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356 CARRERA 2 CABRIOLET - 1962 & 1963
CLASSIC
TWO
OF A
KIND
Porsche 356 Carrera 2
Cabriolet. Tout un programme…
En croiser une relève de l’exceptionnel. Alors deux en
même temps, c’est mission impossible. C’est pourtant ce
moment privilégié que nous partageons dans Speedster !
Texte Hilaire Photos Lionel Puisais
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356 CARRERA 2 CABRIOLET - 1962 & 1963
L
orsqu’il nomma Carrera la première 356 équipée du moteur quatre arbres pour célébrer les
victoires de classe de Porsche dans
la Carrera Panamericana, Ferry ne
pensait sûrement pas que cette
appellation existerait encore
soixante ans plus tard, ni qu’elle serait assimilée dans la mémoire collective au modèle
emblématique qui lui succédera, la 911. Mais
pour les amateurs de 356, cette désignation
sonne comme la promesse d’une mécanique
envoûtante, qui réserve des performances
magiques. Mais elle peut aussi se révéler
capricieuse et fragile si son utilisateur n’en
connaît pas les règles précises de fonctionnement. Si ce moteur a fait les délices des
pilotes aguerris qui remportèrent de nombreuses victoires, elle déroutait les propriétaires lambda qui lui préféraient la souplesse
d’un moteur “normal” pour une utilisation
quotidienne et choisissaient de remiser la
précieuse mécanique. A tel point qu’à une
époque (fort lointaine, ne vous emballez pas)
les Carrera étaient moins cotées que les
motorisations classiques.
Aujourd’hui devenues objet de collection,
les Carrera sont le must absolu en matière de
motorisation. Leur mécanique est directement dérivée des moteurs de course conçus
par Ernst Fuhrmann, initialement pour propulser le Spyder, afin de lutter contre la
concurrence des Borgward et autres Osca.
Mais devant la demande pressante de la
clientèle, Ferry décidera de le monter dans
la 356. Ce moteur désigné “547” est équipé
1
CLASSIC
1 Le compte-tours
de quatre arbres à cames en tête entraînés
par des arbres de renvoi à pignons coniques.
Les cylindres et les culasses sont en alliage
léger et les soupapes disposées en V.
L’alimentation est assurée par deux carburateurs double-corps inversés Solex 40 PJJ. Le
vilebrequin était fabriqué par Hirth en plusieurs parties démontables pour pouvoir
y enchâsser quatre roulements à rouleaux.
Au programme, deux bougies par cylindre,
deux distributeurs et deux bobines, une turbine verticale pour le refroidissement et un
circuit de graissage sous pression comprenant un réservoir de 8 l d’huile séparé.
Sous sa première forme, le 1498 cm3 développait 110 ch à 7800 tr/mn. Sur les dernières
générations de Carrera 2, la cylindrée portée
à 2000 cm3 lui permet 130 ch pour la version
GS et 155 ch pour la GT grâce à des arbres
à cames à la levée plus accentuée (type 904)
et des bielles en acier nitruré. Ce moteur propulsera avec succès toute une génération de
Porsche de course, du Spyder 550 à la 904
GTS, dans laquelle il culminera à 190 ch.
Un Carrera s’utilise comme un moteur de
course. Avant de tirer dans les tours, vous
êtes prié de respecter le temps de chauffe. Et
de faire attention à ne pas caler, sous peine
de le noyer à trop pomper sur la pédale d’accélérateur. Une fois chaud, évitez de descendre en dessous de 3000 tr/mn où il est
terriblement creux, et privilégiez les hauts
régimes qui favorisent sa lubrification. Bien
sûr, il est équipé d’un carter sec, et la vérification du niveau d’huile se fait moteur tournant. Un détail qui a une énorme
affiche la zone rouge
à 6 200 tr/mn, régime
d’obtention des 130 ch.
2 Les garnitures de portes
sont ce qu’il y a de plus
simple. Pourtant, le
mélange des chromes
des manivelles et du cuir
nous ravit.
3 L’absence de butoirs sur
le pare-chocs avant est
une caractéristique de la
Carrera.
4 L’éclairage de plaque
est au milieu du parechocs arrière, la grille
arrière ajourée est
spécifique. Le lettrage
doré et le sigle Carrera 2
enflamment les
imaginations.
5 Le volant bois est
la dotation d’origine.
2
Carrera. Soixante ans après, ce
nom est littéralement devenu
synonyme de Porsche !
6 L’intérieur invite au
3
4
70
5
Speedster #016
voyage. Les matières sont
nobles, le style dépouillé.
Nostalgie quand tu nous
tiens !
