, va-t’en voir
ailleurs si j’y suis, moi je continue à jouer, à danser et à rire, je suis fifi
brin d’acier, je suis Jeanne d’arc, je suis la fée carabosse, je suis Alice
au pays de la Gaume !
Je débusque la vie partout, je parle aux plantes et aux objets et j’y
crois tellement qu’ils me répondent, qu’ils se transforment, que je
compose pour eux de folles histoires intelligentes.
Tout me parle, tout m’inspire, tout dans mes mains s’anime et devient
vie, tout s’agence, tout s’articule et si ça ne tient pas je couds, je colle,
j’architecte, j’échafaude, je fabrique, je dialogue.
Tout me parle, tout m’est familier et quand me prend l’envie je me
fais une toîle ! Pas au cinoche, hein, le cinoche il est dans ma tête et
parfois, je me fais un petit scalp derrière l’oreille et pfuit ! plein de
personnages en sortent en courant, virevoltant dans une sarabande
colorée, ils chantent l’amour et la passion, le plaisir de vivre et allez
hop que je t’emballe et allez hop tous à poil ! Puis je me mets en
scène et j’écris ce que je pense en l’emballant de fioritures, je lâche
prise avant de péter les plombs et je jure sur la tête de ma mère que
ce n’est pas moi qui ai cassé le vase de Soisson !
Puis, comme c’est la fête et que je ne fais rien à moitié, je vais boire
deux demis comme cela ça fera un entier ! Puis avec ma bouche en
coeur je m‘en vais cuisiner les restes et mettre les miens en valeurs,
non mais des fois, c’est pas parce que les années passent qu’on n’a
pas des arguments! Et d’ailleurs puisque c’est ça je vais vous montrer,
moi, comment on joue avec les mots, comment on joue avec les
maux, ça va pétiller de partout. Bon je pense, je pense, toute seule
dans ma petite tête, il est peut-être temps de boire un coup avec les
amis.
J’en ai invité plein à mon exposition, j’espère qu’ils vont venir, on
verra et puis sinon ben je causerai avec mes trucs et mes machins, je
ne suis jamais vraiment seule, je suis habitée dans ma tête, dans mon
corps, dans mon âme, depuis que je suis toute petite, mais j’y pense,
finalement…est-ce que je suis grande ? »
Oui Virginie, tu es très grande, tellement que nous on t’aime jusqu’à
la lune, aller-retour !
BP 13.08.2016

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