7 Entièrement restauré, le
2.0 Carrera du cabriolet
noir est conforme
à l’origine, fort de 130ch.
6
7
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71
356 CARRERA 2 CABRIOLET - 1962 & 1963
importance: le niveau d’huile ne se mesure
pas en enfonçant la tige dans son fourreau,
mais en faisant reposer la partie qui sert de
poignée sur le rebord de l’orifice de remplissage. Ne pas respecter cette procédure, c’est
risquer une casse moteur pour un bête
niveau d’huile…
1
CLASSIC
3
1 Les roues sont
5
constituées d’un voile
en acier et d’une jante
en alliage léger.
2 Le sigle magique.
La clé d’un monde où
les sensations ne sont
plus tout à fait pareilles.
3 Une restauration
parfaite, dans les
moindres détails.
4 Les freins à disque en
série sur les Carrera sont
refroidis par des entrées
d’air situées sur la face
avant.
5 L’intérieur est luxueux,
les sièges confortables
et recouverts de cuir
somptueux. Les Carrera
avaient un volant en bois,
celui de la noire est
d’origine.
6 Autoradio “period
correct” pour la grise, la
noire en est dépourvue.
Les cadrans VDO sont de
véritables œuvres d’art.
7 Un quatre arbres laisse
rêveurs les connaisseurs.
2 000 cm3, 130 ch, une
véritable pièce d’orfèvrerie.
Sœurs jumelles
Jumelles… pas tout à fait puisqu’elles sont
nées à un an d’intervalle, la noire en 1962 et
la grise en 1963. Mais à part ces questions de
dates, ces deux 356B Carrera 2 Cabriolet
sont rigoureusement identiques, sauf les
petits détails qui tiennent à leur parcours différent. La noire a été livrée neuve aux USA
et rapatriée voilà une dizaine d’années en
Italie à l’état d’épave dans lequel son propriétaire l’avait stockée. Serge Heitz, l’un des
meilleurs “chasseurs de Carrera”, s’en est
porté acquéreur voilà deux ans et a entrepris
une restauration totale en respectant la
configuration d’origine. Le moteur et la boîte
matching numbers ont été confiés au spécia-
2
4
6
7
Un grand merci à Serge Heitz de nous
avoir confié ce duo extraordinaire de
356 Carrera 2 Cabriolet.
Heitz Automobile Consulting
05 56 03 09 47
www.sergeheitz-consulting.com
liste allemand en la matière, Karl Hloch.
Petite anecdote, cette Carrera 2 était exposée sur le stand Speedster à Rétromobile
cette année. A peine descendue du camion,
un collectionneur s’est présenté et a acheté
l’auto. Nous sommes maintenant habitués
à des montants à six chiffres pour les
Carrera, mais quand on se rapproche des
sept chiffres, cela dépasse l’entendement!
Le marché des voitures de collection tient la
forme! Surtout pour ces modèles exceptionnels dans lesquels des sommes colossales
ont été investies chez les plus réputés spécialistes pour leur offrir une seconde vie. A titre
d’exemple, la seule réfection d’un moteur
Carrera coûte aujourd’hui la bagatelle de
120000 euros.
Le cabriolet gris, lui, a passé sa vie en
Allemagne où il n’a connu que trois propriétaires. Sa rénovation, datant d’une dizaine
d’années, lui donne une patine qui augmente
encore son attrait. Elle est aussi matching
numbers. Serge a simplement fait refaire le
moteur par le même spécialiste allemand. Elle
aussi a trouvé immédiatement son nouveau
propriétaire dans un ordre de prix similaire.
Au compte-gouttes
On peut affirmer que la 356B Carrera 2
Cabriolet est l’un des modèles de 356 parmi
les plus rares. En connaître le nombre exact
relevait de l’impossible challenge. Alors j’ai
tout simplement posé la question à Jürgen
Barth et la réponse, comme par magie, est
arrivée très rapidement: 40 cabriolets
Carrera 2 ont été construits en 1962 et 32 en
1963. Pour les amateurs de chiffres, les coupés Carrera 2 ont été produits à 138 exemplaires en 1962 et 160 en 1963. Combien en
reste-t-il encore de par le monde? Pas de
réponse, mais ce que l’on sait, c’est que les
Carrera 2 Cabriolet ont apparemment peu
connu les affres de la compétition, même si
certaines ont reçu des améliorations réservées aux GT. Les pilotes leur préféraient la
rigueur des coupés. Luxueusement équipées, elles approchaient la tonne et devenaient les 356 les plus onéreuses du
catalogue.
En deux millésimes, la 356 B
Carrera 2 Cabriolet n’aura été
produite qu’à 72 unités.
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Speedster #016
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